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Clément Weill-Raynal, auteur de "Rue Copernic, l’enquête sabotée 1980-2023", aux éditions l’Artilleur, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Le procès de la rue Copernic à Paris s'ouvre ce lundi. Un procès très attendu qui se déroulera en l'absence de l'auteur présumé.

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Transcription
00:00 Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le journaliste Clément Weill-Reynald.
00:04 Bonjour Clément Weill-Reynald.
00:05 Bonjour.
00:06 Bienvenue sur Europe 1.
00:08 Pourquoi a-t-il fallu attendre 43 ans pour juger les responsables de l'attentat de la
00:13 rue Copernic ?
00:14 Le procès s'ouvre aujourd'hui devant la cour d'assises spéciale à Paris.
00:18 En l'absence du principal suspect qui réside au Canada, cette affaire, Clément Weill-Reynald,
00:23 vous lui avez consacré un livre.
00:25 "Rue Copernic, l'enquête sabotée 1980-2023", c'est aux éditions L'Artilleur.
00:31 Alors avant de nous dire pourquoi vous parlez de sabotage, peut-être pouvez-vous brièvement
00:36 nous rappeler les faits de ce vendredi 3 octobre 1980 ?
00:40 Eh bien ce vendredi 3 octobre 1980, en fin de journée, tout simplement une bombe de
00:49 très forte puissance explose sur le trottoir de la rue Copernic, devant la synagogue.
00:55 L'enquête révélera que la bombe a été fixée sur une moto, placée sur le trottoir.
00:59 La rue Copernic est dévastée, semble-t-il il y a eu un contre-temps, elle a été programmée
01:05 pour exploser au moment de la sortie des fidèles de la synagogue.
01:08 Il s'agissait bien donc d'un attentat antisémite, qui c'était le premier grand attentat antisémite
01:14 depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
01:16 Les fidèles étaient à l'intérieur de la synagogue, mais il y avait du monde dans la
01:20 rue.
01:21 La rue a été dévastée, 4 personnes ont été tuées, 40 personnes ont été blessées.
01:27 Et l'enquête, très rapidement, s'est orientée vers un groupe terroriste palestinien basé
01:35 au Liban.
01:36 Mais l'enquête a pris énormément de temps.
01:38 C'est ça, parce que vous dites que dès le soir de l'attentat Clément Valrena, l'événement
01:42 a été marqué, je vous cite, "du saut du mensonge politique et de la manipulation de
01:47 l'opinion publique".
01:48 Qu'est-ce que vous voulez dire ?
01:49 Oui, peut-être que ceux qui ont vécu cet attentat s'en souviennent.
01:53 Il y a eu, dès le soir de l'attentat, dans les minutes qui ont suivi, un mot d'ordre
01:59 a été lancé, et c'est répandu comme une traînée de poudre dans toute la France.
02:03 Ce sont des nazis qui ont commis l'attentat.
02:06 Un mystérieux groupe néo-nazi, fantomatique et insaisissable.
02:10 Et ça n'était pas qu'une fausse piste ou qu'une surenchère de la presse, comme
02:15 on le voit souvent dans les premières heures qui suivent un événement.
02:17 Il y a eu un climat, je le dis, de délire, de folie, alimenté par un certain nombre
02:24 de relais politiques, par la presse, durant toute l'année qui a suivi.
02:29 Il n'y avait pas un jour où il n'y avait pas une tribune, notamment dans Le Monde,
02:33 qui s'est fait l'honneur de publier chaque jour une tribune où un certain nombre d'intellectuels
02:37 expliquaient comment avons posé la question, comment est-ce possible que nous ayons laissé
02:42 le nazisme refleurir dans notre pays.
02:46 Il y a eu un climat de manipulation politique.
02:50 On est allé jusqu'à dire qu'il y avait des nazis dans l'entourage du président
02:53 de la République de l'époque, qui était Valéry Giscard d'Estaing.
02:55 On a dit qu'il y avait, que la police était infiltrée par les nazis et que la police
02:59 avait laissé se perpétrer cet attentat.
03:01 Or, en fait, dès le lendemain, la police s'est très vite orientée vers une piste
03:08 moyenne orientale palestinienne.
03:09 – Alors, vous dites que cet attentat a peut-être coûté en partie la présidentielle l'année
03:14 suivante en 1981 à Valéry Giscard d'Estaing, donc il y a eu des répercussions politiques
03:18 assez lourdes.
03:19 Mais allons maintenant, poursuivons cette piste palestinienne qui va effectivement se
03:23 confirmer.
03:24 Il faudra attendre quand même Clément Weil-Reynald près de 20 ans, 1999, pour identifier les
03:31 auteurs présumés et notamment ce Hassan Diab qui va donc être jugé en son absence
03:36 à partir d'aujourd'hui.
03:37 Pourquoi d'abord ça se débloque 20 ans après les faits ? Et puis alors ces auteurs
03:42 présumés, est-ce qu'on peut peut-être préciser qui ils sont ?
03:45 – Oui, alors ça se débloque parce qu'on est dans une autre époque, c'est le siècle
03:49 dernier, je vous rappelle, même si nous avons tous en souvenir cette époque.
03:53 Il n'y a pas… Les enquêtes policières se font sans ADN, les enquêtes policières
03:58 se font sans téléphonie.
03:59 Aujourd'hui, on sait tout de suite qui était dans les parages, qui a appelé qui.
04:02 On retrouve effectivement des marqueurs qui permettent d'identifier les suspects.
04:06 Là, ça a été une longue enquête classique.
04:08 Il faut rendre hommage d'ailleurs aux juges Bruegger et aux juges Trevidi qui se sont
04:12 succédés sur le dossier.
04:13 Et ils ont fini effectivement petit à petit avec des témoignages, avec un certain nombre
04:18 de pièces retrouvées de manière d'ailleurs assez incroyable.
04:22 Le passeport d'Assan Diab a été retrouvé dans les archives de la police italienne.
04:26 Et donc, au tournant des années 2000, on identifie l'ensemble des membres du commando.
04:32 On a des noms, mais beaucoup des membres de ce commando sont inatteignables.
04:40 Ils vivent à Bagdad, ils vivent en Syrie, ils vivent dans des pays qui n'ont pas d'accord
04:45 d'extradition.
04:46 Sauf, parmi les personnes identifiées, on retrouve, alors il faut tout de suite le préciser,
04:51 il bénéficie, il n'a pas été encore jugé, il bénéficie du principe de la présomption
04:55 d'innocence.
04:56 Mais on retrouve un homme, un Libanais, qui s'appelle Assan Diab, qui a quitté le Liban
05:02 à la fin des années 80, quelques années après l'attentat.
05:05 Il s'est établi au Canada, il est devenu professeur d'université, il a été, au
05:11 moment où on le retrouve, il est professeur de sociologie à l'université d'Ottawa,
05:16 et les enquêteurs ont accumulé sur lui un certain nombre d'éléments nombreux, concordants,
05:25 très précis, qui laissent indiquer qu'il est peut-être impliqué dans l'attentat
05:30 de Copernicus, il serait le poseur de bombes.
05:32 J'accélère, parce qu'en fait il va être inquiété cet homme qui, à partir de 2008,
05:37 finalement au terme d'une passe d'armes diplomatique entre la France et le Canada,
05:42 il va être envoyé en France entre 2014 et 2018, il va faire de la détention, et finalement
05:48 il va être relâché.
05:49 Et le procès s'ouvre donc maintenant cinq ans après son retour au Canada, en son absence.
05:54 Peut-être avant l'ouverture du procès, aujourd'hui même, Clément Weidreinal, votre regard,
06:01 sur le fait que ça ait pris quand même 43 années, alors ceux qui se féliciteront en
06:07 se disant que c'est bien la preuve qu'en France on poursuit, on juge encore les terroristes
06:11 même si ça doit prendre plus de 40 ans, et puis il y a ceux qui s'en désoleront
06:14 tout de même, se dire que c'est beaucoup trop tard.
06:16 Oui, il y a un aspect effectivement, alors sur ce dernier point, c'est un peu la thèse
06:22 que je développe dans mon livre, on a un peu le sentiment quand on regarde et cette
06:27 affaire et d'autres affaires, que depuis plusieurs décennies, le terrorisme palestinien
06:33 fait partie, j'allais dire, de l'angle mort de la lutte antiterroriste.
06:37 Pour des raisons idéologiques, on n'a pas trop envie de s'y intéresser, ça n'est
06:42 pas d'ailleurs que moi qui le dis, le juge Trevidi, qui l'a dit très clairement dans
06:45 une interview au journal du dimanche, il a dit "le terrorisme palestinien en France
06:50 intéresse beaucoup les services de police, mais la justice, elle, n'aime pas y mettre
06:55 les pieds". Et c'est pour ça que, c'est dans ces circonstances, que alors que des
07:00 charges très lourdes pesaient sur Hassan Diab, il a fait l'objet d'un non-lieu, il
07:04 a été libéré par les magistrats qui étaient arrivés dans le dossier, et ces magistrats
07:11 se sont basés, à mon sens, sur des éléments extrêmement légers, voire fantaisistes, je
07:17 les expose dans le livre, chacun pourra se faire une opinion. Et puis alors pour que
07:23 les auditeurs comprennent, trois ans plus tard, le non-lieu des magistrats a été annulé
07:28 par la cour d'appel de Paris, ce qu'il faut souligner que c'est une première en matière
07:32 d'anti-terrorisme, voilà pourquoi aujourd'hui, ce matin, ouvre le procès d'Hassan Diab,
07:37 il est libre, il est au Canada, et il ne viendra pas au procès.
07:41 On ira donc votre livre "Rue Copernic, l'enquête sabotée", c'est aux éditions L'Artilleur,
07:45 merci de nous avoir éclairés ce matin sur cet attentat de la rue Copernic, bonne journée

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