Philippe Tabarot, ministre des Transports est l'invité de RTL Matin
Regardez L'invité de RTL Matin avec Olivier Boy du 26 décembre 2024.
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00:00RTL Matin
00:03Et l'invité d'RTL Matin est le nouveau ministre des Transports, Philippe Tabarro. Bonjour Monsieur.
00:08Bonjour.
00:09On va revenir avec vous sur ce drame qui a choqué le pays, ce conducteur qui s'est donc suicidé en se jetant de la cabine de son TGV lancé à pleine vitesse.
00:19On vient l'entendre sur RTL, il y a 10 minutes dans le journal, ce syndicaliste qui a été choqué, il l'a dit par votre phrase hier,
00:25ça aurait pu être plus grave et il vous reproche de ne pas avoir eu de mots pour ce cheminot et pour sa famille. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
00:33Écoutez, c'est totalement injuste. J'ai suivi cela toute la nuit du 24 et toute la journée du 25 en lien avec le directeur de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet.
00:46J'ai pris des nouvelles à travers lui, bien sûr, de la famille, des collègues, du responsable syndical.
00:52Et puis je rappellerai que j'ai été le premier à dire que c'était avant tout un drame humain, là où un certain nombre de vos confrères m'ont questionné
01:02sur la situation des 10 000 usagers qui sont restés en rate ce soir-là et qui n'ont pas pu passer les fêtes en famille.
01:10J'ai bien rappelé qu'il y avait avant tout un drame humain qui s'est déroulé à 20h le 24 décembre.
01:20Une enquête est ouverte, à la fois enquête judiciaire et enquête interne à la SNCF pour essayer de comprendre le geste désespéré de cet homme.
01:30Est-ce que vous avez plus d'informations ce matin sur son profil, sur ce qui a pu motiver son geste ?
01:38Non, comme vous l'avez dit, il y a une enquête judiciaire et une enquête interne qui est ouverte.
01:44Ce que je peux vous dire, c'est que ce conducteur était particulièrement apprécié de tous ses collègues dans la région de Saint-Etienne.
01:53C'était un conducteur TGV qui avait également beaucoup de proximité avec ses collègues des trains express régionaux avec lesquels il travaillait très régulièrement.
02:05Selon vous, ce sont des motifs personnels qui ont poussé son geste ? On parle de difficultés dans sa vie familiale, c'est ce qu'on a pu entendre depuis hier ?
02:15Ce n'est pas à moi de le confirmer, ce sera rappelé le cas échéant par les personnes qui ont en charge de l'enquête.
02:23Je ne souhaite pas en dire plus puisque peut-être que certains de mes propos ont été mal interprétés.
02:29Je l'ai dit hier à plusieurs reprises et je le répète une nouvelle fois, l'Etat et la SNCF seront aux côtés de la famille.
02:40On a été particulièrement affecté par cette situation.
02:44Certes, il y a eu des répercussions sur des centaines de personnes, mais avant tout, c'est un drame humain quand on prend cette décision le 24 décembre au soir.
02:54Se suicider un jour de Noël depuis sa cabine de pilotage, depuis son lieu de travail, ce n'est pas anodin.
03:01Est-ce qu'il a fait part, à votre connaissance, éventuellement d'un mal-être également au travail ?
03:06Sincèrement, je ne le pense pas.
03:09En tout cas, des échanges très réguliers que j'ai eus pendant ces pratiquement 36 heures avec la SNCF et avec ses directeurs,
03:21je n'ai pas eu d'éléments à ce niveau-là.
03:25L'enquête peut-être plus interne pourra ou pourrait le prouver.
03:30Mais en tout cas, ce que je sais, c'est que cette personne était appréciée, qu'elle était toujours volontaire pour travailler
03:39et que son départ a traumatisé ses collègues.
03:43Certains réagissent par des propos qui ne sont pas justes par rapport à l'empathie que nous avons pu avoir avec la direction de la SNCF
03:56et avec un certain nombre de syndicats avec qui j'ai échangé également.
04:02Après ce qui s'est passé, on a envie de vous poser la question sur le suivi psychologique des conducteurs.
04:09Est-ce qu'il faut l'améliorer ? Est-ce qu'il est déjà en place ?
04:11Comment est-ce que vous pouvez ou comment est-ce que la SNCF peut parfois identifier éventuellement la souffrance, le mal-être d'un conducteur ?
04:18On entend ces conducteurs qui disent que c'est un métier où on peut se retrouver isolé de sa famille quelques jours le temps de faire le trajet
04:24et que ça peut être particulièrement douloureux, en particulier là, puisque c'était un soir de Noël.
04:29Est-ce que ce problème-là vous interpelle ?
04:32Oui, bien sûr, quand il se passe un tel acte, ça ne peut que nous interpeller.
04:37La cellule psychologique est en place pour échanger à l'heure où on parle avec tous les collègues de cet homme
04:45pour voir le cas échéant, les problématiques et les difficultés,
04:50mais vraiment comprenez que c'est un problème grave mais interne à l'entreprise
04:55qui, je ne doute pas, à l'instant, prendra ou prendrait les mesures nécessaires
05:01Il était avéré que ce geste terrible vienne d'une cause professionnelle
05:07ou bien sûr, peut-être, c'est l'autre hypothèse, une cause très personnelle et très familiale.
05:13Je ne peux pas en parler aujourd'hui, je n'ai pas les éléments nécessaires
05:16et je vous dis qu'il y aura une interprétation ou une surinterprétation de mes propos
05:21que je ne souhaite pas après le malentendu que nous avons eu hier
05:25alors que, véritablement, je l'ai dit et je l'ai redit, quand vos collègues me questionnaient
05:30sur la mauvaise soirée qu'avaient passé les usagers,
05:34ce que j'entends très bien de ne pas pouvoir passer Noël en famille,
05:38qu'il y avait tout à côté d'eux une famille qui avait perdu un être très cher
05:44et qu'ils ne reverront plus jamais.
05:46Et c'est toute la famille des cheminots, on l'entend là encore sur la telle, qui est endeuillée.
05:51Juste une question, tout de même, au sujet de ces usagers.
05:55Effectivement, y compris sur Airtel, hier matin, on n'avait pas d'informations sur ce qui s'était passé.
06:00On est allé interroger les usagers, dont on peut comprendre et entendre leur colère
06:04ou leur déception de rater Noël, ils sont parfois restés bloqués plus de cinq heures.
06:07Et c'est surtout le manque d'informations qu'ils notent.
06:10Est-ce qu'il n'aurait pas fallu les tenir au courant de ce qui était en train de se passer
06:14pour qu'ils puissent comprendre la situation éventuellement relativisée ?
06:18Il faut avoir des explications, ce qui n'a pas été le cas.
06:21Vous savez, 24 heures avant, j'expliquais lors de ma prise de fonction qu'une de mes priorités,
06:27ce serait de traiter ces situations et notamment de pouvoir informer.
06:32Dans les transports en commun, la base, c'est l'information.
06:35Et c'est vrai que ça fait quelques fois défaut et en l'occurrence, ça a été le cas.
06:40Mais comme vous l'avez justement dit, il a fallu du temps pour comprendre ce qui s'était passé.
06:45Il y a bien sûr des autorités judiciaires, la gendarmerie qui arrive sur place,
06:50qui ne souhaite pas que l'information soit diffusée.
06:54Et puis il y avait cette crainte aussi par rapport aux usagers de se dire
07:01qu'ils ont circulé sur quelques mètres sans conducteur.
07:05Donc ça aurait pu peut-être…
07:07Il y a eu la crainte de créer une panique ?
07:09… de panique, ça aurait pu en fonction des informations qui auraient pu être données.
07:14Ce qu'il faut bien redire, et c'est une des leçons de ce qui s'est passé,
07:18c'est que les dispositifs d'arrêt automatique du train se sont activés
07:23et que les usagers n'ont jamais été mis en danger.
07:28Je pense que c'est ça aussi qui est important à soulever en dehors et avant tout après le drame humain.
07:35Vous êtes donc le nouveau ministre des Transports, Philippe Tabarro.
07:38Vous avez fait votre passation il y a deux jours.
07:43Vous êtes un spécialiste des transports.
07:45Vous avez donc pris un certain nombre de positions par le passé,
07:47notamment une sur le droit de grève que vous voudriez voir encadrée ou limitée,
07:53par exemple en période de Noël.
07:55Il y a un exemple hier, les transports régionaux des conducteurs dans le sud-ouest,
07:59les contrôleurs se sont mis en grève pour les questions sur la libéralisation ou sur le fret.
08:03Est-ce que vous trouvez typiquement que là c'est abusif de se mettre en grève un 25 décembre ?
08:08Écoutez, j'ai été rapporteur d'une proposition de loi déposée par, à l'époque,
08:13le sénateur Retailleau, devenu notre ministre de l'Intérieur,
08:17du président du groupe Centriste, et je dis bien Centriste, Hervé Marseille.
08:21J'ai rapporté cette loi à la fois pour dire que certains jours dans l'année,
08:27qui étaient utilisés très souvent, il n'était pas normal pour pouvoir organiser un service minimum
08:35pour les usagers de déposer un droit de grève, alors que c'est un droit constitutionnel,
08:41et nous l'avons reconnu dans la proposition de loi,
08:44mais qui ne doit pas être dévoyé, détourné, parce qu'on le respecte.
08:48Ce qui est le cas aujourd'hui, c'est dévoyé, détourné ?
08:50Vous parlez des vacances, par exemple, ou avant des grands événements en France ?
08:55Ça a pu l'être par le passé, et ce n'est pas le cas cette année, à cette exception près.
09:01Je rappelle qu'il y avait des préavis qui étaient déposés sur toute la France,
09:04et qu'un certain nombre d'organisations syndicales responsables ont compris qu'ils ne pouvaient pas faire ça,
09:11pour, je le rappelle quand même, 5 millions de billets qui sont en circulation,
09:1712 millions de personnes qui ont circulé pendant ces fêtes, 1,2 millions pour le week-end à venir.
09:24Et alors, vous allez le mettre en œuvre ? Est-ce que vous allez le mettre en œuvre ?
09:28Alors, ce n'est plus de mon ressort, je dirais.
09:31Il y a une proposition de loi qui a été votée au Sénat, et qui maintenant sera réinscrite ou non à l'Assemblée nationale,
09:36puisque vous savez que les deux chambres doivent…
09:39Vous le souhaitez, vous le soutenez ?
09:41Non, ce sera aux députés de décider s'ils souhaitent ou non.
09:46Moi, je suis arrivé dans ce ministère pour avoir un dialogue constructif avec les syndicats.
09:52Je ne souhaite pas d'incompréhension comme celle d'hier.
09:55J'ai eu des échanges déjà, je les recevrai les uns après les autres, on aura un dialogue franc.
10:00Ils discuteront bien sûr aussi, et c'est la base avec la direction de leur entreprise, qui est la SNCF,
10:06ou d'autres entreprises de transport, et puis ce sera, je dirais, le fil rouge de notre action.
10:12Et j'espère qu'on n'arrivera pas à des extrémités d'avoir, sur certaines périodes de l'année,
10:20ne pas pouvoir mettre en place un service minimum pour les usagers,
10:25que ce soit pendant les périodes de vacances scolaires,
10:28mais également au quotidien à travers des grèves qu'on appelle des grèves de 59 minutes, des grèves perlées,
10:34des grèves qui désorganisent le service public,
10:38et qui empêchent tout simplement certaines personnes de pouvoir aller travailler.
10:42Dernière question sur l'une des priorités que vous avez affichées, sur la sûreté dans les transports.
10:46Une mesure par exemple très concrète, vous avez déjà exprimé que vous étiez en faveur d'une amende,
10:51par exemple, et importante, en cas d'oubli des bagages, qui là encore perturbe le trafic.
10:56Est-ce que vous allez porter cette idée maintenant que vous êtes ministre ?
10:59Oui, cette proposition de loi, j'ai réussi à la faire voter au Sénat,
11:04en commission des lois à l'Assemblée Nationale.
11:07Malheureusement, le fait que le gouvernement ait été renversé à un retard des séances,
11:14en dehors de cette question de l'oubli des bagages,
11:16qui est très importante parce qu'elle génère énormément de retard, il y a bien d'autres choses,
11:23notamment je pense aux caméras piétons qui rassurent les utilisateurs des transports en commun.
11:29Concernant les amendes, elles seront redéfinies si le texte est réinscrit par les députés,
11:36pour qu'elles soient cohérentes et qu'il y ait un quantum de peine qui soit cohérent.
11:40En tout cas, ce que je souhaite, c'est remettre de la sécurité, de la sûreté, surtout dans les transports.
11:46Il y a aujourd'hui une femme sur deux qui se sent en insécurité dans les transports en commun,
11:52et on sait que c'est la première des motivations pour prendre des transports en commun,
11:56de se dire que c'est des transports en commun, qu'on est en sûreté,
12:00et qu'on n'a pas l'inquiétude d'être embêté, d'être agressé, donc ça me paraît être une priorité.
12:06Et là également, j'espère que ce texte sera réinscrit à l'Assemblée Nationale,
12:10non pas parce que je l'ai porté, mais parce que je crois qu'il est bon pour les usagers des transports en commun
12:15et qu'il est bon pour notre pays.
12:17Merci beaucoup Philippe Tabarro, nouveau ministre des Transports.
12:19Merci d'avoir été l'invité d'Hertel ce matin.