Avec Adel Bakawan, Directeur du Centre Français de Recherche sur l’Irak
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00:00Après 13 ans de guerre civile absolument épouvantable, des massacres de tous les côtés et dans les différents camps,
00:11le régime syrien est finalement tombé en un peu plus d'une semaine comme un fruit mûr, par surprise,
00:16à la faveur de l'épuisement de ses protecteurs russes, iraniens et libanais.
00:20Bachar el-Assad a quitté Damas dans la nuit, on ignore où il est allé, on ignore où il se trouve actuellement,
00:27on ignore même son sort, on ignore aussi le sort de la Syrie, que va-t-il devenir de ce pays ?
00:34On en parle avec Adel Bakawan, bonjour.
00:36Bonjour.
00:37Bienvenue sur Sud Radio, directeur du Centre Français de Recherche sur l'Irak,
00:41chercheur associé au programme Turquie Moyen-Orient de l'Institut Français des Relations Internationales,
00:46et vous êtes aussi membre de l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranéens Moyen-Orient.
00:51Vous étiez là il y a une semaine exactement, tout pile, on ne s'attendait pas à ce que le régime tombe si vite.
00:56Il est tombé comme un fruit mur.
00:58Oui absolument, pas si vite, bien évidemment pas si vite, mais il devait tomber.
01:04Il était vraiment, il avait son rendez-vous avec l'histoire,
01:0855 ans plus tard, après le règne de la famille d'Assad arrivait au pouvoir en 1970,
01:16un règne de terreur, de peur, police politique, génocide, l'utilisation des armes chimiques, brutalisation de la société.
01:29C'est bon, il est tombé.
01:31Maintenant, la question est maintenant, qu'est-ce qui va arriver à la Syrie ?
01:35Exactement, qui va diriger la Syrie ?
01:37On va en parler, qui est Joulani, le leader de Hayat Tahrir al-Sham,
01:41le groupe qui a déclenché la première offensive, qui a fait tomber tous les éléments du régime comme un château de cartes.
01:47On va en parler avec vous avant.
01:49D'abord, vous parliez de la terreur, j'aimerais qu'on s'attarde sur deux ou trois informations qui peuvent glacer le sang.
01:54Avec un symbole, notamment cette prison juste au nord de la capitale Damas, la prison de Sednaïa, surnommée par certains le hachoir à viande.
02:01Des milliers de Syriens ont été exécutés dans cette prison, dans des conditions absolument épouvantables.
02:08Certains prisonniers qui ont été libérés étaient là depuis plusieurs décennies, manifestement.
02:11Absolument.
02:12Qui était-il ?
02:13Écoutez, moi je suis d'origine irakienne, j'ai vécu le régime de Saddam Hussein.
02:18Le régime de Bachar el-Assad et avant son père Hafez el-Assad, c'est exactement le même modèle, exactement le même fonctionnement.
02:27Cette prison, c'est le symbole du terrorisme de l'État, de la brutalisation de l'État.
02:34Je ne suis absolument pas étonné si on retrouve encore des prisonniers de 40 ans, de 50 ans.
02:40Parce qu'en fait, c'est là que toute la brutalité de ce régime s'incarnait.
02:47Et en tout cas, elle s'exerçait sur ses différentes oppositions.
02:52On a même trouvé à Dera un prisonnier qui avait été enfermé lors des manifestations de 1980.
02:59En France, c'était sous Giscard, quelqu'un qui était enfermé là depuis 44 ans.
03:04Voilà ce qui se passait dans ces prisons.
03:06Que va devenir la Syrie désormais ?
03:08Si je regarde la carte, c'est compliqué.
03:10Ça tombe bien, ça l'était avant aussi.
03:12Plusieurs forces en présence.
03:13Nous avons donc ce groupe qui est déclenché, qui est parti dit de Libanon, à commencer par prendre Alep,
03:18et qui semble dominant aujourd'hui, Hayat Tarih al-Sham, dirigé par Monsieur Joulani.
03:23Alors c'est pas rassurant pour les Français.
03:24Ancien de l'État islamique, ancien d'Al-Qaïda, ancien du Front al-Nusra.
03:29Aujourd'hui, il assure qu'il veut protéger tout le monde.
03:31Est-ce qu'il faut le croire ?
03:33Écoutez, si on met entre parenthèses, si on accepte sa déconversion,
03:39c'est-à-dire sa sortie du djihadisme international d'Al-Qaïda, du Daesh et du Front al-Nusra,
03:46et on accepte son discours, à savoir, il n'y a qu'un mouvement djihadiste, salafiste, combattant contre le régime de Bachar el-Assad,
03:57juste dans ces qualificatifs, dans ces qualifications, il y a des éléments à prendre en compte, n'est-ce pas ?
04:04Un mouvement djihadiste, salafiste, combattant, qui arrive à Damas,
04:09et qui impose sa domination presque totale sur la partie libérée de la Syrie.
04:17Numéro 1. Numéro 2, vous avez en même temps les Kurdes, vous avez les pro-turcs, vous avez les tribus,
04:25vous avez les anciens du régime, vous avez les al-Habit, vous avez des grandes composantes de cette société syrienne.
04:35Moi, le modèle qui me revient tout de suite, c'est le modèle libyen, c'est le modèle soudanais, c'est le modèle yéménite.
04:42Alors, c'est important que vous parliez de ça, parce que les trois pays que vous avez cités sont des pays qui ont éclaté,
04:47à un moment ou à un autre de leur histoire. La Libye, elle est coupée en deux aujourd'hui, entre l'Est et l'Ouest.
04:52Est-ce que c'est, je vais le dire en français, ce qui va se passer en Syrie ?
04:57Voilà, exactement. Le premier ministre actuel, qui a été nommé par Bachar el-Assad au mois de septembre,
05:03il y a juste un mois et demi d'où moins, il a dit qu'il est tout à fait disposé à collaborer avec les nouvelles autorités,
05:11élues par le peuple. Est-ce que Mohamed Jolani accepte les jeux démocratiques ?
05:17Si jamais il accepte, est-ce que s'il perd, est-ce qu'il accepte de rendre ses armes déjà ?
05:22Est-ce qu'il accepte de collaborer avec les autres groupes qui sont arrivés dans les zones libérées ?
05:30On sait déjà très bien qu'il a éliminé par une violence radicale tous ses rivaux dans les zones auparavant libérées.
05:38Y compris d'ailleurs certains rivaux, il faut le dire pour être équitable, qui étaient des membres persistants d'Al Qaïda
05:44ou des membres de Daesh, l'État islamique.
05:47Absolument, absolument. Alors donc, si vous me permettez, l'enjeu principal pour moi,
05:54est-ce que tous ces groupes d'opposition sont capables à dépasser le modèle libyen, le modèle yéménite, le modèle soudanais
06:02où ils seront rapidement pris dans la gestion de leur rapport de force, dans la gestion de leur domination ou pas ?
06:11Est-ce qu'ils seront suffisamment conscients et responsables par rapport aux enjeux de leur pays
06:18où ils vont rapidement être pris dans des guerres civiles ?
06:21Sachant qu'il y a plusieurs forces en présence qui se battent en ce moment.
06:24On peut parler notamment de ce qui se passe dans le nord du pays.
06:27La partie de l'opposition contrôlée par les Turcs a lancé une offensive contre les Kurdes syriens, c'est ce qui se passe.
06:33Parlons maintenant du pays qui était le plus fidèle au régime.
06:36Celui où se trouve la base navale russe de Tartus, le pays halawite.
06:40Alors on est toujours au nord, mais cette fois-ci sur la côte méditerranéenne, à l'ouest de la Syrie.
06:45C'est la seule partie du pays qui manifestement n'est pas tombée.
06:47Qu'est-ce qui va se passer dans cette zone dominée par la minorité halawite, qui était celle dont faisait partie le clan Assad ?
06:53Écoutez, tout à l'heure, il y a cinq minutes, j'ai entendu que la première ville de la côte s'est révoltée.
07:00Et ils ont attaqué bien évidemment les représentants du régime.
07:04Mais je pense que ce qui est le plus important, c'est cette négociation qui est en cours entre Moscou et Ankara.
07:11Il ne faut jamais oublier que l'architecte de ce qui se passe actuellement en Syrie, c'est Rajab Tayyip Erdogan.
07:18C'est la Turquie. La Turquie, Rajab Tayyip Erdogan, le président turc, devient l'acteur majeur de ce qui se passe actuellement.
07:25Et c'est l'interlocuteur de la communauté internationale.
07:28Vous parlez du gagnant, parlons aussi des perdants quand même.
07:31Normalement, vous avez dit, il était temps que le régime syrien tombe.
07:34Il serait tombé si Vladimir Poutine n'avait pas prêté ses avions pour écraser dans le sang toute la rébellion et toutes les rébellions syriennes.
07:40Est-ce que les Russes vont rester en Syrie ?
07:43C'est une question très très importante.
07:46C'est une négociation en cours à Doha avec le ministère des Affaires étrangères russe depuis hier.
07:52Ça y est, il y a la preuve.
07:54Exactement, le ministère des Affaires étrangères turc, irakien et jusqu'à hier syrien également.
07:59Il y a la négociation, on ne le sait pas encore.
08:01Par contre, ce qu'on sait, la dernière phrase, je sais que vous n'avez plus de temps.
08:05Non, non, j'ai d'autres questions, c'est pour ça.
08:07La dernière chose, l'élément le plus important, c'est, je ne dis pas la fin de l'ordre milicien iranien au Moyen-Orient,
08:16mais c'est vraiment l'affaiblissement structurel de l'ordre milicien iranien au Moyen-Orient.
08:23Effectivement, et en tout cas, c'est le vrai grand perdant de ce qui s'est passé depuis une semaine.
08:28L'Iran, dont le régime de Bachar el-Assad était l'un des alliés les plus utiles avec l'Osbola.
08:33L'Osbola l'a miné, le régime de Bachar el-Assad tombé.
08:36C'est un coup très dur pour Téhéran.
08:38J'ai une dernière question, elle nous intéresse beaucoup quand même, nous français.
08:41Que reste-t-il de Daesh dans le désert syrien ?
08:44Il revient, il renaît de ses cendres.
08:48Il renaît dans ce chaos.
08:50On a bien observé avec des données vraiment factuelles, une remontée en puissance de Daesh.
08:57Et si jamais la Syrie entre dans la guerre civile, il faut se préparer pour ce retour massif, même à l'échelle internationale.
09:05Et c'est la raison pour laquelle il faudra toujours surveiller la situation.
09:08Je rappelle que les attentats de Paris en 2015 étaient ordonnés par Daesh, étaient partie de la Syrie.
09:15Merci beaucoup pour cet éclairage, Adel Bakawan.
09:18On vous retrouvera une prochaine semaine, pourquoi pas sur Sud Radio, pour continuer à disséquer malheureusement cette guerre civile syrienne
09:25qui n'est toujours pas terminée, qui aura fait plusieurs centaines de milliers de morts et qui est un massacre absolument épouvantable.
09:30Je rappelle que vous êtes notamment directeur du Centre français de recherche sur l'Irak.