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Mardi 22 octobre 2024, SMART TECH reçoit Audrey Ashworth (directrice, SIAL Paris) , Félicien Vallet (chef du service IA, CNIL) , Jérôme Malzac (directeur de l'innovation et expert en IA générative, Micropole) et Jérôme Bouteiller (Fondateur, EcranMobile)

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Transcription
00:00Bonjour à tous, grand rendez-vous de l'IA aujourd'hui à la une de Smartech.
00:12On va commenter la signature du pacte européen d'engagement sur l'IA.
00:16On va aussi regarder comment ça bouge du côté d'OpenAI qui continue sa course très largement en tête.
00:22Et puis on parlera de TikTok qui licencie des centaines d'employés et mise sur l'IA pour la modération.
00:28Dans cette édition également, les lunettes connectées.
00:31On va parler de ce nouveau, en tout cas le retour d'un nouveau terrain de jeu pour les big tech.
00:36Mais d'abord, on va regarder ce qui se passe du côté de l'alimentation avec des innovations.
00:41On enchaîne tout de suite, c'est l'ouverture avec 3 questions A dans Smartech.
00:49En ce moment, se tient le salon Cial qui est le salon international de l'alimentation.
00:55Avec, nous dit-on, beaucoup d'innovations.
00:57On en parle tout de suite. Bonjour Audrey Ashworth.
00:59Bonjour.
01:00Vous êtes directrice de Cial Paris.
01:02Parmi les thématiques du salon, j'ai vu qu'il y avait la deep tech, évidemment l'intelligence artificielle.
01:07Qu'est-ce que ça vient faire dans l'alimentation ?
01:09Alors déjà, pour parler de Cial Paris, juste se replacer que c'est le plus grand salon de France, toute industrie confondue.
01:17On y accueille, là en ce moment même, 7500 exposants, 80% international, 285 000 participants.
01:25Donc c'est vraiment un salon d'ampleur incroyable.
01:29Évidemment, l'IA et la deep tech sont au cœur des sujets de nos entreprises et le salon se fait fort de les porter.
01:38Le digital, en fait, révolutionne littéralement l'agroalimentaire, de la fourche à la fourchette, sur toute la chaîne de valeur.
01:48Et donc on peut citer de la fourche assez simple, parce qu'on en parle beaucoup, tout ce qui concerne l'optimisation des moyens de production,
02:00des ressources, moins d'eau, moins d'intrants et d'économies à ce niveau-là.
02:10Au niveau de la transformation, tout ce qui va amener à automatiser finalement les processus de transformation et la distribution,
02:23on voit toute la chaîne logistique qui est impactée.
02:26Et puis, le consommateur, le consommateur qui est toujours en recherche de plus de transparence, plus de traçabilité, de personnalisation également.
02:35Donc, voilà, l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies, et le digital, et la donnée, la data, comme on dit en anglais.
02:42Ce ne sont pas juste des steaks artificiels, donc.
02:45Ah, pas du tout. Non, non, pas du tout.
02:47Alors, juste, parce que vous nous avez dit, c'est un salon très important, c'est le plus grand rassemblement des foodtechs aujourd'hui dans le monde.
02:55Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, justement, de succès et peut-être même de succès français, si vous en avez ?
03:00Alors, de succès, on propose, que vous allez voir sur le salon, on a un espace qui s'appelle Ciel Startup,
03:11qui réunit un grand nombre de jeunes pousses qui viennent, justement, au service de l'agroalimentaire.
03:17Je vais vous dire, par exemple, Hyperplan, qui est une solution, justement, pour la fourche et pour les industriels,
03:25pour mieux, en temps réel, finalement, voir comment se passent les cultures.
03:32Donc, un vrai suivi.
03:34Je pourrais vous parler de Food Analytics, qui, là, va venir au service des industriels, dans les recettes, dans les packagings, dans tout ce domaine-là.
03:44Ou bien, encore, Before Food, ou bien Food Analytics, je vous en ai parlé.
03:54Et ça, ce sont des startups françaises ?
03:57Oui, alors, beaucoup sont françaises, au sein de cet espace Startup.
04:0220% environ des startups qui viennent, viennent présenter de la technologie et beaucoup sont françaises.
04:10Au niveau de l'Anti-Gaspi, par exemple, là, au niveau du consommateur, on a Active Label,
04:17qui est une startup avec une technologie brevetée et qui garantit, en fait, qui aide à la conservation et à la meilleure logistique des aliments.
04:30Pas que de l'alimentaire, d'ailleurs, l'alimentaire, mais aussi les cosmétiques, l'électronique.
04:35Donc, voilà, tout ça, ce sont effectivement des entreprises qu'on retrouve sur le salon.
04:40Juste pour terminer là-dessus, peut-être nous dire ce que vous voyez arriver comme tendance,
04:45ce qui va arriver dans les chariots, par exemple, des français, là, dans les mois, peut-être, allez, les années qui viennent.
04:51Alors, là, une tendance, une tendance.
04:54Alors, si j'en dois en choisir une, parce que nous avons Ciel Innovation, et donc, on a reçu plus de 2200 produits des voisins.
05:03Je sais, ce n'est pas facile, ce que je vous demande.
05:04Voilà, je dirais la protéine, les aliments qui sont ultra-protéinés, dans une recherche de bien-être pour soi, pour le sportif.
05:19Donc, ça, c'est une vraie grosse tendance.
05:21Merci beaucoup, Audrey Achouarz.
05:23Et puis, si on veut en savoir plus, on va au salon.
05:25Venez, venez, il reste encore une journée.
05:27Je vous ai rappelé, vous êtes donc la directrice de Ciel Paris.
05:30Allez, tout de suite, on enchaîne avec notre grand rendez-vous sur l'intelligence artificielle.
05:35Bismarck
05:37On commente l'actu de l'intelligence artificielle aujourd'hui avec deux invités.
05:41Félicien Vallée, bonjour.
05:43Vous êtes chef du service IA à la Commission nationale informatique et des libertés, la CNIL, plus simplement.
05:49C'est un jeune service qui a un an, vous me disiez, avant qu'on lance cette émission.
05:53Oui, tout à fait.
05:55Et donc, vous êtes chargé de veiller à la protection des données personnelles, en particulier avec tous ces nouveaux enjeux autour de l'intelligence artificielle.
06:02À côté de vous, Jérôme Malzac, qui est le directeur d'innovation et expert en IA générative.
06:06Bonjour.
06:08Bienvenue chez Micropole.
06:10Micropole, cabinet de conseil spécialisé dans la transformation digitale des entreprises.
06:14Et donc, l'IA, évidemment, c'est au cœur aujourd'hui de toutes les transformations.
06:16La data et l'IA, c'est au cœur du business des entreprises.
06:20Enfin, en tout cas, on en parle.
06:22On en parle et on le fait.
06:24Et on le fait. Bon, on va voir ça.
06:26On va commencer par cette actualité.
06:28C'est le pacte sur l'intelligence artificielle.
06:31C'est un pacte qu'on a fait à août à peu près 2025 pour se mettre en conformité avec l'IAE Act européen.
06:35En attendant, la Commission européenne a mis en place un cadre d'implémentation volontaire dans les entreprises.
06:43Donc, ça s'appelle le pacte sur l'IA.
06:45L'objectif, c'est vraiment de favoriser la transmission des bonnes pratiques au sein de ces opérateurs,
06:49mais aussi eux-mêmes en interne, en fait, de commencer à acculturer leurs équipes pour pouvoir être bien alignés sur le règlement européen
07:00au moment voulu.
07:02C'est un projet qui avait été lancé par le commissaire Thierry Breton,
07:04qui ne fait plus partie maintenant de la Commission européenne.
07:08Je vous dis, c'est volontaire, ça n'a rien de contraignant.
07:10Mais pour autant, on pensait que tout le monde allait peut-être se joindre à ce mouvement.
07:14Ben non, il y a quand même des réfractaires et pas des moindres, des grands opérateurs d'IA.
07:20On dit que non, pour l'instant, ça ne les intéressait pas de rentrer dans ce pacte.
07:24Quel est votre regard déjà sur ce pacte ?
07:26Est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose ?
07:28Est-ce que ça va servir si on n'a pas des grands acteurs comme Meta, par exemple, qui n'en font pas partie ?
07:34Qui veut commencer ?
07:36Je laisse le spécialiste de l'ACNI.
07:38Je ne sais pas si je suis spécialiste spécifiquement de cette question.
07:40Mais en tout cas, effectivement, de dire que ce pacte,
07:44je considère que c'est effectivement une bonne chose
07:46parce que ça permet d'anticiper les exigences du règlement,
07:48qui, comme vous l'avez dit, vont arriver de façon échelonnée.
07:50Et en particulier, trouver à s'appliquer spécifiquement dans deux ans, donc août 2026,
07:54là, vraiment, la majorité du texte sera applicable pour ces acteurs.
07:57Donc il s'agit de se préparer.
07:59Après, le succès des signataires, j'ai l'impression qu'il y a déjà des beaux noms qui sont déjà signataires.
08:05J'imagine qu'il y a des stratégies d'entreprise qui sont peut-être différentes dans la préparation par rapport aux exigences du texte.
08:11Vous ne voyez pas ça comme un refus de l'IACT dans sa globalité, finalement ?
08:17Je ne sais pas. De toute façon, l'IACT, on ne peut pas le refuser dans tous les cas.
08:21Il trouvera à s'appliquer pour ces acteurs-là.
08:23Je pense que la signature de ce pacte est intéressante pour les acteurs
08:26parce que ça va permettre un dialogue avec la Commission et, du coup, de comprendre aussi.
08:30Il ne faut pas oublier qu'un des enjeux qu'on a tous, y compris des régulateurs comme l'ACNIL,
08:36c'est de comprendre, finalement, comment on va appliquer ce texte,
08:40comment, spécifiquement, ça va prendre.
08:44Donc ça peut permettre ça.
08:46Oui, parce que pour l'instant, on a un texte avec des intentions, on va dire.
08:50Il va falloir rentrer dans le détail, même y compris avec l'ACNIL, je pense.
08:53Il va y avoir un travail pour appliquer ce texte en France, l'adapter peut-être, le préciser,
09:00voir comment vous allez gérer la question du respect de la protection des données avec le RGPD
09:07et avec, maintenant, l'IACT ?
09:10Tout à fait, oui.
09:11L'émission de l'ACNIL, la mission historique, c'est bien évidemment de faire appliquer le RGPD,
09:14donc les données à caractère personnel.
09:16Et quand on parle d'IA, on parle à la fois du développement
09:19et puis du déploiement de l'utilisation de ces technologies.
09:21Et ça, ça mobilise dans plein de cas, pas toujours, mais dans de nombreux cas,
09:25et en particulier les cas les plus à risque identifiés dans le règlement IA,
09:28des données à caractère personnel.
09:29Donc il y a un vrai enjeu d'articulation pour nous.
09:32Et puis, par ailleurs, le règlement IA, il prévoit des structures
09:36qui vont superviser la bonne mise en œuvre de ce règlement.
09:40Aujourd'hui, elles ne sont pas désignées.
09:42Les États membres auront un an, jusqu'à août 2025, pour faire ces choix-là.
09:46Et donc, potentiellement, des autorités comme l'ACNIL
09:49pourraient se voir aussi attribuer des nouveaux pouvoirs
09:51spécifiquement par rapport au règlement IA.
09:53Alors, quand vous dites, Félicien, que de toute façon, on ne peut pas faire sans,
09:56il y a quand même Apple qui a décidé de reporter le lancement
09:58de son Apple Intelligence en Europe.
10:01On voit quand même des manifestations assez concrètes vis-à-vis de ce texte.
10:06Alors, il y a Apple d'un côté, et puis même sur la partie pacte sur l'IA,
10:10on a TikTok, on a Spotify, et même des acteurs européens,
10:14voire français, comme LeanFace ou Mistral,
10:17qui ne souhaitent pas le signer tout de suite, en tout cas s'engager sur ce pacte tout de suite.
10:20À mon sens, la question qui se pose, c'est l'utilité de ce pacte.
10:25Je suis en phase avec ce que vous venez de dire sur le fait que c'est sans engagement,
10:30mais ça a le mérite de pouvoir commencer à démarrer une certaine dynamique.
10:34Le fait de pouvoir en discuter, communiquer, c'est un deuxième rappel
10:37que l'IA Act va arriver dès l'année prochaine auprès des entreprises.
10:40Et ça leur permet peut-être d'anticiper et de se préparer.
10:43Pour autant, il n'y a pas de cadre contraignant.
10:45Et très honnêtement, les trois sujets portés par ce pacte-là,
10:49qui sont le partage de connaissances, le fait de pouvoir mettre en place une gouvernance,
10:55d'identifier les IA au risque, au sein de l'entreprise,
10:58et le troisième, je crois que c'est informer les collaborateurs,
11:00inévitablement, toutes les structures qui font de l'IA ou utilisent de l'IA
11:04font déjà ces démarches-là.
11:06Vous allez conseiller à toutes les grandes entreprises de commencer à se poser ces mêmes questions.
11:12Ça fait déjà quasiment un an, plus de six mois en tout cas,
11:16qu'on le fait et qu'on accompagne les entreprises sur ces sujets-là.
11:18Donc le fait qu'on ait ce pacte-là et des signataires sur ce pacte,
11:23c'est très bien, c'est une bonne chose, mais plus d'un point de vue communication
11:26que d'un point de vue réellement opérationnel.
11:29C'est pour ça que c'est intéressant de voir que certains ont décidé de ne pas rentrer dans ce pacte
11:34parce qu'on imagine quand même qu'ils se posent cette question de la gouvernance,
11:37qu'ils s'intéressent aux usages à risque.
11:40C'est des choses évidemment qui sont prises en compte par OpenAI,
11:43on a cité Mistral ou Anthropique.
11:45Pour autant, ils ont marqué finalement un premier désaccord.
11:49Oui, je pense qu'il y a aussi un enjeu de communication,
11:51de faire passer un message aux régulateurs en disant
11:54l'IA, c'est bien sympa, ça nous pose des contraintes, on n'est pas d'accord avec tout.
11:59De toute façon, ça va inévitablement être rediscuté dans la mise en œuvre progressive
12:04et c'est pour ça aussi que je pense qu'ils l'ont voulu progressive.
12:06Il y a des choses qui vont se rediscuter au fur et à mesure avec ces grandes entreprises.
12:10Il va y avoir un rapport de force quand même qui va s'installer,
12:12même si on a un texte voté, la messe n'est pas dite.
12:15Non, moi je suis le premier à dire qu'il nous faut évidemment une sorte d'éthique autour de l'IA.
12:24On ne peut pas l'appliquer n'importe comment, il faut respecter certains enjeux humains avec l'IA.
12:29Pour autant, il ne faut pas que ça fasse une innovation.
12:32Et c'est pour ça que...
12:33Position très française.
12:34Oui, très française, mais surtout parce que même si on a vu des contre-exemples avec la RGPD
12:40qui a fini par se diffuser un petit peu à travers le monde, aux Etats-Unis, un petit peu en Chine,
12:45l'IA Act ne doit pas freiner la R&D et l'innovation au sein de l'Union européenne
12:51vis-à-vis notamment des Etats-Unis et de la Chine.
12:53La Chine investit énormément d'un point de vue puissance de calcul pour créer leur propre LLM
12:59et le risque, il est là, il est de prendre énormément de retard sur notre continent, malheureusement.
13:05Sur un marché qui est encore naissant.
13:07Qui est naissant et qui a des perspectives, mais encore inimaginables aujourd'hui.
13:10Alors, je voulais aussi vous faire réagir sur la course en tête d'Open AI, largement en tête.
13:15Il vient d'annoncer une levée de fonds la plus importante jamais réalisée par une entreprise privée,
13:206,6 milliards de dollars.
13:23Une valorisation qui s'élève à 157 milliards de dollars.
13:27On est là avec une société qui joue dans la même cour que les plus grandes entreprises les mieux valorisées au monde.
13:34Elle a obtenu une ligne de crédit renouvelable de 4 milliards de dollars un jour après la clôture de ce tour de table.
13:41Chez Open AI, on se dit qu'aujourd'hui, ils ont vraiment les coudées franches.
13:46Ils sont pratiquement même irratrapables, selon vous ?
13:49Disons que pour une ex-association, organisation à but non lucratif, ils ont pris de l'avance.
13:55Alors, oui, effectivement, il y a une filiale Profit, mais ils voudraient basculer totalement vers une entreprise à profit.
14:05C'est inévitable. Je crois que je n'ai pas tous les chiffres en tête, mais d'un point de vue utilisateur, c'est 200 millions d'utilisateurs par mois.
14:14C'est 38 millions de requêtes par jour sur les pics de fréquentation.
14:21C'est des puissances de calcul colossales et donc des investissements financiers pour assurer ces puissances de calcul qui sont énormes.
14:28Mais c'est quand même encore 2 milliards de dollars de pertes.
14:31Les caisses se vident aussi vite qu'elles se remplissent.
14:34Cette levée de fonds, c'est une bulle d'oxygène pour Open AI, inévitablement, mais à mon sens, ce n'est pas la dernière.
14:41Ils vont devoir nécessairement avoir du cash dans les mois et dans les années à venir.
14:47La différence entre Open AI et ses petits camarades, que ce soit Microsoft ou Google, c'est qu'ils n'ont que leur IA pour faire du profit.
14:56Ils n'ont pas de revenus publicitaires comme Google, ils ne vendent pas de licences de software, ils n'ont pas de produits technologiques comme leurs concurrents.
15:06En plus, on ne parle que des dépenses de fonctionnement, mais vous avez aussi les dépenses liées à la R&D, les dépenses pour faire en sorte que Open AI reste en tête.
15:17C'est normal qu'ils cherchent du cash et qu'ils puissent en engranger. Encore une fois, je pense que ce ne sera pas la dernière levée de fonds pour Open AI.
15:24On a vu aussi la plupart des anciens d'Open AI quitter l'entreprise, le changement de statut qui est envisagé.
15:32Est-ce que ça vous interpelle sur les questions d'éthique autour de l'IA, même s'il y a un signe positif avec l'ouverture d'une filiale à Paris ?
15:42En tout cas, nous, on suit bien évidemment toutes ces actualités que vous avez commentées de près.
15:48On avait vu qu'ils nous avaient contacté Open AI pour nous dire qu'ils décidaient d'ouvrir un bureau à Paris.
15:55Donc, ils ont également un établissement principal en Irlande. Je reviendrai dessus. Et puis également, quelque chose à Londres, si je ne me trompe pas.
16:04Alors nous, ça fait partie des acteurs avec lesquels on discute, comme on discute avec des grands acteurs internationaux de l'IA.
16:10On va leur parler des GAFAM, les Google, les Amazon, les Meta, par exemple, et puis également les acteurs nationaux, Mistral, Photoroom, Lighton, etc.
16:18C'est important pour nous d'avoir ce dialogue aussi pour voir par rapport à toutes les questions que pose le RGPD quand on fait justement de l'IA,
16:26et en particulier quand on entraîne ces grands modèles fondationnels, et après qu'on va les déployer, qu'on va les mettre à disposition de différents clients.
16:34Donc voilà, on essaie d'avoir un dialogue avec eux.
16:37Et donc, le dialogue est ouvert ?
16:39Le dialogue est ouvert. En tout cas, nous, par exemple, ce qu'on dit concrètement, c'est peut-être un petit peu métaphorique dit comme ça,
16:45mais concrètement, nous, ce qu'on fait dans notre pratique, c'est qu'on va préciser comment le RGPD doit être interprété au prisme de l'IA.
16:52Parce que le RGPD, si vous connaissez un petit peu, vous savez que c'est un texte qui est neutre technologiquement,
16:56donc ça donne des grands principes, une logique de pensée de comment bien traiter les données personnelles.
17:01Mais après, ça ne dit pas spécifiquement dans le cadre du Web3, dans le cadre des véhicules autonomes, ou dans le cadre de l'IA, comment ça marche.
17:07Donc nous, notre travail, c'est de faire cette transcription, et pour le faire correctement, on propose des choses, des recommandations,
17:14et ensuite, on les soumet à consultation. Donc voilà, des acteurs comme ça, on interagit avec eux, ils nous font leur retour, on regarde, on réfléchit,
17:21et ça nous permet aussi d'avoir un certain ancrage vraiment pratique sur comment bien adapter ces principes du RGPD avec la réalité des pratiques,
17:30ce qu'on peut effectivement faire, ou plus difficilement faire.
17:32Oui, qu'est-ce qui est applicable, et qu'est-ce qui est plus difficilement applicable.
17:35Et puis par ailleurs, sur OpenAI, il faut également, je ne peux pas en parler nécessairement beaucoup, mais on a aussi toute une activité contentieuse,
17:40parce qu'à la CNIL, on reçoit aussi des plaintes, donc on a reçu des plaintes par rapport à FCHAT-GPT notamment.
17:46Il y a déjà plus d'un an, non ?
17:48Il y a déjà plus d'un an, alors c'est également, et là, ça peut être intéressant pour rappeler le fonctionnement du RGPD.
17:54Donc il y a un texte, c'est uniformément appliqué en Europe, mais c'est appliqué au sein de chaque État,
18:01donc il y a des équivalents de la CNIL dans les 27 États membres, et vous avez ce qu'on appelle le mécanisme dit de guichet unique,
18:07c'est-à-dire que pour les grands groupes internationaux transfrontaliers, il faut qu'ils déclarent un établissement principal.
18:12Donc pour OpenAI, et pour pas mal de grandes compagnies, c'est en Irlande, il y en a d'autres qui sont aux Pays-Bas, d'autres qui sont au Luxembourg.
18:21Et donc ça veut dire que nous, quand on va recevoir des plaintes à la CNIL, à l'encontre d'OpenAI par exemple,
18:27on va investiguer ces plaintes et on va se mettre en relation aussi, coopérer avec nos collègues, nos homologues irlandais,
18:33pour faire avancer tout ça, qui vont rassembler ces plaintes.
18:37Donc c'est un assez gros chantier, il y avait une task force qui a été faite, il y a eu un rapport publié il y a quelques mois sur l'avancée justement de ces investigations.
18:44– Très bien.
18:45– Après, si je peux me permettre, il y a peut-être un sujet aussi, l'avantage d'avoir un bureau à Paris,
18:50c'est d'être au plus près des régulateurs européens, et peut-être discuter aussi un petit peu,
18:54pour faire le lien avec ce qu'on disait tout à l'heure.
18:56– Oui, ça veut dire qu'ils sont conscients qu'ils vont devoir faire attention quand même aux règlements européens.
19:01– Et vous parliez de départs, mais aussi de belles arrivées chez OpenAI.
19:04Sébastien Bebec, le VP Microsoft, ex-VP Microsoft, est un bel recrut pour OpenAI, je pense.
19:12Donc il y a des départs, il y a des arrivées, puis il y a également dans l'actualité,
19:16Sam Altman qui a quitté son siège du comité de sûreté, pour éviter justement…
19:21– Des conflits d'intérêts ?
19:22– Tout conflit entre une direction d'OpenAI et leur comité de sécurité.
19:26– Après, il faut voir qui l'installe au comité de sûreté, bref.
19:28– Ça reste à voir.
19:29– Je voulais quand même qu'on garde un petit peu de temps
19:30pour parler de TikTok et de la modération par IA,
19:32puisqu'on a appris que TikTok licenciait dans ses équipes de modération,
19:36pour favoriser davantage le recours à des traitements automatisés.
19:41Alors on peut se dire, oui c'est normal ou non ?
19:45C'est quand même très inquiétant en fait de procéder comme ça.
19:49– Les deux.
19:50Oui c'est normal, quand on travaille dans l'IA et dans la data, on aime bien les chiffres.
19:54Donc si je reprends quelques chiffres de TikTok, c'est je crois un milliard d'utilisateurs par mois,
19:58et ça doit être pareil, quelques 38 millions ou 40 millions de nouvelles vidéos par jour.
20:03– On ne peut pas tout faire par les humains, ça c'est sûr.
20:05– On ne peut pas tout faire par les humains, clairement.
20:06Donc l'IA est inévitable.
20:07Et d'ailleurs TikTok, je trouve qu'ils sont même un petit peu,
20:09si j'exagère un petit peu, mais en retard par rapport à leurs petits camarades.
20:13C'était The Year of Efficiency mettant en 2023, avec quand même licencié 21 000 personnes,
20:18sous prétexte d'avoir une communication plus fluide,
20:22parce que moins de monde et des décisions plus rapides,
20:24et puis sous prétexte de les préserver de contenus choquants.
20:27Mais ils ont fait le même travail chez Meta et chez d'autres sur le remplacement de l'humain par l'IA.
20:33Comme on le disait, quand on a une telle volumétrie de contenu à modérer,
20:37on ne peut pas tout faire avec de l'humain.
20:39Ce qui est important, je pense…
20:40– D'un autre côté, on a quand même des documents qui ont été révélés aux États-Unis
20:44sur la connaissance de la part de TikTok, de l'impact de l'application
20:52sur la santé mentale des adolescents.
20:55On se dit que quand même, on ne peut pas faire l'économie d'une modération aussi humaine.
21:00Juste, on n'a plus que quelques…
21:02– Oui, il faut dire que je rejoins M. Malzac sur le fait qu'il faut,
21:05ça nous semble, et nous c'est la vie de la CNIL,
21:07qu'il faut développer l'IA, une IA qui soit à la fois innovante
21:10et qui respecte les libertés.
21:12Et que vraisemblablement, pour ce genre de tâches, avoir des outils automatisés c'est utile.
21:16Mais par contre, de dire que ça va remplacer, s'affranchir d'opérateurs humains,
21:20ça semble aller quand même à l'encontre de ces choses-là.
21:23Parce qu'en plus, on s'attend finalement à un avalanche de contenus,
21:27de plus en plus de contenus artificiellement générés.
21:30Donc on va avoir une course entre l'attaque et la défense,
21:33un petit peu comme on a en cryptologie,
21:35avec des gens qui vont être en mesure de mieux en mieux générer de nouveaux contenus,
21:39d'autres qui vont mieux en mieux les détecter.
21:41Mais bon, il faut nécessairement renforcer ces postes-là,
21:45et en particulier les opérateurs humains.
21:47– Il y a des modérations complexes qui ne peuvent pas être automatisées.
21:50– Tout à fait.
21:51– L'IA ne pourra pas avoir la vision de l'humour noir,
21:55il y a certains champs d'application de contexte que l'IA ne traitera pas.
21:58Donc les humains seront toujours présents, peut-être moins nombreux,
22:01parce qu'il faut des renforts technologiques pour pouvoir analyser cette masse de données.
22:05Mais l'IA sera toujours là, ne serait-ce que pour surveiller les faux positifs.
22:09Et d'ailleurs ce serait intéressant, TikTok ne communiquera probablement pas dessus,
22:12mais ce serait intéressant de voir, parce que déjà 80% des vidéos
22:16sont déjà traitées par l'IA chez TikTok.
22:18Mais de voir quelle est la proportion de faux positifs qui va arriver dans les mois à venir.
22:23– Vous travaillez sur ces sujets aussi du côté de l'ACNI ?
22:25– Alors on travaille un petit peu, en tout cas de dire,
22:26et aussi parce qu'il y a des exigences aussi réglementaires,
22:28parce qu'on n'en a pas parlé, mais le règlement sur les services numériques,
22:30le DSA, ça impose à ses opérateurs de plateforme des résultats en matière de modération.
22:34Et nous ça nous intéresse plus de façon générale
22:37sur comment est-ce qu'on travaille être humain avec aussi des systèmes automatisés,
22:42c'est quoi la place de l'humain,
22:43et comment on construit aussi bien cette hybridation finalement
22:45entre avoir un opérateur qui va pouvoir avoir un outil,
22:49et effectivement le couplage va bien fonctionner,
22:51et ce n'est pas complètement évident.
22:53Donc par exemple, on a récemment publié des articles
22:55sur le site de notre laboratoire link.acnil.fr, si ça vous intéresse.
22:58– La collaboration avec les IA, merci beaucoup, on en parle de plus en plus.
23:01Merci Félicien Vallée, chef du service IA à l'ACNIL,
23:04et Jérôme Malzac, directeur de l'innovation chez Micropole.
23:07On enchaîne avec notre regard sur le marché du mobile, ce qui se passe côté coulisses.
23:13Générique
23:19On termine cette édition avec Jérôme Bouteiller, bonjour Jérôme.
23:21– Bonjour.
23:22– Je rappelle que vous êtes fondateur d'écranmobile.fr,
23:24et vous nous apportez un regard sur ce business dans le monde du mobile.
23:28Aujourd'hui, on va particulièrement se pencher sur les lunettes connectées,
23:32segment de marché en plein bouleversement non ?
23:36– Oui effectivement, un segment qu'on va élargir aux casques, aux masques,
23:39de réalité augmentée, de réalité virtuelle,
23:41en gros tout ce qu'on se met sur le nez ou sur la tête,
23:43et qui ressemble beaucoup au marché des smartphones il y a une vingtaine d'années.
23:47Tout le monde pressent que ça va être un marché absolument gigantesque,
23:50mais personne n'a encore trouvé le produit qui va séduire le grand public.
23:53On peut par exemple citer le groupe Microsoft,
23:56qui a essuyé les plâtres depuis quelques années avec le HoloLens,
23:59un modèle vendu à plusieurs centaines de milliers d'unités,
24:02et ils ont annoncé il y a quelques jours, coup sur coup,
24:05l'abandon de la commercialisation du HoloLens 2,
24:08mais également l'arrêt du développement du HoloLens 3,
24:11qui devait être son successeur,
24:13et qui a évidemment laissé tous ses clients dans l'expectative,
24:16à commencer par la puissante armée américaine,
24:19qui avait signé un contrat de plus de 20 milliards de dollars
24:21avec Microsoft pour ce produit.
24:23– Aïe, aïe, aïe, et la tendance du côté d'Apple ?
24:25– Alors Apple, on va bientôt fêter le premier anniversaire du Vision Pro,
24:29ce fameux casque de réalité mixte, cet ordinateur spatial d'Apple.
24:33Alors sur le plan technique, le produit paraît plus abouti,
24:36il est assez séduisant, il n'y a pas ce problème de mal de cœur
24:39qu'on pouvait avoir avec le HoloLens,
24:41mais évidemment le frein c'est plutôt côté commercial,
24:44avec un produit qui est quand même vendu plus de 4 000 dollars,
24:47c'est quand même assez cher, y compris pour les fans de la marque Apple,
24:50et selon les prévisions d'IDC,
24:52il se vend moins de 100 000 unités de ce produit chaque trimestre,
24:56avec même des ventes qui auraient tendance un petit peu à baisser,
24:59et donc à moins d'une baisse drastique des prix pour la fin d'année,
25:02Tim Cook risque de ne pas atteindre son objectif
25:05de vendre un demi-million de casques dès la première année.
25:08Est-ce que ça peut refroidir les concurrents ?
25:10Eh bien pas vraiment, on a une avalanche de nouveautés,
25:13de nouveaux produits qui arrivent dans les prochains mois,
25:15on pourrait commencer par le groupe Snap,
25:17qu'on connaît pour son application Snapchat,
25:19mais qui est également présent sur le marché des lunettes connectées,
25:21avec les Spectacles, avec des petits appareils photos sur les côtés,
25:24et aussi avec les New Spectacles,
25:26un produit qui est plutôt destiné aux développeurs,
25:28mais qui permet de faire de la réalité augmentée.
25:30Alors ils ont profité d'une conférence développeurs fin septembre
25:33pour dévoiler un nouveau modèle,
25:35un modèle plus compact que ceux d'Apple et Google,
25:37226 grammes, une autonomie limitée de 45 minutes,
25:40mais surtout un modèle économique assez séduisant,
25:42puisqu'il est loué, vendu, en tout cas,
25:44une centaine de dollars par mois aux développeurs,
25:46et ça attire pas mal de monde.
25:48On peut citer deux grands groupes qui ont décidé de travailler avec Snap,
25:50c'est Lego, qui fait de plus en plus de jeux vidéo,
25:52et également Niantic Labs,
25:54qui avait fait des jeux sur iPhone avec Pokémon Go.
25:56Et puis c'est un segment aussi qui intéresse beaucoup Meta, évidemment.
25:59Évidemment, Meta, qui avait changé de nom il y a trois ans
26:02pour mettre le cap sur le metaverse,
26:04mais qui parle paradoxalement un petit peu moins de réalité virtuelle
26:07et de plus en plus de réalité augmentée et de lunettes connectées,
26:10grâce au succès des modèles lancés avec Ray-Ban.
26:13On parle de plus d'un million d'unités qui ont été vendues ces dernières années.
26:16Et il y a une nouveauté, évidemment, à cette rentrée,
26:19c'est l'arrivée de Meta AI, l'intelligence artificielle,
26:21qui va utiliser ce qu'on voit dans les caméras des lunettes,
26:24qui va interagir avec l'audio dans les branches des lunettes
26:27pour nous décrire notre environnement.
26:29Mark Zuckerberg avait également profité d'une conférence développeurs
26:31pour annoncer Orion.
26:33Alors, ça va être un prototype de lunettes connectées
26:35qui va ressembler un petit peu au modèle de Snap.
26:37Il y aura de la réalité augmentée dans le champ visuel,
26:39mais c'est pour la fin de cette décennie,
26:41puisque le prototype a un coût estimé à peu près 10 000 dollars.
26:43Mais on sent que Mark Zuckerberg est très enthousiaste sur ces produits.
26:46Oui, c'est vrai. Alors, convaincant, nous verrons.
26:48Et on parle aussi de Google.
26:50Oui, Google qui avait ouvert un peu ce marché
26:52il y a plus d'une dizaine d'années avec les Google Glass,
26:54qui avait été lancé par Sergey Brin, le cofondateur de Google,
26:58mais qui n'avait pas rencontré le succès
27:00et qui était assez déceptive sur le plan technique
27:02avec une autonomie très limitée.
27:04Et grâce à une indiscrétion de Qualcomm,
27:06le fabricant des processeurs de la plupart des smartphones,
27:08il semblerait que Google s'apprête à revenir
27:10sur ce segment de marché en partenariat avec Samsung,
27:12donc des lunettes qui pourraient probablement ressembler
27:14à ce que fait Meta avec des appareils photos,
27:16de l'audio dans les oreilles,
27:18et puis peut-être aussi quelque chose
27:20pour enrichir le champ visuel.
27:22Est-ce que ça représente aujourd'hui
27:24un marché important, les lunettes connectées ?
27:26Eh bien, non, c'est un tout petit marché.
27:28On parle en centaines de milliers d'unités,
27:32mais on pressent tous que ça va devenir
27:34un marché gigantesque. Pour rappel,
27:36il y a plus de 6 milliards de personnes
27:38qui portent des lunettes sur Terre.
27:40En France, c'est les deux tiers des Français
27:42qui ont des lunettes correctrices ou des lunettes solaires.
27:44Chez les plus de 65 ans, c'est même 90 %.
27:46Ils se vendent à peu près 20 millions de paires
27:48chaque année, 40 000 par jour.
27:50Et donc, effectivement, on sent que ça va être
27:52un marché absolument gigantesque.
27:54Et ce que tout le monde attend,
27:56c'est le moment iPhone, le moment où un produit
27:58va arriver sur le marché d'ici deux ou trois ans,
28:00qui saura enfin séduire le grand public
28:02et changer notre rapport à la réalité.
28:04Peut-être qu'on a tous envie de se débarrasser
28:06de nos lunettes, au contraire. Bon, on verra ça.
28:08Merci beaucoup. En tout cas, on suit
28:10ces tendances du marché mobile avec vous,
28:12Jérôme Bouteiller. Je vous rappelle,
28:14vous êtes le fondateur d'EcranMobile.fr.
28:16Merci encore, et merci à vous de nous suivre
28:18sur la chaîne Bismarck for Change,
28:20également en replay et en podcast.
28:22C'était Smartech, et on se retrouve très bientôt
28:24pour une nouvelle vidéo.

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