Claire Geronimi : «Ça fait froid dans le dos de voir qu'au bout d'un an d'agression, rien n'a changé»

Europe 1

il y a 12 heures

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Claire Geronimi, victime de viol par une personne sous OQTF et créatrice du podcast "Eclats de femme", répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:00Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin, Claire Géronimi.

00:06Bonjour Claire, bienvenue sur Europe 1, le 11 novembre dernier votre vie bascule, un homme vous viole dans le hall de votre immeuble, la police va vite le retrouver.

00:15Il est centrafricain, il a 25 ans, il est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français au QTF et d'une interdiction administrative du territoire.

00:24Une heure avant vous cet homme avait violé une autre femme et son profil finalement rappelle furieusement celui du meurtrier présumé de Philippine.

00:32Qu'est-ce que vous ressentez vous face à tant de similitudes ? Que vous a fait la révélation de cette affaire Philippine ?

00:38Oui bien sûr, j'ai remercié pour l'invitation, c'est vrai qu'en fait j'ai pas pu m'empêcher de mettre en parallèle nos deux histoires.

00:45Malheureusement Philippine elle a été tuée, moi je suis vivante mais c'est vrai que ça fait toujours froid dans le dos.

00:53On a le même type d'agresseurs, des hommes qui étaient tous les deux sous au QTF, également des hommes qui étaient fraîchement sortis de prison.

01:00On avait on va dire toutes les deux une vie devant nous, bon heureusement moi je suis vivante.

01:06C'est vrai que ma vie est quand même détruite sur certains points mais c'est vrai que ça fait quand même froid dans l'eau de voir qu'au bout d'un an d'agression il n'y a rien qui a évolué.

01:14Comment se sont passés les jours, les semaines, les mois qui ont suivi votre agression Claire Géronimy ?

01:20C'est très éclairant sur le système français, au delà du système judiciaire, du fait que quelqu'un qui est sous au QTF puisse rester en France,

01:29que quelqu'un qui devrait accomplir une peine de prison finalement sort par anticipation.

01:34Ce que vous avez vécu illustre aussi ce qui se passe du côté des victimes.

01:39Oui c'est vrai qu'en fait on se rend compte après avoir déposé plainte qu'il y a énormément de problèmes de la part de la justice,

01:45également il y a un énorme problème de suivi des victimes d'un point de vue psychologique, un encadrement juridique aussi qui est moindre.

01:55Vous êtes suivie vous personnellement ? La justice vous accompagne psychologiquement ?

02:00Pas du tout en fait, quand j'ai déposé plainte on nous donne une feuille A4 où on nous donne un peu les contre-indications de comment on va se sentir.

02:06Comme vous savez une notice d'effet secondaire quand on prend une plaquette de médicaments.

02:13Et c'est vrai que ça a été un peu un choc de se dire ok on est juste face à un bout de papier qui va nous dire comment se sentir.

02:19Alors oui bien sûr il y a un numéro de téléphone d'une psychologue de la police mais qui est très peu disponible parce que malheureusement il y a beaucoup d'agressions et qu'elle n'est pas du tout disponible.

02:30Du coup je suis suivie mais à mes frais.

02:33Donc en fait le problème c'est qu'aujourd'hui il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas subvenir justement à un suivi psychologique.

02:38Et c'est également pour ça que je suis en train de créer mon association pour aider les femmes financièrement de ce point de vue-là, d'un point de vue psychologique, administratif et juridique aussi.

02:47Alors pas de chance pour le garde des Sceaux, trois heures seulement avant qu'on apprenne le pédigré du tueur de Philippine,

02:52à savoir qu'il était sous au QTF, qu'il avait déjà été condamné pour viol.

02:56Didier Migaud, nouveau ministre de la Justice, s'assurait qu'il n'y a pas de laxisme de la justice.

03:01Qu'est-ce que vous avez pensé de cette déclaration ?

03:03Écoutez on va dire que c'est un peu dissonant.

03:07C'est qu'en fait peut-être que s'il y avait un meilleur fonctionnement de la justice, au final cet homme serait resté dans son centre de rétention administrative,

03:15peut-être qu'il aurait été renvoyé dans son pays et peut-être qu'aujourd'hui Philippine serait encore en vie.

03:21Vous avez constaté que lorsque vous précisiez que votre violeur était un étranger sous au QTF,

03:27certains, certaines, pour le dire gentiment, vous ont tourné le dos, si ce n'est plus.

03:32Il y a eu des articles extrêmement durs envers vous, des messages d'insultes, on vous a attaqué,

03:37on vous a dit que vous étiez d'extrême droite finalement de souligner le statut d'au QTF de votre agresseur.

03:43On était à l'époque, je rappelle aussi en plein, dans le débat sur la loi immigration.

03:46Bien sûr, en fait il y a beaucoup de, on va dire, il n'y a que certains médias qui sont peut-être plus d'un certain penchant qu'un autre,

03:55qui ont bien voulu m'écouter. Pourtant j'ai essayé de contacter tous les médias, je tiens vraiment bien à le préciser,

03:59parce que des fois certaines personnes me disent que j'ai accepté trop d'invitations de médias d'un penchant plus que l'autre.

04:05On a refusé de vous donner de la parole parce que justement votre agresseur était un étranger sous au QTF.

04:11Bien sûr, parce que mon agresseur était un étranger sous au QTF et qu'en fait j'énonçais juste les faits,

04:16comme quoi il était sous au QTF et comme quoi en fait il ne devait pas être sur ce territoire.

04:21Et justement je posais une question à l'État à l'époque de pourquoi les au QTF n'ont pas été exécutés.

04:27Apparemment ça a dérangé.

04:29Elle en est où la procédure pour votre histoire à vous ? Est-ce que votre agresseur il a été jugé ?

04:35Est-ce qu'il sera jugé en France ? Qu'en est-il exactement ? Vous avez des informations.

04:39Ecoutez, aujourd'hui la justice est encore une fois très lente.

04:42Donc ça va bientôt, comme je vous l'ai dit, faire un an.

04:45On est deux sur le procès du coup. La fille qui est juste avant moi qui s'appelle Mathilde et moi-même.

04:50Donc ça prend deux fois plus de temps.

04:53Pour le moment, il y a le juge d'instruction qui est en cours.

04:59Mais en fait, à part des suivis psychologiques, pas grand-chose.

05:05Pas grand-chose, pas encore de confrontation, pas de date de procès non plus.

05:08Et donc ça vous maintient finalement dans les suites de ce drame que vous avez vécu, Claire Géronimi ?

05:14Bien sûr, j'ai une théorie, c'est que le problème c'est que tant que le procès n'est pas passé, une victime ne peut pas se reconstruire.

05:20Et en moyenne, c'est environ entre deux et quatre ans entre le dépôt de plainte et le procès.

05:26Ce qui est très long et ça ne peut pas mettre un point final justement à cet événement traumatisant pour une victime.

05:32Alors d'une certaine manière, je vais faire un parallèle qui peut-être paraîtra hasardeux à certains,

05:36mais votre histoire me rappelle un peu celle de Gisèle Pellicot.

05:40Je dis ça parce que vous avez décidé de médiatiser votre affaire, vous avez décidé d'en faire un exemple public.

05:47Quelque part, vous faites don de vous-même à toutes les femmes pour que votre histoire puisse servir d'exemple.

05:55Et vous avez décidé de créer une association. Est-ce que vous voulez bien nous en parler ?

05:59Oui, bien sûr. Déjà vraiment, j'ai commencé à parler sur les médias justement pour porter la voix des femmes

06:05qui, elles, n'osent pas forcément dévoiler au grand jour parce que c'est quand même une honte un peu ancrée dans les mœurs de se faire agresser et violer.

06:14Et en fait, j'ai voulu créer cette association justement pour aider les femmes d'un point de vue financier,

06:21sur le côté juridique, psychologique, administratif.

06:24Et ça fonctionne ? Vous arrivez à collecter des fonds aujourd'hui ?

06:26On est en process pour le moment. J'ai commencé à lancer un podcast justement qui pourra aider les femmes à peut-être avoir...

06:33Qui s'appelle Éclats de Femmes.

06:34Exactement. Le podcast s'appelle Éclats de Femmes, l'association aussi s'appellera Éclats de Femmes.

06:38Et le but, c'est vraiment, en tout cas, de montrer aux femmes que c'est possible de se reconstruire après un événement traumatisant.

06:45Merci Claire Géronimy d'être venue au micro d'Europe et donc votre podcast à écouter, Éclats de Femmes, Éclats au pluriel.

06:51Merci d'être venue sur Europe. Bonne journée à vous.