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Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 30 janvier 2023

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL, il est 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez ce matin l'athlète Mélanie Sembresse.
00:13 Mélanie, athlète hors normes, je le disais, amputée des deux pieds et des deux mains et pourtant vous patinez. Vous avez aujourd'hui 26 ans Mélanie
00:20 et c'est il y a cinq ans que brusquement votre vie bascule le 6 janvier 2018.
00:26 Vous ne vous sentez pas très bien, vous rentrez du ski et là vous êtes dans le train, qu'est ce qui se passe ?
00:30 Ouais, donc j'étais dans le train, je me sentais vraiment pas bien.
00:35 Il y avait ma meilleure amie qui était juste derrière, donc moi j'étais un peu toute seule. J'avais
00:41 envie de dormir, j'étais très fatiguée mais je n'arrivais pas. J'avais mal à la tête, au ventre, comme une gastro.
00:49 Et là, donc il y a une dame qui voit que je suis pas bien,
00:53 elle essaie de demander à quelqu'un s'il y a un médecin dans le train et par chance il y avait quelqu'un
00:59 dans un autre wagon, une personne qui connaissait un médecin dans un autre wagon, donc il met en face time,
01:05 elle met mon visage en face time et elle découvre que j'ai des petites taches sur le torse et elle détecte directement la maladie.
01:12 Donc c'est un pur pur effuminance.
01:14 Donc ça c'est assez grave, donc elle dit ok, faut qu'arrêtez le TGV sinon elle n'arrivera pas à Paris à temps.
01:22 Enfin, en vie quoi. Et donc ils arrêtent le TGV, hop, ils m'emmènent aux urgences et
01:28 là ils me font une série de tests et le lendemain ils découvrent que j'ai une bactérie,
01:32 donc un gococ, donc la bactérie responsable de l'harméningite et
01:37 ils me mettent directement dans le coma parce que j'étais très souffrante.
01:40 - Et là vous faites un choc sexique, vos organes ne fonctionnent plus et on dit même à vos parents de venir vous dire au revoir.
01:46 - Ouais, c'était assez compliqué. Mes parents ils arrivent
01:51 donc le jour même,
01:53 très tôt, dès qu'on les rappelle,
01:55 le lendemain les organes vraiment
01:59 défaillaient un par un.
02:02 Un jour après ils commencent à convoquer toute ma famille, à leur dire ok bon là
02:08 les pronostics vitaux sont engagés assez sérieusement, donc va falloir être fort.
02:14 Et
02:17 miraculeusement, un jour après
02:19 ça commençait à redevenir
02:21 plutôt bon.
02:24 - Votre réponsabilité s'améliore. - Et c'est là qu'ils se sont dit ok là je pense qu'elle est sauvée,
02:30 malheureusement elle reste à avoir des petites séquelles.
02:33 Au début ils parlaient d'amputation des doigts seulement et
02:36 en fait ça allait très très vite et deux semaines après, quand j'ai été transférée à l'hôpital
02:41 militaire à Percy, ils m'ont directement amputé, donc d'abord des deux
02:49 les deux pieds et deux jours après les deux mains.
02:51 - Et là vous vous souvenez de ce que vous avez ressenti ce jour là ?
02:55 - Ce jour là non, parce que j'étais shootée aux médicaments, j'avais pas mal d'hallucinations, ce genre de trucs.
03:00 Donc j'ai pas de jours précis où j'ai découvert ça, ça a été assez progressif.
03:06 Et voilà donc j'étais assez bien accompagnée.
03:11 On m'a direct parlé de prothèse, on m'a direct dit rassurée. - Vous avez 21 ans à ce moment là.
03:18 - Oui.
03:20 - C'est un âge où on n'imagine pas ça une seule seconde. - Non clairement pas, je connaissais même pas la méningite moi, c'était
03:26 malgré mes études...
03:28 - Alors vos études justement, je le dis pour nos auditeurs, vous faisiez des études
03:33 vous étiez en dentaire pour devenir chirurgien dentaire.
03:37 Chirurgien dentiste, tout ça bien sûr il a fallu faire ça de côté. - Ah oui clairement.
03:43 - Vous étiez inconsvalble ?
03:46 - De faire ce métier ? - Ah oui, sans moi on ne pouvait pas.
03:50 Clairement je voulais pas, on ne pouvait pas, on ne peut pas. Et du coup directement même les doyants de ma faculté, les profs m'ont appelé,
03:58 m'ont orienté vers...
04:00 me donner des contacts, m'ont dit "tiens tu peux faire ça". J'étais assez bien accompagnée donc je me suis très vite redirigée.
04:07 Moi j'aime bien les études donc...
04:11 - Et alors 21 ans, vous avez fait médecine, vous avez passé le concours.
04:16 Vous êtes sur une voie royale, avec tout qui est destiné. - Tout tracé. - Là tout s'arrête.
04:22 J'allais dire ça c'est comme un tout petit bout de tout ce qui change dans votre vie.
04:27 Qu'est ce qui se passe dans votre tête ? Qu'est ce que vous vous dites "j'y arriverai jamais" ou alors tout de suite vous vous dites "je vais y arriver
04:34 et je remarcherai" par exemple ?
04:37 Tout de suite vous vous dites "je remarcherai" ? - Ah mais oui, pour moi c'était... Direct on m'a parlé de
04:43 de prothèses direct. J'ai dit "ok, je ferme ma vie comme ça, je marcherai".
04:48 Après le
04:51 sport,
04:52 moi aussi beaucoup parler de sport. En plus c'était l'époque où il y avait des JO.
04:56 Donc moi dans ma chambre d'hôpital je faisais que regarder les JO et j'avais...
04:59 Et ouais, il y avait plein de visiteurs qui venaient me voir, qui me parlaient du sport.
05:05 "Vous savez, je connais quelqu'un qui est amputé, qui fait ça". Donc moi
05:10 je fais "ok, je ferai pareil".
05:12 - Avant cette méningite, vous faisiez du patinage
05:15 à haut niveau et vous avez décidé de rechausser des patins à glace
05:21 après votre amputation. Au départ les médecins vous disent "non, c'est dangereux".
05:27 - Oui, il faut savoir que ça, ça n'avait jamais vraiment été fait. Mes prothésistes, ils n'ont jamais fait ça. Je regardais sur internet
05:36 comment patiner sans pied.
05:39 C'était pas très
05:41 compliqué.
05:43 Et j'avais peut-être vu une vidéo d'une fille qui avait un pied en moins et qui avait réussi.
05:48 - Avec deux pieds ? - Non, j'avais jamais vu.
05:54 Et donc j'ai parlé avec mon prothésiste et
05:57 c'est un amour, il m'a direct aidée. On a essayé des petits trucs,
06:02 on a essayé des pieds à mettre dans les patins. On a essayé plein de trucs. Au début c'était
06:07 très compliqué mais en fait on a trouvé un
06:10 moyen de
06:12 faire des prothèses
06:15 patins. Et du coup j'ai retesté ça. Après les médecins m'ont dit que
06:19 c'était pas ultra chaud.
06:22 Mais quand ils m'ont vu patiner, ils étaient trop fiers. A tout l'hôpital maintenant, je patine.
06:29 - La prouesse est d'autant plus exceptionnelle qu'il faut savoir que chaque prothèse pède 3 kg.
06:35 Donc c'est comme si on se rajoutait 3 kg. - C'est ultra lourd.
06:39 - C'est extrêmement lourd. Vous cherchez d'ailleurs des financements pour trouver des prothèses plus légères.
06:43 Qu'est-ce que ça vous apporte d'être sur la glace, Mélanie ?
06:47 - Du confort.
06:52 C'est particulier parce que je retrouve des sensations.
06:56 Bon pas complètement toutes les sensations que j'avais à l'époque où je patinais plusieurs heures par semaine,
07:02 où c'était mon échappatoire. Mais quand même il y a un petit esprit d'échappatoire
07:06 à la vie quotidienne. C'est mon activité, c'est ma passion. Et du coup ça me fait du bien de sortir
07:13 de ce petit quotidien. - C'est un lien aussi avec la vie d'avant ? - Oui, c'est un petit lien.
07:19 Malheureusement il y a des trucs que je pourrais plus refaire. C'est sûr, il y a des limites à ça. Je sais pas jusqu'à où je pourrais progresser.
07:27 Après je profite.
07:31 J'essaye avec ma professeure de tester des nouveaux trucs et dès qu'elle a un petit accomplissement,
07:35 c'est super. - Vous diriez que le sport vous a sauvé ?
07:39 - Je
07:44 pense un peu, oui.
07:46 Parce que moi j'ai toujours été très sportive et je pense que s'il n'avait pu rien faire du tout, ça aurait été très très compliqué.
07:52 Du coup c'est pour ça que j'aime bien ces petits défis.
07:57 Même les sensations fortes. - C'est des gros défis.
08:00 - Oui, voilà.
08:05 - Vous la trouvez où cette force ?
08:07 - Ah je sais pas.
08:11 - Vous avez conscience de cette force que vous avez, de ce courage que vous avez ?
08:15 - À moitié. Après c'est vrai qu'on me le répète souvent. "Mélanie,
08:21 t'es trop forte,
08:24 t'as une force de caractère
08:25 incroyable." - Vous étiez comme ça ?
08:27 - J'étais...
08:30 Je sais pas, c'est compliqué à dire. J'ai vécu un truc assez dur,
08:35 j'ai pas énormément de choix en fait. Je suis obligée de faire avec
08:39 la vie que j'ai maintenant.
08:42 Après j'étais compétitrice aussi, donc je faisais pas mal de sport en compétition. - Et ce sourire ?
08:51 - Oui, toujours. - Un grand merci en tout cas pour ce témoignage. Et si des auditeurs veulent aider Mélanie pour financer ses prothèses,
09:00 des prothèses plus légères et qui lui permettraient de mieux patiner,
09:04 hé bien n'hésitez pas à nous écrire sur rtl.fr et on vous mettra en contact. - Merci à vous deux. Mélanie Sembresse, vous restez avec nous.
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