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Avec Roland Lescure, député Ensemble pour la République des Français de l'étranger, Vice-président de l'Assemblée nationale et ancien ministre

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-10-03##

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Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Il est 8h35, notre invité ce matin, Roland Lescure, député Ensemble pour la République des Français de l'Étranger,
00:12ancien ministre de l'Industrie et vice-président de l'Assemblée Nationale. Roland Lescure, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Avant de parler du budget, c'est le sujet du moment,
00:24je voudrais vous parler de l'Assemblée Nationale.
00:26Est-ce que le RN doit obtenir une vice-présidence de l'Assemblée Nationale,
00:31notamment la vice-présidence post-vacant après qu'Annie Gennevard soit devenue ministre ?
00:37Écoutez, les députés se prononceront. Moi, ce que j'ai dit et ce que je vous redis aujourd'hui,
00:41c'est que je ne voterai ni pour un candidat du Rassemblement National,
00:45ni pour un candidat de la France Insoumise.
00:47Je considère qu'ils sont effectivement en dehors de ce qu'on appelle l'arc républicain
00:53et au fond, tout ça, c'est de la sémantique.
00:55Mais surtout qu'ils sont là, ils sont légitimes.
00:59Je ne remercie aucun cas la légitimité des députés qui sont élus par des millions de Français.
01:04Mais je n'ai pas à voter pour des gens avec lesquels je suis en profond désaccord.
01:09Moi, je vote pour des gens dont je considère que sur un certain nombre de valeurs,
01:13je peux me retrouver, même si on n'est pas d'accord sur tout.
01:16J'ai eu un échange assez musclé hier avec Bruno Retailleau sur l'immigration.
01:19Ça n'empêche que pour moi, c'était un républicain et ministre de la République.
01:22Voilà, il a été président de groupe au Sénat et très bien.
01:25Il y a des gens pour lesquels je ne vote pas parce que je suis en profond désaccord
01:29sur le plan des valeurs avec eux.
01:31Et les députés doivent se...
01:33— Mais ça vous choquerait que le RN ait une vice-présidence à l'Assemblée nationale ?
01:37— Non, c'est pas... Je veux dire, Sébastien Chenieux a été vice-président pendant deux ans.
01:40— Ben oui, il a été vice-président, c'est pour ça que je vous pose la question.
01:42— Je n'avais pas voté pour lui il y a deux ans et je ne voterai pas pour lui s'il se représente aujourd'hui ou demain.
01:48— Parlons de votre groupe, Ensemble pour la République.
01:51Nouveau départ du groupe, celui de Stella Dupont qui rejoint Sacha Houllier.
01:56Quatrième départ en un mois.
01:58Désaccord avec la ligne droitière du gouvernement et avec la ligne du groupe sur la justice fiscale.
02:06Qu'en pensez-vous ?
02:08— D'abord, je le regrette. Moi, je suis convaincu.
02:10Je lui ai dit d'ailleurs, je lui ai écrit à Stella hier soir pour lui dire que je regrettais son départ,
02:14qu'on est toujours plus influent de l'intérieur qu'à l'extérieur.
02:18Elle va être non-inscrite, elle va avoir très peu de temps de parole, elle ne viendra plus au réunion de groupe.
02:22Elle était ce qu'on appelle apparentée, c'est-à-dire qu'elle était de toute façon à la marge.
02:25Elle a toujours été un peu Stella, elle a toujours été plus à gauche que tout le monde.
02:29Moi, je considère qu'on a un groupe divers, un groupe disparate.
02:32Vous parlez de la justice sociale et fiscale, par exemple.
02:34Moi, je préfère porter mes convictions au sein du groupe pour, je l'espère,
02:40emporter la majorité ou, au fond, emporter une position de groupe,
02:43plutôt que de prêcher seul et souvent un peu dans le désert.
02:47— Oui, mais elle parle d'ambiguïté entretenue par Michel Barnier avec le RN.
02:52Est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
02:54Est-ce qu'à vos yeux, il y a une ambiguïté entretenue par Michel Barnier avec le RN ?
03:00— Moi, j'ai, tout de suite après la nomination de Michel Barnier, et ça n'a rien de personnel.
03:04Je considère que Michel Barnier est un homme d'État, c'est un grand négociateur, c'est un pro-européen.
03:08Donc, il n'y a rien de personnel.
03:10Mais, dès le début, j'ai considéré que l'équation politique n'était pas la bonne.
03:14Et qu'effectivement, Michel Barnier et son gouvernement devraient, pour, je dirais, survivre,
03:21s'assurer que la gauche et l'extrême droite ne votent pas ensemble une motion de censure.
03:26Donc, il y a une certaine forme de dépendance vis-à-vis de ces deux groupes
03:30qui ne sont pas les nôtres, qui, moi, me gênait.
03:32— Mais est-ce qu'il y a une ambiguïté ?
03:34La dépendance, c'est une chose. Il y a une dépendance au RN, évidemment.
03:37Mais est-ce qu'il y a, de la part de Michel Barnier, une ambiguïté ?
03:41— Alors, de la part de Michel Barnier, j'allais dire je ne pense pas, virgule.
03:46Même si j'ai bien noté que, lors de la discussion de politique générale,
03:50les piques qui ont été très largement commentées s'adressaient plutôt à d'autres qu'à Marine Le Pen elle-même.
03:57— Aucune pique à l'égard de Marine Le Pen et du RN.
04:01— Je l'ai noté. Et que dans sa réponse à la déclaration de politique générale,
04:05on peut dire que Marine Le Pen, même si elle s'inscrit dans l'opposition,
04:09était dans une certaine forme la connaissant de bienveillance.
04:13Mais, en fait, moi je jugerais sur les actes.
04:15On parlait de Bruno Retailleau tout à l'heure. Il s'est beaucoup exprimé depuis deux semaines.
04:19Moi c'est sur les actes que je jugerais, et notamment sur ce qui m'est cher, moi, l'immigration économique.
04:24Vous l'avez dit, j'étais ministre de l'Industrie.
04:26Dans les dix ans qui viennent, on va avoir besoin d'un million de jobs dans l'industrie.
04:29Il y aura une partie de ces jobs qui viendront de l'extérieur.
04:32100 000, 200 000. Il va falloir les chercher, il va falloir les former.
04:36Est-ce qu'on ferme les portes à toutes les immigrations,
04:39ou est-ce qu'on reconnaît qu'il y a aujourd'hui une face sombre de l'immigration,
04:44qui est l'immigration illégale, sur laquelle il faut être extrêmement ferme,
04:47notamment sur les passeurs.
04:49Au fond, les premières victimes de l'immigration illégale sont sans doute les immigrés eux-mêmes.
04:53Mais une face lumineuse.
04:55Qui sont qu'aujourd'hui, on a plus de 7 millions d'immigrés qui travaillent en France,
04:58qui payent leurs impôts, qui payent leurs cotisations sociales,
05:01qui s'occupent de nos aînés.
05:03Ça, il faut le reconnaître. Il faut arrêter de tout simplifier.
05:06Est-ce que Bruno Retailleau a eu tort de dire que l'immigration n'était pas une chance pour la France ?
05:11Moi, j'ai été élu par 250 000 Français qui vivent en Amérique du Nord.
05:15Au total, ils sont 800 000.
05:17Ils sont tous immigrés. Tous.
05:20Et ils considèrent tous que ça a été une chance pour eux de partir,
05:24et qu'ils contribuent à faire rayonner la France à l'étranger,
05:27et à faire fonctionner les États-Unis ou le Canada où ils vivent.
05:30Évidemment, pour les plus de 7 millions d'immigrés qui vivent en France,
05:33comme vous et moi, qui font vivre nos EHPAD,
05:36qui s'occupent de nos aînés, qui nettoient nos bureaux, y compris celui de M. Retailleau,
05:40c'est des gens dont on a besoin, et on est content qu'ils soient là.
05:43Donc l'immigration est une chance pour la France ?
05:45Je me souviens de ce que le candidat Emmanuel Macron avait dit en 2016,
05:49et je pense que l'expression de Bruno Retailleau, d'ailleurs, lui répond.
05:52Il avait dit que l'immigration peut être une chance.
05:55Et en fait, il faut qu'elle le soit.
05:57Donc, on n'est pas aveugles.
05:59On est évidemment conscients qu'il y a des défis énormes autour de l'immigration illégale,
06:03qu'on doit traiter, qu'on doit traiter en européen.
06:05Et Gérald Darmanin avait commencé à le faire, évidemment.
06:08Elisabeth Vord, dans la loi immigration, plus ferme que dans le passé.
06:11Les fameuses OQTF, qui ne sont pas des sujets très simples à régler,
06:15mais pour lesquels il faut renforcer les liens avec l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et d'autres,
06:19pour qu'on puisse renvoyer chez eux ceux qui n'ont pas vocation à être chez nous.
06:23Mais attention, l'immigration, c'est un sujet trop sérieux
06:27pour être laissé aux populistes et aux simplistes.
06:30L'immigration, c'est un sujet compliqué qu'il faut traiter avec...
06:33Donc, propos simplistes de Bruno Retailleau.
06:36Mais bien sûr, l'immigration n'est pas une chance,
06:38l'état de droit n'est pas intangible, tout ça.
06:40Ce sont des propos simplistes.
06:42Non, mais c'est un...
06:43Ce sont les propos du Rassemblement National.
06:45Ce sont surtout les propos de quelqu'un
06:47qui a été parlementaire pendant 15 ans
06:50et qui n'a jamais été ministre.
06:52Maintenant, il est ministre.
06:54Moi, j'ai été ministre pendant deux ans et demi.
06:56Donc il faut qu'il change de discours.
06:57Non, c'est pas ça.
06:58C'est que quand vous êtes ministre,
07:00c'est pas les mots qui comptent,
07:01c'est les actions et les résultats.
07:04Donc il a beaucoup parlé pendant 15 jours,
07:06on va maintenant voir ce qu'il va faire
07:08et les résultats qu'il a à la fois sur l'immigration clandestine,
07:11plus facile à dire qu'à faire,
07:13et sur l'immigration économique.
07:15On en a besoin.
07:16On en a besoin.
07:17Mais, Roland Lescure,
07:19quand Michel Barnier appelle Marine Le Pen
07:22parce que son ministre de l'économie
07:25a dit quelque chose qui ne plaît pas
07:29à la patronne du RN,
07:31est-ce qu'il entretient une ambiguïté ?
07:33Je vous pose franchement la question.
07:34Je ne suis pas sûr qu'il avait besoin d'appeler Marine Le Pen.
07:37Il aurait pu appeler son ministre.
07:38Oui.
07:39Il l'a sans doute fait pour lui dire
07:40ce que t'as dit, ça va pas, etc.
07:41Tu corriges.
07:42Mais hier, par exemple,
07:44et c'est sans doute une erreur de bonne foi,
07:47mais il y a deux questions sur la Nouvelle-Calédonie.
07:50Une question au gouvernement.
07:51Oui, j'ai vu ça.
07:52Une question de mon collègue Nicolas Mersdorff
07:54qui est impliqué sur ce sujet depuis longtemps,
07:56qui fait partie du socle majoritaire.
07:59Puis une question de M. Djibout
08:01qui fait partie de l'opposition.
08:03Il laisse répondre son ministre d'Edom-Tom
08:05à notre collègue.
08:06Il répond lui-même à M. Djibout.
08:08Bon, c'est un peu une erreur.
08:10Il faut le reconnaître.
08:11Je veux dire, ne pas traiter de la même manière
08:13un député qui est censé vous soutenir,
08:14un député qui s'oppose
08:15et qui va sans doute voter la motion de censure.
08:17C'est particulier.
08:19Il aurait pu appeler mon président de groupe,
08:21M. Attal, pour lui dire
08:22« Bon, écoute, là-dessus, j'ai commis une erreur,
08:24ça ne se reproduira pas, je vais revoir M. Mersdorff. »
08:27Il ne l'a pas fait.
08:28Donc, je ne sais pas si c'est de l'ambiguïté,
08:30mais en tout cas,
08:33je pense qu'appeler Mme Le Pen
08:35pour s'excuser pour les propos de son ministre,
08:37c'était aller assez loin.
08:39Et je ne suis pas sûr que c'était indispensable, effectivement.
08:41– Donc ça nourrit une forme d'ambiguïté.
08:43– Mais oui, mais là encore.
08:44– Je vais passer à autre chose.
08:46– Maintenant, les actes vont compter.
08:48– Exactement.
08:49En début de mandat, les symboles comptent,
08:51puis ensuite, il y a un moment, les actes.
08:53Est-ce qu'on va être en phase avec ce que nous...
08:55– À propos de Gabriel Attal, il a été assez dur, finalement.
08:58« M. Attal, je serai très attentif
09:00à vos propositions d'économie supplémentaire
09:02pour faire face au déficit que j'ai trouvé en arrivant. »
09:05Ça, c'était clair.
09:07Vous avez creusé le déficit,
09:10et maintenant, c'est à moi de réparer.
09:12– Là encore.
09:13Bon, d'abord, Gabriel Attal,
09:14il n'était premier ministre depuis le 1er janvier,
09:16donc je ne veux pas rentrer dans la polémique,
09:17mais le budget, il l'avait voté,
09:18mais il n'en était pas le seul responsable.
09:20Deux, surtout, il y a aujourd'hui une centaine de députés
09:24qui sont avec Gabriel Attal
09:26et qui sont prêts à soutenir ce gouvernement.
09:28Je ne suis pas sûr que la meilleure manière
09:30d'assurer le soutien de ces députés
09:32soit de mettre une petite gifle au président du groupe,
09:35en passant.
09:36Là encore, les actes vont compter.
09:37On va parler du budget, j'imagine.
09:39Il y a des choses que je suis prêt à soutenir,
09:41il y a des choses que je ne suis pas prêt à soutenir.
09:43Et évidemment, de ce point de vue-là,
09:45j'espère qu'il nous écoutera sur ce qu'on n'est pas prêt à soutenir
09:47et qu'évidemment, on soutiendra sur ce qu'on est prêt à soutenir.
09:50– Vous pourriez censurer le gouvernement Barnier ?
09:52– On n'en est pas là, aujourd'hui.
09:54– On n'en est pas là aujourd'hui ?
09:56– Non mais évidemment.
09:57Je veux dire, d'abord, pas de censure a priori,
09:59ça serait ridicule,
10:00je vois bien ceux qui partent sabre au clair
10:02en disant quelle que soit.
10:03On ne peut pas dire que dans la déclaration politique générale…
10:05– Par exemple, Sacha Houllier a dit qu'il ne voterait pas
10:07et qu'il voterait la censure.
10:09– Oui, mais quand on écoute la déclaration de politique générale
10:11de Michel Barnier,
10:12je ne vois pas en quoi on peut raisonnablement dire
10:16qu'on va la censurer, quoi qu'il arrive.
10:18Ensuite, il va y avoir un budget,
10:20il va y avoir des articles qui vont être votés ou pas votés,
10:22il va y avoir un budget dans l'ensemble
10:24qui va être voté ou pas voté.
10:25Et puis ensuite, peut-être des motions de censure,
10:27mais on n'en est pas là.
10:28Le vrai sujet aujourd'hui, c'est qu'on fait partie
10:31de ce qu'on appelle le socle majoritaire,
10:33on est prêt à soutenir ce gouvernement,
10:35mais pas à n'importe quel prix.
10:36Je l'ai dit avant même qu'il nomme son gouvernement,
10:39je le redis aujourd'hui,
10:40on jugera sur pièce, la confiance n'est pas automatique.
10:43– Alors sur pièce, le projet de budget a été transmis
10:46au Conseil des finances publiques,
10:4860 milliards, il faut trouver, 60 milliards.
10:52Alors 60 milliards, réduction de la dépense publique
10:54de 40 milliards, dont 20 milliards pour les ministères,
10:57et puis 20 milliards de hausse d'impôts.
10:59Les hausses d'impôts vont concerner les plus riches,
11:03des précisions ont été données ce matin,
11:05500.000 euros, au-dessus de 500.000 euros de revenus,
11:11ces plus riches paieront une contribution supplémentaire,
11:15ça ne vous choque pas ?
11:1775.000 ménages concernés.
11:19– Non, ça ne me choque pas, après il faut éviter de montrer
11:22les doigts les uns et les autres,
11:24tout le monde contribue à la richesse nationale,
11:26mais ce qui est vrai c'est qu'aujourd'hui,
11:28du fait des nombreuses niches fiscales,
11:30de la complexité de l'impôt français,
11:32il y a un certain nombre de contribuables
11:33qui payent très peu d'impôts, 2-3% de leurs revenus,
11:36qui par ailleurs est très élevé,
11:37donc qu'on puisse augmenter les impôts
11:40pour que tout le monde paye un impôt minimal,
11:42je pense que David Damien l'avait dit sur votre antenne
11:45il y a quelques jours, moi ça ne me choque pas,
11:47et ça je suis prêt à le voter.
11:48Je ne suis plus gêné, c'est très simple,
11:50ma grille de lecture ça va être très simple,
11:52est-ce que ça contribue à l'emploi et à la croissance,
11:54de manière à produire les recettes de demain
11:57qui nous permettront in fine de financer nos bonnets sociaux, ou pas ?
12:01Je ne pense pas que taxer un peu plus les gens très riches
12:03qui aujourd'hui payent peu d'impôts
12:05nous empêchera de créer de l'emploi.
12:07En revanche, quand vous parlez de l'impôt sur les sociétés,
12:10là je suis très vigilant.
12:12– Sur les très grandes sociétés, apparemment.
12:14– Les très grandes sociétés.
12:15– Ça veut dire quoi ?
12:16– Ça veut dire quoi les très grandes sociétés ?
12:17– C'est-à-dire que l'impôt sur les sociétés est à 25% aujourd'hui,
12:20le gouvernement pourrait envisager de le passer,
12:23je sais que vous avez contribué à cette baisse,
12:25le gouvernement pourrait contribuer à le faire passer,
12:28enfin pourrait avoir l'idée de le faire passer à 33 et plus de 33,
12:3333,8 dit-on, ou 33,5.
12:36– Donc on a aujourd'hui, qu'est-ce que c'est qu'une grande entreprise ?
12:39– Oui.
12:40– C'est pas juste un grand méchant loup qui se balade en France
12:42pour essayer de payer moins d'impôts,
12:44c'est des millions d'emplois.
12:46L'industrie chimique c'est 250 000 emplois,
12:49elle est aujourd'hui confrontée à une concurrence internationale très forte,
12:52les États-Unis qui subventionnent leur industrie,
12:54la Chine qui fait du dumping,
12:56et nous on est là à les re-taxer, à les sur-taxer.
12:59– Vous dites non ?
13:00– Moi je dis non, je pense que sur l'impôt sur les sociétés,
13:03il faut être extrêmement prudent,
13:04la concurrence internationale, l'attractivité,
13:07qui sont des mots…
13:08– Non à toute taxation exceptionnelle sur les grandes entreprises.
13:11– Moi je suis prêt à voter contre,
13:13une hausse temporaire, elle ne l'est jamais totalement,
13:17limitée, on verra les niveaux,
13:20mais si on parle de 33%, voire même au-delà,
13:23c'est-à-dire qu'on revient 7 ans en arrière,
13:25on gomme d'un revers de main,
13:28tout ce qu'on a fait qui fait que,
13:291, la France est le pays le plus attractif d'Europe,
13:322, on recrée de l'emploi dans l'industrie,
13:35et 3, on ouvre des usines,
13:37on ouvre des usines dans le Pas-de-Calais…
13:39– Emmanuel Macron a dit oui, il a dit oui,
13:41il a dit oui, mais elle doit être limitée,
13:44c'est ce qu'il a dit à Berlin, je l'ai entendu hier, vous aussi.
13:47– Moi là aussi je vais juger sur pièce,
13:49moi je souhaite vraiment…
13:51– Donc s'il y a taxation exceptionnelle des grandes entreprises,
13:54vous votez non ?
13:55– Je voterai, je vais regarder l'article,
13:57mais très probablement contre une hausse de l'impôt sur les sociétés,
14:01on a besoin de compétitivité, derrière c'est des millions d'emplois.
14:04– Et l'indexation des pensions de retraite décalée de 6 mois ?
14:08– Ça moi je suis prêt à regarder,
14:10je pense que j'ai entendu Gilles Berset
14:12qui le disait tout à l'heure sur votre antenne,
14:15on parle de 4 milliards, on veut 40 milliards d'économies,
14:18que les retraités contribuent à hauteur à peu près de 10% des économies,
14:21c'est très choquant, on parle de très petites sommes,
14:23pour les retraités,
14:25je rappelle quand même que grâce à la réforme des retraites
14:27que Celtin veut abroger,
14:29les petites retraites ont augmenté en moyenne de 50 euros il y a quelques jours,
14:33et que du fait de cette mesure envisagée par le gouvernement,
14:37on aura pendant 6 mois un peu moins de pouvoir d'achat pour les retraités,
14:41donc que tout le monde contribue à l'effort national ça ne me choque pas,
14:44là encore c'est pas ça qui va obéir à la croissance, obéir à l'emploi.
14:48Est-ce qu'en état vous jugez le projet de budget inacceptable ?
14:53Non, je ne le juge pas inacceptable, je le juge perfectible,
14:57je le juge améliorable,
14:59et d'ailleurs on fera des propositions dans ce sens.
15:03Je vous dis cela Roland Lescure, parce que Gérald Darmanin vient de dire,
15:07je le cite, le projet de budget en état est inacceptable
15:11et je ne le voterai pas.
15:13Gérald Darmanin.
15:15Moi je le trouve perfectible, perfectible.
15:18Ça vous surprend cette réaction de Darmanin ?
15:20Ça ne me surprend pas, parce que je pense que Gérald est extrêmement remonté,
15:23ça n'a échappé à personne depuis 15 jours, 3 semaines,
15:27et je pense qu'il va pousser ses expressions assez loin,
15:31la liberté c'est peut-être parce qu'il ne porte plus de cravate,
15:33là d'un seul coup il est libéré, et il se lâche.
15:37Moi j'ai un vrai sujet autour de ce qu'on appelle la partie...
15:40Vous savez un budget c'est deux colonnes, il y a les recettes et les dépenses.
15:44Moi je pense que du côté des recettes on va trop loin,
15:46et notamment je pense sur l'impôt sur les sociétés.
15:49Donc la question de savoir si on vote cette partie-là va se poser.
15:52Du côté des dépenses, à ce stade il n'y a rien qui me choque.
15:55Oui mais sur les recettes il est aussi imaginé qu'on pourrait taxer
16:00la production d'électricité, vous avez vu ça ?
16:03Les entreprises qui produisent l'électricité.
16:05Oui, alors ça j'ai compris qu'on était en train de revenir dessus,
16:08moi j'étais ministre de l'énergie jusqu'à il y a 3 semaines,
16:10et je m'étais, discrètement évidemment,
16:13mais assez fermement opposé à ça.
16:15Il y a d'autres manières...
16:16Vous vous opposez toujours à ça ?
16:17Oui, je pense que taxer la production d'électricité,
16:20à un moment on a besoin de produire plus, c'est pas la bonne idée.
16:22Moi j'ai entendu parler d'un dividende exceptionnel vers ce par EDF,
16:25pourquoi pas, ça c'est une bonne idée.
16:27Secteur aérien, oui, taxer le secteur aérien,
16:30surtout les billets, les billets business ou autre...
16:33Non mais le problème c'est la multiplication.
16:36C'est-à-dire qu'on est l'État qui taxe le plus en Europe et au monde,
16:41ou à peu près, on est dans le top 3 selon les années,
16:44malgré les baisses d'impôts qu'on a mises en oeuvre.
16:46Le problème c'est ça, c'est que trop d'impôts tuent l'impôt.
16:48Vous savez c'est une phrase qu'on a tendance à répéter, mais c'est vrai.
16:52C'est-à-dire que quand nous on a baissé l'impôt sur les sociétés,
16:55on s'est retrouvé avec plus de recettes.
16:57Pourquoi ? Parce que les entreprises viennent produire en France.
16:59Donc attention à ne pas tuer l'impôt avec trop d'impôts.
17:04Mais quand même que quelqu'un comme Gérald Darmanin
17:07dise ce projet de budget est inacceptable, je ne le voterai pas en État,
17:12ça va faire du bruit, ça va diviser totalement votre groupe.
17:15Non, ça veut dire, c'est une autre manière peut-être un peu plus crue
17:18de dire qu'il est perfectible, puisqu'il a dit en l'État je ne le voterai pas.
17:21Moi je vous dis il est perfectible.
17:23Est-ce que Gabriel Attal pourrait dire la même chose ?
17:26Ça il faudrait lui demander.
17:27Moi je pense qu'aujourd'hui en tout cas, il serait au moins d'accord avec moi
17:32à dire qu'il est perfectible puisqu'on a échangé là-dessus.
17:34Donc en l'État vous le voterez ou vous ne le voterez pas ?
17:37Moi je pense qu'il faut l'améliorer.
17:39Donc en l'État vous ne le votez pas ?
17:41Je pense qu'il faut l'améliorer, je ne...
17:43Non mais attendez, en l'État vous le votez ou vous ne...
17:47Non mais moi je ne donne pas le résultat du match.
17:48Parce qu'il faut l'améliorer.
17:49Non mais je ne donne pas le résultat du match avant qu'il ait lieu.
17:52Mais on n'a peut-être pas tout à fait le même style.
17:54Mais quand Lille a gagné contre le Real de Madrid hier,
17:56personne ne s'y attendait au début de match.
17:58Aujourd'hui j'espère que Lille va gagner contre le Real de Madrid
18:01et que le budget sera amélioré.
18:03Vous êtes Lille ?
18:04Moi je suis plutôt Paris-Saint-Germain, je dois avouer que j'ai eu une mauvaise semaine.
18:07Mais bon, je préfère effectivement que le match soit joué avant d'en juger de la fin.
18:11Donc en l'État, vous ne savez pas quoi ?
18:14Je vais m'assurer qu'il soit perfectionné, amélioré.
18:17Et s'il ne l'est pas, vous ne le votez pas ?
18:19Non mais je... Non, pas avec Dessy.
18:21On ne va pas aller d'accord avec Dessy.
18:22Tiens, j'ai une question, puisque vous êtes très intéressé par l'énergie et l'industrie.
18:27Le Mercosur, dont on ne parle pas, mais ça va revenir sur la table, pourquoi ?
18:32Est-ce que l'Allemagne vient d'appeler à une conclusion rapide des négociations ?
18:38Est-ce que l'Allemagne a raison ?
18:40En tout cas, je pense que, d'ailleurs comme sur l'immigration,
18:44le commerce extérieur c'est un sujet trop complexe pour le laisser aux démarches simplistes.
18:50Le CETA par exemple, qui est un accord que je connais bien,
18:53qui est un excellent accord pour la France et pour l'Europe,
18:56il a été refusé par les Républicains au Sénat.
19:01Maintenant qu'ils sont au gouvernement en responsabilité,
19:04j'espère qu'ils vont reconnaître que cet accord est un bon accord.
19:07Le Mercosur en l'état, il n'était pas un bon accord.
19:10Et pas pour des raisons d'industrie ou d'énergie.
19:12De ce point de vue-là, c'est plutôt correct.
19:13Pour des raisons d'agriculture, il y a un sujet autour de l'élevage.
19:16Donc il faut l'améliorer, là encore, de ce point de vue-là.
19:19Je pense que la France poussera en ce sens.
19:22Mais c'est un peu comme le budget en l'état, il n'est pas acceptable.
19:24On peut l'améliorer et moi j'espère...
19:26Et on peut signer.
19:27Moi j'espère qu'on arrivera à signer des traités de libre-échange.
19:31Donc vous espérez qu'on arrive à signer un traité avec le Mercosur ?
19:36Mais qui dans l'état, je le répète, n'est pas acceptable
19:38parce qu'il met en danger notre filière de l'élevage.
19:41Mais évidemment, je préférerais qu'on signe et qu'on s'inscrive dans le commerce international
19:46plutôt qu'on se replie.
19:48Mais l'Océta, c'est un tellement bon exemple.
19:50On nous a fait craindre tout, tout, le pire, la fin du monde.
19:55On a aujourd'hui du vin, des avions, du fromage, des PME qui exportent au Canada
20:01comme jamais auparavant.
20:03Toutes celles et ceux qui nous ont fait du populisme crince sur l'Océta
20:07se sont mis le doigt dans l'œil.
20:09Aujourd'hui, je crois à une France qui conquiert.
20:12Je crois à une France qui est capable de s'exporter vers le monde
20:15plutôt que de se replier.
20:16Et c'est ça la grande différence entre moi et Mme Le Pen.
20:20Je pense qu'on peut, en investissant, en faisant en sorte que notre industrie soit forte,
20:24être dans une France qui conquiert, qui ne se replie pas.
20:28Et ça, effectivement, ce n'est pas facile.
20:30Mais là encore, je préfère Lille, qui gagne contre l'Oréal de Madrid,
20:33plutôt qu'une équipe qui n'irait pas jouer les matchs.
20:35J'ai une dernière question.
20:36Puisque vous êtes le représentant des Français d'Amérique du Nord,
20:41Roland Lescu, parlons d'Amérique du Nord,
20:43le discours de Bruno Retailleau lorsqu'il parle de l'état de droit
20:46est comparé au discours de Donald Trump.
20:49Est-ce que, quelque part, Bruno Retailleau a employé des propos
20:53que Donald Trump aurait pu dire ?
20:56Je pense que Donald Trump va largement plus loin dans l'outrance.
20:59En revanche, ce dont je suis sûr, je lui ai dit,
21:01Bruno Retailleau, il s'exprime très bien, extrêmement clairement.
21:05Donc quand il prononce des mots...
21:07C'est pas un hasard ?
21:08C'est pas un hasard.
21:09Et quand il dit l'état de droit n'est pas intangible, moi ça me choque.
21:14Il a beau dire après qu'il voulait dire l'état du droit, j'ai un peu de doute.
21:18Donc je serai là aussi extrêmement vigilant.
21:20Vous savez, les valeurs c'est non négociable.
21:23Parce que derrière ces valeurs se cache au fond notre liberté à tous et à toutes
21:27et notre capacité à vivre ensemble.
21:29Et ça, moi j'y suis extrêmement sensible.
21:32Donc c'est vrai que je serai très concentré sur les sujets économiques
21:35parce que c'est ce que je connais.
21:36Je serai aussi très concentré sur le sujet des valeurs
21:39parce que c'est ceux qui me touchent, c'est ceux pour lesquels je me suis engagé en politique.
21:42Dans un mois, élection américaine, ça va donner quoi selon vous ?
21:46Aujourd'hui, c'est pile ou face.
21:49Vous savez que ça va se jouer dans 4-5 états.
21:51Ça va se jouer à 50 000 voix.
21:53C'est l'équivalent de la ville de Malakoff qui va décider de l'élection américaine.
21:58Aujourd'hui, Kamala Harris.
22:00Exactement.
22:01Et ça c'est lié en partie à leur système électoral
22:05et en partie, malheureusement, une Amérique qui est divisée en deux.
22:08Il ne faut pas que la France aille dans ce sens-là.
22:11Il faut qu'on arrive à rassembler parce que dès que vous coupez en deux
22:13et que vous élargissez comme ça les bords,
22:15on se retrouve dans des pays extrêmement fragmentés, extrêmement divisés
22:18qui ne vont pas bien.
22:20Merci Roland Lescure d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
22:24Il est 8h58. Patrick Roger après les informations dans 9 heures.

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