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Regardez L'invité événement avec Agnès Bonfillon du 02 janvier 2025.

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00:00Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Lors de son déplacement sur le narcotrafic à Marseille aujourd'hui, Gérald Darmanin,
00:08le nouveau garde des Sceaux, est donc revenu sur les menaces envers les agents en public,
00:12que ce soit des magistrats ou des surveillants pénitentiaires.
00:15Bonsoir Cédric Logelin.
00:17Bonsoir.
00:18Vous êtes le porte-parole du ministère de la Justice.
00:21Bien évidemment, on pense tout de suite à la directrice de la prison des Baumettes,
00:25qui est placée sous protection, éloignée temporairement de ses fonctions depuis un mois maintenant.
00:30Est-ce que ce type de menace est répandue ?
00:34Oui.
00:35Tout d'abord, je voudrais profiter que vous me donnez la parole pour réaffirmer le soutien
00:39du ministère de la Justice envers nos agents qui sont menacés,
00:43réaffirmer mon soutien en tant que collègue.
00:46S'agissant des menaces, ça peut prendre différentes formes.
00:50Vous avez des menaces qui peuvent être directes ou indirectes,
00:53mais dans tous les cas, le ministère de la Justice les prend très au sérieux
00:57et met tout en œuvre pour protéger ses agents quand ils sont victimes de ce type de menaces.
01:01Ça veut dire que ce sont des menaces verbales, physiques ?
01:04Ça peut être près du domicile d'un agent ?
01:07Oui, tout à fait.
01:08Vous pouvez avoir des menaces qui vont être faites en direct, de manière verbale,
01:12quand vous faites une fouille par exemple, ou quand vous faites une audition,
01:15que ce soit dans le cabinet d'instruction, lors d'une présentation en magistrat du parquet.
01:20Vous pouvez avoir des menaces indirectes, des courriers,
01:23des messages postés sur les réseaux sociaux par exemple,
01:26ou encore vous pouvez passer par un intermédiaire.
01:29Passer les menaces pour le compte de.
01:32Et à chaque fois qu'il y a menace, il y a notification à la hiérarchie ?
01:37La hiérarchie est forcément au courant ?
01:40Oui, quand il y a des menaces, évidemment, il s'agit d'infractions.
01:44Il y a des signalements qui sont faits quand il s'agit par exemple de menaces
01:48qui sont proférées à l'encontre d'agents pénitentiaires.
01:50Il y a un signalement qui est immédiatement fait au parquet.
01:52Et la hiérarchie est aussi au courant ?
01:54Oui.
01:55Aujourd'hui, y a-t-il beaucoup d'agents placés sous protection ?
01:58Vous pouvez nous donner un nombre ?
02:01Je ne peux pas vous donner de chiffres exacts des agents placés sous protection
02:05ou des magistrats, pour des raisons évidentes de sécurité.
02:08Je ne souhaiterais pas que, parce qu'il y a tant d'agents qui sont menacés
02:13dans tel établissement, ou tant de magistrats menacés dans telle région,
02:16il y ait une envie de la part de ceux qui menacent
02:19de faire plus que les autres, encore une fois.
02:22Ça veut dire que les peines encourues ne sont pas assez lourdes actuellement ?
02:27On rappelle que Gérald Darmanin souhaite qu'il y ait davantage de sévérité
02:31pour ceux qui corrompent ou menacent les agents de l'État.
02:34Oui, le ministre a dit aujourd'hui qu'il souhaitait alourdir les peines encourues
02:38pour les menaces qu'ils visent les magistrats ou les agents pénitentiaires.
02:42À l'heure actuelle, il y a une infraction qui s'appelle
02:46les menaces de crime ou délit contre les personnes,
02:48contre un magistrat ou un agent pénitentiaire.
02:52C'est, par exemple, les menaces de violence.
02:54Cette infraction est punie de trois ans d'emprisonnement.
02:57Ce qui est beaucoup ou pas ?
03:00Ce qui est similaire à ce que vous encourez pour un vol simple.
03:04Par exemple, pour un vol à l'étalage, vous risquez aussi trois ans d'emprisonnement.
03:07Donc c'est très peu par rapport à la gravité des faits ?
03:12C'est la raison pour laquelle le ministre a annoncé vouloir alourdir les peines encourues.
03:16Parce qu'on ne peut pas s'attaquer à un agent pénitentiaire,
03:19à un greffier, à un magistrat, à un avocat.
03:22Il est inadmissible que l'on s'attaque à quelqu'un qui simplement fait son travail.
03:26Cédric Logelin, est-ce que ces menaces proviennent surtout de personnes liées au narcotrafic ?
03:35Les menaces peuvent émaner, malheureusement, de n'importe quel type de délinquant.
03:40Mais le ministre l'a rappelé, dans le cas du narcotrafic,
03:44on a des délinquants qui disposent d'énormément de moyens, financiers notamment.
03:49Et du fait de ces moyens très élevés, très importants,
03:53ils croient pouvoir s'attaquer à des acteurs de la chaîne pénale,
03:57à des allongements pénitentiaires, à des magistrats, à des avocats,
04:01pour faire pression sur eux.
04:03C'est en cela que le ministère de la Justice est pleinement déterminé
04:07à lutter contre ce type de faits qui, encore une fois, sont parfaitement inadmissibles.
04:11Vous nous dites que parce qu'il y a beaucoup d'argent dans ce milieu du narcotrafic,
04:15cela permet une plus grande force de frappe ?
04:18Le fait est que, comme on le rappelle régulièrement,
04:22et comme il a encore été rappelé aujourd'hui,
04:24ce sont des organisations qui disposent de moyens financiers très importants.
04:30C'est ce que rappellent régulièrement les collègues dans les juridictions,
04:35qui traitent ce type de dossiers.
04:37Du fait de ces moyens, le pouvoir de nuisance de ces organisations est à proportion.
04:42L'argent du narcotrafic, c'est également des tentatives de corruption ?
04:46Ça aussi, Gérald Darmanin en a parlé.
04:49Oui, c'est un phénomène qui est réel,
04:53et contre lequel on lutte également, et contre lequel il faut lutter.
04:56L'alourdissement des peines, d'ailleurs, l'a indiqué le ministre,
04:59concernera aussi les tentatives de corruption.
05:02Et parce qu'il y a ces moyens importants,
05:04là aussi, on essaie d'agir par différents biais,
05:08en tentant de corrompre soit des douaniers, soit des greffiers,
05:12soit des agents pénitentiaires, soit des magistrats.
05:15En tout cas, ce sont des exemples que l'on peut rencontrer ?
05:19Oui, vous avez des personnes qui sont prêtes à tout,
05:23pour, d'une part, poursuivre leurs activités,
05:26pour dissimuler leurs activités,
05:29pour ralentir le moment de leur interpellation.
05:32Et il faut interpeller, qu'ils vont tenter de nuire
05:35au bon déroulement des investigations,
05:38de s'attaquer au travail de la justice,
05:41et de ceux qui travaillent pour la justice.
05:42Donc, ça fait partie de la corruption,
05:45un des outils qu'ils tentent d'utiliser à l'encontre des magistrats,
05:48des greffiers, des avocats ou des agents pénitentiaires.
05:51Gérald Darmanin est revenu sur la mise à l'isolement
05:53des 100 plus grands narcotrafiquants.
05:56D'abord, expliquez-nous comment sont-ils recensés ?
05:58Chaque directeur de prison donne certains noms ?
06:01Vous faites remonter des informations ?
06:03C'est un travail qui est en cours au niveau de l'administration pénitentiaire,
06:07du ministère de la Justice.
06:09Donc, je n'ai évidemment pas les détails,
06:11les critères qui vont être utilisés pour faire ce recensement.
06:14Mais, au sein de l'administration pénitentiaire,
06:17vous avez déjà un service qui s'appelle
06:19le Service national du renseignement pénitentiaire,
06:21qui travaille sur ce type de renseignement,
06:24pour connaître et avoir des informations
06:28sur les profils les plus dangereux.
06:30C'est l'objectif de cette mesure,
06:32c'est isoler de manière étanche, effective,
06:36les profils les plus dangereux,
06:38pour faire en sorte qu'ils ne puissent pas poursuivre en prison
06:41l'activité qu'ils menaient à l'extérieur,
06:43et d'ailleurs pour laquelle ils ont été condamnés,
06:45puisqu'ils se trouvent en prison ou en détention poliçoire,
06:47s'ils sont en attente de jugement.
06:49Est-ce que, typiquement, lorsqu'un profil comme cela est signalé,
06:52cela peut déboucher sur des menaces,
06:54parce que, justement, ce profil a été signalé ?
06:57Je dirais, dès que ce type de profil,
07:03ou dès que le haut du spike de la délinquance
07:05sent que ses activités sont mises en péril
07:08par l'action de l'État, par l'action de la justice,
07:10de la police, de la gendarmerie,
07:12il va essayer de se défendre comme il peut,
07:15et notamment par des menaces.
07:17Donc, ce sont des réactions qui sont inadmissibles,
07:21qui sont inadmissibles, qu'il faut combattre,
07:23et qui sont, à mon sens, le signe d'une efficacité,
07:27finalement, de la justice ou de la police.
07:29On a vu des attaques sur des commissariats
07:33parce qu'il y avait eu des points de deal qui avaient été démantelés,
07:35on voit des attaques ou des menaces sur des magistrats
07:37parce qu'ils font leur travail,
07:39sur des agents pénitentiaires, sur des chefs d'établissement
07:41parce qu'ils font leur travail.
07:43Donc, ce sont des réactions qu'il faut combattre
07:45et qui sont une des priorités du ministère de la Justice.
07:49Isolement veut dire aussi capacité à priver
07:51certains détenus de téléphone,
07:53et là, il reste pas mal de choses à faire.
07:55Le garde des Sceaux l'a dit aussi.
07:57Pourquoi est-ce si difficile aujourd'hui
07:59de mettre des brouilleurs dans toutes les prisons et partout ?
08:03Alors, tout d'abord, le brouillage, pour être efficace,
08:06il doit être adapté aux dernières évolutions technologiques
08:09de la téléphonie.
08:11Si vous avez la 5G,
08:13il est inutile d'instaurer un système de brouillage
08:16qui ne va pas s'attaquer à d'autres réseaux
08:18comme la 3G ou inférieur.
08:20Donc, il faut s'adapter aux nouvelles technologies,
08:23il faut paramétrer les brouilleurs
08:25parce qu'il faut que les brouillages ne ciblent que
08:28les emplacements, les secteurs de la détention
08:31qui sont visés, et pas à l'extérieur.
08:34On a vu notamment quand vous avez des établissements
08:36comme au Beaumet qui sont en ville,
08:39il faut faire attention à ce que le brouillage
08:41ne s'attende pas au-delà.
08:43Il faut aussi empêcher les téléphones portables de rentrer.
08:46Donc ça, ça passe également par la sécurisation
08:49au niveau des entrées, des portiques, des fouilles,
08:52par des dispositifs anti-drone, par des filets anti-projection.
08:55Le brouillage, c'est un des moyens qui est utilisé
08:57par l'administration pénitentiaire
08:59pour sécuriser les établissements.
09:01Et dans lequel l'administration pénitentiaire investit,
09:05parce que ça coûte de l'argent, comme vous l'avez dit,
09:07de sécuriser les établissements,
09:09de mettre en place des brouilleurs,
09:11des dispositifs anti-drone.
09:13C'est pour ça que c'est aussi une question de moyens.
09:15Oui, on en revient toujours à la question de moyens.
09:19Oui, parce que par exemple, pour 2024,
09:22on a près de 84 millions d'euros
09:24qui ont été alloués uniquement
09:26à la sécurisation des établissements.
09:28C'était en augmentation par rapport à 2023.
09:30Mais chaque dispositif de brouillage
09:32coûte de l'argent.
09:35Et si on a envie d'isoler,
09:38d'étanchéifier de manière efficace
09:41les personnes qui se trouvent en prison
09:43pour les empêcher de poursuivre leur trafic,
09:45ça passe par des dispositifs
09:47qui sont adaptés aux nouvelles technologies
09:49et qui ne sont pas obsolètes.
09:51Merci infiniment, Cédric Logelin,
09:53d'avoir été l'invité de RTL Soir.
09:55Je rappelle que vous êtes le porte-parole
09:57du ministère de la Justice.
09:59Merci à vous.
10:01Dans un instant, le journal de 18h30,
10:03puis dans RTL Inside,
10:05nous parlerons d'un tout autre sujet,
10:07où les Français se lancent ce défi.
10:09Pas toujours évident à tenir.

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