• il y a 2 mois
Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute

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00:00Chers amis, bonsoir. Très heureux de vous retrouver dans votre rendez-vous du vendredi soir.
00:05Ça se dispute, vous connaissez le principe. Les deux visions qui vont s'opposer ce soir,
00:10ce sont celles de Geoffroy Lejeune, mon cher Geoffroy, bonsoir.
00:12Bonsoir Olivier, bonsoir Philippe.
00:13Et Philippe Guibert est également avec nous, bonsoir.
00:16Bonsoir messieurs.
00:17Alors au sommaire, vous le savez ce soir, il vient de s'exprimer au 20h de TF1,
00:21l'homme de la situation pour les uns, symbole d'une élection volée pour les autres.
00:25Tandis que certains restent neutres, alors a-t-il été habile ce soir ?
00:29Votre avis messieurs, dans un instant.
00:31À peine nommé, déjà une polémique, le nouveau Premier ministre épinglé par la gauche
00:35pour sa formule utilisée lors de son premier discours hier après sa nomination.
00:39Il a parlé des gens d'en bas, ce soir il parle des gens du terrain.
00:43Alors polémique pour rien ou propos regrettables ?
00:46Geoffroy Lejeune, Philippe Guibert, vous allez nous donner votre avis.
00:50Et maintenant, en tout cas des grands chantiers attendent le Premier ministre.
00:53Emmanuel Macron va-t-il laisser Michel Barnier libre d'appliquer sa feuille de route ?
00:57Surtout avec qui ? Un gouvernement de rassemblement avec des ministres de gauche.
01:00Est-ce que c'est possible et est-ce que c'est souhaitable ?
01:03On vous posera la question tout de suite.
01:05D'ailleurs, mais avant, il est avec nous Simon Guillain.
01:08Le point sur les dernières actualités avec vous Simon.
01:11Bonsoir cher Olivier et bonsoir à tous.
01:13Le club de football de la petite Camilia organise plusieurs hommages ce week-end.
01:17Un rassemblement est prévu demain à partir de 17h au stade de la Valmas, Camougins.
01:21Et dimanche à partir de 14h, le frère ainsi que le père de l'enfant
01:24donneront le coup d'envoi du match samedi soir.
01:27Camilia, 7 ans, a été tuée par un motard sur un passage piéton à Valoris.
01:30C'était le 29 août dernier.
01:33La fondation Abbé Pierre va changer de nom.
01:35Une décision après les nouvelles accusations de violences sexuelles
01:37visant le prêtre décédé en 2007.
01:40Dans le même communiqué, le mouvement Emmaüs annonce la fermeture définitive
01:43du lieu de mémoire dédié à l'abbé Pierre.
01:46Figure emblématique, vous le savez, de la lutte contre les sans-abris.
01:49Et puis de son côté, l'Eglise dit son effroi et promet de coopérer avec Emmaüs
01:52ainsi que la justice.
01:55Enfin en Nouvelle-Calédonie, le couvre-feu entre 22h et 5h du matin
01:58a été prolongé jusqu'à mi-septembre.
02:01Le haut-commissaire de la République a également annoncé le prolongement
02:04des restrictions de vente d'alcool ainsi que des rassemblements.
02:07Des mesures maintenues afin de prévenir les graves troubles à l'ordre public
02:10qui seraient susceptibles de se reproduire dans les prochaines semaines.
02:13Merci beaucoup mon cher Simon.
02:16Nous vous retrouvons à 22h pour un nouveau point complet sur l'actualité.
02:19Juste une heure, notre nouveau Premier ministre Michel Barnier
02:22s'est exprimé chez nos confrères de TF1.
02:25Nous allons largement y revenir avec vous Geoffroy Lejeune et Philippe Guybert.
02:28Il a donc consulté tout au long de la journée
02:33et il a donné sa vision, notamment ses premières visions il y a quelques minutes.
02:39On l'écoute.
02:41Ce ne sera pas seulement un gouvernement de droite comme je l'entends dire ici ou là.
02:44Il y aura des gens de ma famille politique.
02:47Il y aura naturellement des hommes et des femmes de bonne volonté
02:50qui appartiennent à la majorité sortante.
02:52Des ministres sortants même, vous l'envisagez ?
02:55Peut-être, mais je ne vais pas aujourd'hui faire le casting.
02:58Vous ne vous l'interdisez pas ?
03:01Je ne m'interdis pas de réunir autour de la même table des hommes et des femmes
03:05qui ont des compétences.
03:07Des gens de gauche ?
03:08Oui, des gens de gauche.
03:10Il y a de bonnes idées partout, il faut aller les chercher partout.
03:13Un gouvernement de rassemblement avec des ministres de gauche,
03:16des ministres sortants.
03:17Est-ce que c'est possible ?
03:18Est-ce que c'est souhaitable ?
03:19La question dans un instant.
03:20Mais avant, peut-être Philippe Guybert,
03:21est-ce que vous l'avez trouvé habile ce soir Michel Barnier ?
03:24Oui, je l'ai trouvé habile.
03:26Je trouve que par petite touche,
03:28entre son entrée en fonction hier soir sur le perron de Matignon
03:33et ses 10-12 minutes d'interview ce soir sur TF1,
03:37il construit son personnage.
03:39Et son personnage consiste à être un anti-Macron sur la forme et la méthode.
03:45Il dit tout le bien qu'il pense des corps intermédiaires,
03:50du Parlement, des syndicats, de la concertation,
03:53des gens de terrain, des gens d'en bas.
03:55On en parlera tout à l'heure.
03:56Donc il prend un contre-pied par rapport à ce qu'a été le macronisme.
04:00Et puis en même temps, il fait des ouvertures toutes les immutes.
04:03Donc hier soir, il avait parlé immigration et insécurité.
04:06On voyait que c'était plutôt à droite qu'il tournait son discours.
04:09Et ce soir, entre les ministres éventuellement de gauche dans son gouvernement,
04:13le mot de justice fiscale, qui m'a beaucoup frappé,
04:17et même un aménagement sur la réforme des retraites,
04:20où il a ouvert la possibilité,
04:22il me semblait qu'il faisait plutôt des ouvertures à gauche.
04:25Et donc il essaie dans une situation extrêmement difficile.
04:29Il arrive avec trois quarts des Français
04:32qui pensent qu'Emmanuel Macron n'a pas respecté le vote du 7 juillet,
04:39en le nommant avec un taux de popularité qui est un des plus bas d'un Premier ministre entrant.
04:45Et dans une situation parlementaire qu'on connaît, qui est extrêmement complexe,
04:49il essaie de construire son personnage et d'ouvrir le jeu.
04:53Je trouve ça habile.
04:55Habile, donc pour Philippe Guybert, c'est l'anti-Macron.
04:57Selon vous, Michel Barnier, ou pas certain, on a entendu aujourd'hui, disent...
05:00Sur la forme.
05:01Effectivement, sur la forme.
05:02Voilà, ça change.
05:03Sur le fond, ça sera la même chose.
05:05Je ne vais pas être trop long.
05:06Je ne vais pas répéter ce que Philippe vient de dire.
05:08J'étais globalement d'accord.
05:09Si ce n'est que ça m'amuse à chaque fois que les gens de gauche découvrent
05:13que la droite n'est pas forcément ultralibérale.
05:15En fait, il y a une infinité de nuances à droite.
05:18Il y a des ultralibéraux.
05:19Il y a aussi beaucoup de gens, comme Michel Barnier,
05:21qui sont, comme il dit, du gaullisme social
05:23ou qui ne sont pas des acharnés de la schlag.
05:27Comme vous, à gauche, vous pouvez les voir.
05:29Ça, c'est la première chose.
05:30C'est vrai, il y a des gens de droite qui ne sont pas pour la schlag.
05:32Bien sûr, il y en a bien un.
05:33Je vous dis des choses ce soir.
05:35Ils sont même majoritaires.
05:36Ensuite, sur la forme, sans répéter ce que Philippe vient de dire.
05:39Moi, je l'ai trouvé assez habile.
05:42Surtout, je l'ai trouvé assez prudent.
05:43Il ne tombe dans aucun piège.
05:45Donc, il gère tout ça de manière assez intelligente.
05:48Je pense que par rapport à la construction du personnage dont parlait Philippe,
05:52ça peut durer parce que ce n'est pas un personnage.
05:54Pour l'avoir un peu fréquenté, pour l'avoir interviewé,
05:57pour avoir débattu avec lui, il est vraiment comme ça.
06:00Y compris quand on sort d'un plateau où on a débattu
06:03et qu'on discute en dehors.
06:04Ou alors qu'on se voit dans ce qu'on appelle les off avec des politiques, etc.
06:07En fait, il est vraiment comme ça, Michel Barnier.
06:09Ce n'est pas du tout un...
06:11Il n'est pas en train d'inventer un personnage de faux modeste.
06:13Il n'est pas en train de s'inventer une ligne politique qui n'est pas la sienne.
06:16Il est assez authentique en réalité.
06:18Ça veut dire que les autres ne le sont pas finalement authentique.
06:21Il y en a beaucoup qui ne le sont pas.
06:23Ou alors, il y a de plus en plus dans les nouvelles générations,
06:27notamment celles qui sont arrivées avec Emmanuel Macron,
06:29des gens qui sont dans le contrôle absolu de leur communication, etc.
06:32Lui, il n'est pas tellement dans le contrôle.
06:34Il ressemble à ça en dehors.
06:35Juste une remarque qui n'est pas un désaccord.
06:38Ce n'est pas le même homme que celui de la primaire de 2021.
06:42Il forçait son personnage.
06:43Il forçait son personnage et on le sentait extrêmement emprunté.
06:46Il était ennuyeux.
06:48Là, ce n'est pas le même homme que j'ai vu sur le perron de Matignon hier
06:52qui était à la fois ironique et très précis.
06:55Et celui de ce soir sur TF1 qui était, comme tu l'as très bien dit,
06:59qui n'est tombé dans aucun des pièges et qui a fait passer des messages.
07:02Mais pour une raison, la comparaison de 2021 est intéressante.
07:05Je sais que c'est un élu local, qu'il a été longtemps élu dans sa région,
07:08qu'il a été élu d'ailleurs toute sa vie.
07:10Mais c'est quand même quelqu'un qui est fait pour la nomination.
07:12C'est-à-dire que quand il est commissaire aux droits, il est nommé.
07:14Je suis entièrement d'accord.
07:15Le ministre, il est nommé.
07:16Et 2021, il fallait aller convaincre l'électorat des sympathisants LR
07:21dont ils connaissaient les positions.
07:23Et là, il fallait être dans...
07:24C'est Ciotti qu'il a battu.
07:26Ça prouve bien que ce n'était pas son moment, ce n'était pas son élection.
07:28Donc finalement, une prise de parole.
07:30Vous avez été tous les deux plutôt séduits.
07:32Ce soir, en tout cas, il y a des attentes des Français, des téléspectateurs.
07:35Alors, il a avancé ses priorités.
07:38Maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes,
07:40revaloriser le travail, ne pas augmenter la dette de la France.
07:44Il a cité aussi les services publics, je le cite,
07:47qui sont aussi un besoin immense dans les quartiers urbains,
07:49mais dans les campagnes aussi.
07:51Il reprenait ainsi les grandes lignes du pacte législatif,
07:54notamment présenté par son parti Les Républicains en juillet.
07:57Finalement, très honnêtement,
07:59est-ce que vous pensez qu'un homme peut changer très concrètement les choses,
08:03peut répondre aux attentes des Français ?
08:05Ou alors, il y a un problème plus global avec une machine rouillée, si je puis dire ?
08:09Le problème est que le rôle du Premier ministre et de son gouvernement,
08:13ce qui va falloir voir la nomination de ses ministres.
08:15Ça sera intéressant.
08:17Mais le problème de Michel Barnier va déjà être de ne pas être renversé par l'Assemblée nationale.
08:22La première attente à laquelle il doit répondre, c'est celle-ci.
08:26Le risque réel.
08:27Je comprends que pour les Français qui écoutent tout ça ou qui nous écoutent ce soir,
08:32ils se disent que c'est tout ça et bien gentil, mais c'est leur tambouille.
08:35Oui, mais sauf que la tambouille, à un moment donné,
08:37elle conditionne les politiques qu'on peut mener et les lois qu'on peut faire voter,
08:42le budget qu'on peut faire voter.
08:44Donc, est-ce qu'il peut tout changer ?
08:46Il peut changer peut-être un climat,
08:49qui a été un climat depuis les élections législatives,
08:53d'affrontements bloc contre bloc, à trois blocs,
08:56et puis à la fin de deux blocs contre un sol, lors du deuxième tour,
09:01avec une radicalité des propositions, des propos souvent,
09:05en particulier de la part de Jean-Luc Mélenchon et d'Elefi,
09:10et plus généralement du nouveau Front populaire,
09:13qui au moins au mois de juillet a été sur des positions très dures
09:17où il voulait gouverner tout seul, sans personne, sur leur seul programme.
09:22Là, on sent un homme qui justement, par les ouvertures qu'il fait,
09:27et qu'il est un peu obligé de faire aussi, la situation l'y pousse,
09:31mais je pense comme toi que c'est dans sa nature,
09:34peut décrisper un climat, c'est-à-dire qu'il peut casser cette ambiance
09:41de fausse guerre civile politique dans laquelle on a sombré
09:47depuis au moins les européennes, voire...
09:49Notamment avec le nouveau Front populaire,
09:51Geoffroy Lejeune, est-ce qu'il peut effectivement décrisper la situation ?
09:55On sait que demain, il y a une manifestation anti-Macron qui attend...
09:59Ce sera intéressant de voir si elle marche.
10:00Moi, j'ai comme un doute qu'elle ne sera pas massive.
10:04Honnêtement, il ne va pas éteindre les colères du pays en 48 heures
10:09et en étant juste nommé à Matignon,
10:11alors que les Français le connaissent peut-être pas très bien.
10:13Maintenant, pour prolonger ce que Philippe vient de dire,
10:17moi, je pense qu'il y a une vraie aspiration,
10:19justement, à la décrispation des rapports, notamment dans la classe politique.
10:23Il faut imaginer quand même qu'on vient de vivre cet été,
10:26en fait, une parenthèse politique.
10:28Ils ont disparus tous, pour notre plus grand bonheur à tous.
10:31C'est-à-dire qu'en gros, à part Lucie Castex,
10:33qui était en campagne fictive, bizarre, pendant tout l'été,
10:38tout le monde a disparu et ça a fait beaucoup de bien.
10:40Et les Jeux olympiques, cette espèce de quiétude,
10:45de sourire retrouvé, de fierté vête français,
10:48qui ont écrasé toute l'actualité, toutes les autres actualités,
10:52je pense que ça a marché aussi parce qu'il y avait un besoin.
10:55Après une année très, très tendue,
10:57après une séquence politique vraiment, vraiment très énervée
11:02avec les européennes plus législatives,
11:05la dissolution entre les deux,
11:07si les Jeux olympiques ont apporté à ce point-là du bonheur dans les foyers,
11:10ce n'est pas juste parce que tout le monde aime le sport,
11:12c'est parce qu'en fait, il y avait un besoin de ça.
11:14Donc s'il surfe là-dessus, c'est plutôt malin.
11:16Et d'ailleurs, il n'est pas en train d'inventer,
11:18par exemple, il répète le mot respect tout le temps.
11:21Il n'est pas en train de l'inventer.
11:22Il le disait il y a des années déjà.
11:24Il disait, moi, je pense qu'il manque de respect dans notre société,
11:26qu'on ne s'écoute pas assez, etc.
11:28Donc là, encore une fois, il ne force pas son personnage.
11:30Respect et vérité aussi.
11:31Et vérité, on va y venir, je pense,
11:33quand on parle du programme qu'il va appliquer, pour moi, c'est le plus important.
11:35Mais là, on est sur les éléments un peu intangibles.
11:39Je pense qu'il rencontre un air du temps,
11:42peut-être pas majoritairement partagé par tout le monde,
11:44mais au moins, il y a des gens qui attendent ça.
11:45Mais pour aller dans ton sens,
11:46après, on va essayer de se disputer un peu.
11:48Conture-moi, je suis là.
11:50Mais pour aller dans ton sens,
11:51dans tous les portraits qui ont été faits de Michel Barnier,
11:53c'est depuis hier dans nos médias,
11:56il y a un mot qui revient souvent de la part de proches
11:59ou de gens qui ont travaillé avec lui.
12:00C'est très difficile de se fâcher avec lui.
12:03Et je trouve ça extrêmement révélateur d'une personne...
12:05Et vous en êtes la preuve aussi, ce soir, visiblement.
12:07Oui, c'est-à-dire qu'il arrive nous-mêmes à nous réconcilier.
12:10Mais vous savez, Ségolène Royal avait dit,
12:13quand Éric Besson avait quitté pour aller travailler avec Nicolas Sarkozy,
12:16qu'il connaît Éric Besson, qu'il connaît M. Besson.
12:19Et là, j'ai envie de dire, qui déteste M. Barnier ?
12:21Il n'a pas un ennemi.
12:22C'est exactement ça.
12:24C'est un atout dans la situation
12:26où il va être en négociation permanente.
12:28Négociation notamment avec le Rassemblement national.
12:31Entre autres, mais pas seulement.
12:33Au cœur de ce nouveau gouvernement.
12:34Peut-être, puisqu'il en a parlé ce soir, Michel Barnier,
12:37intéressons-nous au rôle du Rassemblement national.
12:40Est-ce que c'est l'arbitre, au fond, aujourd'hui ?
12:42On écoute Michel Barnier et on en parle ensuite.
12:47Je n'ai pas eu de discussion avec Mme Le Pen.
12:49Je la rencontrerai, je la verrai.
12:51Je n'ai rien de commun ou pas grand-chose de commun
12:53avec les thèses ou les idéologies du Rassemblement national.
12:58Je respecte.
12:59Il y a près de 11 millions de Français
13:02qui ont voté pour le Rassemblement national.
13:04Il leur voit compte,
13:06comme celle de ceux qui ont voté pour le nouveau Front populaire.
13:09Et puis, naturellement, ceux qui ont voté au centre ou à droite.
13:13Ceux qui n'ont pas voté aussi.
13:15Je n'ai rien en commun avec le RN, nous dit-il Geoffroy Lejeune.
13:19Néanmoins, j'entends les électeurs du Rassemblement national.
13:22Effectivement, il n'a pas véritablement le choix, aujourd'hui.
13:25Il ne peut que les entendre.
13:26Pardon, ça fait quand même du bien.
13:29Les électeurs du RN, il faut se mettre à leur place.
13:32Il faut imaginer ce qu'ils ont vécu depuis le 9 juin,
13:36date à laquelle ils ont mis Jordan Bardella
13:39très largement en tête des élections européennes.
13:42Depuis, ils ont vu un mur se dresser
13:46contre l'accession de leurs idées au pouvoir.
13:48Et ce mur s'est dressé.
13:49Les gens ont voté,
13:50mais il y a aussi eu des petites combinaisons politiciennes
13:53qui ne sont pas toujours très ragoûtantes.
13:55Les désistements, les appels à voter de la part de gens de droite
13:58ou de la Macronie pour des communistes ou des LFI
14:01plutôt que des gens du RN.
14:03Les électeurs du RN ont vécu cette séquence à juste titre
14:07comme celle d'un système entier qui se ligue
14:10pour que leurs voix ne comptent pas,
14:12ne soient pas prises en compte
14:13et ne puissent pas avoir d'impact sur leur vie.
14:16C'est très violent, en fait, dans un système démocratique.
14:19C'est très violent.
14:20Je connais l'argument de « les Français ont voté
14:22contre le fait que Bardella soit Premier ministre ».
14:24Ce qui est la réalité.
14:25Ce qui ne justifie pas après ce qui s'est passé à l'Assemblée.
14:28C'est la réalité, mais après,
14:30si tu fais partie des 11 millions de gens
14:32qui ont été balayés comme ça,
14:34c'est très violent.
14:35Et vous ajoutez à ça,
14:37peut-être quelque chose d'encore plus violent,
14:39au moment où ils se sont battus,
14:40qu'on leur refuse l'accès à des postes de responsabilité
14:42à l'Assemblée nationale.
14:43Ça, c'était une faute politique, on l'a dit à l'époque.
14:45C'est vrai, je te rends ça, bien sûr.
14:47C'était de l'acharnement, presque.
14:49C'était exactement ce que Barnier, d'ailleurs,
14:51et du sectarisme.
14:53Et ensuite, ils font partie potentiellement
14:56d'aucune coédition dans la tête de personne.
14:58Donc, c'est vraiment...
15:00C'est malin de la part de Michel Barnier de dire ça.
15:02Moi, j'ai noté, ça m'a beaucoup amusé.
15:03Il dit « j'ai rien en commun ou pas grand-chose ».
15:05Moi, tout est dans le « ou pas grand-chose ».
15:07Je pense qu'au fond de lui, il pense qu'il n'a rien en commun.
15:09La vérité, c'est que l'équation politique
15:12l'oblige à reconnaître que sur certains sujets,
15:14notamment son programme, on connaît par cœur maintenant,
15:16son programme en 2021 sur l'immigration.
15:18Globalement, c'est du Marine Le Pen ou du Eric Ciotti,
15:20comme vous voulez.
15:21Tout est dans ce « pas grand-chose ».
15:23Pardon, Philippe, je termine d'une phrase.
15:26Je suis un peu long.
15:27Mais je pense que peut-être qu'on tient quelqu'un
15:30qui comprend que pour faire baisser le rassemblement national,
15:32il faut appliquer une partie de ses idées.
15:34– Vous rejoignez le constat de Geoffroy Lejeune ?
15:37– Oui, mais je vais le développer parce que je comprends
15:40ce que tu dis sur les 11 millions d'électeurs du RN
15:43qui ont perdu les élections en pensant,
15:45alors qu'ils pensaient que le chemin du pouvoir
15:48allait enfin s'ouvrir.
15:50Et effectivement, depuis le 7 juillet,
15:54ils étaient comme des pestiférés dans le jeu politique.
15:57Il n'empêche quand même que,
16:00derrière cette nomination de Michel Barnier,
16:03et c'est ce qui explique quand même les sondages
16:05qui sont assez violents quand même,
16:07qui disent qu'il y a deux tiers,
16:09je crois que c'est deux tiers ou trois quarts des Français
16:11qui justent que leur vote n'a pas été respecté
16:14à travers cette nomination.
16:16Il y avait quand même idée pour la majorité des Français,
16:18ils doivent être 15 ou 16 millions, je ne me souviens plus,
16:21qui ont quand même voté au deuxième tour
16:23contre le Rassemblement National,
16:25y compris en votant pour des candidats
16:27avec lesquels ils n'étaient pas vraiment d'accord.
16:30Ils se retrouvent avec un gouvernement
16:32qui, objectivement, ne peut tenir
16:35que si le Rassemblement National ne le censure pas
16:38et donc le soutient implicitement,
16:41même si c'est un soutien via une abstention.
16:45Pour toute une série de gens,
16:47je m'exprime mal,
16:49pour toute une partie du peuple,
16:51il y a comme une trahison profonde
16:54de s'être déplacé,
16:56d'être allé voter,
16:58parfois de se forcer à voter pour un candidat
17:00avec lequel on n'était pas vraiment d'accord,
17:02et de se retrouver avec un gouvernement
17:04qui, de facto,
17:07c'est un fait politique et parlementaire,
17:10ne tiendra que si le Rassemblement National
17:12ne le censure pas.
17:14Je comprends le traumatisme,
17:17le fait que les électeurs du RN
17:20puissent se sentir dépestiférés,
17:23mais il faut comprendre aussi,
17:25parce qu'ils sont nombreux aussi,
17:27voire même plus nombreux,
17:29parce que ça a été la majorité,
17:31de gens qui se disent
17:33qu'après tout, on est allé se déplacer
17:35le 7 juillet pour rien,
17:37et en pire encore, si je peux me permettre.
17:39On leur a fait le front républicain,
17:41avec tous les débats que ça a suscité.
17:43Tu disais, manœuvre politique,
17:45c'est vieux, comme le mode de scrutin
17:47sous la République à deux tours,
17:49de se déplacer contre l'adversaire principal.
17:53Et ça a été massif, là tu as raison.
17:56Ça a été massif dans des proportions
17:58qu'on n'avait jamais connues.
18:00Mais, ça sera très dur de refaire
18:02le front républicain.
18:04C'est la fin du front républicain,
18:06Geoffroy Lejeune, très clairement,
18:08soit qu'on en assiste.
18:11Il faut absolument tout faire
18:13pour empêcher l'ERN d'être au pouvoir,
18:15et en même temps, de nommer un gouvernement
18:17qui, mécaniquement, ne peut tenir qu'avec l'ERN.
18:19L'ERN l'arbitre, effectivement.
18:21Est-ce que ça ne veut pas dire aussi
18:23que c'est la fin du front républicain aujourd'hui ?
18:25J'ai entendu beaucoup de fois des gens
18:27annoncer la fin du front républicain,
18:29et puis j'ai vu cet été, le front républicain,
18:31vivant comme jamais.
18:33Je me garderais bien de dire ça.
18:35En revanche, il y a une forme, je trouve,
18:37de cohérence, et je trouve ça plutôt sain,
18:39que l'Assemblée nationale, en tant que parti,
18:41pas en tant que coalition, se retrouve
18:43à un moment donné en position de dicter
18:45certaines conditions, certaines choses.
18:47Là, en l'occurrence, on connaît la liste de course
18:49entre guillemets de Marine Le Pen,
18:51mais au-delà de ça même, qu'elle soit capable
18:53d'être une forme de pré-censure
18:55sur le choix du Premier ministre,
18:57elle représente 11 millions d'électeurs,
18:59il est le premier parti à l'Assemblée nationale,
19:01il est exclu pour des raisons
19:03qui seraient intéressantes de débattre.
19:05De comprendre enfin pourquoi ils ont perdu
19:07alors qu'ils pouvaient la gagner.
19:09On peut y revenir.
19:11Je serais heureux d'avoir ce débat avec toi un jour,
19:13parce qu'aujourd'hui, je pense que personne
19:15n'est capable d'expliquer concrètement pourquoi
19:17l'ERN justifie d'avoir encore ce statut.
19:19Il n'y a pas de raison.
19:21Non, justement.
19:23Il y a une raison, peut-être la réponse
19:25de Philippe Guibert. Allons-y, débattons.
19:27Sans faire des débats
19:29interminables, mais
19:31l'ERN, en fin de premier tour,
19:33a fait ressurgir
19:35l'image du FN, l'image imaginaire
19:37ou symbolique du FN, à travers
19:39le débat sur la binationalité.
19:41Ce n'est absolument pas choquant.
19:43C'est normal d'avoir un débat là-dessus.
19:45Ça ne te choque pas, Geoffroy, mais il y a beaucoup de gens que ça a choqué.
19:47Ça a déjà...
19:49C'est très simple de pouvoir parler de ce genre de choses.
19:51Non, ce n'est pas très simple, surtout la façon
19:53dont ils l'ont fait.
19:55Ça a braqué toute une série de gens
19:57qui se sont dit, tiens, l'ERN,
19:59qu'on nous disait banalisé,
20:01en fait, reste au moins
20:03en partie le FN.
20:05Et deuxièmement... Attends, je termine.
20:07Geoffroy, je ne suis pas sûr
20:09que tu sois dans le cadre de ces électeurs
20:11qui se sont dit ça.
20:13Et donc, pourquoi il y a eu
20:15tant de gens qui ont voté contre l'ERN et pourquoi,
20:17à la surprise générale, je suis d'accord avec toi,
20:19moi-même, je ne pensais pas
20:21que l'ERN descendrait à 123 députés
20:23et plus la
20:25petite vingtaine de monsieur Ciotti
20:27et qu'ils arriveraient si bas.
20:29Tout simple.
20:31La première raison.
20:33La deuxième raison, ça a été les candidats du
20:35ERN qui étaient en partie de très
20:37mauvaise qualité et qui, pour partie,
20:39même minoritaire, semblaient
20:41sortir plus du FN que du ERN. J'ajoute
20:43dernier point, que le programme du
20:45ERN n'a pas du tout été jugé crédible et que
20:47Bardella n'incarnait pas
20:49un Premier ministre très crédible.
20:51Je ne suis pas sûr que ce soit entièrement seulement de sa faute.
20:53Tu vois ce que je veux dire ?
20:55Donc, toutes ces raisons ont fait
20:57que
20:59beaucoup de gens se sont dit que l'ERN n'est
21:01pas encore banalisé, ce n'est pas
21:03juste un parti de droite
21:05populaire, social
21:07et sécuritaire, pour le dire vite.
21:09Ils n'en sont pas encore là, peut-être
21:11qu'ils arriveront un jour, mais cette fois-ci
21:13pour des tas de gens, je ne parle pas des électeurs de gauche,
21:15mais pour des tas de gens du centre,
21:17du centre gauche, centre droit,
21:19voire pour des gens de droite, une partie de l'électorat de droite,
21:21ils se sont dit qu'on ne va surtout pas mettre ces gens-là
21:23au pouvoir. Voilà, c'est ça le fond
21:25de l'histoire.
21:27C'est là où ça peut être choquant
21:29pour eux de se trouver aujourd'hui
21:31dans une situation
21:33où l'ERN est quand même en position
21:35d'arbitre et fera durer le plaisir
21:37un peu comme le supplice chinois, c'est-à-dire qu'il
21:39choisira le moment où il
21:41voudra faire tomber le gouvernement de Michel Barnier.
21:43La réponse de Geoffroy Lejeune.
21:45Je connais cette explication, puisque
21:47c'est vrai qu'elle n'est contestée par
21:49personne, même pas l'ERN d'ailleurs.
21:51Absolument, je pense qu'ils ont reconnu
21:53qu'ils ont eu des erreurs, des fautes
21:55politiques. Il y a des erreurs tactiques, il y a des fautes
21:57politiques, il y a des candidats foutraques, tout ça
21:59est vrai. Pardon, à l'Assemblée nationale
22:01on a Louis Boyard, Sébastien Delogu,
22:03au Parlement européen on a
22:05Rima Hassan. Oui mais tu sais que t'as
22:0772 députés et les filles. Non attends.
22:09T'as 72 députés et les filles, ils sont pas
22:11toi. C'est pas ce que je veux dire. Je sais
22:13qu'ils sont moins nombreux. Ce que je te dis, c'est que
22:15il y a une chose pour le coup
22:17à laquelle l'ERN a droit, et il est le seul à y avoir
22:19droit, c'est la diabolisation permanente et
22:21systématique en période électorale. Hors
22:23période électorale, honnêtement, on se comporte plutôt normalement
22:25avec eux. Mais en période électorale,
22:27ce qui leur est réservé comme traitement
22:29est anormal. C'est-à-dire que par exemple,
22:31faire du sujet de la binationalité.
22:33La binationalité, c'est un sujet de débat.
22:35Il y a des pays qui l'interdisent, il y a des pays qui
22:37la rendent automatique. Le Maroc par exemple
22:39refuse de...
22:41Le Maroc n'est pas comparable aux pays
22:43européens, aux démocraties européennes. Non mais bien sûr.
22:45Ce que je veux juste dire, c'est que c'est un sujet
22:47dont on a le droit de débattre. En l'occurrence, l'ERN
22:49prend une position avec laquelle t'es pas d'accord, mais
22:51ça ne justifie pas de dire...
22:53Y compris des gens de droite, je t'assure.
22:55Moi, ce que je veux juste dire, c'est que
22:57on vit dans un système politico-médiatique
22:59qui organise des cabales. En l'occurrence,
23:01une cabale a été organisée contre l'accession de Bardella
23:03au poste de Premier ministre.
23:05Je crois qu'il y avait une trouille authentique.
23:07Loin de moi l'envie de vous
23:09censurer. Loin de moi l'envie
23:11de terminer le débat. Malheureusement,
23:13c'est passionnant. On marque juste une très
23:15courte pause. On va revenir
23:17dans un instant, on va revenir notamment sur cette polémique
23:19si vous le souhaitez, sur les gens d'en bas.
23:21Intéressant. Restez avec nous sur CNews.
23:23A tout de suite.
23:49Sur ce dossier. Puisqu'il y a une polémique
23:51hier lors de la passation de pouvoir.
23:53Une prise de parole
23:55de Michel Barnier a été remarquée.
23:57Sa prise de parole,
23:59par son calme, on l'a dit, c'est mot simple.
24:01Une sorte de ton paternel d'ailleurs.
24:03Après la fougue de la jeunesse incarnée
24:05par Gabriel Attal ou encore Emmanuel Macron,
24:07on peut le dire. Mais déjà,
24:09une polémique. Le nouveau locataire de
24:11Matignon qui a évoqué
24:13les gens d'en bas. Je le cite.
24:15Une expression qui a été largement critiquée
24:17pendant la journée par plusieurs figures de la gauche.
24:19Précision, ce soir, il a parlé des gens de
24:21Terra. Alors, on va écouter cette prise
24:23de parole hier de Michel Barnier, puis on vous
24:25écoute ensuite.
24:27Le gouvernement n'aura pas
24:29la prétention de croire que
24:31la science infuse vient seulement de lui.
24:33J'ai appris dans ma longue
24:35vie publique que les bonnes
24:37idées venaient de partout.
24:39D'ailleurs, souvent des gens les plus
24:41modestes ou les plus simples, quand on prend le soin
24:43de les écouter.
24:45J'ai bien des exemples en tête
24:47de progrès
24:49petits ou grands qui ont été accomplis
24:51grâce à des idées,
24:53de bonnes idées, de bonnes solutions
24:55apportées par
24:57les gens d'en bas
24:59qu'il faut respecter.
25:01Alors, Jean-Luc Mélenchon
25:03a parlé de mépris de classe.
25:05Pardonnez-moi, le député LFI
25:07Thomas Porte, lui parle de
25:09haine du peuple. Yann Brossat, porte-parole
25:11du parti communiste, qualifie le nouveau
25:13Premier ministre de méprisant. Je me tourne
25:15vers vous, Geoffroy Lejeune, puisque
25:17régulièrement, vous nous parlez des Gilets jaunes. Vous avez
25:19suivi de très près leurs revendications.
25:21Il y a un instant, pour les téléspectateurs qui nous rejoignent,
25:23vous nous avez fait part
25:25de l'attitude de Michel Barnier
25:27que vous connaissez, qui est le même sur les plateaux
25:29en dehors des plateaux, qu'il est très difficile
25:31de se fâcher avec lui. Est-ce qu'il a été
25:33méprisant ? Est-ce que ce sont des propos regrettables
25:35selon vous, les gens d'en bas ?
25:37Déjà, je vais poser une question.
25:39Est-ce que ça existe ou pas, les gens d'en bas et les gens d'en haut ?
25:41Réponse, oui. On sait très bien.
25:43On les appelle catégories populaires, élites,
25:45pour ne pas les nommer comme ça, mais on sait tous
25:47ce que ça veut dire. Ça existe, il y a des Français
25:49qui vivent plus chichement, qui sont plus
25:51simples, plus modestes, etc., que d'autres.
25:53Et donc, c'est à ça qu'il fait référence. Ensuite,
25:55je note que c'est pour en dire du bien. C'est pour dire
25:57que les solutions, parfois, viennent d'eux. Donc, pour
25:59la partie méprisant, etc., on repassera.
26:01Troisièmement,
26:03est-ce que le terme
26:05est maladroit, etc. ?
26:07Honnêtement, moi, c'est vrai que je parle
26:09souvent des gilets jaunes. Je suis désolé, c'est des gens qui
26:11parlent d'eux en s'appelant eux-mêmes les gens d'en bas.
26:13Nous, les gens d'en bas. Nous, les gens simples. Nous, les
26:15pauvres. Donc, je ne crois pas que
26:17ce soit vraiment une injure. On n'est pas sûr,
26:19François Hollande, qui disait les sans-dents à propos
26:21de, justement, des gens d'en bas.
26:23Ou les gens qui ne sont rien. Ça, c'était Emmanuel Macron.
26:25Ou les gens qui ne sont rien, qui étaient peut-être un peu
26:27plus contestables, en effet. Donc,
26:29moi, je n'ai pas trouvé ça choquant.
26:31J'ai trouvé même que, d'ailleurs, le fait d'avoir
26:33une attention, encore une fois, positive
26:35et de...
26:37Il parle juste après, d'ailleurs,
26:39d'avoir employé ce terme-là. Il dit qu'il faut les respecter.
26:41J'ai trouvé ça plutôt rassurant.
26:43Et pour terminer, tout à l'heure,
26:45Philippe parlait de climat dans le pays
26:47et de volonté, peut-être, de sortir
26:49de ce climat. Ce que la gauche a fait
26:51en se raccrochant au premier bourgeon,
26:53parce que ce n'est même pas une branche,
26:55pour potentiellement polémiquer,
26:57prouve à quel point ces gens ont
26:59envie que ce climat dure. Ils ont
27:01envie que ce climat de détestation,
27:03de polémique, de se chercher
27:05des coups, des querelles, etc.
27:07C'est l'éruption permanente,
27:09c'est le chaos,
27:11le bruit et la fureur, théorisé d'ailleurs par Mélenchon
27:13très bien. Ils ont besoin
27:15de ça. C'est leur carburant.
27:17Je suis désolé, je pense qu'ils sont un peu à côté de la plaque.
27:19Je pense que le pays a envie d'autre chose.
27:21Je ne sens pas une appétence particulière
27:23pour ce genre de polémique, surtout quand elles sont aussi vaines.
27:25– Polémique inutile de la gauche pour
27:27bordéliser, si je puis me permettre, le pays.
27:29Philippe Guybert ? – Très embêté
27:31parce que je suis à nouveau d'accord avec Jean-François.
27:33Ça m'embête
27:35parce qu'on ne remplit pas le contrat
27:37et qu'il faut quand même qu'on se...
27:39Bon, je ne trouve pas
27:41que ça soit une expression formidable. Je vais faire un effort.
27:43Je trouve qu'il aurait pu
27:45trouver mieux que les gens d'en bas. Mais je suis d'accord
27:47avec toi, c'est une polémique
27:49sans intérêt. Et effectivement,
27:51plutôt que la gauche, j'aimerais qu'on dise
27:53Eléphi, parce que je crois que c'est
27:55surtout des personnalités d'Eléphi
27:57qui ont alimenté cette polémique.
27:59Tu l'as très bien dit, Eléphi fonctionne
28:01à la polémique permanente.
28:03Peut-être pas à l'ensemble de la gauche.
28:05Enfin, j'ose encore l'espérer
28:07avec un des espoirs
28:09qui sont plutôt
28:11en petite forme.
28:13Voilà, moi,
28:15on parlait à gauche
28:17il y a quelques années des classes populaires
28:19et des classes moyennes,
28:21de ceux qui ne sont pas au pouvoir.
28:23Ceux qui ne font pas les décisions
28:25mais qui parfois les subissent, souvent même.
28:27Donc c'est bien de cela
28:29qu'on parle et donc il n'y a pas lieu
28:31de polémiquer.
28:33Alors le nouveau Front populaire,
28:35qui a d'ores et déjà annoncé la censure
28:37du gouvernement. Alors on va écouter
28:39quelques réactions. Et puis,
28:41la gauche qui cesse de rappeler
28:43que l'élection lui a été volée.
28:45Est-ce que c'est la réalité ? Est-ce que c'est un mensonge ?
28:47Ou effectivement, il y a une partie de réalité ?
28:49Je vous pose la question après ces quelques réactions.
28:51Mais je crois que tout le monde a compris
28:53que c'est de la faute du Président de la République
28:55qui a décidé tout simplement de s'asseoir sur le résultat
28:57des élections législatives.
28:59Un homme de droite s'amène des politiques de droite.
29:01C'est quand même un peu piquant, presque baroque.
29:03Il y a une élection législative qui a eu lieu.
29:05Il y a un bloc cohérent qui s'est présenté devant les électeurs
29:07qui est arrivé en tête, c'est le nouveau Front populaire.
29:09Mais il fait un choix d'aller choisir
29:11quelqu'un qui est lié au groupe qui fait
29:136% et qui est quasiment
29:15un des plus petits groupes. Avouez que là,
29:17ça devient caricatural d'aller chercher
29:19ce qu'il y a de plus
29:21rejeté, si je puis dire,
29:23par les électeurs ou le moins soutenu.
29:25Je suis très en colère, comme je pense
29:27des millions d'électeurs français
29:29qui, je crois, se sentent
29:31trahis par la décision du Président
29:33de la République. On a attendu
29:3559 jours pour que
29:37le Président de la République désigne Michel Barnier
29:39Premier ministre. Tout ça pour ça.
29:41Alors Philippe Guybert,
29:43pour la gauche, Emmanuel Macron l'entendait
29:45avoler l'élection au peuple français.
29:47Est-ce que vous y voyez un mensonge
29:49dans cette affirmation ou peut-être
29:51une partie
29:53de la réalité ?
29:55Il y a une partie de la réalité.
29:57Je ne dirais pas qu'il a volé.
29:59De toute façon, le vol ou pas
30:01le vol, on le verra très vite.
30:03Est-ce que Michel Barnier
30:05et son gouvernement
30:07ne seront pas censurés par l'Assemblée nationale
30:09ou pas ? C'est la seule question.
30:11C'est le seul test
30:13de vérité politique. Il sera là.
30:15Ensuite,
30:17il y a quand même une part de réalité
30:19dans cette critique qui est
30:21effectivement, Michel Barnier est
30:23issu d'un parti qui
30:25aux européennes a fait 7%,
30:27qui a 47 ou 48
30:29députés,
30:31qui est un parti
30:33pour les historiens de la 4ème
30:35République, on appelait cela un parti
30:37charnière. C'est le petit parti
30:39qui arrive à tirer
30:41et coller, à mettre des gens d'accord
30:43pour construire une coalition
30:45et qui récupère de ce fait
30:47des postes gouvernementaux
30:49importants et ici matignons.
30:51Ceci a une part de vérité
30:53et ce qui a une part de vérité
30:55plus profonde, à mon avis,
30:57c'est qu'évidemment, le Nouveau Front Populaire
30:59a vécu dans une illusion
31:01ou a voulu faire partager
31:03à ses électeurs une illusion qu'ils avaient
31:05gagné les élections. Ils ne les avaient pas gagnées.
31:07Ils étaient arrivés en tête
31:09et ils n'avaient évidemment pas de majorité
31:11pour pouvoir
31:13gouverner sans
31:15justement faire une coalition.
31:17En revanche,
31:19ce qui est vrai, c'est qu'un front républicain
31:21fait de briquet de broc,
31:23de désistement, avait gagné
31:25les élections. Or, ce n'est pas le front
31:27républicain qu'on retrouve pour l'instant.
31:29Pour l'instant,
31:31dans ce gouvernement, même si Michel Barnier
31:33ce soir, et je pense pour cette raison-là,
31:35a dit qu'il y aurait peut-être des personnalités de gauche.
31:37À mon avis, ce sera difficile.
31:39Je pense qu'à part quelques désespérados,
31:41il peut y en avoir à gauche, je ne suis pas sûr
31:43qu'il y aura beaucoup de personnalités de gauche
31:45qui vont se précipiter
31:47dans ce gouvernement. Mais,
31:49il y a une part de réalité, en le sens que
31:51ce n'est pas le gouvernement du front républicain.
31:53C'est un gouvernement,
31:55on va dire de droite ou de centre-droite,
31:57je ne sais pas comment il faut l'appeler.
31:59On verra avec la composition, on n'a pas tous les éléments.
32:01Mais qui ne reflète pas
32:03ceux qui se sont mobilisés
32:05pour le deuxième tour
32:07de la législative
32:09et pour battre le rassemblement dont on parlait
32:11tout à l'heure.
32:13Il y a deux manières de voir le problème.
32:15Il y a la manière de Philippe, qui n'est pas fausse,
32:17c'est-à-dire regarder le rapport de force
32:19à l'Assemblée nationale,
32:21se souvenir de comment l'élection a été faite,
32:23c'est une élection très particulière,
32:25dans un contexte très particulier,
32:27et dire que
32:29Michel Barnier, avec un gouvernement
32:31dont on imagine qu'il n'y aura pas beaucoup de personnalités de gauche
32:33et qu'il y aura une politique plutôt à droite,
32:35ce n'est pas représentatif de tout ça.
32:37Honnêtement, je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus.
32:39Mais c'est une manière de voir les choses.
32:41Il y a une autre manière de voir les choses,
32:43et c'est celle que je vais adopter maintenant,
32:45qui est de se dire qu'on est dans une configuration
32:47particulière, voire inédite.
32:49Pour aller très vite,
32:51sans lancer un de nos débats
32:53constitutionnels,
32:55qu'on adore faire ici, mais on se fait gronder à chaque fois,
32:57avec la 4e République
32:59dans la 5e,
33:01donc avec en effet les partis charnières, etc.
33:03On est en train de vivre ça,
33:05et comme on ne connaît pas ça sous la 5e,
33:07il faut inventer quelque chose de nouveau.
33:09Moi je pense,
33:11et ça ne veut pas dire que ce que tu disais était faux,
33:13mais je vois les choses comme ça,
33:15que si Michel Barnier et son gouvernement
33:17ne mènent que
33:19des projets de loi et des politiques
33:21qui vont dans le sens souhaité
33:23par les Français, attendu par les Français,
33:25par une majorité de Français,
33:27tel qu'on sait la mesurer avec les instituts de sondage
33:29notamment, sur les grandes thématiques,
33:31les grandes urgences du pays, s'il fait ça...
33:33Sécurité, immigration par exemple ?
33:35Je vais décliner.
33:37En plus, c'est intéressant,
33:39Philippe et moi on est sur ce plateau ensemble
33:41parce qu'on n'est pas d'accord, mais je vais dire des choses
33:43où tu seras d'accord et où je vais être d'accord.
33:45S'il fait ça, et si la boussole c'est
33:47l'opinion française, il y a des électeurs du
33:49NFP par exemple qui sont d'accord avec des politiques
33:51que le NFP juge très à droite.
33:53C'est ambigu et c'est complexe tout ça.
33:55S'il fait ça, et si la boussole c'est le peuple français,
33:57en fait, le sujet de l'Assemblée nationale
33:59et de la 4e République peut être balayé.
34:01Donc maintenant prenons ces thématiques
34:03une par une. Immigration, tu es d'accord
34:05avec moi pour dire, enfin en tout cas on débat
34:07ensemble depuis tellement longtemps, qu'on a
34:09un petit problème de flux migratoires qu'il faut savoir les limiter.
34:11Et qu'il y a des mesures, on a décruti ça
34:13mille fois. Oui, on pourrait beaucoup mieux les maîtriser.
34:15On pourrait essayer en tout cas. C'est la première chose.
34:17École, on est d'accord, surtout.
34:19On était d'accord avec ce que faisait Attal. Le niveau baisse.
34:21Le niveau baisse, l'antrisme
34:23islamique, etc. Il faut être plus ferme, etc.
34:25L'autorité, pourtant tu es
34:27un homme de gauche, mais l'autorité, tu n'es pas
34:29outré quand je dis qu'on a un problème d'autorité dans ce pays
34:31et tu le dis toi-même de temps en temps.
34:33Maintenant,
34:35la question économique.
34:37Je disais tout à l'heure que Michel Barnier n'était pas un ultra
34:39libéral fou, moi non plus.
34:41Je pense que le point charnière,
34:43pour reparler des gilets jaunes, qui est
34:45rendre l'argent aux français, en gros, réussir
34:47tout à l'heure, je regardais, juste avant
34:49l'interview de Michel Barnier, un patron qui disait
34:51je rêve d'augmenter mes employés, mais il faudrait juste que l'État
34:53baisse les charges. Tu vas être d'accord avec ça ?
34:55Je suis d'accord avec ça. Là, c'est
34:57intéressant ton approche. On va
34:59diverger sur beaucoup de choses. Non, mais c'est intéressant
35:01ton approche. Est-ce qu'un gouvernement,
35:03en jouant l'opinion,
35:05à travers les thèmes du pouvoir d'achat, de la sécurité,
35:07de l'immigration, d'autres thèmes,
35:09la santé, les services publics dont il parle,
35:11sur lesquels il y a une forte attente des
35:13français, c'est un sujet incontestable,
35:15est-ce qu'un gouvernement
35:17peut avoir l'opinion avec lui
35:19pour faire pression sur l'Assemblée
35:21et empêcher d'être censuré ? Au fond,
35:23c'est ce que tu dis. Parce que
35:25l'Assemblée est toujours là, c'est elle qui a le dernier mot.
35:27Surtout ce que j'ai dit, le RN ne serait pas con.
35:29Par exemple, si on est toujours dans l'équation, le RN doit
35:31ne pas censurer, on pourrait
35:33se dégrainer. Le nombre de places de prison,
35:35tout le monde est d'accord pour construire 20 000 places de prison.
35:37La gauche là-dessus sera moins d'accord.
35:39En se passant des voies de la gauche.
35:41Tu pourrais avoir raison,
35:43et je trouve que c'est intéressant comme approche
35:45de se dire, on joue l'opinion pour
35:47dire à l'Assemblée, calmez-vous
35:49et laissez-nous gouverner.
35:51Il y a un petit problème avec ça.
35:53C'est que ça, ça marche que si tu peux prendre des mesures
35:55à peu près populaires.
35:57Et donc effectivement, si tu prends des mesures
35:59sécuritaires, des mesures de maîtrise
36:01de l'immigration, des mesures d'augmentation du pouvoir
36:03d'achat, des mesures de refonte
36:05ou de révision de la réforme des retraites,
36:07tout ça, l'opinion va être pour
36:09à 70%.
36:11C'est déjà pas mal, là, Philippe.
36:13C'est déjà pas mal, mais il y a un petit problème dans tout ça.
36:15J'aimerais que tu aies raison
36:17d'une certaine manière. Ça s'appelle le budget
36:19et ça s'appelle la situation des finances publiques.
36:21On est dans une situation
36:23où on est
36:25sous procédure
36:27de surveillance européenne.
36:29On peut dire qu'on s'assoit dessus.
36:31Mais notre problème n'est pas simplement l'Union européenne.
36:33Le problème, c'est qu'on a
36:35des taux d'intérêt de la dette et des remboursements
36:37de taux d'intérêt de la dette qui commencent à grossir
36:39qui fait qu'on commence à dépenser plus
36:41pour rembourser les taux d'intérêt
36:43et les intérêts de notre dette
36:45que pour l'éducation nationale dont on vient de parler
36:47en disant que c'est un chantier prioritaire.
36:49Et donc on marche sur la tête et qu'on est en train de ruiner
36:51toutes nos marges de manœuvre
36:53budgétaire pour rembourser
36:55notre dette. Et ça,
36:57on ne peut pas continuer comme ça.
36:59Avec en plus la surveillance européenne qui vient
37:01s'ajouter à ça. Et donc,
37:03pour remédier à ça, il va falloir
37:05prendre des mesures impopulaires.
37:07C'est ça le gros problème de M. Barnier.
37:09Et c'est là où ta théorie qui est intéressante et que j'aimerais
37:11partager risque de coincer.
37:13Parce que sur le budget, il va falloir prendre
37:15des mesures soit d'augmentation d'impôts
37:17soit d'économies qui seront
37:19impopulaires. Et là, le RN
37:21et la gauche auront beaucoup
37:23de mal à voter ça ou même
37:25à s'abstenir pour laisser passer.
37:27Il nous reste un peu plus de 6 minutes. Vous allez répondre, Geoffroy,
37:29mais vous parlez de l'Union européenne. Ce serait intéressant
37:31de savoir si ça va être un atout
37:33la proximité de Michel Barnier
37:35avec Bruxelles. Est-ce que ça va être un atout
37:37ou au contraire vu comme une certaine soumission ?
37:39Votre avis dans un instant. Mais je vous laisse répondre
37:41Geoffroy, Philippe Guivert. Très rapidement, je te donne
37:43le point là-dessus. Evidemment, c'est un énorme problème.
37:45D'ailleurs, je pense que ce sera le plus grand problème de Michel Barnier.
37:47Bien sûr. J'ai rien à répondre
37:49à l'argument de Philippe qui est imparable.
37:51Une chose. C'est juste que
37:53je pense, et je pense que tous les gens
37:55honnêtes le pensent aussi, que la solution
37:57pour ne pas vivre l'austérité,
37:59pour ne pas dégrader les services publics,
38:01pour ne pas mettre les gens dans la rue,
38:03passe par une
38:05réorganisation de nos services publics,
38:07une réorganisation de notre dépense publique
38:09et sociale.
38:11Absolument, tu as raison.
38:13C'est douloureux. Je suis d'accord. C'est douloureux.
38:15Et c'est ça son problème.
38:17Si tu as un contrat avec la nation,
38:19c'est-à-dire une élection présidentielle, avec un mandat
38:21pour le faire, derrière, tu peux le faire.
38:23Là, en l'occurrence, c'est le problème de Michel Barnier, c'est qu'il ne l'a pas.
38:25Il a été nommé. On en revient là.
38:27Une nomination, d'ailleurs, saluée
38:29par Ursula von der Leyen
38:31sur les réseaux sociaux.
38:33Félicitations à Michel Barnier pour sa nomination
38:35en poste de Premier ministre. Je sais que
38:37Michel Barnier a les intérêts de l'Europe et de la France
38:39au cœur, comme le démontre sa longue expérience.
38:41Je lui souhaite beaucoup de succès dans sa nouvelle
38:43mission. Alors, on le sait,
38:45Michel Barnier connaît très bien les arcanes de Bruxelles.
38:47On le rappelle, il a été aussi
38:49négociateur du Brexit.
38:51Un homme respectable, mais qui a soutenu tous les mauvais
38:53choix européens depuis 30 ans. C'est ce qu'a
38:55déclaré Éric Dupond-Aignan sur Notre Antenne ce matin.
38:57On l'écoute. Votre avis ensuite.
38:59C'est un honnête
39:01homme, mais qui mènera
39:03la même politique détestable,
39:05parce qu'il incarne
39:07pour moi la soumission
39:09totale à l'Union européenne,
39:11à cette politique mortifère
39:13depuis 30 ans.
39:15Et j'aimerais dire aux Français
39:17aujourd'hui, moi j'aimerais dire aux Français
39:19il va peut-être y arriver, c'est peut-être bien,
39:21mais c'est faux.
39:23Il faut bien comprendre ce qui se passe.
39:25Les Français ont voté
39:27non au référendum de 2005.
39:29Aux Européennes, ils ont
39:31désavoué la politique menée depuis 30 ans.
39:33Aux législatives,
39:35les deux tiers des Français
39:37et les filles RN ont dit non
39:39à cette politique macroniste.
39:41Je sors du chapeau un homme
39:43qui, même s'il est respectable,
39:45a soutenu tous les mauvais choix
39:47depuis 30 ans qui ont abouti
39:49à la décomposition française.
39:51Geoffroy Lejeune, Michel Barnier, on l'a vu
39:53encensé par Bruxelles.
39:55Est-ce qu'effectivement c'est un lien fort utile
39:57aujourd'hui avec la situation
39:59française, ou au contraire il y a ce risque
40:01de soumission à l'Union européenne
40:03critiquée par certains Français ?
40:05Déjà le soutien de Herschel
40:07et von der Leyen, c'est le baiser de la mort.
40:09Il n'a vraiment pas besoin de ça
40:11pour commencer son passage
40:13à Matignon.
40:15Je pense que
40:17sur le papier, Nicolas Dupont-Aignan a raison sur toute la ligne.
40:19C'est-à-dire que c'est vraiment l'extraction
40:21pure de l'européiste, tête de liste
40:23aux Européennes, commissaire européen,
40:25pro-européen convaincu, etc.
40:27Dès 92,
40:29il se fâche avec Séguin pour voter
40:31pour Maastricht. Donc sur le papier,
40:33Nicolas Dupont-Aignan a raison sur toute la ligne.
40:35Et maintenant, si on sort du papier,
40:37c'est une question qui m'intéresse.
40:39Quand je l'ai rencontré, Michel Barnier, c'était en 2014,
40:41au moment des élections européennes, il était commissaire,
40:43et on avait débattu de ça. Donc j'avais joué le rôle
40:45de l'anti-européen, pendant que lui jouait le rôle
40:47du pro-européen, et on avait parlé en dehors, après.
40:49Et en fait, j'avais trouvé un homme
40:51beaucoup plus lucide que ce que je croyais,
40:53beaucoup plus
40:55les yeux grands ouverts sur les problèmes de l'Union européenne.
40:57Ce soir, il a une phrase intéressante pendant son interview.
40:59Il dit,
41:01moi je suis pour l'Europe, pas n'importe laquelle.
41:03Attention, celle qui est concrète, qui est utile, qui marche.
41:05C'est une façon, déjà, de dire, attention,
41:07la technocratie bruxelloise, ce n'est pas mon délire.
41:09Et en fait, toutes les fois où j'ai eu
41:11cette discussion, notamment en 2021, quand il était candidat
41:13à la primaire, où on lui disait, il venait d'écrire un livre
41:15sur le Brexit, il avait raconté son journal de bord
41:17de négociateur du Brexit. Je note d'ailleurs,
41:19soit dit en passant, que Boris Johnson,
41:21qui était un des hommes du Brexit, avec qui il avait
41:23négocié, le couvre de louanges,
41:25explique que c'est grâce à lui que ça s'est bien passé.
41:27Ce qui n'est pas rien du tout.
41:29C'est pour ça qu'il y a beaucoup de nuances à apporter
41:31sur le papier du pognon à raison. Et dans les faits,
41:33en réalité, quand vous parlez de ça avec Michel Barnier,
41:35il est au courant des faiblesses de l'Europe.
41:37Il est assez honnête quand il reconnaît
41:39qu'il y a une catastrophe à plein d'égards.
41:41Et je pense qu'on peut lui prêter
41:43une forme de sincérité quand il dit qu'il veut la réformer.
41:45Un européiste lucide.
41:47Je pense qu'il fait partie
41:49de ces personnes qui ont dû croire
41:51à l'Europe, à l'Union européenne, à l'euro
41:53tel qu'ils étaient présentés
41:55dans les années 90,
41:57à partir du référendum de Maastricht.
41:59Et qui, l'expérience aidant
42:01et les années aidant, se sont dit
42:03que certaines choses étaient peut-être un peu plus compliquées
42:05et qu'il y avait peut-être à boire et à manger,
42:07si j'ose dire, dans l'Union européenne.
42:09Donc je pense qu'il reste toujours
42:11fidèle à l'Union européenne
42:13mais il est possible qu'il en ait changé de conception
42:15par rapport à ce qu'il pouvait penser
42:17il y a 30 ans ou 35 ans.
42:19Et donc, ça va être
42:21un vrai moment de vérité pour lui.
42:23Et en même temps pour le pays et pour l'Assemblée.
42:25Et pour les Français.
42:27C'est de savoir quel Michel Barnier
42:29on va avoir. On a besoin
42:31d'un Michel Barnier qui peut négocier
42:33avec l'Union européenne
42:35sur nos déficits.
42:37Il ne faut pas se raconter d'histoire.
42:39Parce que si on devait appliquer stricto sensu
42:41les recommandations européennes,
42:43il a dit qu'il allait dire la vérité aux Français.
42:45La vérité c'est qu'on pourrait prendre
42:47une cure d'austérité. C'est ça la vérité.
42:49Et je pense que ça ne serait pas une bonne chose
42:51à tout point de vue, y compris au point de vue économique.
42:53Il faut étaler les efforts dans le temps.
42:55Quand il dit je vais dire la vérité,
42:57il prépare les Français à des annonces douloureuses.
42:59Je pense.
43:01Mais je pense qu'on a besoin d'un négociateur
43:03qui est capable de dire
43:05à l'Union européenne, attendez,
43:07il faut qu'on fasse des économies.
43:09Mais on ne va peut-être pas faire ça bêtement.
43:11Si j'ose dire salement et méchamment.
43:13Parce que ça serait une catastrophe.
43:15La France c'est dans la rue, l'économie à l'arrêt.
43:17C'est une catastrophe. Donc il faut faire des économies
43:19mais peut-être à un rythme différent.
43:21Et en même temps,
43:23on a aussi besoin d'un négociateur
43:25européen qui, sur le plan du régalien,
43:27fait peut-être pression aussi
43:29sur l'Union européenne.
43:31De ce point de vue-là, on va voir
43:33quel est le vrai Michel Barnier à l'épreuve du pouvoir.
43:35De quel côté
43:37va-t-il pencher ?
43:39Va-t-il pencher du côté de l'orthodoxie ?
43:41Auquel cas, je lui prédis
43:43un automne très difficile et assez court.
43:45Ou bien il est capable,
43:47c'est très difficile, d'avoir l'intelligence
43:49de négocier tout ça.
43:51Quelques secondes pour conclure, Geoffroy Lejeune.
43:53Écoutez, on ne s'est pas
43:55beaucoup disputé.
43:57On fera mieux la semaine prochaine.
43:59J'espère que vous nous reprenez.
44:01Avec une joie, on attend que ça.
44:03Le rendez-vous du vendredi soir,
44:05ça se dispute à Scaline de temps en temps.
44:07Et ça ne fait pas de mal, Geoffroy Lejeune.
44:09Pour terminer, je dirais qu'il y a
44:11une attente énorme en réalité.
44:13Je pense qu'il y a une forme de soulagement d'avoir un Premier ministre
44:15qui ne soit pas
44:17quelqu'un d'ultra-clivant,
44:19pour aller vite, quelqu'un du NFP.
44:21La France n'était pas prête, elle n'avait pas spécialement envie de ça.
44:23Et ensuite,
44:25il y a une énorme pression
44:27sur ses épaules à lui,
44:29qui se ressent dans ses prises de parole ce soir,
44:31hier, etc. On sent qu'il a pris la mesure
44:33de la chose. Et je laisse le mot de la fin
44:35à mon ami.
44:37Une vraie question qu'on n'a pas abordée, c'est
44:39est-ce qu'il va y avoir une session extraordinaire ou pas ?
44:41Parce que sinon, on attend le 1er octobre
44:43pour qu'il y ait un vote.
44:45La session ordinaire,
44:47on prend le 1er octobre.
44:49Ça lui laisse 3-4 semaines tranquilles.
44:51On aura l'occasion d'en redébattre. On a hâte.
44:53C'est un sujet technique, mais important.
44:55Vendredi prochain, 21h,
44:57ça se dispute sur notre antenne. Un grand merci
44:59Geoffroy Lejeune, Philippe Guybert,
45:01toujours un plaisir de vous entendre débattre,
45:03échanger toujours avec bienveillance.
45:05L'actualité qui continue sur CNews,
45:07dans un instant 100% politique.
45:09Il sera bien évidemment question de la prise de parole
45:11de Michel Barnier, ce soir,
45:13avec Olivier Benquemoun et
45:15Julien Pasquet.
45:17Je vous retrouve demain, avec grande joie,
45:19à 14h, 180 minutes Info.
45:21A la semaine prochaine, mon cher Geoffroy,
45:23mon cher Philippe.
45:25Excellente soirée sur notre antenne.

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