Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 28 octobre 2024.
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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonsoir Hélène Desplanques.
00:05Bonsoir. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation dans RTL Soir.
00:08Vous êtes journaliste, réalisatrice. Il y a cinq ans, pendant la crise des
00:11gilets jaunes, Emmanuel Macron a donc invité les maires à ouvrir dans chaque
00:14mairie un cahier de doléances accessible à tous les citoyens. Au total, près de
00:1820 000 cahiers auraient été remplis sans que le chef de l'État n'y donne
00:21une quelconque suite. Et voilà que Michel Barnier, dans une interview aux
00:25Parisiens, annonce vouloir y puiser de quoi je cite « changer ce pays » avec un
00:30plan de réforme à cinq ans qu'il présentera dans quelques semaines.
00:34Alors vous Hélène Desplanques, vous les avez ouverts ces cahiers, vous avez
00:37d'ailleurs réalisé un documentaire intitulé « Les doléances », toujours
00:42disponible en replay sur France Télévisions.
00:44Tout le monde peut les consulter ces cahiers ?
00:46Oui, tout à fait, tout le monde peut les consulter.
00:50Avant tout, je voulais dire quand même une petite satisfaction à l'heure où les
00:55budgets culturels s'effondrent les uns après les autres.
00:58C'est un objet culturel, c'est un documentaire qui a permis de
01:01maintenir la pression pour qu'on n'oublie pas ces fameux cahiers de
01:06doléances, parce qu'il y a quand même eu une sacrée amnésie.
01:09Et pour revenir à votre question, ils sont disponibles dans les archives
01:14départementales, tout un chacun peut aller les consulter dans son département.
01:19Simplement, on n'avait pas fléché l'attention, c'est-à-dire que pendant
01:24trois mois, pendant le grand débat national, matin, midi et soir, on nous a
01:28dit « allez écrire dans les cahiers de doléances dans les mairies, allez écrire
01:32sur Internet, etc. ». C'était une communication présidentielle pour dire
01:37« nous allons vous écouter ». Et puis après, plus rien, silence de mort.
01:42Et pendant des années, on les a archivés comme des documents historiques
01:49dans les archives départementales et personne ne savait où les trouver.
01:54C'est-à-dire qu'il pouvait y avoir des citoyens et des citoyennes, moi je les
01:58ai rencontrés un peu partout sur le territoire, qui s'interrogeaient sur ce
02:03qu'étaient devenus ces cahiers, mais personne ne savait où ils étaient.
02:07Et qu'avez-vous trouvé, vous, dans ces cahiers ?
02:11Moi, ce que j'ai trouvé dans ces cahiers, c'est déjà une extraordinaire
02:16envie d'être citoyen et citoyenne. C'est-à-dire qu'il y a une appétence
02:21pour la chose politique, pour le bien commun, de la part des Français et des
02:25Françaises, qu'il faut saluer. Et c'est ça qu'il faut avant tout mettre en avant.
02:30Ils se sont précipités pour aller écrire et donner leurs idées dans ces cahiers.
02:34Ils y ont passé du temps, de l'énergie, vous pouvez me croire, j'en ai lu quelques
02:38milliers et il y en a qui font plusieurs pages, on est absolument
02:43persuadé, quand on les lit, que les gens y ont mis plusieurs heures, ils y ont
02:47réfléchi, ils y ont pensé. Et donc, c'est d'autant plus un immense gâchis qu'ensuite,
02:54il n'y a pas de devoir de suite qui a été donné à ces cahiers.
02:58Alors, je rappelle qu'on a au moins 200 000 contributions et ce soir, la députée écologiste
03:02Marie Pochon demande que soient rendues publiques ces cahiers de doléances.
03:06Est-ce que ça vous semble une bonne chose ? Et savez-vous d'ailleurs si les maires
03:13ou les élus eux-mêmes les ont consultés ou pas d'ailleurs ?
03:15Vous savez donc, Marie Pochon, c'est quand même nous, Fabrice d'Allongeville et moi,
03:20à travers le processus de création du film qui a avant été la sollicité, pour qu'on
03:25ouvre une voie législative sur la problématique de ces cahiers.
03:29Et donc, évidemment qu'on est presque à la base de cette envie absolue, de cette nécessité.
03:35Vraiment, nous, on se pose vraiment comme des citoyens, des démocrates et on pense
03:41que c'est absolument nécessaire aujourd'hui que ces cahiers puissent être consultés
03:45par le plus grand nombre.
03:46C'est-à-dire que le plus grand nombre les a écrits, il y a eu 250 000 contributions,
03:51c'est énorme, c'est massif, c'est inédit même et les gens qui ont écrit eux-mêmes
03:57ces cahiers ne peuvent même pas aller les consulter, c'est-à-dire qu'ils peuvent
04:00effectivement se rendre dans les archives départementales mais nous, ce qu'on réclame
04:03c'est que tout un chacun sur le territoire puisse aller sur une plateforme numérique
04:08et avoir une vue complète des écrits partout en France.
04:13On est quand même à l'heure de la Startup Nation, je vous le rappelle, ce n'est pas
04:18moi qui ai inventé le concept.
04:19Donc, c'est quand même extraordinaire que les citoyens et les citoyennes doivent faire
04:23des efforts pour déclarer leurs impôts, accéder à la Sécu, que sais-je encore, la Poste
04:30et tout ça.
04:31Et une fois qu'on arrive à un exercice démocratique extrêmement important, alors là non, ce
04:35n'est plus possible, il reste à l'état de cahier et on ne peut plus rien faire en
04:39termes numériques.
04:40C'est quand même génial.
04:41Vous le disiez, Hélène Desplamps, que vous avez lu des milliers et des milliers de pages.
04:46Comment c'est écrit ? Est-ce que ce sont des coups de gueule, des récits, des témoignages,
04:50des propositions très concrètes ?
04:52En fait, ce qui est extraordinaire, c'est que c'est à tout un peuple qui parle là-dedans.
04:57Il y a absolument de tout, il y a des objets littéraires, il y a des poèmes, il y a des
05:03chansons, il y a des gens qui ont pris vraiment le temps de chapitrer leur contribution avec
05:11politique internationale, politique intérieure, sociale, économie, etc.
05:15Il y a des gens évidemment qui manifestent une colère, comme le dit Fabrice dans le
05:20film, on a l'impression des fois que plus l'adoléance est courte, plus elle est en
05:24colère quelque part.
05:25Donc, il peut y avoir comme ça des jaillissements, mais il y a vraiment cette notion de dire
05:32je participe au départ public et donc je fais oeuvre d'invention, d'idées, de propositions.
05:39Il y a des réflexions que j'ai lues où je me suis dit mais évidemment qu'il faudrait
05:42mettre ça en place.
05:43Vous évoquez un trésor national en évoquant ces cahiers, expliquez-nous parce que c'est
05:48une belle image.
05:49Je vais revenir sur quelque chose de très simple, le jour où Emmanuel Macron devait
05:59prendre la parole pour parler des cahiers d'oléances, Notre-Dame a brûlé.
06:02Cinq ans après, Notre-Dame a retrouvé toute sa superbe et ça a coûté très cher et
06:09heureusement tout le monde s'y est mis, des contributeurs privés, l'État, pour
06:13que Notre-Dame aujourd'hui soit à nouveau telle qu'elle était.
06:18Ce que moi j'estime c'est que ces cahiers d'oléances sont un autre patrimoine national
06:24et que ce patrimoine national-là, ça coûte beaucoup moins cher de le rendre accessible
06:30à tous et que pourtant personne n'a rien fait.
06:33C'est pour ça que je parle du trésor national.
06:35Merci beaucoup Hélène Desplanques, merci votre documentaire Les doléances, on le rappelle
06:42est toujours disponible sur la plateforme de replay de France Télévisions.
06:46Et dans un instant, un homme qui n'a absolument malheureusement aucune doléance puisqu'il
06:49n'est que bonne humeur et elle l'est grèce, c'est Marc-Antoine Levray et ce sera donc