Commissariat attaqué à Cavaillon : comment faire pour endiguer ce «haut lieu du narcotrafic» ?

  • il y a 6 heures

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.

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00:0013h-14h, Europe 1-13h, avec Céline Giraud sur Europe 1 et à 13h21, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour, Céline le journaliste politique au journal du dimanche Jules Therese et l'écrivain et philosophe Nathan Devers.
00:11Bonjour les amis, bienvenue à bord, ravie de vous retrouver, c'est ma classe biberon, ce sont les plus jeunes de mes chroniqueurs, sachez-le, chers auditeurs d'Europe 1.
00:19On va parler de l'actualité, ce matin plusieurs voitures de police et du commissariat de Cavaillon ont été incendiées, ça se passe dans le Vaucluse,
00:26aucune victime n'est à déplorer mais les dégâts sont considérables, écoutez les explications du délégué départemental Allianz Vaucluse, Grégory Laurian.
00:34Des individus sont venus juste devant le commissariat mettre le feu quand même à quatre véhicules, trois sérigraphiés dont un banalisé.
00:39Les collègues se sont retrouvés à l'intérieur enfermés par les flammes, ils ont été évacués juste après, des vitres de bureau ont explosé suite à la chaleur produite par l'incendie,
00:51donc effectivement on a évité un drame. Les collègues eux sont sous-effectifs, donc ils sont fatigués et ça devient abominable pour les collègues réellement.
00:58Et l'hypothèse de représailles suite à des opérations de police sur des points de deal est la plus probable à ce stade de l'enquête,
01:04les précisions d'Emmanuel Déjar, le directeur départemental de la sécurité publique du Vaucluse.
01:09C'est certainement une réaction des narcotrafiquants puisque nous menons depuis plusieurs semaines des grosses opérations sur la cité du doctorat et Macavayon,
01:18une place nette qui a eu lieu la semaine dernière avec l'unité d'investigation nationale, l'UN, qui venait de Paris, avec beaucoup de gardes à vue, beaucoup de produits saisis,
01:26alors quand on vous dit beaucoup, c'est presque 25 gardes à vue ces dernières semaines, 15 kilos de cannabis, 6 kilos de cocaïne,
01:35il y avait cette nuit 5 gardés à vue au commissariat de Cavaillon, et certainement tout ça fait qu'il y a une recomposition et une animosité envers la police et envers son action.
01:47Voilà, les représailles, donc, bien expliqué. On parle beaucoup de Marseille, Gilles Torres, mais le Vaucluse, le Gard, plaque tournante du trafic de drogue.
01:54Vous savez, Bruno Bartocchetti nous répète souvent que Cavaillon, le Vaucluse, est l'un des pires endroits aujourd'hui pour être policier, pour être flic en France.
02:05On sait que ce soit à Marseille ou que ce soit à Avignon, à Cavaillon, c'est les endroits où il y a le plus de trafic de drogue.
02:14La drogue arrive, on le sait, par le sud-est de la France, et ensuite, les réseaux passent notamment par le Vaucluse, donc c'est aussi pour ça.
02:25Et puis surtout, ça fait partie des endroits où aujourd'hui l'insécurité est la plus grande, ça fait partie des endroits où les policiers sont confrontés à de plus en plus de délinquants et de personnes qui sont issues de ce narcotrafic.
02:39Donc non, non, c'est pas du tout étonnant cette histoire de Cavaillon, ça fait longtemps qu'on sait que Cavaillon est un haut lieu du narcotrafic.
02:46Et ils ont tapé fort, on l'a entendu, effectivement, sur les points de l'île. On va écouter Bruno Bartocchetti, justement, qui tire la sonnette d'alarme.
02:53Je suis aussi très très en colère quand j'entends, bien sûr, notre ministre de l'Intérieur qui dit que la peur doit changer de camp.
03:00Si cette peur doit changer de camp, ce n'est pas seulement le ministre de l'Intérieur qui doit s'exprimer, c'est maintenant qu'il est important que la classe politique, que notre gouvernement prennent des mesures beaucoup plus fortes pour protéger les policiers aujourd'hui qui travaillent dans des conditions très très très difficiles.
03:16Voilà, Bruno Bartocchetti, délégué de la zone sud du syndicat Unité, qui était l'invité de Pascal Praud ce matin, Nathan Devers.
03:22Je ne comprends pas très bien comment la peur pourrait changer de camp. Nous avons aujourd'hui des mafias, il faut utiliser le mot, de drogues qui prennent de plus en plus de place, qui ont des moyens entre guillemets qui concurrencent parfois l'État, ou en tout cas qui n'ont pas peur de l'État, pour une raison très simple, c'est qu'elles brassent énormément d'argent, quelque chose d'absolument gigantesque, comparable à des entreprises multinationales.
03:46Et elles brassent énormément d'argent parce qu'il y a à peu près en France environ 5 millions de consommateurs réguliers de drogues. Donc à partir de ce constat, il me semble qu'il ne faut pas, il faut évidemment une réponse répressive, pénale, sécuritaire, etc., il faut qu'elle ait lieu, mais elle ne suffit pas, elle ne pourra jamais éradiquer ces mafias, il faut donc ouvrir à un moment un grand débat sur la question des drogues en France.
04:10Tant qu'il y a de la demande, il y aura de l'offre, il y a une demande, une demande extrêmement forte, l'un des pays d'Europe les plus consommateurs de drogues...
04:16Donc vous, ce que vous proposez, c'est de pénaliser les consommateurs ?
04:18Non, plutôt...
04:20De légaliser l'usage de cette drogue douce ?
04:24D'ouvrir un débat où toutes les solutions seraient sur la table.
04:28Moi, à titre personnel, je suis plus pour des voies qui se rapprochent de la légalisation ou de la dépénalisation, parce que je pense qu'on a un décalage en France qui est très important.
04:36On est un des pays qui a une des législations les plus restrictives sur la question des drogues, et un des pays où il y a le plus de consommation.
04:42Et force est de constater que tout le monde sait bien que jamais, si vous voulez, l'objectif d'éradiquer la drogue, au même titre que certains veulent créer une génération sans tabac, vous savez, c'est la Commission européenne qui veut faire ça, dans les deux cas, c'est des objectifs qui n'ont pas de sens.
04:54Pour vous, c'est stérile, c'est sans issue ?
04:58Oui, quand vous avez 5 millions de consommateurs qui savent que c'est légal.
05:02Non, mais pilonner les points de deal quand ils sont notamment à côté des écoles, quand il y a des balles perdues...
05:08Vous démantelez un point de deal, il est recréé le lendemain à côté, vous mettez la CRS8 dans un quartier, dès qu'elle s'en va, le trafic reprend, vous arrêtez quelqu'un, vous le mettez en prison, il est remplacé le lendemain matin, les grands dealers peuvent travailler depuis leur cellule de prison, si vous voulez, tout ça n'a pas de sens.
05:22D'accord, pas d'accord.
05:23Je suis moyennement d'accord avec Nathan, c'est-à-dire qu'en effet, la France est un des pays les plus restrictifs sur la question des drogues.
05:29Peut-être faudrait-il ouvrir en effet la question sur la légalisation du cannabis, mais il y a beaucoup d'autres drogues dures.
05:36Dans le reportage, on parlait par exemple de 6 kilos de cocaïne.
05:39Le problème, c'est que certains spécialistes, alors il y en a qui disent que la légalisation du cannabis abaisserait le trafic.
05:45Mais c'est pas ça qui va gagner beaucoup d'argent, c'est surtout les drogues de synthèse et les drogues dures.
05:49Et d'autres disent qu'au contraire, la légalisation d'une drogue multiplierait le trafic pour d'autres.
05:57Juste pour revenir quelques instants sur les opérations placenet.
06:01On a des chiffres qui nous sont donnés, mais le problème des opérations placenet, c'est que c'est des opérations de communication.
06:06C'est des opérations qui vous permettent de faire de la saisie, de dire, on a pris 6 kilos de cocaïne, 300 grammes d'herbe,
06:14donc ça représente 200 à 300 000 euros pour le coup.
06:16Mais c'est rien par rapport au chiffre d'affaires global du trafic de drogue en France qui est de 5 milliards d'euros.
06:21Vous parliez de com, il y a eu le gros coup de com de Darmanin au moment du lancement.
06:24Absolument, mais le problème, c'est que ça perturbe le trafic de drogue, mais ça ne l'endigue pas.
06:29Et donc tant qu'on n'arrivera pas à l'endiguer, on n'arrivera pas à répondre à ces solutions-là.
06:33Allez, Gilles Taurez, Nathan Deveyre, on reste ensemble bien sûr, on se retrouve dans quelques instants.
06:37On va continuer à parler de l'actualité, cette fois-ci du côté de Tourcoing, avec cette nouvelle atteinte à la laïcité
06:43et cette jeune femme qui a donc giflé une professeure qui lui avait demandé de retirer son voile.
06:47A tout de suite.
06:48Et si vous voulez réagir, appelez Céline Giraud.
06:50Standard de repas, c'est le 01 80 20 39 21.
06:54A tout de suite sur Europe.

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