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Manon Aubry, eurodéputée LFI, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la nécessite de mettre en place une commission spéciale pour enquêter sur la perte de souveraineté médicale au parlement européen suite à l affaire du Doliprane, de l’offensive islamiste notamment à l’école, de la nouvelle loi immigration et du budget 2025.

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Transcription
00:00Bonjour Manon Ombry.
00:08Bonjour Sonia Mabrouk.
00:09Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:11Vous êtes Eurodéputée de la France Insoumise.
00:13Manon Ombry, beaucoup de sujets à vous soumettre ce matin.
00:15Mais tout d'abord, hier, hommage et minute de silence à la mémoire de Samuel Paty, Dominique Bernard, professeur assassiné par des terroristes islamistes.
00:24L'offensive islamiste, Manon Ombry, notamment à l'école.
00:26Est-ce que pour vous, c'est le plus grand danger dans notre pays aujourd'hui ?
00:29D'abord, hier a été un moment de recueillement collectif parce qu'à chaque fois qu'on s'en prend à nos professeurs, en l'occurrence là par des obscurantistes, des terroristes islamistes,
00:41on s'en prend à notre école et qu'il faut lutter contre toutes les formes d'obscurantisme.
00:47Et que oui, bien sûr, c'est un danger pour l'école, mais je pense que ce qui est un danger aussi, on en parlera aujourd'hui,
00:53c'est l'abandon de notre école, qui est là où on forme nos petits, nos bébés, le futur de la République.
00:59Et quand je vois que ce gouvernement prévoit 4 000 suppressions de postes d'enseignants dans l'école,
01:04évidemment que ça aura un impact sur la formation de nos enfants.
01:09On va en parler. Mais restons encore sur le danger.
01:11Est-ce que pour vous, c'est le plus grand danger ?
01:13C'est un danger, je ne sais pas s'il faut l'hiérarchiser.
01:16Peut-être une hiérarchie de professeurs assassinés.
01:19Mais bien sûr, je vous l'ai dit, à chaque fois qu'on s'en prend à un professeur,
01:22on frappe la République en son sein.
01:26Et que l'obscurantisme fait du mal au savoir par définition, en fait.
01:32L'école, c'est l'endroit où on apprend.
01:34Et les obscurantistes veulent tout, sauf apprendre, nous ouvrir à l'autre.
01:38Et c'est pour ça qu'il faut chérir l'école.
01:40Je vous pose cette question, Madame Ombry, parce que Sandrine Rousseau a la même question
01:44qui lui a été posée pour savoir si l'antrisme islamiste est un fait aujourd'hui dans notre pays.
01:48Elle a répondu que l'école est attaquée par des conservatismes.
01:52Est-ce que vous faites la même réponse ?
01:53Elle a raison. Il y a toutes formes de conservatismes qui mettent en danger l'école
01:58comme un terrain d'apprentissage.
02:00Lesquels, par exemple ?
02:01Vous prenez certains établissements privés, par exemple,
02:05qui enseignent que le droit à l'avortement, c'est tuer des fœtus et tuer des enfants.
02:09Moi, je suis en profond désaccord avec ça, mais ce n'est pas une question de point de vue.
02:13Là, c'est une question aussi de s'assurer que la République maintienne son principe
02:18qui est écrit, d'ailleurs, sur le fronton des écoles.
02:20Liberté, égalité, fraternité.
02:22Et l'école doit le garantir.
02:23Et c'est pour ça qu'il faut lutter contre toutes les formes d'obscurantisme.
02:26Je répète ma question, c'est quand même important.
02:28Est-ce qu'elles sont à mettre sur le même niveau ?
02:30La Sandrine Rousseau parlait de tris qui sont faits dans certaines bibliothèques aux États-Unis.
02:35Est-ce qu'on les met sur le même plan qu'un fanatisme qui a tué deux professeurs en France ?
02:39Sonia Mabrouk, toute forme d'obscurantisme est à combattre.
02:42Et la pire de ces formes d'obscurantisme se traduit par des assassinats lâches,
02:46comme on a eu, par des terroristes islamistes.
02:48Et je n'ai aucune difficulté à le dire.
02:50Mais je pense qu'aujourd'hui...
02:52Non, il y a un mais.
02:53Non, il n'y a pas de mais.
02:54Ce que je dis, c'est qu'il faut se donner les moyens de lutter contre l'obscurantisme.
02:59Est-ce que ça donne les moyens ? C'est important.
03:01Je pense pas suffisamment quand on ne met pas suffisamment de moyens dans l'école.
03:04Et c'est pour ça qu'il faut l'achérir.
03:05C'est une question de moyens de lutter contre le terrorisme islamiste ?
03:08C'est notamment une question de moyens.
03:10Après, on pourrait élargir sur les moyens au renseignement, les moyens de la justice.
03:15J'entends d'ailleurs même que le ministre de la Justice se plaint de son budget.
03:18Donc, c'est un des éléments.
03:19C'est pas le seul, mais c'est un des éléments.
03:21Par exemple, la famille de l'assassin de Dominique Bernard,
03:23Manon Brice et la famille Mogouchkov,
03:25a toujours vécu sans papiers en France et sous obligation de quitter le territoire français.
03:29Compte tenu de ces scandales liés aux OQTF,
03:31est-ce que vous dites, comme certains,
03:33qu'une loi immigration, une nouvelle loi, est urgente dans notre pays ?
03:37Sonia Mabrouk, je pense que vous observez la vie politique
03:41depuis un certain nombre d'années.
03:43Et je pense, comme toutes les Françaises et tous les Français,
03:46on va pas tomber dans le panneau.
03:47La ficelle est un peu grosse.
03:48Pourquoi on parle d'une nouvelle loi immigration
03:50alors qu'il y en a eu 20 ces dernières 20 années,
03:54que la dernière loi immigration n'est même pas complètement mise en œuvre,
03:57que tous les décrets n'ont pas été pris ?
03:58Que veut faire le gouvernement ?
04:00Il veut faire diversion.
04:01Diversion pour ne pas parler de son budget
04:04qui va être la pire saignée sociale jamais connue dans notre histoire.
04:08Nous, on va en parler, on va pas en faire l'impasse.
04:10Et je vous en remercie.
04:11Mais c'est juste une question de diversion,
04:13il n'y a pas besoin de nouvelle loi immigration en France.
04:15Mais là, le seul objectif de ce gouvernement,
04:17c'est, alors qu'ils sont aux abois,
04:19qu'ils savent qu'ils tiennent sur le soutien du RN,
04:22c'est de se dire, on va aller chercher,
04:24on va acheter, en quelque sorte, le soutien du RN
04:28en copiant, collant leurs projets et leurs programmes.
04:32Et je pense que, je vais vous dire le fond de ma pensée,
04:35la ficelle est un peu grosse quand même,
04:37et qu'on va pas tous tomber dans le panneau, je vais même plus loin que ça.
04:39Je pense que ce gouvernement sera tombé,
04:41allez, je vous fais le pari,
04:42ce gouvernement sera tombé avant même
04:45qu'une potentielle loi immigration puisse être examinée,
04:48parce que la réalité, c'est que les jours sont comptés pour ce gouvernement.
04:51Je suis prête à prendre le pari,
04:53allez, on a un matin, un bon petit déj,
04:55je vous parie un bon petit déj que ce gouvernement
04:57n'aura même pas l'occasion de proposer un tel projet de loi.
04:59Mais la question est de savoir,
05:00et là, c'est au-delà du pari,
05:02qu'est-ce qu'on pourrait mettre dans cette loi immigration ?
05:04Je vous donne un exemple précis,
05:05et vous me dites si vous dites, banco pour ce pari-là,
05:07rallonger la durée de rétention
05:09dans les centres de rétention administrative,
05:11pour revenir, finalement, ou arriver à une moyenne européenne.
05:14Est-ce que vous dites oui ?
05:15Moi, je veux bien qu'on rallonge Advitam, Eternam,
05:18mais si vous avez...
05:1990 jours à 180, on va avoir 210 jours maintenant.
05:22Première chose, est-ce qu'on pense sérieusement
05:24que de 90 jours à 210 jours,
05:26on aura forcément un laissé-passer ?
05:28Si un État refuse de délivrer un laissé-passer.
05:31Il y a de fortes chances que 100 jours, 150, 200 jours,
05:34ça ne change pas grand-chose.
05:35Et donc, au final, si vous maintenez,
05:38dans des centres d'enfermement,
05:40parce qu'on parle de centres d'enfermement,
05:42des personnes qui attendent leur laissé-passer...
05:44Ce sont ces OQTF.
05:45Ça peut être Advitam, Eternam.
05:46Oui, mais des OQTF, ça ne veut pas pour autant dire
05:49qu'ils sont tous des délinquants.
05:50Je prends l'exemple pour Philippines, sauvagement assassinée.
05:53Son meuf est présumée faute d'une réponse du Maroc.
05:56Atteint, il a fallu le relâcher.
05:58Manon Aubry, quelques jours de plus...
06:00Il n'aurait pas dû être relâché. Vous savez pourquoi ?
06:02Ça aurait été vital.
06:03Parce que l'enjeu, dans le cas de l'assassin de Philippines,
06:05c'était la récidive.
06:07Il avait déjà été condamné pour violence sexuelle
06:10et il a été relâché dans la nature sans suivi.
06:13Et donc, le problème est plus profond
06:15sur les actes de violence sexiste et sexuelle.
06:17C'est comment on opère un suivi
06:19et on prévient ce type de drame absolument insupportable
06:23qui a été le meurtre de Philippines.
06:25Et moi, je suis pour aussi
06:27qu'on se donne véritablement les moyens
06:29si on veut agir contre les violences sexuelles.
06:31Parce que, très souvent, je vais vous dire,
06:33c'est de la chair à canon électoral.
06:35On parle des droits des femmes,
06:36que quand il s'agit des étrangers.
06:37Moi, je veux qu'on parle des droits des femmes
06:38tous les matins en Sonia Mabrouk.
06:39Nous sommes d'accord sur les violences sexistes,
06:40mais il n'avait rien à faire sur le sol français, d'abord.
06:42Il n'avait rien à faire dans la nature.
06:44Sur le sol français, Manon Aubry.
06:46Il fallait qu'il ait un véritable suivi.
06:50Parce que c'était un délinquant sexuel.
06:53Et les délinquants sexuels...
06:55Vous voyez, Sonia Mabrouk,
06:57de manière réaliste, sur la question des OQTF,
07:01je vous l'ai dit, vous délivrez un OQTF,
07:03si l'OQTF est délivré et que l'État,
07:06vers lequel il est renvoyé,
07:08il est renvoyé et ça se passe dans la plupart des OQTF.
07:11Mais pour une partie des OQTF,
07:12si vous avez l'État qui refuse de délivrer un laissé-passer,
07:16vous faites quoi ?
07:17Vous les enfermez 200 jours, 300 jours,
07:191 000 jours à vie.
07:20Il s'agit de revenir à une moyenne européenne de 210 jours.
07:23Mais je repose ma question.
07:24Une nouvelle loi immigration en France,
07:26l'Union européenne, vous êtes eurodéputée, Manon Aubry.
07:29Ursula von der Leyen vient de dire
07:30qu'il faut encore durcir la législation
07:32pour combler toutes les insuffisances.
07:34Nous parlons, je le précise à nos auditeurs et téléspectateurs,
07:37d'immigration clandestine.
07:38Comment pouvez-vous vous opposer à cela ?
07:40Écoutez, c'est exactement la même opération de diversion
07:43qui se déroule au niveau européen.
07:45Elle a un budget, madame Ursula von der Leyen ?
07:46Oui, elle est aussi en difficulté.
07:48Elle a une majorité qui est très faible.
07:49Le parallèle peut se faire avec le gouvernement français.
07:51Et là aussi, elle repose sur l'extrême droite.
07:53Et là aussi, il y a une loi immigration
07:55qui a été adoptée au niveau européen
07:57il y a moins de deux ans.
07:58Et les textes européens, ils mettent deux ans
08:00à être transposés dans le droit français.
08:02Donc le dernier pacte asile-immigration,
08:04c'est comme ça qu'il s'appelle,
08:05il n'est toujours pas mis en oeuvre.
08:06Et par ailleurs, que prévoit-il ?
08:08C'est de mettre davantage de barbelés
08:10aux frontières de l'Union européenne.
08:12De répartir aussi avec des quotas les migrants.
08:14Non, non, Sonia Mabrouk.
08:16Je vous invite à regarder le texte de très près
08:18puisque je suis eurodéputée,
08:19présidente de groupe au Parlement européen.
08:21Et il se trouve, on peut être en désaccord avec moi,
08:23que je travaille mes dossiers.
08:24Ce texte ne prévoit pas une répartition obligatoire
08:27entre les Etats membres.
08:28Et donc, qu'est-ce qui va se passer ?
08:30Qu'est-ce qui va se passer ?
08:31Les Etats européens peuvent faire le choix
08:33de payer 20 000 euros par migrant
08:35pour ne pas participer à un effort de solidarité.
08:38On nous avait annoncé un effort de travail collectif
08:42parce que c'est ça l'enjeu au niveau européen.
08:44C'est la coordination.
08:45On abandonne la Grèce, l'Italie à gérer tout seul.
08:47Je ne suis pas d'accord pour qu'on laisse
08:49les Etats du sud de l'Europe gérer tout seul.
08:51On a su accueillir plus d'un million de réfugiés ukrainiens
08:55sur le sol européen.
08:56C'est donc que quand il y a de la coordination,
08:59c'est faisable.
09:00Mais regardez, la coordination m'a nombré l'Allemagne.
09:02Pardonnez-moi, l'Allemagne,
09:03qui avait accueilli combien ?
09:04Quasiment aussi un million,
09:05dit stop et contrôle ses frontières.
09:07Voilà un changement de paradigme.
09:09Si vous voulez parler véritablement
09:10de la question de migration,
09:11on peut prendre le sujet dans son ensemble.
09:13Moi, je dis que tous ceux
09:16qui parlent d'immigration du matin au soir
09:18sont des hypocrites.
09:19Oui, des hypocrites,
09:20parce qu'en réalité, ils parlent d'immigration,
09:22mais ils ne font rien pour agir
09:23sur les causes des migrations.
09:24Vous, moi, Sonia Mabrouk,
09:27vous vivez de manière heureuse à Paris.
09:29Vous n'avez pas de raison de quitter Paris.
09:31Si vous quittez Paris,
09:32c'est que vous fuyez quelque chose.
09:34Vous fuyez la misère ou vous fuyez les guerres.
09:36Et donc, si vous voulez agir sur les causes des migrations,
09:38tarir les flux migratoires,
09:40il faut aussi faire en sorte
09:41que les gens n'aient pas à quitter le lieu où ils habitent,
09:43parce que vous montez rarement sur un dossier de vie
09:46par gaieté de cœur.
09:47L'aide au développement, ça n'a pas été...
09:49L'aide au développement,
09:50le budget est largement en baisse.
09:53Par exemple, il y a une guerre qui fait rage au Liban
09:55et dans la bande de Gaza.
09:57Je n'entends pas beaucoup tous ceux
09:58qui parlent de migration du matin au soir
10:00demander à Benjamin Netanyahou des comptes
10:02pour avoir un cessez-le-feu
10:03dans la bande de Gaza et au Liban,
10:05pour faire en sorte que les gens n'aient pas à fuir la guerre.
10:07Il y a déjà plus d'un million de personnes
10:09qui passent au Liban.
10:10Pourquoi les pays arabes n'accueillent pas les Palestiniens autour ?
10:12Pourquoi la Jordanie n'accueille pas ?
10:14Pourquoi l'Égypte n'accueille pas ?
10:15Pourquoi on n'interroge pas les pays arabes ?
10:17Il n'en accueille pas ?
10:18Pas assez.
10:19Vous savez que la Jordanie,
10:20le gros de la population sont en réalité des réfugiés.
10:22Vous savez que les États du Sud,
10:24les États du Sud dans le monde,
10:26sont les États qui accueillent le plus de réfugiés.
10:28Donc au bout d'un moment, stop à l'hypocrisie.
10:30Si vous voulez que les gens ne fuient pas la misère,
10:32qu'ils ne fuient pas la guerre,
10:33alors vous leur donnez les moyens de rester chez eux,
10:35parce que vous, moi,
10:36tous ceux qui nous écoutent,
10:37préféreraient rester chez eux s'ils le veulent.
10:39Autre sujet, Manon Aubry, emblématique.
10:41On en a parlé tout à l'heure,
10:43vous avez dit, et ça peut donner des maux de tête peut-être,
10:45au gouvernement,
10:46Dolipra, nouveau dossier industriel potentiellement explosif.
10:49C'est aussi, je le précise,
10:50le médicament le plus consommé en France.
10:52Emmanuel Macron est sorti de son silence
10:54et a affirmé hier que le gouvernement
10:56pouvait garantir que la France allait être protégée.
10:58Le président, dit-il,
10:59fait la différence entre propriété capitalistique
11:02et capacité de production en France.
11:04C'est de nature à vous rassurer.
11:06Écoutez, Emmanuel Macron,
11:08en matière de souveraineté industrielle et pharmaceutique,
11:11il fait preuve d'une hypocrisie la plus totale.
11:13Je me souviens de ce même Emmanuel Macron
11:15qui, à la sortie de la crise du Covid,
11:17il n'y a pas beaucoup de phrases d'Emmanuel Macron de gauche,
11:19alors je les connais toutes par cœur,
11:20où il avait dit
11:22déléguer à d'autres notre capacité
11:25à se soigner,
11:27au fond, est une folie.
11:29Et je pense qu'il avait raison.
11:30Mais qu'est-ce qu'il fait
11:31quand Sanofi prévoit de vendre à la découpe
11:33sa filiale qui produit le Doliprane en France ?
11:36Il ferme les yeux.
11:38Il ferme les yeux.
11:39On a aujourd'hui une usine
11:42qui est une des principales usines de paracétamol en France,
11:46alors même que le gros de la consommation de paracétamol
11:49n'est déjà plus produite en France et en Europe.
11:51C'est important ce que vous dites.
11:52Ce n'est pas...
11:53C'est-à-dire que la molécule qui arrive,
11:55elle est simplement assemblée à l'isieu.
11:57Elle n'est pas produite.
11:58Oui, alors il y a un problème plus général sur la santé
12:00avec 60 à 80 % des principes actifs des médicaments
12:02qui sont produits en dehors de l'Union européenne,
12:05notamment en Chine et en Inde.
12:07Et la France et l'Union européenne
12:08sont en train de brader leur souveraineté.
12:10Et donc, je pense qu'il faut agir à trois niveaux.
12:13Le premier niveau, c'est qu'Emmanuel Macron et la France
12:17et le gouvernement doivent apposer leurs droits de veto.
12:20Ils doivent s'opposer à la vente de la filiale
12:23à un fonds d'investissement américain.
12:25Quitte à faire fuir les investissements.
12:26J'observe que la dernière fois que ça a été fait par la France,
12:29c'était pour des composants militaires
12:31d'une entreprise qui s'appelle Photonis.
12:33Et donc, ils n'ont aucune hésitation
12:36quand il s'agit de composants militaires,
12:37mais quand il s'agit de la santé des Françaises et des Français,
12:40là, il n'y a plus personne.
12:42La deuxième chose à faire, si vous me le permettez,
12:45c'est, je pense qu'on a un problème plus global
12:48au niveau français et au niveau européen
12:50sur notre souveraineté en matière de santé.
12:52Et qu'on ne peut plus laisser le privé gérer nos vies
12:56en faisant des profits.
12:57Et donc, moi, je vais proposer cette semaine
12:59au Parlement européen une commission spéciale
13:02qui va permettre d'enquêter,
13:04d'enquêter sur la perte de souveraineté en matière sanitaire.
13:08Se donner les moyens, enfin, de produire en France et en Europe
13:11ce dont nous avons besoin,
13:12de répondre aux besoins des Françaises et des Français
13:15qui ont tous chez eux des boîtes de Doliprane
13:17et qui, peut-être demain, devront faire face à une pénurie.
13:20Donc, une commission spéciale,
13:22un petit peu comme nous avons d'ailleurs sur le plan national.
13:24Qu'est-ce que vous comptez ou qu'est-ce que vous espérez
13:26découvrir que vous ne sachiez déjà ?
13:28Ce que j'espère, c'est à la fois des moyens d'enquête
13:31pour déterminer les responsabilités.
13:34Je parlais de la responsabilité des gouvernements,
13:36mais il y a aussi une responsabilité des entreprises.
13:38Comme pour Alstom, par exemple, en 2016 ?
13:39Oui, par exemple.
13:40Et il y a aussi une responsabilité des entreprises,
13:42on ne doit pas se cacher, Sanofi.
13:44Ils ont fait plus de 5 milliards d'euros de bénéfices,
13:47plus de 4 milliards d'euros de dividendes versés aux actionnaires.
13:51Ils ont reçu plus d'un milliard d'euros de crédits impôts-recherche
13:54en l'espace de 10 ans,
13:55alors que les investissements en matière de recherche ont baissé.
13:59Il est passé où, cet argent ?
14:01Moi, je ne suis pas d'accord pour que l'État soit une vache allée
14:04qui engresse quelques actionnaires
14:06et que derrière, on brade notre souveraineté en matière sanitaire.
14:10Et c'est la raison pour laquelle je vous parlais de trois choses à faire.
14:13La troisième chose à faire,
14:14c'est des contreparties à demander aux entreprises.
14:16Encore ?
14:17Oui, des contreparties,
14:18parce qu'on ne peut pas dépenser de l'argent public...
14:20Déjà que dans le budget, vous allez leur demander beaucoup.
14:22Que va-t-il rester de l'entreprise aujourd'hui ?
14:24Justement, vous voyez, on parle assez peu, finalement, de ce budget.
14:28Je ne sais pas combien de temps il nous reste pour cette interview.
14:30Et c'est un vrai sujet, puisque ce gouvernement prévoit
14:33de faire la poche des Françaises et des Français.
14:35Ils vont augmenter la taxe sur l'électricité.
14:39Ils vont baisser les pensions de retraite
14:42de tous nos anciens qui nous écoutent ou nous regardent ce matin.
14:45Ils vont s'attaquer à notre futur en supprimant 4 000 postes d'enseignants.
14:50Voilà les mauvaises pistes, les mauvais projets
14:52qui sont prévus par ce gouvernement.
14:55Quand je regarde votre projet, c'est Noël tous les jours.
14:58C'est en distribution distribuée, il n'y a pas de problème budgétaire.
15:00Les seuls pour qui c'est Noël dans ce projet de budget,
15:04excusez-moi de le dire, c'est l'Elysée.
15:06On va demander aux Françaises et aux Français de se serrer la ceinture,
15:09mais on va augmenter le budget de l'Elysée.
15:10L'Assemblée, le Sénat...
15:11Vous trouvez ça normal ?
15:13C'est Laurence Amartin qui avait dit
15:15que pour avoir des parlementaires de qualité,
15:16il faut augmenter le budget des parlements.
15:18C'est vrai, il a raison.
15:19Il faut pouvoir travailler dans de bonnes conditions
15:21avec les moyens dans une Assemblée nationale.
15:23Mais je pense qu'on a un devoir d'exemplarité aussi.
15:26Et quand je vois que l'Elysée a augmenté
15:29de je ne sais plus combien, de dizaines de pourcents son budget,
15:32et dans le même temps, il demande aux Françaises et aux Français
15:36de faire des efforts, de se serrer la ceinture.
15:38Sonia Mabrouk, nos factures d'électricité vont exploser cet hiver.
15:41Les pensions de retraite vont baisser.
15:43Ça va coûter encore plus cher de se soigner
15:45quand on va aller chez le médecin,
15:47quand on va avoir des arrêts maladie.
15:48Mais est-ce qu'on choisit d'être malade ?
15:50Et vous voyez, au-delà de l'opposition politique que je peux avoir,
15:55tout cela n'a aucun sens.
15:57Ce gouvernement, le compte à rebours de ce gouvernement est lancé.
16:01C'est pour vous.
16:02C'est la pire saignée sociale.
16:03Il tombera dans quelque temps, selon vous.
16:05Il tombera très bientôt,
16:07parce qu'il n'a aucune assise électorale,
16:10aucune assise parlementaire,
16:12et nous sommes déterminés à proposer autre chose pour le pays.
16:15Parce que oui, je sais que les interviews politiques sont un peu...
16:19Il y a ça qui ne va pas, il y a ça qui ne va pas.
16:21Mais je veux dire aux Françaises et aux Français qu'on peut faire autre chose.
16:23Plutôt que de leur faire les poches,
16:25on aurait pu mettre davantage à contribution au rétablissement
16:27l'impôt de solidarité sur la fortune.
16:30Et surtout, je rappelle que c'est ce gouvernement
16:32qui a fait 60 milliards d'euros de cadeaux fiscaux
16:34qui nous a mis dans cette situation
16:36et qui doit aujourd'hui assumer cette responsabilité.
16:38On comprend que la bataille du budget sera âpre et vive.
16:40Merci, Manon Bré, eurodéputée.
16:42A bientôt, c'était votre grande interview.

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