• il y a 2 semaines
Avec Colonel Peer de Jong, Vice-président de l’Institut Themiis, spécialiste de géopolitique et ancien des troupes marines

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-11-09##

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Transcription
00:00Soudradio en décrypte le monde.
00:04Combien de temps durera la guerre en Ukraine ?
00:06Avec le retour de Donald Trump à la maison blanche.
00:09On en parle avec notre invité, le colonel Pierre de Jong.
00:12Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Bienvenue sur Soudradio.
00:15Vous êtes vice-président de l'Institut Temis,
00:17spécialiste de géopolitique, ancien des troupes de marine.
00:20Je rappelle votre dernier livre d'ailleurs,
00:22puisque ça concerne en partie la guerre en Ukraine,
00:24du moins sa première phase.
00:26Agit entre les lignes les sociétés militaires privées,
00:29Wagner, Blackwater, Mozart et les autres.
00:31C'était publié chez Mareuil Editions.
00:34Et si Donald Trump abandonnait l'Ukraine à son sort,
00:39les Européens pourraient-ils prendre le relais ?
00:42Ça, c'était la question qu'on voulait vous poser au début.
00:44Sauf qu'est-ce qu'on est bien sûr que Donald Trump
00:47veut abandonner l'Ukraine à son sort ?
00:49Il y a encore parlé à Monsieur Zelensky,
00:52le président ukrainien, hier.
00:54C'était en présence d'ailleurs d'Elon Musk,
00:56le patron de Twitter et de Tesla.
00:58Est-ce qu'on en sait davantage sur les intentions
01:00de Donald Trump sur la guerre en Ukraine ?
01:03Évidemment, personne n'en sait strictement rien
01:05à l'heure où on vous parle,
01:07puisqu'on ne peut que s'appuyer sur les dires
01:10du président Trump,
01:12puisqu'il est président qu'à partir de janvier.
01:14On peut s'appuyer simplement sur ses discours.
01:16Et c'est vrai que depuis 2-3 ans,
01:18depuis le début de la guerre,
01:20il est extrêmement clair sur l'attitude
01:22que les États-Unis doivent avoir vis-à-vis de cette guerre.
01:24Maintenant, vous savez, c'est la réelle politique
01:26qui va commencer à se mettre en route.
01:28Il y a des intérêts.
01:30Et je pense que l'homme qui a la clé actuellement,
01:32c'est Poutine.
01:34Si Poutine accepte la négociation…
01:36Vous savez, il y a Valdaï,
01:38il y avait la grande réunion habituelle de Valdaï
01:40avant-hier en Russie.
01:42Et ce qui est très intéressant,
01:44c'est que Poutine a évoqué la possibilité
01:46de discuter avec Donald Trump.
01:48Et c'est là que ça va être le point clé.
01:50Parce que si Poutine a des exigences
01:52beaucoup trop fortes, il est probable
01:54que Donald Trump commence à « négocier »
01:56de façon différente.
01:58Ceci étant dit,
02:00de toute façon, on est sur une tendance
02:02à la négociation pour plusieurs raisons.
02:04D'abord, un, politiquement, c'est le moment.
02:06Et puis deux, il y a une forme de lassitude générale
02:08tant en Russie qu'en Ukraine et même en Europe.
02:10Donc ça, c'est la première partie de votre question.
02:12C'est vrai qu'aujourd'hui,
02:14on ne peut pas savoir ce qui va se passer.
02:16C'est les négociations, ce sont les discussions
02:18qui se mettront en place.
02:20On sait qu'actuellement, les Biélorusses
02:22n'ont aucun contact dans l'affaire
02:24pour favoriser une discussion.
02:26Maintenant, l'Europe, c'est le grand chambardement.
02:28Parce que l'Europe, c'est l'Europe avec ou sans l'OTAN.
02:30Donc il y a deux niveaux.
02:32C'est l'Europe militaire ou l'Europe civile.
02:34L'Europe qui finance, l'Europe politique.
02:36Donc on ne sait pas très bien.
02:38Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a de vraies discussions,
02:40de vraies négociations.
02:42Et en tout état de cause, la seule décision
02:44qui a été prise à court terme, c'est d'augmenter
02:46les budgets des armées pour qu'elles puissent monter
02:48à un PIB au moins de 2 ou de 3 %.
02:50Ce n'est pas pour l'aide à l'Ukraine, précisément.
02:52Donc c'est encore autre chose.
02:54Concrètement, si demain,
02:56l'aide américaine s'arrêtait,
02:58est-ce que les yeux de l'armée ukrainienne
03:00s'effondreraient ?
03:02Probablement pas.
03:04En tout cas, pas sur le court terme.
03:06Parce qu'on peut imaginer, vous savez, dans les modes d'action
03:08militaires, là, on est dans un mode d'action
03:10très conventionnel. On peut supposer que
03:12si les Ukrainiens continuent
03:14de résister, on pourrait avoir des groupes armés,
03:16des groupes terroristes et des groupes qui commenceraient
03:18à remplacer des bombes à gauche, à droite.
03:20Donc il y aura un mode d'armée dit de résistance
03:22qui serait complètement différent.
03:24C'est très difficile à évaluer. Je pense qu'aujourd'hui,
03:26si vous voulez, la solution blanc ou noir,
03:28quitte au double, ce n'est pas la bonne.
03:30Je pense qu'on va être sur un modèle beaucoup plus nuancé que ça.
03:32Vous savez que les Américains ont lâché 61 milliards.
03:34Ils n'ont pas tous dépensé, loin s'en faut.
03:36Je pense qu'il n'y a même pas un tiers
03:38qui a été mis sur la table. Encore une fois,
03:40on voit qu'on est sur un mode lent, un mode mou.
03:42Et on verra encore une fois dans les semaines qui viennent,
03:44qu'il va être important pour toute une série de raisons.
03:46Pourquoi ? Parce qu'elles vont permettre à Trump
03:48de se préparer, de s'installer et de mettre en place un discours.
03:50Et encore une fois, tant qu'il n'a pas émis
03:52des idées très claires, tant qu'il n'a pas été clair
03:54sur le principe, sur les idées,
03:56sur la décision américaine
03:58d'aider ou non l'Ukraine,
04:00on ne peut pas savoir. Malheureusement pour nous,
04:02je pense que nous, Européens,
04:04encore une fois, on est lié, si vous voulez,
04:06à cette décision. Parce qu'on voit bien
04:08que le discours de Vance,
04:10rappelez-vous, il y a quelques semaines,
04:12le futur vice-président américain,
04:14J.D. Vance,
04:16exactement, qui a dit, il y a quelques semaines,
04:18que la solution en Ukraine
04:20était simple. C'était, un, cristallisation
04:22du front, deux, une zone tampon,
04:24et trois, neutralisation de l'Ukraine.
04:26C'est l'interdiction pour l'Ukraine de rentrer
04:28dans l'OTAN. Ce qui veut dire qu'il y aura des mesures de compensation,
04:30des mesures de protection.
04:32Est-ce que Zelensky acceptera ? Est-ce que Poutine
04:34acceptera ? Je n'en sais vraiment rien.
04:36Sauf que, est-ce que les Ukrainiens peuvent accepter,
04:38alors même que, en tout cas,
04:40l'inviolabilité
04:42des frontières ukrainiennes était censée avoir
04:44été garantie à la fin de l'URSS,
04:46et qu'elle n'a pas été respectée par la Russie ?
04:48Il y a deux éléments.
04:50La première chose, c'est que d'abord, il y a une forme de lassitude
04:52très forte en Ukraine. Le deuxième point,
04:54moi, j'ai eu des contacts avec des centres
04:56de recherche ukrainiens, où ils me disent
04:58qu'une solution d'attente
05:00leur conviendrait bien.
05:02Après trois ans de guerre, le pays est comme usé,
05:04les familles ont des décès un peu partout,
05:06etc. Donc, encore une fois, il y a une demande
05:08d'accalmie.
05:10Je ne connais pas la deuxième partie de l'histoire,
05:12mais en tout cas, actuellement, il y a une demande.
05:14Il y a un deuxième point qui est
05:16extrêmement important. Si vous voulez, c'est qu'il faut
05:18voir comment ça va se passer. On n'en sait strictement
05:20rien. Il faut voir quelles sont les négociations
05:22qui vont se mettre en place, et quelque part, je pense
05:24que les Ukrainiens pourraient éventuellement accepter,
05:26bien évidemment. Et en un mot, la situation
05:28actuellement sur le front, c'est laquelle ?
05:30Les Ukrainiens plutôt sur le
05:32reculoir dans certaines parties
05:34du front ? Aujourd'hui,
05:36c'est recul général, parce que
05:38le discours de Trump va galvaniser les Russes,
05:40puisque si on part sur la cristallisation
05:42d'un front, les Russes ont intérêt à accélérer
05:44le processus pour gagner le maximum de terrain
05:46pour le négocier. Donc, on va vers un modèle
05:48comme celui-là. Et je pense également que les
05:50Ukrainiens vont quitter la région de Kours assez rapidement.
05:52En Russie.
05:54C'est extrêmement difficile pour eux pour tenir.
05:56Effectivement. On en reparlera, pourquoi pas, avec vous.
05:58Merci, Pierre de Jong. Je rappelle votre
06:00livre, d'ailleurs, « Les sociétés
06:02militaires privées,
06:04agir entre les lignes
06:06Wagner, Blackwater et Mozart
06:08et les autres ». C'est publié chez Mareuil
06:10Éditions. J'ai dit dans le désordre, mais tout était dit.
06:12C'était le plus important. Merci à vous, mon colonel.

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