Procès des viols de Mazan: les moments forts de ce premier jour d'audition de Dominique Pélicot

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Le procès des viols de Mazan a repris ce mardi 17 septembre à la cour criminelle d'Avignon, après que les audiences ont été reportées à plusieurs reprises en raison de l'état de santé du prévenu principal, Dominique Pélicot. L'ex-époux de la victime s'est exprimé pour la première fois et a assumé être "un violeur", tout en présentant ses excuses à Gisèle Pélicot.

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Transcript
00:00Alors, il y a eu plusieurs moments très forts, très éprouvants même, dans cette salle d'audience qui était comble.
00:07Il y avait par exemple cet interrogatoire mené par Maître Camus, l'avocat des Partis Civils,
00:13pour vous dire réellement, on était comme en apnée pendant cet interrogatoire.
00:16C'était la première fois que la question d'un possible inceste était abordée dans cette salle d'audience.
00:23Et donc cet avocat des Partis Civils a questionné Dominique Pellicot en l'implorant de dire la vérité à ses enfants,
00:32et notamment à sa fille Caroline Darrian.
00:34Libérez-les de ce cauchemar, lui a dit Maître Camus.
00:38Dites-nous la vérité, Monsieur Pellicot, dites-nous la vérité.
00:42Est-ce que vous avez pris ces deux photos où on voit votre fille Caroline Darrian dénudée, endormie sur un lit ?
00:49Est-ce que c'est vous qui avez pris ces photos ? Est-ce que vous avez déjà fait quelque chose ?
00:53Et donc dans son box, avec une voix morne tout au long de la journée,
00:58Dominique Pellicot lui a répondu, et a répondu à chaque fois à cette question,
01:02« Non, je n'ai rien fait, je ne l'ai pas violée, je n'ai pas touché ma fille,
01:06ce sont comme des joyaux pour moi, mes enfants, mes petits-enfants,
01:10jamais je ne leur aurais fait ce mal que moi j'ai connu, jamais je n'ai pris ces photos. »
01:15Et lorsqu'il a dit ça, « jamais je n'ai pris ces photos », il y avait Caroline Darrian dans la salle d'audience,
01:20elle ne croit visiblement absolument pas à ses paroles,
01:24et on la voyait bouillonner, fulminer sur sa chaise derrière l'avocat,
01:29elle faisait non de la tête, et à un moment elle a même déchiré le silence du public,
01:34parce qu'on était tous extrêmement attentifs dans cette salle d'audience,
01:37elle a déchiré ce silence en disant « tu mens, tu mens »,
01:41en s'adressant à son père qui est face à elle de l'autre côté de la salle dans le box vitré.
01:47Elle est même à un moment sortie de cette salle d'audience,
01:49et les personnes qui étaient à l'extérieur l'ont entendu dire « j'ai envie de le tuer »,
01:54voilà ce qu'elle disait, pour elle ce sont des mots insupportables,
01:59et pour autant Dominique Pellicot a continué à s'adresser et à elle et à ses avocats,
02:04en disant que jamais jamais il n'avait rien fait contre ses filles.
02:07En revanche, et vous l'avez entendu juste avant dans ce sujet,
02:10en revanche il admet tous les actes sexuels commis sur sa femme,
02:15celle qu'il continue d'ailleurs d'appeler « ma femme »,
02:18il dit que oui, il l'a violée, il a même eu ses mots lorsqu'il dit « je lui ai donné un, deux, trois comprimés,
02:24je l'ai violée deux à trois fois par semaine ».
02:26À un moment il y a un avocat qui lui demande « mais par exemple, souvenez-vous ce jour où vous gardez vos petits-enfants,
02:32et les petits-enfants vous racontaient que leur grand-mère s'est levée ce jour-là à 18h,
02:36et qu'elle n'était pas du tout dans son état, qu'est-ce qu'il s'est passé ce jour-là Dominique Pellicot ? »
02:41Et il répond presque en balayant ça comme si c'était une banalité « ah non mais je n'ai fait venir personne ce jour-là,
02:47c'est moi qui l'ai violée, mais je ne l'ai fait qu'une fois en présence de mes petits-enfants,
02:50c'était dans la chambre, ils n'ont rien vu, je ne l'ai jamais refait parce que ça a provoqué beaucoup de questions le lendemain ».
02:57Il y a une sorte de légèreté malgré les propos qu'il peut tenir, la violence de ses propos, la violence de ses mots,
03:05et pour autant dans cette salle d'audience Gisèle Pellicot qui était présente tout du long,
03:09n'a marqué aucun signe d'énervement, d'agacement.
03:13On la voit aux côtés de sa fille et elle a une attitude très digne qui force forcément l'admiration,
03:22et d'ailleurs c'est aussi pour ça que lorsqu'elle est sortie de cette salle d'audience et à la mi-journée et en fin de journée,
03:27il y a eu cette haie d'honneur de ces femmes qui étaient venues dans le public,
03:30des femmes avec qui ma collègue Célia Vallée a pu discuter et qui expliquait qu'elles étaient venues là
03:35parce qu'elles ont entendu comme un appel lorsque Gisèle Pellicot a refusé ce huis clos
03:40et qu'elle voulait venir en soutien de cette femme.
03:43Une d'elles a dit aussi, je savais pour la soumission chimique dans les fêtes,
03:47mais je ne savais pas que ça pouvait se passer dans un cadre privé comme ça,
03:51au sein d'un couple, au sein d'un huis clos et je voulais venir pour voir ça.
03:55Je dis d'ailleurs maintenant à mes filles de faire tout le temps attention.
03:59On sent qu'il y a quand même une sorte de prise de conscience partout dans la société avec ce procès
04:04et donc c'était forcément aujourd'hui un moment très fort,
04:08tout comme aussi quand Dominique Pellicot a pointé du doigt les autres co-accusés
04:13qui sont dans cette salle d'audience et en disant je suis un violeur mais eux aussi sont des violeurs.
04:18Maintenant restent ces accusés de se défendre,
04:21ils n'ont pas encore pris la parole pour l'instant, on ne les a pas encore entendus,
04:24mais il reste beaucoup de temps jusqu'à la fin du mois de décembre pour ce procès.

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