• il y a 2 mois

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00Heureux Pinsoir Week-end ! 19h21, Pascal Bellator-Dupin.
00:06Et dans une petite vingtaine de minutes, vous entendrez le témoignage de Doron.
00:10Doron, c'est un papa qui a perdu sa fille le 7 octobre dernier.
00:14Elle était partie à 24 ans, danser avec ses amis, festival de Nova.
00:19Il a mis des jours à la retrouver.
00:23C'est l'armée qui lui a annoncé sa mort.
00:27Et ils n'ont retrouvé que 3 dents.
00:30Voilà ce qu'ils ont pu rapporter à ce papa.
00:33Vous entendrez son témoignage tout à l'heure.
00:35Rachel Binas, journaliste à Marianne et auteure de l'ouvrage Victime Française du Hamas,
00:39leur histoire, notre silence, sera avec nous en studio.
00:42Véronique Cajaqui, journaliste politique.
00:44Christophe Jacubizine, directeur de la rédaction des Echos.
00:47Vous avez entendu les mots de Yonatan Harfi, le président du CRIF.
00:51Nouvelles informations ce soir.
00:53D'abord l'armée israélienne qui annonce avoir vaincu la branche militaire du Hamas.
00:57Et puis cet échange, c'est l'autre information de la soirée,
01:00entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou.
01:04Emmanuel Macron qui a essayé de préciser sa pensée.
01:08Parce que c'est vrai que sa sortie hier a mis le feu aux poudres.
01:12Est-ce que, j'ai envie de dire ce soir, le dossier est clos ?
01:15Vous avez vu comment ils l'ont clos.
01:18Le communiqué commun qui a été publié il y a quelques minutes
01:22marque quand même la différence.
01:24L'amitié indéfectible entre la France et Israël
01:27et le soutien de la France à la légitimité pour Israël
01:31de se défendre et de répondre.
01:33Mais il y a une nuance quand même entre eux
01:36et qui est d'ailleurs actée par les deux hommes.
01:38Une nuance sur, évidemment, l'issue du conflit.
01:42Emmanuel Macron une nouvelle fois réclame
01:45la fin du conflit, la fin de la guerre, une trêve.
01:48A cesser le feu, plus exactement.
01:50Et Netanyahou lui répond que,
01:53c'est ce qu'on a entendu tout à l'heure aussi sur ce plateau,
01:55qu'au fond, lui seul sait à quel moment il faut arrêter la guerre
01:58pour assurer la sécurité des Israéliens.
02:00Donc, il y a un désaccord quand même.
02:02Et l'épisode, effectivement, et sans doute,
02:05c'était le mauvais timing de la part d'Emmanuel Macron
02:07de choisir la veille ou l'avant-veille
02:09de la commémoration du massacre du 7 octobre.
02:12Ce n'était pas le bon moment.
02:13Après, Emmanuel Macron, ce n'est pas pour le défendre,
02:16mais il ne fait que rappeler la position historique
02:19gaullienne de la France, c'est-à-dire
02:22le droit aux Israéliens d'avoir un État,
02:25mais aussi aux Palestiniens d'avoir le leur.
02:27Donc, voilà.
02:29Mais c'est vrai que c'était un timing, ce week-end,
02:31pour le moins malheureux.
02:32Véronique Jacquier.
02:33Moi, je me demande, à quoi jouait Emmanuel Macron ?
02:36Où est sa boussole ?
02:37Quelle est sa boussole ?
02:39J'ai bien entendu les explications de Yohann Tan Arfi.
02:42J'ai trouvé qu'il était un petit peu timide,
02:44finalement, par rapport à la position du chef de l'État.
02:48On a quand même, effectivement, un président de la République.
02:50Il avait fait un tweet, juste il y a 24 heures,
02:53et je l'ai fait réagir dessus.
02:54Il a rendu ses ongles en disant que le Crive déplorait vivement
02:57la déclaration d'Emmanuel Macron.
02:59Qui faisait le jeu du Hamas et du Hezbollah.
03:02Je l'ai trouvé un petit peu timoré.
03:03Ils se sont reparlés depuis.
03:04Je l'ai trouvé timoré, parce qu'il dit
03:07tout sentiment d'isoler Israël affaiblit toutes les démocraties en Europe.
03:10En ce sens, il a raison.
03:12Israël, c'est un petit peu le rempart de tout l'Occident
03:15contre toutes les offensives qui viennent du monde islamique.
03:19S'il n'y avait pas le Dôme de Fer,
03:21Israël n'existerait plus depuis belle durée.
03:24Donc, il faut voir quand même ce que représente cet État,
03:27bien entendu, pour sa survie existentielle,
03:30mais même comme symbole pour le monde occidental.
03:32Donc, j'ai trouvé que Yonatan Harfi était vraiment un petit peu timide
03:35sur ce plan-là.
03:37Il n'ose pas s'attaquer au chef de l'État.
03:39On le comprend.
03:40Maintenant, à quoi joue Emmanuel Macron ?
03:42Quand il y a 42 morts,
03:44il y a eu 42 morts français le 7 octobre,
03:47et il y en a eu 1200 côté israélien,
03:5042 morts français,
03:52deux otages dont on est sans nouvelles,
03:55et dont on n'entend pas parler,
03:57dans l'enfer au fond d'un tunnel à Gaza,
03:59et pour lequel on ne l'entend finalement absolument pas se mobiliser.
04:04Je trouve ça choquant.
04:06Et bien entendu, Christophe Jacobin a raison de dire la France,
04:09de tenir une ligne, etc.
04:10Mais là, non.
04:11La France, elle doit être capable de dire
04:13on a une boussole et on s'y tient,
04:15parce que la situation d'Israël depuis le 7 octobre,
04:17ce n'est pas celle qui était avant.
04:19Mais ce que dit la France, pour le coup, est assez légitime.
04:22Elle dit qu'aucun conflit,
04:27aucune guerre ne se résout par des milliers de morts.
04:32Christophe Jacobin, je vais vous poser une question.
04:34On ne va pas parler de géopolitique.
04:36On va revenir à la France.
04:3742 morts français.
04:38Il y a deux otages.
04:39Mais on n'en entend pas parler.
04:41Mais c'est vrai, elle a raison Véronique.
04:43Ma question, Christophe Jacobin, c'est pourquoi ?
04:45Je ne sais pas, je suis d'accord avec Véronique.
04:47Il n'est pas normal qu'on n'affiche pas plus de soutien
04:50à nos deux compatriotes qui sont encore détenus par le Hamas.
04:53Je suis d'accord.
04:54Et ça affaiblit d'autant plus ce qu'on peut dire à côté.
04:57Dire que si on était effectivement, et Véronique a raison,
05:00si on était plus en empathie et en solidarité avec nos compatriotes
05:04qui sont détenus là-bas,
05:05on serait plus légitime à réclamer, effectivement, à saisir le feu.
05:08Donc je ne peux pas dire mieux que ça.
05:10Mais la nuance que j'apporte quand même,
05:12c'est qu'effectivement, je pense qu'à un moment donné,
05:15Netanyahou est quand même dans une logique où le conflit se généralise.
05:19On a vu le Liban.
05:20Là aussi, il y a des morts civiles.
05:22Il a promis à l'Iran, ce qui est sans doute normal dans un conflit,
05:25puisqu'ils ont été attaqués par l'Iran,
05:27des représailles à court terme, dans les jours qui viennent.
05:30Mais n'empêche qu'on est en train d'assister quand même,
05:32je ne sais pas, on est en train d'assister à une généralisation
05:35du conflit au Moyen-Orient, à une guerre sans fin.
05:37Est-ce que c'est ce que veulent les Israéliens, les Libanais, les Jordaniens ?
05:44Je ne suis pas sûr.
05:45Israël vise le Hezbollah, pas les Libanais.
05:48Israël vise le Hezbollah, pas les Libanais.
05:51Il y a des morts civiles chez les Libanais
05:54qui n'ont rien à voir avec le Hezbollah, quand même.
05:56Oui, mais Israël n'est pas en guerre contre le Liban,
05:58mais contre le Hezbollah, on est bien d'accord.
06:00De quoi ?
06:01Non, mais les bombardements touchent aussi les populations civiles.
06:05Malheureusement, mais c'est terrible.
06:07Il y a quand même l'histoire des guerres au Liban depuis des décennies,
06:11il y a aussi l'histoire de l'occupation par l'armée israélienne du Liban
06:15jusqu'à Beyrouth dans les années 90.
06:18Je pense que les Libanais ont droit quand même à la sécurité et à la paix.
06:23Je ne dis pas qu'il ne faut pas aller chercher les agents et le Hezbollah au Liban.
06:28Mais je ne crois pas que les Libanais soutenaient le Hezbollah.
06:31Les Libanais ne soutenaient pas le Hezbollah.
06:34Il y a beaucoup de Libanais qui sont ravis qu'Israël tape sur le Hezbollah.
06:37Je ne crois pas qu'on ne pouvait pas dire ça, parce qu'on ne peut pas dire que les Libanais soient...
06:40On peut dire que les Libanais, c'est important qu'on leur tape dessus,
06:42que des imams détruisent et que des populations civiles meurent.
06:44Quand on parle de victimes civiles, le Hamas et le Hezbollah
06:47ont malheureusement l'habitude d'utiliser ces populations.
06:52Mais ça ne justifie pas qu'on fasse la même chose
06:55et qu'on accepte un nombre illimité de victimes civiles.
06:58Si on revient sur la politique française...
07:00On perd un peu la raison quand même.
07:02On parle de dizaines, de centaines de civils qui meurent.
07:05On est d'accord pour que la guerre s'arrête et qu'on trouve une solution.
07:09C'est juste que j'essaie de trouver une solution.
07:11Je ne dis pas que je l'ai, je dis qu'il faut trouver une solution.
07:13Et pour que le chef de l'État trouve une solution.
07:14Mais c'est vrai que la façon dont il s'est exprimé avant-hier,
07:16à deux jours du 7 octobre, on ne comprend plus rien.
07:19Il était mal adroit, il nous sortait un mauvais timing.
07:21Il n'est qu'un chef de l'État, Christophe Zabuzine.
07:24Il avait tout faux.
07:25Pardonnez-moi, honnêtement, est-ce que c'est...
07:27Sur le fond, il y a un petit fond...
07:30Est-ce que c'est lors d'un coup de fil entre deux hommes,
07:34entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron,
07:36qu'on dit, finalement, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
07:39Et puis oui, il faut qu'il y ait un cessez-le-feu.
07:41Je pense qu'il faut quand même que les choses soient plus solennelles,
07:43plus formelles, plus sérieuses.
07:45Et moi, je ne prends pas Emmanuel Macron sérieux sur cette question-là.
07:47En tout cas, la façon dont il a présenté les choses n'est pas sérieuse.
07:50Oui, mais je suis d'accord avec Véronique Jacquier.
07:52Franchement, vous le reconnaissez vous-même.
07:53Mauvais timing, mauvaise communication.
07:55Enfin, rien ne va dans cette affaire-là.
07:58Je pourrais rajouter une nouche, si vous voulez.
08:00En plus, maladroitement, pour corriger le tir,
08:03il a expliqué qu'il donnait une leçon aux Américains.
08:06Oui, en plus.
08:08Voilà, je pense qu'il est assez mal placé.
08:10Effectivement, il explique aux Américains qu'on ne peut pas à la fois...
08:12Parce que les Américains réclament aussi un cessez-le-feu.
08:14C'est vrai, par la voix de Kamala Harris, encore une fois aujourd'hui.
08:16Comme les Français, exactement.
08:18Et Emmanuel Macron soulignait qu'on ne peut pas à la fois réclamer un cessez-le-feu
08:21et livrer des armes.
08:22Là, de quoi je me mêle ?
08:23On ne va pas donner des leçons de politique étrangère aux Américains.
08:25Mais on a le droit, en tant que Français,
08:27et en tant que Président de la République,
08:29d'appeler un cessez-le-feu.
08:30Ça, c'est autre chose.
08:31Mais il l'a fait, j'en rejoins toutes les deux,
08:33maladroitement, au mauvais moment.
08:35Emmanuel Macron participera-t-il aux commémorations demain ?
08:37C'est toute la question.
08:39Écoutez, moi je souhaiterais qu'il y participe
08:41parce que je n'ai toujours pas compris pourquoi
08:43il s'était rendu insensible l'année dernière.
08:45Surtout que c'était incompréhensible
08:47qu'il ne soit pas rendu, effectivement,
08:49à cette grande marche avec tous les Parisiens
08:51à quelques jours après.
08:53Contre l'antisémitisme !
08:57Et rappelons qu'il avait aussi tardé à se rendre en Israël.
08:59Il s'est rendu en Israël le 24 octobre.
09:01Donc c'était très tard.
09:03On lui avait reproché à l'époque,
09:05comme s'il ne savait pas sur quels jambes marcher,
09:07comme s'il ne savait pas quel camp choisir.
09:09Ça aussi, c'est quand même un problème
09:11quand on vit des choses aussi graves.
09:13Merci beaucoup,
09:15merci beaucoup Véronique Jacquet,
09:17Christophe Jacubisin, d'avoir été
09:19avec moi dans ce studio d'Europe 1.

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