Cyril Hanouna - Michel Barnier juge la situation budgétaire du pays «très grave» : «Il ne faut pas exagérer», répond un économiste

  • il y a 13 heures


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00:00Le premier ministre qui a dit que la situation budgétaire est très grave, est-ce que c'est une catastrophe ou pas ?
00:05Non, il ne faut pas exagérer.
00:07Si, franchement, parce que vous êtes sympa.
00:09Parce que Eric, il est bien, on aime bien, il est beau gosse.
00:12Donc forcément, il essaie de nous rassurer.
00:14Mais on sent que c'est la catastrophe.
00:16Est-ce qu'ils vont aller piocher dans l'épargne ?
00:18Vous voulez faire peur à tout le monde ?
00:20Non mais d'abord, est-ce que c'est la catastrophe ?
00:22Est-ce que les marchés financiers nous le font payer ? Pour l'instant, non.
00:24On n'a aucun problème pour financer notre dette.
00:27Les agences de notation nous ont certes dégradé, mais ils notent 18 sur 20.
00:31Vous pouvez dire que 18 sur 20, c'est moins bien que 20.
00:33Mais quand mes filles me ramènent un 18 sur 20, je leur dis que c'est bien.
00:36Je ne dis pas que c'est la catastrophe.
00:38Moi, mon fils, quand il me ramène un 18 sur 20, il ne m'en ramène pas une.
00:41Il ne dit pas que c'est la catastrophe quand vous avez 18 sur 20.
00:43Donc pour l'instant, il ne faut pas dire que c'est la catastrophe.
00:45Il faut dire simplement qu'on n'est pas dans une bonne dynamique.
00:48Et attention, on ne comprend pas pourquoi les déficits ne baissent pas.
00:51Donc ça, on peut s'y intéresser deux minutes.
00:54Avant la crise financière, donc 2018-2019, les déficits étaient de 2,3-2,4.
00:59C'était sous contrôle.
01:01Il y a eu une crise sanitaire, avec un quoi qu'il en coûte.
01:04Il y a eu une crise énergétique, avec des boucliers.
01:07Et là, on a mis énormément de dépenses publiques.
01:10Mais on ne l'a peut-être pas si bien ciblée.
01:12On l'a donnée à tout le monde.
01:13C'est-à-dire qu'on a autorisé aux entreprises qui étaient viables ou pas viables,
01:18aux ménages ruraux, urbains, riches, pas riches, vieux, pas vieux.
01:22On l'a donné à tout le monde.
01:23Ça a coûté très très cher.
01:24Et vous savez quoi ?
01:25Personne n'a l'impression d'avoir été aidé pendant cette période.
01:28Personne.
01:29Parce qu'on n'a pas reçu un chèque, on a mis des boucliers.
01:31Non mais en plus, Eric, je voulais vous dire un truc.
01:33Il y a combien de mecs qui sont étranglés par le PGE ?
01:36Je vous le dis, c'était bien le PGE.
01:38Mais là, tout le monde va finir de payer jusqu'à fin 2025.
01:41Ils sont étranglés, les mecs.
01:42Là, ils se disent qu'on ne passera pas 2024.
01:44Ok.
01:45Mais en tout cas, il y a eu énormément d'aides pour tout le monde.
01:48Ça a fait déraper les finances publiques.
01:50Donc maintenant, on se dit qu'il faut rembourser ces aides.
01:53Et vous voyez, puisque tout le monde a bénéficié de ces aides,
01:56ce que nous dit un peu Michel Barnier, c'est que tout le monde doit y contribuer.
02:00Alors ensuite, ce débat sur les impôts, pas impôts, à mon avis, il n'est pas important.
02:04Voyez, regardez.
02:05À un moment, je décide uniquement de geler les pensions de retraite.
02:09C'est la dépense publique en moins.
02:10Donc c'est les retraités qui vont toucher moins d'argent.
02:13Cette phrase-là, vous la changez.
02:15Vous dites maintenant, j'augmente l'impôt sur les retraités.
02:17Mais c'est exactement la même chose.
02:19Le retraité va être amputé de pouvoir d'achat,
02:21soit parce que j'augmente la CSG sur les retraites,
02:23soit parce que je gèle la pension.
02:25C'est la même chose.
02:26Donc dire, je préfère la dépense publique ou l'impôt, à la limite,
02:30ce n'est pas important.
02:31La question, c'est qui va être impacté par...
02:33C'est ça, qui ?
02:34Bah oui, voilà.
02:35On aimerait que ça soit...
02:37Michel Barnier, pardon.
02:38On aimerait que ça soit tout le monde,
02:40que tout le monde y participe,
02:41puisque tout le monde a eu un bouclier...
02:43Même Tartigol.
02:44Pardon ?
02:45Même Tartigol.
02:46Tout le monde.
02:47Tout le monde.
02:48Les ménages aisés, les ménages ruraux, tout le monde.
02:50Et donc du coup, il me semble que...
02:52Il va falloir faire preuve de pédagogie, parce que...
02:54Mais voilà, mais l'intérêt de la phrase de Barnier,
02:57c'est de dire,
02:58et du gouverneur de la Banque de France,
03:00qui a été rappelé,
03:01c'est de dire, il ne faut rien s'interdire.
03:03Puisqu'il faut que tout le monde y participe.
03:05Si c'est par des hausses d'impôts,
03:07ça sera par des hausses d'impôts.
03:08Le tout, c'est de dire, voilà,
03:10on cherche 120 milliards en 5 ans, 6 ans,
03:13et bien voilà, dans ces 120 milliards,
03:15il y en a tant qui va peser sur les ménages
03:18des 10% les plus riches,
03:19tant sur les 10% les plus modestes,
03:21tant sur la classe moyenne,
03:22et qu'on nous explique la trajectoire.
03:24Mais un, il faut le faire,
03:26donc je ne dis pas qu'on a le temps,
03:27mais il faut le faire de façon sûre.
03:29C'est-à-dire, dire on va tout faire sur l'impôt
03:31ou tout faire sur la dépense publique,
03:32ça ne rime à rien.
03:33Il faut dire qui va le payer.
03:34Il faut l'expliquer aussi très clairement à l'Europe,
03:37parce que l'Europe nous regarde.
03:39Et si on veut, comme le dit Mario Draghi,
03:41faire des gros plans de relance au niveau européen
03:43sur la transition écologique,
03:44il va falloir que la France indique très clairement
03:47qu'elle est encore européenne,
03:48et que le discours européen est important,
03:50et que les engagements de la France vis-à-vis de l'Europe,
03:52on ne peut pas s'asseoir dessus.
03:54Il y a plein de gens qui me disent
03:55il faut sortir son argent de la banque,
03:57tout ça, ça va partir en cacato est, tout ça.
04:00Non, non, non, justement,
04:02je pense que toutes ces petites phrases...
04:04Vous êtes sûr ?
04:05Je suis certain.
04:06Toutes ces petites phrases,
04:07comme c'est très grave, je découvre.
04:09Et d'ailleurs, ça mérite mieux qu'une petite phrase.
04:11Mais c'est une petite phrase.
04:13Ça me rappelle la phrase du Premier ministre de l'époque,
04:16François Fillon,
04:17quand il disait qu'il était à la tête d'un état en faillite.
04:23On avait 62 points de PIB de dette,
04:25aujourd'hui on est à 110,
04:26on n'est pas en faillite,
04:27donc on n'était pas en faillite à 62.
04:29Ces petites phrases,
04:30ou celles de Valéry Pécret,
04:31soit tout le monde à la sortie,
04:32il n'y a plus d'argent,
04:34ils ont vidé la caisse.
04:36Toutes ces petites phrases ne servent à rien,
04:38sauf à faire paniquer les Français.
04:40Non, soyons.
04:41Il va falloir juste simplement expliquer,
04:43dire que la situation n'est pas bonne,
04:45mais elle n'est pas catastrophique,
04:47il y a des solutions.
04:48Et c'est vrai, vous avez parlé d'épargne.
04:50On va en parler dans un instant.

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