Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:0019h, ravie de vous retrouver pour Face à l'info ce soir. Barbara Durand nous présente les infos, ça va Barbara ?
00:08Bien merci Christine et vous-même.
00:10En pleine forme, dites-nous tout.
00:12A la une de l'actualité, l'ensemble des pensions de retraite finalement revalorisées au 1er janvier 2025.
00:19Une revalorisation autour de 0,9%, soit la moitié de l'inflation, coût estimé entre 500 et 800 millions d'euros.
00:28Cette mesure est le fruit d'un compromis trouvé entre la droite et le gouvernement.
00:32Au procès de l'assassinat de Samuel Paty, la principale du collège où il enseignait,
00:37entendu aujourd'hui devant la cour d'assises spéciale de Paris.
00:40Demain, ça sera au tour de ses anciens collègues.
00:43Plus de 4 ans après l'assassinat du professeur, tous cherchent à comprendre comment l'inimaginable a pu se produire.
00:50Enfin, après l'attaque de supporters israéliens à Amsterdam,
00:54la maire de la capitale néerlandaise évoque un cocktail toxique d'antisémitisme et de hooliganisme.
01:00Depuis celle-ci, la ville fait face à des violences urbaines.
01:03Hier encore, un tramway a été brûlé par des dizaines de personnes armées de bâtons et de pétards.
01:10Merci chère Barbara Durand.
01:13Et au sommaire ce soir, alors que Jordan Bardella a commencé la promotion de son livre,
01:19nous plongerons dans un examen de la pensée politique du patron du Rassemblement National.
01:25Jordan Bardella est-il sarkoziste, zemmourien, lepéniste ou bardéliste ?
01:32L'édito de Mathieu Bocoté.
01:35Un Algérien de 43 ans, situation irrégulière, a reconnu avoir vandalisé la stèle en hommage aux victimes des attentats terroristes
01:44sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille hier.
01:48Selon Valeurs Actuelles, l'homme connu des services de police a été interpellé.
01:52Il aurait déclaré qu'il déteste la France.
01:55Cette stèle rendait hommage à Laura Morane, 20 ans, 21 ans, qui avait été égorgée en 2017 par un islamiste.
02:06L'analyse de Gabriel Plusel.
02:08Le choc des savoirs.
02:10Une nouvelle fois, l'enseignement est remis en cause.
02:13Toujours le même diagnostic.
02:15Les enfants à la traîne, de plus en plus nombreux.
02:17Alors on tâtonne les solutions.
02:19Sont-elles crédibles ou réalisables ?
02:21Ce sont les questions que l'on peut se poser suite à la liste des réformes proposées par la ministre de l'éducation nationale.
02:29Quoi qu'il en soit, une partie des enseignants s'affichent déjà contre le regard de Marc Menon ce soir.
02:35Les mots, les mots, les mots !
02:37À l'approche de la réouverture de Notre-Dame de Paris, il y a de la tension dans l'air,
02:44notamment au sujet de la prise de parole d'Emmanuel Macron à l'intérieur de la cathédrale,
02:49qui n'est pas exactement au goût des autorités ecclésiastiques.
02:54Le décryptage ce soir de Charlotte Dornelas.
02:57Et puis à Noël approche, la grève à la SNCF aussi.
03:01En quoi sommes-nous habitués à ces mouvements à répétition qui, au nom de la défense de quelques-uns,
03:06bloquent la majorité des Français au nom de la culture de la grève également ?
03:11L'édito de Mathieu Boccotti.
03:14Une heure pour prendre un peu de hauteur et pour tout se dire et s'en taper.
03:31Dans un instant, on parlera de ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale avec Aurore Berger
03:36et le député LFI Sébastien Le Legault.
03:39On va essayer de comprendre, on va essayer d'écouter ce qui s'est passé,
03:43qui choque beaucoup à l'intérieur même de l'Assemblée nationale.
03:47D'abord, comment t'as lu ?
03:49Très vite.
03:51On n'en fait pas trop.
03:55Je change mon texte.
03:59Jordan Bardella a commencé la tournée pour la promotion de son livre « Ce que je cherche ».
04:08Il était ce matin sur CNews.
04:10Ce livre, vous l'avez lu, Mathieu Boccotti, vous nous proposez aujourd'hui non pas une critique littéraire
04:15mais plutôt un examen de la pensée politique de Jordan Bardella tel qu'elle s'exprime.
04:21Est-ce qu'il est, et c'est la question que je vais vous poser,
04:25bardelliste, mariniste, zémourien, sarcosiste ?
04:30Quelle est sa pensée politique ?
04:32En effet, c'est un ouvrage, on nous a dit, il l'a répété, que ce n'est pas un manifeste,
04:36que ce n'est pas un ouvrage de pensée politique.
04:38Très bien.
04:39Mais il exprime néanmoins, à travers le récit de son parcours et l'exposition de ses grandes convictions,
04:45on peut quand même toucher le noyau dur du bardellisme,
04:49c'est-à-dire ce qui structure sa pensée politique, la synthèse qu'il opère entre différentes tendances.
04:56Point de départ, je laisse de côté la dimension personnelle,
04:58sauf pour mentionner qu'il se présente, avec raison, comme un enfant de la méritocratie.
05:05Pas nécessairement de la méritocratie républicaine où on l'entend, mais un enfant de la méritocratie.
05:09Et je m'explique.
05:11C'est un jeune homme qui naît dans des territoires culturellement en sécession avec la France,
05:17c'est un jeune homme qui vit, qui est de naissance populaire, de naissance modeste,
05:21et qui dès lors, pour différentes raisons, ne suit pas le parcours attendu de formation des élites en France,
05:27donc les grandes écoles, les grandes universités,
05:30qui permettent de rejoindre le chemin prédéterminé qui permet de rejoindre l'élite.
05:36Ce que l'on sait, si on s'intéresse à l'histoire des partis politiques populistes dans l'histoire,
05:40c'est que souvent, pour des catégories populaires qui veulent une ascension sociale rapide
05:45et qui n'ont pas accès aux institutions principales de la République ou du pays,
05:50un parti politique, ça permet quelquefois d'avoir une ascension rapide,
05:53surtout si c'est un parti populiste, contestataire,
05:56qui promeut les talents sans nécessairement leur demander de montrer à chaque étape le diplôme.
06:01Avez-vous fait la bonne école? Connaissez-vous le bon réseau d'amitié?
06:04Est-ce que vous vous êtes certifié de telle école, de telle formation?
06:07Non, c'est un propulseur personnel, un propulseur sociologique,
06:12et c'est ce qui s'est passé avec lui, il nous le raconte et on le comprend.
06:15Donc c'est un enfant d'une méritocratie qui prend le chemin inattendu d'un parti politique contestataire
06:21où il fait valoir ses talents et où il réussit, sans aucune logique d'assistanat et tout ça,
06:25aujourd'hui il a 28-29 ans, il réussit à être le chef du premier parti de France.
06:30Donc de ce point de vue, c'est la première étape avec votre question,
06:33il est plutôt sarcosiste, au sens où c'est quelqu'un qui n'a pas suivi le mode de formation habituel des élites
06:39et qui est parvenu à s'imposer dans un milieu, contre un milieu, sans se soumettre à tous les usages de ce milieu.
06:45Premier élément, donc Bardella, le sarcosiste.
06:49Deuxième élément, que pense-t-il politiquement?
06:54Chez Bardella, il y a une pensée de l'enracinement.
06:57Mais c'est une pensée triste de l'enracinement, et je m'explique.
07:01C'est la pensée d'un enracinement désiré, mais incomplet.
07:05Pourquoi? Parce qu'on l'a dit, il naît en Seine-Saint-Denis.
07:09Donc il naît dans un pays et il naît étranger en son propre pays.
07:13De ce point de vue, il a parti à l'avenir de ce que pourrait être la France si ça tourne mal.
07:19La Seine-Saint-Denis, on pourrait dire que la culture française est étrangère chez elle en Seine-Saint-Denis.
07:24Le peuple historique français est étranger chez lui en Seine-Saint-Denis.
07:28Donc nous sommes devant quelqu'un qui s'identifie à la France,
07:32mais c'est une France qui n'est pas la bienvenue dans son territoire de naissance.
07:36S'ajoute à ça, et c'est important, il le mentionne souvent, que c'est un fils de l'immigration.
07:40Donc qu'est-ce qu'on a? Et il est fier d'avoir vu sa famille s'assimiler.
07:44Il est fièrement assimilé. C'est une réussite de l'assimilation.
07:48Et à la manière, et on voit souvent ça en sociologie de l'immigration,
07:51à la manière de ces immigrés assimilés, pas un immigré lui-même,
07:54mais on comprend ceux qui sont issus de l'immigration et qui sont assimilés,
07:57ils se montrent particulièrement intransigeants, diront les uns, exigeants, diront les autres,
08:02à l'endroit des immigrés qui ne s'assimilent pas à leur tour.
08:05Donc il dit, nous avons fait le travail dans ma famille, j'ai fait le travail,
08:08donc lui, en plus, sa famille a fait le travail de l'assimilation,
08:11il a fait le travail de la promotion sociale, pourquoi les autres ne suivraient pas ce chemin?
08:17Donc c'est assez intéressant, c'est une pensée, on pourrait dire,
08:20d'un homme qui aime profondément un pays, et aimant ce pays,
08:25il constate que ce pays, là où il est né, est rejeté.
08:28Je fais une distinction ici parce qu'il met beaucoup de l'avant ses origines,
08:32donc on pourrait dire qu'il y a différents types de patriotisme de ce point de vue.
08:35Marion Maréchal utilise souvent la formule des Français d'origine française
08:39pour rappeler qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des origines immigrées
08:42pour être un Français légitime aujourd'hui.
08:44Les Français d'origine française qui ont le malheur d'avoir les ancêtres,
08:47les membres sur plusieurs générations, ou le bonheur, j'en sais rien,
08:50ont aussi le droit de citer.
08:52Bardella dit, c'est l'autre matrice, c'est celui qui est venu d'ailleurs
08:55et qui a embrassé son pays.
08:57Je note qu'il a une formule très sévère à l'endroit de l'immigration,
09:00il dit, nous avons imposé l'immigration massive partout,
09:03il dit, il y avait des territoires préservés qui ne le sont plus.
09:07Des territoires préservés de l'immigration.
09:10Une pensée, aussi j'ai dit de l'enracinement, c'est une pensée de la nation.
09:14Et ça c'est probablement des passages les plus intéressants du livre.
09:17Je vais le citer, page 71.
09:19Il fait la critique à la fois de la gauche François Hollande et d'Emmanuel Macron.
09:23Et aussi de Jean-Luc Mélenchon.
09:25Il nous dit, la République française ne vient pas de nulle part,
09:30c'est un édifice fragile qui repose sur des citoyens partageant une même culture.
09:37Il parle ensuite d'Emmanuel Macron qui dit qu'il n'y a pas de culture française.
09:42On se souvient de cette formule.
09:44Ensuite il dit, pour Jean-Luc Mélenchon, être français est un contrat politique,
09:48je cite, qui fait de nous un peuple inachevé dont la ligne d'horizon reculera sans cesse.
09:52Ça c'est Mélenchon.
09:53Et Bardella commente, deux abstractions dangereuses qui nient la singularité du peuple.
09:59Alors ça c'est important.
10:00C'est-à-dire pour Bardella la France n'est pas qu'une société.
10:02C'est pas que des droits de l'homme.
10:04C'est pas qu'une république désincarnée.
10:06C'est pas que des principes comme la laïcité ou le modèle social.
10:09C'est un peuple.
10:10C'est une communauté humaine, culturellement repérable, historiquement repérable.
10:16Et de ce point de vue, c'est probablement son point de rupture avec le système.
10:20Charlotte ce matin sur le plateau de Pascal Praud lui a posé, je crois, la question la plus importante.
10:24Elle lui demande quel est le nœud du politiquement correct aujourd'hui.
10:28Quel est le fond de cette doctrine, de ce principe, de cette censure ?
10:32Et la vraie censure est là.
10:33Est-ce qu'une société c'est un peuple, une culture, une identité, une histoire
10:37ou c'est un assemblage d'individus et de minorités ?
10:40Et Bardella répond, c'est une culture.
10:42Il ajoute, soit dit en passant, il se permet quelques petites transgressions.
10:45Au passage, il nous cite Renaud Camus.
10:48Il parle de ses lectures de jeunesse.
10:50Il dit, les plus transgressifs, lisait Renaud Camus.
10:53C'est une manière de prendre ses distances et de se protéger.
10:55C'est une manière aussi de dire qu'il l'a lu.
10:57Donc c'est un ancrage dans une vision, on pourrait dire, identitaire de la nation.
11:02Et de ce point de vue, je dirais que Bardella est un Zemmourien.
11:06Un Zemmourien modéré qui n'a pas ce qu'on croit.
11:09Certains disent le style de Zemmour, les traverses de Zemmour selon ses critiques.
11:13Mais idéologiquement, il a retenu l'apport Zemmourien.
11:17Je note d'ailleurs que Zemmour apparaît souvent dans l'ouvrage
11:20à la manière presque d'un formateur intellectuel pour lui.
11:23Bardella s'intéresse au peuple historique français, à la culture française,
11:27à l'identité française et de ce point de vue, il nous dit,
11:30mais on doit l'aimer dans toute sa splendeur.
11:32Apparaît un autre personnage, Philippe de Villiers.
11:35Bardella consacre une page au puce du fou.
11:38Et il nous dit, c'est une célébration poétique de l'imaginaire français
11:42qui donne la France à aimer.
11:44De ce point de vue, Bardella fait une forme, on pourrait dire,
11:48il est villieriste, il est villieriste à tout le monde
11:50dans sa définition d'une nation qui ne s'épuise pas dans la stricte mystique républicaine.
11:54Évidemment, Bardella a fait une critique très sévère de l'Europe telle qu'on la connaît
11:59au nom d'une forme de souverainisme très 1990.
12:02Ça, c'est ce qu'on pourrait appeler le point de consensuel chez lui.
12:06Avec une dimension identitaire, critique de la défense de la nation,
12:11critique de l'Europe, défense du peuple, inflexion libérale,
12:15c'est le côté sarkoziste, je l'ai dit, souverainisme très 1990.
12:18On pourrait dire que de ce point de vue, il fait penser à Natasha Polony.
12:21Vous connaissez l'éditorialiste de Mariam, la directrice de Mariam.
12:24Il y a un côté poloniste chez Bardella ou un côté bardelliste chez Polony.
12:28Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c'est qu'il fait cette synthèse.
12:32Évidemment, il est très sévère envers la gauche.
12:34Il a beau dire qu'il n'est pas de droite, bien qu'il le dise un peu ailleurs,
12:37il est très sévère envers la gauche.
12:38On pourrait dire que de ce point de vue, il fait la synthèse des différents courants
12:42qui existent idéologiquement à droite aujourd'hui.
12:46– Jordan Bardella est président du RN qui fut autrement le FN.
12:49Quel lien entretient-il avec le Front national de l'époque ?
12:54– Ça, c'est fondamental.
12:55En page 293, il nous dit, pour qu'on soit bien au courant,
13:00il a dit avec ses mots, je vais les citer.
13:02Ça commence comme ça.
13:03« Je ne suis pas d'extrême droite. »
13:06– Ah oui ? Quelle page ?
13:07– 293, il le précise si on avait des doutes.
13:10Et ensuite, page 294.
13:12« La raison guide mon engagement. Je n'aime ni les outrances ni les excès.
13:17Jamais je ne me suis senti de proximité intellectuelle
13:20avec l'héritage politique de l'extrême droite. »
13:23Il explique qu'il n'est pas d'extrême droite, qu'il ne l'a jamais été.
13:26Et cette étiquette, il réfère, il nous le dit, ensuite à un passé du FN
13:30qui n'est pas le sien et qu'il ne se sent pas obligé d'assumer.
13:34J'allote que Marine Le Pen, en 2006, dans « À contreflot »,
13:37un ouvrage qu'elle avait écrit pour se définir politiquement,
13:39avait dit si le FN a déjà été un parti d'extrême droite, si,
13:43il ne l'est plus aujourd'hui.
13:45Donc, on comprend le souci chez Bardella de se distinguer de l'extrême droite.
13:50Ce qui suppose toutefois une question à laquelle il ne répond pas.
13:53S'il n'est pas d'extrême droite,
13:55c'est donc qu'il sait ce qu'est l'extrême droite et la rejette.
13:58Dès lors, qu'est-ce que l'extrême droite selon lui?
14:00Ça, on ne le saura pas.
14:01Donc Bardella légitime le concept de l'extrême droite
14:04pour expliquer qu'il n'en est pas.
14:06Il dit oui, l'extrême droite existe, c'est très méchant,
14:08je n'en veux pas et je n'en suis pas.
14:10Mais si on lui demande qu'est-ce que l'extrême droite, Jordan Bardella,
14:12il ne nous répondra pas.
14:14Ou alors, donc c'est une catégorie pertinente pour dire qu'on s'en détache.
14:18Il faut toujours s'inventer un monstre pour expliquer qu'on n'est pas le monstre en politique.
14:21Mais, on se pose la question du patriarche de cette famille,
14:25Jean-Marie Le Pen.
14:26Alors que dit-il de Jean-Marie Le Pen dans ce livre?
14:29Qui est une figure qui compte quand on s'inscrit au RN,
14:31qui est la suite historique du FN.
14:33Il n'apparaît qu'une fois dans le livre
14:35pour référer à l'attentat contre lui en 1974,
14:38une tentative d'assassinat contre Le Pen à l'explosif,
14:41où d'ailleurs Marine Le Pen avait failli y passer aussi.
14:44C'est le seul passage.
14:45Ensuite, il note que Marine Le Pen s'est détachée de son père.
14:48Où elle dit, page 303,
14:50« Il s'est détaché de l'héritage sulfureux du Front National
14:54et de la condamnation salutaire des déclarations de son fondateur
15:00qui niait les atrocités et la seconde guerre mondiale et les atrocités nazies. »
15:05Alors, la question qu'on peut poser ensuite à Jordan Bardella,
15:08c'est est-ce qu'il réduit donc la figure historique de Jean-Marie Le Pen
15:12à ces déclarations que l'on connaît bien?
15:14Ou est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'autre chez Jean-Marie Le Pen?
15:17Dans le livre, on ne le saura pas.
15:18Mais dans le JDD, on peut le découvrir.
15:20Dans le JDD, Bardella nous dit...
15:22Nous, c'est enquêté.
15:23Certes, il parle de l'histoire du RN, du FN.
15:28Certes, il y a eu des maladresses de notre part,
15:31mais nos idées ont été diabolisées durant quatre décennies.
15:35Donc, on comprend que Bardella ne réduit pas Jean-Marie Le Pen
15:38à la vision qu'en a la gauche et aux déclarations auxquelles on cherche souvent de réduire.
15:42Il dit qu'on l'a diabolisé.
15:44Donc, on l'a critiqué injustement sur quatre décennies.
15:47Mais donc, c'est intéressant.
15:48Il se tourne, il se réclame de l'héritage partiel de Jean-Marie Le Pen dans le JDD,
15:53mais pas nécessairement dans son livre.
15:55Donc, ça montre que ça demeure une question ambigüe au sein du RN.
16:00Je note enfin que parmi les grandes figures qui existent aujourd'hui dans la droite nationale,
16:04Marine Le Pen assume un lien personnel, évidemment, avec Jean-Marie Le Pen.
16:08Marion Maréchal assume idéologiquement la chose.
16:11Éric Zemmour revendique Le Pen à la manière d'un héritage parmi d'autres.
16:17Mais ça demeure la grande question dans ce camp.
16:20Que faire de l'héritage d'un homme qui ne se réduit assurément pas à ses dérapages,
16:24mais qu'on a trop souvent réduit à ses dérapages?
16:27De ce point de vue, c'est assez intéressant de voir ce qu'il en dit lui-même dans son livre et dans les journaux.
16:32Alors, revenons à la dernière question pour terminer.
16:35Qu'est-ce que le bardellisme?
16:36Alors, c'est ma petite théorie.
16:38Le bardellisme, ce n'est pas l'héritage de la droite nationale, de l'extrême droite, je ne sais pas comment on va l'appeler,
16:43de la Deuxième Guerre mondiale.
16:45Il n'appartient pas à ce monde-là.
16:46Non plus qu'à la guerre d'Algérie, qui est à l'origine de la création du Front National à bien des égards.
16:51Ce n'est pas son origine.
16:53Ce n'est pas le Front National des origines.
16:55Ce n'est pas non plus celui des années 80, quand c'est le décollage du Front National.
16:58Ce n'est pas le FN diabolisé des années 90,
17:01ni même celui de la fin des années 90 au moment du schisme avec les migrétistes.
17:05Le véritable contexte de naissance du bardellisme, c'est 2005.
17:09La double crise, le refus, le référendum sur l'Europe,
17:13qui sera ensuite le rejet de la Constitution européenne,
17:16et les élites vont dire « Désolé, on s'en fiche, on vous impose quand même la Constitution européenne. »
17:20Et les émeutes ethniques de 2005,
17:23dans lesquelles ils se sont très certainement frappés.
17:25Par exemple, je suis finalement minoritaire dans mon propre pays,
17:27je vois le désastre de l'immigration massive,
17:30j'en vois les conséquences concrètes.
17:32Donc le vrai contexte du bardellisme, c'est 2005.
17:34C'est un contexte d'émergence, et je terminerai là-dessus.
17:37Il est donc sarkoziste dans son rapport au travail et à la méritocratie.
17:41Il est zémorien dans son conception de l'identité.
17:44Il est mariniste dans la mesure où c'est sous Marine Le Pen
17:48que le FN est devenu le RN et qu'il lui a permis d'émerger.
17:51Il est séguiniste, et même plutôt tendance Dupont-Aignan dans son rapport à l'Europe.
17:56Et il est lepéniste au sens du grand-père, malgré lui,
17:59parce qu'il s'inscrit dans les suites d'une révolte engagée dans les années 80
18:02contre l'immigration massive.
18:04Il porte une forme de souverainisme banalisé,
18:07qui néanmoins se veut transgressif aujourd'hui,
18:09et qui, ce sera ma conclusion,
18:11pour l'instant, tout le monde dit non, non, non,
18:13on ne veut pas s'afficher publiquement avec lui.
18:15Et le jour où il prendra le pouvoir, s'il prend le pouvoir,
18:17tous ceux qui auront dit jamais cet homme,
18:19nous diront je le connais depuis si longtemps,
18:21et j'y ai cru dès le premier jour.
18:23Merci pour votre analyse, mon cher Mathieu.
18:27En parlant de livre, le livre de Philippe de Villiers,
18:31Mémorécide, c'est un carton incroyable.
18:34Il est en vente depuis même pas trois semaines,
18:37plus de 60 000 ventes.
18:39C'est un phénomène.
18:41Incroyable, ce livre, Mémorécide,
18:44si vous ne l'avez pas encore lu.
18:46Je voudrais vous dire aussi merci pour la Salle Gaveau.
18:48A chaque fois, j'oublie de vous en parler.
18:50C'était vendredi, 8 novembre, Salle Gaveau,
18:52suez la démocratie.
18:53Merci à vous tous qui avez été présents
18:55pour nous soutenir, pour discuter, poser des questions.
18:58C'est un moment exceptionnel de citoyenneté.
19:01Pas politique, moment de citoyenneté.
19:04Gabrielle Cluzel, lundi matin, 11 novembre,
19:09la stèle commémorative de Laura Pommier et Morane Arel,
19:14deux jeunes filles du vingtaine d'années
19:16assassinées gare Saint-Charles
19:18par un terroriste islamiste tunisien
19:21en situation irrégulière, a été vandalisée.
19:24On a appris que celui qui serait à l'origine de ces dégâts
19:31aurait été arrêté, reconnu les faits,
19:34a déclaré, aurait déclaré qu'il déteste la France,
19:37tout ça, selon Valeurs Actuelles.
19:39Alors, rappelons que le drapeau français
19:41et le haut du socle, on le voit ici à l'image,
19:43en plexiglas, ont été rayés.
19:44Je dis bien le drapeau français.
19:46Le socle aussi a été incendié.
19:48Quant à la plaque avec l'inscription
19:50à la mémoire des victimes des attentats terroristes,
19:52elle a été retirée.
19:54On a appris, je disais que l'homme a été arrêté,
19:58il est en garde à vue, un Algérien,
20:00en situation irrégulière, âgé de 43 ans.
20:03En quoi ce vandalisme est-il un acte de guerre
20:06contre la France ?
20:08Acte de guerre de basse intensité,
20:10mais acte de guerre quand même.
20:13Déjà, je vais faire un lien avec le livre
20:15que vous avez cité.
20:16Laura et Morane sont tuées une deuxième fois
20:19puisqu'on a essayé de tuer leur mémoire.
20:23C'est un mémoricide, dirait Philippe Devilliers.
20:27Ceux qui connaissent la guerre Saint-Charles
20:30connaissent très bien ces plaques,
20:32cette stèle.
20:33Je dis ces plaques parce qu'il y en a une deuxième.
20:35Il y a cette stèle qui est en plexiglas.
20:37On voit le drapeau qui a été rayé,
20:40le plexiglas qui a été rayé et un peu brûlé.
20:42Il y avait aussi une inscription qui a été enlevée.
20:45Il y avait marqué
20:46« A la mémoire des victimes des attentats terroristes ».
20:48En face, il y a une plus petite plaque
20:51vissée sur le mur en pierre
20:54et sur laquelle étaient inscrits
20:56les noms de Laura et Morane, 20 ans,
21:00victimes du terrorisme en ce lieu
21:02le 1er octobre 2017.
21:04C'était il y a 7 ans.
21:05« Puissent vos cœurs et votre complicité
21:07être un message d'amour et d'unité ».
21:09C'est la plaque avec le plexiglas,
21:11qui est quand même la plus facile à endommager,
21:13qui a été vandalisée.
21:15Pourtant, vous allez reconnaître avec moi
21:17que ce n'était pas très offensif comme message.
21:19« A la mémoire des victimes des attentats terroristes ».
21:22Il n'y avait pas marqué « islamiste ».
21:24Et pourtant, le tueur avait crié à l'Akbar.
21:30Des témoins l'avaient rapporté.
21:31C'est du reste qui avait donné
21:33son caractère terroriste à ce drame.
21:37Et l'État islamique aussi avait revendiqué l'attentat.
21:41Cette plaque, pour faire un petit peu son historique,
21:44c'est à l'initiative du sénateur Stéphane Ravier,
21:46qu'elle avait été rapportée,
21:48parce qu'elle était au bord d'une route
21:50vers le stade Vélodrome.
21:52Il avait fait valoir que personne ne pouvait s'y recueillir.
21:55En plus, c'était beaucoup plus symbolique
21:57de la voir à cet endroit-là.
21:59Il avait même demandé que la rue Charvenay-des-Lecs
22:02soit rebaptisée au nom de Laura et Morane.
22:05Mais ça, il ne l'a pas obtenue.
22:08Jean-Claude Godin, qui était le maire de l'époque,
22:10au moment où on avait installé la plaque,
22:11avait dit qu'il avait dû batailler avec la SNCF
22:13pour installer cette plaque.
22:14C'est une très forte valeur symbolique.
22:17Alors, c'est quand même curieux
22:19qu'il n'y ait pas eu cette inscription.
22:20Vous en conviendrez avec moi,
22:21parce que, quand on crie Alah Akbar,
22:24a priori, ce n'est ni l'Iran ni Action Directe.
22:26Donc, c'était bien islamiste,
22:29et on n'a pas osé l'inscrire.
22:31Mais vous voyez, cette immense frilosité
22:34n'a pas empêché l'action.
22:37L'action, c'est de cet homme, apparemment,
22:39puisqu'il a avoué.
22:41C'est un clandestin d'origine algérienne,
22:44de 42 ans.
22:46L'assassin lui-même était un clandestin
22:48d'origine tunisienne,
22:50d'une trentaine d'années.
22:52Alors, ce qui est intéressant,
22:53c'est qu'il a dit, cet homme-là,
22:55c'est intéressant, c'est dramatique,
22:57mais dans la réflexion, c'est intéressant,
22:58il a dit, je déteste la France.
23:00Je hais la France.
23:02Donc, dans son action,
23:04c'est bien la France qu'il visait.
23:06De la même façon que le premier terroriste,
23:08à travers les jeunes filles,
23:09visait la France.
23:10Et puis, puisqu'il a crié à l'Akbar,
23:13et pour reprendre la terminologie de l'État islamique,
23:15les croisés que sont, pour l'État islamique,
23:18les Français.
23:20Donc, c'est important de ne pas se tromper,
23:21parce que, vous voyez,
23:22sur cette plaque de Laura et Maura,
23:23il y a une inscription très lénifiante.
23:25Je vous redis les mots.
23:27« Puissent vos cœurs et votre complicité
23:30être un message d'amour et d'unité ».
23:32Il n'a pas attaqué l'amour, l'unité, la complicité.
23:35Il a attaqué la France.
23:37Donc, même si nous ne nous voulons pas
23:39dire les mots,
23:40eh bien, vous savez,
23:42ceux qui s'attaquent à la France, eux, osent les dire.
23:44Nous voilons la face, mais pas visiblement.
23:47S'attaquer à la France,
23:49s'attaquer au symbole de la France.
23:51On marque une pause.
23:52On revient pour continuer à analyser ce sujet.
23:55A tout de suite.
24:02Il s'est écoulé sept ans
24:03depuis l'assassinat de Laura et Maura,
24:05Gabriel Cluzel.
24:07Il n'y a pas ces plaques qui ont été vandalisées.
24:10Qu'en reste-t-il ?
24:11Y a-t-il eu un avant et un après ?
24:14Je voulais simplement revenir sur ces plaques
24:16parce que je me rends compte
24:17qu'on n'en a pas parlé.
24:18Mais il y a eu d'autres plaques
24:19qui ont été vandalisées.
24:20Celle de Xavier Juzelet, vous savez le policier,
24:23qui a été vandalisé par des antifas.
24:25Il y a eu aussi les portraits de Philippines
24:27qui ont été arrachés.
24:29Alors, ce n'est peut-être pas tout à fait
24:30le même contexte,
24:31mais néanmoins, je trouve que c'est vraiment
24:33l'accumulé de l'islamo-gauchisme.
24:34Quand on atteint la mémoire des morts
24:37et quand on n'a plus le respect des mêmes morts
24:40ou qu'on n'a même plus le respect des morts,
24:42tout simplement,
24:43c'est sans doute qu'on n'appartient pas
24:44à la même civilisation.
24:45Alors, vous avez raison,
24:46il s'est écoulé sept ans.
24:49J'ai trouvé intéressant aujourd'hui
24:52de me replonger dans ces faits
24:54dont je me souvenais finalement
24:56assez vaguement.
24:57Le temps passe, c'est terrible,
24:58mais c'est comme ça.
24:59Il est troublant de voir,
25:01avec le recul du temps,
25:02que rien n'a changé
25:03et que surtout d'autres drames
25:05similaires à bien des égards
25:07ont eu lieu, des dates ultérieures,
25:10comme si rien n'avait changé.
25:12On peut parler peut-être des similitudes.
25:14Il y a d'abord le contexte.
25:16Il y a d'autres jeunes,
25:17vraiment sans histoire,
25:18qui faisaient le bonheur de leurs parents,
25:20qui étaient très méritants,
25:21qui travaillaient,
25:22qui faisaient partie de cette France bien élevée,
25:25les classes moyennes qui servent de béquilles,
25:27qui tiennent la France aujourd'hui,
25:29qui lui servent de béquilles
25:30en plein effondrement,
25:31qui ne demandent rien à personne,
25:32qui sont silencieuses.
25:34Écoutez, comme Philippine,
25:36qui était une brillante étudiante à Dauphine.
25:38Comme Timothée, vous vous souvenez de Timothée,
25:41qui est mort à Villeurbanne,
25:43qui a été assassiné par un réfugié afghan
25:45au cri de Alaa Akbar également.
25:47Il allait à un concert.
25:48Lui, il était apprenti pâtissier,
25:50il était tellement bon
25:51qu'il avait même été recruté à l'Élysée.
25:53Laura et Morane, elles étaient étudiantes
25:55et elles se préparaient à un métier
25:57qu'elles exerceraient aujourd'hui
25:58si elles étaient encore vivantes,
25:59qui est altruiste entre tous,
26:01dont on a infiniment besoin.
26:03Il y en avait une qui était étudiante en médecine
26:05et l'autre infirmière.
26:07C'était précisément parce que l'une
26:09était étudiante en médecine à la Timone, à Marseille,
26:11que l'autre, sa cousine,
26:12c'était deux cousines,
26:13il faut se souvenir que c'est vraiment
26:14un drame familial au sens large,
26:16l'avait rejoint pour un week-end.
26:20C'était des jeunes qui étaient la joie de vivre
26:22et qui ont été fauchés dans une fête,
26:27dans un cadre festif,
26:29ou en tout cas amical ou familial,
26:30on peut parler là de Thomas,
26:33à un bal de campagne,
26:34Timothy allait à un concert,
26:36Laura et Morane, c'était deux cousines
26:38qui s'étaient retrouvées pour le week-end
26:40pour prendre un petit peu de temps,
26:42elles n'avaient plus le temps de beaucoup se voir,
26:44et puis Philippine qui revenait voir ses parents.
26:48Et puis il y a les circonstances du drame,
26:50les circonstances de l'assassinat de Laura et Morane
26:52sont très proches de celles de l'assassinat de Timothy.
26:55Il était à une gare routière à Villeurbanne
26:57et puis ce réfugié afghan s'était précipité
27:07sur lui au cri d'Allah Akbar.
27:10Et vous savez que l'assassin de Timothy
27:11a été déclaré finalement irresponsable,
27:14en l'occurrence l'assassin de Laura et Morane
27:18a été abattu par un militaire de sentinelles
27:21parce qu'il commençait à s'en prendre
27:24après avoir assassiné Laura et Morane
27:26à une patrouille de sentinelles.
27:28Peut-être que lui aussi aurait été déclaré irresponsable,
27:31qui sait.
27:32Et puis comme pour Thomas, Philippine, Timothy,
27:36les obsèques se font dans une église ancienne,
27:40dans leur petit village d'origine.
27:42Laura et Morane c'était Aiguilles dans les Bouches du Rhône
27:45où elle a grandi avec ses trois soeurs.
27:47Pour Timothy c'était Bonvilard en Savoie,
27:50Thomas c'était Crépole, Philippine Versailles.
27:53A chaque fois l'église a bondé,
27:54à chaque fois on dit que la famille était très digne,
27:56à chaque fois le prêtre essaie de trouver des mots d'espérance.
27:59Mais voyez, on a l'impression que c'est vraiment un petit bout de France qu'on enterre,
28:02que c'est notre civilisation qu'on enterre dans cette église.
28:05Et les parents sont tellement bien élevés,
28:07je vous parlais de cette France bien élevée,
28:09tellement polissés par cette civilisation qu'ils n'osent rien dire.
28:12Mais le principal point commun, Gabrielle Cusel,
28:16c'est celui qui existe entre les trois jeunes filles de 20 ans,
28:20Laura, Morane, Philippine,
28:23et qui concerne le statut de leur assassin.
28:25En quoi ce point commun, objectif, est-il révoltant ?
28:29Oui, le point commun, objectif et tragique du drame Laura, Morane et Philippine,
28:35c'est que leur assassin n'aurait jamais dû, évidemment, être en France.
28:39Sans l'apparition de l'État en matière migratoire,
28:42ces jeunes filles seraient encore en vie.
28:45Donc on l'a dit, l'assassin de Laura et Morane,
28:47c'était un Tunisien en situation irrégulière
28:51depuis que son titre de séjour obtenu en Italie avait expiré.
28:54Il avait été signalé sept fois depuis 2005
28:59sur sept identités différentes pour des délits de droit commun.
29:03Mais il n'avait jamais été condamné,
29:05il n'était pas connu des services de renseignement.
29:07C'est derrière cela que s'est réfugié l'État.
29:10En fait, il avait été arrêté quelques jours avant,
29:12il aurait dû être expulsé.
29:13Je ne sais pas si vous vous souvenez un petit peu des faits.
29:15Mais comme il n'y avait personne pour signer le papier
29:20permettant de le mettre dans un centre de rétention administrative,
29:23il avait été remis en liberté.
29:26Je ne vais pas vous rappeler les faits pour l'affaire Philippine,
29:28mais c'est tout à fait proche.
29:30Les parents de Morane ont tenté de poursuivre l'État,
29:33parce qu'il y a une faute qui a été reconnue,
29:35puisque le préfet a été sanctionné.
29:36Mais ils ont été déboutés.
29:38Le tribunal administratif a reconnu des dysfonctionnements,
29:40mais néanmoins ne leur a pas donné raison.
29:43Et moi, il y a tout juste un an, je ne sais pas si vous vous souvenez,
29:45j'ai vu Pascale Arel, je crois que c'est la mère de Laura,
29:48parce que les noms sont un peu compliqués,
29:50parce que étant de la même famille, ils portent les mêmes noms,
29:52mais je crois que c'est la mère de Laura.
29:54Elle s'est exprimée sur une chaîne du service public.
29:56Je ne vous dis pas l'émotion qu'elle a suscité,
29:58mais surtout ce qui a frappé, c'est qu'elle a dit
30:00que l'assassinat n'aurait jamais dû avoir lieu,
30:04que l'assassin n'aurait jamais dû être là.
30:06Et elle a dit que depuis six ans, il ne s'est rien passé.
30:09Depuis sept ans, il ne s'est encore rien passé.
30:12Et depuis son intervention sur la chaîne du service public,
30:15il y a eu encore Philippine.
30:18Alors vous voyez, c'est vrai qu'elle va être remplacée, cette Stelle,
30:22mais moi je crois que le mémoricide l'atteint à leur mémoire.
30:26Elle est faite à la fois, bien sûr, par ce délinquant,
30:31mais quand l'État oublie ce qui s'est passé,
30:34et n'en tire aucune leçon, comme s'il était complètement amnésique,
30:39c'est une forme aussi de mémoricide.
30:41Ça veut dire que les parents de Laura et Maura ne peuvent même pas se dire
30:45que le sacrifice de leur fille aura servi à quelque chose.
30:48Et ça, je crois que c'est absolument terrible.
30:50Il y a plusieurs familles, comme vous le dites si bien,
30:53qui sont dans cette situation, des victimes qui meurent plusieurs fois.
30:57Aujourd'hui, notamment, ont lieu les obsèques de Nicolas, 22 ans,
31:01tué devant une discothèque fin octobre.
31:04Je vous laisse écouter quelques secondes seulement du procureur
31:07de la République de Marseille, qui explique à quel point
31:12il aurait été victime d'une intimidation.
31:17Nicolas Dumas est une victime qui n'est ni de près ni de loin liée à cette histoire,
31:24qui était malheureusement, comme beaucoup de jeunes ce soir-là,
31:29placée devant la discothèque.
31:31Il s'agit d'une action avisée d'intimidation.
31:36Probablement de la discothèque, mais là encore, je resterai très prudent à ce stade
31:42pour vous indiquer que si aucun élément à ce stade ne laisse à penser
31:47qu'il s'agit d'une question liée au trafic de stupéfiants,
31:51la question reste entière du pourquoi et de la volonté
31:55de ces manœuvres d'intimidation devant cette discothèque.
31:59En tout cas, voilà, l'assassin a été arrêté.
32:04Juste un mot avant de vous donner la parole, peut-être Marc Menand,
32:07sur la pétition de C8 en ce moment, qui recueille plus de 400 000 signatures
32:14pour une télévision de rire, de débat, de liberté,
32:18pour un lien citoyen toujours plus fort, pour la cause animale,
32:22pour plus de 400 professionnels dont l'emploi est menacé,
32:26pour la première chaîne de la TNT.
32:28N'hésitez pas, vous aussi, à soutenir C8.
32:32Vous avez été parmi l'un des premiers à l'époque où elle s'appelait D8, cette chaîne.
32:37C'était Direct 8, une aventure complètement folle, avec ce défi 24 heures en direct.
32:44C'est-à-dire qu'il fallait constamment être à l'antenne.
32:47Et au début, dans l'enthousiasme, il y avait des trous entre deux émissions
32:53et des caméras filmaient la scène, etc.
32:56Et c'est Vincent Bolleroi qui a lancé cette chaîne, avec Philippe Labreau.
33:02Il y avait également Jean-Christophe Thiry.
33:05Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils ont donné leur chance aux jeunes.
33:09J'étais pratiquement le seul vieillard, déjà, à l'époque.
33:12Et ces mômes, on leur a donné le désir de briller à l'antenne,
33:17de faire en sorte que le métier leur permette une réalisation personnelle
33:23et le public est venu au fur et à mesure.
33:26Il y avait un ton, il y avait quelque chose de différent.
33:29Et je pense que si le paysage télévisuel n'est plus le même aujourd'hui,
33:35eh bien Direct 8 est sans doute la petite étincelle qui a permis cette mutation.
33:41Une aventure extraordinaire et malheureusement qui se termine de cette façon lamentable,
33:46parce qu'on la fauche alors que c'est un exemple.
33:49Gardons encore un espoir, signez la pétition, évidemment.
33:52Et à chaque fois qu'on parle de D8 ou de C8 ou de Direct 8,
33:55il y a toujours une petite pétillance dans les yeux,
33:58parce que c'était effectivement une aventure exceptionnelle au début.
34:02Je n'ai jamais vu autant d'enthousiasme, de désir.
34:07Même avec nous, là ?
34:09Mais non, mais...
34:12Marc, menons à un sujet qui vous est cher, le choc des savoirs.
34:15Une nouvelle fois, l'enseignement est remis en cause avec le même diagnostic.
34:19Tout le temps, vous en parlez.
34:21Qui dit problème d'éducation, dit problème de compréhension,
34:24dit problème politique, dit problème de vote, dit problème de la société,
34:28dit manque d'arguments, dit violence.
34:30Pourquoi c'est important pour vous cette nouvelle initiative
34:37prise par la ministre de l'Éducation nationale pour faire face au choc des savoirs ?
34:42On a l'impression qu'à chaque fois, le ministre ou la ministre se place devant le tableau noir,
34:48prend sa craie comme au bon vieux temps,
34:50et essaie de trouver la formule magique.
34:52Là, en l'occurrence, elle copie beaucoup Gabriel Attal,
34:56reprend des éléments qui pouvaient être enthousiasmants.
34:59Alors, elle a tenté de faire un bilan.
35:03Qu'est-ce qui se passe dans les écoles aujourd'hui ?
35:06C'est essentiel, le diagnostic que vous avez plaqué.
35:09Pourquoi il y a autant de délinquances aujourd'hui ?
35:1128% de mômes qui sont sous antidépresseurs.
35:14Il y a ceux qui sont dans la drogue.
35:16Ils sont veilleurs dès l'âge de 11 ans, 12 ans, avec tous les drames que l'on connaît.
35:21Il y a cette déshérence, ce manque d'appétit.
35:23Ça donne quoi ?
35:24Eh bien, dans les épreuves que l'on a fait faire aux gamins,
35:28il y a un mois, un mois et demi,
35:30ça donne qu'un peu plus d'un enfant sur deux,
35:35quand il entre en sixième,
35:37est incapable de comprendre un texte.
35:40Je suppose un texte plutôt simple.
35:43Si vous ne comprenez pas un texte,
35:45vous êtes donc dans la fragilité et dans le côté éponge,
35:51capable d'écouter toutes les mauvaises suggestions.
35:54Vous pouvez donc être emporté par des courants,
35:59quels qu'ils soient, religieux ou autres,
36:02parce que vous êtes paumé.
36:04Vous êtes dans l'incapacité de faire valoir
36:07ce que théoriquement est tout un gamin,
36:09à savoir une graine,
36:11en train de gagner chaque jour les synapses
36:14pour raisonner de mieux en mieux,
36:16pouvoir se placer dans cette fête de l'esprit
36:20que tout un chacun devrait cultiver.
36:22Et après, encore plus fou, avec des quatrièmes,
36:26eh bien, 43% ignorent que 400ème,
36:30ça s'écrit 0,04 en quatrième.
36:35Donc là, c'est de la désespérance, ce constat.
36:39À partir de là, il y a eu une réunion
36:43qui a été faite avec les différentes autorités scolaires,
36:47dans lesquelles se trouvaient les syndicats
36:50et les mesures telles qu'elles sont apparues aujourd'hui.
36:53Alors, elle reprend beaucoup des éléments de Gabriel Attal.
36:56Bon, elle gomme un peu le nom,
36:58mais en réalité, c'est la même chose.
37:00En l'occurrence, d'avoir des classes
37:03qui permettent une sorte de rattrapage.
37:06Vous savez, si vous n'êtes pas véritablement bon,
37:09vous aurez en cinquième et en sixième
37:12des cours de mathématiques et de français
37:15pour permettre aux uns et aux autres décrocheurs
37:19de gagner cette capacité à la réflexion,
37:22à l'étonnement, répondre à la curiosité légitime
37:25de tout gamin.
37:27Et elle s'est aperçue qu'il fallait faire ça
37:30en même temps, en quatrième et cinquième.
37:33Ou cinquième, quatrième, comme vous voulez.
37:35Ce qui est étonnant, c'est que vous avez quand même
37:37quelques grincheux qui disent
37:39« Oui, mais enfin, vous vous rendez compte,
37:41c'est placer les enfants dans une sorte d'humiliation
37:44si on crée une ségrégation. »
37:46Parce que c'est les prendre pour des abrutis.
37:49Quand vous avez un esprit en confusion,
37:51vous voyez bien que vous ne pouvez pas suivre.
37:53Et ça vous désespère.
37:55C'est parfois ce qui peut vous rendre mauvais.
37:57Quand je dis sans doute, c'est même certain.
37:59Vous usez des points puisque vous ne pouvez pas
38:01utiliser les mots.
38:03Et en conséquence, les mesures telles qu'elles apparaissent
38:06pourraient être enchantresses.
38:08Reste que c'est une heure par semaine,
38:11en alternance, une semaine mathématique,
38:13une semaine français.
38:16Vous vous rendez compte comment on passe
38:18à côté de l'essentiel ?
38:20Si on n'a pas une jeunesse qui soit dans l'enthousiasme,
38:23qui soit dans l'élan, qui réponde à ce que disait
38:25hier Michel Barnier.
38:27Nous avons à nouveau un besoin de collectif.
38:30Oui, un besoin de collectif pour nos membres.
38:33Un besoin de collectif pour que demain,
38:35il y ait une nation avec des enfants qui frétillent,
38:38qui soient en appétit, qu'ils décrochent
38:40des réseaux sociaux, qu'ils décrochent les portables
38:43et qu'ils prennent les livres.
38:44Tel le petit père Boccote,
38:47il soit là, comme ça, la nuit,
38:49à grappiller les mots.
38:50Mais oui, ça c'est essentiel.
38:52Sans cela, on est foutus.
38:54Alors je dirais, 1914, c'était l'Union sacrée.
38:58Eh bien aujourd'hui, il faut l'Union sacrée.
39:00Alors les enseignants diront,
39:02ben oui, mais on n'a pas les moyens.
39:03Eh bien, on va leur demander un effort.
39:05Parce que je crois qu'on n'est pas profs
39:07tout à fait par hasard.
39:08Théoriquement, on a la fibre.
39:10On a envie de voir que les mômes,
39:12ils rayonnent, qu'ils aient les yeux pétillants.
39:14Et ça, c'est grâce à la connaissance.
39:16Alors même si ça demande plus de présence
39:19à l'école, recréons les cours du soir,
39:22tel que ça existait à mon époque.
39:24Comme ça, les mômes ne traîneront plus dans la rue.
39:26Et pendant deux heures, le soir,
39:28ils auront la possibilité de découvrir
39:30l'enchantement par l'esprit.
39:33Sinon, on n'est pas un homme.
39:38Ça donnera peut-être une Assemblée nationale plus sage.
39:41Écoutez ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale
39:43cet après-midi.
39:44Aurore Berger sur l'antisémitisme.
39:47Et ensuite, prise à partie par Sébastien Delegu.
39:50Jusqu'à maintenant, on n'a pas très bien compris ces mots.
39:52Mais ils n'étaient pas très sympas.
39:54Ce qui est désespérant, c'est qu'encore une fois,
39:56certains de nos concitoyens ont peur.
39:58Ce qui est désespérant, c'est que devant vos réactions,
40:01vous continuez à leur placer des cibles dans le dos.
40:03Sachez que nous sommes plus nombreux
40:05et plus déterminés que vous
40:07à faire gagner la République
40:08et à lutter contre l'antisémitisme.
40:10Je vous remercie, madame la députée.
40:13Mes chers collègues, un peu de calme.
40:15S'il vous plaît.
40:17S'il vous plaît, monsieur Delegu.
40:19Monsieur Delegu, s'il vous plaît, madame Obono.
40:21Je vous remercie.
40:22Mes chers collègues, s'il vous plaît.
40:24S'il vous plaît, un peu de calme.
40:29Mes chers collègues.
40:31Mes chers collègues.
40:33Il y a eu des mots pas très agréables
40:35de la part de Sébastien Delegu.
40:38Il est l'exemple même de l'enfant
40:40qui était à la traîne
40:41et qui n'a pas bien suivi à l'école.
40:43Il lui manque quelques mots
40:44pour pouvoir concevoir un raisonnement.
40:46Le groupe Renaissance demandera une sanction
40:49et on verra ce que ça donne.
40:51On attend toujours Andy Cameron
40:53pour la sanction.
40:55Heureusement qu'ils ont fait alliance
40:57pour le Front républicain il y a quelques mois.
40:59On est d'accord.
41:01En tout cas, peut-on critiquer l'antisémitisme ?
41:04C'est une question qu'on peut se poser
41:05lorsqu'on va voir ce qui se passe à l'Assemblée.
41:07Othmane Nassrou, secrétaire d'État à la Citoyenneté,
41:09a tenu un point presse cet après-midi
41:11dans lequel il a annoncé
41:13que les assises de lutte contre l'antisémitisme
41:16vont être relancées.
41:17Il a rappelé l'explosion de ces actes antisémites
41:20depuis le 7 octobre 2021.
41:22Je ne suis pas sûre que les assises
41:23vont changer grand-chose,
41:24mais je sors vite fait de ma petite réflexion.
41:27Charlotte Dornelas,
41:28à l'approche de la réouverture de Notre-Dame de Paris,
41:32il y a de la tension dans l'air.
41:34D'abord, au sujet d'une prise de parole d'Emmanuel Macron
41:37à l'intérieur de la cathédrale
41:40qui n'est pas exactement au goût
41:43des autorités ecclésiastiques.
41:45Première remarque.
41:46Et pas que ecclésiastique, à mon avis.
41:49Si on veut avoir l'avis de Marc Benant, il va être d'accord.
41:51Vous vous souvenez, au moment où Rachid Haddati
41:54avait imaginé faire payer l'entrée
41:57pour les touristes à Notre-Dame,
41:59déjà, le bruit courait dans certains couloirs ecclésiastiques,
42:02que c'était une manière de mettre l'archevêque
42:05dans l'embarras,
42:07puisqu'il était obligé de dire non publiquement,
42:09et que c'était une manière de régler ce bras de fer.
42:12Certains avaient évoqué à l'époque deux choses.
42:14Un, le fait qu'Emmanuel Macron voulait remettre
42:17les clés de Notre-Dame de Paris à l'archevêque.
42:19Et la deuxième chose, qu'il voulait prononcer un discours
42:22à l'intérieur de la cathédrale.
42:24On se souvient qu'au moment de l'incendie,
42:26ce n'était pas le même archevêque.
42:27A l'époque, c'était Mgr Opeti.
42:28Vous vous souvenez, quand Emmanuel Macron avait fait son allocution,
42:31à l'époque, il avait dit le lendemain,
42:32je tiens à préciser au président de la République
42:34que le mot catholique n'est pas un gros mot,
42:36puisqu'il avait parlé de la reconstruction
42:37en cinq ans de Notre-Dame,
42:39et il avait oublié d'évoquer le caractère spirituel
42:42de Notre-Dame et l'existence des catholiques
42:44à l'intérieur, notamment, de Notre-Dame.
42:47Alors Emmanuel Macron a tenu son pari
42:49qui était, il y a cinq ans,
42:51peu de gens y croyaient, honnêtement,
42:53et il se trouve que Notre-Dame va bien
42:55rouvrir ses portes dans quelques temps.
42:57Merci aux milliardaires qui ont financé.
42:59Voilà, et aux dons, en effet, avec de l'argent,
43:03en l'occurrence, qui est primaire,
43:04ce n'est pas l'argent de l'État,
43:05il est vrai qu'Emmanuel Macron a impulsé,
43:07justement, ces donations, d'une part,
43:09et surtout, il a allégé considérablement
43:13les restrictions administratives
43:15qui concernent ce genre de travaux,
43:17ce qui a permis, en peu de temps,
43:19de restaurer cette cathédrale.
43:21Alors, l'archevêque de Paris a parlé,
43:24et il a fait savoir, on sent que l'ambiance
43:27a été un petit peu tendue dans les discussions,
43:29puisqu'il a expliqué, au moment de présenter
43:31ce qu'allait se passer dans cette cérémonie
43:34de réouverture, il a dit
43:36« Le président de la République ne me remettra pas les clés,
43:39puisque je ne les ai jamais perdues. »
43:41Alors là, vous comprenez que, vous savez,
43:42l'État est propriétaire des cathédrales,
43:45et l'Église en est affectataire.
43:47C'est donc elle qui a les clés,
43:48et c'est elle qui tient le culte à l'intérieur,
43:51et la loi de séparation des Églises et de l'État
43:53précise que, là où le culte est rendu,
43:55les prises de parole et de position politique
43:58sont interdites.
44:00Voilà quel est le sujet entre les deux.
44:02Donc déjà, il a dit publiquement
44:03« Les clés, vous êtes gentils, je les ai gardées,
44:05elles sont sur mon trousseau,
44:06et vous n'avez jamais eu les clés pour moi. »
44:09Et l'autre point de tension,
44:10ça avait été révélé en mai dernier,
44:12c'était en effet ce discours
44:13à l'intérieur de la cathédrale.
44:15Alors, que Emmanuel Macron
44:18veuille se féliciter de cet exploit,
44:21dans une certaine mesure,
44:22qui est dû à tous les artisans, évidemment,
44:24à toutes les bonnes volontés,
44:25au général Georgelin, qui est parti
44:27avant de voir la réouverture de Notre-Dame,
44:29mais à celui qui a succédé,
44:31à tous les gens qui ont travaillé dessus, bien sûr,
44:33mais aussi à Emmanuel Macron,
44:35ça n'y a pas de problème.
44:36Mais initialement, l'archevêque avait dit
44:37« Vous allez parler devant Notre-Dame de Paris. »
44:40Et finalement, il a cédé, entre guillemets,
44:42et Emmanuel Macron a annoncé qu'il parlerait.
44:44Ce n'est pas la première fois,
44:45puisque quand il avait été,
44:47vous savez, à la basilique Saint-Jean-de-Latron,
44:51à Rome, devenir chanoine,
44:53puisque vous savez que le président de la République
44:54est chanoine de Latron,
44:55il avait déjà parlé à l'intérieur de la basilique,
44:58ce que ses prédécesseurs n'avaient pas fait.
45:00Alors vous allez me dire « Oui, mais la différence,
45:02c'est que là-bas, il est chanoine. »
45:03Oui, d'accord, mais à l'époque,
45:04alors j'ai retrouvé,
45:05l'Élysée, qui était un peu gênée,
45:06vous savez, il rentre en procession
45:08avec les prêtres, il reçoit,
45:10c'est évidemment, il y a le Notre-Père,
45:12alors je voyais dans les articles de presse un peu rageux
45:13qu'ils disaient « Le Notre-Père » en plus en latin,
45:15alors oui, à Rome, beaucoup de choses se font en latin,
45:17notamment le Notre-Père,
45:19bon, mais donc l'Élysée était un peu gênée.
45:21Et ils avaient dit à l'époque
45:22« C'est un titre honorifique et historique
45:24sans aucune dimension spirituelle. »
45:26Donc bon, il y a un moment,
45:27il faudrait savoir quand même,
45:28c'est-à-dire qu'il faut choisir un peu
45:30et pas s'arranger en permanence.
45:32Et évidemment, la presse rappelle,
45:33depuis quelques jours, à raison,
45:35que De Gaulle s'est trouvé plusieurs fois
45:38dans Notre-Dame de Paris
45:39sans jamais, évidemment, prendre la parole.
45:41Pompidou, quand il a,
45:42au moment de l'hommage pourtant national,
45:44rendu à De Gaulle,
45:46n'a évidemment pas pris la parole
45:47à l'intérieur de Notre-Dame de Paris,
45:49même les rois n'auraient pas pensé à le faire,
45:51et Alexis Brézé, vous savez, du Figaro,
45:53rappelait ce matin, il dit « Bon, finalement,
45:55si on cherche, et on peut chercher
45:56pendant longtemps,
45:57la dernière prise de parole politique
45:58à l'intérieur de Notre-Dame de Paris,
46:00c'est en 1793,
46:03quand les révolutionnaires
46:04en ont fait le Temple de la Raison. »
46:06Donc vous comprendrez que le souvenir
46:07est vaguement hostile,
46:08c'est-à-dire que personne n'a très envie
46:10de recommencer à ce moment-là.
46:12Mais finalement, Emmanuel Macron,
46:13quand il s'était rendu au collège des Bernardins,
46:15vous vous souvenez,
46:16alors ça, on avait fait hurler certains,
46:17mais il avait prévenu la manière
46:19dont il conçoit sa relation avec l'Église.
46:21Il avait dit à l'époque « Je veux restaurer,
46:22réparer le lien abîmé entre l'Église et l'État. »
46:25Tout le monde avait pensé, évidemment,
46:27aux manifestations contre le mariage pour tous
46:29quelques années auparavant.
46:30Mais il avait dit finalement
46:31« L'Église est très importante dans la société,
46:33elle est formidable dans ses œuvres. »
46:34On est bien content d'avoir les cathos
46:36pour aller distribuer de la nourriture,
46:38par exemple, pendant le confinement,
46:39il n'y a plus qu'eux qui le faisaient,
46:41pour aller faire toutes les œuvres sociales
46:42qu'assure évidemment l'Église.
46:44« Il faut qu'elle poursuive, avait-il dit,
46:46et qu'elle continue à poser des questions. »
46:47Moi, je me souviens,
46:48ça m'avait marqué à l'époque
46:49qu'elle continuait à poser des questions
46:51comme si l'Église n'apportait par ailleurs
46:52aucune réponse.
46:53Il y a un enseignement de l'Église.
46:54Alors, on peut être d'accord, pas d'accord,
46:56sans tenir éloigné ou pas,
46:57mais elle apporte quelques réponses aussi, l'Église.
46:59Elle ne fait pas que poser des questions.
47:01Donc, évidemment,
47:02les relations sont parfois compliquées.
47:03On l'a vu au moment de la fermeture
47:04des lieux de culte
47:05pendant les confinements,
47:06pendant le Covid.
47:07Évidemment, le débat sur la fin de vie
47:09oppose notamment Emmanuel Macron
47:11et l'Église.
47:12La constitutionnalisation de l'IVG aussi
47:14avait posé forcément un problème
47:16entre les deux.
47:17Mais parfois, l'Église est utile.
47:19Et au moment de la réouverture de Notre-Dame,
47:21Emmanuel Macron rêve d'avoir sa place,
47:23évidemment, au moment où le monde entier
47:25va regarder à l'intérieur de Notre-Dame de Paris.
47:29Excellente remarque, ma belle Charlotte.
47:31Autre débat ces jours-ci,
47:33la présence du pape,
47:35ou plutôt son absence,
47:37alors qu'il pourrait se rendre en Corse
47:39quelques jours plus tard.
47:40Et vous allez voir qu'il y a peut-être
47:41un lien entre les deux.
47:42Bon, officiellement,
47:43le président de la Conférence des évêques de France
47:45annonçait ce matin,
47:47enfin, a dit aujourd'hui à ses collègues évêques
47:49qu'il n'avait jamais été question
47:51que le pape vienne pour la réouverture de Notre-Dame.
47:53C'est un vœu d'Emmanuel Macron
47:55depuis quelque temps, déjà en 2019.
47:57Il avait invité publiquement le pape
47:59à venir pour ce moment-là.
48:01Et nous dit le président
48:03de la Conférence des évêques de France,
48:05ça n'est pas une raison pour le pape de venir.
48:07S'il fait une visite pastorale auprès des fidèles
48:09en France, ça n'est pas pour la réouverture
48:11de Notre-Dame.
48:12Il volerait un peu la vedette à Notre-Dame
48:14qui va briller ce jour-là.
48:16Et aussi parce que le pape, ce jour-là,
48:18a prévu de créer des cardinaux à Rome.
48:20Et ce qu'il peut faire,
48:22à n'importe quelle autre date.
48:23C'est pas comme Noël.
48:24C'est pas fixe comme date.
48:26Et il se trouve que ça se prévoit, évidemment, de longues dates.
48:28Donc c'est une raison
48:30qui est un petit peu faible.
48:32Mais officieusement,
48:34les plus mauvaises langues,
48:36ils voient surtout un lien, justement,
48:38avec la volonté de briller, éventuellement,
48:40d'Emmanuel Macron.
48:41Le pape ne voudrait pas donner sa bénédiction
48:43à une éventuelle
48:45mise en scène politique au moment
48:47de la réouverture de Notre-Dame.
48:49Simplement, le pape, dans la foulée,
48:51on apprend qu'il pourrait venir en Corse
48:53la semaine d'après.
48:54Et vous vous souvenez, dans l'avion en septembre,
48:56au moment où il était venu à Marseille,
48:57ça avait fait beaucoup réagir,
48:58il avait dit, je vais à Marseille, pas en France.
49:00Alors évidemment, les mauvais esprits,
49:01comme Mathieu Bocoté, avaient dit,
49:03le pape fait la différence entre Marseille et la France,
49:05on aimerait bien savoir pourquoi.
49:07En réalité, la raison, c'était pour dire...
49:09Mauvais esprit.
49:10Je ne fais pas une visite d'État.
49:12Je vais à Marseille, et non pas en France,
49:14c'est-à-dire en tant que chef d'État.
49:16J'y vais en tant que pape auprès des fidèles,
49:18mais pas en tant que chef d'État.
49:19Et là, en septembre, il revenait d'un voyage en Asie,
49:21et il a répété à deux reprises dans l'avion aux journalistes,
49:23je n'irai pas à Paris, je n'irai pas à Paris.
49:25Ça avait l'air d'être très important.
49:27Et pourtant, il vient en Corse, à priori,
49:29le 15 décembre.
49:30Alors, ce sera confirmé samedi prochain,
49:32mais à priori, il sera là.
49:34Alors évidemment, là encore une fois,
49:36ça génère beaucoup d'incompréhension
49:37au sein de l'Église en France.
49:39Et le pape se rendra à un colloque
49:41qui est organisé par le cardinal Bustillot,
49:43qui est l'archevêque d'Ajaccio,
49:44mais qui est également cardinal,
49:46sur la religiosité populaire,
49:48notamment en Méditerranée.
49:50Alors, c'est oublié un peu vite.
49:51Alors, on dit que la religiosité populaire,
49:53c'est quelque chose auquel est très attaché le pape François.
49:55Et c'est vrai qu'il y a toutes les confréries,
49:57les processions, en Corse notamment,
49:59qui a été très largement abandonnée,
50:01parfois par la volonté de l'Église elle-même,
50:03ces dernières années en France.
50:05Et c'est oublié l'attachement populaire assez inédit
50:08que le monde entier avait vu
50:10au moment précisément de l'incendie de Notre-Dame,
50:12où, entre celui qui croyait au ciel
50:15et celui qui n'y croyait pas,
50:16tout le monde voyait un petit morceau
50:18de l'âme de la France,
50:19même ceux qui pensaient qu'elle avait débuté
50:21bien après ça,
50:23s'envoler en même temps que la flèche tombait.
50:26Mais finalement, le pape se tient assez loin,
50:28nous dit-on, des retrouvailles
50:30qu'il ne voit que mondaines
50:32au moment de la réouverture de Notre-Dame.
50:34Et sait-on, Charlotte,
50:36à un mois à peine de l'ouverture de Notre-Dame de Paris,
50:39ce qu'il va finalement se passer,
50:41loin de ces débats,
50:42qui n'empêcheront pas, évidemment, la ferveur populaire,
50:44la ferveur qu'on avait remarquée le soir de l'embrasement ?
50:46Mais oui, non mais bien sûr,
50:48c'est sûr que ça passera comme le reste
50:50et comme même probablement le discours d'Emmanuel Macron
50:52devant ou à l'intérieur de Notre-Dame.
50:54L'ouverture, elle se fera le samedi 7 décembre.
50:57Alors, le clergé, finalement,
50:59ayant déjà les clés dans sa poche,
51:01frappera à la porte dans un geste liturgique
51:03pour dire qu'il est de retour
51:05dans la cathédrale et pour le service de Dieu,
51:07a précisé l'archevêque au cas où Emmanuel Macron
51:09n'avait pas bien compris.
51:11Emmanuel Macron, donc, prendra la parole le 7 au soir.
51:13Et il y aura l'éveil de l'orgue,
51:15puisque vous savez que l'orgue, qui avait été un petit peu abîmée,
51:17a été intégralement démontée,
51:19nettoyée et remise en état.
51:21Et le 8 mai...
51:23Le 8 mai, pardon, ça c'est Jeanne d'Arc qui...
51:25Non, c'est L'Orléanaise en bois qui...
51:27Le 8 décembre, pardon,
51:29il y aura la première messe,
51:31la consécration du nouvel hôtel.
51:32Et comme la cathédrale est finalement assez petite,
51:34Notre-Dame de Paris, il n'y a que 1500 places à l'intérieur,
51:36que 1500 places,
51:38il y aura quasiment la même messe tous les jours
51:40pendant l'octave, donc pendant les huit jours qui suivront
51:42pour que les gens puissent y assister,
51:44et trois messes par jour pendant les six premiers mois
51:46jusqu'à la Pentecôte l'année prochaine.
51:48Et ce seront des messes qui...
51:50Voilà, qui célébreront la réouverture de Notre-Dame
51:52pendant toute l'année. Donc que les plus pressés
51:54ne s'inquiètent pas, il n'y aura probablement pas de place le 8 décembre,
51:56mais tous les jours qui suivront.
51:58Ça ne sera pas payant d'ici, là.
52:00Non, je vous rassure, la messe...
52:02Les cloches ont déjà sonné.
52:04Oui, les cloches ont déjà sonné.
52:06Il faudrait dire à Emmanuel Macron qu'il n'y a pas de honte
52:08à rester sur le parvis. C'est arrivé au roi
52:10Henri IV, qui est resté
52:12devant le parvis, il n'avait pas le droit d'entrer
52:14dans l'église le jour de son mariage
52:16avec
52:18la reine Margot, puisque lui,
52:20il était protestant.
52:22Henri IV, à qui il doit son titre
52:24de chanoine en plus ?
52:26C'est vrai !
52:28Voilà, le cercle se referme.
52:30Merci infiniment, Charlotte, merci
52:32Marc.
52:34On le sait, Mathieu Bocoté,
52:36samedi, les syndicats ont
52:38annoncé une grève en novembre,
52:40et surtout pendant les fêtes de fin d'année,
52:42les fêtes de Noël.
52:44Faut-il y voir une manifestation
52:46de la culture de la grève qui semble
52:48caractériser les syndicats du rail ?
52:50À part arracher les affiches.
52:52Oui, pour autre chose.
52:54Alors, la grève de Noël, je crois
52:56que la formule revient,
52:58c'est une tradition française, selon certains.
53:00Peut-être pas la plus appréciable,
53:02mais appréciée par certains syndicats.
53:04Je me permettrai une première réflexion
53:06qui semblerait un peu à l'écart du sujet,
53:08mais qui, à mon avis, nous y conduit directement.
53:10Lénine, dans Que Faire,
53:12considère que toute organisation
53:14révolutionnaire qui veut être capable
53:16de faire plier un État, et même de s'en emparer
53:18un jour, doit contrôler au possible
53:20les moyens de transport.
53:22Vous devez être capable d'interrompre
53:24les transports dans un pays
53:26si vous voulez être capable de paralyser ce pays.
53:28Il ajoute aussi qu'il doit contrôler
53:30les moyens de communication.
53:32Mais ça, c'est déjà fait, on appelle ça le service public.
53:34Donc, quoi qu'il en soit, Lénine dit
53:36qu'il faut être capable de bloquer les transports
53:38et ça nous permet d'avoir une emprise
53:40immense sur un pays.
53:42À certains égards,
53:44on pourrait dire que c'est un levier essentiel de la souveraineté.
53:46À certains égards, aujourd'hui,
53:48les syndicats du rail en France
53:50exercent cette souveraineté
53:52officiellement.
53:54On dit que c'est un service public dans ce cas-là,
53:56les transports, SNCF, et ainsi de suite.
53:58Mais on pourrait relativiser le propos
54:00en disant que ça a été privatisé
54:02depuis longtemps.
54:04Ça n'a pas été privatisé au profit du marché,
54:06mais au profit d'une baronie,
54:08au profit d'une féodalité,
54:10au profit d'un pouvoir privé syndical
54:12qui, quant à lui,
54:14considère et incarne mieux l'intérêt général
54:16que l'État. Et de ce point de vue,
54:18on peut considérer qu'en France,
54:20ça a été privatisé depuis longtemps
54:22au service des syndicats
54:24qui y exercent un pouvoir tout puissant,
54:26notamment la capacité de décider
54:28à quel moment les gens pourront se déplacer,
54:30dans quelles conditions, oui ou non.
54:32Une fois qu'on a ça à l'esprit,
54:34j'ajoute qu'ils se permettent même de décider
54:36quelles seront les publicités autorisées
54:38dans leurs lieux. Épisode Bardella,
54:40on a vu que, selon eux,
54:42on devine que s'il y avait eu une campagne immense
54:44de promotion pour un livre de Sandrine Rousseau
54:46dans l'égard de la SNCF,
54:48il n'y aurait pas eu un tel blocage.
54:50Encore faudrait-il qu'un éditeur se dise
54:52qu'il y a de l'argent à faire en faisant
54:54la telle promotion d'un livre de Sandrine Rousseau.
54:56Et c'est à ce moment que la rationalité économique
54:58nous rattrape tous.
55:00Tout cela nous conduit, je crois,
55:02à la question fondamentale du pouvoir des syndicats
55:04plus largement en Occident, encore une fois,
55:06mais en France aussi.
55:08Le pouvoir immense acquis par les syndicats
55:10il y a de cela quelques décennies,
55:12en fait, dans l'après-guerre.
55:14On oublie à quel point, après 1945,
55:16le Parti communiste en France
55:18et les syndicats plus largement
55:20ont pris le pouvoir privé,
55:22si je peux me permettre.
55:24Ils n'ont pas réussi à conquérir l'État,
55:26mais ils ont véritablement réussi à s'emparer
55:28de plusieurs institutions et que ce pouvoir
55:30aujourd'hui, s'il n'est pas aussi puissant
55:32qu'auparavant, certes, n'est pas résiduel.
55:34Et c'est un pouvoir essentiellement
55:36de paralysie. C'est un pouvoir
55:38qui permet de bloquer le pays
55:40en fonction d'intérêts catégoriels,
55:42d'autant qu'il s'agit d'une catégorie
55:44d'employés qui sont particulièrement
55:46bien payés, évidemment, avec l'argent
55:48de tous ceux qui sont mal payés
55:50et qui paient, par le chemin de l'impôt,
55:52leur salaire.
55:54Je note une chose et
55:56certains me l'ont fait remarquer hier.
55:58La culture de la grève
56:00à la SNCF est tellement forte
56:02qu'on en vient quelquefois à oublier
56:04les motifs particuliers de cette grève.
56:06Quand il y a une grève à la SNCF, on se dit
56:08pourquoi aujourd'hui exactement, parce que
56:10la lune n'est pas de la belle couleur,
56:12c'est le démantèlement annoncé
56:14de fret SNCF en deux entreprises,
56:16au terme de négociations
56:18avec la Commission européenne
56:20et aussi l'ouverture
56:22de lignes de concurrence.
56:24C'est un réaménagement
56:26de l'environnement
56:28du rail en France.
56:30Certains diront que sur cette question
56:32très particulière, on pourrait entendre
56:34les doléances de la SNCF
56:36à tout le moins lorsqu'on parle
56:38de fermeture de gares, etc.
56:40Certains pourraient dire
56:42que ces doléances méritent d'être entendues.
56:44Mais puisque la culture de la grève
56:46occupe tout l'espace depuis
56:48si longtemps, lorsque soudainement
56:50la SNCF dit peut-être
56:52sur cette question-là nous devrions être entendus,
56:54nous ne les entendons plus parce qu'ils ont
56:56écrasé depuis longtemps la légitimité
56:58possible, hypothétique,
57:00de leurs revendications,
57:02en se donnant le droit chaque fois de faire une grève
57:04qui paralyse tout le monde, et surtout j'y reviens,
57:06la grève de Noël, on a compris que c'était quand même
57:08une grève qu'il fallait reconduire chaque fois,
57:10par laquelle un petit groupe se permet
57:12véritablement d'exercer sa tyrannie
57:14sur l'ensemble de la société dans un moment
57:16qu'on voudrait normalement être celui
57:18d'une trêve des passions politiques.
57:20Revenons sur cette culture de la grève,
57:22droit de grève aussi. Qu'entendez-vous exactement
57:24par la culture de la grève?
57:26Je pense que vous avez tout à fait raison de faire le lien.
57:28La culture de la grève repose sur la sacralisation
57:30du droit de grève. Le droit de grève,
57:32évidemment, c'est légitime, c'est nécessaire,
57:34nul ne le conteste, évidemment.
57:36Comme j'aime dire.
57:38C'est-à-dire que, moi, c'est un droit que je respecte,
57:40mais je pense pas que c'est un droit qui coiffe
57:42tous les autres. Je pense pas que c'est un droit
57:44qui surplombe tous les autres. Je ne suis pas
57:46de ceux qui croient, mais peut-être reste mon côté
57:48vilainement nord-américain, je ne pense pas que
57:50le droit de grève est un droit tellement important
57:52qu'il écrase notamment le droit des gens ordinaires
57:54d'avoir une vie tranquille sans se faire paralyser
57:56par des militants de gauche radicale
57:58qui considèrent avoir un droit de veto sur le pays.
58:00Je pense que le droit de grève ne devrait pas être
58:02ce droit-là. Il témoigne, cela dit,
58:04de l'empreinte, encore une fois, d'une forme
58:06de socialisme mental dans l'organisation
58:08de la conscience collective. C'est-à-dire que
58:10ceux qui disent on fait la grève, on l'impose,
58:12on paralyse les gens, c'est Noël,
58:14vous voulez voir votre famille, on s'en fout,
58:16vous voulez retrouver vos proches, on s'en fout,
58:18parce que nous ne sommes pas connectés aux intérêts
58:20de la majorité, nous ne sommes pas connectés
58:22aux préférences de la majorité, nous ne sommes pas connectés
58:24aux intérêts des gens ordinaires. Nous sommes connectés
58:26à une certaine lecture de la Révolution
58:28qui est aujourd'hui un pouvoir de
58:30paralyser, mais ce pouvoir de paralyser,
58:32ce pouvoir d'imposer à tous
58:34les exigences particulières, idéologiques
58:36d'un petit groupe qui croit avoir
58:38un accès direct au sens de l'histoire,
58:40ce pouvoir est plus important que le reste.
58:42Le droit des militants sont plus importants
58:44que les droits des travailleurs ordinaires,
58:46comme le droit des squatteurs sont plus importants
58:48que les droits des propriétaires. On aura compris,
58:50c'est ce que l'ami Golnadel appelle
58:52le privilège rouge.
58:54Merci beaucoup. La tyrannie
58:56de la minorité sur la majorité
58:58validée.
59:00Tamponnée, encouragée.
59:02Tout de suite, Pascal Praud. Merci à tous.