Avec Georges, Franco-libanais originaire du Sud-Liban à Tyr, a fui les bombardements et est venu à Beyrouth
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00:00Le Liban, pris par le vertige de l'après-Nasrallah.
00:07Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah depuis les années 90.
00:10Homme le plus puissant de facto du pays, éliminé vendredi soir par une frappe lourde, frappe israélienne dans le sud de Beyrouth.
00:19Que va devenir le Liban ? Que va devenir le Hezbollah ? Et jusqu'où ira la guerre ?
00:23On en parle avec notre invité qui est sur place. Bonjour Georges.
00:28Oui, bonjour.
00:29Bienvenue sur Sud Radio. Merci beaucoup de prendre la parole ce matin en direct sur Sud Radio depuis la ville de Tire, c'est ça ?
00:36Non, la ville de Beyrouth plus précisément. Vous êtes originaire de la ville de Tire, au sud du Liban.
00:40Vous l'avez quittée par peur des bombardements et vous êtes arrivé à Beyrouth. Est-ce que tout va bien pour vous d'abord ?
00:45Tout va bien pour le mieux. En fait, on est très inquiets.
00:50C'est la seule question à ne pas poser à des Libanais. Si tout va bien, rien ne va.
00:56Et nous sommes dans une situation qui n'est pas nouvelle pour nous.
01:02En fait, notre situation de perte et notre situation de désolement avait commencé bien avant l'assassinat de Nassar Abla.
01:17La population aujourd'hui est complètement laissée à son sort.
01:22Il n'y a pas d'État présent. Il n'y a aucune structure d'aide aux gens du sud, des gens qui sont en train de quitter.
01:30On exode une zone très importante du Liban et ce n'est pas tout nouveau.
01:37Vous savez que le gouvernement était au courant, en fait, de cette situation-là depuis le 7 octobre.
01:44Et on se rend compte aujourd'hui, la catastrophe, lorsqu'elle tombe, que le gouvernement est quasi absent de ses responsabilités.
01:50Donc aujourd'hui, rien ne va. L'avenir est totalement incertain.
01:57On est pris, on est en otage, un pays entier qui est pris en otage par des puissances régionales.
02:03Notre sort n'est plus entre nos mains, c'est entre les mains des grandes puissances,
02:09de ce qu'elles vont décider, de l'équilibre qu'elles vont se faire pour pouvoir trouver une solution à ce pays-là
02:19qui, depuis sa création, vit des crises systémiques différentes et continues.
02:27Oui, depuis 1975, on est en guerre. Depuis 1992, on est en guerre. En 2005, on était en guerre.
02:33En 2006, en 1982, ce pays, ce pauvre pays, a toujours connu la guerre depuis bien longtemps.
02:42Et pourquoi ? Parce que vraiment, il y a quelque chose qui ne roule pas très rond dans la situation,
02:49c'est qu'il n'y a pas un État central, il n'y a pas une notion d'État de droit.
02:54Il n'y a pas de droit, il n'y a pas d'État, il n'y a rien.
02:57Donc le peuple cubainé, comme il l'a toujours été, s'occupe lui-même d'assurer sa vie, sa survie.
03:06Donc c'est pour ça que je parle qu'il y a un problème systémique qui touche profondément le pays.
03:12Une chose très importante d'ailleurs, Georges, on parle beaucoup du Hezbollah en France, décapité de manière très surprenante.
03:19Personne ne s'attendait à voir la disparition de tout l'État-major jusqu'au grand chef du Hezbollah,
03:23sous des frappes israéliennes en si peu de semaines.
03:26En revanche, on ne parle jamais de l'armée libanaise. Où est-elle, l'armée libanaise ?
03:32L'armée libanaise est là, mais c'est que la caste politique au pouvoir,
03:37avec le support du Hezbollah, avec le support des grands joueurs régionaux, ont décidé que l'État ne doit plus exister.
03:46C'était une mainmise indirecte sur les fonctions de l'État.
03:50On n'est pas très loin de l'explosion du 4 août dans laquelle toute investigation a été interdite.
03:57On n'est pas très loin des grands assassinats politiques qui ont eu lieu dans le pays dont les investigations ont été interdites.
04:04Une armée libanaise est là, elle est forte, elle est unie,
04:10mais encore faudrait-il que le pouvoir politique lui donne les prérogatives nécessaires pour qu'elle puisse jouer son rôle.
04:16Sachant aussi que la responsabilité internationale et régionale dans l'armement de l'armée libanaise
04:23joueraient à mon avis un rôle très précieux parce que, institutionnellement,
04:29l'armée libanaise a toujours été interdite de se doter d'équipements, de se doter d'éléments,
04:37en fait suffisant d'armes pour qu'elle puisse quand même jouer son rôle sur le plan national.
04:43Raison de plus pour constater le vertige aujourd'hui qui s'empare de vous.
04:49Alors même que celle qui, de facto, était devenue, malgré une bonne partie des Libanais, l'armée du Liban,
04:56en tout cas au sud c'était le Hezbollah, c'était lui qui avait les armes,
04:58et bien cette milice-là est complètement décapitée depuis quelques semaines,
05:02et spécialement depuis vendredi soir.
05:05Comment on voit l'après Nasrallah au Liban, quelles que soient d'ailleurs ses convictions politiques ou religieuses ?
05:11On ne voit pas l'après Nasrallah, on voit qu'on va vers une guerre plus importante.
05:20Il y a deux niveaux, deux clivages de guerre.
05:23Il y a une guerre civile, à mon avis, et j'espère que je puisse avoir très tort,
05:28c'est qu'il y a eu beaucoup de haines qui ont été montées de part et d'autre sur la situation.
05:35Les Libanais n'arrivent plus à s'entendre, n'arrivent plus à se parler,
05:39n'arrivent plus à se considérer comme étant citoyen de ce pays-là.
05:44Les Libanais sont gérés par des communautés, par des confessions,
05:49par des partis politiques divers, sous une hégémonie comme pas possible,
05:57donc ça c'est une inconnue.
06:00De par ailleurs, on ne sait pas aujourd'hui Israël, quel est son plan,
06:05où est-ce qu'il souhaiterait s'arrêter ou ne pas s'arrêter,
06:09sachant que je pense que laisser la force de Hezbollah se monter pendant 40 ans,
06:16sous les yeux des Israéliens, sous les yeux de la communauté internationale,
06:20et prétendre aujourd'hui faire la guerre à ce parti-là, n'est pas innocent.
06:28Le parti Hezbollah n'a pas été créé en 24 heures, ça fait 40 ans qu'il travaille sur son plan,
06:35et 40 ans que la communauté internationale est au courant de toutes les actions de ce parti-là.
06:40Oui, 20 000 hommes en armes en théorie, plus 20 000 réservistes,
06:44c'est la force la plus puissante à l'intérieur du Liban de facto.
06:47En fait, il faut dire dans sa communauté, dans son...
06:52Chez les chiites.
06:53Chez les chiites, tous sont Hezbollah, une grande partie sont Hezbollah,
06:58c'est une milice, c'est pas une armée, c'est un système.
07:01Tous les gens, on pourrait retrouver chez tous les gens des armes,
07:06tous les gens sont obnubulés, sont avec la cause, et tout ça,
07:12et ils s'en foutent du reste de la population, pour eux, c'est ça le Liban, c'est eux le Liban, et tout ça.
07:18Et surtout, je comprends qu'on constate que le Hezbollah a prôné vraiment des idées
07:25qui ne ressemblent pas à la population libanaise, qui ne sont pas libanaises,
07:29inféodées au système iranien, parlant de l'État islamiste, etc.
07:35Ça, ça va chercher beaucoup de popularité au sein de la population.
07:39Il est toujours fort de ce qu'il prétend avoir comme poids démographique dans le pays.
07:45Ce n'est pas une question de démographie au pays,
07:48c'est une question de Libanais qui doivent vivre ensemble.
07:53C'est tous des Libanais, on n'est pas des numéros, on est tous Libanais,
07:56on appartient tous à cette terre-là, inclus les chiites, d'accord ?
08:00Et on doit vraiment se dire, se mettre en tête que l'État, la nation libanaise,
08:05est une nation définitive, et on doit vivre dans cette chose-là.
08:10– Mais espérons que…
08:13– Un référendum à deux volets, qui veut le Liban, et quel Liban on veut ?
08:19Donc si on arrive à poser cette question-là à l'ensemble des Libanais,
08:22je pense qu'on aurait la tête claire pour l'avenir du Liban.
08:26– À condition de laisser les gens voter, ça n'a pas toujours été facile ces dernières années.
08:29Espérons que votre cri du cœur soit entendu.
08:32Georges, merci beaucoup pour ces paroles ce matin sur Sud Radio.
08:35On espère que ça va se passer le moins mal possible, en tout cas pour vous,
08:38puisque vous avez dû faire partir vos enfants
08:40dans d'autres pays que le Liban par sécurité.
08:43On espère aussi que vous serez à l'abri des bombes, quoi qu'il arrive.
08:46Merci beaucoup pour ce témoignage.