Manifestations pro-palestiniennes dans les universités : «Il n'y a pas d'appel au calme et c'est dramatique», regrette Yossef Murciano

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Transcript

00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le président de l'union des étudiants juifs de France.

00:07Bonjour Joseph Murciano. Bonjour. Bienvenue sur Europe 1. Comment la journée va-t-elle se passer dans les universités françaises ? Les directions des établissements

00:16sont sur le qui-vive après l'appel de Jean-Luc Mélenchon à, je vais le citer, la jeunesse étudiante à s'insoumettre

00:21et à mettre des drapeaux palestiniens partout où c'est possible. Fin de citation. Et donc tout ça à partir d'aujourd'hui

00:28mardi 8 octobre. A quoi faut-il s'attendre, Joseph Murciano, de votre expérience, de ce qui se passe dans les facs depuis un an ?

00:34Écoutez, mon expérience, elle est importante, mais il faut juste regarder à ce qui s'est passé hier à Strasbourg

00:40où, dans une université, on a écrit sur les murs, sur le fronton de l'université

00:47« soutien à la résistance armée », voilà, « droit à la résistance ». En fait, les appels

00:54de Mélenchon à mettre ces drapeaux-là, etc., ce sont des mèches qui sont allumées, des étincelles qui sont lancées.

01:02La volonté claire politique, c'est le chaos. Et Strasbourg, je rappelle, le jour anniversaire des pogroms du 7 octobre, quand même,

01:09et d'ailleurs à Strasbourg, une étudiante citée par le journal Le Parisien a déclaré à l'agence France Presse que l'attaque du 7 octobre, je la cite,

01:17« c'est une attaque légitime dans le cadre d'une libération ».

01:21Oui, et moi je ne suis pas surpris parce que,

01:23dans ce même campus, là où ces journalistes de l'agence France Presse ont interrogé cette étudiante,

01:28il y a trois étudiants de l'UEGF, il y a quelques mois, en février dernier, qui se sont fait rouer de coups pour avoir collé des visages d'otages.

01:35En effet,

01:36chez certains étudiants,

01:41les attaques du 7 octobre, les prises d'otages du 7 octobre, ce sont de la légitime résistance.

01:47Oui, mais alors qu'est-ce que vous dites de ça ? Parce qu'on a le droit de défendre la cause palestinienne, on a le droit de s'indigner de ce qui se passe à Gaza, etc.

01:55Mais vous dites qu'aujourd'hui, c'est le fauné de l'antisémitisme, ça, aujourd'hui ?

01:59Déjà, avant même de parler d'antisémitisme, je dis que ces gens-là n'aident en aucun cas les Palestiniens, ils ne sont pas du tout en train de penser au peuple palestinien.

02:07Ils sont en France, en train de vouloir mettre le feu à la société française,

02:11en train de vouloir créer un face-à-face entre l'administration et les étudiants,

02:17en train de faire une sorte de petite révolte dans les universités, etc.

02:22Il n'y a aucun homme politique, femme politique qui appelle au calme, ça n'existe pas.

02:28Enfin, ça veut dire qu'on est quand même dans une situation grave et il n'y a pas d'appel au calme, et ça c'est vraiment dramatique.

02:36C'est comment aujourd'hui, au quotidien, d'être juif quand on est dans une université française,

02:42quand on est dans une grande école comme Sciences Po aujourd'hui, Youssef Mursiano, pouvez-vous nous raconter ?

02:46Depuis un an, les étudiants ont tendance à raser les murs.

02:52Il se trouve qu'en même temps qu'il y a cette tendance à se cacher, il y a aussi cette tendance à dire

02:58« moi je vais arrêter de me cacher, je vais militer et je vais agir ».

03:02C'est ce qu'on voit dans les universités.

03:04Ça se radicalise de part et d'autre ?

03:06Ce n'est pas une radicalisation, un militantisme pour la paix, un militantisme qui appelle à la création de deux États,

03:13qui soutient le peuple palestinien mais qui ne parle pas de résistance armée, etc.

03:20Tout ça c'est possible, et en réalité ce qu'on voit c'est une dizaine de sections en plus de l'UEGF,

03:24c'est des gens qui sur le terrain ont envie de dialoguer,

03:27c'est depuis une semaine et même avant les vacances, place du Panthéon, place de la Sorbonne,

03:33place de la République, dans les universités à Nanterre, etc.

03:36Des tables de dialogue organisées par l'UEGF avec écrit « venez nous parler, on a envie de discuter,

03:40on a envie de débattre » parce qu'il y a une majorité d'étudiants,

03:43et je tiens à le rappeler ce matin, il y a une majorité d'étudiants qui a envie du débat d'idées,

03:47qui a envie d'étudier sereinement, dans le calme, des étudiants juifs, des étudiants non juifs,

03:51et en réalité c'est à eux qu'il faut s'adresser, pas aux 15 pélos qui ont écrit « vive la résistance armée »

03:59sur les murs de l'université de Strasbourg.

04:01Joseph Murciano, je voudrais vous faire réagir à un chiffre qui provient d'une étude commandée par la Fondapol,

04:07qui m'a fait bondir, la Fondation pour l'innovation politique,

04:11et donc dans sa radiographie de l'antisémitisme en France,

04:14nous dit que 6% des moins de 35 ans pensent que la Shoah est une invention,

04:19et que 14% des moins de 35 ans, c'est-à-dire 1 sur 6 quand même,

04:23expriment de la sympathie pour le Hamas.

04:26Ce sont des taux qui sont nettement supérieurs à ce qu'on voit dans l'ensemble de la population française.

04:30Qu'est-ce que ça nous dit ces chiffres selon vous ?

04:33Écoutez, moi j'ai envie de dire quand on entend un responsable politique comme Jean-Luc Mélenchon

04:40qui est largement plébiscité par une partie de la jeunesse, etc.

04:44qui répète que l'antisémitisme est résiduel,

04:48qui ne se dédie pas de cette phrase,

04:50qui est quand même, il faut se rendre compte, dramatique,

04:52quelques jours, quelques semaines avant le viol d'une jeune fille antisémite.

04:56Quelques jours, quelques semaines, à courbe de voix.

04:58Sa famille a refait sa vie, ils ont déménagé, ils sont allés se cacher ailleurs.

05:01Exactement, et Jean-Luc Mélenchon ne se permet pas, ne s'autorise même pas un tweet

05:07pour dire franchement l'antisémitisme résiduel c'était une bêtise.

05:10Je n'aurais pas dû dire ça.

05:11Il ne se dédie pas avant l'attaque terroriste de la Grande Motte.

05:16Il ne se dédie pas.

05:17Quand on entend ça, quand cet homme politique qui parle directement à la jeunesse

05:21s'autorise à dire ça, s'autorise parfois des sorties même antisémites en soi,

05:25évidemment, la Shoah c'est une invention pour 6% des jeunes.

05:29Alors l'UJF, Union des étudiants juifs de France,

05:31on vous fait remonter aussi des cas d'agression dans les universités,

05:34d'agression verbale, parfois d'agression physique.

05:36Comment ça se passe derrière dans le traitement policier, judiciaire,

05:40de ce que vous, vous portez devant elle ?

05:45Nous, on porte le fait qu'il y a deux temps qui sont parallèles,

05:49le temps de la sanction à l'intérieur même de l'université

05:52et le temps de la justice qui est beaucoup plus long.

05:57En réalité, si on doit attendre la justice pour agir dans les universités,

06:01on a un gros problème parce qu'en réalité,

06:03les gens ont le temps de terminer leur étude,

06:05à la fois l'agresseur et à la fois l'agressé.

06:07Et les directions d'universités, elles réagissent ?

06:09Exactement, c'est le rôle de l'UJF d'accompagner les victimes d'antisémitisme

06:13face aux universités, face à l'administration, etc.

06:16pour faire en sorte que la sanction soit prise à l'intérieur même de l'université.

06:21Et c'est le cas ? Les sanctions sont prises ?

06:22Il y a des sanctions qui sont prises.

06:24Hier, il y a une plainte qui a été déposée par le directeur de Sciences Po

06:28à l'encontre d'un étudiant qui a fait pas mal de grabuge l'année dernière.

06:34Merci Joseph Murciano d'être venu ce matin au micro d'Europe 1

06:37à nous témoigner de cette montée de l'antisémitisme.

06:39Merci à vous.

06:40Très clairement depuis le 7 octobre.

06:42Je rappelle que vous êtes le président de l'Union des étudiants juifs de France.

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