"Je suis un violeur": le témoignage insoutenable de Dominique Pélicot au procès des viols de Mazan

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Le procès des viols de Mazan a repris ce mardi 17 septembre à la cour criminelle d'Avignon, après que les audiences ont été reportées à plusieurs reprises en raison de l'état de santé du prévenu principal, Dominique Pélicot. L'ex-époux de la victime s'est exprimé pour la première fois et a assumé être "un violeur", tout en présentant ses excuses à Gisèle Pélicot.

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00:00...
00:03Lorsqu'elle pénètre ce matin dans le palais de justice d'Avignon,
00:08Gisèle Pellicot retient son souffle.
00:10Pour la 1re fois depuis le début du procès,
00:14elle sait qu'elle va devoir affronter son ex-mari,
00:17appelé à la barre, Dominique Pellicot,
00:21accusée de l'avoir droguée, violée
00:23et faite violer par des inconnus recrutés sur Internet.
00:26Installée dans le box des accusés,
00:29le septuagénaire reconnaît immédiatement
00:32les faits qui lui sont reprochés.
00:34Et devant la cour, il commence alors à s'expliquer.
00:37Dominique Pellicot a beaucoup mis en avant
00:402 traumatismes qu'il a vécus enfant,
00:42un viol qu'il dit avoir subi à l'âge de 9 ans
00:44par un infirmier dans un hôpital,
00:46et aussi un viol auquel il a été forcé de participer,
00:49dit-il, sur un chantier,
00:51alors qu'il avait 14 ans, sur une jeune fille handicapée.
00:54Pour lui, ces 2 traumatismes
00:55expliquent un petit peu les raisons
00:57pour lesquelles il est dans le box.
00:59Il a eu cette phrase très forte,
01:01il a dit qu'on ne naît pas pervers, on le devient,
01:04et il a résumé ses premières années de vie
01:06en expliquant que son enfance n'a été que choc et traumatisme.
01:10Lentement, Dominique Pellicot déroule son histoire,
01:14répond à chaque question posée par les avocats,
01:17et presque en chuchotant, il tente de s'excuser.
01:27Même si ce n'est pas pardonnable.
01:30On n'est pas dans la justification.
01:33Voilà. On n'est pas...
01:34Il cherche pas à dire...
01:36Il cherche pas à dire qu'il a fait ça et qu'il n'est pas fautif.
01:39En aucun cas, il vient dire que j'ai subi ça,
01:41donc il faut me pardonner de ce que j'ai fait à mon épouse.
01:44On n'est pas sur ce scénario-là,
01:46on n'est pas sur ces propos-là, on n'est pas sur ces excuses-là.
01:50Des propos inaudibles pour Gisèle Pellicot.
01:53Quand le président a demandé à Gisèle Pellicot de venir à la barre,
01:56il lui a demandé s'il avait quelque chose à dire à son mari.
01:59Elle a expliqué, debout, frêle, cette petite dame de 71 ans,
02:03qu'elle a dit que c'était difficile à entendre pour elle
02:06tout ce que disait M. Pellicot, elle ne prononce jamais son prénom.
02:09Elle a redit pendant 50 ans,
02:11j'ai été mariée à un homme dont je n'ai jamais douté,
02:14j'avais confiance en lui,
02:15donc on a senti que c'était difficile pour elle.
02:18Lui a repris le micro juste après en lui redisant tout son amour
02:21et en disant, il a eu cette phrase,
02:24et moi, j'ai été à côté de la plaque.
02:26L'expression est un doux euphémisme
02:28quand on sait les faits très graves qui lui sont reprochés.
02:32A l'extérieur de la salle d'audience,
02:35une foule d'anonymes s'est positionnée,
02:38et parmi elles, ce fleuriste.
02:40Il patiente en espérant pouvoir approcher Gisèle Pellicot,
02:44à qui il doit livrer ce bouquet.
02:46Des lisses, des roses,
02:48des Tokyo, des œillets, des gerberas.
02:52Une marque d'affection, de soutien aussi.
02:56Lorsqu'elle apparaît dans le hall, la septuagénaire est ovationnée,
03:00acclamée jusqu'aux portes du tribunal.
03:03Applaudissements
03:05...
03:15Tout au long de la journée,
03:16l'audience est suspendue à de multiples reprises
03:19pour permettre à Dominique Pellicot, victime d'une infection,
03:22de faire des pauses comme l'ont recommandé les experts médicaux.
03:26Lui est assis dans son box sur un fauteuil
03:29plus confortable que le banc habituel,
03:31interrogé sans relâche par les magistrats.
03:34Sans détour, il évoque alors une addiction
03:38qu'il n'aurait pas réussi à contrôler.
03:40Des viols sur son épouse deux à trois fois par semaine, dit-il.
03:45Dans la salle, le temps semble suspendu.
03:48Aucun bruit lorsqu'il parle.
03:51Jusqu'à ce qu'il pointe du doigt ses co-accusés,
03:54conscients, dit-il, du schéma criminel qu'il avait orchestré.
03:57-"Aujourd'hui, je maintiens que je suis un violeur,
04:01comme tous ceux qui sont dans cette salle.
04:04Ils ne peuvent pas dire le contraire.
04:06Je n'ai jamais manipulé, ni forcé qui que ce soit.
04:09Je n'ai jamais mis un fusil sur leur tête."
04:11...
04:13Quand il dit que ces hommes étaient au courant,
04:15il y a une rumeur dans la salle sur les bancs des accusés.
04:18La déclaration de Dominique Pellicot qui les met en cause
04:22les agace, car ils n'ont pas eu la parole sur les faits.
04:25Ils sont, je le rappelle, 35 à nier les faits de viols
04:28pour lesquels ils sont renvoyés.
04:30-"Dominique Pellicot, considérée comme la clé de voûte
04:34dans ce dossier, est accusée par sa fille de mentir,
04:37notamment lorsqu'il est interrogé sur les deux photos d'elle,
04:40dénudée, retrouvée dans ses affaires."
04:43-"Je le répète, je n'ai jamais touché ma fille.
04:47Je n'ai pas pris ses photos.
04:49Je n'ai jamais eu de regard incestueux sur elle.
04:52Jamais."
04:53...
04:55L'ambiance est électrique.
04:57Dès demain, les débats reprendront,
04:59en se concentrant sur l'audition des co-accusés.
05:02Les prévenus encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

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