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Me Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pélicot, s'est exprimée à notre micro ce mercredi alors que le principal accusé de ce procès des viols de Mazan est hospitalisé pour des problèmes intestinaux.

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Transcription
00:00Dominique Pellicot, on l'a vu arriver très pâle, affaibli dans son boxe, vous le savez depuis trois jours il est souffrant et donc le président a accordé qu'il puisse repartir en détention, qu'il soit vu par un médecin, il va y avoir une nouvelle expertise médicale ordonnée dans la journée et nous sommes effectivement avec Béatrice Zavarro, vous êtes l'avocate de Dominique Pellicot, ce matin vous nous disiez, j'ai pu le voir dans les joues, il était très mal, comment va votre client au moment où on se parle ?
00:25Au moment où on se parle, il a quitté la salle d'audience, il a dû réintégrer l'établissement pénitentiaire pour subir une expertise médicale qui a finalement été ordonnée par le président parce qu'un certificat médical d'hier à la fin de l'audience nous disait qu'il était tout à fait possible pour lui d'être en présentiel à l'audience, mais manifestement de ce que j'en ai vu ce matin dans les joues, avant 8h30, j'ai trouvé un homme tordu de douleur, j'ai trouvé un homme souffrant, vraiment, physiquement,
00:55avec un drain, avec une douleur abdominale, avec des douleurs dans le rein et donc il n'était pas en état de pouvoir comparaître efficacement devant ses juges et il avait besoin, je crois, qu'on a tous besoin d'être éclairés complètement sur sa santé pour reprendre ensuite le cours des débats de façon beaucoup plus sereine.
01:15– Il y a une question qu'on se pose forcément, est-ce qu'il craque aussi face à l'horreur des faits qui sont décrits depuis 10 jours maintenant dans cette salle d'audience ? Est-ce qu'il y a ce poids qu'il porte sur lui qui peut-être effectivement déclenche des pathologies ?
01:28– C'est un poids moral bien évidemment, mais ce poids moral il ne l'a pas découvert le 2 septembre 2024, ce poids il l'a depuis son incarcération, c'est un homme qui ne s'est jamais dérobé, c'est un homme qui n'a jamais minimisé sa responsabilité, c'est un homme qui a aujourd'hui plus de 70 ans malgré tout, il faut le savoir, il faut savoir aussi que les journées d'un détenu ne sont pas les journées d'un avocat ou d'un personnel de justice,
01:54c'est-à-dire qu'on réveille ces hommes-là à 5h du matin, on les fait venir à l'audience dans les geôles pour 8h ou 7h30, et puis il y a toute une journée où ils sont assis, où ils doivent répondre aux questions,
02:06et le soir on fait un retour avec tout le processus pénitentiaire qui s'impose surtout dans un contexte très particulier, donc le poids moral il est là, il a toujours existé,
02:17et il y a aussi ce climat d'audience et ce climat de détention qui fait que nous sommes un petit peu handicapés.
02:25Et face à lui, il faut savoir que dans la salle d'audience à quelques 5-10 mètres, il y a son épouse Gisèle Pellicot, il y a les 3 enfants qu'ils ont eu ensemble,
02:33elle a témoigné Gisèle Pellicot la semaine dernière et votre client voulait lui dire quelque chose, il n'a pas encore eu l'occasion de le faire, qu'est-ce qu'il compte dire à sa femme et à ses 3 enfants ?
02:44Monsieur Pellicot effectivement est, comme je le dis depuis le début, physiquement face à son épouse parce que la salle d'audience est faite de telle façon que la partie civile et le banc des accusés se font face,
02:58j'aurais aimé effectivement qu'il puisse prendre la parole en présence de son épouse, je ne désespère pas que ça puisse arriver, je crois que les seuls mots que Dominique Pellicot peut envisager de dire à son épouse,
03:10c'est pardon, pardon, pardon, je regrette, je m'excuse et puis je ne sais pas si elle l'entendra mais il est nécessaire que lui s'exprime et j'ai besoin qu'il le fasse en bonne forme et en bonne santé.
03:21Les experts psychiatres ont parlé d'une personnalité clivée, d'un homme qui n'avait aucune empathie pour son épouse réduite au rang d'objet, alors il était absent quand il y a eu tout ce débat,
03:30mais peut-être qu'il a entendu à travers vos mots, comment il réagit à tout cela ?
03:35Il le conteste fatalement puisqu'on est justement sur du clivage et que le clivage c'est le principe que deux personnalités puissent cohabiter un homme,
03:43donc dans un homme on a la personne que tout le monde connait, apprécie, respecte, considère aimable et qui peut rendre service à n'importe qui, n'importe quand et notamment à ses enfants,
03:54et puis il y a la personnalité de l'ombre dans laquelle il rentre le soir derrière son écran en rencontrant ses hommes.
04:03Je crois que s'il était là il vous dirait qu'il ne peut pas accepter ce clivage, mais d'un autre côté on ne peut pas contester un rapport d'expertise qui considère que c'est inhérent à sa personnalité
04:15et on le plaidera en conséquence, donc on en est là.
04:21Vous étiez dans la salle hier quand un avocat de la Défense, un autre confrère à vous, a remis un petit peu en question la notion de viol en disant
04:28il y a viol et viol tant qu'il n'y a pas l'intention de le commettre, pour moi ce n'est pas un viol.
04:32Ça a fait bondir les parties civiles, comment vous, avocate du principal accusé, vous réagissez à cela ?
04:37Je dis que le code pénal sur 222-23 du code pénal dit bien qu'un viol c'est un viol et la loi ne distingue pas un viol et un viol.
04:47Ou dans une situation présentement telle qu'il nous occupe, il y a un viol, soit il n'y a pas deux viols.
04:55Mais on ne peut pas dire que le viol n'existe pas si on n'a pas eu l'intention de le commettre, un viol reste un viol.
05:01L'article 222-23 du code pénal est très précis, il donne une définition très précise et il ne s'agit pas aujourd'hui dans un procès tel que nous le connaissons
05:10de définir une nouvelle facette du viol que la loi n'a pas prévue.
05:14Et vous, avocate, comment vous vous préparez pour ces 4 mois de marathon ? Les audiences sont très longues, elles sont clairement très éprouvantes,
05:20on entend des choses insoutenables, comment on se prépare à défendre le principal accusé, à vivre ces 4 mois d'audience ?
05:26Avec le recul et la sérénité nécessaires, c'est-à-dire que je crois qu'il faut savoir considérer que chaque jour suffit sa peine,
05:34qu'on a un planning qu'on tient et on essaie d'anticiper parfois, il faut garder la tête sur les épaules, ne pas anticiper des réflexions, des mots,
05:48essayer de vivre ça sereinement, à l'abri de tout.
05:52Et votre client, il compte aller jusqu'au bout du procès, il veut tenir ces 4 mois d'audience ?
05:56Il me l'a toujours soutenu, il m'a toujours indiqué qu'il voulait absolument être présent, qu'il voulait faire face à ses juges,
06:02ces hommes et femmes qui sont des magistrats professionnels et qui sont en dehors de la sphère médiatique,
06:09mais il a toujours voulu et depuis le début il me dit que je n'attends que ça.
06:13On verra effectivement quand est-ce que Dominique Pellicot sera de retour ici dans son box, l'audience derrière nous elle se poursuit,
06:20on examine les faits concernant d'autres accusés, lui pourrait être interrogé dès demain après-midi ici devant la cour criminelle.
06:27Merci beaucoup Mélanie Bertrand en direct de cette cour criminelle, merci maître d'avoir été également avec nous.

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