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Pascal Praud et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDPros

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00:00:00Bonjour à tous et bienvenue à l'heure des pros, ce matin sur Europe 1 jusqu'à 9h30,
00:00:06sur CNew jusqu'à 10h30.
00:00:07Si j'ai bien compris, si j'ai bien compris, c'est donc Marine Le Pen qui choisit le futur
00:00:13Premier Ministre.
00:00:14Si elle dit non, Emmanuel Macron propose un autre choix.
00:00:18Si elle dit oui, plus exactement si le Rassemblement National annonce qu'il ne censurera pas un
00:00:23gouvernement, Emmanuel Macron peut choisir par exemple Michel Barnier, puisque c'est
00:00:28le dernier nom qui circule.
00:00:29Et j'apprends que le Président de la République prend son téléphone pour tester Mme Le Pen,
00:00:35si elle a d'oubts ou non.
00:00:36Mais alors ces gens se parlent.
00:00:39J'avais cru comprendre entre le 30 juin et le 7 juillet que jamais l'arc républicain
00:00:44n'acceptait la moindre compromission avec les héritiers du maréchal Pétain, avec un
00:00:50parti politique bâti sous les cendres de la collaboration, que quelques anciens vaffenesses
00:00:56avaient rejoints, que la bête immonde bougeait encore, qu'il valait mieux pactiser avec Jean-Luc
00:01:01Mélenchon qu'avec Marine Le Pen.
00:01:03Tout cela était donc fausseté ? Mais alors on nous aurait menti ? Ce n'était que pleurnicherie,
00:01:10antifasciste, posture que l'été a dissous au nom de la réale politique ? Marine Le
00:01:16Pen est faiseuse de roi.
00:01:18Elle a excommunié Xavier Bertrand, la vengeance est un plat qui se mange froid, 51ème jour,
00:01:25sans gouvernement, et a priori ce n'est pas encore pour aujourd'hui.
00:01:28Le macronisme, écrivait hier Vincent Trémolet de Villers dans une de ses formules lumineuses
00:01:35dont il a le secret, le macronisme, écrivait-il dans le Figaro, c'est long, très long, surtout
00:01:40à la fin.
00:01:41Il est 9h01, Chana Lusso.
00:01:56Bonjour Pascal, bonjour à tous.
00:01:58Gisèle Pellicot, victime des viols de Mazan, est appelée à témoigner ce matin au procès
00:02:02de ses bourreaux.
00:02:03Cette mère de famille a été droguée pendant 10 ans par son propre mari qui la livrait
00:02:07ensuite à des hommes pour qu'il la viole.
00:02:09Les enquêteurs estiment qu'elle a vécu ce calvaire environ 200 fois.
00:02:13C'est donc avec beaucoup de courage et de force que cette femme va prendre la parole
00:02:17ce matin devant les 51 accusés.
00:02:19Huit Français sur dix estiment que la justice est trop laxiste en France, c'est le résultat
00:02:24de notre dernier sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD qu'on vous dévoile ce
00:02:28matin.
00:02:29Un avis partagé par 95% des électeurs du RN et par plus de 60% des électeurs de gauche.
00:02:37Et puis un professeur d'université suspendu à Toulouse après avoir tenu des propos anti-Israël
00:02:43devant des étudiants.
00:02:44Un enregistrement de cinq minutes a été publié sur les réseaux sociaux.
00:02:48L'enseignant appelle notamment à faire pression sur Israël en manifestant ou en boycottant
00:02:53certains produits israéliens.
00:02:54Un discours politisé, un discours militant qui ne respecte pas l'obligation de neutralité
00:02:59et de réserve imposée aux agents publics.
00:03:01Voilà pour l'essentiel de l'information, c'est à vous Pascal.
00:03:04Merci Chana Lousto et on pourra parler de ce sujet qui est extrêmement important.
00:03:07Il a été suspendu ce professeur parce que nous serons tout à l'heure avec Jean-Michel
00:03:12Blanquer.
00:03:13Donc il pourra nous donner l'état des lieux même s'il n'était pas ministre de l'enseignement
00:03:18supérieur.
00:03:19Mais il pourra néanmoins nous dire ce qui peut se passer parfois dans les classes.
00:03:24Je salue Sabrina Medjaber, je salue également Noémie Schultz, Olivier Dartigold, Gautier
00:03:30Lebret que vous connaissez, notre ami Gérard Carreiro qui est notre envoyé spécial à
00:03:34Washington mais qui est revenu à Paris et qui la semaine dernière nous a fait un point
00:03:40complet de ce qui se passe aux Etats-Unis et Philippe Bilger.
00:03:45C'est vrai qu'on pensait que ce serait le jour J hier, finalement ce ne sera pas
00:03:49aujourd'hui, ce ne sera pas demain parce qu'il y a une manifestation ce week-end
00:03:53et que donner un nom aux manifestants ce serait peut-être les regonfler un peu en énergie.
00:04:00Donc on va maintenant attendre lundi, on sera donc à 54-55 jours.
00:04:04Mais je disais, si j'ai bien compris, c'est Marine Le Pen qui choisit le Premier ministre.
00:04:08A une exception près, David Lyssenaar, parce que David Lyssenaar n'était pas censuré
00:04:13automatiquement par l'Assemblée Nationale, sauf qu'il n'est pas nommé.
00:04:17Sauf que ce n'est pas le choix d'Emmanuel Macron, David Lyssenaar, pour le moment.
00:04:22C'est elle, c'est-à-dire que si elle n'adoube pas, il n'y a pas de Premier ministre
00:04:26avec Emmanuel Macron.
00:04:27Elle peut censurer, mais quelqu'un comme David Lyssenaar était, il ne faut pas dire
00:04:32adoubé par l'ORN, mais n'aurait pas été censuré de manière automatique.
00:04:34Ah si, ça s'appelle adouber.
00:04:35Oui, mais donc il y avait une possibilité Lyssenaar, sauf qu'elle n'est pas retenue
00:04:38par Emmanuel Macron.
00:04:39Ça ne s'appelle pas un droit de véto, ça s'appelle en latin un nihil obstate,
00:04:50c'est-à-dire il faut quelqu'un auquel ou à laquelle elle ne mettra pas effectivement
00:04:55un barrage.
00:04:56Ça revient, vous allez me dire que ça revient un petit peu à la même chose, mais c'est
00:05:00pas tout à fait le même.
00:05:01Non mais c'est formidable parce qu'on nous a expliqué que vraiment les pleurnicheries,
00:05:05je disais tout à l'heure.
00:05:06Elisa a cru qu'elle bluffait sur Xavier Bertrand, c'est ce que je vous ai expliqué hier.
00:05:10Ils ont pensé finalement qu'elle ne censurera pas Xavier Bertrand parce qu'on va mettre
00:05:14d'autres ministres de droite et elle ne voudra pas le censurer pour donner le point à la
00:05:17gauche, mais elle ne bluffait pas du tout.
00:05:19Mais donc ça veut dire qu'il n'y a aucune sincérité entre le 31 juin et le 7 juillet,
00:05:23tout ça c'est du cirque ? Parce que c'est des pleurnicheries anti-fascistes ?
00:05:26Elle a 170 députés quasiment, donc elle est en position de force.
00:05:28Oui mais alors il ne faut pas nous expliquer qu'on ne parle pas avec le rassemblement national,
00:05:32que c'est la bête immonde, etc.
00:05:34Tout ça n'est pas sérieux.
00:05:37Ça a toujours changé avec Emmanuel Macron, je vous rappelle qu'il avait accepté Jordan
00:05:42Bardella aux rencontres de Saint-Denis, son entourage avait dit qu'il était formidable
00:05:45ce jeune Bardella, qu'il avait plein de qualités, et puis quand vous êtes en campagne ça redevient
00:05:48un cordon sanitaire et tout ce qui va avec.
00:05:51On va écouter Jean-Philippe Tanguy qui visiblement a mis un point d'arrêt à Michel Darnier.
00:05:57Vous avez raison, c'est interminable et ça vira la farce de la clarification, nous l'avons,
00:06:03c'est donc Marine Le Pen qui de fait va choisir, oui, le locataire de Matignon, mais l'interrogation
00:06:12que j'ai, pourquoi faut-il autant de temps à Emmanuel Macron pour admettre que les
00:06:18options 15-9 ou Xavier Bertrand qu'on a beaucoup évoquées ne passaient pas ?
00:06:24Eh bien François Hollande a répondu.
00:06:26Pourquoi il fait autant de temps pour admettre ça ?
00:06:29Parce que vous n'êtes pas dans la tête d'Emmanuel Macron et que chacun a avec la
00:06:34décision un rapport personnel et que François Hollande, qui était hier soir chez nos amis
00:06:40quotidiens, nos grands amis, a donné une réponse, une clé psychologique et elle vaut
00:06:47ce qu'elle vaut et je vous propose d'écouter François Hollande.
00:06:49Quand vous l'avez vu, la question de Julien, il vous a semblé un peu perdu, un peu hésitant,
00:06:56parce que vous l'avez vu, c'est un privilège de le voir.
00:06:59Je ne sais pas si c'est un privilège.
00:07:00C'est un privilège.
00:07:01Oui, moi j'aimerais bien le voir et je peux le parler, donc c'est un privilège.
00:07:06En tout cas, si c'était un privilège, si j'avais compris dans quelle direction il
00:07:10voulait aller.
00:07:11En réalité, il citait beaucoup de noms, mais non, je ne choisis aucun.
00:07:14Il n'y a pas de tactique, je pense, de la part d'Emmanuel Macron.
00:07:16Vous pensez qu'il n'y en a pas ?
00:07:17Si c'était ça, on pourrait saluer, franchement, 50 jours à faire croire qu'on va décider
00:07:26tout en ayant déjà décidé sans donner la décision.
00:07:28Non, ça serait de grand art.
00:07:29Est-ce qu'il y a...
00:07:30Non, je pense qu'il y a un problème chez le président de la République, c'est son rapport
00:07:34à la décision.
00:07:35Pour avoir exercé cette fonction, gouverner, puisque je pose cette question dans le livre,
00:07:41gouverner, c'est nommer.
00:07:43C'est le premier acte de président, c'est de nommer.
00:07:48Il y a un moment où il faut dire, la durée est trop longue, il faut décider.
00:07:54Décider, peut-être même parfois décider mal vaut mieux que de ne pas décider.
00:08:01Décider mal, vous trouvez ?
00:08:03Ah oui, moi, j'ai tout retrouvé, franchement, très remarquable dans l'analyse et le commentaire
00:08:10et peut-être moins dans l'action.
00:08:13Mais en l'occurrence, il a totalement raison.
00:08:16Il y a, en dehors de la situation difficile d'aujourd'hui, il y a chez Emmanuel Macron
00:08:23une perpétuelle résistance à la tentation de la décision.
00:08:27Parce qu'au fond, c'est un intellectuel, et décider, c'est sacrifier.
00:08:32Et il y a des moments où ne pas décider devient plus qu'une faute.
00:08:37Et je trouve que l'analyse…
00:08:39Mais il a décidé sur la dissolution.
00:08:41Oui, mais alors là, il ne faut pas oublier un trait particulier chez lui, me semble-t-il,
00:08:52c'est qu'il n'aime une décision, la plupart du temps, que lorsqu'elle va créer
00:08:56un dissensus, une provocation, une rupture.
00:09:01Et derrière la dissolution, c'est horrible, ce que je veux dire.
00:09:05Il n'y a pas du tout une lucidité démocratique, mais plutôt une volonté de provocation.
00:09:11C'est un enfant qui joue avec un outil qu'on lui a donné.
00:09:15Et c'est très grave pour la France.
00:09:17Alors, à chaque fois, il y a cette psychologie qui est commentée d'Emmanuel Macron,
00:09:24et on en revient toujours au mot enfant.
00:09:25À chaque fois, hier, ou adolescent, c'était Gilles-William Golnadel qui disait la même chose.
00:09:30Mais tout le monde…
00:09:31Je veux dire, c'est une entienne avec Emmanuel Macron de dire, voilà, c'est un enfant.
00:09:35Bon, c'est pas un enfant.
00:09:36Et Rizémour disait qu'il n'était même pas fini.
00:09:39Oui, soyons respectueux, enlevons cette phrase.
00:09:44La construction de sa perpétuité.
00:09:47Voilà, on est peut-être tous d'ailleurs des enfants.
00:09:49En revanche, un mot sur François Hollande.
00:09:51Il s'est vraiment trompé de métier, étant mieux pour nous d'ailleurs,
00:09:53parce qu'il est bien meilleur commentateur et pour faire rire les gens,
00:09:56il aurait dû monter sur scène que pour être président de la République.
00:09:58Il a fait rire beaucoup de monde quand il était président de la République aussi.
00:10:02Oui, mais bon, ce n'était pas la même chose.
00:10:04Il est remarquablement intelligent.
00:10:06Oui, c'est vrai.
00:10:07L'ennui, c'est que…
00:10:08Avec toujours, il se fiche de la tête.
00:10:10Son truc, c'est quand même se ficher de la tête de tout le monde.
00:10:12C'est une clé.
00:10:14Il a de l'autodirection.
00:10:16Oui, il a tellement d'autodirection qu'il n'est jamais venu sur ce plateau.
00:10:19Il va là où il est en majesté, avec des gens qui viennent un jour,
00:10:25et puis on verra si on peut lui balancer 2-3 petites vannes.
00:10:28Comme ça, j'en ai 2 ou 3 en magasin s'il veut.
00:10:34Ah, mais moi, je reçois un millier.
00:10:36Il serait parfaitement capable de venir et d'encaisser.
00:10:41J'ai eu la chance de le questionner pendant une heure.
00:10:44On peut être sévère sur le bilan, mais il s'est tenu lors des attentats.
00:10:48Il a été un chef d'État.
00:10:51Il n'y a pas de souci.
00:10:54Mais vous avez raison, en plus.
00:10:56Monsieur Carreiro ?
00:10:57Je voudrais dire une chose.
00:10:58C'est pour ça que vous êtes là, en même temps.
00:11:00Oui, en contradiction avec beaucoup de choses que je l'entends depuis 50 jours.
00:11:04Parce qu'en fait, ça aura duré.
00:11:06Je dis « aura duré » comme si c'était au passé.
00:11:10Il me semble effectivement qu'il y a eu un événement.
00:11:13On attendait hier, comme on attendait la veille et comme on attendait encore la veille,
00:11:18le nom d'un nouveau Premier ministre.
00:11:21C'était effectivement la loi du genre.
00:11:23Et on a eu autre chose.
00:11:25Mais cette autre chose, c'est quelque chose qui va déterminer
00:11:30la solution de ce qu'on attendait depuis 50 jours.
00:11:33C'est-à-dire qu'on attendait un destin parlementaire.
00:11:38Puisqu'on a dit que c'est le Parlement, quelque part, aujourd'hui,
00:11:40qui va être maître de la décision.
00:11:42Et ce n'est pas du tout ça.
00:11:44En fait, le destin de cette crise sera un destin présidentiel.
00:11:48Et comment le mesure-t-on ?
00:11:50On le mesure à la décision d'un candidat qui compte,
00:11:54l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe,
00:11:57de se présenter, quel que soit le timing de l'élection présidentielle.
00:12:03Oui, on en parlera, mais ça colore complètement le film que nous vivons depuis 50 jours.
00:12:08Écoutons Jean-Philippe Tanguay.
00:12:10On rappelle qui est Jean-Philippe Tanguay.
00:12:11Député du Rassemblement national,
00:12:13qui a descendu Michel Barnier sur France Inter ce matin.
00:12:16C'est vrai que moi, je n'ai rien contre Michel Barnier.
00:12:19En général, je n'ai rien contre personne.
00:12:20Mais tu attends d'un président ou d'un Premier ministre qu'il te donne envie.
00:12:25Oui, voilà, qu'il y ait un peu de charisme, un peu de...
00:12:28On va chercher des fossiles, qu'on essaye de redonner vie.
00:12:31Monsieur Barnier est non seulement un fossile, mais aussi fossilisé de la vie politique.
00:12:35Tout ce qu'il a pu faire est un échec, ce qui n'est pas faux.
00:12:39C'est quand même l'homme qui était directeur de campagne de Valérie Pécresse,
00:12:42qui m'expliquait qu'elle serait présidente de la République.
00:12:44Il a négocié le Brexit.
00:12:46Il a été deux fois commissaire.
00:12:47On ne peut pas balayer comme ça, d'un revers de la main,
00:12:49toute la carrière de Michel Barnier.
00:12:50Monsieur, c'est un petit homme gris, c'est un haut fonctionnaire de qualité.
00:12:56Il en faut dans la République, mais tu as besoin d'envie, d'allant.
00:13:02C'est quand même la tristesse, tu l'écoutes, tu t'endors.
00:13:08Il allait encore plus loin, Jean-Philippe Tanguy,
00:13:09parce qu'il a dit que c'était l'un des hommes politiques les plus stupides de la Ve République.
00:13:13Oui, alors ça, je n'irais pas sur ce terrain, mais oui, il faut donner un peu envie.
00:13:17Autrement, tu ne fais pas de politique.
00:13:20Mais on n'est plus à l'envie d'avoir envie, là.
00:13:22Ben si, justement, il faut aussi donner un peu d'envie.
00:13:25Pour aller plus loin que Gérard Carreyrou, ce matin, ça y est, ça commence.
00:13:28La musique de la démission d'Emmanuel Macron peut-il tenir encore trois ans,
00:13:32alors qu'au bout de 50 jours, ça devient une farce absolument grotesque
00:13:35où à chaque jour, son Premier ministre.
00:13:37C'est enclenché et c'est évidemment alimenté et décuplé par la déclaration d'Edouard Philippe.
00:13:41Mais pour une raison simple, parce que la psychologie, là encore,
00:13:43Emmanuel Macron préfère perdre en étant au centre que gagner en étant à l'extérieur.
00:13:51Quand vous avez compris ça, vous avez compris toute sa psychologie.
00:13:54Là, par exemple, il aurait pu se retirer.
00:13:57Il aurait pu se retirer, c'est Philippe Guibert qui disait ça hier.
00:14:00Donner le pouvoir à l'Assemblée nationale qui trouvait le Premier ministre
00:14:05et lever les hypothèques, comme le disait Philippe Guibert très justement, après les autres.
00:14:10Il n'a pas voulu. Il veut être au centre, au centre de tout.
00:14:13C'est pour ça que quand Mbappé perd la Coupe du Monde, il va sur le terrain,
00:14:17il lui vole son moment et il se met à côté de lui.
00:14:19C'est sa psychologie.
00:14:21Moi, moi, moi.
00:14:23Ça veut dire lui avant tout, lui avant tout le reste, lui avant la France.
00:14:27Mais c'est à dire, c'est le mieux en tout.
00:14:28Ah bah c'est jusque là que l'on va décider de ne pas être dans la place totale.
00:14:32Le détail n'existe pas.
00:14:34L'affaire Mbappé, elle est révélatrice.
00:14:36Le type, il a perdu la finale de la Coupe du Monde et qu'est ce qu'il va faire ?
00:14:39Il va être à côté de lui.
00:14:41Ceux que je dis, c'est des personnalités.
00:14:44Vous n'y pouvez rien.
00:14:45Ils sont comme ça. C'est sa nature.
00:14:47C'est sa nature.
00:14:48Il ne peut pas imaginer ne pas être au centre des choses.
00:14:51Mais dans ces conditions là, il peut réussir sa sortie.
00:14:54Eh oui, c'est compliqué, c'est sûr.
00:14:56C'est qu'il peut réussir.
00:14:57T'as un rapport au monde qui n'est pas simple.
00:14:58On a pu penser que les épreuves et l'expérience politique allaient le changer.
00:15:01Mais non, parce que c'est ancré dans ça, c'est tout un rapport au monde.
00:15:06Il y a des gens qui se font comme ça, d'ailleurs.
00:15:08Et ça n'enlève rien à son intelligence.
00:15:11Il fait quand même beaucoup d'erreurs.
00:15:12Voilà, la dissolution en est une.
00:15:15Noémie Schultz, bonjour.
00:15:17Et on sera avec Monsieur Blanquer tout à l'heure.
00:15:19On sera avec Monsieur Blanquer tout à l'heure.
00:15:21Je le répète et ça va être intéressant.
00:15:23Alors, cette histoire, la banalité du mal ou la banalité du mal.
00:15:30M-A, accent circonflexe, L-E.
00:15:33Parce que ce procès, qui est absolument terrible, dont on parle depuis deux jours,
00:15:38c'est le début ce matin du quatrième jour de procès de Dominique Pellicot
00:15:41et 50 autres personnes à Avignon, dans le Vaucluse.
00:15:44Dominique Pellicot est accusée d'avoir drogué son épouse,
00:15:47d'avoir recruté des dizaines d'inconnues sur Internet
00:15:50pour la violer pendant presque dix ans.
00:15:51Pour la première fois ce matin, elle va s'exprimer.
00:15:5450 ans de vie commune, quasiment.
00:15:57Trois enfants.
00:15:59Et cet homme qui a été, je le répète, qui a été découvert complètement par hasard.
00:16:04C'est-à-dire qu'il est dans un supermarché.
00:16:06Il est en train, avec son smartphone, de filmer sous les jupes des jeunes filles ou des clientes.
00:16:14Les policiers l'interpellent et vont découvrir dans son ordinateur,
00:16:17dans son smartphone, 4000 fichiers vidéo de scènes hors jacques
00:16:24où sa femme inconsciente et droguée est violée par des gens qu'il recrute
00:16:29sur une plateforme dite Coco.
00:16:32C'est entre Simnon et Chabrol, disait Éric Nolot hier.
00:16:36C'est l'immonde, c'est le sordide.
00:16:38C'est même plus que Simnon et Chabrol.
00:16:40Oui, parce qu'ils n'auraient jamais imaginé ça.
00:16:42Non.
00:16:43Et cette victime, Gisèle Pellicot, découvre donc tout
00:16:47quand elle est convoquée par les policiers dans la foulée de l'arrestation de son mari
00:16:51et qu'ils lui apprennent les raisons pour lesquelles son mari a été arrêté.
00:16:55Savoir qu'il a abusé d'elle et qu'il l'a fait violer par des dizaines d'autres hommes.
00:17:00Pendant son...
00:17:01Alors, le terme de pendant son sommeil n'est pas exact,
00:17:03puisqu'elle n'était pas endormie, Gisèle Pellicot.
00:17:05Elle était dans un état proche du coma.
00:17:07Elle était très lourdement droguée.
00:17:09Et donc, elle n'avait aucune conscience de ce qui lui arrivait.
00:17:13C'est un des enjeux des débats, puisque la ligne de défense qui se dessine...
00:17:17Alors, pas pour Dominique Pellicot, le principal accusé qui assume,
00:17:20qui reconnaît les faits et dit qu'il va les assumer.
00:17:23Et pour beaucoup des 50 autres accusés, il y a l'idée de dire
00:17:27qu'il n'y avait pas l'intention de la violer,
00:17:29puisqu'il n'avait pas le sentiment que cette femme n'était pas d'accord.
00:17:32En gros, Dominique Pellicot, le mari, disait,
00:17:35si, si, mais c'est un jeu entre nous.
00:17:37Elle fait semblant de dormir ou alors elle est d'accord pour que je la drogue.
00:17:40Et hier, le policier, le directeur d'enquête,
00:17:43est venu, a été entendu pendant plusieurs heures à la barre.
00:17:46Et il est venu dire qu'à aucun moment,
00:17:47ces hommes n'ont pu avoir le sentiment
00:17:49qu'ils avaient recueilli le consentement de Gisèle Pellicot,
00:17:51puisqu'à aucun moment, il n'y a eu une once de lucidité chez cette femme.
00:17:55Parfois, elle ronflait, il y avait un peu des grognements,
00:17:58mais elle était assommée.
00:18:00Donc, c'est difficile pour eux de dire qu'ils pensaient
00:18:02qu'elle savait ce qui lui arrivait,
00:18:04ou en tout cas qu'elle avait consenti en amont à ce qu'ils fassent ça.
00:18:08Et donc, elle va parler aujourd'hui pour la première fois.
00:18:11Alors, ces enfants sont là.
00:18:12J'ai entendu qu'une de ces filles, pendant les faits qu'on rappelait, était...
00:18:19Ils ont eu trois enfants, deux garçons et une fille.
00:18:22Caroline Darrian, leur fille, a écrit un livre qui est sorti il y a quelques années
00:18:26qui s'appelait « J'ai cessé de t'appeler papa ».
00:18:28C'est une épreuve pour elle.
00:18:29D'abord, pour ces enfants, c'est une épreuve terrible,
00:18:31parce qu'eux aussi, lors de la lecture des faits,
00:18:34ont été confrontés à ce que leur mère a subi.
00:18:37Vous rajoutez à ça le fait qu'on a retrouvé des fichiers,
00:18:40des photos de Caroline Darrian dénudées.
00:18:43Donc, elle-même se demande si son père n'a pas abusé d'elle,
00:18:46même s'il explique qu'il n'a jamais rien fait,
00:18:48qu'il s'est contenté de la prendre en photo.
00:18:51Et effectivement, on va entendre aujourd'hui pour la première fois la voix de Gisèle Pellicot.
00:18:55Elle a accepté d'être filmée.
00:18:56On le rappelle, cette femme a accepté que le huis clos soit levé.
00:19:02C'était de droit, elle aurait pu l'obtenir en tant que victime de crime sexuel.
00:19:06Si elle avait dit « je veux que ce soit à huis clos », elle l'aurait obtenue.
00:19:09C'est elle qui a demandé à ce que ce procès soit public.
00:19:11Voilà, c'est cette dame qui a des lunettes de soleil.
00:19:15Elle a 72 ans, cette dame.
00:19:18Vous imaginez, d'ailleurs c'est inimaginable,
00:19:21tu vis 50 ans avec quelqu'un et tu découvres qu'il est un monstre.
00:19:26C'est une histoire particulière quand même dans une vie.
00:19:30Tu l'as aimé, t'as fait trois enfants.
00:19:33Tu imagines la vie amoureuse, la vie familiale.
00:19:36Et tout d'un coup, tout s'effondre et tu dois vivre avec ça, te reconstruire avec ça.
00:19:42Il y a un vrai risque dans ce procès, sans doute pour elle,
00:19:46il y a un vrai risque peut-être de décompensation des fondements psychiques.
00:19:48Encore une fois, elle va être confrontée.
00:19:50Elle n'a aucun souvenir, elle ne peut pas en avoir, elle n'était pas consciente.
00:19:54Donc elle va découvrir, si elle assiste aux quatre mois de procès,
00:19:58il va y avoir des vidéos, il va y avoir des récits précis de ce qu'elle a subi.
00:20:02Donc il faut saluer le courage de cette femme.
00:20:06Et effectivement, je crois qu'aujourd'hui, elle va venir notamment dire à ses hommes
00:20:11« Non, je n'ai jamais consenti et je ne comprends pas que vous ayez pu penser
00:20:14que je consentais à ce que vous m'avez fait. »
00:20:17– Philippe Belger, vous qui avez été longtemps magistrat et procureur, avocat général,
00:20:23est-ce que vous avez souvenir d'une histoire où le sordide et l'immonde…
00:20:28– Sur un tel mode aussi statistique, je n'ai jamais connu ça.
00:20:33J'ai déjà eu la chance de pouvoir en parler lors de l'une de vos émissions.
00:20:40C'est assez hallucinant et pour répondre, non pas répondre,
00:20:45compléter, si vous le permettez Noémie, ce que vous avez dit sur le fait
00:20:49que certains prétendent ne pas savoir puisqu'elle était selon et assoupie,
00:20:55ils auraient dû être évidemment très attentifs au fait que si elle n'avait pas été droguée
00:21:05ou délibérément tétanisée, il n'aurait pas eu besoin de donner
00:21:11un certain nombre d'instructions pour éviter qu'on la réveillât
00:21:16lorsqu'il devait se déshabiller ailleurs.
00:21:19– Ou elle fait des consignes extrêmes.
00:21:21– Absolument, c'était clair.
00:21:22– Et puis il était parfois très clairement dans les échanges de messages,
00:21:24pression de viol sur les vidéos, je crois que parfois on entend Dominique Pelligot dire
00:21:30– Ah oui, tu aimes bien quand tu l'appelles, les termes de viol apparaissent,
00:21:33donc chez certains il n'y a aucune ambiguïté.
00:21:35– Il y a toujours une interrogation sur le compagne ou la compagnie
00:21:40d'un monstre entre guillemets et je vous recommande le livre de Jacques Expert,
00:21:43même s'il n'est pas exactement, même pas du tout sur cette affaire,
00:21:47qui s'appelle « La femme du monstre » justement.
00:21:50Et il y a des femmes qui parfois savent des choses,
00:21:54n'interviennent pas dans des affaires de pédophilie par exemple,
00:21:57on est toujours parfois surpris qu'elles n'interviennent pas,
00:22:00surpris et pas surpris.
00:22:01– Vous parliez de Monique Olivier l'année dernière lors de son procès.
00:22:03– Mais bien sûr, bien sûr.
00:22:04– Je récuserais si vous le permettez, le terme de « monstre » en ce qui me concerne.
00:22:10– Et vous n'appréciez pas ?
00:22:11– Non parce que…
00:22:12– Alors les actes sont monstrueux si vous préférez ?
00:22:15– Oui absolument, à partir d'une approche peut-être qui m'est propre,
00:22:19tout ce qui est humain, même dans la perversion absolue,
00:22:25n'est pas monstrueux me semble-t-il,
00:22:27parce que même ce comportement-là qui va être condamné gravement,
00:22:33on peut le comprendre, il y a des horreurs qu'on peut élucider.
00:22:38– C'est la sirène désormais,
00:22:40parce que comme nous étions en retard tout le temps avec notre ami Thomas Hill,
00:22:44on a décidé à 9h22 de tous les jours d'avoir une petite sirène
00:22:47pour ne plus jamais être en retard.
00:22:49Et ça c'est quand même un grand progrès que nous faisons en ce début d'année.
00:22:53Thomas Hill est là, bonjour Thomas Hill d'Europe 1, bonjour !
00:22:56– Est-ce qu'on ne pourrait pas envisager une sirène un petit peu plus douce,
00:22:58quelque chose de plus léger peut-être ?
00:23:00– Non parce que justement, j'ai décidé, contrairement au Président Macron,
00:23:06et je pense qu'il faut des solutions parfois radicales, chers amis.
00:23:10Bon, j'entends le rire d'Anissa Haddadi.
00:23:13– J'adore cette sirène !
00:23:14– Ça nous fait beaucoup rire.
00:23:15– Mais non mais bien sûr, et moi j'adore le rire d'Anissa Haddadi.
00:23:19– Merci.
00:23:20– Bon, bonne émission à vous.
00:23:23– Un mot sur vous.
00:23:24– Oui, allez-y Noémie Chou.
00:23:26– Il y a une grande différence sur les femmes de monstres,
00:23:28si tant est qu'on les appelle comme ça,
00:23:30c'est qu'il y a celles qui sont au courant et qui soit ne font rien,
00:23:33soit même vont être complices des actes de leur mari.
00:23:36Et là vous avez une femme qui n'avait absolument pas conscience
00:23:39que son mari commettait des actes monstrueux
00:23:40et qui encore une fois a tout découvert.
00:23:42Ils sont aujourd'hui en instance de divorce,
00:23:44mais c'est effectivement, voilà, ça rajoute…
00:23:47– Il a quel âge cet homme ?
00:23:49– 71 ans.
00:23:49– Bon, il va sans doute finir sa vie…
00:23:52– Il risque 20 ans de prison.
00:23:53– Pas plus, j'allais dire pas plus que ça.
00:23:55– On est sur des accusations de viol, et donc la peine est de 20 ans de prison.
00:24:00– Bon, mais il va finir sa vie sans doute en prison.
00:24:03– Oui, je pense qu'il sera amené à une très lourde peine.
00:24:05– Et tous les autres personnes, les 51 personnes qui sont arrivées…
00:24:12– La même peine étant courue, après il y a des degrés,
00:24:14il y a des hommes qui sont… il y en a un qui est revenu jusqu'à 6 fois,
00:24:17il y a des hommes qui avaient des profils, déjà des condamnations,
00:24:21des profils pour des condamnations, pour des violences sur leur compagne…
00:24:24– C'est tout le milieu, c'est tout ce que c'est.
00:24:26– Et puis il y a des gens qui étaient casiers vierges
00:24:27et qui sont allés une fois et qui ne seront pas condamnés à la même peine.
00:24:29– Alors évidemment, c'est 51 hommes, bien sûr.
00:24:32– Que des hommes.
00:24:32– Que des hommes.
00:24:34Est-ce que c'est, j'ai envie de dire, tout le milieu culturel, intellectuel, économique ?
00:24:38– Vous avez un maçon, c'est un gardien de prison, un journaliste, un pompier,
00:24:43tous les milieux sociaux, beaucoup…
00:24:45– De 24 à 71 ans, je crois ?
00:24:48– Tous les âges, et beaucoup en couple, beaucoup de pères de famille,
00:24:52et un certain nombre, encore une fois, inconnus de la police et de la justice.
00:24:56Certains d'ailleurs, 17 comparaissent détenus et les autres sont libres.
00:25:00Et c'est notamment parce que là-dedans, il y en a beaucoup qui n'avaient jamais été condamnés.
00:25:05– Bon, merci beaucoup Noémie Schultz.
00:25:06On va recevoir dans une seconde Jean-Michel Blanquer.
00:25:11On me précise que Michel Barnier, c'est un grand retour en arrière,
00:25:15c'est quand même le plus jeune président du Conseil Général en Savoie.
00:25:19– C'est vrai.
00:25:20– Initiateur des JO d'Alberville avec Jean-Claude Killy,
00:25:22négociateur avisé du Brexit, au-delà des postes ministériels.
00:25:26C'est quelqu'un qui vient de la terre, Savoie, qui n'est pas énarque,
00:25:29qui a fait sub de Co-Paris.
00:25:30Bref, il peut apparaître un peu mou, me dit cet interlocuteur,
00:25:34mais c'est un vrai gaulliste authentique.
00:25:35– Oui, alors moi je le connais.
00:25:37– Voilà, j'étais un peu sévère sur son image.
00:25:39– Oui mais…
00:25:40– Non mais sur son image, j'ai dit qu'il donnait…
00:25:42– Je l'ai connu au premier congrès de l'UDR à l'époque.
00:25:47– L'UDR ?
00:25:48– Il était un des responsables de l'UJP, l'Union des Jeunes Gaullistes.
00:25:53– Avec Alexandre Sanguinetti.
00:25:54– C'est un vrai gaulliste.
00:25:56Non mais vous aimez de temps en temps…
00:25:57– Oui, l'UDR.
00:25:58– Souvent vous faites des références au vrai gaulliste.
00:26:00– Mais bien sûr.
00:26:01– S'il y a dans cette assemblée quelqu'un qui mérite…
00:26:04– Bon, ben alors je redis.
00:26:05– Je dis que c'est Michel Barnier.
00:26:08– Pierre Savoie.
00:26:09– Alors ça ne veut pas dire que c'est le 5, c'est le…
00:26:12– Vous avez connu Alexandre Sanguinetti ?
00:26:13– Bien sûr.
00:26:14– Vous avez connu la lettre de la nation de Pierre Charpy ?
00:26:16– Il m'a raconté comment avec sa jambe, dans les débats avec sa jambe,
00:26:20il menaçait ses adversaires dans les débats politiques.
00:26:22– Parce qu'il avait une jambe de bois Alexandre Sanguinetti.
00:26:24– Oui il avait une jambe de bois, c'était un ancien de la guerre Alexandre Sanguinetti.
00:26:28– Mais nous sommes, nous avons connu…
00:26:30– Et il menaçait de sa jambe de bois de temps en temps le type qui était en face
00:26:33en disant attention si vous continuez comme ça
00:26:35vous allez voir ce que je peux faire avec ma jambe de bois donc.
00:26:38– Écoutez, retour vers le futur.
00:26:39Bon, c'est Antoine Lussignol qui me donnait ce petit message sur Michel Barnier,
00:26:45donc je l'ai cité, voilà.
00:26:47Merci beaucoup Noémie Schultz.
00:26:49Merci, vous serez là demain encore ?
00:26:50– C'est évident.
00:26:51– Bon, c'est important que vous soyez là demain.
00:26:53On marque une pause, M. Blanquer, l'école, la citadelle au cœur du gouvernement.
00:26:58Donc là ça va être intéressant de parler école avec M. Blanquer.
00:27:05Jean-Michel Blanquer est avec nous, il a écrit la citadelle,
00:27:08il a été ministre de l'éducation nationale, la citadelle,
00:27:10voilà un joli mot, la citadelle.
00:27:13– C'est un très beau mot, vous avez raison, c'est d'abord phonétiquement magnifique,
00:27:16ensuite ça renvoie à des œuvres importantes, notamment celle de Saint-Exupéry.
00:27:21Il y a d'ailleurs une citation de lui en exergue qui vient de son livre
00:27:24La citadelle et qui est sur finalement l'ambivalence du pouvoir,
00:27:26c'est-à-dire que le pouvoir c'est à la fois la chose la plus magnifique
00:27:29et la plus épouvantable selon la philosophie du pouvoir que l'on a.
00:27:34Et pour moi il y a surtout deux sens derrière le mot citadelle,
00:27:37en réalité il y en a plus, mais il y en a au moins deux.
00:27:39Il y en a un premier, c'est celui que j'ai voulu signifier,
00:27:41c'est qu'il y a le risque de tout pouvoir, pas spécifiquement ici en France,
00:27:45celui de l'actuel président, mais tout pouvoir, le vôtre,
00:27:48vous en avez un par exemple, de tout pouvoir,
00:27:50d'être chacun qui exerce un pouvoir, d'enfermement si on n'y fait pas attention.
00:27:55– Moi je ne suis pas enfermé.
00:27:56– Je vous accusais de rien.
00:27:58– Nous on n'est pas enfermé du tout, on est plutôt ouvert.
00:28:00– Il y a un sujet avec le pouvoir ?
00:28:02– Non mais ce n'est pas le même pouvoir, le pouvoir médiatique
00:28:04n'a pas de risque d'enfermement justement, je pense,
00:28:06alors qu'à l'Élysée, il y a un risque effectivement de repli,
00:28:12parce que c'est toujours la même chose, on replie.
00:28:14– Le risque de repli de tout pouvoir et a fortiori du pouvoir politique.
00:28:16Et deuxièmement, il y a un autre sens du mot citadelle,
00:28:18qui est un sens positif, c'est la citadelle intérieure des stoïciens,
00:28:22c'est-à-dire que pour traverser les difficultés,
00:28:24il faut une citadelle intérieure, il faut des principes en soi
00:28:26dont on ne dévie pas et qui permettent tout simplement de traverser la vie.
00:28:30C'est ce double sens de citadelle que j'ai voulu…
00:28:34– Et vous, vous avez des principes stoïciens ?
00:28:36– Ah oui, oui, oui, je me suis formé avec les stoïciens.
00:28:38– Et alors, ça se traduit comment ?
00:28:40– Vous savez, le premier précepte stoïcien,
00:28:43c'est d'abord de se soucier de ce qui dépend de soi,
00:28:46c'est-à-dire ne pas être malheureux de ce qui ne dépend pas de soi-même,
00:28:49donc quand il arrive des événements sur lesquels vous n'avez pas prise,
00:28:52bien sûr, il faut essayer d'avoir prise,
00:28:53mais il ne faut pas se rendre malheureux de ne pas avoir prise.
00:28:56– Donc là, vous n'avez jamais été malheureux ?
00:28:58– Alors, je ne dis pas que je suis un parfait stoïcien,
00:29:00je l'ai lu précisément pour… c'est une ascèse permanente,
00:29:03non, bien sûr que des choses m'ont rendu triste, surtout quand vous sentez…
00:29:07– Triste pour vous ou triste pour l'image ?
00:29:09– Pour la France. – Est-ce que vous avez été humilié ?
00:29:12Est-ce qu'il y a eu une blessure narcissique ?
00:29:13– Non, non, par contre, on pourrait utiliser d'autres mots…
00:29:16– Parce que moi, je serais à vous, je trouve que c'est humiliant ce qui vous est arrivé.
00:29:19– À certains moments, j'ai pu me sentir trahi dans la dernière année de mon mandat.
00:29:22– Ce n'est pas la même chose, la trahison, elle fait partie de la politique.
00:29:24– Non, mais… – L'humiliation, c'est autre chose.
00:29:26– L'humiliation, alors on peut rentrer dans des définitions,
00:29:29mais l'humiliation suppose une forme de passivité,
00:29:32je crois que je n'ai jamais été passif par rapport à ce qui arrivait.
00:29:35En revanche, si vous voulez, si on doit résumer le sujet sur ce point-là,
00:29:40j'ai eu 4 ans vraiment de relations de confiance très fortes avec le Président,
00:29:44qui ont été 4 années qui m'ont permis d'agir
00:29:46et qui ont été des années, je crois, très utiles pour la France, on en parlera.
00:29:50– Avec le dédoublement des classes, qui est peut-être ce que je retiens d'abord de votre action,
00:29:57parce que ça, c'est formidable, le dédoublement des classes.
00:30:00On va parler évidemment avec vous, parce qu'on a beaucoup de questions à vous poser.
00:30:04Et là, je vais me taire aujourd'hui, ça va être le plateau qui va prendre la parole.
00:30:07Mais d'abord, Somaïa Labili.
00:30:12– Bonjour Pascal, bonjour à tous.
00:30:13Alors que la recherche d'un Premier ministre s'enlise,
00:30:16RNPS affirme qu'ils ne censureront pas Michel Barnier,
00:30:19si et seulement si leurs conditions sont respectées,
00:30:22la proportionnelle condition sine qua non pour Marine Le Pen et son groupe,
00:30:25les retraites pour les socialistes.
00:30:28Nouveau cas de refus d'obtempérer,
00:30:30une mineure de 14 ans interpellée dans la nuit de mardi à mercredi
00:30:33après une course poursuite en Ile-de-France.
00:30:36Il a fallu le renfort de nombreux équipages de police
00:30:38pour mettre fin à la fuite de la jeune conductrice.
00:30:41Aucun blessé n'est à déplorer.
00:30:43Et puis, nous sommes tous frères, tous pèlerins,
00:30:46déclaration du peuple François lors d'une rencontre interreligieuse
00:30:49devant la mosquée de Jakarta en Indonésie.
00:30:51Tous en marche vers Dieu, au-delà de ce qui nous différencie,
00:30:54ajoute le Saint-Père de 87 ans.
00:30:57Pierre est avec nous, merci Somaïa, il va nous éclairer
00:31:00parce qu'évidemment c'est un thème très fort,
00:31:02la psychologie d'Emmanuel Macron, comprendre Emmanuel Macron
00:31:05et peut-être avez-vous les clés pour le saisir.
00:31:09Mais avant ça, une ou deux questions qui fâchent
00:31:12parce que vous êtes accusé de cracher dans la soupe au fond,
00:31:15c'est-à-dire que vous avez travaillé avec le président de la République
00:31:18et Rachida Dati hier, elle exprime ce que quelques personnes pensent au fond,
00:31:24c'est-à-dire qu'elle dit l'élégance comme la reconnaissance
00:31:28devrait amener à plus de respect de l'institution présidentielle de l'homme
00:31:32qui vous a permis d'agir et même d'exister sur le plan politique.
00:31:35C'est vrai que vous étiez un inconnu du grand public,
00:31:38vous avez été ministre de l'Éducation nationale
00:31:40et qu'il y a toujours deux manières lorsqu'on a travaillé avec quelqu'un,
00:31:44soit c'est never explain, never complain, on ne dit rien
00:31:47parce qu'on considère que voilà, et ça c'est une attitude possible.
00:31:51Et puis il y a une autre attitude où vous balancez.
00:31:54Donc est-ce que vous trouvez que c'est inélégant et que vous n'êtes pas reconnaissant ?
00:31:57Non, pas du tout. D'abord, je suis un mousquetaire.
00:32:01Quand je suis dans une cause, je la sers jusqu'au bout.
00:32:05Je considère que la loyauté fonctionne dans les deux sens.
00:32:07C'est vis-à-vis du chef, mais le chef a aussi une loyauté vis-à-vis de ceux qui le servent.
00:32:11Et il a été déloyal avec vous ?
00:32:12La situation dans laquelle je me suis trouvé et qu'en réalité tout le monde a vu
00:32:15et pendant laquelle j'ai été au contraire très silencieux et pour le coup très stoïque,
00:32:18c'est que pendant une année j'ai pris des coups de tous les côtés
00:32:20dont certains venaient de mon propre camp.
00:32:22Donc je ne peux pas avoir d'accusation en traiterie ou en loyauté.
00:32:25C'est le contraire. J'ai attendu deux ans.
00:32:27Je ne pouvais pas deviner non plus que mon livre sortirait dans les circonstances actuelles.
00:32:30Ça fait deux ans que je l'écris, tranquillement, avec un souci.
00:32:33Comment vous expliquez ?
00:32:35Mon souci, juste pour terminer, Pascal Praud, c'est juste un souci de vérité.
00:32:38Et les gens qui diront ce qu'a dit Rachida Dati sont les gens qui n'ont pas lu le livre.
00:32:42Je fais le pari qu'elle ne l'a pas lu.
00:32:44Si on lit le livre, on voit qu'il y a évidemment des pages entières
00:32:46qui expliquent ce qu'il y a de positif dans l'action d'Emmanuel Macron.
00:32:49Je ne renie en rien des choses que j'ai dites à l'époque et qui restent vraies.
00:32:53À mes yeux, il y a une très grande dégradation, non pas seulement depuis 2022,
00:32:57mais en réalité depuis 2021.
00:32:59C'est en tout cas ce que j'ai constaté de l'intérieur.
00:33:01Il me semble que c'est de salut public de le dire,
00:33:02mais je le dis sans acrimonie, sans amertume, sans exagérer.
00:33:06Et en faisant la part des choses, parce que j'ai toujours détesté aussi
00:33:09les attaques totalement manichéennes sur le président de la République.
00:33:13Je ne me livre pas du tout à ça.
00:33:14Ce n'est pas du tout...
00:33:15Oui, vous l'attaquez quand même.
00:33:17Non, non, je dis ce qui ne va pas.
00:33:18Vous lui avez envoyé d'ailleurs le livre ?
00:33:20Oui, bien entendu.
00:33:20Vous avez mis une dédicace ?
00:33:22Tout à fait.
00:33:22Et je peux savoir la dédicace ?
00:33:23Bien sûr que non.
00:33:24Elle est entre nous.
00:33:27Mais elle était gentille la dédicace.
00:33:29Est-ce qu'il vous a répondu ?
00:33:30Non, pas encore, mais je pense qu'il le fera.
00:33:32Et vous lui avez envoyé quand ?
00:33:34On a toujours eu des échanges plein de franchises.
00:33:36Ça se voit d'ailleurs dans le livre.
00:33:37On se disait les choses.
00:33:38Et d'ailleurs, c'était très agréable.
00:33:39Il y avait cette franchise.
00:33:41Je pense qu'il aimait cette franchise.
00:33:42Bon, et alors pourquoi ?
00:33:43Et après, je donne la parole à mes amis.
00:33:44Pourquoi, à votre avis, il y a divorce ?
00:33:47Parce que vous lui dites ce qu'il ne veut pas entendre.
00:33:48J'ai entendu les interviews que vous avez données.
00:33:50Et c'est terrible parce que ça rejoint encore la psychologie d'enfant
00:33:54qu'on donne ou qu'on décrit chez Emmanuel Macron.
00:33:56Vous lui dites quelque chose qu'il ne veut pas entendre.
00:33:59Il vous dit, sur dix conseillers du Prince, neuf ont été pendus.
00:34:02C'est quelque chose que je cite souvent, qui est une maxime de Napoléon.
00:34:05Sur dix conseillers du Prince, neuf ont été pendus.
00:34:07Au revoir, Monsieur Blanquer.
00:34:08Oui, alors il ne me l'a pas dit en face d'ailleurs.
00:34:10Mais en tout cas, il l'a dit.
00:34:11Et donc, parce que je…
00:34:15Mais pourquoi ?
00:34:16C'est quoi la clé du divorce ?
00:34:18Il y a eu un événement très secondaire en réalité, mais qui a joué ce rôle.
00:34:23C'est qu'il souhaitait que je me présente aux élections régionales d'Île-de-France.
00:34:28Et on était en plein milieu de la crise sanitaire.
00:34:30Ça ne me paraissait pas une bonne idée d'aller…
00:34:33Et là, vous lui manquez.
00:34:35À ses yeux, en tout cas.
00:34:36Vous lui manquez.
00:34:37Mais au contraire.
00:34:38Ma franchise, le fait de mettre mon éventuelle ambition personnelle
00:34:42en dessous de l'intérêt général,
00:34:44je pensais que c'était quelque chose dont on pouvait parler.
00:34:46Mais vous quittiez le ministère dans ces cas-là, quand vous vous présentiez ?
00:34:48Il lui fallut que vous quittiez le ministère ?
00:34:50Non, non, même pas.
00:34:51Non, non, on pouvait à l'époque, vous savez, se faire la campagne.
00:34:53Mais justement, j'aurais eu à faire la campagne tout en gérant la crise sanitaire
00:34:57qui était elle-même extrêmement prenante.
00:34:59Et donc, j'ai évidemment fait valoir cela.
00:35:03Et ça ne me paraissait pas grave, en réalité, de refuser.
00:35:06Ah si, il faut…
00:35:07Mal m'en a pris, si je puis dire.
00:35:09Puisque après, les conséquences en chaîne ont été très embêtantes.
00:35:12Et les conseillers, vous n'êtes pas tendre avec eux.
00:35:14Les conseillers, je ne sais pas, les conseillers ou le conseiller,
00:35:18je ne sais pas si vous visez particulièrement l'un ou l'autre.
00:35:20Non, mais là, par exemple, dans le livre, à la limite,
00:35:22je ne cherche pas à viser nommément des conseillers.
00:35:24Mais en l'occurrence, en effet, c'est un conseiller qui lui a conseillé cela.
00:35:27Et c'était un très mauvais conseil.
00:35:28Et à cause de lui, une série de conséquences en chaîne négatives se sont passées.
00:35:32Mais vous savez, c'est aussi ça, l'effet de citadelle,
00:35:34c'est quand les conseillers deviennent plus importants que les ministres.
00:35:36Et ça, c'est évidemment une erreur qu'on ne doit pas faire à l'Élysée.
00:35:40Vous savez, au fond, les gens avec qui vous êtes 24 heures sur 24,
00:35:43vous disent des choses agréables et vous disent du mal de l'extérieur.
00:35:46Tandis qu'à l'extérieur, on se bat contre l'adversité
00:35:49en devant en plus affronter ce type de courtisanerie négative.
00:35:52C'est un phénomène de pouvoir très classique.
00:35:57Et c'est très dommage.
00:35:59Ce que j'ai vécu au début du premier quinquennat,
00:36:01en termes de conseillers élyséens, était d'une nature tout à fait différente.
00:36:04Au contraire, on sentait la lumière, l'ouverture, des choses beaucoup plus agréables.
00:36:08– Sabrina Meijaber. – Oui.
00:36:10– Est-ce que vous avez une question à poser à monsieur le ministre ?
00:36:12– Absolument. Bonjour monsieur le ministre.
00:36:14– Bonjour.
00:36:15– J'ai vu une interview que vous avez accordée au journal Boulevard Voltaire.
00:36:19– Ah oui, il y a longtemps alors.
00:36:21– Vous expliquez que vous avez été escamoté
00:36:27parce que vous aviez été sollicité pour un poste de ministre de l'Intérieur
00:36:32et que monsieur Richard Ferrand vous aurait écarté de cette possibilité
00:36:37parce qu'il a jugé que vos positions sur la laïcité
00:36:41et même l'islamisme étaient jugées trop raides
00:36:45et qu'il fallait d'une certaine manière conforter l'électorat musulman.
00:36:49Alors j'ai deux questions, monsieur le ministre.
00:36:51Qu'est-ce que l'électorat musulman, premièrement ?
00:36:53Et deuxièmement, la Macronie n'est-elle pas finalement
00:36:57la complice de toutes ces petites citadelles,
00:37:00pour reprendre le titre de votre livre, de toutes ces citadelles communautaires ?
00:37:05– Alors sur le premier point justement,
00:37:07ma réponse c'est que l'électorat musulman ça n'existe pas
00:37:09et que c'est une essentialisation épouvantable
00:37:12et que d'une certaine façon il y a une forme de paternalisme à parler comme cela
00:37:15et j'ai toujours dit ça, je suis un républicain,
00:37:17je considère donc que les gens se définissent d'abord par ce qu'ils sont personnellement
00:37:21et que les appartenances diverses, qu'elles soient religieuses ou autres,
00:37:24d'abord sont diverses, c'est-à-dire que chacun appartient à plusieurs choses à la fois,
00:37:28on est d'un lieu, éventuellement d'une religion ou pas,
00:37:31donc on ne va pas commencer à se définir par nos identités particulières,
00:37:36on est d'abord des citoyens français et c'est comme ça qu'on doit voir les choses.
00:37:39Par ailleurs, une chose très importante pour moi c'est justement
00:37:42qu'il y a beaucoup de personnes de confession musulmane en France
00:37:45qui sont très républicains et c'est eux qui doivent jouer un rôle décisif
00:37:50dans les enjeux d'intégration que nous avons.
00:37:52J'ai toujours été avocat de cela et j'étais très agacé
00:37:56quand dans mon propre camp il y avait justement cette espèce de vision
00:38:00qui était en gros blanquer et dangereux parce qu'ils nous alienent.
00:38:04Mais il faut dire qu'évidemment LFI a joué un rôle grave dans cette évolution
00:38:10puisque ça a créé une espèce de course à l'échalote dans cette vision des choses,
00:38:15mais j'ai toujours été justement contre ça.
00:38:19Et donc à l'intérieur de mon propre camp, des personnes dont j'avais pu être proche
00:38:23comme Richard Franc, à un moment donné, vous trouvez que j'étais républicain.
00:38:27Ce qui est étonnant aussi avec Emmanuel Macron,
00:38:30c'est que quand je dis qu'on cherche un commandant,
00:38:32comment on peut nommer pape Ndiaye après Jean-Michel Blanquer ?
00:38:35C'est un vrai semblage.
00:38:37Je dis souvent que je ne comprends rien à Emmanuel Macron.
00:38:40Je n'ai pas la clé.
00:38:42Puis en même temps, après, elle est peut-être plus facile à penser.
00:38:44C'est ce que disait Philippe Bilger.
00:38:46C'est peut-être qu'en fait, il veut juste provoquer à chaque fois et surprendre.
00:38:49Si ce n'est que ça, je trouve que c'est trop juste.
00:38:54Vous voyez, c'est trop faible.
00:38:55Ce n'est pas au niveau d'un président de la République.
00:38:57Mais quand vous apprenez pape Ndiaye, vous vous dites,
00:38:59mais comment c'est possible ?
00:39:01C'est l'anti-Blanquer.
00:39:03Je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus.
00:39:06Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
00:39:08Est-ce que pape Ndiaye est l'anti-Blanquer ?
00:39:11Alors d'abord, c'est trop schématique de le dire comme ça.
00:39:15Le message envoyé, c'est celui-là, bien entendu.
00:39:17Or, en politique, le message, c'est très important.
00:39:19Donc, de ce point de vue-là, c'est grave.
00:39:21Après, il ne faut pas rentrer dans plus de complexités.
00:39:23Heureusement, il n'y a pas eu une rupture absolue de politique publique
00:39:26entre ce que j'ai fait et ce qui a été fait ensuite,
00:39:28surtout sur le terrain.
00:39:29Parce qu'il n'y a pas que le terrain de la laïcité.
00:39:31Il ne faut pas être uniquement là-dessus.
00:39:33Tout le sujet pédagogique, notamment des savoirs fondamentaux à l'école primaire,
00:39:36qui était quand même mon principal chantier,
00:39:38a continué par la suite.
00:39:40Et ça, j'en suis heureux.
00:39:43D'ailleurs, je me suis abstenu de commentaires.
00:39:45Vous vous en souvenez ?
00:39:46C'est la moindre des choses.
00:39:47Oui, mais par rapport au débat précédent, si vous voulez.
00:39:49Oui, mais là, vous étiez la moindre des choses, quand même.
00:39:51Oui, sans doute.
00:39:52Enfin, certainement.
00:39:53Vous avez raison, mais c'est ce que j'ai fait.
00:39:54La moindre des choses, quand même,
00:39:55qu'un ancien ministre ne dise pas
00:39:56« Tiens, celui qui me succède, il est vraiment nul. »
00:39:58Sauf si on suit ce que vous venez de dire à l'instant.
00:40:00Si on dit « C'est l'exact inverse de moi, il va détruire ce que j'ai fait. »
00:40:03Oui, mais il y a une forme de droit de réserve, en tout cas,
00:40:06pendant un certain temps.
00:40:07Vous vouliez poser, Gauthier, mais question rapide, vive, incisive.
00:40:11Lors de sa conférence de presse à l'Élysée, Emmanuel Macron vous a mis en cause,
00:40:15quelque part, dans la responsabilité des émeutes.
00:40:17Il a dit « C'est loisiveté, on n'aurait pas dû faire cette réforme du bac. »
00:40:20En avançant les épreuves de la réforme du bac,
00:40:22on a libéré ces jeunes et ils sont allés,
00:40:24en tout cas, c'est donc, quelque part, si je fais rapide,
00:40:27les émeutes, c'est Jean-Michel Blanquer.
00:40:29Comment vous avez vécu cette déclaration ?
00:40:31Elle fait partie, pour rien vous cacher,
00:40:33c'est intéressant que vous évoquiez cela,
00:40:35c'est une des 4 ou 5 phrases d'Emmanuel Macron
00:40:37qui font que je me sens très à l'aise pour écrire ce que j'ai écrit.
00:40:40Oui, mais en même temps, votre bac, ce n'est pas une réussite.
00:40:43Pardonnez-moi de le dire comme ça.
00:40:45Ça m'étonne de vous, votre réforme du bac.
00:40:47Mais si !
00:40:49Mais de là à le rendre responsable des émeutes.
00:40:51Attendez, je finis cette réponse.
00:40:53Je vous fais la réponse à la question suivante.
00:40:56Sur ce que vous venez de dire, chacun voit que c'est totalement absurde.
00:41:00Il se trouve que j'ai regardé de près certaines émeutes et qui les faisaient.
00:41:04Souvent d'ailleurs, malheureusement, les jeunes qui faisaient ça,
00:41:06ils étaient même très en dessous de l'âge du bac,
00:41:08ou alors ils étaient très en avance.
00:41:10Et sinon, bien entendu que ça n'a aucun rapport.
00:41:12Donc qu'une telle phrase soit prononcée
00:41:14par celui qui est avec moi en charge du sujet du bac,
00:41:18a quelque chose de très étonnant.
00:41:22Et c'est bien pour ça que j'ai besoin d'expliquer.
00:41:24Je finis là-dessus, c'est important.
00:41:26Imaginez que je sois resté silencieux sur tout ça,
00:41:28que je n'écrive jamais rien.
00:41:30Ça veut dire que je laisse faire un narratif,
00:41:32comme on dit aujourd'hui, un récit,
00:41:34qui est totalement l'inverse de la réalité des choses.
00:41:36J'entends bien.
00:41:38Mais parlons de cette réforme du bac.
00:41:40Parce que moi, j'étais confronté, j'avais dans mon entourage,
00:41:42un jeune homme.
00:41:44Vous, vous venez de l'école.
00:41:46Vous connaissez par cœur ça.
00:41:48Et c'est ça qui me sidère.
00:41:50Il y avait un examen avant.
00:41:52Alors évidemment, les gens avaient la pression, etc.
00:41:54Mais c'était formidable, c'était une manière d'entrer dans la vie.
00:41:56Là, vous faites une réforme qui fait qu'à partir d'avril,
00:41:58les gosses n'ont plus besoin de travailler.
00:42:00Il n'y a plus besoin de notes.
00:42:02Moi, j'avais des gens en terminale qui disaient
00:42:04j'ai le bac.
00:42:06Donc avril, mai, juin, ils ne bossaient plus.
00:42:08Le simple bon sens.
00:42:10Alors je me dis,
00:42:12comment vous pouvez inventer ça ?
00:42:14Vous, qui venez précisément de ce milieu,
00:42:16qui a été enseignant, qui connaissez par cœur.
00:42:18Je me dis, mais comment c'est possible
00:42:20d'inventer une usine à gaz pareil ?
00:42:22Et je ne parle même pas de parcours suple.
00:42:24Alors,
00:42:26convenez avec moi qu'il faut quand même du temps
00:42:28pour expliquer les choses.
00:42:30Parce qu'on peut faire des slogans sur cette question.
00:42:32Mais ce n'est pas un slogan.
00:42:34Il y avait un bac, vous faites un examen.
00:42:36Si vous me donnez une minute pour répondre,
00:42:38je ne vous répondrai pas.
00:42:40Non, mais j'ai besoin de plusieurs minutes.
00:42:42Sinon, on est juste dans des slogans qui n'ont aucun nom.
00:42:44Dans ce cas, lisez le livre et vous verrez les choses.
00:42:46Non, c'est vraiment.
00:42:48On ne fonctionne que par clichés
00:42:50quand on parle d'éducation nationale.
00:42:52Le gosse qui dit qu'il n'y a plus besoin de travailler
00:42:54avril, mai, juin, ce n'est pas un cliché.
00:42:56C'est vrai.
00:42:58Et là, peut-être, j'arriverai à vous convaincre un petit peu.
00:43:00Ce n'est pas le principe de l'émission.
00:43:02Je vais essayer.
00:43:04Si on veut parler sérieusement,
00:43:06ce livre n'est pas quelque chose de manichéen.
00:43:08Les choses ne sont pas simples.
00:43:10Il faut expliquer.
00:43:12Le baccalauréat a eu, et il a dans ce que j'ai fait,
00:43:14et j'en reste très fier, une philosophie
00:43:16qui est de donner plus de liberté aux élèves,
00:43:18de choix, et toutes les enquêtes montrent
00:43:20qu'ils en sont contents, et de plus approfondir.
00:43:22C'est quelque chose que vous dites peu ou pas sur ce plateau.
00:43:24Autrement dit, savez-vous que tous les programmes
00:43:26de toutes les disciplines,
00:43:28par exemple en mathématiques et en sciences,
00:43:30sont devenus plus exigeants qu'ils ne l'étaient auparavant.
00:43:32Cette réforme est faite pour que les élèves
00:43:34réussissent davantage après le baccalauréat.
00:43:36Avant la réforme,
00:43:38vous aviez 60% d'échecs
00:43:40en fin de première année.
00:43:42Autrement dit, tout le monde se déresponsabilisait
00:43:44de ce qui se passe après le bac.
00:43:46Si je veux résumer la situation d'avant,
00:43:48c'est une situation où,
00:43:50au fond, on passe de classe en classe
00:43:52en accumulant des retards,
00:43:54et personne ne s'en fiche, le bac est donné,
00:43:56et à la fin, la vraie heure de vérité,
00:43:58c'est la fin de première année d'enseignement supérieur,
00:44:00où vous échouez.
00:44:02Nous avons pris à bras-le-corps cela.
00:44:04Je me rappelle que dans l'émission politique,
00:44:06j'avais eu 72% d'approbation
00:44:08quand j'avais eu le temps d'expliquer tout cela.
00:44:10Cette réforme mêle
00:44:12du contrôle continu
00:44:14et du contrôle terminal
00:44:16pour mêler une vertu de travail.
00:44:18Le contrôle continu oblige à tenir compte
00:44:20de ce que vous faites pendant toutes vos années de lycée,
00:44:22et aussi une vertu d'objectivation,
00:44:24c'est-à-dire les 60% de contrôle terminal.
00:44:26Aujourd'hui,
00:44:28le taux d'échec
00:44:30en fin de première année d'enseignement supérieur
00:44:32a légèrement diminué.
00:44:34Vous avez envie de parler de Parcoursup,
00:44:36on pourra en parler,
00:44:38mais nous avons abouti à une meilleure rationalisation
00:44:40de la situation.
00:44:42Mais c'était le cas auparavant.
00:44:44Oui, mais c'est ça qu'il fallait changer.
00:44:46Je pourrais avoir un système
00:44:48où à la fin de la cinquième, il y a un examen éliminatoire.
00:44:50Si tu n'es pas capable d'aller en quatrième,
00:44:52ça ne veut pas dire que tu es moins intelligent,
00:44:54mais ça n'a pas de sens d'amener tout le monde au bac.
00:44:56Parce qu'après, vous engorgez toutes les universités
00:44:58et tout le monde ne peut pas faire des trucs supérieurs.
00:45:00Tout le monde ne va pas,
00:45:02mais ça relève un peu.
00:45:04C'est mon modeste avis.
00:45:06Juste pour terminer sur ce point,
00:45:08vous oubliez de dire qu'il n'y a pas le bac,
00:45:10il y a les bacs, le bac pro et le bac technologique.
00:45:12Vous dites vous-même 60% d'échec
00:45:14en première année supérieure, vous le dites vous-même.
00:45:16Oui, justement.
00:45:18C'est-à-dire que vous donnez vous-même
00:45:20la raison pour laquelle je dis que ça n'a pas de sens
00:45:22d'emmener tout le monde.
00:45:24Si vous les sortez à 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans
00:45:26et faire d'autres jobs, vous gagnerez du temps.
00:45:28Je suis désolé, il faut lire le livre.
00:45:30Mais je l'ai lu.
00:45:32Je trouve que c'est un mauvais système.
00:45:34On ne peut pas faire des discussions
00:45:36de repas du dimanche
00:45:38sur des sujets aussi fondamentaux que ça.
00:45:40Vous n'êtes pas gentil.
00:45:42Non, mais vous ne l'êtes pas, ce n'est pas le problème.
00:45:44La question est d'être un peu plus dans la complexité.
00:45:46D'abord, les sociétés contemporaines
00:45:48et si vous allez, par exemple,
00:45:50prendre ceux qu'on prend comme modèles.
00:45:52Prenez Singapour, ceux qui sont en tête
00:45:54des classements internationaux.
00:45:56Vous croyez qu'ils disent qu'il ne faut pas emmener les élèves loin ?
00:45:58Bien sûr que si, on sait que dans le monde moderne,
00:46:00ce n'est pas comme il y a 50 ans.
00:46:02On a besoin d'avoir un bon niveau d'études.
00:46:04Il faut savoir lire, écrire, compter.
00:46:06Il faut savoir maîtriser quelque chose.
00:46:08La moitié des élèves qui passent le baccalauréat
00:46:10ne passent pas le bac général, c'est le bac pro,
00:46:12c'est le bac technologique.
00:46:14Ce qu'il faut, c'est emmener les élèves vers des compétences.
00:46:16C'est ce que les réformes ont fait.
00:46:18J'ai deux choses à vous raconter, M. le ministre.
00:46:20Je vous assure que le repas du dimanche,
00:46:22en fin d'année scolaire, pour de très nombreuses familles,
00:46:24et j'en ai eu l'expérience directe,
00:46:26c'est par coursup.
00:46:28Ça crée une angoisse, une boule au ventre
00:46:30et il y a des décisions,
00:46:32avec des algorithmes,
00:46:34qui sont une véritable épreuve pour les familles.
00:46:36C'est la première chose.
00:46:38Est-ce que vous en avez conscience
00:46:40et comment les choses peuvent s'améliorer ?
00:46:42Et deux, vous avez fait partie,
00:46:44avec le bloc présidentiel macroniste,
00:46:46des personnalités politiques
00:46:48ayant un temps essayé de dire
00:46:50« nous sommes à nous seuls le camp de la raison ».
00:46:52Et je pense que ça a fait beaucoup de mal
00:46:54à la politique,
00:46:56à assécher le débat politique.
00:46:58Est-ce que là-dessus, vous avez une repentance ?
00:47:00Est-ce que vous êtes d'accord avec moi
00:47:02sur cette idée que ce discours-là
00:47:04n'a pas fait du bien au pays et à la politique ?
00:47:06D'abord sur Parcoursup,
00:47:08comme sur d'autres sujets,
00:47:10on entend ceux qui ont des déceptions
00:47:12par rapport à Parcoursup,
00:47:14mais on n'entend pas tous ceux
00:47:16qui ont vu que Parcoursup leur a apporté
00:47:18l'affectation qu'ils ont.
00:47:20On oublie aussi ce que c'était avant.
00:47:22Dans votre génération, qui est un peu la mienne,
00:47:24Pascal Praud, quand on voulait s'inscrire à la fac,
00:47:26il fallait se lever à 3h du matin
00:47:28et on était devant celui qui s'était levé à 3h30.
00:47:30Et alors ?
00:47:32Ça veut dire que vous étiez là de façon aléatoire.
00:47:34Si vous étiez plus mauvais,
00:47:36vous n'étiez pas disposé à faire telle étude.
00:47:38Il n'y avait pas de problème pour s'inscrire à la fac.
00:47:40Honnêtement, en 80, 82, 83,
00:47:42il n'y avait pas de problème.
00:47:44On parle des algorithmes.
00:47:46Parcoursup, c'est une plateforme
00:47:48de rencontre entre l'offre et la demande.
00:47:50Oui, mais les meilleurs ne sont pas,
00:47:52je ne vais pas rentrer dans le détail,
00:47:54mais les meilleurs ne sont même pas valorisés forcément
00:47:56parce qu'il y a d'autres critères qui rentrent.
00:47:58Souvenez-vous, en 2017,
00:48:00quand nous sommes arrivés,
00:48:02c'était le tirage au sort.
00:48:04Par exemple, avec un bac pro,
00:48:06passer devant un bac S à la fac de médecine,
00:48:08c'était ça la réalité.
00:48:10Le camp de la raison.
00:48:12Ce qui est très intéressant,
00:48:14si on se reporte à 2017,
00:48:16c'est que quand ces chantiers arrivaient,
00:48:18c'est-à-dire qu'on disait que le bac était à bout de souffle,
00:48:20qu'APB ne marchait pas,
00:48:22on disait, mais est-ce que ce nouveau ministre
00:48:24va avoir le courage de prendre ça à bras-le-corps ?
00:48:26Est-ce qu'il va avoir le courage de rester 5 ans ?
00:48:28Est-ce qu'il va avoir le courage d'affronter
00:48:30toutes les oppositions qu'il y a dans ce cas-là,
00:48:325 ans plus tard, je l'ai fait,
00:48:34mais les gens qui disaient ça,
00:48:36peut-être vous-même,
00:48:385 ans plus tard ont comme oublié que c'était ça le contrat.
00:48:40C'est-à-dire qu'il fallait traverser...
00:48:42Parce que dans la matière d'éducation, si c'est tous les ans un nouveau ministre,
00:48:44on ne changera jamais rien dans ce cas.
00:48:46Mais nous sommes d'accord.
00:48:48Alors, on va marquer une pause.
00:48:50Je vais vous répondre parce que votre question...
00:48:52Oui, mais après la pause, parce que...
00:48:54Mais c'est vrai que c'est intéressant de vous écouter.
00:48:56D'ailleurs, j'essaie...
00:48:58Vous dites le discours du dimanche,
00:49:00on ne comprend pas toujours le rôle que...
00:49:02Je vais vous l'expliquer.
00:49:04En fait, je pose les questions que les gens se posent.
00:49:06Voilà. C'est aussi simple que ça.
00:49:08Oui, mais il faut les laisser répondre.
00:49:10C'est pas le principe de l'émission.
00:49:12C'est pas le principe de l'émission.
00:49:14Alors, je les pose
00:49:16de la manière...
00:49:18Vous voyez, il y a plein de gens qui nous écoutent.
00:49:20Beaucoup même.
00:49:22Et je les pose comme ils se les posent eux.
00:49:24Alors, je sais bien que parfois, on va dire
00:49:26tu es sans nuance, tu complexifies...
00:49:28Tout ça est vrai.
00:49:30Mais je les pose comme ça.
00:49:32Et Parcoursup, les gens disent que c'est une usine à gaz.
00:49:34Et je vais vous dire autre chose.
00:49:36Il faut écouter les réponses.
00:49:38Ce qui m'ennuie dans ce système,
00:49:40c'est que les petits malins qui connaissent Parcoursup,
00:49:42c'est toujours les mêmes d'ailleurs,
00:49:44qui savent comment détourner Parcoursup
00:49:46parce qu'ils ont accès à, pourquoi pas,
00:49:48quelqu'un qui travaille au ministère de l'Éducation nationale,
00:49:50etc.
00:49:52Ou qu'ils soient associés.
00:49:54Ils savent comment dépiéger Parcoursup
00:49:56pour arriver à la fin
00:49:58à avoir ce qu'ils veulent.
00:50:00Et puis, il y en a d'autres qui ne le savent pas.
00:50:02Et c'est ça qui m'ennuie.
00:50:04C'était vraiment l'inverse de ça.
00:50:06C'était une jungle avant.
00:50:08Et Parcoursup crée au contraire une plateforme qui est la même pour tout le monde.
00:50:10En tout cas, votre livre est remarquable.
00:50:12Très bien écrit.
00:50:14Moi, c'était l'ancêtre de Parcoursup avant.
00:50:16Admission post-bac, ce n'était pas mieux.
00:50:18Bien sûr, c'était moins bien.
00:50:20Et APB était mieux que le système d'avant.
00:50:22C'est peut-être que...
00:50:24Vous disiez quelque chose d'intéressant.
00:50:26Non, je disais que dans un système...
00:50:28En fait, c'est toujours pareil.
00:50:30Dans un système où tout le monde n'aurait pas le bac
00:50:32parce que tout le monde n'est pas capable d'avoir le bac...
00:50:34Quoi ?
00:50:36En tout cas, c'est un bon livre.
00:50:38Ça nous fait plaisir que vous soyez là.
00:50:40Vous devez partir, petit scarabée.
00:50:42Bon, écoutez, je vais vous laisser.
00:50:44Il annonce que le Premier ministre tombe.
00:50:46Oui.
00:50:48On marque une pause.
00:50:50On est avec Jean-Michel Blanquer.
00:50:52On aura quand même d'autres sujets.
00:50:54Je voulais qu'on parle des rugbyman
00:50:56qui sont de retour, notamment.
00:50:58Et de Toulouse, ce professeur de Toulouse
00:51:00qui nous permet aussi de parler de l'université
00:51:02dans l'état où elle est, où on a le sentiment
00:51:04parfois qu'on apprend à nos enfants.
00:51:06Comment vous dire ?
00:51:08Il y a quelque chose d'idéologique
00:51:10qui passe dans l'éducation,
00:51:12dans l'instruction nationale.
00:51:14Vous me direz ce que vous en pensez.
00:51:16A tout de suite.
00:51:18Aude Denisot, avec un Z,
00:51:20est avec nous.
00:51:22Vous êtes professeure d'université.
00:51:24Vous êtes où ?
00:51:26Au Mans.
00:51:28Et vous êtes professeure dans quel endroit ?
00:51:30En droit.
00:51:32Première année de droit.
00:51:34Deuxième année de droit.
00:51:36De la première à la dernière.
00:51:38Droit civil, droit constit.
00:51:40Donc, c'est des jeunes étudiants.
00:51:42Oui, tout à fait.
00:51:44Eh bien, vous pourrez interroger,
00:51:46si vous voulez.
00:51:48Un surveillant de la prison de France
00:51:50est interpellé avec plusieurs centaines
00:51:52de grammes de cocaïne.
00:51:54L'homme a été arrêté dimanche au volant
00:51:56de son véhicule et a été placé en garde à vue.
00:51:58Des années de retard,
00:52:00des milliers d'euros et un faux départ.
00:52:02Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville
00:52:04a connu un arrêt automatique au lendemain
00:52:06de son démarrage. Conséquence ?
00:52:08Des contrôles techniques et des analyses
00:52:10vont être menées par EDF.
00:52:12Et puis, le palmarès des prénoms
00:52:14les plus donnés en 2025 est tombé.
00:52:16Et sans grande surprise, Gabriel caracole
00:52:18toujours en tête pour les garçons.
00:52:20Et du côté des filles, Ambre et Louise
00:52:22arrivent ex aequo.
00:52:24On va voir ce qui s'est passé à Toulouse
00:52:26dans une université avec un prof qui est suspendu.
00:52:28Mais avant cela, le livre La Citadelle.
00:52:30Alors, on a parlé de l'école, bien sûr.
00:52:32Mais il y a aussi des choses peut-être
00:52:34plus intéressantes, avec des réflexions
00:52:36plus générales que vous apportez.
00:52:38Il appartiendra aux historiens de comprendre pourquoi,
00:52:40par quelle logique profonde,
00:52:42l'occidentale et, parmi elle, la France,
00:52:44ont entamé, à partir du début
00:52:46du XXIe siècle, c'est-à-dire le 11 septembre
00:52:482001, un chemin somnambulique
00:52:50vers l'affaiblissement, le doute sur soi-même,
00:52:52la tentation de l'extrémisme, au point
00:52:54d'être en danger d'effacement.
00:52:56Alors vous, dit 11 septembre 2001,
00:52:58moi, je pense que ça vient
00:53:00à partir des années 80.
00:53:02Et ce qui m'étonne, c'est
00:53:04qu'il appartiendra aux historiens. Ben non !
00:53:06On sait !
00:53:08Si vous voyez la phrase d'après, je dis
00:53:10que c'est le facteur d'aujourd'hui de faire en sorte
00:53:12que ça ne continue pas comme ça.
00:53:14Pourquoi, à votre avis, pourquoi ce dénigrement
00:53:16perpétuel de la France ? C'est le monde dans lequel
00:53:18vous avez évolué, le monde de l'université,
00:53:20le monde des historiens, le monde, parfois, de l'école,
00:53:22influencé par des
00:53:24sociologues,
00:53:26des historiens, des gens qui ont
00:53:28revisité notre histoire et qui nous expliquent
00:53:30qu'on est coupable. Bien sûr. Donc les racines
00:53:32de ce problème sont profondes. Mais,
00:53:34par la phrase que vous citez, ce que j'ai voulu dire,
00:53:36c'est qu'il y a quand même eu une fin du XXe siècle
00:53:38en 1989, avec la chute du mur
00:53:40de Berlin. Nous avons eu une décennie
00:53:42où nous avons pensé que la démocratie
00:53:44allait finalement l'emporter partout
00:53:46dans le monde, progressivement. Et le
00:53:4811 septembre 2001 a mis en quelque sorte fin
00:53:50à cette sorte de parenthèse
00:53:52naïve, on pourrait l'appeler ainsi,
00:53:54pour être dans la phase dans laquelle nous sommes
00:53:56aujourd'hui, qui est une femme de doute sur nous-mêmes.
00:53:58Alors que ce doute sur nous-mêmes, comme vous venez de le dire,
00:54:00ait des racines profondes,
00:54:02c'est exact. On pourrait remonter, par exemple,
00:54:04pour le coup, à la Deuxième Guerre mondiale.
00:54:06Et à mai 68,
00:54:08il y a une série d'étapes qui ont
00:54:10jalonné cela. Moi, je suis un...
00:54:12Je combats depuis toujours contre cela.
00:54:14C'est-à-dire ce qu'on peut résumer par la haine de soi.
00:54:16Et je suis contre la haine de soi.
00:54:18Encore faut-il proposer
00:54:20quelque chose. Aujourd'hui, nous sommes trop souvent contre
00:54:22quelque chose. – Oui, mais quand vous avez un président de la République
00:54:24qui dit que lorsqu'on est allé en Algérie,
00:54:26on a fait des crimes contre l'humanité et il n'y a pas
00:54:28de culture française, ça ne renforce
00:54:30pas la confiance en soi.
00:54:32– Il n'a pas dit que ça, il a dit des choses un peu
00:54:34inverses. Mais évidemment,
00:54:36ce n'est pas les points auxquels je me sens le plus
00:54:38en adhésion. – Oui, et c'est important.
00:54:40– Il y a d'autres fois où, au contraire,
00:54:42il a cherché à porter,
00:54:44on le voit par exemple avec les Jeux olympiques
00:54:46et ce que ça a pris. – La cérémonie d'ouverture,
00:54:48vous l'avez aimée, par exemple ?
00:54:50– La cérémonie d'ouverture, vous savez, j'étais ministre des sports.
00:54:52Donc, lorsqu'il y a eu
00:54:54le pari
00:54:56fait par ceux qui étaient en charge de l'organisation
00:54:58d'envisager la scène, nous étions quelques-uns
00:55:00à considérer que c'était intéressant.
00:55:02– Vous l'avez aimée, le message ?
00:55:04– Il y a plusieurs messages, je ne les ai pas tous aimés
00:55:06de la même façon. Je vais m'arrêter sur un,
00:55:08si vous voulez, celui de...
00:55:10D'abord, c'était artistiquement,
00:55:12pour l'essentiel, assez réussi.
00:55:14On peut regretter que, justement, ce soit
00:55:16si réussi, y compris la lutte contre la pluie,
00:55:18qui, je trouve, est un très beau symbole.
00:55:20Et que cette cérémonie,
00:55:22qui, par définition, doit être consensuelle,
00:55:24ne l'est pas été complètement,
00:55:26c'est évident. Mais ce qui est intéressant
00:55:28par rapport au sujet, c'est le fait
00:55:30d'avoir montré, enfin, ce qui est intéressant,
00:55:32ce qui mérite d'être fortement discuté,
00:55:34en particulier, c'est l'épisode avec
00:55:36Marie-Antoinette. Parce que,
00:55:38d'abord, là, on est au milieu de tous
00:55:40nos paradoxes français.
00:55:42Pourquoi montrer une femme
00:55:44avec la tête coupée dans le pays
00:55:46qui met fièrement l'abolition de la peine de mort
00:55:48dans ses grands acquis ?
00:55:50Je pense que, dans la mesure où on est dans un système
00:55:52d'image, c'est embêtant. Deuxièmement,
00:55:54pourquoi montrer cette dimension-là de la Révolution française ?
00:55:56C'est-à-dire la dimension la moins bonne.
00:55:58La Révolution française, c'est deux phases.
00:56:00C'est une phase libérale,
00:56:02d'ouverture, avec les droits de l'homme
00:56:04pour tous, la dignité de la personne humaine,
00:56:06tous ces enjeux qui sont magnifiques. Et c'est ce jour-là qu'il faut le dire
00:56:08à l'humanité. Puis, il y a une deuxième phase
00:56:10de terreur, dont
00:56:12une des images est malheureusement celle-là.
00:56:14Ce jour-là, c'est plutôt la première image
00:56:16qu'on aurait dû donner. Pourquoi
00:56:18ceux qui se veulent post-modernes, les plus avant-gardistes,
00:56:20aiment rejoindre ceux qui sont
00:56:22les moins modernes, c'est-à-dire,
00:56:24en fait, à l'époque,
00:56:26les révolutionnaires, bien sûr, se sont
00:56:28accueillis sur la terre. Il y a un vrai sujet
00:56:30philosophique qui
00:56:32habite tout ce que nous vivons. C'est-à-dire la jonction
00:56:34de ce que j'appellerais les pré-modernes et les post-modernes.
00:56:36Pourquoi est-ce que
00:56:38les militants avant-gardistes
00:56:40d'extrême-gauche aiment
00:56:42les islamistes qui sont pré-modernes ? C'est la même
00:56:44histoire, c'est la même matrice. Et moi,
00:56:46je suis un moderne, je ne suis pas un post-moderne.
00:56:48C'est-à-dire, je crois aux Lumières, je crois
00:56:50à l'égalité entre les êtres humains,
00:56:52je crois à la dignité humaine, je crois à des principes
00:56:54qu'on voudrait parfois
00:56:56rendre réactionnaires. C'est ce que j'ai eu à vivre
00:56:58politiquement. Combien de fois, à l'Assemblée nationale,
00:57:00j'ai défendu tout simplement la laïcité
00:57:02et où on essayait de me déporter
00:57:04vers je ne sais quel
00:57:06extrémisme, alors que je suis tout simplement
00:57:08l'héritier de ce
00:57:10qui s'est dit à la Révolution française, de ce qui s'est dit...
00:57:12– Alors, Philippe Béliard, moi, ce que je trouve toujours dommage,
00:57:14c'est que vous êtes tellement plus intéressant quand vous
00:57:16quittez le pouvoir. Vous parlez tellement
00:57:18différemment.
00:57:20– Vous me disiez des choses comme ça quand j'étais ministre ?
00:57:22– Vous me disiez... En fait,
00:57:24la liberté de parole dont vous usez
00:57:26ce matin, je pense
00:57:28qu'elle serait intéressante
00:57:30pour les
00:57:32téléspectateurs, en fait pour les Français.
00:57:34– Souvenez-vous de toutes les
00:57:36polémiques qu'il y a eu pour des choses
00:57:38assez simples que j'ai eu à dire
00:57:40en toute liberté.
00:57:42– Par exemple ? – Quand j'ai dit
00:57:44le voile n'est pas souhaitable, par exemple,
00:57:46c'était un tsunami de critiques.
00:57:48– Mais alors, vous en fichez ?
00:57:50– Vous savez ce que ça peut faire ? Vous allez au combat.
00:57:52– Je l'ai fait. – Vous allez au combat.
00:57:54Quand, pour le coup, Yann Barthez
00:57:56dit que les interviews politiques n'ont aucun
00:57:58intérêt, il a raison, parce qu'il y a des éléments
00:58:00de langage. Aujourd'hui, vous n'en avez pas.
00:58:02Donc, vous êtes tel qu'en vous-même.
00:58:04Donc, c'est formidable. Après, on peut
00:58:06discuter. Et c'est pour ça que
00:58:08les hommes politiques ont un souci,
00:58:10mais je peux le comprendre, avec leurs communicants, etc.
00:58:12Là, vous dites les choses, vous dites la révolution.
00:58:14Vous avez dit, sur la
00:58:16cérémonie d'ouverture, ce que
00:58:1895% des gens pensent. Voilà.
00:58:20Il y a des choses bien, il y a des choses pas bien,
00:58:22elle doit être consensuelle, elle ne l'est pas, etc.
00:58:24Vous avez tout dit, avec beaucoup d'intelligence,
00:58:26et cette analyse est remarquable.
00:58:28Personne ne dit comme vous, dans le monde politique.
00:58:30Aujourd'hui. C'est formidable.
00:58:32Alors, vous avez Mme Oudéa
00:58:34Castelarac qui était formidable.
00:58:36Elle a vu La Vierge, ce jour-là, c'est merveilleux,
00:58:38etc. Donc, c'est insupportable.
00:58:40Non, mais c'est insupportable parce que
00:58:42elle n'est pas sincère.
00:58:44Et tout le monde, ça s'entend,
00:58:46la sincérité.
00:58:48Donc, je trouve ça dommage, et je trouve dommage
00:58:50que quand les gens quittent le pouvoir, ils disent des choses plus intéressantes
00:58:52que quand ils y sont.
00:58:54Philippe Bilger.
00:58:56Monsieur le ministre.
00:58:58J'ai lu
00:59:00votre livre, et je l'ai trouvé
00:59:02remarquable. Et je lis pratiquement
00:59:04tous les livres politiques qui paraissent.
00:59:06On s'en fiche. La question.
00:59:08Non, mais, si vous le percevez,
00:59:10comme Yo-Yo Kondo,
00:59:12oui, je ne demande même
00:59:14pas trois minutes.
00:59:16D'ailleurs, je ne les aurai.
00:59:18En réalité,
00:59:20j'aime votre livre
00:59:22à cause de sa sincérité,
00:59:24son exigence de vérité.
00:59:26Vous n'occultez pas l'essentiel.
00:59:28Mais est-ce que je peux vous demander,
00:59:30ma première question, est-ce qu'il y a
00:59:32des choses que vous n'avez pas dites, tout de même ?
00:59:34Non, je ne me suis
00:59:36pas auto-censuré. Après,
00:59:38si je disais tout, ça ferait 800 pages,
00:59:401000 pages, et c'est plus pour ces raisons-là
00:59:42que j'ai pu ne pas dire certaines choses.
00:59:44Peut-être que dans le futur, j'aurai encore...
00:59:46C'est sûr, Emmanuel Macron, par exemple, il n'a pas tout dit.
00:59:48Non, il n'y a pas. Il y a des choses aussi
00:59:50qui relèvent, par exemple,
00:59:52de ce qu'on fait en Conseil de Défense. Bien entendu,
00:59:54je ne le dis pas, etc.
00:59:56Rien qui aurait amélioré le livre
00:59:58pour autant. Et ma seconde question,
01:00:00vous faites des portraits très assis,
01:00:02très remarquables,
01:00:04de certaines personnalités,
01:00:06François Bayrou ou autres. Même
01:00:08Édouard Philippe n'en sort pas grandi.
01:00:10Est-ce qu'au fond
01:00:12et derrière tout cela, j'ai senti
01:00:14que vous n'aviez pas une grande estime
01:00:16pour la classe politique
01:00:18en général ? Est-ce que
01:00:20ce sentiment est... ?
01:00:22Non, je ne voudrais pas que ce soit cela qu'on retienne
01:00:24parce que d'abord, il y a aussi des portraits
01:00:26qui sont des portraits très positifs,
01:00:28de différentes personnalités.
01:00:30J'ai eu de véritables amitiés dans ce gouvernement
01:00:32et parfois, même les portraits que je préfère
01:00:34sont simplement balancés. Par exemple, vous citez
01:00:36Édouard Philippe. Je dis qu'il y a vraiment une double
01:00:38dimension. Nous avons tous sans doute
01:00:40des qualités et des défauts.
01:00:42Là, vous faites la langue de bois.
01:00:44Non, pas du tout.
01:00:46Là, vous retrouvez un peu la langue de bois.
01:00:48C'est qu'Édouard Philippe,
01:00:50entre l'image qu'il a et la réalité,
01:00:52visiblement, il y a un petit gap.
01:00:54On peut le dire comme ça.
01:00:56C'est ce que disent tous ceux qui le connaissent.
01:00:58C'est assez généralement que l'esprit partisan
01:01:00altère
01:01:02le sens de l'intérêt général.
01:01:04Je pense,
01:01:06c'est une des leçons du livre.
01:01:08J'essaye parfois d'en tirer des leçons
01:01:10plus générales, même intemporelles.
01:01:12Certaines choses que j'écris pourraient valoir
01:01:14pour la Grèce antique
01:01:16ou la Renaissance.
01:01:18Il y a des choses éternelles dans les sujets du pouvoir
01:01:20qui nous renvoient à des enjeux
01:01:22parfois psychologiques. Les caractères humains,
01:01:24ça compte. C'est pas une bonne nouvelle.
01:01:26Justement, ça, c'est intéressant, la psychologie.
01:01:28Emmanuel Macron, par exemple...
01:01:30Mon livre aide
01:01:32à comprendre justement...
01:01:34Vous diriez, par exemple, le procès qui lui est fait
01:01:36sur le côté enfant.
01:01:38Vous qui avez été prof.
01:01:40Est-ce que vous le validez ?
01:01:44C'est une question difficile.
01:01:46Parce que j'aurais tendance à dire
01:01:48qu'il est bon qu'un être humain, un homme, une femme,
01:01:50ait une part d'enfant en lui-même.
01:01:52Il a cette part d'enfant.
01:01:54Ce n'est pas que négativement qu'il l'a.
01:01:56C'est ce qui lui permet parfois d'être optimiste.
01:01:58C'est ce qui lui permet d'être volontariste.
01:02:00Il y a un côté...
01:02:02Il y a un côté...
01:02:04Capricant, comme on dit.
01:02:06Capricant, c'est-à-dire...
01:02:08C'est un mot cousin de capricieux, mais qui fait
01:02:10que vous changez parfois un peu de position.
01:02:12Précisément parce que vous avez...
01:02:14Parce que vous voulez que
01:02:16les choses aillent uniquement
01:02:18dans votre point de vue du jour.
01:02:20Et quel rôle a Brigitte Macron
01:02:22auprès de lui, selon vous ?
01:02:24A mes yeux, un bon rôle.
01:02:26Là aussi, justement, je fais un portrait
01:02:28de Brigitte Macron sur lequel je n'ai absolument
01:02:30pas changé d'avis. C'est-à-dire que c'est une femme
01:02:32que les Français peut-être ne connaissent pas suffisamment
01:02:34parce qu'elle est absolument remarquable
01:02:36à bien des égards. Pour moi, c'est le en même temps réussi Brigitte Macron.
01:02:38Elle est à la fois joyeuse et sérieuse.
01:02:40Elle est à la fois...
01:02:42Elle apporte de la légèreté dans tout cela,
01:02:44mais dans le bon sens du terme.
01:02:46Donc on aurait dû voter pour elle ?
01:02:48Elle aurait été une meilleure présidente de la République ?
01:02:50Je pense que comme d'autres épouses de présidents,
01:02:52elle a beaucoup de bon sens.
01:02:54C'est une femme de grand bon sens.
01:02:56Très simple aussi dans la façon
01:02:58d'interagir, etc.
01:03:00C'est une personne absolument remarquable.
01:03:02Est-ce que vous diriez qu'Emmanuel Macron aime les gens ?
01:03:06C'est une question
01:03:08qu'il faut lui poser à lui.
01:03:10En tout cas, il en donne le sentiment.
01:03:12Par contre, ce qui est important,
01:03:14c'est les loyautés au long cours.
01:03:16Pour moi,
01:03:18je n'ai jamais
01:03:20été dans la situation
01:03:22d'être loyal comme je l'ai été
01:03:24avec lui, de servir quelqu'un
01:03:26comme je l'ai fait à 100%,
01:03:28et du jour au lendemain, découvrir qu'en fait,
01:03:30cette loyauté est à son unique.
01:03:32Je pense que ça,
01:03:34quand on est chef, c'est un problème.
01:03:36En tant que ministre, j'ai toujours été
01:03:38en soutien de ceux qui travaillaient pour moi.
01:03:40Et dans ces cas-là,
01:03:42l'équipe donne tout quand vous faites ça.
01:03:44L'université, ce qui se passe
01:03:46à Toulouse, je voulais convoire ce sujet
01:03:48avec Deodre Bertheau, avec ce professeur de maths
01:03:50qui a pris la parole devant ses élèves.
01:03:52Vous nous direz, vous, comment
01:03:54vous agissez aujourd'hui ?
01:03:56Est-ce que c'est difficile justement les cours
01:03:58parce que les réseaux sociaux existent ?
01:04:00Mais voyez cette histoire ahurissante
01:04:02où vous avez un professeur qui prend fait et cause
01:04:04dans l'université,
01:04:06contre Israël
01:04:08et pour le Hamas.
01:04:10Écoutez.
01:04:12Désinformation, appel au boycott
01:04:14d'Israël. C'est entre ces murs
01:04:16qu'un professeur de mathématiques
01:04:18aurait tenu des propos polémiques
01:04:20ce mardi devant 200 étudiants.
01:04:22La revue scientifique de lundi 7, je ne sais pas
01:04:24si vous en avez entendu parler, c'est une revue scientifique
01:04:26de référence internationale
01:04:28en termes de santé.
01:04:30Elle est value à près de 200 000 morts
01:04:32début juillet.
01:04:34200 000 morts du côté palestinien.
01:04:36Je n'ai jamais vécu
01:04:38une telle boucherie. Je n'ai jamais connu ça.
01:04:40Je pense qu'une telle
01:04:42guerre à sens unique.
01:04:44Je pense à ce qui s'est passé pendant les Jeux olympiques
01:04:46où on a permis
01:04:48aux athlètes israéliens et israéliennes de concourir
01:04:50sous leur drapeau. C'est totalement malhonnête
01:04:52de dire que le responsable de ce qui se passe
01:04:54actuellement, c'est le Hamas.
01:04:56L'extrait sonore authentifié
01:04:58par CNews a été largement relayé
01:05:00sur les réseaux sociaux. Le directeur
01:05:02de la Toulouse School of Economics
01:05:04a pris la décision de suspendre ce professeur.
01:05:06Des propos choquants
01:05:08et inappropriés pour les élèves, selon
01:05:10le directeur de l'Union des étudiants juifs de France.
01:05:12Ces propos n'ont aucunement
01:05:14leur place dans une université. Personne
01:05:16ne pourrait considérer que le mandat
01:05:18qui a été donné à ce professeur-là
01:05:20pour enseigner des mathématiques
01:05:22puisse être bien utilisé
01:05:24en enseignant à ces étudiants-là
01:05:26uniquement
01:05:28finalement en leur servant
01:05:30une soupe de propagandistes
01:05:32avec des termes qu'on connaît,
01:05:34des fake news
01:05:36à n'en plus arrêter,
01:05:38des 200 000 morts, toujours cette volonté
01:05:40aussi de nazifier le juif en parlant
01:05:42de génocide. Et surtout
01:05:44en demandant à ces étudiants
01:05:46« Engagez-vous !
01:05:48Boycottez Israël ! »
01:05:50La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
01:05:52a réagi sur son compte X.
01:05:54Une enquête administrative va être menée
01:05:56par l'université qui rappelle
01:05:58l'obligation de neutralité et de réserve
01:06:00des agents publics.
01:06:02Au-deux d'Isotek, vous êtes professeure d'Université d'Odroit-Aument.
01:06:04On a le sentiment que l'université
01:06:06est phagocytée par une idéologie
01:06:08de gauche, voire d'extrême-gauche
01:06:10depuis de nombreuses années.
01:06:12Est-ce que c'est ce que vous vivez au quotidien ?
01:06:14Pas du tout.
01:06:16Je suis dans une faculté de droit.
01:06:18Ce n'est pas du tout phagocyté
01:06:20par la gauche.
01:06:22Il est possible que dans d'autres facultés ce soit le cas.
01:06:24Ça m'étonnerait
01:06:26que dans cette université
01:06:28à Toulouse, qui est donc
01:06:30une école de management,
01:06:32ce soit le cas à mon avis.
01:06:34On a découvert ce qui se passait à Sciences Po et ça nous a
01:06:36très surpris.
01:06:38C'est Sciences Po, une école de commerce.
01:06:40Également l'IEP de Lille.
01:06:42L'IEP de Grenoble.
01:06:44On a découvert
01:06:46des choses qui nous surprenaient.
01:06:48Ce que je souhaitais simplement
01:06:50vous dire, c'est que ça dépend
01:06:52des universités et surtout
01:06:54des facultés.
01:06:56Nous, enseignants juristes,
01:06:58nous ne sommes pas du tout du même style
01:07:00que certains de nos collègues
01:07:02mathématiciens par exemple.
01:07:04Ça se voit dans notre tenue.
01:07:06Monsieur le ministre pourra confirmer.
01:07:08Mes collègues
01:07:10ne sont pas habillés
01:07:12comme leurs homologues
01:07:14d'autres matières.
01:07:16Je pense que
01:07:18dans cette école
01:07:20à Toulouse, ce n'est pas massif.
01:07:22C'est d'ailleurs peut-être pour ça
01:07:24que c'est sorti sur les réseaux sociaux.
01:07:26Ça a dû étonner les étudiants.
01:07:28En tout cas, vous avez voulu être là ce matin.
01:07:30Pourquoi ne pas échanger avec le ministre,
01:07:32peut-être pour nous donner votre point de vue
01:07:34sur l'université et sur l'école,
01:07:36avoir une réflexion et pourquoi pas une question.
01:07:38Oui, tout à fait.
01:07:40L'université est dans un état catastrophique
01:07:42comme l'école,
01:07:44le lycée,
01:07:46le collège.
01:07:48Notre éducation en France
01:07:50ne tourne plus.
01:07:52Elle est effondrée.
01:07:54Je crois que c'est un constat
01:07:56qui est largement partagé.
01:07:58Il n'y a pas assez de moyens.
01:08:00C'est le problème essentiel.
01:08:02Si nous avions plus de moyens,
01:08:04déjà ça pourrait aller peut-être
01:08:06mieux à tout point de vue.
01:08:08Une question au ministre.
01:08:10Il y a vraiment quelque chose
01:08:12qui me tient beaucoup à cœur.
01:08:14C'est la liberté.
01:08:16Ça fait partie de notre devise républicaine.
01:08:18Pourquoi avoir
01:08:20ôté aux parents
01:08:22la liberté
01:08:24d'éduquer leurs enfants
01:08:26en famille ?
01:08:28Très bien.
01:08:30Je réponds aux deux aspects de votre intervention.
01:08:32Sur le premier point,
01:08:34je crois que nous ne gagnons rien
01:08:36à avoir un portrait totalement
01:08:38schématique
01:08:40de la situation scolaire ou de l'enseignement supérieur.
01:08:42C'est très hétérogène.
01:08:44Vous connaissez
01:08:46PEARLS ?
01:08:48Il y a trois classements internationaux
01:08:50qui sont d'égale importance.
01:08:52PEARLS
01:08:54et TEAMS.
01:08:56PEARLS,
01:08:58c'est les élèves de 15 ans.
01:09:00PEARLS,
01:09:02c'est le niveau de lecture des élèves de 8 ans.
01:09:04Dans les cinq années qui vont
01:09:06de 2016 à 2021,
01:09:08où il y a eu la traversée de la crise sanitaire,
01:09:10il y a deux pays au monde
01:09:12dont le niveau de lecture des élèves de 8 ans
01:09:14ont progressé, c'est la France et le Portugal.
01:09:16Pas une chaîne
01:09:18de télévision, pas un journal n'a parlé de cela.
01:09:20On parle de PISA, mais PISA c'est 15 ans.
01:09:22Je ne prétends pas que les mesures
01:09:24que nous avons prises aient déjà un effet
01:09:26sur les élèves de 15 ans mesurés vers 2021.
01:09:28Donc ce n'est pas catastrophique.
01:09:30Pour ceux qui nous écoutent,
01:09:32ils ont des expériences
01:09:34et positives et négatives de ce qui se passe à l'école.
01:09:36Ils disent tous la même chose.
01:09:38Non, tout le monde ne dit pas la même chose.
01:09:40Au début, vous m'avez parlé du dédoublement des classes.
01:09:42Je peux vous dire que ça touche 400 000 enfants par an.
01:09:44Sur la grammaire, l'écriture,
01:09:46le vocabulaire et la culture générale,
01:09:48il y a consensus pour constater
01:09:50que c'est globalement un drame.
01:09:52Je suis le premier à le dire.
01:09:54Oui, mais c'est invraisemblable puisqu'on avait
01:09:56la meilleure école du monde.
01:09:58Vous changez ça en une année.
01:10:00Si vous voulez, j'ai été dans la situation
01:10:02et nous y sommes encore,
01:10:04où par rapport à une situation
01:10:06qui en effet est une situation de déclin,
01:10:08je suis le premier à le dire.
01:10:10Par exemple, si vous prenez le niveau de mathématiques
01:10:12ou de français, en effet, il y a sur 30 ans un déclin.
01:10:14Je le dis, il n'y a aucun problème.
01:10:16Il y a 500 heures de moins par étude sur une scolarité.
01:10:18Mais nous avons pris toute une série de mesures.
01:10:20Vous avez vous-même salué le dédoublement des classes.
01:10:22Nous avons par exemple reformé l'immense majorité
01:10:24des professeurs des écoles en français et en mathématiques.
01:10:26C'est une situation de début d'année qui permet
01:10:28de documenter ce que je suis en train de vous dire.
01:10:30C'est-à-dire, en début d'année,
01:10:32et d'ailleurs ça va être le moment dans quelques jours,
01:10:34les élèves de CP, de CE1, de CM1, de 6e, de 4e,
01:10:36de 2e sont mesurés quant à leur niveau.
01:10:38Et ça permet toute l'année de personnaliser
01:10:40ce que vous disiez tout à l'heure,
01:10:42le parcours de l'élève.
01:10:44Je ne vous dis pas que du jour au lendemain
01:10:46tout s'est amélioré.
01:10:48Celui qui dirait que je l'améliore du jour au lendemain
01:10:50dirait une erreur.
01:10:52C'est pour ça qu'il faut avoir le sens du long terme,
01:10:54ne pas être dans les discours.
01:10:56Par exemple, ce serait absurde de caricaturer
01:10:58mon discours en disant, il dit tout va très bien
01:11:00madame la marquise. Je ne dis pas ça.
01:11:02La liberté.
01:11:04Sur la liberté, vous faites référence
01:11:06au fait que dans la loi de 2019,
01:11:08nous avons installé
01:11:10l'instruction obligatoire à 3 ans.
01:11:12Elle était auparavant, depuis Jules Ferry,
01:11:14à 6 ans. Autrement dit, nous avons rendu
01:11:16l'école maternelle obligatoire.
01:11:18Or, il y a des familles qui préféraient
01:11:20garder leurs enfants jusqu'à l'âge de 6 ans.
01:11:22On s'en représentait environ 20 000 enfants
01:11:24avant la loi, un peu plus.
01:11:26Il faut bien voir que lorsque vous êtes
01:11:28une famille favorisée culturellement,
01:11:30ceci peut faire éventuellement sens.
01:11:32En revanche, un enfant
01:11:34qui ne va pas à l'école jusqu'à l'âge de 6 ans
01:11:36et qui n'a pas un contexte favorable
01:11:38va avoir un handicap pour la vie.
01:11:40C'est totalement démontré.
01:11:42Donc nous avons en quelque sorte sauvé des enfants.
01:11:44Mais c'est la situation dans laquelle
01:11:46on est dans beaucoup de...
01:11:48Madame Denisot n'est pas d'accord avec ça.
01:11:50Et puis après, Gérard Carreau qui n'a pas parlé.
01:11:52Ce n'était pas ma question.
01:11:54Ma question portait sur l'instruction
01:11:56en famille et la situation
01:11:58aujourd'hui de centaines de parents
01:12:00qui se sont vus opposer
01:12:02un refus d'érectorat
01:12:04et qui ne peuvent pas instruire
01:12:06leurs enfants en famille alors qu'ils le faisaient
01:12:08jusqu'à présent et qu'ils avaient eu
01:12:10des inspections positives.
01:12:12On a un inspecteur...
01:12:14Je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas un sujet.
01:12:16C'est vraiment un sujet. Pardonnez-moi.
01:12:18Je reviens sur le sujet des évaluations
01:12:20et de Perles
01:12:22parce qu'il y a aussi TIMSS.
01:12:24TIMSS 2019.
01:12:26C'est pareil, les médias n'en parlent pas.
01:12:28On évalue qui ? Des enfants de CM1
01:12:30en mathématiques.
01:12:32La France est la dernière
01:12:34de l'Union Européenne
01:12:36et loin derrière
01:12:38les autres.
01:12:40Ça c'est plus intéressant quand même.
01:12:42Vous parlez de TIMSS 2019.
01:12:44Il va y avoir TIMSS 2024
01:12:46dans quelques mois.
01:12:48Monsieur le ministre,
01:12:50moi je ne vous reproche pas
01:12:52seulement à vous certaines choses.
01:12:54Je fais le procès
01:12:56de l'éducation nationale
01:12:58de ces cadres depuis les années
01:13:001980. Ça fait très
01:13:02longtemps que les choses vont mal.
01:13:04Ce n'est pas...
01:13:06Le pédagogisme, etc.
01:13:08Tout ce dont on a parlé.
01:13:10Gérard voulait peut-être faire un...
01:13:12Juste un mot.
01:13:14Vous l'avez effleuré d'ailleurs.
01:13:16On connaît vos positions
01:13:18sur l'islamo-gauchisme
01:13:20et sur un certain nombre de domaines.
01:13:22Vous les avez démontrées par vos actions.
01:13:24Par contre, souvent,
01:13:26on doute des positions
01:13:28sur les mêmes sujets du Président
01:13:30de la République.
01:13:32On y sent souvent des sincérités
01:13:34pour le moins successives et différentes.
01:13:36Est-ce que vous avez vous-même...
01:13:38Vous l'avez effleuré. Est-ce que vous avez
01:13:40vous-même l'impression
01:13:42qu'il penche différemment ?
01:13:46Il y a eu un moment
01:13:48très important qui a été le discours
01:13:50des Mureaux en octobre 2020
01:13:52qui, à mes yeux, aurait dû être
01:13:54la ligne droite des deux
01:13:56quinquennats. Ce discours
01:13:58a mis un peu de temps à être forgé
01:14:00et fixé. C'est néanmoins
01:14:02probablement un des discours les plus républicains
01:14:04d'un Président sous la Vème République
01:14:06avec à la clé des mesures concrètes pour essayer
01:14:08de lutter contre notamment
01:14:10l'islamisme politique et aussi
01:14:12les ingérences étrangères en ces matières.
01:14:14Donc, si vous voulez, pour moi,
01:14:16la ligne claire, la colonne
01:14:18vertébrale, elle a été définie à un moment donné
01:14:20par Emmanuel Macron. Est-ce que
01:14:22cette ligne a ensuite été suivie parfaitement
01:14:24depuis 2020 ? En réalité,
01:14:26sur beaucoup de points, oui. Il y a eu, par exemple,
01:14:28la loi pour conforter les principes de la République
01:14:30qui, quand même, va plus loin que tout ce qui a été
01:14:32fait précédemment. Par exemple, quand on contrôle
01:14:34le fait que les associations
01:14:36qu'on subventionne respectent les principes
01:14:38de la République. Mais
01:14:40c'est plutôt dans le domaine, je dirais, des symboles,
01:14:42des messages, qu'on a
01:14:44senti parfois ce fassaïment que
01:14:46vous évoquez. Or, c'est un sujet
01:14:48qui réclame une très grande
01:14:50clarté. Effectivement,
01:14:52il ne brille pas par cette très
01:14:54grande clarté, mais le discours de Emuro
01:14:56était formidable. Et c'est tout le problème avec Emmanuel Macron,
01:14:58c'est que tu as envie de t'enthousiasmer. Vous avez parlé
01:15:00parfois de gâchis. Moi, c'est le sentiment que j'ai avec
01:15:02Emmanuel Macron. C'est d'un grand gâchis
01:15:04qu'il y a beaucoup d'éléments positifs.
01:15:06C'est comme un grand joueur en sport
01:15:08qui aurait tout pour gagner. Et finalement,
01:15:10pour des futilités, ou des choses
01:15:12qui nous paraissent étonnantes,
01:15:14ne gagne pas, alors que ce serait si simple
01:15:16qu'il puisse précisément
01:15:18gagner. Tandis que j'écris ces lignes,
01:15:20écrivez-vous, par exemple, une dissolution à l'inspiration irrationnelle,
01:15:22au tempo hasardeux
01:15:24et aux conséquences graves a été décidée par l'homme
01:15:26qui avait suscité tant d'espérance,
01:15:28comme si un mauvais génie avait décidé
01:15:30de subvertir les choses par le
01:15:32truchement de celui-là même qui
01:15:34portait l'espérance, tel un ange
01:15:36déchu de la politique, Emmanuel Macron
01:15:38s'est mis à porter une lumière noire.
01:15:40J'ai vu venir ce renversement. Il a
01:15:42causé mon départ du gouvernement.
01:15:44Alors d'abord, c'est une écriture remarquable.
01:15:46Votre formation,
01:15:48c'est professeur de...
01:15:50Je suis un collègue de Madame, je suis professeur de
01:15:52droit public. Oui, donc vous n'êtes pas professeur
01:15:54de français, mais vous êtes un littéraire.
01:15:56De philosophie. Voilà.
01:15:58Je ne sais pas si vous écrivez d'ailleurs
01:16:00d'une traite, ou si vous travaillez beaucoup votre
01:16:02texte, si vous reprenez beaucoup. Ah oui, oui, je reprends mon texte,
01:16:04bien sûr. Oui ? Beaucoup ? Vous avez beaucoup
01:16:06travaillé, par exemple, sur ce texte ? Bah, surtout, j'ai
01:16:08travaillé au long cours, c'est-à-dire que j'ai écrit
01:16:10les textes comme ceux-là, viennent, vous savez,
01:16:12chacun à sa façon de
01:16:14faire, mais moi, de temps en temps,
01:16:16des lignes me viennent, si vous voulez, donc je les écris
01:16:18quand elles me viennent. Là, en tout cas, c'est
01:16:20très précis, et puis il y a ce sentiment
01:16:22qu'on partage tous avec
01:16:24Emmanuel Macron, c'est qu'au fond,
01:16:26on aurait aimé l'aimer, si j'ose
01:16:28dire, ou on aimerait l'aimer.
01:16:30Et puis, manifestement, il fait des choses, d'ailleurs, vous dites
01:16:32des coups tordus, de temps en temps.
01:16:34C'est quoi un coup tordu ?
01:16:36C'est quand la ligne n'est pas
01:16:38complètement droite, c'est quand la dissolution
01:16:40évidemment, entre
01:16:42dans cette catégorie. Aujourd'hui,
01:16:44qu'est-ce qu'il doit faire, à votre avis ? Vous qui le connaissez bien,
01:16:46est-ce que vous pensez qu'il peut démissionner ?
01:16:48En tout cas, c'est pas du tout
01:16:50le souhait que je formule, je veux pas ajouter ma voix
01:16:52à ceux qui... C'est pas ma question.
01:16:54Est-ce que vous pensez que sa psychologie
01:16:56lui l'amènera,
01:16:58pourquoi pas, à démissionner ?
01:17:00Honnêtement,
01:17:02je ne peux pas me prononcer là-dessus,
01:17:04on est trop à sonder les
01:17:06reins et les cœurs. Je pense surtout qu'aujourd'hui,
01:17:08on a besoin de stabilité, ainsi que...
01:17:10Oui, mais il n'a plus de... C'est quoi sa marge de manœuvre ?
01:17:12La marge de manœuvre, c'est d'être vraiment
01:17:14serviteur de l'intérêt général. C'est-à-dire qu'il a
01:17:16deux choses à faire. Une de grande
01:17:18implication, et une de grande désimplication.
01:17:20La grande implication, c'est bien choisir le Premier
01:17:22ministre, et c'est tout à fait son droit
01:17:24de chercher
01:17:26la personne qui va
01:17:28réussir à aller justement au-delà des partis
01:17:30pour unir les Français. Une fois qu'il aura
01:17:32nommé cette personne, cette personne doit être
01:17:34extrêmement indépendante du Président de la République,
01:17:36et les Français doivent le comprendre.
01:17:38Mais il en est incapable
01:17:40de se désengager, de se désimpliquer.
01:17:42C'est ce que je dis, d'une certaine
01:17:44façon, c'est-à-dire que ça lui est difficile,
01:17:46mais il faut qu'à la fois
01:17:48on lui reconnaisse tous ses droits
01:17:50constitutionnels, en l'occurrence ceux reconnus
01:17:52par la Constitution
01:17:54qui lui permettent de nommer le Premier ministre,
01:17:56mais que vraiment
01:17:58le fait de la défaite de l'élection législative
01:18:00soit parfaitement reconnue, et que donc
01:18:02la nouvelle personnalité doit clairement
01:18:04être la personne qui gouverne.
01:18:06Mais sauf qu'il n'y a pas de cette personnalité, ce mouton à cinq pattes
01:18:08n'existe plus. Pas parce que qui n'est pas
01:18:10censurable dans cette
01:18:12assemblée ? La personne qui ne sera pas censurable, à mes yeux,
01:18:14même si l'équation est très
01:18:16difficile, c'est la personne qui suscitera
01:18:18un enthousiasme suffisant
01:18:20par son parcours, et surtout par les paroles
01:18:22qu'elle prononcera sitôt nommées
01:18:24autour des quatre ou cinq thèmes dont les Français ont besoin,
01:18:26et qui suscitera un tel
01:18:28élan de popularité
01:18:30que les partis politiques
01:18:32ne se sentiront pas en situation
01:18:34de censurer. Ce que je dis,
01:18:36c'est hypothétique, je ne dis pas que ça va arriver forcément,
01:18:38mais je ne vois que cela
01:18:40comme porte de sortie positive.
01:18:42Et si on se projette en 2027 entre
01:18:44Marine Le Pen et Édouard
01:18:46Philippe, s'ils arrivent en finale, vous votez pour qui ?
01:18:48Pour Édouard Philippe, bien sûr.
01:18:50Et vous serez avec lui,
01:18:52vous aurez un engagement politique ces prochaines
01:18:54années où vous allez retourner, aujourd'hui
01:18:56vous êtes retourné dans votre premier métier.
01:18:58Absolument. Je pense que c'est important, vous savez, d'avoir un métier
01:19:00dans la vie, et si
01:19:02on prend une mission politique, j'ai une
01:19:04philosophie un peu à l'antique là aussi, c'est-à-dire
01:19:06je pense que c'est bien de savoir cultiver
01:19:08ses champs, avoir un métier.
01:19:10Est-ce que la politique c'est fini ?
01:19:12Non, ce n'est pas fini, mais ce n'est pas une fin en soi.
01:19:14Et quel homme vous donne envie aujourd'hui ?
01:19:16Justement, je ne raisonne pas comme ça.
01:19:18Je raisonne, vous voyez, j'ai créé
01:19:20le laboratoire de la République pour
01:19:22réfléchir avec... L'incarnation,
01:19:24ça existe ? Oui, bien sûr, mais l'incarnation...
01:19:26Elle est importante, l'incarnation en France.
01:19:28On a souffert souvent de mettre le qui avant le quoi
01:19:30dans les décennies précédentes.
01:19:32Il n'y a pas un homme qui vous fait rêver ? Ou une femme ?
01:19:34Le but n'étant pas de rêver,
01:19:36même s'il ne faut pas être que dans la raison,
01:19:38il faut... Qui donne envie.
01:19:40Il faut avoir quatre ou cinq idées,
01:19:42mettons cinq, fondamentales
01:19:44sur les enjeux du pays, l'équilibre des comptes publics
01:19:46par exemple en état, la restauration
01:19:48de l'autorité de l'État, les enjeux de la transformation
01:19:50écologique et de la qualité de la vie,
01:19:52l'égalité des territoires, c'est un sujet fondamental.
01:19:54Comment est-ce qu'on réussit à réenchanter
01:19:56la campagne française aujourd'hui
01:19:58avec tous les sujets, pas seulement
01:20:00de services publics, mais de démographie, d'économie,
01:20:02etc. Ce sont des sujets auxquels je réfléchis
01:20:04avec d'autres. Je pense que c'est très important
01:20:06qu'on réussisse à les cristalliser. Et le moment venu,
01:20:08ils seront apportés par
01:20:10quelqu'un. Et je pense que les Français
01:20:12voteront pour cette personne, parce qu'ils verront que
01:20:14cette personne n'a pas cherché spécialement
01:20:16à être président de la République.
01:20:18C'est ça, le sujet ne doit pas être
01:20:20d'être obnubilé par l'élection présidentielle.
01:20:22En tout cas, c'est un plaisir de vous écouter. On a pris
01:20:24beaucoup de temps, vraiment.
01:20:26J'espère que nous n'aurons pas été
01:20:28que dans une discussion du temps.
01:20:30Non, je n'ai pas dit ça pour être désagréable.
01:20:32C'est rare qu'on basse une heure
01:20:34sur des sujets.
01:20:36Moi, je trouve que c'est intéressant, parce que je trouve,
01:20:38si vous me permettez, que vous méritez de vous écouter.
01:20:40Merci. Votre pensée,
01:20:42votre parole, votre écriture
01:20:44n'est pas si fréquente
01:20:46dans la vie politique. Et votre position,
01:20:48votre posture, votre hauteur de vue aussi
01:20:50n'est pas si fréquente.
01:20:52Donc, on a le sentiment que ce que vous dites est intéressant.
01:20:54On peut le contester.
01:20:56J'espère que les téléspectateurs auront été
01:20:58sur cette ligne et auront pris le plaisir
01:21:00que nous avons eu à vous écouter.
01:21:02Somaïa Labidi nous rappelle les titres.
01:21:07Il a changé d'avis. Vladimir Poutine
01:21:09affirme que la Russie est prête à des
01:21:11négociations avec l'Ukraine pour
01:21:13parler avec Kiev sur la base de ceux du
01:21:15printemps 2022, si toutefois
01:21:17l'Ukraine le demande.
01:21:19Les policiers m'ont sauvé la vie.
01:21:21Déclaration de Gisèle Pellicot, la victime
01:21:23principale au procès des viols de maçons
01:21:25et qui, pendant une dizaine d'années,
01:21:27a été droguée et livrée à des hommes par son
01:21:29propre mari. Au total, une cinquantaine
01:21:31de suspects font face à la justice
01:21:33depuis lundi. Et puis,
01:21:35résultat sans appel de notre sondage
01:21:37CSA pour CNews Europe 1 et le JDD.
01:21:39Quelle que soit la sensibilité politique
01:21:41à gauche comme à droite, la majorité
01:21:43des personnes interrogées estiment que
01:21:45la justice est laxiste.
01:21:47On va terminer avec les prénoms les plus donnés,
01:21:49l'officiel des prénoms. Vous avez combien d'enfants ?
01:21:51Quatre.
01:21:53Je peux connaître les prénoms ?
01:21:55Non, je ne les donne pas.
01:21:57Parce que, par exemple,
01:21:59les prénoms les plus donnés
01:22:01c'est le classement
01:22:032025. Ambre,
01:22:05Louise, Alba, Jade, Alma,
01:22:07Emma, Rose, Romy, Eva, Alice.
01:22:09Est-ce que, parmi vos enfants,
01:22:11il y a une fille
01:22:13qui a un de ces prénoms ?
01:22:15Aucun. Et alors, chez les garçons, Gabriel,
01:22:17Raphaël, Léo, Maël, Louis,
01:22:19Noah, Adam, Jules, Eden
01:22:21et Arthur.
01:22:23Là, il y a un petit Arthur
01:22:25manifestement.
01:22:27Ce qui est intéressant, c'est aussi, par exemple, dans l'Aveyron,
01:22:29les prénoms ne sont pas les mêmes qu'en Seine-Saint-Denis.
01:22:31En Seine-Saint-Denis, par exemple,
01:22:33les prénoms les plus donnés, Nour,
01:22:35Inaya, Aïcha, Mariam,
01:22:37Alia, Lina, Aya, Amina,
01:22:39Fatima, Fatoumata.
01:22:41Ça, c'est pour les filles. Et pour les garçons,
01:22:43Mohamed, Ibrahim, Adam, Imran,
01:22:45Isaac, Ismaël,
01:22:47Issa, Gabriel, Moussa et Ryan.
01:22:49Ça, c'est en
01:22:51Seine-Saint-Denis. Mais par exemple,
01:22:53en Aveyron, c'est Jade,
01:22:55Louise, Mia, Agathe, Alba,
01:22:57Ambre, Zoé, Julia, Adèle,
01:22:59Romy. Et chez les garçons, c'est Gabriel,
01:23:01Léo, Jules, Maël, Louis, Gabin,
01:23:03Léon, Noah, Raphaël,
01:23:05Arthur.
01:23:07Et quoi ?
01:23:09Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
01:23:11Ça enclenche quel débat
01:23:13derrière ?
01:23:15Je ne sais pas, je vous pose la question.
01:23:17Je n'y vois pas un problème.
01:23:19Mais moi non plus.
01:23:21C'est le rôle de classement.
01:23:23Non, c'est parce que
01:23:25ce n'est pas la même réalité sociale,
01:23:27de peuplement, on le sait.
01:23:29Ce n'est pas la même réalité de peuplement ?
01:23:31Oui, parce qu'il y a des
01:23:33politiques du logement.
01:23:35Vous avez moins, certainement,
01:23:37de quartiers
01:23:39prioritaires en Aveyron
01:23:41que en Seine-Saint-Denis.
01:23:43Différemment, M. le ministre,
01:23:45est-ce que des prénoms
01:23:47qui sont d'origine
01:23:49étrangère, qui sont massivement
01:23:51donnés dans un territoire
01:23:53de la République,
01:23:55signifient à vos yeux
01:23:57quelque chose ?
01:23:59Évidemment, bien sûr.
01:24:01Il faut regarder les choses en face.
01:24:03Il ne faut jamais se cacher derrière le petit doigt.
01:24:05La Seine-Saint-Denis, c'est un département
01:24:07d'arrivée de l'immigration.
01:24:09Vous savez, j'ai travaillé en Seine-Saint-Denis
01:24:11puisque j'étais recteur de l'Académie de Créteil
01:24:13qui englobe trois départements, dont la Seine-Saint-Denis.
01:24:15C'est un département que je connais bien
01:24:17et que j'ai vu évoluer tout au long
01:24:19des années.
01:24:21Ce qui se passe très souvent en Seine-Saint-Denis,
01:24:23c'est que quand vous commencez à réussir socialement,
01:24:25et ça arrive souvent, fort heureusement,
01:24:27vous empartez.
01:24:29Il y a un côté sass
01:24:31de la Seine-Saint-Denis
01:24:33qui est très fort et qui fait qu'il y a
01:24:35une particularité de ce département
01:24:37qui est tout sauf stagnant,
01:24:39parce que la population évolue,
01:24:41les gens évoluent socialement.
01:24:43Il y a eu ce qu'on appelle la gentrification.
01:24:45On le voit au moment des Jeux Olympiques.
01:24:47Il y a des endroits de Seine-Saint-Denis
01:24:49qui ne posent aucun problème d'intégration.
01:24:51C'est cette particularité
01:24:53de la Seine-Saint-Denis
01:24:55qui doit être regardée.
01:24:57Avec beaucoup de pauvreté,
01:24:59avec de l'assignation à résidence dans certains quartiers,
01:25:01les gens ne peuvent pas en sortir aussi.

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