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Christophe Gomart, ancien chef du renseignement militaire, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur l'affaire des "ballons espions" aux États-Unis.
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Transcription
00:00 Mystère qui tient en haleine la planète. D'où viennent, que faisaient ces objets volants abattus dans le ciel nord américain ?
00:06 Un ballon chinois et trois ovnis. Objets volants non identifiés.
00:10 Alors attention, j'ai pas dit extraterrestres, mais après tout, pourquoi pas expliquer il y a quelques jours
00:14 le commandant en chef du NORAD, le commandement de la défense aérospatiale d'Amérique du Nord.
00:18 Le général Christophe Gomart est là pour nous éclairer. Bonjour général.
00:22 - Bonjour.
00:22 - Bienvenue sur Europe. Je rappelle que vous êtes ancien chef du renseignement militaire.
00:26 Alors je vous pose tout de suite la question de sérieux. Cette affaire de ballons, ballons chinois,
00:31 vous dites que ce sont des lubies américaines, la Chine, les petits hommes verts, ou bien le militaire que vous êtes,
00:36 l'espion aussi, il voit quelque chose d'important.
00:38 - Alors, il voit quelque chose d'important, oui, parce que c'est un bon moyen, les ballons, il en a toujours existé,
00:44 des ballons sondes météorologiques qui volent à ces altitudes, effectivement, dans lesquelles on a trouvé le premier ballon chinois.
00:49 Les autres volaient visiblement plus bas avant d'être abattus.
00:52 - Oui, c'est important ces histoires d'altitude. Alors le premier ballon, 18 000 mètres, 18 km,
00:57 les suivants c'est autour de 12 000 mètres et le dernier est assez bas, 6 000 mètres.
01:01 C'est important parce qu'on n'est pas toujours dans les mêmes classes d'espace.
01:04 - Non, absolument. C'est-à-dire que jusqu'à 20 km, en fait, c'est l'espace aérien qui est contrôlé par les pays qui sont au sol.
01:11 Au-dessus de 20 km, jusqu'à 100 km, en fait, c'est un espace qui n'est pas vraiment géré.
01:15 Et au-dessus de 100 km, on est dans l'espace, c'est tout le monde des satellites,
01:18 par des satellites d'observation. - Et là, c'est géré par une convention internationale de 1967.
01:22 - Absolument. Et donc cet espace, entre 20 et 100 km à peu près, n'est pas vraiment géré.
01:25 C'est l'espace dans lequel on va trouver des ballons, en particulier des ballons son, des ballons météo,
01:29 mais qui peuvent être utiles également dans un cadre militaire pour utiliser les courants,
01:34 étudier les phénomènes dans ces espaces-là, en particulier pour les missiles intercontinentaux,
01:39 les missiles balistiques, voire les missiles de croisière. Donc c'est ça, c'est ce qui est intéressant.
01:44 - Alors, est-ce que ce ballon chinois faisait de l'espionnage ? Les Américains nous le diront peut-être.
01:49 S'ils veulent bien nous le dire, est-ce qu'il était équipé de moyens d'interception électromagnétique
01:53 de façon à intercepter des communications ? Ça, je ne le sais pas, mais ça reste possible.
01:58 - Alors, les Américains disent que c'est très probable qu'il y ait eu des équipements alimentés en électricité à bord,
02:05 puisqu'il y avait des panneaux solaires sur ce premier ballon.
02:08 Les Américains disent que c'est sans doute un programme mondial mené par les Chinois,
02:12 mais la question est la suivante, c'est pourquoi des ballons, pourquoi un machin aussi visible dans le ciel,
02:17 quand on peut faire ça beaucoup plus discrètement depuis l'espace avec des satellites ?
02:20 - Alors, je crois que le premier ballon a été vu non pas par des radars, mais par un avion de ligne,
02:24 et je pense qu'effectivement on va retirer des filtres sur les radars pour essayer de voir plus haut
02:29 et d'essayer d'apercevoir tous ces ballons. Mais ces ballons, il en a toujours existé,
02:33 donc pourquoi, ma question, c'est pourquoi est-ce que les Américains finalement font état de celui-là,
02:38 alors qu'ils auraient très bien pu l'abattre, sans rien dire à personne,
02:41 et appeler les Chinois et dire "bon, là les gars, on a vu votre ballon, c'est pas à faire de votre part".
02:47 - Alors on a appris quand même que les Chinois avaient refusé un appel du Pentagone sur cette histoire de ballons,
02:53 donc ce qui est plutôt un signe inquiétant.
02:55 Le but pourrait aussi être de la part de la Chine de tester la réaction anti-aérienne américaine.
02:59 - Alors ça on est dans la communication, c'est de part et d'autre, communication américaine, communication chinoise.
03:04 Côté chinois, en fait, on sent bien qu'ils veulent devenir la première puissance mondiale
03:07 et remplacer, j'allais dire, les Etats-Unis d'Amérique,
03:10 qui mettent quand même dans leur service de renseignement 85 milliards d'euros par an,
03:14 quand on se compare au budget de la défense française qui est de 40, une quarantaine de milliards d'euros.
03:18 - Rien que le renseignement chinois c'est 85 milliards ?
03:20 - Non, non, le renseignement américain, pardon.
03:21 - Pardon, américain, oui.
03:22 - Américain, oui, c'est 85 milliards d'euros pour tous les services, alors ils ont 18 services maintenant.
03:27 Mais on sent bien derrière qu'il y a effectivement une guerre de communication,
03:30 une guerre de moyens pour essayer d'en savoir plus sur les intentions américaines.
03:33 Et d'ailleurs ce ballon chinois a été aperçu au-dessus de sites sensibles américains.
03:38 - Mais quels sont les avantages d'un ballon ? C'est très low-tech finalement un ballon, tu sais.
03:42 On fait ça depuis très longtemps.
03:44 - Justement, c'est ça qui est intéressant, c'est low-tech, ça dérive,
03:47 ça reste au-dessus d'un même point, ça peut rester assez longtemps.
03:50 - Oui, contrairement à un satellite qui tourne très vite.
03:52 - Absolument, le satellite, lui, il est défilant, donc en fait il passe sur le point avant d'y revenir...
03:57 - Toutes les 90 minutes, je crois. - ...quelques heures plus tard.
03:59 Tout dépend de la vitesse du satellite et de l'altitude à laquelle il se situe.
04:03 Mais je pense qu'effectivement, comme c'est low-tech, comme vous dites,
04:07 ça permet d'en envoyer plusieurs.
04:09 Les américains disaient 40 ballons envoyés sur les 5 continents,
04:12 oui, c'est possible qu'il y en ait autant.
04:14 Mais des ballons, j'allais dire, météo,
04:16 il y en a beaucoup qui veulent, en fait, dans cet espace, entre 20 et 100 km.
04:21 - Alors, le général, vous qui vous intéressez à ce qui se dit, mais aussi à ce qui n'est pas dit,
04:26 vous soulignez le fait que c'est intéressant que les américains communiquent sur cette affaire de ballon chinois.
04:32 En revanche, ils n'ont montré aucune photo des 3 objets volants non identifiés suivants.
04:37 On a vu le premier ballon chinois, les 3 autres.
04:39 On ne sait pas trop, on a eu des descriptions, la taille d'une voiture, nous dit-on,
04:42 une forme octogonale, etc.
04:44 Mais on ne les a pas vus. Qu'est-ce qu'on apprend de cela ?
04:46 - C'est ce que je trouve très intéressant, c'est qu'au départ, même, vous le soulignez tout à l'heure,
04:50 le général qui commande le NORAD,
04:52 a annoncé peut-être des extraterrestres.
04:55 Donc on voit dans l'inconscient collectif américain,
04:57 ces histoires d'ovnis restent très prégnants.
04:59 Alors que la Maison-Blanche, ensuite, a dû démentir en disant
05:02 "Non, il ne s'agit pas du tout d'extraterrestres,
05:04 il s'agit d'objets volants, on n'a pas identifié exactement ce que c'était."
05:07 On les a abattus, et donc on espère, à partir des moments,
05:10 des restes trouvés au sol, même si à mon avis, ils n'ont pas tout retrouvé.
05:13 Essayer de définir ce que c'était, ce qu'ils faisaient là,
05:16 et quel était l'objectif.
05:17 - On rappelle que c'est extrêmement difficile pour un avion de chasse classique
05:21 d'atteindre un objet fixe, comme ça, volant à 18 ou 20 km d'altitude.
05:28 - Je crois que le F-16 qui a tiré un premier missile l'a raté,
05:31 sur un de ses ballons, et c'était le deuxième missile, simplement,
05:34 qui a atteint sa cible.
05:37 Donc c'est bien la preuve que ça n'est pas si simple, comme vous le dites.
05:39 - En tout cas, on est dans les lois de la guerre traditionnelle,
05:41 parce que l'idée quand même de chercher un point haut
05:43 pour surveiller l'activité de l'adversaire,
05:45 de tout temps on a fait ça, finalement.
05:46 - Oui, qui tient les points hauts tient les points bas, effectivement.
05:51 - Dernière question, Général Gomart,
05:53 est-ce que la France fabrique aussi des ballons stratosphériques,
05:56 et à des buts autres que civils ou météorologiques,
06:00 à des fins militaires, est-ce que la France fait ça également ?
06:02 - Pas à ma connaissance.
06:03 Aujourd'hui nous utilisons des satellites d'observation,
06:05 et nous utilisons des drones.
06:06 - Oui. Vous pensez que, comme le drone, le ballon extra-atmosphérique,
06:12 ou le ballon atmosphérique en tout cas, soit un outil d'avenir
06:15 de ces guerres hybrides, de ce continuum de guerre
06:18 que l'on observe maintenant aujourd'hui entre le civil et le militaire ?
06:21 - À mon sens, ça présente un certain nombre d'avantages.
06:22 D'abord, c'est moins cher qu'un satellite, évidemment.
06:25 Ça se met en place facilement, puisqu'il suffit de laisser monter avec de l'hélium.
06:30 Ensuite, il faut gérer cet hélium, un ballon fermé ou un ballon ouvert,
06:32 parce que s'il monte trop, il peut exploser.
06:34 Donc effectivement, ça se gère, mais je pense que c'est beaucoup moins cher.
06:38 Ça peut être intéressant.
06:39 Qu'est-ce qu'on est capable de mettre comme capteur à l'intérieur,
06:42 ça reste à définir.
06:44 - Voilà. Le journal "L'Opinion" a rappelé que les Japonais,
06:46 pendant la Seconde Guerre mondiale, ont envoyé près de 9000 ballons,
06:50 alors eux équipés d'explosifs, en direction des États-Unis.
06:53 Je crois qu'il y en a très peu qui sont arrivés sur le sol américain,
06:55 mais on n'est vraiment pas dans la nouveauté.
06:57 Merci, Général Christophe Gomart, d'être venu ce matin sur Europe 1.
07:00 Je rappelle que vous êtes l'ancien chef du renseignement militaire français.
07:03 Je signale aussi votre ouvrage, toujours aussi passionnant,
07:06 "Soldats de l'ombre", paru chez Harper Collins en poche.
07:10 Merci à vous. Bonne journée. - Merci beaucoup.

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