Jean-Philippe Tanguy : «Monsieur Migaud vit dans un monde parallèle»

Europe 1

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement national de la Somme et président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'obligation du juge des libertés de libérer le Marocain sous le coup d’une OQTF qui est soupçonné d'avoir tué Philippine, des dysfonctionnements de l’Etat et du laxisme de la justice, de l’exécution des OQTF et de la méthode Retailleau.   Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20 LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                  Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00Bonjour Jean-Philippe Tanguy, bonjour Nama Abouk, merci pour votre invitation.

00:10Bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.

00:12Vous êtes donc député Rassemblement National de la SAM

00:15et président délégué du groupe RN à l'Assemblée dans la terrible affaire du meurtre de Philippine.

00:19Selon nos informations à Europe 1, le juge des libertés et de la détention

00:23n'aurait pas eu le choix que de libérer cet individu marocain sous le coup d'une OQTF

00:28tout en reconnaissant, Jean-Philippe Tanguy, un véritable risque important de réitération des faits.

00:34Comment vous réagissez à une situation aussi paradoxale ?

00:38Le scandale, depuis maintenant trop longtemps, c'est qu'en fait toutes les règles,

00:42toutes les normes sur ces décisions visent à transférer l'insécurité sur les Français,

00:48le risque sur les Français.

00:50Les règles ne protègent pas avant tout nos concitoyens.

00:53C'est toujours le droit ou les droits des criminels ou des personnes suspectées ou des délinquants.

01:00Et les juges et ceux qui créent ces règles, qui créent ces normes,

01:03dans le dos des Français d'ailleurs, puisque les révélations que vous faites vont scandaliser

01:0795% de nos compatriotes et de la classe politique,

01:11sont faites dans leur dos et exposent toujours leur sécurité sur à peu près tous les sujets.

01:16Cette personne qui n'aurait jamais dû être sur notre territoire,

01:19mais aussi sur la sécurité des nationaux, systématiquement ces règles...

01:23Que le législateur protège d'abord le délinquant,

01:27celui qui commet des crimes et est responsable de faits délicateurs,

01:32et donc celui qui fait la loi.

01:34Cette espèce de galaxie de normes, d'interprétations, de règles, de la magistrature

01:38ou d'autorités françaises ou européennes qui, par leur jurisprudence,

01:44affaiblissent souvent l'intention du législateur.

01:47Mais c'est une volonté, selon vous, de ne pas protéger les Français ?

01:50C'est une idéologie qui consiste systématiquement à transférer le risque sur la société.

01:55Et c'est le cas sur beaucoup de choses.

01:57C'est aussi le cas, par exemple, sur la psychiatrie criminelle,

02:00où on fait le choix de laisser dans la nature des gens dangereux,

02:04que l'on sait dangereux, identifiés comme dangereux,

02:07mais on prend toujours le risque, et pour la société,

02:10et jamais sur les criminels ou les délinquants.

02:14C'est aussi, malheureusement, cette tragédie illustre

02:17ce décalage complet de volonté politique.

02:20Entre ce qui est promis aux Français.

02:22Vous dites volonté politique.

02:23Par exemple, sur les fameuses OQTF, Jean-Philippe Tanguy,

02:26les obligations de quitter le territoire français.

02:28Elle avait été délivrée pour cet individu, le Maroc l'a bien exécutée.

02:33Malheureusement, elle est arrivée quelques jours plus tard.

02:36Est-ce que vous estimez que sur ces OQTF, il y a un manque de volonté politique ?

02:40Bien sûr, il y a un manque de volonté politique.

02:42Sur les dernières années, il y a un million d'OQTF en stock

02:46qui ne sont pas exécutés.

02:48Et la France est un des pires pays en Europe.

02:50Et je le dis sciemment, parce qu'on dit toujours

02:51« Mais non, c'est pas nous, tout le monde est confronté au même problème. »

02:55Certes, personne n'arrive à exécuter 100 % des OQTF, c'est impossible.

02:58Mais la France a un taux d'exécution particulièrement bas

03:02et qui est en échec constant.

03:03Mais la faute à qui, pardonnez-moi ?

03:04C'est M. Darmanin qui avait promis 100 % des OQTF.

03:06Est-ce que c'est la faute à la France ?

03:07La nuance est importante.

03:08Vous dites qu'elles ne sont pas exécutées, mais elles sont délivrées.

03:10Autrement dit, la France a demandé.

03:12Ce sont donc les pays sources qui n'ont pas exécuté

03:16et donné ces laissés-passer consulaires.

03:17Mais pour vous, c'est la faute à la France ?

03:19Il y a deux problèmes.

03:20Il y a la France, enfin la France, les gouvernements français

03:23qui n'ont pas un suivi, une volonté réelle d'appliquer suffisamment ces OQTF.

03:27Et il y a les pays d'origine qui ne respectent pas le droit international.

03:30Mais c'est aussi une confusion qu'entretiennent la Macronie

03:34et une grande partie de la gauche,

03:35de faire croire que les pays auraient le choix

03:37de ne pas prendre leur ressortissant.

03:38Non, le droit international oblige ces pays à reprendre leur ressortissant

03:42et donc la France est autorisée à prendre des mesures de rétorsion.

03:47Nous ne sommes pas à égalité dans cette affaire.

03:49Vous, au pouvoir, quelles mesures de rétorsion

03:51prendriez-vous par rapport à ces pays,

03:52généralement de l'autre côté de la Méditerranée ?

03:54Suspension systématique des visas.

03:56Et pas sur quelques semaines comme l'a fait M. Darmanin.

03:59Définitif tant qu'il ne change pas de comportement.

04:02Suspension de toutes les aides au développement

04:04et toute l'aide de coopération qui bénéficie beaucoup

04:06aux pays du Maghreb ou aux subsahariens.

04:09Et après, le plus efficace je pense,

04:12la suspension des mouvements financiers de la diaspora,

04:16c'est-à-dire les personnes originaires des pays du Maghreb ou d'Afrique

04:20ou d'Asie aussi, parce qu'il y a aussi un certain nombre de pays,

04:22des Asiatiques, qui ne reprennent pas leur ressortissant,

04:25qui ne verraient plus les transferts financiers

04:27qui nourrissent une grande partie de leur richesse de la France

04:31vers les pays d'origine.

04:32Donc prenons ces mesures-là et on verra si ces pays ne coopèrent pas.

04:35Moi, je crois qu'on aura des résultats très rapidement.

04:38En tout cas, ça n'a jamais été fait.

04:38Et du maire général, je vois nos adversaires politiques

04:41systématiquement critiquer le Rassemblement national,

04:44sauf au moment des élections,

04:45où ils reprennent beaucoup de nos paroles et de nos propositions,

04:48mais ne jamais aller au bout.

04:49Donc moi, je leur propose d'appliquer enfin

04:51ce que propose le Rassemblement national

04:52et on verra si ce qu'on proposait était si vain que ça.

04:55Moi, je pense que ce qu'on propose fonctionnerait.

04:57Vous parlez de vos opposants.

04:58Certains d'entre eux, en particulier à gauche,

05:00vous accusent de récupération,

05:02tout comme ils l'avaient fait sur l'affaire

05:04tout aussi terrible de la petite Lola.

05:06Ils vous accusent, Jean-Philippe Tanguy, de vous précipiter,

05:08car le suspect est en situation irrégulière et qu'il est étranger.

05:12En l'occurrence, Marocains, que leur répondez-vous ?

05:14Je leur réponds qu'ils sont systématiquement dans la petite politique.

05:18Nous, on ne fait pas de récupération.

05:19On parle de la sécurité des Français

05:21et on fait toujours des propositions qui permettent de la renforcer.

05:23Que propose la gauche ?

05:25À part l'excuse sociale, à part libérer tout le monde,

05:28à part rendre légal ce qui était légal, à savoir les clandestins.

05:32Voilà, donc la gauche n'a rien à proposer

05:35à part attaquer le Rassemblement national.

05:36Elle n'a jamais un mot.

05:38J'ai vu très peu de mots de gauche, en tout cas des instaurants.

05:40Il y a toujours l'exception de Fabien Roussel,

05:44l'arbre qui cache la forêt de laxisme et d'indifférence aux victimes et à la peine

05:50de la gauche, mais de toute la gauche, même la gauche qui a bien modéré...

05:53Vous dites indifférence ?

05:54Pardon, indifférence à la peine ? Il manque d'empathie, la gauche ?

05:57La grande papesse de la gauche, Christiane Taubira,

06:00qui n'est pas une extrémiste, avait dit quand elle était ministre

06:02du Garde des Sceaux, face aux victimes, je garde le silence.

06:05Je trouve que c'est un très bon résumé de cette inhumanité de la gauche

06:09qui a un mépris et une indifférence à la souffrance des familles et des victimes

06:13et qui a toujours un mot pour les voyous et les criminels

06:16et qui réécrit l'histoire.

06:18Prenons par exemple l'affaire Naël, où toute la gauche était précipitée

06:23sur une affaire dont personne ne connaissait l'étonnant et l'aboutissant.

06:25Ils sont beaucoup moins loquaces pour reconnaître qu'ils se sont fait avoir

06:29et qu'ils ont participé à une machination, puisque l'enquête montre

06:32que ce n'était pas du tout la responsabilité aussi avérée.

06:35On verra l'enquête.

06:36Les responsables de gauche vont réagir parce qu'ils vont vous dire

06:38que vous n'avez peut-être pas le monopole du cœur sur ces sujets-là.

06:41Oui, je l'espère qu'ils réagiront.

06:42Moi, je suis toujours disponible pour débattre avec eux.

06:45Mais sur l'affaire Naël, comme tant d'autres, l'affaire Théo,

06:47ils sont toujours du côté des voyous et des criminels.

06:50Et même quand la justice, au terme de son travail,

06:52prouve que la police ou les gendarmes étaient innocents, ce qu'on leur reprochait,

06:56ils continuent à accuser un État raciste, une police violente systématiquement.

07:02Bref, à entretenir une clientèle électorale qui d'ailleurs est très paradoxale

07:05puisque défendre les voyous n'est pas défendre les quartiers populaires,

07:08par exemple, contrairement à ce qu'ils disent.

07:10Les premières victimes, en tout cas des victimes apportantes de cette voyoucratie,

07:13on le voit à Échirol, où les communistes ont dû évacuer un immeuble

07:18qui était gangréné par la drogue et par le trafic de drogue.

07:21Jean-Philippe Tanguay, on va parler de ces propos antipolis.

07:23Les quartiers populaires sont aussi victimes de ces mafias.

07:24Vous avez parlé du silence.

07:26Je vais presser que le garde des Sceaux, Didier Migaud,

07:28lorsqu'il a affirmé qu'il n'y avait pas de laxisme de la justice,

07:32ne connaissait pas encore le profil du suspect.

07:34Il avait réagi la veille.

07:35Depuis, il n'a pas réagi.

07:37Comment vous interprétez son silence au ministre de la Justice ?

07:40Je pense qu'il est paralysé par la défaite de son idéologie.

07:45M. Migaud vient de cette gauche, il n'a jamais rompu avec,

07:49qui pense que, dans la grande tradition rousseauiste,

07:54la violence vient des délinquants qui sont des victimes de la société,

07:58à la culture de l'excuse,

08:00et considère que tout fonctionne bien dans le meilleur des mondes.

08:02Mais M. Migaud, il vit dans un monde parallèle.

08:04Il était président de la Cour des Comptes, rue Cambon, à Paris,

08:07c'est à côté de la place de la Concorde,

08:08pour ceux qui connaissent moins notre capitale,

08:10dans des très beaux quartiers.

08:11Après, il était bien protégé à la haute autorité

08:14pour la transparence de la vie politique.

08:16Ce n'est pas pour autant qu'on ne connaît pas forcément

08:18la réalité de la France.

08:20Oui, vous savez, c'est difficile,

08:21au bout de plus de dix ans de vie dorée, de paradis,

08:25où on a des voitures avec chauffeur,

08:26on a son petit appartement, voilà.

08:28C'est très difficile de revenir à la réalité.

08:31C'est plus facile que de vivre dans un pays parallèle

08:33où on croit que, parce qu'on a décidé depuis Paris

08:35qu'il y avait un droit immanent qui allait s'imposer

08:37sur toute la République,

08:39qu'on allait se mettre dans le meilleur des mondes.

08:41M. Retailleau, qui a aussi vécu au palais du Luxembourg

08:43pour reprendre vos propos,

08:45a, j'allais dire, une vision tout autre sur le terrain.

08:50Pour les OQTF, il a affirmé ici même, avant-hier,

08:53qu'il allait considérablement exécuter ses OQTF.

08:57Est-ce que vous saluez de tels propos ?

08:58Est-ce que vous estimez qu'il dit, peu ou prou,

09:00la même chose que vous ?

09:01Moi, je salue tous ceux qui reprennent le programme

09:03du Rassemblement national et qui veulent l'appliquer tout au parti.

09:06Il reprend votre programme ?

09:07Il peut avoir ses propres idées ?

09:09On peut reconnaître des bonnes idées au Rassemblement national

09:13et après se les approprier avec son style.

09:15Il n'y a pas de difficulté avec ça.

09:17Mais M. Retailleau s'inspire du programme, évidemment,

09:20du Rassemblement national et, d'une manière générale,

09:22du souverainisme de droite dont il provient.

09:24Mais j'alerte ceux qui nous écoutent

09:27qui ont sans doute de bon espoir dans M. Retailleau

09:30par rapport à ses paroles, que dans ses actes,

09:32M. Retailleau a toujours trahi ses familles politiques.

09:34Il a trahi Philippe de Villiers.

09:36Il n'a jamais eu le courage de s'opposer à Emmanuel Macron

09:39aux élections présidentielles en soutenant Marine Le Pen

09:43comme Nicolas Dupont-Aignan, par exemple.

09:44Donc il a toujours été planqué, quand même, il faut le dire,

09:47au moment un peu difficile politiquement

09:49et toujours voulu à la fois avoir le beurre et l'argent du beurre,

09:51à savoir les intérêts du système, les bonnes places du système,

09:55ne jamais affronter ce système qui fait tant de mal à la France

09:58et les propositions du RN pour être populaires

10:01dans les électeurs qui veulent rétablir la sécurité publique.

10:04Donc, moi, j'espère que M. Retailleau va appliquer le programme,

10:07ou au moins partie du RN.

10:08Pardonnez-moi, après tout ce que vous venez de dire ce matin

10:11sur CNews et Europe 1, M. Tanguy, on est quand même étonnés.

10:15C'est-à-dire, qu'est-ce que vous attendez pour voter une motion de censure ?

10:18Vous venez de me parler de l'idéologie de M. Migaud,

10:20le beurre et l'argent du beurre pour M. Retailleau,

10:22qu'est-ce que vous attendez, si vous êtes cohérent ?

10:24Moi, je m'éclaire du passé.

10:27J'ai un jeune âge d'apparence,

10:29mais je fais de la politique depuis très longtemps.

10:31J'ai mené un certain nombre de combats avec Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen.

10:35Je connais les profils des uns et des autres.

10:37J'espère que contre autant de responsabilités, ils vont changer.

10:42Mais j'ai cette vigilance et je partage avec mes compatriotes cette vigilance.

10:46Mais on peut tous changer, on peut tous s'améliorer.

10:48Donc, si M. Retailleau fait ce qu'il a promis qu'il ferait,

10:52il aura tout mon soutien et tout notre soutien.

10:54Donc, il n'y a pas de procès de principe sur son action,

10:57mais je me permets quand même d'être très prudent

10:59par rapport à son parcours et surtout, ce qu'il n'a pas fait avant,

11:02c'est savoir éviter l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.

11:05En tout cas, il a promis...

11:06Vous avez parlé de votre entretien, sur d'autres plateaux,

11:09il avait promis de jamais participer à un gouvernement

11:12sous la présidence d'Emmanuel Macron.

11:13Donc, je suis prudent, mais j'espère me tromper.

11:17Pour encore reprendre ce qu'a dit M. Retailleau et ce qu'il applique,

11:20en tout cas, c'est ce qu'il a annoncé ici même

11:22à la grande interview sur CNews et Europe 1,

11:24sur les propos anti-police.

11:25Il a dit qu'automatiquement, il y aurait une saisie de la justice.

11:29Ça a été le cas, notamment pour le député LFI, Raphaël Arnaud,

11:32et plus largement, Jean-Philippe Tanguy.

11:34Ce sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD,

11:37les Français approuvent.

11:38Regardez, faut-il engager des poursuites judiciaires

11:41à l'égard des représentants politiques qui dénigrent

11:43les forces de l'ordre, écrasante majorité, 72%.

11:46Donc là, vous dites bien, M. Retailleau,

11:48mais j'attends de voir la suite.

11:49Très bien, mais M. Darmanin a aussi assuré

11:52les forces de l'ordre de son soutien inconditionnel.

11:55M. Darmanin, il vient de la même famille politique

11:57que M. Retailleau, il venait de l'aile droite.

11:59Sarkozy, aussi, de DLR, de l'UMP et de LR,

12:03et on nous avait dit, ça va être l'arme anti-RN,

12:06il va faire ce que le RN propose.

12:07Il n'a rien fait du tout et il laisse une situation,

12:09malheureusement, où on peut avoir des tragédies

12:11comme le meurtre épouvantable de Philippe Ville,

12:13mais bien d'autres.

12:14Pensez aussi à ce jeune homme qui s'est fait tabasser

12:16dans le Tarn pour des propos homophobes,

12:18avec une véritable horde qu'il a poursuivie toute la journée.

12:21D'après les informations que j'ai eues,

12:23ses agresseurs sont aussi libérés.

12:26En tous les cas, M. Darmanin et M. Retailleau

12:28viennent de la même famille politique,

12:29mais ils placent le RN dans l'arc républicain,

12:32en tout cas, ils discutent avec vous.

12:33M. Darmanin, ça dépendait des jours.

12:35Ce qui n'a pas été le cas, en tous les cas,

12:36du ministre de l'Economie, Antoine Armand,

12:38qui s'est fait rappeler à l'ordre,

12:40puis il y a eu ce coup de fil de Michel Barnier

12:42à Marine Le Pen.

12:42Est-ce que c'était un appel pour s'excuser ?

12:44Je ne sais pas.

12:46Comment vous l'interprétez ?

12:48Moi, je l'interprète comme l'application démocratique

12:50d'un principe simple.

12:51Le RN fait 37 % des voix avec Jordan Bardella,

12:55il a largement la première force politique en France,

12:58et M. Barnier doit, comment dire,

13:00respecter les élus du RN et tous les autres élus.

13:03C'est un principe républicain.

13:04Donc, il a fait amende honorable en vous appelant ?

13:07Je ne sais pas si c'est une question d'amende honorable.

13:09C'est une question d'affirmer des principes simples

13:11que tout le monde devrait suivre.

13:12Mais devoir, si vous voulez en être là,

13:14reconnaître qu'il faut respecter 11 millions de Françaises

13:16et de Français, c'est surréaliste.

13:19Incident clos, on avance.

13:21Les dossiers qu'a M. Armand sur l'économie française

13:23sont très importants.

13:24Vous voulez en parler ?

13:24Incident clos, mais question encore ouverte.

13:27Michel Barnier gouverne sous votre tutelle ?

13:30Pourquoi ça vous dérange de répondre à la question, M. ?

13:33Parce que, ce n'est pas que ça me dérange

13:34de répondre à sa question,

13:35mais c'est qu'on essaie au RN

13:37d'être dans l'éthique républicaine et démocratique.

13:40C'est normal que le gouvernement

13:41soit sous la surveillance du Parlement.

13:44Mais c'est assez révélateur de la macronie

13:46d'une partie des Républicains

13:47qui pensent que le pouvoir

13:48n'est pas sur la surveillance du Parlement

13:50et que finalement, les députés seraient un peu des ploucs

13:52qui sont élus pour ne rien faire

13:54ou pour les applaudir comme des Playmobil.

13:56Ben non, le Parlement est là

13:57pour surveiller l'action du gouvernement,

14:00l'action du Premier ministre,

14:01et si on n'est pas content, on peut le censurer.

14:03Mais j'espère qu'on nous présentera un programme

14:05qui ne méritera pas l'eau de censure.

14:06Donc, jusqu'à maintenant et pour le moment,

14:08vous ne savez pas si la motion de censure,

14:11vous la voterez ou pas ?

14:12Ah non, mais nous, on juge sur pièce.

14:13Sur pièce.

14:14Donc, mardi, sur le discours de politique générale.

14:16Absolument.

14:17En fonction de ce qui sera dit.

14:17Voilà, avec des défis clairs à relever,

14:21la sécurité publique évidemment,

14:23le contrôle de l'immigration,

14:24le rétablissement des comptes publics

14:26et la défense du pouvoir d'achat.

14:28Ce sont quatre sujets extrêmement importants parmi d'autres

14:31qui nécessitent un plan de redressement très important,

14:33comme avait proposé Jordan Bardella.

14:35Donc effectivement, est-ce que M. Barnier

14:36sera capable de proposer un programme

14:39au moins aussi puissant

14:40que celui qu'aurait proposé et appliqué Jordan Bardella ?

14:43Je voudrais conclure par ce qui se passe

14:45sur le plan international.

14:46Jean-Philippe Tanguay, en quelques mots,

14:47la guerre menace entre Israël et le Hezbollah libanais.

14:50Emmanuel Macron a dit hier à l'ONU

14:52qu'il ne pouvait pas y avoir de guerre au Liban,

14:54exhortant l'État hébreu à cesser les frappes au Liban

14:57et évidemment, le Hezbollah a cessé cette hier.

14:59Vous partagez, mot pour mot, la position française ?

15:03Le peuple libanais est un peuple ami,

15:06mais Israël doit pouvoir se défendre

15:08et assurer sa sécurité.

15:10Si une force hostile à Israël et belliqueuse

15:14qui prépare une attaque d'Israël

15:15est avérée comme le Hezbollah,

15:17malheureusement, le revendique et le pratique,

15:19Israël doit pouvoir se défendre.

15:21Donc si, je comprends vos mots,

15:23s'il y a une attaque terrestre massive d'Israël,

15:26pour vous, c'est tout à fait normal,

15:28c'est le droit d'Israël à se défendre ?

15:29Ce n'est pas la même position qu'Emmanuel Macron ?

15:31Israël prouvera, je pense, si c'est nécessaire,

15:35que le Hezbollah était dans une position

15:37hostile et belliqueuse.

15:39Israël ne va pas attendre d'être attaqué

15:42si elle a la certitude de l'être.

15:44Vous ne vous opposez pas à une attaque sur le Liban ?

15:48Une démocratie a le droit de se défendre.

15:50Si, malheureusement, le Liban,

15:51et c'est le cas avec le Hezbollah,

15:52a en son sein une force politique avec des élus,

15:57mais aussi un appareil militaire parallèle

15:59à l'armée libanaise,

16:00l'armée du Hezbollah n'est pas l'armée du Liban.

16:03Mais malheureusement, le Liban se trouve

16:05dans une situation où ils ont un État dans l'État

16:07et une armée parallèle à leur propre armée.

16:10C'est la difficulté,

16:11mais ce n'est pas une attaque contre Emmanuel Macron.

16:14Emmanuel Macron essaie aussi,

16:16dans la tradition française,

16:17de maintenir un équilibre.

16:19Et je ne lui ferai pas de procès d'intention

16:20parce que là, il faut parler de ces sujets

16:22avec une voix prudente.

16:24Mais la sécurité de la démocratie

16:26et du peuple israélien peut imposer parfois

16:28des décisions difficiles.

16:30Je pense que la France ferait la même chose

16:32si elle avait en face d'elle une armée terroriste,

16:35ou en tout cas, paraterroriste, prête à l'attaquer.

16:37Merci Jean-Philippe Tanguy.

16:38C'était votre grande interview ce matin

16:40sur CNews Europe 1.

16:41Bonne journée et à bientôt.

16:42Merci Sonia Mamrouk, merci Jean-Philippe Tanguy.

Category

Transcription

Recommandations