Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00Avec Céline Giraud sur Europe 1 13h19. Céline, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour,
00:07l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le journaliste politique au journal du dimanche, Jules Taurès.
00:11Bonjour les amis, bienvenue à tous. Ravi de vous retrouver. Alors évidemment, avant de décortiquer avec vous la victoire écrasante de Donald Trump,
00:19hier soir, 150 mineurs présumés isolés ont été expulsés d'un gymnase dans le quartier de Cussez, c'est à Villeurbanne.
00:27Ils avaient été emmenés à cet endroit-là par des associations, ils ont donc débarqué de façon totalement intempestive en plein cours de sport.
00:34Et le maire, Cédric Van Stevendel, n'admet pas ces méthodes, les méthodes de cette association, alors que la ville essaie de faire de son mieux. On l'écoute.
00:44Depuis 2020, nous avons créé 600 places d'hébergement d'urgence. Il faut qu'on soit sérieux sur ces questions-là.
00:49Et Villeurbanne est une ville sérieuse sur ces questions-là, les collectifs d'associations le savent très bien.
00:52Et c'est pas comme ça, c'est pas avec ces méthodes qu'on va faire évoluer la situation des personnes à la rue.
00:56Aujourd'hui, c'est un jeu qui se renvoie entre l'État et la métropole, et on le voit avec les moyens actuels des collectivités, ça ne marche pas.
01:02Donc il faut peut-être aussi que l'État se pose la question de ce processus de définition de qui est mineur, qui ne l'est pas, et quelle prise en charge doit être faite.
01:09Mais d'une manière plus globale, je ne suis pas sûr qu'ils vont apprécier cela, mais il y a une forme d'instrumentalisation des personnes qui sont à la rue dans cette manière de faire.
01:15Et moi, je ne m'y résoudrai pas, et c'est pas comme ça que je veux travailler. Tout le monde sait que ma porte est ouverte pour trouver des solutions sur le long terme,
01:21mais pas pour répondre à des coups de pression en permanence qui n'aident personne.
01:25Voilà, le maire de Villeurbanne, alors il y a beaucoup de choses dans ce que dit ce maire qui est très intéressant,
01:29parce que l'histoire se répète beaucoup à Villeurbanne et à Lyon ces dernières semaines.
01:32Sur le statut de ces migrants, déjà, c'est la méthode qui interpelle de ces associations qui...
01:38Oui, c'est toujours le même problème avec ces associations, que ce soit sur les soi-disant sauvetages en mer en Méditerranée ou dans la Manche,
01:46ou que ce soit sur le territoire français, où ces associations finalement n'aident pas du tout les migrants qui sont aujourd'hui sur notre pays.
01:56Au contraire, ils les mettent...
01:58Quand il s'agit de migrants présumés mineurs, présumés mineurs, parce que c'est difficile de vérifier.
02:02Le problème avec les mineurs isolés, c'est que bien souvent, ils ne sont ni mineurs ni isolés.
02:04C'est évidemment très compliqué à savoir, mais malheureusement, on a une convention européenne des droits de l'enfant qui les protège.
02:13C'est d'ailleurs sur lesquels s'appuient ces associations.
02:17Le problème, c'est qu'elles ne respectent rien ni personne, ces associations.
02:21Elles font ce qu'elles veulent, elles se croient tout permis.
02:24Elles sont bien souvent gavées d'argent public.
02:27Et là, on ne parle pas d'un maire du Rassemblement National, qui ne souhaite pas de migrants dans sa ville.
02:33On parle d'un maire socialiste qui, depuis des années, défend une politique d'accueil, défend le fait que nos frontières soient soit des passoires.
02:42En tout cas, qui appartient à un parti socialiste qui défend cela.
02:46Donc, c'est vrai qu'on est un petit peu désarçonné quand on voit ces associations qui ne respectent rien ni personne, y compris ce maire, y compris l'État.
02:55Et finalement, ça pose la question, à la fin, de s'il faut continuer à subventionner, oui ou non, ces associations.
03:00Je rappelle qu'il y a 1350 associations pro-migrants aujourd'hui en France, et qu'elles coûtent chaque année à l'État 750 millions.
03:06C'est un chiffre, effectivement, qui passe sous les radars.
03:08Il y en a évidemment qui sont très utiles. Dans certains centres, notamment les centres de rétention administrative, la Croix-Rouge fait un travail formidable.
03:14Mais il y a, comme dans toutes les questions d'association, des dérives. Et ces dérives-là, on les voit aujourd'hui à Villeurbanne.
03:21Nathan Le Verre ?
03:22Alors, je comprends parfaitement, et je suis d'accord avec le maire de Villeurbanne quand il dénonce une sorte de coup de pression, d'instrumentalisation et de coup médiatique.
03:31Parce qu'il y a évidemment une volonté de faire de la communication.
03:35Mais il me semble, et je comprends donc qu'à son échelle, de politique locale, il ne cautionne pas ces méthodes, et il a raison.
03:42Il envoie aussi un message au gouvernement en disant qu'il faut qu'on nous aide, parce qu'on est des armées.
03:47C'est toute la question, justement. Parce que ces associations, elles existent pourquoi ?
03:50Elles existent, il y a évidemment une idéologie derrière, mais elles existent avant tout parce qu'il y a un drame humanitaire, un drame humain absolu,
03:58notamment dans la Méditerranée, aussi au niveau de la Manche, et globalement dans toutes les voies de passage migratoires,
04:06où il y a des gens qui meurent, qui meurent massivement, dans les pires des conditions,
04:09et qui meurent parce qu'ils fuient des pays où ils n'ont aucune perspective,
04:13où ils fuient tantôt de la famine, tantôt des dictatures, tantôt des situations de blocage civique, politique, économique, professionnel, etc.
04:20Et demain de plus en plus, et aujourd'hui aussi, le réchauffement climatique.
04:24Et que face à cela, il y a une inertie du politique, pas du politique français, du politique européen, et même, j'irais même plus que ça, du politique mondiale.
04:32La question migratoire, c'est une question comme la question climatique, qui ne pourra se régler à long terme que à l'échelle internationale.
04:38Et donc évidemment que les associations, elles peuvent avoir un peu le syndrome d'antigone, de passer un peu au-delà de la légalité nationale,
04:45mais parce que derrière, il y a un problème qui est un problème supranational, et qui ne se réglera pas avec l'inertie actuelle du politique.
04:52Alors le collectif a aussi mentionné le non-respect de la trêve hivernale, elle a débuté le 1er novembre.
04:57Ces mineurs, jusque-là présumés, étaient hébergés dans des tentes, dans un square du 7ème arrondissement de Paris.
05:02On veut les mettre au chaud avant l'hiver, alors effectivement, cela se respecte, on n'imagine pas ces gens dormir dehors.
05:08Mais voilà, le maire le dit, il y a des lieux qui sont prévus pour ça, et on ne respecte pas ce que nous mettons en place.
05:14Bien sûr, mais tant que ce maire-là ne voudra pas aborder le débat qui en effet est national et supranational, c'est le contrôle de nos frontières,
05:21eh bien on n'y arrivera pas. Aujourd'hui, le sujet des mineurs isolés, ou plus largement des clandestins,
05:25il y a à peu près 60 000 mineurs isolés aujourd'hui en France, il y a entre 600 et 900 000 clandestins.
05:31Et avec les recours et le temps qui passe, ils sont souvent majeurs.
05:35En plus, ils sont souvent majeurs, on se souvient que pendant le Covid, les mineurs isolés n'étaient pas obligés, par exemple, de faire un test pour être renvoyés.
05:44Et donc il y avait ce gros débat du fait qu'on ne pouvait renvoyer aucun mineur dit isolé, je le rappelle.
05:51Mais la vraie question c'est, est-ce qu'on va pouvoir reprendre le contrôle de nos frontières ?
05:56Je ne suis pas sûr que ce maire-là, aujourd'hui, défende une politique migratoire qui veut plus de fermeté, plus stricte,
06:03parce qu'aujourd'hui, malheureusement, et cet exemple est une fois de plus encore très criant,
06:07on ne peut pas accueillir, c'est Rocard qui disait ça, toute la misère du monde.
06:12Et malheureusement, aujourd'hui, on a des Français qui veulent une fermeture des flux migratoires,
06:19on a des politiques, on a au gouvernement un ministre de l'Intérieur qui est très volontaire sur ce sujet-là,
06:24qui est très déterminé à fermer les frontières.
06:26Donc je ne suis pas sûr que la réponse attendue par le maire PS de Villeurbanne soit celle que les Français attendent.
06:32Et le maire écologique Les Verts aussi de Lyon avait procédé à l'expulsion de la même manière, pour conclure en quelques mots.
06:37Non mais je ne suis pas d'accord avec vous, je ne pense pas que la vraie question, ce soit celle du contrôle des frontières.
06:41Ça c'est le symptôme. Quand vous parlez du contrôle des frontières, ça veut dire que vous acceptez une situation
06:45où il y a des gens qui parmi Lyon fuient massivement des pays.
06:47La vraie question à l'échelle mondiale, c'est pourquoi il y a-t-il la moitié du monde qui est fuie massivement vers l'autre moitié du monde.
06:54Alors on peut prendre des exemples concrets, parlons, je ne veux pas faire la transition vers le sujet suivant,
06:58parlons par exemple de l'Afghanistan. Pourquoi on a laissé l'Afghanistan aux islamistes ?
07:02Et pourquoi en effet, il y a beaucoup d'Afghans qui ont envie de fuir massivement ce pays ?
07:05Pourquoi le monsieur qui l'a fait s'appelait d'ailleurs Donald Trump quand il était président ?
07:08Il y a eu une guerre qui a duré 20 ans quand même.
07:10Bien sûr, mais voilà par exemple, quand on parle d'un certain nombre de pays africains,
07:13pourquoi y a-t-il des pays africains où il y a toutes les possibilités d'avoir un avenir radieux,
07:17d'avoir des richesses, d'avoir une économie qui est florissante et qui sont tenues par des régimes pourris,
07:22avec évidemment l'héritage de la colonisation française, avec aujourd'hui la colonisation russe, la colonisation chinoise.
07:28Pourquoi on accepte ça ? Moi je comprends qu'il y ait des gens massivement qui ont envie de fuir ces pays.
07:31Et c'est ça pour moi le vrai sujet, bien avant du contrôle des frontières.
07:34Et j'espère que d'ici 50 ou 60 ans, on vivra dans un monde où il n'y aura plus ce sorte de clivage nord-sud,
07:39qui est évidemment insupportable et qui engendre beaucoup de malheurs pour tout le monde, bien sûr.
07:44Oui, nous aussi on l'espère. Merci Nathan Devers, merci Julie.
07:47Non mais il y a aussi un peuple français qui aujourd'hui ne veut pas accueillir plus que ce qu'il en a déjà accueilli.
07:52C'est un sujet très vaste.
07:54En fait on se fait face à plusieurs réalités dont malheureusement on ne peut pas faire grand-chose,
07:58c'est qu'il y a des gens qui veulent venir et il y a des gens qui ne veulent pas accueillir.
08:02La question qu'on va se poser dans quelques instants, c'est pourquoi Trump a gagné ?
08:05Et pourquoi on ne l'a pas vu venir justement ?
08:08On a deux heures à s'excuser.
08:10On a 30 minutes jusqu'à 14h les amis.
08:12Et vous, chers auditeurs d'Europe, pendant quelques instants, à tout de suite.
08:15Vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21 avec Céline Giraud, de 13h à 14h sur Europe 1.