Samedi 19 octobre 2024, TIME TO TALK reçoit Nicolas Ducoudert (fondateur et designer, Beaubleu) et Maxime Herbelin (Directeur Marketing associé, Herbelin)
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00:00Dans ce premier numéro de Time to Talk, nous sommes à We Love Watches, le rendez-vous horloger parisien de ce mois d'octobre.
00:15Dans une première partie d'émission, nous serons avec Maxime Herbelin qui viendra nous présenter son nouveau modèle ainsi que nous parler des trois générations de la maison.
00:26Et dans une seconde partie, nous serons avec Nicolas Ducoudère, fondateur de Beaux-Bleus, qui nous dira tout sur les challenges d'une jeune marque.
00:34C'est tout de suite dans Time to Talk.
00:40Bonjour Maxime Herbelin et merci d'être avec nous pour cette première de Time to Talk.
00:44Bonjour, merci de m'inviter. Je suis ravi de faire partie de l'émission et surtout d'être là pour la première de l'émission.
00:50Alors, ce n'est pas un hasard si on vous a demandé d'être la première maison à venir sur Time to Talk.
00:57Nous sommes à la télé française, c'est la première émission à la télé française sur l'horlogerie.
01:04Herbelin est la maison, une des maisons qui représentent le mieux l'horlogerie française aujourd'hui.
01:10Depuis 1947, vous êtes vous-même la troisième génération d'Herbelin qui dirige cette société.
01:19Parlez-nous un petit peu de ce chemin parcouru qui se termine par ce magnifique modèle que nous avons ici,
01:28qui est la carbone titane squelettée.
01:31Mais je m'arrête parce qu'après, derrière, je vais trop en dire.
01:35Je pense que vous connaissez déjà très bien le produit.
01:37Vous connaissez en tout cas très bien la marque et son histoire.
01:40Effectivement, je représente la troisième génération d'Herbelin à la tête de l'entreprise qui a été créée il y a presque 80 ans par Michel.
01:46Michel Herbelin qui a créé la marque éponyme et qui a transmis à ses enfants dans les années 70-80,
01:52qui eux-mêmes ont transmis à leurs enfants dans les années 2010-2020.
01:55C'est vraiment une belle histoire de famille qui est nichée au cœur des montagnes du Jura, mais du côté français,
02:00c'est-à-dire dans le berceau de l'horlogerie, historique, mais côté français.
02:04On a la chance d'exister sans discontinuité depuis presque 80 ans.
02:11Je ne vous cache pas qu'il y a des hauts et des bas.
02:13Beaucoup d'entreprises les ont traversées avec plus ou moins de succès.
02:19Nous, on a eu la chance justement de survivre à toutes les crises et de se développer.
02:24À toutes les crises, en restant dans la transmission, de génération en génération, une marque indépendante,
02:30ce qui est assez rare aujourd'hui dans le paysage horloger. Il y a beaucoup de groupes.
02:34Alors, dans le paysage horloger français, c'est plutôt aujourd'hui monnaie courante, on va dire.
02:39Par contre, c'est sûr qu'à l'échelle internationale, toutes les marques qui ont une aura internationale sont regroupées, effectivement.
02:48Très bien. On va peut-être regarder ce modèle que vous nous décrirez et que vous nous expliquez.
02:56Alors, si je ne m'abuse, ce modèle est une résultante de la collaboration que vous avez avec Aurélien Ducrot.
03:04Tout à fait.
03:05Expliquez-nous.
03:06Alors, ce modèle est effectivement issu de la collaboration que nous avons avec Aurélien Ducrot depuis 2019.
03:12Pour la petite histoire, en 2022, il a créé son propre bateau pour faire des courses transatlantiques, notamment en classe 40.
03:19Et les couleurs de son bateau sont jaunes et noirs.
03:21Ce ne sont pas les couleurs historiques d'Airbolin puisqu'on est plutôt sur le bleu et le jaune, historiquement.
03:26Mais on a voulu lui rendre hommage, lui faire plaisir et puis qu'il ait envie de la porter, bien sûr.
03:33Il avait déjà envie de porter les montres Airbolin auparavant, mais le fait qu'on lui fasse un modèle exclusivement pour lui,
03:38ou spécialement, tout du moins, ça l'a beaucoup touché et il la porte en permanence.
03:42La grande soeur de ce modèle, qui était un chrono de régate, a déjà fait 250 000 milles marins.
03:47D'accord.
03:48Et également plusieurs sommets 4 000. Donc, elle fait des dénivelés.
03:51Oui, parce que c'est la spécificité d'Aurélien Ducrot.
03:54Tout à fait.
03:55C'est qu'il est navigateur, mais c'est avant tout un montagnard.
03:57À la base, c'est un chamognard, effectivement. Je crois, si je ne dis pas de bêtises.
04:01Il est né à Chamonix, je crois.
04:02Il est né à Chamonix et son père est moniteur de ski, sa mère guide de haute montagne.
04:05Donc, il était déjà...
04:07Depuis tout petit et champion du monde de freeride en 2011, je crois.
04:11Et en 2004, deux fois.
04:12Deux fois.
04:13Deux fois champion du monde de freeride, recordman de l'extrême de Verbier, de victoire à l'extrême de Verbier.
04:18Donc, il est considéré comme la course la plus dure en ski freeride.
04:21Et il est également champion du monde de classe 40.
04:23Donc, en fait, un champion accompli à tout niveau.
04:25Donc, pour nous, il est véritablement...
04:27Sur les mers en montagne, c'est le genre d'ambassadeur dans toutes les marques rêve.
04:31Exactement.
04:32C'est parfait.
04:33Donc, il porte ce modèle-là.
04:34Il porte ce modèle-là.
04:35Donc, ce modèle-là, c'est...
04:36Dans sa version chrono ou en trois aiguilles ?
04:38Alors, il a porté sa version chrono pendant deux ans.
04:40Et cette fois-ci, ça fait un mois qu'il la porte en version trois aiguilles squelette.
04:45Parce que là, on a quelque chose de beaucoup plus léger.
04:47Même si la première version était déjà en titane et en carbone.
04:50Là, on est aussi en titane carbone.
04:51Mais le mouvement squeletté en trois aiguilles est beaucoup plus léger que le mouvement chrono.
04:57Le chrono regatte, d'ailleurs.
04:58Et en plus, l'autre montre fait 46,5 millimètres de diamètre.
05:04Et celle-ci est plutôt de l'ordre de 42.
05:05Donc, on a quand même un petit peu moins de matière.
05:09Donc, c'est beaucoup plus léger.
05:10Mais ça reste très, très résistant.
05:12Et pour nous, c'est une vraie réussite.
05:15Ou en tout cas, j'allais dire exploit.
05:17Mais je pense que le mot est un peu fort.
05:18Parce qu'on a cette expertise depuis presque 80 ans.
05:20Donc, on arrive à connaître un petit peu là où on veut aller.
05:23Enfin, savoir du moins là où on veut aller.
05:24Là, on a du titane et du carbone.
05:26C'est-à-dire qu'on a un conteneur en titane qui nous permet d'avoir une étanchéité à 200 mètres.
05:30Et qui est recouvert par du carbone forgé pour lui amener son esthétisme et sa résistance.
05:34On lui a ajouté un bracelet en FKM.
05:36Donc, un fluoroélastomère qui, lui, est extrêmement résistant.
05:41Donc, on le garantit de 10 ans.
05:42Pour un bracelet qui, d'aspect, de très loin, peut sembler être du caoutchouc traditionnel.
05:47Non, ce n'est pas le cas.
05:48C'est vraiment quelque chose de très performant.
05:49Et le tout basé sur ?
05:51Sur le modèle historique Newport.
05:53Le modèle historique Newport.
05:54Qui pèse quoi aujourd'hui dans la marque, la ligne Newport ?
05:57C'est environ 40 % du chiffre d'affaires.
05:5940 %, d'accord.
06:0040 % du chiffre d'affaires.
06:01Effectivement, la ligne Newport, ce qui a fêté ses 35 ans l'année dernière,
06:03qui avait été créée en 1988, peu de temps après le départ en retraite de Michel.
06:08Donc, c'est ses deux fils, Pierre-Michel et Jean-Claude, qui ont décidé de lui faire un modèle hommage.
06:13Puisque Michel était un peu à l'instar d'Aurélien, un montagnard qui est parti à la conquête de la mer.
06:18Donc, il est parti.
06:19D'accord, très bien.
06:20Et alors, la génération d'après arrive avec une nouvelle ligne, qui est la ligne Cap Camara.
06:27Alors oui, la ligne Cap Camara, qui arrive en 2018, mais qui est très inspirée du modèle de 1969,
06:33qui avait été créé par Michel à l'époque, qui s'appelait Space Master.
06:37En fait, c'est un modèle qui a été remis au goût du jour.
06:39Et en fait, c'est plutôt intéressant ce modèle, parce que c'est la fin de la deuxième génération
06:43et le début de la troisième.
06:44Donc, c'est vraiment le mélange des deux genres, le côté vintage qu'on avait déjà dans les années 70,
06:48qui a été modernisé par Mathieu, mon cousin, qui est le directeur de création.
06:52Et puis, le retour du bracelet intégré.
06:53Et le retour du bracelet intégré, qui est dans la boîte chez tout le monde aujourd'hui,
06:56mais qui faisait partie intégrante de nos collections,
06:58comme dans beaucoup de grandes marques de l'époque, dans les années 60-70.
07:02Je porte actuellement une très belle version chrono de la Cap Camara.
07:08Exactement.
07:09Alors, Cap Camara Ramatuelle, quelle est la connexion avec ça ?
07:13C'est là où vous avez la maison de famille ?
07:15Alors, pas du tout.
07:16La famille est plutôt du côté de Porquerolle.
07:20D'accord.
07:21C'est-à-dire, Porquerolle, c'est très, très loin.
07:23Pas très, très loin.
07:24Mais Cap Camara, c'est pour ce côté un peu sauvage, ce côté très sauvage qui nous plaît beaucoup.
07:29Magnifique Cap Camara.
07:30Exactement.
07:31C'est pour ça que le nom, effectivement, est issu de ce cap.
07:34Très bien.
07:35Maxime, on passe au business d'Herbelin.
07:40Herbelin, très important pour nous dans Time to Talk d'aller au-delà des modèles
07:46parce qu'on trouve beaucoup de contenu sur les modèles,
07:48beaucoup moins sur le business de l'horlogerie,
07:50sur les hommes et les femmes qui font le business de l'horlogerie.
07:54Et les résultants, les chiffres d'affaires, la répartition, les plans internationaux.
08:00Le positionnement de la marque, aujourd'hui, évolue face à la concurrence internationale,
08:06j'imagine, chez Herbelin.
08:09Qui est le client type d'Herbelin, aujourd'hui ?
08:13Alors ça, c'est une bonne question qu'on se pose aussi tous les jours
08:16parce qu'on ne peut pas définir un seul type de client.
08:20Pour la simple et bonne raison qu'Herbelin, depuis toutes ces années, est une marque généraliste.
08:24Donc, on est aussi bien reconnu dans les produits féminins, dans les produits horlogers
08:28ou dans les produits design.
08:30Donc, ce spectre de collection nous permet d'avoir une clientèle assez large, on va dire,
08:36sachant qu'on essaie tout de même de toucher les gens qui sont sensibles
08:40à ce petit souci du détail qu'on peut avoir dans la création française,
08:43tout en ayant aussi une forme d'envie d'avoir un produit qualitatif qui va durer dans le temps.
08:49Je m'explique, c'est-à-dire que nous n'utilisons que des mouvements suisses
08:53à l'heure actuelle dans nos montres. Pourquoi ?
08:57Aujourd'hui, les gages de qualité, de précision et surtout nos horlogers.
09:02Et d'approvisionnement.
09:03Et d'approvisionnement en filière courte, c'est dans l'air du temps.
09:07Il n'y a qu'à traverser.
09:08Il n'y a qu'à traverser.
09:09On est à 9 km à bol d'oiseau de notre fournisseur de mouvements mécaniques
09:12et puis à 50 de notre fournisseur de mouvements quartz.
09:15Donc, on est vraiment…
09:17C'est très concentré.
09:18C'est très concentré, exactement.
09:19Et pourquoi nous utilisons également ce type de mouvement ?
09:21Parce que nos horlogers, on a environ 50 horlogers dans nos ateliers à Charquemonde.
09:25Ils les connaissent très bien.
09:26Donc, ils sont capables de les régler ou de les modifier sur le traitement.
09:29Nous, on règle nos mouvements mécaniques pour qu'ils soient…
09:32Il y a un retard de 0 à 15 secondes par jour.
09:35Ce qui n'est pas normé, mais ce qui nous permet d'avoir un produit quand même…
09:39Non, mais c'est votre norme interne.
09:40C'est notre norme interne.
09:41On ne s'assort pas des ateliers tant qu'on n'est pas entre 0 et 15.
09:44Exactement. En général, on est un petit peu en dessous.
09:46De dériveur journalier.
09:47Mais ça, c'est historique chez nous.
09:48C'est vraiment quelque chose qui avait été inculqué par Michel,
09:50qui l'a inculqué lui-même après à ses successeurs.
09:53Ça, c'est quelque chose qui nous plaît beaucoup.
09:55Maxime, chez Herbelin, l'international, on en est où ?
10:00Qu'est-ce que ça représente aujourd'hui pour la marque ?
10:03Alors, l'international, c'est quelque chose qui a été initié…
10:07En tout cas, la volonté de dépasser les frontières françaises a été initiée dans les années 70,
10:12avec l'arrivée de mon oncle au sein de l'entreprise.
10:16Michel était à la partie technique et développement, et puis le marché français.
10:19Et Jean-Claude, lui, a voulu aller plus loin.
10:23Ça, ça a été poursuivi par Jean-Claude, par Pierre-Michel, mon père aussi,
10:26qui est arrivé un petit peu plus tard dans l'entreprise.
10:28Et c'est quelque chose qui a toujours été prioritaire.
10:32On a des marchés européens qui sont plutôt forts.
10:35On a un marché historique qui est l'Afrique du Sud.
10:37Si on a été l'un des premiers à aller sur ce marché, ce n'était pas forcément…
10:41D'accord. Donc, l'imprimeur au premier.
10:43Pionnier dans l'Afrique du Sud.
10:45L'un des premiers, oui, effectivement. Pionnier, je ne pourrais pas le dire.
10:47Je n'étais pas forcément là non plus.
10:48Mais en tout cas, je sais qu'il n'y a aucune autre marque, en tout cas européenne,
10:52qui était présente à ce moment-là.
10:53Donc, ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir une position plutôt forte sur ce marché.
10:57D'accord.
10:58Et puis l'Asie. Mais l'Asie a eu un petit peu de mal pendant le Covid, on va dire.
11:04Oui, on parlait de la Chine un petit peu avant l'émission.
11:05Voilà.
11:06Bon, clairement, il y a un ralentissement.
11:08Un fort ralentissement, oui.
11:09Qui est bien ressenti par toute l'industrie, je pense.
11:12Mais la lumière au bout du tunnel se dirigerait un petit peu du côté de l'Inde, apparemment.
11:17En tout cas, l'Asie, oui, l'Inde, effectivement.
11:19On avait des veilléités de développement en Chine il y a peu de temps.
11:23Juste, on va dire, post-crise Covid.
11:26Et puis, nos stratégies, c'est plutôt dirigé vers l'Inde.
11:30Et puis, c'est un marché prometteur qu'on a ouvert très récemment.
11:33Très bien.
11:34Le chiffre d'affaires global aujourd'hui d'Herbelin, c'est ?
11:37On va tourner entre 20 et 25 millions.
11:39Et une répartition France-internationale ?
11:42On va être plus fort en France.
11:44Parce que là, je vous parle au niveau groupe.
11:46Et en fait, c'est la marque Herbelin qui, elle, est plus forte à l'international
11:49que les autres marques du groupe qui, elles, sont très françaises.
11:51Mais donc, pour le groupe, ça va être, on va dire, 70 % en France et 30 % à l'international.
11:57Et si on prend que Herbelin, ça va être 50 % en France, 50 % à l'international.
12:00Très bien.
12:01Côté distribution, vous ouvrez il y a deux ans, à peu près, le flagship Rubonaparte à Paris.
12:08Tout à fait.
12:09Les premières conclusions, après ces deux ans d'activité ?
12:12Alors, effectivement, ça fait deux ans exactement, puisqu'on a ouvert fin septembre 2022.
12:18Donc, on est vraiment…
12:19Donc, on est vraiment… Le timing est très bon.
12:21En tout cas, les chiffres annoncés sont très bons.
12:23Le bilan, pour nous, c'est très positif.
12:26La raison principale, c'est un véritable écran pour notre marque.
12:30Ça nous permet… On a 15 mètres linéaires de vitrine, Rubonaparte et Rue du Four.
12:34Donc, ce qui nous permet d'exprimer totalement notre volonté, notre manière de présenter nos produits,
12:39que ce soit les lignes féminines, masculines, automatiques, quarts, sportifs.
12:43Enfin, l'univers Herbelin est là et il est bien représenté.
12:46Et la boutique sur deux étages, qui fait quand même 150 mètres carrés,
12:50nous permet vraiment de mettre les gens à l'aise.
12:53On veut un cadre chaleureux, à notre image.
12:55Et puis, d'avoir du retour au marché aussi, de leur part, directement.
12:57Un retour au marché direct.
12:59Donc, la première année, c'est une année test, une année de lancement,
13:03qui s'est plutôt bien passée.
13:04La deuxième année est plutôt en croissance, malgré la conjoncture.
13:09Donc, c'est très positif.
13:10Et l'image que ça dégage à l'international, ça nous permet aussi d'être une marque française qui compte.
13:15Et je pense que c'est important.
13:17Merci beaucoup, Maxime, d'avoir été avec nous aujourd'hui pour cette première de Time to Talk.
13:21Qu'est-ce qu'on vous souhaite, cher Herbelin ?
13:23De l'énergie.
13:24De l'énergie, du bonheur, de la longévité.
13:27Voilà.
13:28Surtout, et que la marque perdure.
13:30Merci beaucoup, Maxime.
13:31Merci à vous.
13:36Pour cette deuxième partie de l'émission, je reçois un enfant terrible du designer logé français, fondateur de la marque Beaubleu.
13:46Bonjour, Nicolas Ducoudert.
13:47Bonjour.
13:49Alors, ravi que tu sois avec nous aujourd'hui.
13:52On va parler de montres, on va parler de Beaubleu, on va parler de marché, on va parler d'international.
13:57Et on va parler de culture aussi parce que le développement du marché horloger se fait aussi par cet aspect-là.
14:06On y revient dans un instant.
14:08Tu es venu aussi nous présenter une montre qui est la seconde française.
14:13Vous êtes nommé au Grand Prix d'horlogerie de Genève cette année pour ce modèle-là, donc une date très importante.
14:212017, tu crées la marque Beaubleu, 70 ans après Herbelin, par exemple, qui est de 47.
14:34Ma première question, c'est sur l'histoire de la marque.
14:38Beaucoup de marques horlogères se basent sur leur histoire pour vendre.
14:42Comment on fait quand on lance une marque et qu'on n'a pas d'histoire ?
14:46Au départ, on ne vend pas l'histoire.
14:49Au départ, on ne vend pas la marque non plus.
14:52On vend le projet de manière très humble.
14:56On dit, j'avais un projet au départ très égoïste de me faire ma petite montre.
15:02Et puis la petite montre est devenue, pourquoi pas essayer de lancer un projet, de faire une petite déclinaison,
15:08de voir si une communauté peut s'agglutiner un peu autour, qu'on comprend la vision en termes de design, en termes de temps et en termes d'horlogerie.
15:16Et voir si déjà avec ça, ça peut prendre.
15:19Mais on était loin de l'idée de créer une marque, d'être là même encore là après 7 ans.
15:26Donc d'abord, on vend plutôt le projet en disant, il y a une vision, il y a une manière de voir le temps qui est différente.
15:32Donc on le présente différemment et on le lit différemment.
15:35Et c'est plutôt cette vision, cette philosophie qu'on va mettre en avant.
15:39Et au fur et à mesure, après des collections, on arrive à décliner un petit peu notre vision à travers les collections.
15:48Les étapes, les grandes étapes depuis 2017 pour Beaubleu, c'est quoi ?
15:55Les grandes étapes, alors bien sûr, fin 2017, on présente dans une petite galerie d'art, les quatre modèles qui étaient la première collection.
16:03Et puis en fait, nous, on faisait une collection limitée tous les deux ans, ce qui était déjà suffisamment rapide.
16:08Mais du coup, après, globalement en 2020, il y a eu deuxième collection, il y a eu le Covid qui est arrivé.
16:16Mais nous, ça a plutôt très bien fonctionné.
16:19Donc là, ça rebat les cartes, mais en fait, ça vous met un coup d'accélérateur, le Covid.
16:23Oui, alors est-ce que ça aurait été trois fois, 20 fois plus s'il n'y avait pas eu le Covid ?
16:28Est-ce que ça aurait été 20 fois moins s'il n'y avait pas eu ?
16:30Ça, on ne saura malheureusement jamais.
16:33Mais ça, ça a été une grande étape parce que le projet, il fallait qu'il devienne aussi une société avant même de devenir une marque.
16:40Donc, on s'était vachement focalisé sur l'objet, la qualité de l'objet.
16:45Mais finalement, la rentabilité ou quelque chose comme ça n'était pas forcément le premier objectif.
16:50C'était de tester le projet dans les pires conditions.
16:54Et ensuite, si c'était validé, à ce moment-là, on passait à autre chose et on pouvait parler de marque, d'autre chose.
16:59Donc, au fur et à mesure des années, ça s'est évidemment bien passé.
17:02On a ouvert notre propre boutique au centre de Paris, dans le troisième.
17:07Et au fur et à mesure du temps, on a aussi lié des relations commerciales avec des revendeurs, des grands magasins, etc.
17:15On va revenir sur ces aspects de distribution juste après.
17:20Je voudrais juste qu'on regarde, parce que tu l'as apporté, le modèle qui vous a valu cette nomination au Grand Prix d'horlogerie de Genève,
17:27qui s'appelle la seconde française.
17:30Parle-nous un peu de ce modèle, en deux minutes, pour qu'on comprenne ce qu'il a de spécial.
17:37On parlait de vision, c'est-à-dire que généralement, avant de me jeter sur le papier et les crayons,
17:42j'essaie de partir d'abord d'une réflexion.
17:45Et généralement, on fait toujours une réflexion autour du temps.
17:48Et on trouvait que finalement, la seconde, c'était un peu le parent pauvre de la montre, ou même du temps.
17:53C'est-à-dire que c'est toujours là, on n'a pas besoin de le lire.
17:56À part pour cuire ses oeufs et faire le compte à bourne du nouvel an, globalement, on n'a pas tellement besoin.
18:00Mais elle est essentielle, parce que c'est elle qui montre aussi qu'elle marche, parce que la seconde commence à bouger.
18:07Et donc, elle a un côté un peu insaisissable, et le mec a besoin d'être là, etc.
18:12Et on s'est dit, allez, on va faire un focus sur ce parent pauvre, qui va être la seconde.
18:17On l'a fait insaisissable, donc volante.
18:20Et donc, on l'a appelée seconde française, parce qu'on trouvait que…
18:23Il n'y a que les Français pour trouver une originalité hexagonale par rapport à une unité de temps.
18:29Et en plus, on a lié un partenariat avec la manufacture française, France & Bosch.
18:34Donc, avec un mécanisme français.
18:36Et donc, pour ainsi dire, la boucle était bouclée.
18:38Donc, il n'y a pas que du design.
18:40Non, il n'y a pas que du design.
18:42Le cœur mécanique aussi est une nouveauté chez vous.
18:45C'est ça, parce qu'après 7 ans, on peut aussi se le permettre.
18:48Le mouvement est de très bonne facture.
18:50Il n'est aussi pas exactement le même prix.
18:52Donc, il fallait aussi gagner en légitimité auprès de la communauté qu'on avait construite.
18:58Et être capable aussi de supporter, justement, toute cette complication, entre guillemets, avec cette seconde volante.
19:06Et c'est vrai que le fait d'avoir déjà été nominé officiellement à ce qu'on appelle l'Oscar de l'horlogerie, le GPAG.
19:16On ne fait pas ça pour les concours.
19:18Mais c'est quand même très agréable.
19:20En plus, ça vient de Suisse.
19:22Les Suisses, parfois, ne regardent pas forcément la France pour l'horlogerie.
19:25Et puis, il y a du beau monde en face.
19:27Et il y a du très beau monde.
19:28C'est aussi se mesurer aux plus grandes marques suisses aujourd'hui.
19:35Et internationales, d'ailleurs.
19:37Oui, parce qu'il y a aussi des gros bureaux de développement.
19:39Il y a aussi beaucoup de choses qui se font partout dans le monde.
19:42Et c'est vrai qu'avoir un peu de lumière sur nous, c'est…
19:44C'est absolument bluffant, la manière dont cette seconde survole le chemin de fer externe.
19:50C'est vraiment bluffant.
19:54Tu le disais, vous avez ouvert une boutique à Paris.
19:56Vous avez des partenaires un peu partout, en France, bien sûr, à l'international aussi.
20:00Comment se répartit le chiffre de beau bleu entre votre marché domestique, qui est la France quand même, et l'international ?
20:07Évidemment, ça a vachement évolué avec les années.
20:11Au début, c'était du 90-15-5.
20:15On va dire, maintenant, on est à du 65-35.
20:22Et ça s'est fait à peu près en moins d'un an.
20:24La répartition s'est faite assez différemment maintenant.
20:26Parce que l'année dernière, on devait être à 80-20.
20:31Mais avec beaucoup au Japon, et maintenant énormément aux États-Unis.
20:35Et ça s'explique…
20:36Pas forcément par le GPAG.
20:38Parce qu'évidemment, ça nous a montré une couverture médiatique assez importante.
20:42Mais je pense qu'il y a eu, depuis ces 15 dernières années,
20:47il y a beaucoup de marques qui se sont créées.
20:49Il y en a toujours beaucoup qui se créent.
20:51Et naturellement, je pense que les gens sont un peu plus attentistes maintenant.
20:54En se disant, bon, c'est peut-être une bonne initiative.
20:57Mais est-ce qu'ils seront là dans 5 ou dans 6 ans ?
21:00Maintenant, ça fait 7.
21:01Donc, ils se disent qu'en fait, il y a des ateliers derrière.
21:04Il y a du suivi.
21:06Je pense que les gens sont plus rassurés maintenant.
21:09Et c'est pour ça que ça grandit aussi.
21:12Il faut durer pour exister.
21:14Oui, c'est ça.
21:15Nous, c'est un peu notre seule moto.
21:17Et aller prendre des marchés.
21:18Donc là, les US, le « move » d'après, c'est quoi ?
21:21C'est la grande question.
21:23Maintenant, on se dit qu'on a terminé en France.
21:26Très, très modestement.
21:28Mais on commence à rêver d'aller ailleurs.
21:30On se dit, est-ce que c'est l'Europe ?
21:32Parce que c'est plus proche.
21:34Il y a toujours le rêve des Etats-Unis.
21:36Mais c'est dangereux aussi.
21:38C'est en cours.
21:39C'est en cours.
21:40On est appelés.
21:41Est-ce qu'on va répondre ?
21:42Est-ce qu'on peut répondre aussi ?
21:44Aussi fort que ce qu'ils nous demandent ?
21:46Oui, parce que chaque série est à 888 exemplaires.
21:49C'est ça.
21:50Même dans la collection permanente.
21:52Non, non, non.
21:53Collection permanente.
21:54Maintenant, on est en permanent.
21:56Justement pour pouvoir, entre guillemets,
21:59répondre à la demande.
22:01Parce qu'au début, je ne faisais que des éditions limitées.
22:04Et forcément, la question se disait,
22:06mais on ne pourra pas augmenter le nombre de pièces indéfiniment
22:09et faire des 10 000 exemplaires en édition limitée ?
22:11Ça n'avait pas forcément de sens.
22:13Et moi, ce que j'avais dit, je dis oui.
22:15Mais le jour où on arrivera à ce problème-là,
22:17c'est que ce sera un bon problème.
22:18On changera autre chose.
22:19C'est pour ça qu'on a sorti la collection permanente.
22:21Mais c'est vrai que c'est un vrai jeu d'équilibriste
22:25en disant, on va répondre à cet appel.
22:27Mais ça se trouve, la collection ne va durer que 6 mois
22:29alors qu'elle était censée durer 2 ans.
22:31Et aujourd'hui, c'est un peu le problème qu'on a.
22:33Mais ça reste encore, une fois de plus, un bon problème.
22:35Oui, c'est un bon problème.
22:36Vous sortez combien de montres aujourd'hui ?
22:37On sort à peu près, là, 4 200.
22:404 200 ?
22:41Oui. Produites et vendues.
22:42D'accord.
22:43Voilà.
22:44Que ce soit sur notre site internet, en boutique
22:46ou auprès de nos revendeurs.
22:49Donc, à peu près deux tiers en France.
22:51Oui, c'est ça.
22:52C'est ce que tu me disais.
22:54Et votre système de distribution, les partenaires,
23:00c'est des impéndants, c'est des chaînes ?
23:02Comment vous avez fait votre sélection de partenaires
23:04pour les détaillants ?
23:05On a des grands magasins.
23:07Nous, en fait, on a eu beaucoup de chance
23:10parce que c'est un grand magasin qui est venu nous voir
23:12et qui nous a dit, j'ai vu ce projet
23:15parce qu'on n'était pas une marque à l'époque.
23:17Ça nous intéresse beaucoup.
23:19Faire un pop-up chez nous.
23:20Voilà.
23:22Et moi, j'avais dit, moi, je veux bien,
23:24mais on n'est pas une équipe de 30
23:25parce que je suis tout seul.
23:26Donc, je vais mettre les mondes dans votre vitrine
23:28et puis moi, je vais devoir partir
23:29parce que je ne vais pas pouvoir.
23:31Donc, je leur dis, vous faites un test avec moi,
23:33mais je vais faire un test avec vous
23:34parce que je ne sais pas comment le public
23:36va accueillir aussi le projet.
23:38Et ça s'est très bien passé.
23:39On est toujours partenaire depuis.
23:42Donc, le grand magasin nous a permis d'avoir,
23:45entre guillemets, de nous adouber
23:47un petit peu comme marque.
23:48Je pense que c'était ça le plus important.
23:49C'est une reconnaissance.
23:50Ils nous appellent quand même à ce moment-là.
23:51Oui, c'est ça.
23:52Oui, ils nous appellent.
23:53Ce n'est pas du démarchage porte-à-porte
23:54en disant, vous voulez de nos montres,
23:55vous voulez de nos montres.
23:56Non, c'est eux qui en font la demande.
23:58Mais surtout qu'en plus,
23:59au-delà d'être même revendeur,
24:01c'est une marque en plus.
24:02C'est un grand magasin.
24:03Oui.
24:04Donc, c'est hyper valorisant.
24:06Ça rassure aussi les clients
24:08en se disant, ce n'est pas une marque
24:10qui se cache juste derrière un site Internet.
24:12C'est ça.
24:13Donc, ils vont pouvoir tester les montres.
24:16Et voilà.
24:17Et puis, nous, après,
24:20on va avoir des indépendants,
24:21enfin des revendeurs.
24:22On ne fait pas de chaîne
24:23à part les grands magasins.
24:25Oui.
24:26Et la relation, elle est différente
24:27parce que maintenant,
24:28les gens quand ils viennent en boutique
24:30pour tester la montre,
24:31généralement, ils ont fait déjà
24:32un peu leur recherche.
24:33Ils viennent pour essayer
24:34et après avoir ce petit supplément d'âme
24:36auprès d'un revendeur
24:38qui va leur instiguer un petit peu
24:40le comment, du pourquoi.
24:41Il faut des personnes
24:42qui soient capables d'expliquer la marque.
24:43Voilà, c'est ça.
24:44Qu'ils la vivent un peu
24:45cette énergie
24:47que transmet Bobleux dans ses modèles.
24:50Voilà, c'est ça.
24:51Donc, hyper important
24:53de les avoir très près pour le coup.
24:55Tu parlais d'Internet.
24:56La part du online aujourd'hui,
24:57c'est quoi chez vous ?
24:58La part du online, c'est 70 %.
25:0070 %, donc ça reste quand même hyper important.
25:03Oui, c'est hyper important.
25:04On s'est lancé comme ça au départ
25:06avec que sur l'online.
25:09Au fur et à mesure,
25:10il y a eu du coup le grand magasin
25:11qui nous a contactés.
25:12Maintenant, on a un peu plus de 80 revendeurs
25:15dans le monde,
25:16essentiellement en France,
25:17mais maintenant dans le monde.
25:19Globalement, nous,
25:20notre site Internet,
25:21ça nous permet aussi
25:22en fonction des fluctuations du marché,
25:24des choses comme ça,
25:25nous, on sait aussi l'impact qu'on a.
25:27Donc, c'est plus rassurant.
25:29Et en même temps,
25:30avoir nos montants chez des revendeurs,
25:31ça permet de faire une sorte
25:32de marketing un peu local
25:34en se disant qu'on existe vraiment.
25:37On n'est jamais très loin de chez vous.
25:39Oui, puis on a l'ambition
25:40de rester et d'être là dans 20 ans.
25:43Donc, on commence déjà
25:46chez un revendeur.
25:49On parlait d'international juste avant.
25:54Tout le marché a les yeux rivés
25:55sur l'Inde en ce moment
25:56comme une réponse au ralentissement chinois.
26:01Qu'est-ce que tu en penses,
26:02toi qui connais l'industrie,
26:04mais surtout qui connais ces lieux,
26:06ces géographies,
26:07l'Asie et l'Inde ?
26:10Le truc, c'est que l'Inde,
26:11ce n'est pas parce que c'est
26:12entre l'Asie et l'Europe
26:14que c'est un mix des deux.
26:16Ça pourrait être une île à part entière.
26:18Ça n'a rien à voir.
26:19Culturellement, ça n'a rien à voir.
26:21Donc, se dire en fait
26:23je vais aller en Belgique
26:26comme j'irai au Luxembourg
26:28parce que c'est à côté.
26:29Culturellement, c'est assez proche.
26:30Dire que je vais en Chine
26:31pour après aller en Inde,
26:33en tout cas, en tant que moi designer,
26:35je sais que c'est très compliqué
26:36parce qu'il faut bien comprendre
26:37la culture qu'il y a derrière.
26:38C'est glissant.
26:39C'est glissant parce que
26:41les codes couleurs, par exemple,
26:42ne sont pas les mêmes.
26:43La manière d'aborder le savoir-faire
26:46ou les métaux, par exemple,
26:48vont être perçus différemment.
26:51Même pour le vin,
26:52la manière dont on va donner
26:53les adjectifs qualificatifs,
26:54parler de fleurs ou de grains,
26:56on ne va pas du tout parler à un Indien,
26:57on va parler à un Chinois
26:59ou même à un Français.
27:00Donc, ça, il faut aussi s'adapter.
27:02Il y a plein de choses comme ça.
27:03Et après, nous, on n'est pas encore en Chine
27:07parce que nous, on pense que le Far West
27:09est peut-être plus en Chine
27:10qu'il l'est aux Etats-Unis.
27:11Et puis, étape par étape,
27:13on a tout le temps du monde.
27:14Donc, voilà.
27:15Après l'Inde,
27:16oui, il y a une classe moyenne
27:21et même riche qui est hyper importante.
27:24Et puis, 1,4 milliard, je crois, d'habitants.
27:28Mais le truc, c'est qu'après,
27:30il y a des barrières un peu douanières,
27:33c'est les règles qui sont normales.
27:35C'est hyper important.
27:36C'est combien les droits de douane
27:37pour entrer en Inde ?
27:39Ça va fluctuer en fonction des produits.
27:41Mais ça peut être jusqu'à 50, 60 % du...
27:45On parle d'horlogerie, là.
27:47Sur l'horlogerie.
27:48Et je crois que sur l'automobile,
27:50ça peut être jusqu'à 300
27:51pour plein de raisons.
27:53Ce qui reste sur l'horlogerie,
27:5650-60, c'est déjà extrêmement important.
27:59Merci, Nicolas, d'avoir été avec nous
28:02pour ce numéro.
28:03Au combien important de Time to Talk,
28:05le premier.
28:06Nous espérons le franc succès
28:09pour Beaubleu, évidemment,
28:11et surtout vos revoirs
28:12dans beaucoup de boutiques
28:14et dans de nombreuses émissions
28:16avec Time to Talk.
28:17On a encore beaucoup de sujets à couvrir.
28:19Merci de nous avoir suivis.
28:20C'était Time to Talk,
28:21le premier numéro.