Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il reçoit Sophie Audugé pour son livre "L’éducation sexuelle à l’école – Les nouvelles orientations de l'Éducation nationale en question".
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00:00L'éducation sexuelle à l'école, Sophie Audugé est avec nous. J'ai l'impression que c'est un cri d'alarme que vous
00:06criez, que vous faites.
00:08Je cite contre la dérive idéologique de l'éducation nationale des écoles de plus en plus soumises au diktat d'associations militantes.
00:16Et ça, ça peut nous alarmer. Madame Audugé, bonjour.
00:20Bonjour, bonjour à tous. Oui, effectivement, nous sommes
00:24décidés, je crois que c'est comme ça qu'il faut le dire, avec un certain nombre de médecins,
00:27à produire un travail d'analyse scientifique sur les besoins des enfants en matière d'information sur la sexualité.
00:33Quand on a fait ce travail, on s'est rendu compte qu'il était quasiment impossible d'avoir un discours sensé sur ce sujet,
00:39alors bien même qu'on imposait un enseignement à des enfants dans le cadre scolaire, c'est-à-dire une institution qui a autorité sur eux.
00:47C'est un sujet qui est compliqué parce qu'aujourd'hui, c'est devenu un enjeu politique.
00:51Et on voit bien que derrière
00:54ce que l'on met en avant, c'est-à-dire un objectif pour lequel on est tous d'accord, c'est-à-dire la lutte contre les abus sexuels,
01:00de protéger les enfants d'abus sexuels,
01:03d'informer la jeunesse sur les risques
01:06dramatiques d'une pornification des relations, se joue un enjeu politique qui est celui
01:13d'émancipation, d'idéologie du genre et
01:17Allons plus loin, de défendre ce que ces lobbyistes,
01:23activistes nomment une sexualité citoyenne.
01:26Tout ça ce sont des propos complètement fumeux. Donc nous ce qu'on a cherché à faire, c'est de sortir de l'idéologie,
01:32de sortir de point de vue également des mœurs ou de la religion, de ne pas faire de moraline et de revenir à ce que sont
01:39les besoins des enfants.
01:40Et c'est pour ça qu'on a travaillé avec un ensemble de médecins, certains ont accepté d'être nommés dans le livre, d'autres
01:46on a garanti leur anonymat. Et pendant un an et demi, on a étudié quels étaient les besoins des enfants,
01:52du point de vue de l'information sur la sexualité,
01:55avant l'âge de la puberté, c'est-à-dire avant qu'ils aient une sexualité fonctionnelle, et après l'âge de la puberté, c'est-à-dire entre 12 et 13 ans.
02:01Alors c'est deux sujets différents.
02:02Absolument. Parce que le premier sujet m'intéresse quand même de savoir ce qui se passe dans les écoles, et puis le deuxième sujet aussi m'intéresse,
02:08la demande des enfants. Mais c'est deux sujets différents. Et vous m'inquiétez forcément lorsque vous me parlez de
02:15sexualité citoyenne, je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, et je souhaiterais que vous nous donniez des exemples.
02:21D'abord, il faut rappeler que le temps consacré à l'école primaire, par exemple, à l'éducation sexuelle,
02:28et au fond,
02:31c'est le professeur, l'instituteur qui décide, si j'ai bien compris, il n'y a pas de cahier des charges très précis.
02:39Je ne voudrais pas du tout vous contredire, mais depuis la loi 2001, il est obligatoire
02:43pour toutes les années de classe d'avoir trois séances d'éducation à la sexualité.
02:46Ça c'est collège et lycée !
02:48Non, non, non, non, non.
02:49Même à l'école primaire ?
02:50Dès l'école. En ne mentionnant pas
02:53d'âge, puisque c'est une loi qui date de 2001 et que depuis
02:572017, sujet d'actualité en ce moment, on nous le rappelle, l'instruction est obligatoire des trois ans.
03:03Donc on a aujourd'hui dans des écoles, dans des maternelles,
03:06Trois séances annuelles.
03:07Trois séances annuelles, qui sont des séances formelles, mais les vocations...
03:11C'est vrai que trois séances, ce n'est pas beaucoup, de toute façon, on ne forme pas en trois séances annuelles,
03:15on ne va pas former des esprits non plus au collège ou au lycée.
03:18On peut faire beaucoup de mal, vous avez bien vu depuis cette semaine qu'on peut faire beaucoup de mal à un enfant en quelques secondes.
03:22J'entends bien. Alors moi j'aimerais des exemples précis
03:25qui peut-être vous ont choqué, de choses qui ont été dites ou dans une classe, ou dans un lycée, ou dans un collège,
03:32et qui doivent nous alerter sur la dérive que vous pointez, madame Oduyeu.
03:38Alors, en classe de CM1, je suis une maman d'un enfant de 9 ans, en classe de CM1,
03:43il a participé avec une autre classe de CM2 à un forum sur l'éducation à la santé sexuelle sans que nous parents soyons avertis.
03:50En rentrant, il m'a expliqué que dans un atelier, il y avait une intervenante qui a parlé de la sexualité adulte, du pénis et du vagin.
03:55L'intervenante aurait montré comment le pénis entre dans le vagin et la femme,
03:59de la femme, en imitant des mouvements de va-et-vient.
04:03En 4e, je suis psychologue, j'entends de plus en plus de témoignages liés à des cours d'éducation à la sexualité.
04:09Aujourd'hui encore, une jeune fille de 13 ans, classe de 4e dans le public, m'a fait part d'un cours appelé Evrase, dispensé par une infirmière.
04:15Les enfants devaient poser des questions autour de la sexualité, dans une boîte.
04:19Ensuite, l'infirmière lisait les questions.
04:21Voici la question posée dans sa classe qui l'a choquée.
04:23Quelle est la meilleure position ?
04:25En sortant du cours, elle en parle à une amie.
04:27Celle-ci lui répond que dans sa classe, c'est pire.
04:30Un élève a posé la question, quel goût a le sperme ?
04:34Alors ça, c'est un élève, forcément, qui pose cette question.
04:39C'est toujours des sujets extrêmement sensibles, et pour avoir parcouru votre livre,
04:45vous écrivez, nous assistons à une banalisation préoccupante de l'acte sexuel
04:50qui entrave le développement psycho-affectif et psycho-sexuel des adolescents
04:54et marque indéniablement un tournant anthropologique.
04:58Donc ça, c'est intéressant aussi à développer, madame.
05:00Si vous voulez, en fait, la question qui se pose à nous, c'est de savoir
05:03quel est le rôle de l'école, qui est celui d'instruire,
05:06et dans quel cadre l'école peut avoir un rôle d'éducation.
05:09Le rôle d'éducation qu'elle a dans l'école, c'est en fait le vivre ensemble,
05:13c'est les relations collectives.
05:16Ce qui relève de l'intime, par définition, n'a pas sa place dans l'école,
05:20qui est un espace public.
05:22Vous évoquiez la différence de période de vie.
05:26Il y a l'avant-puberté et l'après-puberté.
05:29Dans l'avant-puberté, contrairement à ce que les idéologues laissent croire,
05:33l'enfant n'est pas une personne à part entière,
05:36c'est une personne au sens du droit,
05:38mais c'est une personne, un être en développement.
05:41L'enfant va acquérir un certain nombre de capacités cognitives,
05:44psychiques et affectives au moment où il grandit.
05:47Ce qui signifie que l'enfant est un être vulnérable.
05:51On oublie souvent de comprendre qu'un enfant,
05:54avant 7 ans par exemple,
05:56ne peut pas avoir de compréhension de ses propres états émotionnels.
06:00Il aura une compréhension des états émotionnels des autres à partir de 13 ans.
06:04Un enfant ne va pas acquérir l'autonomie morale,
06:06c'est-à-dire la capacité à mettre en cause la parole de l'adulte,
06:10avant au moins 13 ans.
06:12Ça veut dire qu'un adulte qui dit quelque chose à un enfant,
06:14l'enfant va le croire sur parole.
06:16Ça c'est un cadre conceptuel qu'on doit accepter.
06:19Ensuite, l'enfant naît avec une interrogation,
06:24une curiosité.
06:25Une curiosité qui est celle de l'énigme de sa vie.
06:28Le fait que des idéologues laissent entendre
06:32que cette curiosité sur l'énigme de la vie
06:35est une sexualité infantile fonctionnelle,
06:38c'est faux et c'est dangereux.
06:41Et à partir du moment où on construit un programme d'éducation à la sexualité
06:45dans le cadre scolaire,
06:46où on applique cette idéologie,
06:48on met en danger des enfants.
06:50Et c'est effectivement l'enjeu de votre livre.
06:51Alors j'imagine que vous êtes allé vers l'éducation nationale.
06:53Quel est le discours de l'éducation nationale ?
06:55Est-ce que vous avez le sentiment d'être entendu
06:57par les ou le ministre que vous avez rencontré ?
07:01Alors, on n'a pas été reçu par Mme Belloubet,
07:04ce qui n'étonnerait à personne.
07:05Il faut savoir que l'action que nous on mène,
07:08Maurice Berger et d'autres,
07:10un groupe qui est le REPPOA,
07:11qui sont des spécialistes pédopsychiatres et psychologues,
07:13avait déjà alerté en 2017.
07:16Ils n'ont pas été entendus.
07:17Il y a un déni de réalité,
07:20des injonctions contradictoires permanentes,
07:22qui font qu'aujourd'hui,
07:23c'est très compliqué de se faire entendre.
07:25Et c'est pour ça qu'on a fait ce livre,
07:26et c'est pour ça qu'on veut en parler,
07:27parce que le risque, il est réel.
07:29Le risque, il est réel,
07:30c'est qu'on fait infraction
07:31dans la vie fantasmatique de l'enfant,
07:33et on entrave le développement de l'enfant.
07:36Ce faisant, on endoctrine l'enfant
07:37sur des pensées qui sont dramatiques
07:39pour certains enfants,
07:40qui vont même avoir des effets psychiques,
07:43qui vont bloquer leur développement naturel,
07:45qui vont bloquer leur développement psychosexuel
07:47de jeunes adultes.
07:49Et ça, si vous voulez,
07:50il faut quand même être conscient
07:51que les risques sont réels.
07:52Tout ce qu'on a, nous,
07:53on a une centaine de témoignages,
07:55donc dans 100 classes différentes,
07:56des établissements différents.
07:57J'ai encore eu des témoignages hier,
07:59on a eu un témoignage d'un livre
08:01à caractère carrément pornographique
08:03qui a été donné à des lycéens.
08:05Il faut être quand même conscient
08:07qu'aujourd'hui,
08:09on ne respecte plus une frontière
08:11qui est fondamentale,
08:12celle de la frontière entre les générations.
08:14Les adultes ne parlent pas de sexualité à un enfant.
08:16La frontière entre le privé et le public
08:18et que ces éléments-là
08:20qui sont franchis tous les jours,
08:21aujourd'hui, dans l'institution scolaire,
08:23caractérisent un environnement incestuel.
08:26Si j'entends bien,
08:28vous souhaiteriez qu'il n'y ait pas du tout
08:31des cours d'éducation sexuelle.
08:33Un adulte, dites-vous,
08:34ne parle pas de sexualité à un enfant.
08:38Alors, il n'empêche pas forcément de sexualité.
08:41C'est une volonté d'explication,
08:46j'allais dire médicale peut-être,
08:48ou scientifique,
08:49qui est donnée aux enfants
08:51sur la procréation ou sur...
08:53C'est ça qui devrait rester
08:56uniquement le cadre.
08:58Et vous écrivez d'ailleurs dans votre livre
09:00des personnels de l'éducation nationale,
09:02enseignants et infirmiers,
09:03parlent de la sexualité adulte
09:04à des élèves de primaire,
09:05voire de maternelle,
09:06en détaillant des pratiques sexuelles.
09:07Pire, certains idéologues bafouent
09:09cet interdit dans une démarche missionnaire
09:11convaincue de l'existence
09:12d'une sexualité infantile
09:13semblable à celle de l'adulte.
09:15On retrouve d'ailleurs ce qui se passait
09:17dans les années 60 ou 70,
09:18à un moment différent.
09:20Et effectivement, un cours d'éducation sexuelle
09:22devrait se limiter,
09:23et là tout le monde le comprend,
09:25à quelque chose, oui, de médical sans doute.
09:28Comment on fait des enfants ?
09:30Oui absolument,
09:31et là vous avez absolument raison,
09:32c'est que nous,
09:33on s'oppose à l'éducation à la sexualité
09:34parce qu'on considère qu'on ne peut pas éduquer,
09:36ce n'est pas un adulte
09:37ayant autorité sur lui,
09:38dans le cadre d'une institution,
09:39d'éduquer un enfant à la sexualité,
09:41puisque c'est évidemment une symbolique incestuelle.
09:43Par contre,
09:44on revendique le fait
09:46qu'il y ait de la prévention
09:47et qu'il y ait de l'information.
09:49Rien que le terme change tout.
09:51Faire une information sur la sexualité,
09:53faire une information sur les risques
09:55des relations sexuelles,
09:56travailler sur des programmes,
09:58notamment auprès des adolescents,
09:59sur l'impact psychique
10:01de la relation à l'autre,
10:02la relation charnelle,
10:03la relation d'amour, etc.
10:05Les informer sur les risques
10:07de la consommation de porno,
10:09sur les pratiques violentes entre jeunes.
10:11Là, il y a des enjeux fondamentaux pour notre jeunesse
10:13et tous les chiffres nous confirment
10:15qu'il faut agir urgentement là-dessus
10:17puisqu'on a une jeunesse qui va mal, très mal,
10:19notamment sur ces enjeux-là.
10:20C'est vrai qu'il y a un accès à ces images-là.
10:22Moi, je suis d'une génération
10:24où je pense que la première image pornographique
10:26que j'ai vue, je m'en souviens d'ailleurs assez bien,
10:28et j'avais été très choqué de ça,
10:30et j'avais au moins 16 ou 17 ans,
10:32et c'était effectivement au hasard
10:34d'un jour, d'une soirée de quelqu'un
10:36qui avait proposé ces images-là.
10:37Mais jamais avant, je n'avais vu une image pornographique,
10:39et même à cet âge-là,
10:41elle m'avait, oui,
10:43j'allais dire écœuré, vous voyez.
10:45Mais alors aujourd'hui,
10:47les jeunes gens ont accès à des images
10:49auxquelles ils ne devraient jamais avoir accès.
10:51– Je vous remercie beaucoup,
10:53Madame Odugé, c'est toujours trop court.
10:55Bien sûr, l'éducation sexuelle à l'école,
10:57c'est aux éditions Artej,
10:59les nouvelles orientations de l'éducation nationale
11:01en question, et je le répète,
11:03c'est un cri d'alarme
11:05sur ce qui peut se passer dans nos écoles.
11:07– Merci beaucoup.