BUDGET 2025 - René Dosière est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir

  • il y a 14 heures
Le budget 2025 vient d'être présenté par le gouvernement. Alors que tous les ministères doivent se serrer la ceinture, les budgets de l'Elysée et du Parlement sont annoncés en hausse.
Écoutez René Dosière, ancien député socialiste de l'Aisne et spécialiste des finances publiques dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 14 octobre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h43, bonsoir René Dozière.
00:07Bonsoir Yves Calvi.
00:09Merci de nous rejoindre dans RTL Soir, vous êtes ancien député socialiste de l'Aisne
00:12et grand spécialiste de nos finances publiques.
00:14Le projet de budget pour 2025 présenté par le gouvernement prévoit une hausse des dotations
00:19pour le Parlement mais aussi du budget de l'Elysée, 3 millions d'euros supplémentaires.
00:23C'était vraiment le moment ?
00:25Il faut savoir que ce n'est pas le gouvernement qui fixe les budgets de la présidence de l'Assemblée et du Sénat.
00:32Ce sont ces institutions elles-mêmes qui, depuis la Révolution française, fixent librement leurs budgets.
00:38Par ailleurs, l'Assemblée n'a pas le droit de modifier le budget de la présidence de la République.
00:44Ceci dit, le montant de ces trois budgets représente 1 milliard d'euros
00:52alors que les dépenses publiques, c'est 1 700 milliards.
00:56Donc on est à moins d'un millième des dépenses publiques.
01:00Pardon René Dozière, mais franchement, quand on demande des efforts aux Français,
01:05on n'a pas le mauvais goût, voire l'indélicatesse, de salouer des augmentations.
01:09On a beaucoup d'auditeurs qui nous laissent des messages sur Répondeur RTL au 3210 en ce sens.
01:15Oui, tout à fait. C'est-à-dire que, d'abord, il faut savoir que ces montants, comme je l'ai dit, ne sont vraiment pas du tout excessifs.
01:23Mais ensuite, il y a une possibilité, si vous voulez, de participer pour que ces institutions participent, je dirais, à la rigueur budgétaire qu'on réclame.
01:33C'est de faire comme l'Assemblée l'a fait en 1990 en rendant au budget de l'État des réserves qu'elle avait accumulées au fil des années.
01:45Alors aujourd'hui, l'Assemblée n'a plus de réserves et puis la présidence de la République n'en a pas non plus.
01:49Par contre, le Sénat a plusieurs milliards d'euros de réserves.
01:54Et donc, il pourrait parfaitement participer à cet effort en faisant un geste et en rendant une partie de ses réserves dans le budget de l'État.
02:02Alors vous dites, allez hop, c'est aux sénateurs de payer l'addition.
02:05Mais actuellement, on peut les contraindre.
02:08Et puis peut-être que s'ils ont encore de l'argent de côté, c'est qu'ils ne l'ont pas dépensé.
02:12Oui, il accumule depuis des années et des années.
02:15Et ça représente des sommes considérables.
02:17Ceci dit, c'est à eux de décider puisque personne ne peut les forcer à faire ce que l'Assemblée a fait librement dans les années 1990.
02:26Mais ça, c'est une possibilité.
02:28Et puis, il faut que ces budgets soient, si vous voulez, transparents et contrôlés.
02:32C'est le cas à la présidence de la République où tout est transparent et contrôlé tous les ans par la Cour des comptes à la suite des travaux que j'ai effectués là-dessus.
02:42Par contre, l'Assemblée ne fait plus aucun travail de contrôle du budget de la présidence de la République comme c'était le cas sous Sarkozy et sous Hollande.
02:52On peut là faire des progrès.
02:55Et c'est peut-être là le souci quand vous évoquez la transparence et nos auditeurs qui se demandent pourquoi ils ne sont pas au courant.
03:02On a l'impression qu'on leur demande des efforts à faire uniquement à eux.
03:06Et eux voient à côté de ça le Parlement continuer à vivre la grande vie.
03:11En tout cas, ils en ont l'impression.
03:13Alors, ça n'est pas le cas pour la présidence de la République parce que là, tous les moyens existent sauf le fait que l'Assemblée n'accomplit pas son travail de contrôle.
03:23Par contre, pour l'Assemblée et pour le Sénat, il y a la transparence qui existe un petit peu moins au Sénat.
03:30Par contre, il n'y a pas de contrôle sur les comptes, sur la manière dont ils dépensent leur argent.
03:36Et là, on pourrait par exemple demander à la Cour des comptes de faire le travail qu'elle accomplit pour la présidence de la République.
03:43Alors, cher René Dozière, je me souviens de vous avoir entendu très critique sur les frais de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy.
03:49Un peu moins sous François Hollande.
03:51Et avec le président Macron, ça donne quoi ?
03:53Eh bien, écoutez, aujourd'hui, il n'y a pas de raison.
03:57J'ai été critique quand je cherchais à établir le budget de l'Elysée qui n'existait pas.
04:03Tout était opaque et ça n'existait pas.
04:05À la suite de mes travaux, on sait maintenant, si vous voulez, quel est le montant du budget.
04:11Enfin, depuis d'ailleurs Nicolas Sarkozy, on sait quel est le montant du budget de l'Elysée.
04:15Donc, ce budget est maintenant transparent.
04:17L'Elysée, d'ailleurs, répond aux questions qu'on peut lui poser quand on lui en pose.
04:23Et puis, par ailleurs, la Cour des comptes, depuis 2008, fait tous les uns un contrôle.
04:28L'Elysée, c'est le budget institutionnel le plus contrôlé de la République.
04:33Aucune institution n'est contrôlée autant que l'Elysée.
04:36Donc, si vous voulez, les choses sont claires.
04:38Il peut y avoir des bavures, quelques dérives.
04:42Ça, il faut naturellement le dénoncer.
04:45L'Assemblée devrait s'en préoccuper.
04:47Elle ne fait pas ses malheureux.
04:48Mais, si vous voulez, du côté de l'Elysée, les choses sont réglées.
04:52Ça n'est plus un vrai problème.
04:54Sauf que, naturellement, le chef de l'État doit quand même avoir un comportement exemplaire.
04:58Par exemple, je vous prends un exemple.
05:00La Cour des comptes, dans son dernier rapport, a dit qu'il y a des dépenses fortes en matière de réception.
05:09Pourquoi est-ce que l'Assemblée n'essaie pas de savoir combien il y a eu de réception,
05:16ce qu'a coûté chaque réception,
05:18combien il y avait de participants à chaque réception,
05:21pour voir s'il n'y a pas eu quelques abus ?
05:24Là, elle serait dans son rôle.
05:25Mais ce n'est pas ce qu'elle fait.
05:27C'est dommage.
05:28Comment l'expliquez-vous cette espèce de pudeur ?
05:33Entre 2017 et 2022, la majorité des gens qui s'occupaient du budget, les échangeaient tous les ans.
05:43Ils étaient tout à fait incompétents dans le sujet.
05:47Ils ne voulaient pas faire des plaisirs à Macron.
05:49Depuis 2022, la rapporteure fait de la politique,
05:53mais elle ne fait pas du travail d'investigation parlementaire.
05:57Elle est dans la posture politique.
05:59Ce n'est pas comme ça qu'on peut faire du contrôle.
06:01On les connaît, les montants.
06:03Charles III à Versailles, ça a été 475 000 euros.
06:06Le Premier ministre indien au Louvre, 412 000.
06:09Mais finalement, est-ce que ça ne fait pas partie aussi de la diplomatie d'un pays ?
06:14On va dire que ces dépenses sont incompressibles, si je me fais l'avocat du diable ?
06:18S'agissant des montants que vous avez évoqués,
06:22c'est le coût des repas, des grands repas d'État,
06:27qui ont lieu 4 ou 5 fois dans l'année,
06:30lorsque l'on reçoit un chef d'État étranger.
06:32J'ai été, je dois vous le dire, choqué que la Cour des comptes
06:36puisse donner le détail, le coût de ces repas.
06:39Quand vous invitez quelqu'un chez vous,
06:41vous ne lui dites pas combien a coûté le repas.
06:44Quand on invite un chef d'État étranger,
06:46on se contorte de la même manière.
06:48Oui, mais c'est mon budget chez moi.
06:50Alors là, c'est celui des Français.
06:52On a une idée, on peut avoir une idée du coût global.
06:55On n'est pas obligé de savoir
06:57combien on a pris de vin blanc, de champagne, etc.
07:01Mais vous parliez de transparence, M. Dozière.
07:03Oui, mais la transparence n'est pas le voyeurisme.
07:05Et là, vous avez une petite pudeur inattendue.
07:07Non, parce que la transparence n'est pas le voyeurisme.
07:10Et dans mon dernier bouquin sur l'Élysée,
07:13quand j'ai parlé et évoqué des repas d'État,
07:16j'ai dit combien ça coûte.
07:18C'est une question que je ne suis jamais posée
07:20et que je ne poserai pas pour les motifs que je viens de vous évoquer.
07:23La transparence n'est pas du voyeurisme.
07:25Ce sera donc la phrase du soir.
07:27Merci beaucoup René Dozière, ancien député socialiste de l'Aisne
07:29et grand spécialiste de nos finances publiques.
07:31Dans un instant, Marc-Antoine Lebret va rentrer dans ce studio.
07:34Ce portrait compliqué, il est en très grande forme.
07:36Ce sera le Breaking News.

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