• il y a 2 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Et nous sommes toujours dans ce studio avec Paul Melun, Jules Torres, Jules Torres, Paul Melun, nous allions commander, ne bougez pas, fidèles au poste, c'est important.
00:14Je voulais juste savoir votre sentiment sur ce résultat de sondage qui est hallucinant, 78% de mécontent d'Emmanuel Macron.
00:23La popularité du chef de l'Etat est en chute libre, moins 9 points depuis mai dernier, moins 3 points d'un mois sur l'autre.
00:31Les retraités lui tournent le dos, commencent à lui tourner le dos. On reproche beaucoup de choses à Emmanuel Macron.
00:36La dissolution de l'Assemblée nationale, ça ne passe pas, ça ne passe pas.
00:40Et son comportement vis-à-vis d'Israël, parce que d'après ce que nous disait Frédéric Dhabi, qui était avec nous il y a quelques instants,
00:47le directeur général d'opinion de l'IFOP, les Français soutiennent les Israéliens.
00:53Bref, il a tout faux Emmanuel Macron.
00:55On ne peut pas dire l'inverse, Paul Melun.
00:59Non mais évidemment, dès qu'il faut épargner le président de la République, c'est Paul Melun.
01:03Les procès d'intention.
01:04Non mais là, en ce moment, pardon.
01:06Non mais ce qu'a cité Frédéric Dhabi, c'est des faits.
01:09C'est-à-dire qu'il y a des événements politiques conjoncturels qui ont conduit à une baisse de sa popularité.
01:15La dissolution de l'Assemblée nationale, personne ne lui a demandé.
01:17Moi, la dissolution, j'ai été favorable, parce que je pense que quand vous redonnez le pouvoir au peuple dans un moment de crise, c'est toujours une bonne décision.
01:22Maintenant, peut-être moi-même suis-je impopulaire quand je vous dis ça, mais je pense que c'est pour autant la réalité.
01:27Je ne vais pas changer ce que je pense, parce que ce serait impopulaire.
01:29Ensuite, pour ce qui est de la popularité, plus généralement des chefs d'État, moi je plaide, pourquoi pas, pour un septennat non-renouvelable.
01:35Parce que je pense que ce quinquennat, c'est trop court, et qu'au bout de deux quinquennats, le pouvoir est accusé.
01:40Emmanuel Macron a déjà réussi le tour de force de se faire réélire une fois.
01:43Regardez l'impopularité, regardez dans quel cas partent la plupart des chefs d'État européens.
01:47Regardez la fin de l'ère Cameroun, par exemple, au Royaume-Uni.
01:51Regardez l'état de la popularité de Lavcholz aujourd'hui en Allemagne.
01:54C'est très compliqué, parce que nous sommes aussi dans une époque où le politique a moins de pouvoir,
01:58où il y a plus de violence exercée de la part de l'opposition.
02:01Moi, je pense que, structurellement, nous allons vers des présidents qui seront de plus en plus impopulaires,
02:06que c'est le propre de cette Ve République aujourd'hui.
02:09Il faut réfléchir, au niveau institutionnel, au niveau de la démocratie.
02:12Pourquoi pas plus de démocratie directe, pour renouer avec ça.
02:15Pour moi, je pense qu'un bon moyen pour Emmanuel Macron de regagner de la popularité,
02:18ça pourrait être d'organiser un référendum, pourquoi pas sur l'immigration.
02:21Et pourquoi pas de se taire comme c'est fait jusqu'au voeu du 31 décembre ?
02:24C'est ce qu'il a dit, en substance. Pardon.
02:27En effet, je suis plutôt d'accord avec Paul Melland sur le sujet du septennat, qui est non-renouvable,
02:32mais François Hollande n'a pas attendu deux ans pour être à 13% de soutien.
02:36Donc on voit bien que ce n'est pas seulement le sujet.
02:39Le vrai sujet, et Pascal l'a rappelé, c'est que depuis mai,
02:42il y a un enchaînement de décisions qui sont incomprises, qui sont ambiguës par Emmanuel Macron.
02:48C'est la raison pour laquelle il perd 9 points et qu'aujourd'hui, il y a 78% des Français qui sont mécontents.
02:52La dissolution, en effet, qui a été incomprise, non seulement par les ministres d'Emmanuel Macron,
02:56par les parlementaires, par les observateurs de la vie politique.
03:00Personne, aujourd'hui, ne défend de la dissolution, si ce n'est à l'Élysée.
03:03Il y a eu d'autres choses, les dérapages des finances publiques,
03:06le fait qu'on demande aux Français de se serrer la ceinture alors qu'ils n'ont jamais eu un pouvoir d'achat aussi faible.
03:10Et en effet, vous avez raison, il y a un vrai sujet sur l'ambiguïté à l'égard d'Israël, sur la question d'Israël.
03:17Emmanuel Macron, ces dernières semaines, a multiplié les propos un petit peu alambiqués.
03:21Que ce soit deux jours avant le 7 octobre, où vous vous souvenez, il dit que la France doit arrêter,
03:26que tout le monde doit arrêter de livrer des armes à Israël,
03:29alors que la France ne le fait pas, qu'elle ne livre que des composants pour le dôme de fer,
03:32qui sert à protéger les Israéliens et certains de nos compatriotes franco-israéliens.
03:37Qu'il a fait une sortie, qui a fuité en Conseil des ministres,
03:41où il dit, en gros, que l'État d'Israël n'existe que grâce à une décision arbitraire non collégiale de l'ONU.
03:47Ce sont des propos rapportés qui ont été confirmés par certains conseillers.
03:50Oui, confirmés.
03:51Donc, c'est des propos. Emmanuel Macron, ça fait 7 ans qu'il est là,
03:54il est assez intelligent pour savoir que tout ce qui se dit en Conseil des ministres,
03:58non seulement n'est absolument pas, ni privé, ni secret...
04:01Vous avez la certitude qu'il a dit exactement ce qu'on a pu lire dans la presse, mot à mot,
04:04on ne sait pas, sur des sujets aussi complexes...
04:06Pardon, excusez-moi, mais il est monté au créneau pour taper sur les doigts des journalistes et des ministres
04:10qui avaient parlé en disant quoi ? Pas que ce qu'il avait dit !
04:13Il a dit que c'était faux, il n'a jamais dit ça !
04:15Il a dit que c'était sorti de son compte.
04:16Mais ça veut dire qu'il l'a bien dit !
04:17Mais s'il dit par exemple que les Nations Unies ont fait un plan de partage en 1947,
04:20qui a conduit à la création d'Israël, il a raison !
04:22Si par contre il dit que c'est les Nations Unies qui ont créé Israël elles toutes seules, il a tort !
04:25C'est très différent, mais l'esprit de nuance sur un sujet aussi difficile et aussi technique que l'histoire d'un pays...
04:31L'esprit de nuance, c'est de ne pas avoir des phrases aussi à la porte-pièce en Conseil des ministres
04:37qui, en effet, peuvent être rapportées.
04:39Et quand on est Président de la République, depuis qu'il plus est 7 ans,
04:42on ne commet pas ce genre d'erreur...
04:44Mais l'erreur est humaine, Paul Melun !
04:47Même le Président ne commet des erreurs !
04:49Et j'ajoute quand même qu'il y a des conseillers présidentiels qui ont confirmé qu'il avait tenu ses propos !
04:56Donc moi je veux bien qu'il y ait des démentis,
04:58c'est comme quand il fait une sortie sur Benjamin Netanyahou,
05:00qu'ensuite il fait un communiqué, qu'il l'appelle pour dire qu'il n'a pas vraiment dit ça...
05:03Je pense, Jules, que le sérieux de toute part imposerait qu'il clarifie lui-même précisément,
05:08qu'on le dise pour vous comment Israël a été créé, et puis il répondra !
05:10Je doute qu'il nous dise franchement que c'est les Nations Unies qui ont créé Israël.
05:13Je ne pense pas qu'il dira ça.
05:15C'est faux, et je pense qu'il connaît l'histoire d'Israël,
05:17mais je pense qu'il sera plus nuancé que ça.
05:19Donc c'est dommage parce qu'on va vers un raccourcissement de la pensée,
05:22et sur des sujets aussi importants et aussi inflammables que celui-ci,
05:24on gagnerait un peu de prudence.
05:26Ce n'est pas être l'avocat d'Emmanuel Macron que de dire ça,
05:28mais c'est essayer de faire preuve d'un peu de prudence sur un sujet aussi inflammable.
05:32Je trouve que c'est lui qui devrait gagner un petit peu de prudence,
05:36quand deux jours avant le 7 octobre il fait cette sortie...
05:39Mais pourquoi ? Jules a raison !
05:41C'était nécessaire ? Deux jours avant les commémorations du 7 octobre ?
05:44Vous vous rendez compte pour la communauté juive française qui est malvenue en ce moment ?
05:48Je ne pense pas qu'il voulait que cette information-là sorte dans la presse de cette façon-là,
05:51tronquée encore une fois.
05:53C'est-à-dire qu'il avait à mon avis pas envie que ça sorte.
05:56Peut-être que des ministres mal intentionnés ont voulu que ça sorte,
05:59ils ont eu tort. Ils ont affaibli la position de la France par rapport à Israël,
06:02ce qui était une erreur.
06:03Et c'est Emmanuel Macron qui l'a fait en premier, à deux jours du 7 octobre,
06:06en disant que la France ne devait pas livrer d'armes à Israël,
06:10à deux jours des commémorations qui ont fait 1200 morts.
06:14C'était peut-être la bonne solution diplomatique,
06:17la bonne solution pour arriver à un processus de paix dans la région,
06:21mais ce n'était certainement pas le bon timing.
06:23Emmanuel Macron aussi à propos du Doliprane,
06:25puisque c'est une des informations de la soirée,
06:28le Doliprane va passer sous pavillon américain,
06:30malgré la polémique que ça a suscité.
06:32Le conseil d'administration de la filiale de Sanofi va valider ce soir
06:37la vente de 51% du Doliprane à un fonds américain.
06:49Le ministre de l'économie, je découvre l'information avec vous,
06:52Antoine Armand vient de tweeter à ce sujet.
06:54Il dit, le ministre de l'économie,
06:56nous avons obtenu les garanties du maintien et du développement d'Opelas,
07:01la filiale de Sanofi qui produit le Doliprane en France.
07:05Nos exigences sur l'emploi, la production et l'investissement
07:08seront respectées pour le Doliprane et les autres médicaments essentiels au pays.
07:12L'État, via Bpifrance, sera actionnaire pour y veiller.
07:16Donc le ministre de l'économie nous dit ce soir,
07:18circulez, il n'y a rien à voir, tout est sous contrôle.
07:20Peut-on y croire ?
07:21Là-dessus, je ne suis pas très rassuré.
07:23L'État sera actionnaire minoritaire, oui, ça c'est sûr.
07:26L'actionnaire minoritaire, ok.
07:28Je ne vois pas pourquoi, par exemple,
07:30on n'a pas exploré l'idée d'une nationalisation.
07:33Il faut évidemment que tout soit mis sur la table
07:35pour qu'une entreprise aussi stratégique que celle-ci
07:38puisse rester sous pavillon français.
07:39Et ça, ça doit mobiliser toutes les forces du gouvernement.
07:42Il y avait eu la même histoire, vous vous souvenez,
07:43quand il y avait eu Arnaud Montebourg sur ArcelorMittal,
07:45il y avait eu le même problème.
07:46Il avait dû reculer, alors qu'il aurait dû à l'époque tenir bon.
07:49D'ailleurs, il a payé par sa démission.
07:51Mais je pense que là, nous avons des vrais sujets de souveraineté économique.
07:54Si nous n'y prenons pas garde,
07:56nous ne prenons pas garde à ce qui nous arrivera demain,
07:58c'est-à-dire des déficits de souveraineté,
08:00des moments où nous aurons des pénuries.
08:02Et ça, c'est l'absence de prévision,
08:04ce qui pour un gouvernement est assez grave.
08:06Et puis surtout, quel respect pour l'État français.
08:09C'est-à-dire que Sanofi a perçu ces dernières années
08:12plus d'un milliard d'euros d'argent public
08:14qui a bénéficié de tous les crédits d'impôt
08:16qui ont été votés au Parlement,
08:19qui a bénéficié de toutes les aides,
08:21notamment pendant la crise du Covid,
08:23qui a versé des dividendes records,
08:24qui a été sans cesse réévalué,
08:26tout en licenciant et en bénéficiant
08:29d'une petite gentillesse de la part de l'État français,
08:32et qui aujourd'hui cède la filiale du Daily Press.
08:35La France ne sait pas se faire respecter
08:37par ses propres fleurons.
08:39On parle souvent de souverainisme avec Paul,
08:42et là on est vraiment dans un cas typique
08:46de cession à des fonds étrangers d'un fleuron français.
08:50Merci beaucoup, Jules Torres et Paul Melun.
08:53Vous pouvez quitter ce studio.
08:54Il faut que vous courriez maintenant.
08:56D'autres activités vous attendent ailleurs.
08:59Ne soyez pas en retard, s'il vous plaît.

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