• il y a 2 mois
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Chaque week-end, à 8h13, Lénaïg Monier reçoit un invité au cœur de l'actualité.
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Transcription
00:00Europe 1, matin, week-end. 6h-9h, Lénaïque Monnier.
00:06Europe 1, 8h12, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1, matin, week-end.
00:10Et ce matin, un an après l'attentat d'Arras, Lénaïque Monnier, vous recevez celui qui est la figure de proue de la lutte contre l'islamisme dans les écoles, le professeur Didier Lemaire.
00:18Oui, parce qu'il y a un an exactement, Didier Lemaire, vous étiez dans ce studio pour évoquer la mort de Dominique Bernard,
00:24son assassinat par un de ses élèves qui était devenu djihadiste.
00:27Alors vous êtes un lanceur d'alerte, bonjour d'ailleurs, merci d'avoir accepté l'invitation d'Europe 1.
00:32Lanceur d'alerte, c'est vous qui avez vu arriver les dangers de l'islamisme à l'école et surtout qui avez osé en parler, ce qui vous avait eu beaucoup de soucis.
00:42Est-ce que vous avez l'impression, en un an là précisément, après la mort de Dominique Bernard, que les choses ont un petit peu évolué dans le bon sens ou pas du tout ?
00:51Je serais assez partagé, je pense que dans le corps enseignant, la peur a gagné et demeure une certaine aussi inconscience,
00:58c'est-à-dire que l'institution ronronne et n'a pas toujours pris la mesure du danger et de la progression de l'islamisme à l'école et maintenant il faut le dire aussi à l'université.
01:12Alors à l'université précisément, on va revenir peut-être avant cela, avant de parler de la fac, de ce qui s'est produit à Tourcoing il y a quelques jours,
01:19seulement une professeure qui demande à l'une de ses élèves de retirer son voile parce qu'elle doit traverser la cour de l'école.
01:27Comment est-ce que vous avez réagi quand vous avez appris cette affaire ? Est-ce que vous êtes surpris toujours ?
01:31Non, je ne suis jamais surpris par les attaques contre les enseignants, c'était le programme de Daech qui était déclaré après les attentats de 2015, je ne suis absolument pas surpris.
01:43Ma première réaction évidemment c'était l'émotion pour cette enseignante qui doit vivre une situation extrêmement difficile.
01:51Ensuite je pense que c'est un problème politique de fond que l'Etat n'a toujours pas réglé au-delà du cas individuel et il va falloir maintenant s'engager dans une réflexion profonde
02:06sur comment faire vivre cette république et comment lutter contre un ennemi qui nous assaille.
02:14Certains professeurs de l'établissement de Tourcoing ont plutôt eu tendance à soutenir l'élève.
02:20Qu'est-ce que ça vous évoque Didier Le Maire qu'il y a aussi une part du personnel enseignant qui lui-même par idéologie ne préférerait défendre l'élève face à un problème de laïcité ?
02:33Alors d'abord une question de principe, je pense que l'Etat doit être extrêmement ferme à l'égard de ses enseignants parce qu'ils trahissent les principes républicains,
02:41ils ne font pas leur métier, on leur demande d'appliquer la loi, ils la contestent, ils refusent de faire appliquer les consignes dans les établissements scolaires,
02:49je l'ai vu moi-même dans mon lycée, donc d'abord ça c'est un point qui est absolument inacceptable et d'autre part il faut regarder aujourd'hui la carte électorale
02:59et bien comprendre que la petite classe moyenne éduquée aujourd'hui, comme elle l'a été tout au long du XXe siècle, est assez perméable aux idéologies totalitaires.
03:09Et c'est ce qu'on voit également dans les grandes écoles type Sciences Po où là aussi on a vu des manifestations pro-palestiniennes,
03:17on s'est éloigné un petit peu du sujet Didier Le Maire mais c'est un peu ça aussi.
03:21Oui, je pense qu'il faut peut-être prendre de la distance et réfléchir en termes politiques.
03:27Aujourd'hui, comme je le disais, la carte électorale est très très claire.
03:31Nous avons d'une part ceux qui, pour parler en termes bourdieusiens, sont dominants du point de vue du capital économique et qui votent plutôt pour l'ancienne majorité présidentielle.
03:45Nous avons un camp qui vote, je dirais, de la gauche néolibérale à la gauche révolutionnaire et totalitaire et, il faut le dire aujourd'hui, antisémite.
03:55Ce pseudo front républicain qui en réalité est un front anti-républicain, il faut le dire.
04:02Donc c'est la petite classe moyenne éduquée, les enseignants, les artistes, les fonctionnaires, les petits fonctionnaires, le monde de la culture, les journalistes aussi en grande partie.
04:15Et donc je pense que le problème aujourd'hui c'est cette fracture politique entre différentes couches de la société française qui est devant nous
04:27et que je crois que les politiques doivent s'atteler à ce problème-là, de réunir et de réparer notre nation.
04:33Et alors justement, pour revenir au sujet de l'école que vous connaissez bien, Didier Lemaire, l'année dernière, à la même époque, on avait eu le débat sur la baïa.
04:40Finalement, Gabrielle Attal avait fini par imposer le fait qu'elle soit interdite dans les établissements scolaires.
04:46Est-ce qu'à ce moment-là vous vous êtes dit, tiens, on est peut-être sur la bonne voie ? Est-ce que c'était un bon début ?
04:51Très franchement, non. Et je vais vous dire pourquoi. Parce qu'on ne lutte pas contre l'islamisme par une simple mesure.
04:58C'est-à-dire que, bien sûr, c'est un signe encourageant, mais pour moi, dès le départ, il s'agissait davantage d'une opération de communication
05:06que d'une réelle mesure pour lutter contre l'islamisme, qui supposerait un plan coordonné.
05:14Des mesures qui soient prises ensemble, et je dirais aussi dans le temps, avec des étapes.
05:22Or, je ne vois pas un tel projet se mettre en œuvre en France aujourd'hui.
05:26Et même avec l'arrivée d'Othmane Nassrou, qui, lui, vous avez soutenu à l'époque, quand vous avez dû quitter l'éducation nationale,
05:32parce que vous étiez menacé de mort, tout simplement. Il est secrétaire d'État chargé de la citoyenneté.
05:36Il parle dans le JDD ce matin. C'est un bon signal qu'il soit à la tête de ce ministère ?
05:40C'est un très bon signal. D'abord, c'est quelqu'un qui connaît très bien la ville d'Otrap.
05:43Il m'a soutenu avant même que je sois sous les feux des projecteurs, lorsque j'ai demandé à montrer à mes élèves des pièces de théâtre
05:52que le maire d'Otrap, à l'époque, refusait de m'accorder une salle de théâtre pour le montrer.
05:58Je sais qu'Othmane Nassrou connaît extrêmement bien la situation, que c'est un fervent républicain.
06:05Je ne suis pas sûr que ce gouvernement ait les moyens vraiment d'agir, mais en tout cas de préparer l'avenir, oui, je le pense.
06:12Et en tout cas, on voit que les Français, eux-mêmes, aujourd'hui, en parlent, que ce soit la sœur de Samuel Paty, la femme du gendarme Éric Cormine,
06:19qui, elle, pointe directement l'État du doigt. Il n'y a plus cette peur-là, non plus.
06:24Vous dites l'État ? Vous dites, pardon, je n'ai pas bien saisi votre idée.
06:30Elles ont fait de vous cibler, effectivement, des choses qui auraient pu être évitées, comme nous l'avait rappelé la responsabilité de l'État.
06:35Vous parlez de la responsabilité de l'État, et c'est un point essentiel.
06:38Tant que l'État ne reconnaîtra pas sa responsabilité dans l'assassinat de Samuel Paty, je ne pense pas qu'un plan contre l'islamisme soit envisageable.
06:48Alors, vous parlez de Samuel Paty. Un hommage lui sera rendu également demain.
06:51Minute de silence dans les lycées, tout comme à la mémoire de Dominique Bernard, dont il y aura un hommage tout à l'heure à 11h à Arras.
06:58On a l'impression d'être passé d'un attentat à un autre. Est-ce qu'après, on n'oublie pas un petit peu, un peu vite, l'horreur des actes qui sont perpétrés ?
07:07Oui, il y a une forme de banalisation, aussi, qui est liée à un brouhaha autour de ces questions, un brouhaha qui ne va pas à l'essentiel, finalement, de l'analyse politique aujourd'hui, je pense.
07:21Et alors, justement, quelle serait votre lecture pour aller plus loin, selon vous, Olivier Lemaire ?
07:27Je pense que... Alors, d'abord, il y a la question de l'école. Il me semble qu'il faut redonner aux enseignants une véritable mission, qui est la transmission d'une culture.
07:37C'est là-dessus qu'on pourra rétablir l'autorité des enseignants. D'autre part, il y a la fermeté concernant... L'autorité et la fermeté, c'est deux choses différentes concernant les règles de vie scolaire.
07:49Et là, je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup à faire. Donc, il faut, je pense, refonder...
07:53C'est encore possible ? Vous avez un peu d'espoir ?
07:55Oui, c'est une question de volonté politique. Il faut le dire, c'est seulement une question de volonté politique.
08:00Eh bien, je vous remercie d'être intervenu, Didier Lemaire, sur Europe 1, ce matin, avant cet hommage qui sera rendu à 11 heures à Dominique Bernard,
08:09lui qui avait été assassiné par un de ses anciens élèves devenu djihadiste il y a un an. Merci beaucoup.

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