Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:0013h-14h, l'Europe 1 13h. Vous écoutez Céline Giraud sur l'Europe 1 et vous réagissez au 0 1 80 20 39 21.
00:08Et Céline, vous décryptez l'actualité aujourd'hui avec vos deux chroniqueurs du jour, la journaliste et essayiste Laëtitia Stross Bonnard
00:14et le communicant et chroniqueur politique Jean-Michel Salvatore.
00:17Bonjour les amis, bienvenue à bord. Bonjour. On va dérouler évidemment l'actualité et revenir sur ce procès hors normes,
00:23le procès de Dominique Pellicot et des 50 co-accusés de viols, donc des viols commis contre son ex-épouse Gisèle
00:29qui s'est datée pour abuser d'elle. Il a pu reprendre aujourd'hui ce procès en la présence du principal accusé
00:35et sa première prise de parole très attendue, il a parlé, il a dit je suis un violeur, comme tous ceux qui sont dans la salle.
00:42Alors c'est un procès qui trouve beaucoup d'écho au sein de notre société mais qui fait réagir aussi la classe politique.
00:47On va écouter Sandrine Rousseau, la députée écologiste, qui n'a pas raté l'occasion de disserter sur la culture du viol.
00:53On voit bien que dans un bout de France comme ça, il suffit de faire cette proposition pour qu'il y ait 100 hommes,
00:59parce qu'en fait c'est 100 à la fin qui disent oui à cette proposition, ça veut dire que nous sommes dans une culture du viol,
01:05où finalement il suffit de mettre sa femme en proposition et qu'aucun homme ne dénonce cette situation que 100 disent oui.
01:11On est vraiment dans une telle impunité. Il y a quelques années, on avait 1700 condamnations pour viol, mais 1700 sur un viol toutes les 7 minutes.
01:22Il y a 114 000 plaintes. Aujourd'hui on n'en a plus que 1200, donc ça suffit.
01:26Et la réponse de Caroline Fourest chez nos confrères d'RTL ce matin, journaliste essayiste et militante féministe ?
01:32Elle est dans les gens qui sans doute font du féminisme un fonds de commerce politique, mais au détriment parfois de la finesse, du respect des autres.
01:41Moi j'en ai marre d'entendre Sandrine Rousseau parler au nom du féministe toute la journée, dire des énormités.
01:45Voilà, Caroline Fourest qui répond donc à Sandrine Rousseau, faire du féminisme son fonds de commerce en s'appuyant sur un procès hors normes.
01:51Est-ce que ce n'est pas un peu déplacé, maladroit ?
01:54C'est possible, mais je pense que Sandrine Rousseau est sincère.
01:58En revanche, je pense qu'elle se trompe au sens où, bien sûr, des centaines de violeurs, c'est énorme.
02:04Mais si on remet le chiffre en perspective, et si on remet le cas de ce viol en perspective, très heureusement, c'est rare.
02:13C'est-à-dire qu'on entend aussi certaines féministes dire que nous sommes toutes des Gisèle Pellicot, mais bien heureusement que nous ne le sommes pas toutes, parce que ce serait terrible.
02:23S'il y avait une culture du viol dans notre pays, nous serions toutes femmes, menacées et torturées en permanence.
02:32Ça n'est pas le cas, et il faut dire aussi autre chose qu'on ne dit pas souvent, c'est que la plupart des violences sexuelles et des viols sont commises par un petit nombre d'hommes.
02:42C'est-à-dire que beaucoup d'hommes commettent plusieurs faits.
02:45Donc ce sont des prédateurs, oui, des gens très dangereux, mais bien heureusement pour la société, ils sont très peu nombreux.
02:53Donc ça, il faut le dire, parce que ce sont des comportements absolument extrêmes que l'on ne retrouve pas dans la grande majorité des hommes.
02:59Ce qui surprend aussi dans ce cas des viols de Dominique Pellicot, c'est le côté domestique.
03:06Le fait que ça se passe dans un univers clos, dans un appartement, ce n'est pas un viol conjugal, et donc forcément ça fait réagir la classe politique, et Sandrine Rousseau s'empare du sujet.
03:18Oui, mais alors moi, je rejoins tout à fait Corinne Forest, il y en a marre de la généralisation, il y en a marre de l'amalgame, il y en a marre de l'instrumentalisation.
03:28En revanche, je trouve que les politiques devraient peut-être avoir une action un peu plus efficace sur le contrôle d'Internet.
03:35Parce que finalement, quand on regarde ce qui s'est passé, ces 51 salopards qui se sont retrouvés dans cette chambre, dans ce huis clos, ont été recrutés sur un site Internet qui avait pignon sur rue,
03:48qui s'appelait Coco, qui depuis a été fermé, mais qui est un site qui était domicilié en Bulgarie, et qui était vraiment le site du sans-limite, du no-limite.
03:57C'est-à-dire que quand on regarde un petit peu Coco, vous avez 23 000 procédures judiciaires autour de ce site Internet, parce qu'évidemment, c'est un site...
04:06Il y a eu des drames d'ailleurs...
04:07Bien sûr, il y a eu des drames, il y a eu des agressions homophobes, etc. Parce que finalement, c'est un site qui pratiquait sans limite la pédocrémie et la criminalité, le proxénétisme aggravé, le blanchiment d'argent, etc.
04:19Donc les hommes ou les femmes politiques, elles sont dans leur rôle pour s'insurger...
04:23Mais s'ils ne sont pas sur ce site, ils seront ailleurs !
04:25Oui, mais il n'empêche quand même que c'est malgré tout à des hommes politiques, éventuellement, de réguler certains sites pour que ce genre de choses n'arrive pas.
04:36Ensuite, la culture du viol, il ne faut pas exagérer, je pense qu'on ne peut pas généraliser à tous les hommes.
04:42Il y a 51 mecs qui se sont rendus coupables de ça, mais je pense que toutes les généralisations sont vraiment insupportables.
04:52Ce qui est aussi insupportable, c'est cette façon d'instrumentaliser en permanence et de vouloir toujours tordre les faits divers pour s'en attribuer des mérites.
05:01Et pour essayer de valider, d'une certaine façon, les analyses qu'on peut avoir.
05:05Et il y a eu un débat aussi sur la notion de consentement dans cette affaire qu'un des avocats a tenté de mettre sur le devant de la scène.
05:12Ce qui est très compliqué, c'est que le consentement en droit français n'appartient pas à la définition du viol.
05:18Ça peut paraître étrange, mais le viol est défini par la violence qui est exercée.
05:23C'est quasiment une définition objective. Il faut qu'il y ait violence, contrainte ou surprise.
05:30Alors que dans d'autres droits, comme dans le droit anglais, la notion de consentement de la victime est prise en compte.
05:37Alors il y a débat. Il y a aujourd'hui des juristes qui pensent que le consentement devrait faire partie de la définition du viol.
05:44D'autres pensent que ça peut paradoxalement nuire à la victime parce qu'elle aurait à prouver qu'elle n'a pas consenti.
05:50Bref, dans tous les cas, là, juridiquement ou non, il est évident qu'il n'y a pas de consentement.
05:55Puisque Gisèle Pellicot a été droguée aux anxiolytiques pour ne pas se rendre compte de ce qui se passait.
06:03L'autre chose aussi qui est frappante quand on entend les récits du procès, c'est à quel point M. Pellicot essaie de se déresponsabiliser.
06:13Et pendant l'audience, il a parlé beaucoup de lui-même. Il a parlé de souffrances qu'il a subies, ce qui est tout à fait possible.
06:20Il aurait été violé en son enfance par un infirmier.
06:23Et c'est également atroce. Mais il semble avoir peu de mots de compassion pour sa femme.
06:30Qui se naît, elle ne méritait pas ça.
06:33C'est léger quand même. Mais ça suggère aussi qu'il y a peut-être une forme de trouble sociopathique chez cette personne.
06:43Je ne prétends pas du tout faire une analyse psychologique.
06:46Il n'a pas été diagnostiqué avec des pathologies.
06:48Non, mais on peut ne pas avoir de pathologie et en même temps montrer des tendances.
06:52Il est juste cispertisé, pervers.
06:54C'est quand même très dérangeant d'entendre même le récit de ce procès.
06:58C'est assez insoutenable même d'entendre les choses qu'il lui a fait subir.
07:02Je me suis arrêtée là-dessus tout à l'heure.
07:06Il a quand même imposé une relation sexuelle à sa femme avec un homme qui était atteint du VIH.
07:11Il faut être quand même sacrément pervers pour faire ça.