• il y a 8 mois
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L'écrivain Daniel Picouly répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'écrivain Daniel Picouli.
00:08 Et oui, quel plaisir de vous avoir en ligne Daniel Picouli. Bonjour, bienvenue sur Europe 1.
00:13 Bonjour, bonjour. Alors, on va parler crise, vous essayez de m'inquiéter dès le matin.
00:18 Oui, on va parler de la crise de la lecture. En effet, vous avez vu, je pense Daniel Picouli, les résultats de cette enquête du Centre National du Livre
00:26 qui révèle un décrochage du temps passé à lire pour les 7-19 ans, moins d'1h30 un livre en main par semaine,
00:33 contre plus de 3h par jour pour les écrans. Bon, on ne va pas taper que sur les jeunes Daniel Picouli, parce qu'il faut bien le dire,
00:39 les adultes aussi, ils lisent de moins en moins. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, en tant qu'écrivain ?
00:43 Bon, d'accord, déjà, comme je vous l'ai dit ce matin, ça m'a réveillé un petit peu en sursaut, chute, déclin, effondrement,
00:50 prise de conscience massive des bienfaits de la lecture. Oui, j'ai lu bien sûr cette enquête-là.
00:56 Moi, ce qui m'importe, c'est de savoir ce qu'on peut faire pour que les choses bougent, les choses changent.
01:01 Et chacun d'entre nous, là où on est, on est des petits héros hollandais, on bouge les trous là où ils sont,
01:07 et puis on essaie que la digue ne nous tombe pas sur la tête. Donc, c'est ce qu'on va faire, même ce matin,
01:12 pour donner plutôt envie de lire et ne pas s'inquiéter de ça, parce qu'on parle aussi aux parents.
01:18 Moi, quand je suis dans les salons, ce que je vois arriver, c'est des parents un petit peu désespérés, un peu effondrés aussi,
01:25 de voir que leurs enfants ne lisent pas. Enfin, c'est un sentiment qu'ils ont. Mais essayons de nous rappeler, nous, quand on était gamins,
01:32 est-ce qu'on parlait avec nos parents de nos lectures ? Est-ce qu'on disait ce qu'on lit ? Est-ce qu'on disait ce qu'on aime ?
01:38 Moi, je sais qu'en tant que garçon qui voulait être champion du monde de football, je ne trouvais pas ça très malin et très valorisant
01:46 de parler de lecture avec mes copains. Je crois qu'il y a aussi des postures par rapport à la lecture, quand on nous interroge,
01:54 et puis après, comment savoir parler d'un livre ? Déjà, apprendre à parler d'un livre, c'est déjà extrêmement compliqué.
02:01 - Mais je vais vous faire un aveu, Daniel Picouli. C'est vrai qu'il m'arrive des fois de gronder mon fils, mon plus jeune fils,
02:07 en lui disant "va lire un livre", enfin, lui ordonner. Et après, je me reprends et je me dis, à mon avis, c'est contre-productif ce que je fais,
02:15 parce que le livre contrainte, le livre punition, ce n'est peut-être pas la meilleure manière d'aborder le problème.
02:20 - Non, et puis en plus, votre gosse, vous le trouvez bien, vous le trouvez sympa, vous le trouvez plutôt intelligent, vous le trouvez un peu vif,
02:26 et puis, c'est un gosse que vous aimez, que vous regardez vivre, et vous n'avez pas besoin forcément de savoir exactement ce qu'il lit
02:35 et ce qu'il va vous raconter, s'il veut vous faire plaisir. Il va vous en raconter des belles choses sur la lecture,
02:40 et s'il sent que ça vous rassure, parce que le pire, c'est de voir que ce sont des enfants qui sont obligés de rassurer leurs parents sur ce qui leur arrive.
02:48 - Mais alors, comment vous faites-vous, Daniel Picouli, pour susciter cette envie de lire ?
02:52 - Je vais dans les salons, j'écris des ouvrages pour les grands, mais aussi beaucoup pour les petits,
03:00 et même ce week-end où les grands seront peut-être au Salon du Livre de Paris, moi je serai à Nancy, au Haut du Lièvre,
03:08 un salon qui est organisé par des étudiants, c'est un salon jeunesse, où on va lire, donner des spectacles même de lecture.
03:18 On va essayer que le plaisir remplace ce côté un petit peu dramatique de la présentation de la lecture chez les jeunes.
03:26 - Vous avez raison. - Pour donner envie, pour partager ça, c'est aussi simple que ça et aussi difficile, je veux bien le mettre.
03:33 - Alors c'est vrai qu'en plus, il y a la proposée des lectures, en parler, dire "Ah moi j'ai adoré ce livre", etc.
03:40 Alors on n'a pas forcément du succès, parce que c'est parfois le dixième livre qu'on propose qui va être pris en main par les enfants ?
03:47 - Oui, bien sûr, mais c'est ça qui est intéressant, c'est qu'on peut être une force de proposition,
03:54 et eux ils font ce qu'ils veulent parce qu'ils ont quand même les copains, parce qu'avec qui ils vont en parler du livre ?
03:58 Peut-être le soir de temps à autre et le week-end, mais ils en parlent surtout avec leurs copains, avec leurs copines, leur vrai réseau à eux, c'est eux.
04:06 Derrière la porte de leur chambre, ce qui se passe, ça devient quand même un grand mystère.
04:10 Donc même dans ce domaine de la lecture, c'est difficile de partager des émotions,
04:16 quand on est une jeune fille ou un jeune garçon ou un adolescent, où déjà on est plus travaillé par le corps que par les idées.
04:25 Donc c'est un peu un moment, et justement ces enquêtes sont dans le cœur de ce qui est compliqué, c'est-à-dire ces âges-là.
04:33 - Mais je loue votre empathie vis-à-vis des jeunes, Daniel Picouli, parce que c'est vrai que vous faites l'effort de vous mettre à leur place,
04:39 alors qu'on n'arrête pas de leur dire "l'écran c'est du sucre pour le cerveau, il faut que tu résistes au sucre".
04:43 Mais malgré tout, je vous lis quand même cette citation de Cédric Bradbury, vous savez c'est l'écrivain de Farinaille 451,
04:50 vous connaissez, mais je le dis pour les auditeurs, ce roman de science-fiction dans lequel il y a des brigades de gens qui brûlent les livres.
04:57 Et alors Bradbury dit "il n'y a pas besoin de brûler des livres pour détruire une culture, juste de faire en sorte que les gens arrêtent de les lire".
05:04 On y est arrivé, hein ?
05:05 - Oui, on y est arrivé. Moi j'ai cru comprendre aussi que dans l'étude, la montée par exemple de la lecture sur les smartphones,
05:14 par exemple pour prendre un cas précis, il y avait quelque chose, c'est-à-dire que quand je prends le métro,
05:20 quand j'allais répéter mon spectacle, je regardais dans le métro, j'avais l'impression que je ne voyais plus de livres.
05:24 Je voyais beaucoup de gens devant des écrans, et peut-être qu'ils étaient bien évidemment en train de vérifier leur message,
05:31 mais aussi de lire, puisque c'est ce que j'ai cru comprendre, c'est qu'on lisait aussi beaucoup sur les smartphones,
05:37 particulièrement les jeunes, et particulièrement les mangas, parce qu'il faut quand même dire qu'il y a des domaines très vifs de la lecture actuellement,
05:45 comme les mangas, la BD, qui sont des mondes d'une grande richesse.
05:49 Quand on était gosses, bien sûr, on nous reprochait, j'ai eu des parents qui me reprochaient de lire des illustrés,
05:56 parce que les illustrés, même après, les BD, alors qu'aujourd'hui on sait que ce sont des secteurs nobles de la lecture,
06:03 lire des mangas, c'est partir dans un monde extraordinaire.
06:07 - Vous lisez des mangas, vous, Daniel Piccoli ?
06:09 - Non, mais j'en lis pas, parce que déjà, il faut lire son "À l'envers" et j'y arrive pas, je plaisante,
06:14 mais parce que d'abord, ça veut même rien dire, lire des mangas, ça va du match de volet féminin jusqu'à la métaphysique dans les grandes villes.
06:24 C'est un monde considérable et les parents n'ont pas de repères et sont un petit peu perdus par rapport à leur gosse.
06:32 Et bien évidemment qu'on a la tentation de recommander des lectures qu'on a faites et qui nous ont émerveillés,
06:39 et puis même des fois, j'ai envie de prescrire "Martin Eden" de Jack London, parce que j'ai adoré ça,
06:46 même "Roger Vaillant", 325 000 francs, des choses comme ça, "Le roman de renard",
06:50 c'est ce qu'on apprend dans "Le roman de renard" que les animaux, ça parle.
06:54 Je vous assure que quand vous écrivez après des livres pour les enfants, vous avez eu une leçon fondamentale.
06:59 - Je vais recommander moi "90 secondes", "Les larmes du vin", votre dernier livre, "Le chant de personnes",
07:06 "Roger et Paulette", l'histoire de vos parents, j'ai adoré "Roger et Paulette", on vous lira Daniel Piccoli, c'est toujours...
07:12 Et puis pourquoi pas vous adapter en manga, ça se fait beaucoup d'adapter les livres en manga.
07:16 - Oui, je suis prêt à m'adapter et être adapté, sans problème.
07:21 - Bon, et voilà, et donc on peut vous voir, vous nous avez dit que vous êtes à Nancy, Swickville.
07:26 - A Nancy, au haut du Lièvre, tout là-haut à la MJC, et mercredi 13, on sera avec des jeunes gens,
07:33 des parents qui vont amener leurs enfants aux livres, et nous allons amener les enfants à la lecture,
07:38 c'est ce qu'on fait quotidiennement, j'allais presque dire.
07:42 - Bah voilà, vous nous avez quand même détendu sur ce sujet qui nous inquiète.
07:45 - J'espère, j'espère. - Merci beaucoup Daniel Piccoli.
07:47 - Et puis pour ceux qui aiment le foot aussi, Daniel Piccoli en parle très bien dans ses livres,
07:50 il y a le 13ème but à lire, enfin il y a plein de choses à lire de Daniel Piccoli.
07:54 - Et il y a de sacrées soirées en ce moment. - Il y a de sacrées soirées en ce moment.
07:58 - Merci à vous Daniel Piccoli, bonne journée. Allez, l'édito éco dans un instant sur Europe 1.

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