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Bruno Thouzellier, Ancien magistrat, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00 Bon début de journée avec Europe 1, 7h11, Dimitri Pavlenko, vous recevez le magistrat honoraire Bruno Touselier.
00:06 Bonjour Bruno Touselier.
00:07 Bonjour.
00:08 Bienvenue sur Europe 1, vous êtes magistrat honoraire, ancien président de l'union syndicale des magistrats,
00:14 vous avez été président de tribunal correctionnel.
00:16 On revient avec vous ce matin Bruno Touselier sur cette agression très violente à Bordeaux,
00:21 d'une grand-mère de 73 ans et de sa petite-fille.
00:24 Un vol à l'arraché, c'est le collier de la dame en fait que l'agresseur visait.
00:27 Un vol comme il s'en produit des dizaines de milliers chaque année en France.
00:32 Un vol avec violence mais sans armes.
00:33 Sauf que là les images, on les a, et elles ont fait le tour des réseaux sociaux et des chaînes d'info toute la journée hier.
00:39 Pourquoi de votre point de vue d'ancien magistrat Bruno Touselier, pourquoi cette affaire-là nous marque-t-elle autant ?
00:46 Bah écoutez, elle marque, vous venez de le dire vous-même, c'est parce que ça a été filmé.
00:51 Ça a été filmé et donc on voit la violence des faits, ça marque aussi parce qu'il s'agit d'une vieille dame et sa petite-fille,
01:00 donc évidemment ça surajoute à la violence.
01:03 Ceci dit, comme vous le dites fort justement, malheureusement la France est un pays dans lequel l'insécurité est grandissante
01:10 et ce genre de fait, si j'ose m'exprimer ainsi, est devenu d'une totale banalité.
01:16 Et moi ce que je relève c'est que je ne connais pas cette affaire dans le détail, je ne sais pas si cet individu sera déclaré responsable ou pas pénalement.
01:23 Quoi qu'il en soit, il a été condamné 15 fois.
01:26 Donc ces 15 condamnations, par définition, n'ont pas relevé d'irresponsabilité pénale puisqu'il a été condamné
01:32 et que donc il est multirécidiviste et qu'on a si vous voulez un sentiment d'impunité des délinquants multirécidivistes
01:42 qui ont été condamnés à des peines qui la plupart du temps sont trop légères
01:47 et qui les encouragent à poursuivre leur violence avec l'idée en fait qu'ils ne risquent pas grand chose.
01:52 Je pense que c'est ça le vrai problème de la justice française, c'est qu'elle est confrontée à un problème de moyens.
02:00 Il y a un problème de places de prison, évident, puisque actuellement on a à peu près 73 000 détenus pour 61 000 places
02:08 et que donc je dirais qu'au plus haut sommet de l'État, malheureusement, il y a une indifférence insouciante
02:16 aux questions de sécurité, aux questions de justice, aux questions d'immigration.
02:19 – Une indifférence insouciante au plus haut sommet de l'État, Bruno Tussolier.
02:24 – Je le crains et je pense que la prise de conscience du président de la République,
02:31 du Premier ministre est tout de récente si elle existe encore réellement.
02:37 – Alors je m'attarde un petit peu quand même sur le profil de l'agresseur,
02:40 vous avez rappelé, multirécidiviste, 15 à 20 mentions au casier,
02:46 hospitalisé sous contrainte en raison de sa pathologie psychotique et schizophrène dans la journée d'hier.
02:53 La question qui va se poser c'est, 20 mentions au casier, c'est vrai que ça fait quand même beaucoup,
02:58 dans "Le Parisien" un policier raconte avoir arrêté cet homme une cinquantaine de fois
03:03 pour refus d'obtempérer, agression, vol, etc.
03:06 Mais la pathologie psychotique et schizophrène, vous vous étonnez finalement
03:11 que ça soit mentionné assez tardivement dans son parcours délinquant à cet homme ?
03:16 – Je ne m'étonne pas, si vous voulez je constate qu'il a été condamné,
03:19 je crois que c'est 15 fois, le casier judiciaire, je parle des condamnations judiciaires,
03:24 et que par définition s'il a été condamné 15 fois, c'est qu'à chaque fois devant le tribunal,
03:28 il n'a pas été considéré comme irresponsable.
03:30 Là, il semblerait que l'effet d'hier ou d'avant-hier,
03:34 il était semble-t-il dans un état psychiatrique relativement avancé,
03:40 en tout cas la garde à vue a été suspendue, il a été effectivement interné d'office,
03:46 ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que la garde à vue ne peut pas reprendre ultérieurement.
03:50 Donc l'avenir nous le dira, mais si vous voulez, je pense que ce fait qui évidemment
03:54 atteint tout le monde parce qu'il est extrêmement choquant,
03:57 il faut élargir le débat au problème de l'insécurité générale
04:01 dans laquelle malheureusement ce pays est plongé depuis un certain nombre d'années.
04:06 C'est ça la vraie question.
04:08 Donc il y a des mesures à prendre de manière urgente,
04:11 et malheureusement ces mesures pour l'instant, moi je ne les vois pas venir,
04:14 c'est pour ça que je suis assez pessimiste sur le rétablissement de l'ordre public
04:17 et de la sécurité en France dans les années qui viennent, je vous le dis franchement.
04:20 - Mais comment vous expliquez cette indifférence que vous mentionnez,
04:24 que vous avez soulignée au sommet de l'État ?
04:27 Comment ça s'explique tout simplement ?
04:29 Alors que ça finit par avoir des répercussions politiques,
04:33 on voit qu'il y a une grande demande de fermeté dans le pays,
04:37 et c'est propice d'ailleurs à certaines surenchères.
04:40 - Vous savez, j'allais dire, la responsabilité première d'un chef de l'État
04:45 c'est d'assurer la sécurité de ses concitoyens, c'est évident.
04:48 Moi je ne suis pas dans la tête du président de la République
04:50 ou des gens qui nous gouvernent depuis des années,
04:51 parce que ça remonte à bien entendu avant Emmanuel Macron déjà.
04:55 La classe politique dans son ensemble, je dirais,
04:58 n'a manifestement pas pu ou pas voulu ou pas été en mesure
05:02 de prendre conscience de ce qui se passait dans ce pays en matière d'insécurité,
05:05 c'est très clair.
05:06 Alors moi je ne suis pas là pour faire la psychologie des hommes et des femmes politiques,
05:09 moi je constate un fait, c'est que pour l'instant,
05:13 la violence grandit,
05:16 des villes autrefois considérées comme parfaitement calmes,
05:20 où ils faisaient bon vivre, comme Bordeaux, comme Nantes, comme Rennes,
05:24 le centre de Lyon, sont devenues aujourd'hui,
05:27 malheureusement, des villes où l'insécurité croît de manière considérable.
05:30 Les violences aux personnes ont augmenté, je crois, de 12% à Bordeaux en un an.
05:34 Voilà, je vous donne un autre chiffre qui est quand même,
05:39 qui en dit long, en 2020, donc ça s'est certainement aggravé depuis,
05:42 à Paris, et ce sont les chiffres du parquet de Paris,
05:45 ce qu'on appelle les mineurs non accompagnés, mineurs isolés,
05:48 principalement originaire du Maghreb,
05:50 ont représenté près de 80% des efferments de mineurs,
05:53 vous vous rendez compte, 80%,
05:55 et ils étaient partie prenante dans 30% des cambriolages,
05:58 44% des vols, 32% des vols avec violence.
06:02 Ce problème des mineurs non accompagnés,
06:04 dont beaucoup d'ailleurs ne sont pas des mineurs,
06:06 n'est absolument pas résolu.
06:08 Absolument pas.
06:09 - Il y a deux propositions qui reviennent en force ces dernières heures,
06:12 Bruno Tousselier, justement, pour répondre peut-être à ces préoccupations sécuritaires,
06:16 rétablir les peines planchées
06:19 et abaisser l'âge de la majorité pénale à l'âge de 16 ans.
06:22 C'est évidemment un peu déconnecté de notre affaire Bordelaise,
06:26 en tout cas les peines planchées, si c'est connecté,
06:29 qu'est-ce que vous en pensez, en tout cas ?
06:30 - D'abord, ce n'est pas déconnecté,
06:32 parce que même notre affaire de Bordelaise,
06:35 j'imagine que cet individu qui a 29 ans,
06:37 il a dû commencer très jeune, certainement,
06:39 peut-être que s'il avait été sanctionné beaucoup plus sévèrement en tant que mineur,
06:42 on n'en serait pas là aujourd'hui.
06:44 Alors, je suis favorable, effectivement,
06:47 à l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans,
06:50 à partir de 16 ans.
06:52 Je vois que maintenant, on va pouvoir passer son permis de conduire à 17 ans,
06:55 je ne vois pas pourquoi on ne serait pas considéré comme responsable de ces actes
06:58 à partir de 16 ans quand on commet des délits.
07:00 Les peines planchées, je vais vous dire, c'est un leurre,
07:03 parce que tant que vous n'aurez pas la capacité pénitentiaire,
07:06 tant que vous n'aurez pas les places de prison nécessaires
07:09 pour accueillir, pour incarcérer de façon à ce que les peines véritablement justifiées
07:14 soient prononcées, ça ne servira à rien.
07:16 Les magistrats, si vous voulez, sont confrontés actuellement
07:20 à un problème tout simplement de flux, si je puis dire.
07:22 C'est-à-dire que quand vous avez une surpopulation carcérale,
07:25 vous ne pouvez pas envoyer tout le monde en prison, il n'y a plus de place.
07:28 – Merci beaucoup Bruno Tousselier, magistrat honoraire,
07:31 ancien président de l'union syndicale des magistrats.
07:32 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Europe 1.
07:35 Je vous souhaite une bonne journée.

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