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Frédéric Ploquin, grand reporter et spécialiste du grand banditisme, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Il est le coauteur du livre "Confessions d’un patriote corse, des services secrets français au FLNC" aux éditions Fayard.
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Frédéric Ploquin, grand reporter et spécialiste du grand banditisme, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Il est le coauteur du livre "Confessions d’un patriote corse, des services secrets français au FLNC" aux éditions Fayard.
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NewsTranscription
00:007h11, merci d'avoir choisi Europe 1. Bon réveil Dimitri Pavlenko, ce matin vous recevez le journaliste spécialiste du grand banditisme Frédéric Ploquin.
00:07Bonjour Frédéric Ploquin.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue sur Europe 1, vous êtes l'auteur de nombreux livres et documentaires.
00:13Votre dernier ouvrage, il sort demain en librairie,
00:16Confessions d'un patriote corse avec Joe Peraldi, l'homme qui a caché Yvan Colana.
00:22Mais ce n'est pas notre sujet ce matin Frédéric Ploquin, on va parler avec vous
00:25du narcotrafic car il ne se passe plus une semaine sans une fusillade en pleine rue,
00:29sans une attaque de commissariat, sans qu'on ne découvre la mise en coupe réglée d'un quartier.
00:33On vient de vivre aussi la naissance d'une marque, DZ Mafia, rien n'arrête plus les réseaux.
00:39Et ce qui est nouveau Frédéric Ploquin, et d'ailleurs vous l'avez bien documenté,
00:43c'est que le narcotrafic n'est plus réservé aux grandes métropoles.
00:47Le premier signal en fait qui nous a alerté, qui m'a alerté moi en tant que journaliste et enquêteur,
00:52ce sont les règlements de comptes.
00:54C'est-à-dire que je traite ces sujets-là depuis une quarantaine d'années,
00:57des règlements de comptes à Marseille, à Paris, en banlieue parisienne, à Lyon, on connaît,
01:02on en a traité des dizaines et tout d'un coup, quand on se réveille un matin
01:07et qu'on apprend qu'il y a eu un règlement de compte à Blois, à Châteauroux, à Vierzon, à Rennes,
01:13là on se dit qu'il est en train de se passer quelque chose.
01:15C'est ce que je me suis dit, c'est le premier signal fort, en tout cas pour le grand public,
01:22parce que moi qui fréquente énormément et de près pour travailler sur eux, des policiers,
01:27je peux vous dire que ça fait à peu près 20-25 ans qu'eux, en silence,
01:32avant que ça fasse ce bruit et ce vacarme, eux en silence m'alertaient sur le fait
01:37qu'être policier dans une BAC à Saint-Malo, ça allait bientôt devenir,
01:43enfin je cite pas Saint-Malo pour stigmatiser cette ville, mais à Saint-Malo ou à Blois ou ailleurs,
01:47ça allait devenir aussi compliqué que d'être dans une BAC dans la banlieue,
01:52dans l'Estone par exemple ou des choses comme ça.
01:55On se retrouve aujourd'hui avec tous les produits disponibles à peu près partout
02:00et le produit ne suffit pas, il faut des dealers, il faut des vendeurs.
02:04Et là moi j'ai commencé à questionner des dealers en Seine-Saint-Denis par exemple
02:10et j'ai découvert que de Seine-Saint-Denis, parfois ils étaient un peu à l'étroit dans leur quartier,
02:14à l'étroit sur leur point de deal, qu'il n'y avait pas de la place pour tout le monde,
02:17que si on ne voulait pas mourir ou tuer le chef pour prendre sa place, il valait mieux bouger.
02:21Et donc il y a une espèce de prospection quasi commerciale qui s'est faite en direction des villes de province
02:27et on a un premier qui implante un petit point de deal, un lançon, puis un deuxième, puis un troisième,
02:32puis on voit que ça marche. Parce qu'en fait si ça ne marchait pas, il repartirait bredouille.
02:36Mais le problème c'est qu'ils trouvent des clients dans toutes ces villes.
02:39Et donc ils s'installent, ils prospèrent et jusqu'au jour où il y a des frottements, des règlements de comptes et là on se réveille.
02:46Alors on a un autre phénomène aussi Frédéric Ploquin, c'est que les narcos français ne se cachent plus.
02:51Désormais on a des règlements de comptes en pleine rue, on pense à Marseille, on pense à Rennes aussi.
02:56Dans un quart d'heure nous irons à la fac de Grenoble où là les dealers distribuent carrément des prospectus dans la rue.
03:03On a eu ce message de la DZ Mafia, cette vidéo dans laquelle ils revendiquent leur marque.
03:07On a des attaques de commissariats aussi. Les voyous de la drogue ne font plus profil bas Frédéric Ploquin ?
03:13On pourrait considérer que ces attaques de commissariats, il y en a eu effectivement à Nîmes, à Cavaillon,
03:17il y a eu des policiers roués de coups à Marseille.
03:19On pourrait considérer la police, on pourrait se dire finalement, et ce n'est pas complètement faux, la police les dérange.
03:25La police fait un peu son boulot, eux ils perdent de l'argent, que ce soit les petits, les moyens ou les grands.
03:30Sur ces points de deal ils perdent de l'argent, à la base celui qui est sur le terrain en mode guetteur ou approvisionneur,
03:37ils perdent 100 euros par jour.
03:39Donc ces opérations de police répétées laissent des traces.
03:43Et d'une certaine manière, ce qui est le plus inquiétant, c'est qu'ils aient décidé de riposter.
03:49C'est-à-dire qu'ils se donnent les moyens, ils n'ont pas peur de répondre, de prendre les devants.
03:55Et cette histoire de commissariat tout neuf, de poste de police tout neuf qui a brûlé à Nîmes, je trouve ça très symptomatique.
04:03C'est-à-dire que la police va s'implanter, hop, ça brûle.
04:06Et vous avez juste, je vais dire un mot sur cette déseine de mafia.
04:10Effectivement, c'est une espèce de franchise globale qui, à partir de Marseille, essaie de conquérir tout le sud de la France.
04:20Ce n'est pas vraiment une mafia, c'est une juxtaposition de leaders.
04:24Il n'y a pas vraiment de chefs, on ne sait pas.
04:26Mais en même temps, d'un point de vue commercial strictement, du point de vue du business,
04:31ils sont dans la conquête de territoires, dans la conquête de nouveaux territoires et dans la communication.
04:37Le communiquer ne leur fait pas peur.
04:39Au contraire, ils ont besoin de cette communication presque à usage interne pour recruter des petites mains.
04:46Vous savez qu'aujourd'hui, ces gangs recrutent sur les réseaux sociaux.
04:49Et d'ailleurs, c'est une des raisons de l'implantation sur de nouveaux territoires.
04:52Dès qu'autrefois, on formait un gang sur un tout petit territoire, sur un quartier, sur un pâté de maison.
04:59Aujourd'hui, on va chercher des alliés par les réseaux sociaux, des petites mains,
05:03et même plus récemment encore des tueurs à gages à l'autre bout de la France, peu importe.
05:08Et donc, ces réseaux sociaux ont permis une extension du modèle culturel du gang
05:14et qui finalement, ça doit nous interroger,
05:19qui finalement fait rêver un certain nombre de jeunes qui, en classe de troisième et seconde,
05:24ne rêvent plus de passer leur bac, mais de rentrer dans ces organisations et de devenir des hommes, on va dire.
05:30Face à ces gangs, Frédéric Ploquin, il est question de créer un super parquet national anticriminalité organisé,
05:36un peu sur le modèle du parquet antiterroriste, c'est dire.
05:39Est-ce que ça vous semble la mesure adéquate, Frédéric Ploquin ?
05:43En fait, le vrai problème, c'est que le phénomène du narcotrafic est devenu incontrôlable.
05:49Donc, on se dit que si, je pense que ce n'est pas idiot d'imaginer un super parquet
05:53qui essaie de reprendre un peu le contrôle des choses, parce qu'en fait, ces narcotrafiquants,
05:58dans la mesure où ils s'immiscent à peu près dans toutes les petites villes,
06:01que les faits criminels se multiplient, en fait, la police derrière est complètement débordée,
06:06elle est saturée en fait. Il suffit de regarder à Grenoble, il y a des policiers qui bossent très bien,
06:11mais à partir du moment où vous avez 10 dossiers d'assassinat sur le bureau,
06:15c'est comme ça s'est passé aussi à Marseille, ça devient compliqué à traiter.
06:19Donc, pour essayer de dépasser cela, de reprendre le contrôle, la création d'un parquet peut aider
06:25à faire des jonctions, à éviter qu'il y ait des individus nés dans le nord de la France
06:30qui s'évitent à Marseille, qui reviennent à Strasbourg, etc., qui échappent complètement au contrôle.
06:35On l'a vu avec le fameux Mohamed Amra qui s'est, je le rappelle, évadé juste avant l'été
06:42de manière extrêmement ultra-violente d'un fourgon pénitentiaire.
06:47En fait, on n'avait pas vu venir ce personnage, on n'avait pas vu venir cette prétention comme ça à travers lui.
06:55Et pourquoi ? Parce que les magistrats ne se parlaient pas.
06:58Donc, la création de ce parquet n'est pas une mauvaise idée en soi.
07:02Le maire de Grenoble, Éric Piolle, on finira par là, a déclaré hier qu'il avait changé d'avis à propos du cannabis,
07:07qu'il était désormais favorable à sa légalisation, mais dans une optique de sécurité publique.
07:12Je voudrais vous demander, Frédéric Ploquin, vous avez rencontré beaucoup de narcoses dans votre carrière.
07:16Qu'est-ce qu'ils pensent, eux, les narcoses, de la légalisation du cannabis ?
07:20Seuls les très vieux narcos qui sont au bord de la retraite avouent qu'il y en a un qui me disait
07:28mais qui légalise, ça va boucher le trou de la sécurité sociale.
07:32Mais les jeunes narcos ne sont pas sur cette ligne-là.
07:36Évidemment, c'était un vieux qui allait prendre sa retraite, qui avait pris sa retraite, qui me disait ça.
07:40Mais pour les jeunes, eux, ils savent très bien que de toute façon, si on légalise un produit, ils iront vers d'autres produits.
07:48Mais je peux vous garantir qu'on ne légalisera jamais ni la cocaïne, ni l'héroïne, ni toutes les drogues de synthèse qui circulent
07:55et que les trafiquants de stupéfiants sauront rebondir.
07:59Donc qu'un maire comme Éric Piolle ait changé d'avis à ce niveau-là,
08:05effectivement, il est confronté à une ultra-violence qui monte dans sa ville
08:11et puis à ce meurtre d'un agent municipal récemment qui a vraiment perturbé la paix publique
08:19et qui l'a probablement remué à titre personnel.
08:24Je comprends qu'il cherche des solutions comme ça non expérimentées en France.
08:31Mais le débat sur la légalisation n'a jamais eu lieu dans ce pays.
08:36Donc pourquoi pas l'organiser ?
08:38Mais qu'au moins, on se donne les moyens de calculer ce que ça peut donner,
08:42de voir ce qui va se passer et de mesurer si c'est possible.
08:46Parce que moi, je vous garantis que si on légalise une forme de cannabis,
08:50les trafiquants de stupéfiants vont trouver un cannabis trois fois plus puissant
08:54que l'État ne pourra pas commercialiser et puis doubler l'État par en dessous.
08:58Ils sont assez forts pour ça.
08:59Merci Frédéric Ploquin.
09:01J'oriente les auditeurs qui s'intéresseraient vers votre dernier livre consacré à la Corse.
09:05Cette fois-ci, la confession d'un patriote corse avec Joe Peraldi,
09:08l'homme qui a caché Yvan Colonna.
09:10Ce livre paraît demain en librairie.
09:12Merci Frédéric Ploquin.
09:13Bonne journée à vous.
09:14Merci à vous et bonne journée à tous.