Ministère de l'Intérieur : «Il va falloir de la réactivité et de la cohérence», estime Jean-Christophe Couvy

  • il y a 12 heures
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Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat de police UN1TÉ, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:00Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le secrétaire national du syndicat de police Unité.
00:06Bonjour Jean-Christophe Couville, bienvenue sur Europe 1. La police a un nouveau ministre, Bruno Retailleau.
00:12Alors c'est le plus en vue pour l'heure de la nouvelle équipe gouvernementale, il est très attendu, il sera à 8h10,
00:17l'invité de Sonia Mabrouk pour son premier entretien
00:20télévision radio. Pour son premier déplacement, il s'est rendu hier soir au commissariat de la Courneuve.
00:25Vous appréciez ce premier geste de Bruno Retailleau ?
00:29Écoutez oui, quoi de mieux pour commencer je veux dire un nouveau boulot
00:34si ce n'est d'aller voir les collègues sur le terrain, d'aller effectivement aller au plus près de
00:39nos collègues, surtout que c'est en plus d'aller voir des
00:41policiers qui ont été blessés la semaine dernière sur une intervention de police à la Courneuve,
00:46notamment sur un contrôle de véhicule où ils ont interpellé une personne qui est en contrôle judiciaire
00:50et qui avait interdiction d'aller sur la Seine-Saint-Denis.
00:52Donc imaginez un petit peu ce que font les délinquants des contrôles judiciaires, ils s'en fichent un peu.
00:57Alors il incarne tout à fait la fermeté Bruno Retailleau, dans le Figaro ce matin il dit, je vous cite la phrase parce que je la
01:03trouve intéressante, je ne suis pas là pour faire semblant mais pour faire vraiment
01:07l'ordre dans les rues, l'ordre aux frontières, l'ordre dans les esprits aussi, un policier n'est pas une assistante sociale,
01:13un délinquant n'est pas une victime, un pays n'est pas un hall de gare.
01:17Bah oui en fait il n'a pas tort dans ce qu'il dit, dans ses phrases effectivement, le rôle de la police
01:23D'ailleurs la vraie question et qu'il faut se poser aujourd'hui c'est qu'est-ce qu'être flic, voilà.
01:28Une fois qu'on a répondu à cette question on va pouvoir retravailler, je veux dire comme on a travaillé à une époque.
01:32C'est quoi être flic alors Jean-Christophe?
01:34Bah être flic c'est quoi? Déjà c'est être au coeur de la cité parce qu'en fait c'est ça, police en grec, l'étymologie
01:39c'est cité donc c'est être au coeur de la société.
01:42Quelque part c'est le ciment de cette société, c'est-à-dire qu'on doit travailler en amont
01:45sur la délinquance des jeunes et des gens et après avoir le côté répressif, c'est les deux jambes en fait, prévention-répression.
01:51Donc ça c'est le côté, c'est le boulot du flic. Maintenant si le policier, et on le voit d'ailleurs à travers la filière
01:57de l'investigation, c'est faire que de la paperasse, c'est faire des retours d'expérience
02:01écrits, des rétextes etc. à un moment donné on s'y perd, nous aussi on perd le sens du métier.
02:07On est soumis à la loi des statistiques et de la politique du chiffre et ça c'est impossible.
02:11Alors il a deux ministres délégués Bruno Retailleau dont un Nicolas Daragon, 52 ans, donc le maire de Valence
02:18nommé ministre délégué chargé de la sécurité du quotidien. Qu'est-ce que ça vous inspire vous ce découpage ?
02:24Sécurité du quotidien, un ministre spécialisé là-dedans ?
02:27Écoutez, on découvre en même temps que vous, alors on espère que c'est pas un gadget ou c'est pas juste
02:32une appellation marketing, je pense que le ministre délégué
02:36et maire de Valence, il sait ce que c'est aussi que d'avoir une ville qui est touchée par le narcotrafic,
02:41par les règlements de comptes.
02:43On verra son action très concrète tout à l'heure dans le journal de cette soirée.
02:45On attend de rencontrer, rien ne vous cache, on attend de rencontrer notre ministre et ministre délégué pour justement
02:51rentrer un peu dans le coeur du sujet, savoir quelle est leur feuille de route, à quoi ils pensent quand ils ont créé
02:58ce ministre délégué à la sécurité du quotidien.
03:01Si c'est pour donner plus de pouvoir à la police municipale,
03:04parce que ça j'ai entendu aussi vaguement...
03:06Ministre de la sous-traitance de la sécurité à la police municipale, vous prenez ça ?
03:08Voilà, la sécurité c'est du régalien.
03:11Dans le triptyque, vous savez, liberté, égalité, fraternité, égalité, c'est aussi égalité des citoyens devant la sécurité.
03:17Ça vous pose un problème les policiers municipaux ?
03:19Alors on s'entend très bien avec les policiers municipaux.
03:23Néanmoins, chacun son périmètre. En fait, ça doit pas être justement une sous-traitance de la sécurité.
03:27Ils doivent venir en plus pour nous suppléer effectivement dans nos actions, mais on doit pas leur donner les mêmes
03:33prérogatives qu'à la police nationale.
03:35Alors, il y a deux sujets qui préoccupent beaucoup les policiers.
03:39Tous ceux avec qui j'ai pu discuter me l'ont dit.
03:41Un, il va y avoir la question budgétaire, parce qu'on sait très bien que là, on est en période de stress budgétaire.
03:46Alors la police, il y a une loi de programmation, c'est-à-dire que normalement les budgets, ils sont prévus cinq ans à l'avance, et quoi qu'il
03:52arrive, ça doit pas bouger, la trajectoire, elle est fixée à l'avance. Or là,
03:56on sent qu'il va se passer des choses. Je vous donne l'exemple de la justice, parce qu'il y a aussi le sujet de la
04:00du tandem que va former Bruno Retailleux avec Didier Migaud à la justice, où l'on voit que la justice,
04:05là aussi, il y a une loi de programmation, donc des budgets théoriquement sanctuarisés,
04:09il est question de les réduire d'un demi milliard d'euros. Qu'est-ce qui va en être pour
04:13la police à ce stade, Jean-Christophe Couvy ?
04:15C'est la grande inquiétude dans nos rangs, en fait.
04:17Donc, ça va être le premier test match, j'allais dire, pour notre ministre, savoir est-ce qu'il va peser politiquement
04:22pour aller défendre le budget du ministère de l'Intérieur.
04:26Effectivement, il y a eu des engagements de fait avec la LOPMI. Nous, on attend la loi de programmation du ministère de l'Intérieur.
04:32C'est le loi de l'an dernier, qui prévoit que le budget de la...
04:35C'est 15 milliards d'euros, voilà, sur l'horizon 2027.
04:37Voilà, sur cinq ans, on a besoin de cet argent parce qu'il faut qu'on modernise la police.
04:41La police doit être, j'allais dire, gardée au niveau de la délinquance.
04:45Vous savez, les délinquants ont toujours un temps d'avance sur la police.
04:48C'est comme dans le dopage, vous avez toujours un temps d'avance sur la personne qui vous contrôle.
04:51Il n'y a pas de loi de programmation dans la délinquance, hein.
04:54Parfois, ils ont beaucoup de moyens, ça c'est une certitude.
04:56Mais attendez, ils ont de plus en plus de moyens.
04:57Quand on voit le coût du... Enfin, ce que rapporte le narcotrafic aujourd'hui,
05:01je peux vous dire que, eux, quand ils doivent acheter, par exemple, des balises, des caméras, espions, etc.,
05:05ils ne font pas des appels d'offres, ils achètent directement et ils ne perdent pas de temps, comme nous,
05:09six mois, un an, pour avoir du matériel, et quand on l'a, il est déjà dépassé par la concurrence.
05:14Donc, en fait, il va falloir de la réactivité et surtout de la cohérence.
05:18C'est-à-dire que les Français attendent, justement, que la police et la justice soient un duo, un binôme, et non pas un duel.
05:24Alors, vous avez entendu Didier Migaud, on en a passé un extrait, tout à l'heure, dans le journal de 7h,
05:27il dit en substance, non mais, attendez, la réponse pénale, elle est déjà là,
05:31Bruno Retailleau doit comprendre que la justice doit rester indépendante, etc.
05:35Qu'est-ce que vous inspirent ces premiers mots du ministre de la Justice ?
05:37On a bien compris que chacun délimite son périmètre d'action.
05:40Ce qui est normal.
05:41Oui, ce qui est normal, mais enfin, la réponse pénale, ça ne veut tout rien dire,
05:45et on aimerait bien juste avoir le fameux observatoire de la réponse pénale.
05:48C'est quoi la réponse pénale, vraiment ?
05:49La réponse pénale, par exemple, dans les statistiques, un classement sans suite, c'est une réponse pénale.
05:52Un rappel à la loi, c'est une réponse pénale.
05:54Donc, en fait, quand on regarde les institutions...
05:57Ça ne veut pas dire sanction, réponse pénale ?
05:59Pour nous, non, pour la victime non plus,
06:01mais en fait, pour la personne qui fait les statistiques, on coche la case, voilà.
06:05Et donc ça, ça nous pose un problème,
06:07et en France, on a cette schizophrénie,
06:09c'est-à-dire qu'on a des textes durs, avec des lois dures, des quantums de peines dures,
06:13et de l'autre côté, même si vous êtes condamné à de la prison ferme,
06:15eh bien, on a un juge de la liberté de la détention et un juge d'application des peines,
06:19qui est là, prévu par la loi, qui est payé,
06:21d'ailleurs, pour ça, pour détricoter la sentence,
06:24entre guillemets, la peine, et pour l'aménager.
06:26Donc, à la fin, une peine ferme et, j'allais dire, stricte,
06:31à la fin, est détricotée, et du coup, le délinquant comprend très bien
06:34qu'il est condamné à trois ans de prison, il ne fera que six mois.
06:37Bon, ministre de surveillance, j'ai bien compris, Bruno Retailleau,
06:39mais aussi son collègue de la justice Didier Migaud.
06:41Dernière question, il y a un autre sujet qui ne peut pas attendre,
06:44ce n'est pas très grand public, mais pour la maison police, c'est important,
06:47il faut nommer un nouveau DGPN, directeur général de la police nationale,
06:51idem à la gendarmerie, on en est où, concrètement, aujourd'hui, Jean-Christophe Comine ?
06:57Alors, nous, on n'organise pas de casting, mais effectivement,
06:59Mais attention que le directeur de cabinet du gendarmerie...
07:01Bien sûr, je dis, d'ailleurs, M. Vaud, le directeur, s'en va,
07:05je serai à sa cérémonie, parce que c'est quelqu'un qui a marqué...
07:07Frédéric Vaud, en fait.
07:08Frédéric Vaud, oui, c'est quelqu'un qui a marqué, quand même,
07:10l'empreinte de la police nationale,
07:12voilà, il a toujours été près de nous, de la proximité, du travail,
07:15ça, là, on ne peut pas lui reprocher.
07:17Maintenant, derrière, on attend aussi quelqu'un qui connaît la boutique,
07:19on attend quelqu'un qui va imprimer, justement, cet effort et cette exigence,
07:24parce qu'en fait, le DGPN représente aussi l'exigence des troupes,
07:28c'est-à-dire que nous, on nous demande d'être exigeants dans notre travail,
07:30et nous, on attend de notre employeur de l'exigence aussi.
07:32Voilà, aujourd'hui, il y a un cahier des charges qui est assez épais,
07:36on attend d'ailleurs de rencontrer le ministre très rapidement,
07:40parce qu'on a des choses à se dire, dans le vestiaire,
07:42et savoir ce qui nous réserve, nous, dans les mois qui viennent.
07:47Merci Jean-Christophe Kouvi, le secrétaire national du syndicat de police Unité,
07:51était l'invité d'Europe, ce matin, merci à vous, bonne journée.

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