A l'occasion de la Journée mondiale de l'AVC, voici le témoignage d'une jeune femme qui a survécu à un AVC.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 29 octobre 2024.
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00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h42, bonsoir Sarah Bardin.
00:06Bonsoir.
00:07Merci de nous rejoindre dans RTL Soir en cette journée mondiale de lutte
00:10contre l'AVC, l'accident vasculaire cérébral.
00:12C'est tout simplement la première cause de mortalité chez les femmes
00:15devant le cancer du sein.
00:17Chaque année, près de 150 000 Françaises en sont victimes.
00:20Alors vous Sarah Bardin, l'AVC vous frappe à seulement 29 ans.
00:24Vous racontez votre parcours et votre résilience dans un livre
00:27qui s'intitule « Réparer » par Richestock.
00:30Vous écrivez que pourtant rien ne vous y prédisposait.
00:33L'AVC, ça peut arriver à n'importe qui, n'importe quand, à tout âge ?
00:38L'AVC peut arriver à n'importe qui, n'importe quand, à tout âge.
00:41Déjà, je vous remercie de votre invitation.
00:43Et oui, en effet, c'est bien.
00:45D'ailleurs, toute la perversité et toute la fatalité que porte l'AVC,
00:49c'est qu'il concerne tout le monde.
00:51Il y a évidemment des facteurs de risque.
00:54C'est que l'essentiel des AVC sont causés par l'hypertension,
00:59du diabète, du cholestérol, enfin des facteurs de risque.
01:02Mais il y a aussi une partie d'AVC qui surviennent sans raison apparente.
01:07Sarah Bardin, cet AVC dont vous êtes victime,
01:09il apparaît dans votre sommeil, je dis bien dans votre sommeil.
01:12Racontez-nous, expliquez-nous.
01:14Alors, je me suis couchée cette nuit du 27 au 28 juin 2021,
01:17il y a un petit peu plus de trois ans.
01:19J'étais en pleine santé, j'étais un petit peu fatiguée,
01:22parce que maman de jumeau grand prématuré de 22 mois à l'époque,
01:26donc j'avais la fatigue d'une jeune maman, ni plus ni moins.
01:29Et je me suis réveillée à trois heures du matin
01:32avec une douleur importante dans la tête,
01:34que j'ai d'abord décidée pendant les toutes premières secondes d'ignorer.
01:38Puis ensuite, j'ai été prise de vertige.
01:41Lorsque le père de mes enfants a allumé la lumière,
01:43la pièce s'est mise à tourner autour de moi de façon très importante.
01:46Je lui ai demandé de l'aide pour m'accompagner jusqu'à la salle de bain
01:48parce que j'avais la nausée.
01:50Sur le chemin de la salle de bain, mes jambes m'ont lâchée,
01:52je me suis mise à vomir du sang.
01:54L'AVC est une bombe qui anéantit sa victime et pulvérise son entourage.
01:58Voilà ce que vous écrivez dans ce livre.
02:01Oui, parce que l'AVC, en effet,
02:05moi je parle de l'AVC puisque c'est au travers de mon témoignage et de mon histoire,
02:10mais d'une manière générale, ce type de pathologie,
02:13de toutes les façons, avec une telle gravité,
02:15a un retentissement très important sur l'entourage
02:18et sur la vie de famille, de toutes les manières.
02:21Vous expliquez que votre survie, vous la devez à un événement survenu 48 heures avant votre accident.
02:27L'un de vos proches a été lui-même victime d'un AIT.
02:29C'est un accident ischémique transitoire.
02:32Quelle est la différence et comment cela vous a-t-il aidé à comprendre ce qui vous arrivait ?
02:36Alors, comme j'avais 29 ans, je ne bénéficiais d'aucune prévention.
02:40Il n'y avait aucune campagne de santé publique.
02:42Il n'y en a d'ailleurs toujours pas aujourd'hui.
02:44Donc je ne savais pas ce qu'était l'AVC, je ne savais pas ce qu'était l'AIT.
02:47Jusqu'à ce que 48 heures auparavant, un de mes très proches ait lui-même un AIT,
02:53donc un accident ischémique transitoire.
02:55C'est comme un AVC, on présente les mêmes symptômes,
02:58sauf que ça se résorbe tout seul au bout de quelques minutes.
03:01C'est quand même une urgence absolue qui nécessite d'être pris en charge
03:05et de mener des investigations,
03:07puisqu'en fait, très souvent, il permet de prédire la survenance d'un AVC qui arrivera postérieurement.
03:13Et donc, j'étais très alerte sur la question.
03:15J'étais dans un état d'hyper-conscience,
03:17puisque j'avais tout lu pendant 48 heures
03:19et c'est ce qui m'a permis de dire aux pères de mes enfants,
03:21lorsque j'ai ouvert les yeux,
03:23ce n'est pas un simple mal de tête, je suis en train de faire une attaque cérébrale.
03:26Hyper-conscience, ce terme peut surprendre ceux qui nous écoutent.
03:29Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
03:31Ça veut dire que je faisais attention à tout,
03:33que je ne me suis pas laissée guider par ce simple mal de tête
03:35et j'ai même senti du sang couler dans ma nuque,
03:38ce qui est quand même un sentiment très étrange et très inhabituel,
03:41parce que justement, j'étais plongée dans cet état d'hyper-conscience.
03:45J'observais tout, je faisais attention à tout, j'épiais tout.
03:49Et d'ailleurs, cet état d'hyper-conscience ne m'a pas quittée,
03:52puisque lorsque je me suis réveillée du coma et que j'étais prisonnière de mon corps,
03:55j'ai commencé à avoir la sensation d'avoir été amputée du cerveau.
03:59Et c'est cet état d'hyper-conscience dans lequel j'étais plongée
04:03qui m'a donné cette sensation,
04:05alors que tous les médecins ont nié pendant un certain temps que j'avais eu cette opération.
04:10Quels sont les symptômes de l'AVC qui doivent immédiatement nous alerter
04:14si on en est victime ou chez un proche tout simplement ?
04:18Alors, les symptômes classiques de l'AVC, mais là encore,
04:21vous voyez bien que dans mon témoignage,
04:23moi je n'ai pas eu les symptômes classiques de l'AVC,
04:25mais les symptômes classiques de l'AVC qui doivent alerter,
04:28c'est par exemple avoir une paralysie d'un côté du visage,
04:33d'avoir un affaissement justement d'un côté du visage,
04:36d'avoir des troubles de l'élocution, de ne pas avoir des paroles cohérentes.
04:40Voilà, tout ça, ce sont des signes.
04:42En fait, la survenance d'un trouble neuro, quel qu'il soit,
04:45doit pousser la victime ou son entourage à appeler le 15.
04:49Quand il y a un doute, et c'est là où ça ne va pas si vous voulez,
04:52c'est que quand il y a un doute, il faut appeler le 15.
04:54Voilà.
04:55Vous avez eu des séquelles ?
04:57Il y a eu j'imagine des mois de rééducation derrière cet AVC ?
05:02Oui, parce que lorsque moi je me suis réveillée du coma,
05:04j'étais prisonnière de mon corps,
05:06donc je ne pouvais plus bouger ni les bras, ni les jambes,
05:08ni parler, ni quoi que ce soit.
05:09Donc évidemment, il y a eu deux ans de rééducation
05:12pour arriver au résultat que vous voyez aujourd'hui,
05:14c'est-à-dire qu'on a l'impression lorsque l'on regarde que je n'ai pas de séquelles.
05:18Oui.
05:19J'en ai, simplement elles sont invisibles.
05:22Donc j'ai des séquelles qui sont invaliditantes, évidemment,
05:28mais invaliditantes, je vais y arriver.
05:32Mais si vous voulez, ça ne m'empêche pas d'avoir une vie normale.
05:35Aujourd'hui, j'élève seule mes petits garçons, je travaille, j'écris un livre,
05:38j'ai une vie normale.
05:40Vous militez pour la mise en place d'une campagne de santé publique,
05:43c'est une urgence selon vous ?
05:44Absolument.
05:45C'est une urgence absolue, puisque comme je le disais,
05:48si moi j'ai eu les réflexes qui m'ont permis de me sauver la vie,
05:51c'est parce que j'avais bénéficié de cette prévention amicale,
05:57cette sensibilisation 48 heures plus tôt,
05:59qu'aujourd'hui on ne nous dise pas, toute la journée, partout,
06:03qu'il faut appeler le 15 en cas de trouble neuro, en cas de doute même,
06:08que c'est la première cause de mortalité féminine,
06:10qu'une femme sur quatre aura un AVC dans sa vie.
06:13Je suis dans l'incompréhension totale qu'il n'y ait pas de campagne de santé publique.
06:17Et les chiffres sont stupéfiants.
06:1880% des cas d'AVC ont une cause, l'hypertension artérielle.
06:23Et l'on assiste depuis quelques années à un doublement des AVC chez les 25-30 ans.
06:28Donc là, pour le coup, vous étiez dedans ?
06:31J'étais dedans, en effet, sans facteur de risque.
06:35On sait aussi que 80% des AVC pourraient être évités,
06:38justement si on identifiait les facteurs de risque en question.
06:42Ce qui signifie que monsieur et madame Tout-le-Monde peuvent aujourd'hui,
06:45grâce à un lien internet, donc c'est vaincre-l'AVC.org,
06:51faire un test de dépistage, où on vous pose 11 questions
06:55qui permettent de cibler vos facteurs de risque.
06:58Et donc, parce que vous les avez ciblés, vous œuvrez pour leur diminution,
07:02et donc vous minimisez vos risques d'AVC.
07:05La vraie question, c'est pourquoi on en parle si peu,
07:07alors qu'il s'agit de la première cause de mortalité médicale pour les femmes françaises ?
07:10Parce que ça fait très peur.
07:11Ça fait très peur de se dire qu'on peut se coucher en soi,
07:13et que sans rien avoir demandé à personne,
07:16on ne se réveille pas et on termine dans le coma.
07:19Ça fait horriblement peur.
07:20Et cette peur est accentuée par les séquelles.
07:23C'est-à-dire qu'une minute passée, c'est 2 millions de neurones perdus,
07:26donc on sait que les séquelles peuvent être importantes et rapidement importantes.
07:29Donc, évidemment que le valide n'a pas envie de se confronter à cette fatalité,
07:34de se dire qu'il a moins de 30 ans, qu'il peut se coucher et finir dans le coma,
07:38et se réveiller dans quel état.
07:39C'est extrêmement anxiogène.
07:41Merci beaucoup Sarah Bardin.
07:43Votre livre « Réparer, surmonter un AVC à 29 ans » est donc publié chez STOC,
07:48et je le rappelle, en cas d'affaiblissement d'une partie du visage,
07:50perte de la mobilité d'une jambe, paralysie d'un bras, difficulté de parler,
07:54ne pas hésiter à appeler le 15 ou le 112.
07:57Merci beaucoup d'être venue en parler chez nous ce soir.
07:59Merci.
08:01Dans un instant, Marc-Antoine Lebray pour le Breaking News.