Avec Bertrand Pancher, député de la Meuse et président du groupe LIOT à l’Assemblée Nationale
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-03-17##
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NewsTranscription
00:00 - Et l'invité ce matin Bertrand Pancher, député de la Meuse et président du groupe Liott à l'Assemblée Nationale.
00:04 - Bonjour Bertrand Pancher. - Bonjour.
00:06 - Après le coup de tonnerre du 49.3 hier, tout va donc se jouer
00:10 probablement autour des motions de censure et c'est votre groupe, votre petit groupe, 20 députés, Liott,
00:15 Liberté, Indépendance, Outre-mer et Territoire qui pourrait bien détenir la clé
00:19 parce que le RN devrait déposer de son côté une motion de censure.
00:23 Vous aussi vous l'avez annoncé avec une motion transpartisane bien sûr.
00:29 L'ANUPS pourrait se ranger derrière vous et peut-être aussi du coup d'ailleurs le RN.
00:33 Qu'en est-il ce matin et est-ce que vous allez déposer votre motion de censure ?
00:37 - Je crois que c'est en bonne voie, c'est bien parti, c'est pas encore fait.
00:40 Nous souhaiterions que cette motion de censure soit réellement transpartisane
00:46 avec évidemment des députés LR puisque pour que la motion de censure passe il faut qu'elle soit votée et on a besoin
00:54 du ralliement des députés LR qui sont manifestés contre la retraite.
00:59 Nous voulons faire en sorte que le gouvernement change et nous souhaitons que
01:05 puisque la première ministre l'a dit hier
01:08 ça va être, on va voter quand même à travers cette motion de censure sur la question des retraites
01:13 et nous souhaitons que la réforme des retraites soit enterrée, soit rediscutée.
01:18 - Oui c'est-à-dire alors là vous êtes en train d'étudier, de discuter avec
01:23 qui ? Alors avec les LR mais aussi avec LFI, avec un petit peu de monde ?
01:27 - Alors d'abord bon c'est, ça serait une motion de censure déposée par les députés Lyot
01:34 entraînant les députés de LR puisque il faut que
01:39 disposer du soutien de LR et compléter par les députés
01:45 comment les députés de la NUPES en commençant par
01:49 GDR, le parti socialiste, enfin toutes les formations politiques avec lesquelles on a l'habitude de travailler à l'Assemblée Nationale.
01:55 - Et avec le RN ?
01:57 - Oui le RN a indiqué que le RN va déposer sa motion de censure.
02:02 Moi j'ai mission,
02:05 Lyot c'est
02:07 une formation très démocratique,
02:09 mes collègues parlementaires m'ont donné mission hier de discuter avec les groupes parlementaires
02:15 d'abord proches des nôtres, c'est à dire en commençant évidemment par entraîner LR et ensuite en complétant par les
02:23 parlementaires du groupe de la NUPES, c'est à dire en démarrant par GDR, parti socialiste, les écologistes
02:30 et en complétant cette liste de cette façon.
02:32 - Mais après le RN peut très bien voter votre motion de censure, sans qu'il n'y ait d'accord entre vous.
02:40 Ils peuvent déposer leur motion de censure et vous de votre côté.
02:43 - Oui je rappelle qu'il peut y avoir plusieurs motions de censure de déposer,
02:46 c'est 58 signatures, il peut y en avoir 3, 4, 5, 6, toutes les motions de censure sont discutées
02:52 dans le cadre d'une discussion commune et puis on les vote les unes après les autres,
02:56 bon je pense que la nôtre ralliera évidemment le plus de suffrage possible.
03:00 - Oui, parce que vous avez besoin de ces voix évidemment pour que ça passe.
03:05 - Oui évidemment.
03:06 - Vous avez jusqu'à quelle heure pour déposer votre motion de censure ?
03:09 - Nous avons jusqu'au milieu de l'après-midi pour le faire.
03:13 - Bon, mais vous allez le faire, c'est sûr.
03:15 - Non, c'est très bien, c'est pour le moment très bien parti,
03:18 nous avons discuté très tard hier soir avec un certain nombre de représentants de groupes parlementaires,
03:26 je dois réunir à nouveau mes collègues dans le courant de la matinée pour leur rendre compte de la situation
03:31 et j'attends vraiment que les députés LR se manifestent pour signer cette motion de censure avec nous.
03:39 - Et s'il n'y a pas les députés LR qui signent avec vous, est-ce que vous allez quand même déposer ou pas ?
03:44 - Je trouve que ça serait dommage, bon il faut aller vraiment jusqu'au bout,
03:49 nous la déposerons quand même très vraisemblablement et j'espère que massivement ils vont la signer.
03:55 - Oui, bon voilà et puis ensuite donc il y aura cette discussion aussi à l'Assemblée, c'est lundi.
04:04 - Oui c'est lundi.
04:05 - Dimanche c'est possible ou pas non ?
04:07 - Non, non, non.
04:09 - Dans les textes c'est 48 heures après.
04:11 - Oui c'est 48 heures, théoriquement il nous appartient de dédier la date,
04:17 nous c'est ce qu'on appelle la conférence des présidents à l'Assemblée nationale,
04:23 c'est-à-dire sous l'autorité de la présidente de l'Assemblée nationale,
04:26 qui va nous réunir dans le courant de la journée, nous allons de façon consensuelle je l'espère,
04:31 nous mettre d'accord sur un moment qui permet aux parlementaires d'être présents.
04:36 C'est vrai que le lundi c'est plus facile.
04:39 - Oui, Bertrand Pancher, il y a beaucoup d'auditeurs qui découvrent un petit peu du coup,
04:43 qui découvrent votre groupe à cette occasion,
04:45 Liott, Liberté indépendant Outre-mer et Territoire,
04:48 composé d'une vingtaine de députés, vous êtes des indépendants c'est ça ?
04:53 - Alors nous sommes des députés indépendants qui travaillons hors clivage politique,
05:00 des députés du parti socialiste qui n'ont pas fait les accords avec la France insoumise,
05:09 des députés socialistes indépendants, des sociodémocrates,
05:11 jusqu'au centre droit, en passant par les ultramarins, les députés Corses,
05:16 et des écologistes, disons, de Progrès.
05:19 C'est un groupe parlementaire qui se définit comme humaniste,
05:22 nous avons une charte qui est en ligne,
05:24 c'est-à-dire nous rêvons d'un développement enfin humain,
05:28 économique, social, environnemental, en passant par le dialogue,
05:31 par les territoires et une nouvelle forme de démocratie,
05:34 parce qu'on se rend compte que rien ne peut se passer comme auparavant,
05:37 c'est-à-dire en décidant par le haut, tout ça n'est pas possible.
05:39 - Mais est-ce que vous êtes dans l'opposition à Emmanuel Macron ?
05:42 - Nous sommes clairement dans l'opposition,
05:45 mais nous définissons volontiers comme un groupe parlementaire d'opposition et de proposition,
05:50 c'est-à-dire que nous aurions rêvé qu'on puisse se mettre d'accord sur des grands projets politiques,
05:56 puisqu'il n'y avait pas de majorité,
05:58 on aurait dû commencer comme ça, dans toute démocratie adulte,
06:01 il n'y a pas de majorité absolue,
06:03 on aurait pu se mettre d'accord sur un certain nombre d'objectifs,
06:06 de lois, ce n'est pas le cas, il y a aussi un problème de méthode.
06:09 - Oui, Bertrand Panchard, on rappelle pour la motion de censure,
06:12 donc vous lancez cet appel ce matin au LR, qu'est-ce que vous leur dites ?
06:16 - Je leur dis n'ayez pas peur, franchissez, franchissez pas avec nous,
06:22 vous voyez bien qu'Elisabeth Borne elle-même a expliqué que cette motion de censure
06:28 c'était une façon aussi de donner la parole au Parlement,
06:32 en s'exprimant pour ou contre la réforme des retraites,
06:35 vous êtes contre la réforme des retraites,
06:37 et bien votez cette motion de censure, mettez-vous avec nous,
06:40 ce sera vraiment un très beau symbole pour l'ensemble de nos concitoyens.
06:43 - Et vous avez discuté avec Eric Ciotti ou pas ?
06:45 - Je... Eric Ciotti...
06:47 - Parce que lui, lui, par rapport au LR, il est un petit peu embarrassé évidemment,
06:51 parce qu'il avait donné son soutien au gouvernement.
06:53 - Je connais bien Eric Ciotti, qui est le président de...
06:55 je discute avec tous les présidents de partis politiques,
06:57 bon Eric Ciotti, sa position est connue,
07:00 il incite pas ses parlementaires à s'engager dans le cadre de cette motion de censure,
07:07 je discute avec ceux qui se sont exprimés contre la loi.
07:12 - Oui, mais qu'est-ce qui ne vous plaît pas dans cette réforme des retraites Bertrand Panchard ?
07:16 - Ce qui ne me plaît pas, c'est que franchement,
07:18 le système de retraite va être sans doute déséquilibré dans quelques années,
07:23 on souhaitait, comme tout le monde, faire en sorte de rétablir l'équilibre,
07:29 c'est clair, c'est 15 milliards d'euros à trouver,
07:33 on aurait pu le faire en accélérant la réforme Touraine,
07:35 c'est-à-dire faire en sorte qu'on soit obligé de cotiser un peu plus à chaque année
07:43 pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
07:45 - Oui, mais la réforme Touraine, c'est 43 années aussi d'annuité.
07:47 - Oui, mais écoutez...
07:49 - Donc ça veut dire partir même au-delà de 64 ans pour certains.
07:53 - Actuellement, on part à 63 ans et demi,
07:57 quatre mois, quatre mois, on aurait pu trouver des recettes complémentaires,
08:00 et surtout, le grand reproche que nous faisons à cette réforme,
08:03 c'est que plus de 40% des personnes qui prennent leur retraite sont au chômage,
08:08 c'est-à-dire qu'on en met deux ans de plus, il fallait commencer par un vaste plan senior,
08:12 et c'est le vrai problème, c'est-à-dire la commission mixte paritaire Assemblée Nationale-Sénat
08:16 est revenue sur la seule avancée du Sénat qui était significative,
08:21 c'est-à-dire le plan senior, en réduisant complètement,
08:25 alors on va allonger l'âge de part à la retraite,
08:28 on n'a même pas traité la question des incitations pour embaucher les seniors.
08:32 - Oui, il peut y avoir donc un renversement du gouvernement Borne,
08:36 c'est ce que vous souhaitez, finalement ?
08:38 - Clairement, bon, c'est un gouvernement qui n'a pas été à l'écoute,
08:43 qui n'a pas recherché les compromis, et nous souhaitons un changement de gouvernement,
08:47 parce que les Français ont besoin d'être écoutés,
08:50 les corps intermédiaires ont besoin d'être écoutés,
08:52 et c'est l'objectif d'une motion de censure.
08:56 - Oui, c'est parce que le 49.3, vous l'avez jugé comment ?
09:00 Certains disent que c'est antidémocratique, mais c'est dans la Constitution en même temps.
09:03 - Oui, c'est dans la Constitution, le problème c'est que cette Constitution aurait vraiment besoin d'être...
09:07 de comment ? d'évoluer, c'était une Constitution à l'époque du général de Gaulle,
09:12 les réseaux sociaux n'existaient pas,
09:14 les Françaises et les Français étaient moins informés, moins éduqués,
09:18 et on voit bien que le vrai sujet, c'est de faire en sorte de prendre des décisions
09:25 en relation et en écoutant l'ensemble de nos concitoyens.
09:30 C'est pas le cas, et j'avoue, en plus c'est de pire en pire,
09:33 on a l'impression qu'on est dirigé uniquement par un président de la République
09:36 et quelques énarques autour, ça peut pas fonctionner comme ça.
09:39 Les Françaises et les Français comprennent les difficultés,
09:42 sont prêts à faire des efforts à condition de les respecter et à condition de travailler avec eux.
09:47 - Est-ce qu'il y a un risque de dissolution de l'Assemblée nationale ?
09:50 - Chiche, chiche, moi franchement...
09:52 - C'est ce que vous dites à Emmanuel Macron ?
09:53 - Ah non, chiche, moi ça me fait pas du tout...
09:55 enfin je veux dire, ça me fait pas peur, ça peut pas continuer comme ça.
09:57 Et si il n'y a pas de dissolution de l'Assemblée nationale,
10:00 et bien faisons en sorte de remettre en place un gouvernement à l'écoute,
10:04 en discutant avec les groupes parlementaires.
10:06 Nous, on est toujours prêt à discuter.
10:09 - Le gouvernement il l'est pas à l'écoute, il discute pas.
10:11 - Le gouvernement, un moment, top avec un tel, top avec un autre,
10:16 bon, c'est pas dans la transparence,
10:19 à passer son temps jour et nuit,
10:21 pratiquement à appeler tous les parlementaires pour leur promettre tout et n'importe quoi,
10:25 de façon à faire en sorte qu'ils votent la loi sur la retraite,
10:31 passe maintenant par un 49-3 parce qu'il se rend compte qu'il y a un risque.
10:35 C'est quand même pas très transparent tout ça.
10:37 - Et puis l'atmosphère à l'Assemblée nationale,
10:39 vous connaissez bien la politique, vous êtes un habitué aussi.
10:42 Un mot sur l'atmosphère hier quand même.
10:44 Elisabeth Borne s'est déclarée choquée par l'EU, la Marseillaise, etc.
10:48 - Oui mais franchement, qui sont les plus choqués ?
10:51 C'est les françaises et les français, c'est les parlementaires eux-mêmes,
10:54 on a promis, juré, craché, pas de 49-3.
10:58 Bon, enfin, on bafoue le Parlement depuis le début,
11:02 il faut quand même savoir que cette loi n'a même pas été discutée entièrement à l'Assemblée nationale.
11:07 On s'apprête tous à siéger, à intervenir,
11:15 et on nous apprend au dernier moment le 49-3,
11:18 qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
11:20 Et la rue qui... faisons attention à la rue !
11:22 - Alors voilà, c'est ça, il y a un risque que ça dégénère,
11:25 comme hier soir il y a eu quelques manifestations spontanées
11:28 dans plusieurs villes, Bertrand Bronchère.
11:30 - Le feu couvre sous la cendre.
11:32 Qui aurait imaginé le phénomène des gilets jaunes dans notre pays ?
11:35 Si on n'avait pas eu l'armée, la police, la gendarmerie,
11:38 on aurait eu une révolution orange en France, une grande démocratie.
11:41 - Il y a un risque là, aujourd'hui.
11:43 - Est-ce qu'on règle ce problème là ?
11:45 Mais il y a toujours des risques quand on n'écoute pas nos concitoyens.
11:47 - Oui, donc vous dites à Emmanuel Macron "écoutez la rue".
11:50 - Écoutez la rue, écoutez les décors intermédiaires, écoutez les parlementaires.
11:53 - Oui. Merci Bertrand Bronchère, président du groupe Lyott à l'Assemblée nationale,
11:58 liberté indépendante, outre-mer et territoire.
12:00 Donc là vous allez discuter et ensuite déposer votre motion de censure cet après-midi.
12:05 - C'est ça.
12:06 - Deadline ? 15h16 ?
12:08 - 15h je crois.
12:10 - 15h. Merci Bertrand Bronchère d'avoir été l'invité ce matin de Sud Radio.