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Anne Fulda reçoit Céline Laurens pour son livre «La maison Dieu» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'Heure des livres, Céline Laurence.
00:03On vous connaît, vous êtes critique littéraire, vous êtes enseignante aussi, vous enseignez le français,
00:10vous avez déjà écrit quelques romans, notamment « Là où la caravane passe », qui avait reçu le prénomier,
00:15mais aussi « Sous un ciel de faïence », et vous venez de publier « La maison Dieu » chez Albain Michel.
00:20Un roman qui évoque un couple, une famille, qui parle de la confusion des apparences,
00:27qui parle de destruction, de renaissance, et il commence ce roman par la destruction d'une maison,
00:35qui est la plus belle maison du village, et qui a été complètement calcinée.
00:39Ses habitants, ses propriétaires, ont disparu dans l'incendie.
00:45À partir de là, les supputations, les interrogations naissent.
00:52C'est une drôle de maison. On a l'impression que c'est presque un personnage à part entière.
00:57D'ailleurs, j'ai entendu que vous aviez lu ce qu'on appelle les livres de raison.
01:02Je trouve ça intéressant, cette mention.
01:05Tout à fait. Le livre est un huis clos polyphonique.
01:10Chacun des personnages s'y exprime pour expliquer ce qui a pu se passer,
01:14parce que le livre débute effectivement par l'incendie de la maison.
01:17Je voulais que le livre soit placé sous le signe du feu,
01:20et j'ai un petit souci, j'ai du mal avec le lexique qui est relatif au feu.
01:25Je ne voulais pas faire de psychanalyse un peu bas de gamme.
01:28Le meilleur moyen, c'était de mettre les personnages dans une même maison
01:33et de les laisser mijoter à l'intérieur des histoires de famille qui sont les leurs.
01:38Quant au livre de raison, en littérature, j'apprécie particulièrement le fait
01:43d'être dans l'écoute des personnages de la manière la plus directe possible,
01:47de moduler la psychologie du personnage en fonction de la manière dont il parle,
01:51d'être dans sa tête.
01:53J'ai découvert ce qui s'appelle les livres de raison.
01:55Les livres de raison, c'est très intéressant.
01:57Ce sont des ouvrages à la base qui étaient rédigés par les chefs de famille
02:03et qui mettaient en place une sorte de journal quotidien.
02:07C'est-à-dire qu'on avait le temps qu'il fait dans la région,
02:09on avait les rapports de la famille à l'intérieur de la maison,
02:12on avait les soucis logistiques, on avait les rapports des contes et légendes,
02:15les épidémies qui pouvaient survenir.
02:18L'histoire de la maison Dieu, ce livre, c'est exactement ça.
02:21C'est un livre de raison.
02:22Par le biais des différents personnages, on suit au fur et à mesure, au plus près,
02:26l'intrigue qui va mener à cet incendie et à la renaissance par la suite
02:30des personnages qui y survivront.
02:32Il est question, au début, on soupçonne un pyromane, le Mérou,
02:36qui sème la terreur dans la région.
02:39Surtout, il y a des rumeurs qui courent.
02:41Vous écrivez joliment, le bruit, ça court vite de par nos rues.
02:44Ça dévale des persiennes aux étals, des perrons jusque dans les couches.
02:47C'est peut-être parce qu'on est encore dans le plat de l'Ariège
02:49que ça s'étend autant par chez nous, la rumeur.
02:52Donc, il y a cette rumeur et puis il y a l'expression de chacun.
02:55Vous avez dit une espèce de concert polyphonique.
02:58Vous commencez par Élise, qui était au service de la maison,
03:04qui était la domestique, qui avait été recommandée par le curé
03:08et qui est un drôle de personnage, d'ailleurs.
03:12Oui, Élise, effectivement, elle est tout mature.
03:15Elle a un rapport aux plantes, puisque dans les livres de raison,
03:18on avait des recettes qui étaient transmises de génération en génération.
03:22Ce que je voulais montrer, c'était vraiment, à l'intérieur d'une même maison,
03:25les différents âges du corps humain, les différents âges de la psyché
03:30et surtout, de montrer les places qui nous sont assignées à l'intérieur d'une même famille,
03:35ces rôles desquels on a du mal à sortir de temps à autre
03:38et surtout, ces différents rapports au bonheur
03:41en fonction de l'âge qu'est le nôtre, effectivement,
03:43on a tendance à espérer ou à penser que la salvation,
03:47que la fuite vis-à-vis de l'ennui, vis-à-vis de la souffrance
03:50va passer par tel et tel truchement
03:52et donc montrer un petit peu l'idéal du bonheur de chacun de ces personnages
03:55et au fur et à mesure, en fonction de ce qui a pu être bon ou pas pour eux,
04:01de voir quels vont être les échappatoires qui sont les leurs.
04:04C'est pourquoi le livre s'appelle La maison de Dieu.
04:08On entend donc Élise, mais ce n'est pas la seule dans ce concert.
04:13Il y a aussi le frère, Abel, leur fils,
04:17qui restait dans l'enfance, quelqu'un qui refuse de grandir.
04:23Il y a Malora, l'adolescente également, qui elle voulait fuir ses parents.
04:30Ça c'est pour les vivants, mais c'est vrai que c'est un roman
04:34où les morts aussi sont assez présentes.
04:36Exactement, puisqu'il y a le personnage du fossoyeur
04:38qui arrive à la moitié du livre, qui dialogue et qui chemine avec la mort
04:42tout au cours du livre, qui dort avec elle, qui discute avec elle.
04:46Donc effectivement, il y a cette part d'onirisme, il y a du fantastique,
04:49il y a un aspect plus réaliste dans le livre, il y a de la psychologie.
04:53Mais pour moi, c'est important de mêler la part des contes,
04:56la part des légendes, la part des paysages
04:58et la part qui peut être un peu fantasmagorique et qui nous construit,
05:01puisque comme le disait Bachelard,
05:03effectivement, l'imagination n'est jamais aussi importante
05:07que dans les maisons de famille, et c'était une maison,
05:10un corps humain dans lequel je voulais faire vivre
05:12justement ces différents rapports à l'onirisme et à la vie réelle.
05:16Alors je vous conseille donc de lire.
05:18Ça s'appelle « La maison Dieu », tout simplement,
05:20paru chez Albain Michel.
05:21Merci beaucoup.
05:22Merci à vous.

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