Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 02 janvier 2025.
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00:00Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Aux Etats-Unis, après l'attaque de la Nouvelle Orléans qui a fait 14 morts, 15 avec le suspect abattu par les forces de l'ordre,
00:09le directeur adjoint du FBI parle d'un acte terroriste prémédité.
00:14Bonsoir Nicole Bacharan.
00:16Bonsoir.
00:16Merci d'être avec nous, vous êtes politologue, historienne et spécialiste des Etats-Unis.
00:21Un acte terroriste, on le rappelle, commis par un ancien militaire qui avait déclaré rejoindre l'Etat islamique.
00:28Alors, on est surtout habitué aux fusillades outre-Atlantique, beaucoup moins à ce genre d'attaques ces dernières années ?
00:35Malheureusement, il y en a eu, je pense par exemple à ce qui s'est passé à New York en 2017,
00:41également un islamiste qui a emprunté, enfin emprunté, qui a foncé dans une piste cyclable et qui a fait 8 blessés.
00:51Il y a eu d'autres drames de même nature, même si vous avez raison de le dire.
00:59Malheureusement, on est habitué aux fusillades et qui sont finalement relativement rarement en lien avec l'islamisme,
01:07même si je pourrais vous donner des exemples contraires.
01:11Mais c'est vrai que là, c'est qualifié sans ambiguïté aucune d'attentat terroriste islamiste,
01:17puisque le terroriste avait déclaré qu'il était inspiré par l'Etat islamique.
01:24Les services de renseignement, on le sait, sont particulièrement focalisés sur la menace terroriste,
01:29surtout depuis les attentats de 2001.
01:32Comment cet homme a pu passer sous les radars ?
01:35C'est évidemment la question que se posent justement les services de renseignement.
01:39Ça leur a échappé.
01:41J'entends beaucoup de choses depuis 24 heures, et c'est normal, sur le parcours particulier de cet homme en tant qu'ancien militaire,
01:48sur le fait qu'il faudrait quand même regarder d'un peu plus près comment les vétérans qui étaient en Irak, en Afghanistan,
01:55se réintègrent, sont plus ou moins, ou même plus perturbés.
01:59Mais en fait, dans son cas précis, je crois que ça n'explique rien du tout,
02:02parce qu'il a été dans l'armée pendant de nombreuses années, mais pas du tout au combat.
02:08C'était un spécialiste des technologies de communication, des ressources humaines.
02:13Il a passé un an en Afghanistan, mais jamais au combat.
02:17Donc vraiment, il y a eu un basculement vers le terrorisme islamiste qui lui est propre,
02:24et le fait de surveiller de plus près les anciens militaires.
02:28Certes, ça peut valoir la peine de les soigner quand ils en ont besoin,
02:32mais je ne crois pas que ce soit à ce niveau-là que les services de renseignement aient failli.
02:36Visiblement, ils le mettent en avant, et je crois qu'ils n'ont pas tort.
02:40C'est le genre d'attentat qui se prépare au vu et au su de tout le monde,
02:45parce que finalement, transformer un véhicule en arme de mort, c'est extrêmement facile.
02:52Ça ne se voit pas à l'avance.
02:54Vous avez raison de parler des vétérans en état de stress post-traumatique.
02:58On sait que c'est un vrai problème aux États-Unis, ces hommes, ces femmes fragilisées
03:02qui ne bénéficient pas toujours d'un suivi suffisant.
03:06Oui, tout à fait. D'ailleurs, quand un drame se produit,
03:11on évoque, et c'est juste de l'évoquer, des cauchemars épouvantables, récurrents,
03:18des crises de paranoïa, des violences domestiques, des suicides,
03:24donc une très grande souffrance qui se répercute malheureusement sur les proches.
03:29De là à avoir le projet de tuer des dizaines de personnes,
03:34je pense qu'il y a quand même un grand pas qu'on ne peut pas franchir.
03:37Bien évidemment, l'enquête est en cours.
03:40Mais est-ce que l'on peut se dire que le contexte international actuel
03:44avec le Proche-Orient peut avoir joué un rôle ?
03:49Oui, c'est quelque chose à considérer.
03:51D'ailleurs, les enquêteurs sont en train de remonter tout ce que le terroriste a pu dire,
03:57faire, exprimer sur les réseaux sociaux ou auprès des personnes qu'il fréquentait,
04:03voir si dans sa tête il y avait un lien.
04:06Mais c'est vrai que depuis en particulier la chute de Bachar al-Assad en Syrie,
04:11les Américains, les Britanniques, appuyés aussi par les Français,
04:16multiplient les frappes contre les lieux où se trouvent les anciens combattants de Daesh.
04:24Il y a une très grande inquiétude à voir peut-être l'État islamique
04:28reprendre en puissance en Irak et en Syrie.
04:32Donc est-ce que le terroriste de la Nouvelle-Orléans suivait tout ça de très près ?
04:38Est-ce qu'il pensait que finalement ce qui pouvait y avoir de mieux au monde
04:42c'était l'État islamique ? Peut-être.
04:44Rien à voir en tout cas avec ce que disait Donald Trump
04:48qui a très vite fait le lien entre l'attaquant et l'immigration illégale,
04:52qui en a profité aussi il y a quelques heures pour rétrier Joe Biden.
04:56C'est de la communication politique pure et dure là ?
04:59Oui bien sûr et notamment parce qu'on sait, on l'a tous suivi,
05:03pendant des mois l'immigration a été vraiment le cheval de bataille,
05:09le plus porteur pour Donald Trump, accuser les immigrants légaux et illégaux
05:16de tous les mots, que ce soit sur l'économie, sur la sécurité,
05:20sur le niveau de civilisation aux États-Unis.
05:25Écoutez, là il s'est précipité pour dire les immigrants,
05:30les criminels immigrants illégaux sont bien pires que nos criminels à nous.
05:34Je ne doute pas le connaissant qu'il retombera sur ses pattes,
05:39si vous pouvez m'épargner, m'accepter cette expression,
05:44parce que finalement cet homme-là était-il vraiment un bon Américain
05:48aux yeux de Donald Trump ?
05:49Est-ce que sa famille qui a dû émigrer aux États-Unis à un moment,
05:52puisque lui est né aux États-Unis, est-ce que ses parents, ses grands-parents
05:55auraient dû être autorisés à émigrer ?
05:59Vous vous souvenez du premier jour, du premier mandat de Donald Trump
06:04avec ce bannissement, cette interdiction de l'entrée du territoire
06:09à tous les ressortissants de pays majoritairement musulmans.
06:14Donc je pense qu'à un moment ou à un autre,
06:16il pourra dire qu'il a une vision beaucoup plus profonde et aguerrique
06:20qu'a pu l'avoir le misérable à ses yeux Joe Biden.
06:24En tout cas, Donald Trump, on le rappelle, va être investi le 20 janvier prochain
06:30pour son retour à la Maison-Blanche.
06:32On imagine le niveau de sécurité qu'il y aura, surtout dans le contexte actuel
06:37avec cette attaque terroriste en plus.
06:39Oui, bien sûr, il y aura un niveau de sécurité très, très élevé
06:44parce que c'est toujours le cas, parce qu'on est au terme d'une campagne électorale
06:48qui cette fois était exceptionnellement violente
06:51avec deux tentatives d'assassinats contre Donald Trump
06:55parce que ça va se passer sur les marches du Capitole
06:58et on est à quelques jours de l'anniversaire de l'attaque du Capitole
07:02par des partisans de Donald Trump.
07:06Donc on peut imaginer que les services de sécurité sont absolument sur les dents
07:10et que non seulement le Président, tous les invités qui seront là,
07:15la foule qui va y assister, mais le bâtiment du Capitole lui-même
07:19sera absolument sécurisé au maximum avec énormément de personnel militaire
07:25et de police.
07:26Depuis l'attentat de Nice en France, Nicole Bacharan,
07:29des piliers, des blocs de béton sont disposés très fréquemment
07:33pour éviter les voitures béliers.
07:34C'est le cas également aux Etats-Unis ?
07:36Oui, c'est le cas dans beaucoup de lieux,
07:38mais ce n'était pas le cas à la Nouvelle-Orléans.
07:41Et là, il y a déjà des polémiques qui sont en train de surgir dans cette ville.
07:47La chef de la police a dit qu'on était préparé,
07:50qu'on avait un plan, mais le terroriste a déjoué nos plans.
07:54Et c'est vrai qu'on évoque à très juste titre,
07:56parce que c'est une ville que je connais vraiment bien,
07:59l'atmosphère de fête, la joie de vivre caractéristique de la Nouvelle-Orléans,
08:03mais on pourrait parler aussi de la corruption,
08:05de l'incompétence de beaucoup des élus ou des autorités.
08:10Et en fait, ce que l'on apprend,
08:12c'est que les barrières de sécurité étaient en train d'être remplacées
08:17par des barrières beaucoup plus efficaces.
08:19Ce qui veut dire qu'en fait, il n'y en avait pas
08:21et qu'on pouvait les bousculer très facilement.
08:23Donc là, sur la question de la sécurisation d'une grande réunion publique,
08:28évidemment qu'il y a eu un problème
08:30et que c'est en train d'être regardé de très près.
08:32Ce soir aura lieu le Sugar Bowl, à moins de deux kilomètres des lieux du drame.
08:37Show must go on, c'est aussi ça les Etats-Unis, Nicole Bacharan ?
08:40Oui, absolument.
08:42C'est extrêmement important, extrêmement vivace.
08:45Mais vous savez, je crois que c'est quelque chose
08:47que l'on pratique aussi en Europe.
08:49Malheureusement, on est frappé par des drames
08:52et on serre les dents et on continue.
08:55Il y a 70 000 personnes attendues pour ce match.
08:59Ça a été retardé de 24 heures.
09:02Le message est qu'on ne se laisse pas impressionner.
09:06Après, il y a des choix à faire.
09:08Souvenez-vous des attentats au Stade de France le 13 novembre.
09:13Au fond, il y a eu des explosions à l'extérieur du Stade de France.
09:17Fallait-il évacuer immédiatement, créer le chaos ?
09:20On ne savait pas s'il y avait des explosifs encore à l'extérieur.
09:23Le choix a été fait de ne pas évacuer.
09:26Mais en tout cas, the show must go on.
09:28Je crois que c'est vraiment l'attitude de toutes les démocraties.
09:30Merci beaucoup Nicole Bacharan, historienne spécialiste des Etats-Unis.
09:35Dans un instant, portrait d'un incontournable dans les trousses.
09:38Mais pas seulement.
09:39Vous l'entendrez le bic, quatre couleurs et le stylo le plus vendu au monde.