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Le ministre de la Fonction publique estime qu'il est urgent de lutter contre l'absentéisme. Son plan doit permettre de réaliser 1,2 milliard d'euros d'économies. Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l'action publique est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 29 octobre 2024.

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Transcription
00:00Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez Guillaume Casbarian,
00:07le ministre de la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l'action publique.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL, Guillaume Casbarian.
00:14Bonjour.
00:15Et déjà félicitations pour votre promotion.
00:17Merci.
00:18Les syndicats sont pas loin de vous nommer officiellement ministre du fonctionnaire bashing.
00:21Absolument pas et d'ailleurs merci pour votre invitation qui me permet de saluer le travail
00:25des 5,7 millions d'agents dans notre pays qui s'engagent pour le service public,
00:29qui le font bien, qui sont engagés, que je souhaite saluer, soutenir et remercier pour leur engagement.
00:34Et donc je tiens à le dire, d'ailleurs les fonctionnaires sont les premières victimes de l'absentéisme.
00:40Quand vous avez dans un service des agents qui ne sont pas là, le travail se répercute sur les autres,
00:45cela désorganise le service, ça n'est pas forcément agréable et donc la lutte contre l'absentéisme
00:49est en réalité un combat partagé par tous.
00:50Alors justement, on a besoin de clarification ce matin.
00:52On va commencer par une question simple et qui appelle donc une réponse simple.
00:55Le nombre de jours de carence pour les fonctionnaires va-t-il effectivement passer de 1 à 3
01:00comme c'est le cas pour les salariés du privé ? Est-ce que c'est un souhait que vous avez exprimé
01:04ou est-ce que c'est une décision politique ?
01:06C'est un souhait que j'ai exprimé, d'autant plus que les parlementaires ensuite doivent le voter dans le cadre du budget.
01:11Donc c'est pas fait encore ?
01:12Il faut que le budget passe, c'est-à-dire que tout cela se fait dans le cadre des textes budgétaires de fin d'année.
01:17Ce que je prévois face à une augmentation, je le redis, significative du nombre de jours d'absence dans l'année.
01:2343 millions en 2014, 77 millions en 2022.
01:27Exactement, et une augmentation significative de la moyenne de jours d'absence par agent
01:31qui est passée à 14,5 alors qu'il y a quelques années on était à 8.
01:34C'était à peu près la même chose privé-public il y a quelques années.
01:37Aujourd'hui on a une vraie divergence, c'est-à-dire qu'il y a un écart qui s'est creusé entre le public et le privé.
01:41Et donc face à cette situation, je ne peux pas ne pas agir, je ne peux pas prendre de décision,
01:44je ne peux pas mettre le problème sous le tapis et je décide de proposer au Parlement, avec le gouvernement,
01:50le passage des jours de carence, donc de 1 à 3 jours de carence,
01:53comme c'est, vous l'avez dit, le cas dans le privé en termes de règle générale,
01:56et la baisse de la prise en charge au-delà de la carence.
01:59Aujourd'hui dans le public c'est pris en charge à 100%, ça passera à 90%
02:03et c'est le cas de la règle générale aussi dans le privé.
02:06Après il y a tout un plan d'accompagnement au-delà de ces mesures-là que je souhaiterais aussi évoquer,
02:10la question des conditions de vie au travail, la question de la déburocratie...
02:13On va y venir, on va y venir, mais j'ai besoin que vous parliez...
02:15Ces questions-là sont importantes.
02:17La règle de 3 jours de carence dans le privé et 1 jour dans le public ne correspond pas à la réalité,
02:20elle est injuste, disent les syndicats, parce que dans le privé,
02:23dans l'immense majorité des cas, 75%, les salariés gardent l'intégralité de leur salaire
02:28quand ils sont arrêtés, ça vous le savez.
02:29Alors ce chiffre de 75%, il faudra m'indiquer la source parce qu'on a bien cherché,
02:33la réalité c'est que les études sont très complexes sur le sujet,
02:36parce que dans le privé ça dépend des conventions collectives,
02:38et vous avez 650 conventions collectives...
02:4175% c'est faux, ça repose sur rien ?
02:43En tout cas il faut faire l'analyse et on est en train de le faire.
02:46Vous avez des entreprises qui prennent en charge, c'est vrai, des jours de carence,
02:50mais c'est souvent conditionné à l'ancienneté,
02:52c'est conditionné au nombre d'absences dans l'année,
02:54vous en avez d'autres qui disent, moi je prends à moitié en charge,
02:56et puis d'autres qui disent on ne prend pas du tout en charge.
02:58Par exemple la convention collective sur la boulangerie,
03:00sur la restauration rapide, sur la coiffure, sur les services à la personne,
03:04ils ne prennent absolument rien en charge sur le sujet,
03:06donc vous avez des millions de salariés aujourd'hui en France
03:10qui n'ont aucune prise en charge de leur employeur sur le jour de carence et sur la suite.
03:14Donc voilà, je pense qu'il faut avoir une analyse fine sur le sujet,
03:17et puis d'ailleurs, les 90% de prise en charge que nous proposons,
03:20là c'est pour tous les fonctionnaires,
03:22dès le premier jour où vous êtes fonctionnaire vous y aurez accès.
03:24Vous vous maîtrisez parfaitement ces dossiers, nous on prend tout ça de bon matin,
03:28c'est les remboursements des arrêts maladie qui seront plafonnés à 90%.
03:32Tout à fait, exactement.
03:33Et dans le privé, généralement c'est moins que ça,
03:37et la prise en charge dépend beaucoup de votre ancienneté dans l'entreprise,
03:41et encore une fois du nombre d'absences que vous pouvez avoir.
03:43Vous avez l'air quand même bien décidé quand je vous entends parler de ce projet de réforme,
03:46ça sera dans le texte, ça sera dans le budget de l'année prochaine.
03:48Vous pensez bien que je suis décidé, parce qu'on n'a pas pris cette décision à la légère,
03:52on l'a prise avec gravité, on sait qu'elle est difficile,
03:54vous pensez que ça me fait plaisir d'annoncer des choses qui ne font pas plaisir à tout le monde ?
03:58Bien évidemment que ce sont des décisions difficiles,
04:00mais on le prend parce que, je le redis, nous avons une dérive du nombre de jours d'absence,
04:04et notamment dans la fonction publique,
04:06parce que cela pose problème dans l'organisation des services,
04:08et parce que si nous ne réagissons pas,
04:10on va laisser dériver et l'absentéisme et les finances publiques.
04:13Sur le sujet, c'est 15 milliards d'euros par an le coût de l'absentéisme dans la fonction publique.
04:17L'idée c'est quoi ? C'est lutter contre les arrêts maladie bidon ?
04:19Ce n'est pas qu'une question de bidon ou pas bidon,
04:22vous avez de vrais motifs d'arrêt maladie.
04:25D'ailleurs, je le précise pour vos auditeurs, rien ne changera pour les infections longue durée.
04:29Quand vous avez un cancer, quand vous avez une maladie grave,
04:31quand vous avez une maladie très importante,
04:33la prise en charge ne changera pas avant ou après la réforme.
04:36Le sujet, c'est de se dire qu'on a un historique d'implantation du jour de carence dans notre pays,
04:41et on sait que l'instauration d'un jour de carence a eu une certaine efficacité
04:44quand il a été mis en place dans notre pays.
04:46Et on a besoin d'envoyer ce signal-là de responsabilisation,
04:49à la fois sur la carence et la prise en charge,
04:51dans un alignement, encore une fois, dans un esprit d'alignement avec le privé.
04:54Mais il n'y a pas que ça, et je l'entends tout à fait,
04:56il y a d'autres mesures d'accompagnement que nous souhaitons mettre en oeuvre,
04:59je vous l'ai dit tout à l'heure.
05:00Condition de vie au travail, lutte contre la bureaucratie,
05:03protection fonctionnelle des agences,
05:04ce sont des sujets tout aussi importants que les mesures de responsabilisation.
05:06Vous savez que vous allez être particulièrement pénalisé avec cette mesure ?
05:09Dites-moi.
05:10Les femmes.
05:11C'est l'ancien ministre de la Santé d'Emmanuel Macron, Aurélien Rousseau,
05:13qui vous le fait remarquer.
05:14Deux tiers des fonctionnaires sont des femmes,
05:16et ça va pénaliser particulièrement celles qui sont atteintes d'endométriose,
05:19qui ont des règles douloureuses.
05:20Elles ne s'arrêtent pas par confort, elles.
05:22Je n'ai jamais parlé d'arrêt de confort.
05:24Ce n'est pas le vocabulaire que j'emploie.
05:25Je constate encore une fois une hausse significative de l'absentéisme
05:28qui concerne significativement la fonction publique.
05:31Les femmes existent aussi dans le privé.
05:33Les femmes victimes d'endométriose existent également dans le privé.
05:36La question de la prise en charge de l'endométriose est un vrai sujet.
05:39Elle se traite au niveau du ministère de la Santé.
05:41Et je souhaite effectivement que, que ce soit dans la fonction publique,
05:43ou dans le privé ou ailleurs,
05:45que la prise en charge de l'endométriose s'améliore dans notre pays.
05:48Bien évidemment.
05:49Et croyez-moi, je ne prends pas ces décisions-là, encore une fois, par plaisir.
05:52Donc il faut considérer que c'est un cas à part pour séjour de carence ?
05:55Non.
05:56Aujourd'hui, la règle, c'est quand vous avez une affection longue durée,
05:58les règles que je viens de vous citer là et la réforme ne s'appliquent pas.
06:01Après, faut-il ou pas mettre l'endométriose dans les affections longue durée ?
06:05C'est un autre débat, mais qui concerne aussi bien le public que le privé.
06:07Je ne vais pas faire une différence de traitement
06:09entre une femme victime d'endométriose dans le privé
06:11et une femme victime d'endométriose dans le public.
06:13Donc ce sujet-là de prise en charge de la maladie de l'endométriose,
06:17il se gère au niveau de la santé pour toutes les Françaises
06:20qui sont concernées, qu'elles soient dans le public ou dans le privé.
06:22C'est le genre de sujet très inflammable pour les syndicats, tout ça.
06:25Vous assumez les risques de conflits sociaux, de grèves ?
06:27J'assume de ne pas mettre le sujet sous le tapis.
06:30Et j'assume de ne pas cacher la dérive de l'absentéisme
06:34que nous pouvons observer dans les chiffres.
06:36Et j'assume de prendre ma part sur les économies budgétaires pour l'année prochaine.
06:40Les mesures que je propose ici permettent de rapporter au budget de l'État,
06:43ce sont des mesures qui permettent d'économiser 1,2 milliard d'euros l'année prochaine.
06:48Dans le contexte que nous connaissons actuellement,
06:50croyez-moi bien que je mesure bien la difficulté,
06:52je mesure bien les réactions que cela peut engendrer,
06:54je mesure bien que ça ne fait pas plaisir à tout le monde.
06:56Je prends mes responsabilités en tant que ministre et je l'assume.
07:00Dans cette recherche d'argent tous azimuts,
07:02certains parlementaires mettent en avant l'idée d'un deuxième jour de solidarité.
07:05On travaille un jour de plus pour le même salaire,
07:07comme le principe du lundi de Pentecôte il y a une vingtaine d'années.
07:09Vous y êtes ? Le gouvernement y est-il favorable ?
07:11C'est un autre sujet sur lequel, encore une fois,
07:13ce n'est pas au ministre de la fonction publique de donner son avis
07:15sur ce deuxième jour global.
07:18Donc c'est une discussion que les parlementaires doivent avoir.
07:20Moi j'attends de voir le vote des parlementaires sur ce sujet.
07:23J'attends de voir aussi ce que font les sénateurs sur la question.
07:26Il faut laisser le débat parlementaire se faire.
07:28C'est une idée qui peut se justifier, qui peut se comprendre.
07:31Et j'attends de l'avoir prospéré au parlement.
07:34C'est au parlementaire, encore une fois, de décider.
07:36Les fonctionnaires se posent beaucoup de questions sur ce qu'ils vont devenir ou pas.
07:38J'ai trois petites questions par oui ou par non.
07:40Parce que soit ça existe, soit ça n'existe pas.
07:42Dans le cadre de la réforme de la fonction publique,
07:44la rémunération au mérite est-elle toujours un sujet ?
07:46C'est toujours un sujet, oui.
07:49Et c'est un travail qui avait été entamé par mon prédécesseur Stanislas Guérini,
07:52que nous continuons à mettre à la concertation avec les organisations syndicales.
07:55La suppression des catégories de fonctionnaires A, B et C est-elle une bonne idée ?
07:59C'est là encore un élément qui avait été travaillé par mon prédécesseur.
08:02Je sais que c'est un sujet qui est éruptif pour beaucoup de syndicats, la suppression des catégories.
08:06Je l'ai bien entendu.
08:07Je ne souhaite pas jeter à la poubelle ce qui a été fait par mon prédécesseur
08:10sur cette suppression des catégories.
08:12Donc on continue à en discuter.
08:13Mais j'ai bien entendu les réserves des syndicats sur le sujet.
08:15Et faut-il, vous posez-vous la question de l'emploi à vie dans la fonction publique ?
08:20L'emploi à vie.
08:21Vous avez en tout cas une question qui peut se poser,
08:23qui est celle du départ en cas d'insuffisance,
08:27et des leviers qui permettraient aux organisations...
08:29Ça, ça existe déjà ?
08:30Oui, mais il y a des travaux qui ont été menés en tout cas par mon prédécesseur aussi,
08:34qui permettent de faciliter les choses sur le licenciement
08:37en cas d'insuffisance, de problème grave au sein de la structure.
08:41C'est quelque chose qui peut là aussi pénaliser un service,
08:43que les uns et les autres peuvent vivre très difficilement dans un service.
08:46Donc je mesure la complexité.
08:48Mais c'est un sujet qui n'est pas tabou,
08:49et qu'on doit là aussi discuter dans le cadre du dialogue social.
08:52Pas de tabou sur la question de l'emploi à vie.
08:53Dernière question.
08:54On a appris hier que le Premier ministre avait été opéré d'une lésion cervicale ce week-end.
08:57Vous avez de ces nouvelles ? Il va bien, M. Barnier ?
08:59Merci de poser la question.
09:00Il va bien.
09:01Il se remet de cette opération, effectivement.
09:03Il était au travail hier à Matignon.
09:04Et il reprendra ses activités publiques à partir de jeudi,
09:07puisque nous avons un Conseil des ministres jeudi.
09:09Et on lui souhaite, en tout cas je lui souhaite, un prompt rétablissement.
09:12Pas d'inquiétude ?
09:13Non, pas d'inquiétude.
09:14Merci beaucoup, Guillaume Kasbarian, d'être venu sur Europe 1.
09:16Merci à vous.

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