Le budget sera présenté ce jeudi en Conseil des ministres : le gouvernement va réclamer 5 milliards d'euros d'économies aux collectivités locales. Les élus locaux sont vent debout. Écoutez Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France et ancienne ministre du Budget.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 10 octobre 2024.
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00:00Il est 7h42, l'invitée d'RTL Matin et elle avait accusé il y a quelques temps, Emmanuel Macron, d'avoir cramé la caisse.
00:10Thomas, vous recevez ce matin la Présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse.
00:13Bonjour et bienvenue sur RTL, Valérie Pécresse, Présidente de la région Île-de-France, comme le disait Amandine, mais aussi, rappelons-le, ancienne ministre du Budget.
00:20On va commencer en ayant une pensée pour tous nos compatriotes qui ont les pieds dans l'eau à cause d'une inondation, l'Île-de-France est particulièrement touchée.
00:27On était à Pommeuses tout à l'heure, à 7h15, Pommeuses trois fois inondée en un an, il y a des problèmes dans les transports ce matin, qu'est-ce que vous pouvez nous dire de la situation en Île-de-France ?
00:36D'abord, j'ai moi aussi une pensée pour tous les habitants de la Seine-et-Marne, de l'Essonne, des Yvelines, qui sont une nouvelle fois les pieds dans l'eau.
00:43Et je dis une nouvelle fois parce qu'il y a une immense lassitude aujourd'hui et je crois que, plus généralement, il va falloir qu'on réfléchisse à changer complètement la loi sur les inondations.
00:53Parce que là, la région va voter évidemment une aide d'urgence pour ses communes, mais le sujet c'est pas l'aide d'urgence, c'est de construire des retenues d'eau et de mettre en place des systèmes qui vont pouvoir nous permettre de faire face aux dérèglements climatiques.
01:03Et aujourd'hui, c'est les intercommunalités qui doivent faire ces investissements, vous imaginez une intercommunalité de 15 000 habitants, rurale, elle a absolument pas les moyens,
01:11et donc je pense qu'il faut que la compétence inondation devienne une compétence régionale et qu'on s'en empare face aux dérèglements climatiques.
01:17Il faudra faire déménager des gens aussi ? Il faut se poser la question.
01:20On l'a fait en Ile-de-France, on l'a fait en Ile-de-France pour des quartiers qui étaient vraiment inondés massivement.
01:26Aujourd'hui, c'est évidemment la dernière extrémité, mais avant de faire ça, il faut d'abord voir si on peut pas drainer l'eau, et ça, ça suppose des investissements que seule la région Ile-de-France a les épaules pour faire.
01:36On va parler politique, Valérie Pécresse, quel est votre degré de Ouimet ?
01:41Alors, racontez-moi de ça.
01:42Le Ouimet, il est très en vogue dans la majorité. Je soutiens Michel Barnier, Ouimet.
01:47Alors moi, je soutiens Michel Barnier.
01:49Point.
01:49Point.
01:50Je soutiens Michel Barnier parce que, vous l'avez dit, en 2022, j'ai dit, pendant la campagne présidentielle, que le gouvernement avait cramé la caisse.
01:59Personne ne m'a écouté, on s'est même moqué, et ça a continué.
02:04En 2023, en 2024, François Lenglet l'a très bien expliqué.
02:07Vous avez de la réponse en folie pour cette période.
02:08Oui, mais François Lenglet l'a très bien expliqué.
02:10Et le problème, c'est qu'on a mis la poussière sous le tapis.
02:13Et aujourd'hui, Michel Barnier arrive, et il voit une montagne de poussière sous le tapis.
02:19Et il lui appartient de faire le ménage de tout ça.
02:21Et donc, il va nous présenter un budget.
02:2360 milliards d'économies à faire pour l'année prochaine.
02:26C'est un budget de colmatage.
02:28Parce que la France, le bateau France, est en train de couler.
02:33Ce qu'on nous prévoit, c'est que si on ne fait rien, c'est 7% de déficit l'année prochaine, plus de 7%.
02:38Et donc, il y a un emballement.
02:40Et il faut que les Français comprennent.
02:42Ça veut dire quoi, la France est en train de couler ?
02:44Ça veut dire que nous avons aujourd'hui des taux d'intérêts qui sont au-dessus de ceux de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal.
02:51Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les marchés, l'Europe, sont en train de nous regarder.
02:56Et que demain, nous allons nous retrouver avec des taux d'intérêts qui vont monter, monter, monter.
02:59Et si les taux d'intérêts montent, on ne pourra plus emprunter, on ne pourra plus investir en France.
03:04La France est en train de couler, c'est votre façon de dire, comme François Fillon à l'époque, que nous sommes dans un pays au bord de la faillite ?
03:08Mais c'est une évidence.
03:09C'est une évidence. Et depuis que François Fillon l'a dit,
03:11vous voyez bien qu'on a 1 200 milliards de dettes de plus.
03:15Donc le sujet aujourd'hui, c'est de colmater ce bateau.
03:19Mais, ça c'est à court terme, avec un budget qui ne va plaire à personne.
03:23Et vous le soutiendrez même s'il ne vous plaît pas ce budget ?
03:25Parce que, regardez, Gabriel Attal, le président du groupe macroniste, allié relatif de Michel Barnier, dit
03:30il y a trop d'impôts et pas assez de réformes dans ce qu'il propose. Vous êtes d'accord avec lui ?
03:32C'est un budget de colmatage, donc impôts plus rabots.
03:36Voilà, alors donc évidemment, ça peut paraître aveugle, ça peut paraître brutal.
03:41Les impôts, c'est jamais la bonne solution, durablement.
03:44Mais moi, j'invite quand même tous ceux qui sont responsables de ces déficits à un quart d'heure de décence.
03:50Un quart d'heure de décence.
03:51Pour tous ceux qui sont responsables des déficits.
03:53Parce que, vous savez, il y a un adage en économie qui dit
03:58les déficits d'hier sont les impôts de demain.
04:01Et bien aujourd'hui, c'est effectivement les déficits d'hier qui sont les impôts d'aujourd'hui.
04:05Donc, un quart d'heure de décence et un esprit de responsabilité.
04:10Vous acceptez les hausses d'impôts ?
04:11J'accepte un budget de colmatage extraordinairement courageux et impopulaire.
04:15Je l'accepte même si je le trouve très injuste pour une collectivité comme l'Île-de-France par exemple.
04:19On va nous baisser de 4% nos recettes.
04:225 milliards d'économies à faire pour les collectivités locales, dont la région.
04:25Absolument. Alors que nous, nous avons fait des économies depuis 10 ans.
04:2920% d'économies sur notre budget de fonctionnement.
04:31Nous avons fait la chasse à tous les gaspillages.
04:33J'ai fermé 15 structures.
04:34Aujourd'hui, je suis celle qui a le moins de dépenses de fonctionnement en France.
04:40Donc la région la mieux gérée de France.
04:42Mais on va prendre nos responsabilités parce qu'il y a quelque chose qui est plus important
04:47que la région-Île-de-France, chaque collectivité, c'est la France.
04:51C'est les Français. Et à un moment donné, quand le bateau coule, il faut le colmater.
04:55Mais j'y reviens. Au-delà du colmatage, le sujet, c'est que dès maintenant, il faut préparer le budget 2026.
05:02Ce budget 2026, il faut construire un nouveau bateau.
05:05Un nouveau bateau France, avec un état beaucoup plus mince.
05:08Ça veut dire quoi ? Que vous n'accepterez pas de...
05:10Ça passe pour cette fois, mais vous n'accepterez pas de nouvelles hausses d'impôts en 2026 ?
05:13Vous dites, on joue le jeu là, mais c'est injuste ce qu'on nous demande ?
05:17On joue le jeu là parce que le bateau coule.
05:20Mais maintenant, il faut construire le nouveau bateau.
05:22Le nouveau bateau, il faut le construire avec des baisses de dépenses structurelles.
05:26Les baisses de dépenses structurelles, c'est un mot un peu compliqué.
05:29Ça veut dire quoi ? C'est la chasse au gaspillage.
05:31Prendre une hache et couper tout ce qui ne sert à rien.
05:35Je vous assure que du gaspillage, il y en a à tous les étages.
05:38Regardez, je donne un exemple.
05:39À la région, nous avons déménagé du 7e arrondissement en Seine-Saint-Denis.
05:44On a divisé par deux nos loyers.
05:46Toutes les administrations qui aujourd'hui sont locataires dans le centre de Paris,
05:50si elles passent le périphérique, elles diminuent par deux leurs loyers.
05:53J'ai supprimé 15 structures pararegionales.
05:5615 structures pararegionales.
05:57Parce qu'une structure pararegionale, c'est des frais de structure.
06:00C'est 30-40% du budget en frais de structure.
06:03Aujourd'hui, je mets au défi n'importe quel francilien de me dire ce que j'ai supprimé.
06:08Et aujourd'hui, tout l'argent que j'ai récupéré, 450 millions par an,
06:11je l'ai mis dans les transports, dans le plan d'urgence des lycées,
06:14dans des urgences, parce qu'il y a des urgences de services publics aujourd'hui.
06:17— Rapidement, si Michel Barnier et son gouvernement tombaient sur ce budget,
06:20peut-être, il se passerait quoi ? Ce serait grave ou pas ?
06:22— Mais ce serait gravissime.
06:24Ce serait gravissime parce qu'aujourd'hui, je le répète,
06:29la situation, c'est que nous devons prendre des mesures de responsabilité.
06:33Nous devons tous nous interroger sur les dépenses que nous faisons.
06:36Nous devons choisir les bonnes.
06:37Et ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas continuer d'augmenter des budgets.
06:40Protéger, éduquer, soigner, c'est les trois priorités de services publics
06:45de l'État français et des collectivités.
06:47Et ces trois priorités, on doit les remplir.
06:49Et on doit peut-être même augmenter les budgets.
06:51Vous voyez ce que je veux dire ?
06:52C'est pour ça que je dis, le rabot, quand on vous dit
06:54« on vous baisse de 4% vos dépenses, débrouillez-vous »,
06:57c'est un peu injuste et stupide comme raisonnement.
07:01Non, non, mais vous voyez ce que je veux dire ?
07:02— C'est basique.
07:03— C'est basique.
07:04On vous dit « c'est pareil pour tout le monde ».
07:06Mais je le répète, Michel Barnier est obligé de le faire.
07:09Maintenant, nous, les décideurs, c'est à nous de faire le tri entre la dépense indispensable,
07:17la dépense qui doit continuer d'augmenter,
07:18et les dépenses qui doivent être purement supprimées.
07:22Il y a des agences de l'État qui devraient fermer.
07:24L'État doit lâcher prise.
07:25Il y a trop de doublons.
07:27Non, mais il y a des doublons.
07:29— J'ai une toute dernière question qui concerne le PSG,
07:31en guerre avec la ville de Paris sur l'avenir du Parc des Princes.
07:32Et ce jeudi, tout à l'heure, le Conseil de Paris va formuler un vœu
07:35pour saisir la justice administrative
07:37afin d'annuler la réservation de terrain par la région, par vous, donc en faveur du PSG.
07:41Que les choses soient claires,
07:42vous souhaitez que le PSG reste au Parc des Princes à Paris
07:45ou vous allez tout faire pour l'accueillir dans la région ?
07:47— Paris est dans la région.
07:48— Oui, je sais, vous avez compris.
07:48— Non, non, Paris est dans la région, donc c'est très important.
07:50— En zone Hidalgo ou en zone Décresse ?
07:51— J'ai un club en Ligue des Champions.
07:52Je veux que ce club s'épanouisse.
07:54La région, évidemment, ne finance pas le sport professionnel, évidemment.
07:58Nous ne mettons pas un euro dans le PSG.
08:00Mais néanmoins, je vois bien qu'il n'est pas heureux aujourd'hui
08:03dans sa relation avec la ville de Paris.
08:04Il veut un très beau stade.
08:06Et nous ne pouvons pas le priver d'un très beau stade.
08:09— Combien de villes sont candidates ?
08:11— Ah, il y en a une demi-douzaine.
08:12Elles ne sont pas toutes connues.
08:13— Montaigne-Ile-Bretonneux, c'est la plus sérieuse ?
08:15— Écoutez, c'est le PSG qui choisira s'il veut quitter le Parc des Princes.
08:19Parce que là encore, au lieu de couper les ailes au PSG
08:22en essayant de l'empêcher de quitter Paris,
08:25par la voie judiciaire,
08:27la mairie de Paris ferait mieux de négocier avec lui
08:28pour le faire rester au Parc des Princes.
08:30— Proposez un joli terrain au Paris FC, sinon c'est l'avenir du foot à Paris, semble-t-il.
08:34— Eh bien, moi, je suis très heureuse des résultats du Paris FC.
08:36— Merci beaucoup, Valérie Décresse.
08:37— Et d'avoir deux clubs en Ligue 1, ce sera super.
08:39— Vous savez me parler. Merci.