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Matignon : Pourquoi le RN est-il redevenu l’arbitre ?
Wanted budget : 110 milliards à trouver en quatre ans !

Autour de Salhia Brakhlia et de Renaud Dély, les informés débattent de l'actualité du jeudi 5 septembre.

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00:00Les informer tous les matins jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé avec Renaud Dely, bonjour Renaud.
00:14Bonjour Salia.
00:15Et aujourd'hui autour de la table, nous avons Pauline Tévenier, journaliste politique au Parisien, aujourd'hui en France. Bonjour Pauline.
00:20Bonjour.
00:20Et à vos côtés, Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvel Obs. Bonjour Sylvain.
00:24Bonjour.
00:25Renaud Dely, on le voit depuis quelques jours, Marine Le Pen, elle aussi a décidé d'imposer ses conditions dans le choix du prochain Premier Ministre.
00:32Et oui, parce que rappelons-le, il faut quand même le rappeler, 51 jours, toujours pas de Premier Ministre de plein exercice.
00:37Et voici que l'influence du RN semble peser de plus en plus sur les hésitations d'Emmanuel Macron.
00:43Pourquoi ? Parce qu'on le sait, le chef de l'État cherche un Premier Ministre qui ne serait pas censuré d'emblée par l'Assemblée Nationale.
00:50Il a même testé, d'ailleurs c'était mardi soir auprès de Marine Le Pen par téléphone, les noms de Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand.
00:56La chef de file de l'extrême droite lui a confirmé que le RN censurerait l'un comme l'autre, considéré comme des adversaires du RN par Marine Le Pen.
01:05Un nouveau nom a surgi hier, celui de l'ancien ministre et ancien commissaire européen Michel Barnier.
01:12Alors est-ce que Michel Barnier pourrait finalement ne pas rassembler une motion de censure mêlant la gauche et le RN contre lui ?
01:22Voici la réponse ce matin chez nos amis et confrères de France Inter de Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme.
01:29On censurerait en fait toute personne qui consiste à ruiner encore davantage la France.
01:34Et d'ailleurs, ça fait effectivement beaucoup de monde et surtout quand on fait du Jurassic Park en permanence, c'est-à-dire aller rechercher des fossiles à qui on essaie de redonner vie.
01:42Donc M. Barnier est non seulement fossile mais fossilisé de la vie politique.
01:47Tout ce qu'il a pu faire est un échec. Il pense tout et le contraire de tout et surtout rien du tout.
01:52Bref, c'est pas très bien parti. Visiblement les 126 députés RN censuraient aussi l'hypothèse Michel Barnier qui était pourtant mise en avant jusqu'à présent dans l'entourage du chef de l'État depuis hier.
02:02Alors est-ce qu'il y a une solution qui permet d'éviter la censure du RN et de ses supplétifs siotistes, les 17 députés d'Éric Ciotti ?
02:11Et pourquoi est-ce que finalement la voix, l'influence du RN semble devenue aussi prépondérante dans ce contexte ?
02:18Michel Barnier, nouvelle personnalité du DLR, Les Républicains, nouvelle personnalité de droite et citée.
02:24Oui absolument, c'est vraiment l'option qui tenait la corde ce matin très tôt.
02:29Depuis hier soir et jusqu'à ce matin très tôt à l'Elysée, les proches du Président en coulisses disaient que ça leur semblait être finalement la solution idoine
02:39parce qu'il a une ligne compatible avec celle du Président de la République qui permet de faire une coalition avec les LR et surtout ils étaient convaincus qu'ils n'étaient pas menacés de censure.
02:50Jean-Philippe Tanguy vient de ruiner toute cette belle construction et ça va être un bon test finalement aujourd'hui.
02:58Est-ce qu'après cette déclaration, Emmanuel Macron renonce à nommer Michel Barnier ?
03:05Ce serait le Xème candidat qu'il renoncerait à nommer cette semaine et notamment sous la menace d'une censure avec les voix du RN.
03:14Donc ça va être intéressant de voir et là on pourra mesurer réellement le pouvoir de nuisance du RN dans cette affaire.
03:24Qu'Emmanuel Macron prenne en compte la position du RN sur le choix du prochain Premier ministre, c'est normal ?
03:32C'est surtout la volonté de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Dans un premier temps, ils ont voulu se montrer un peu responsables.
03:39Ils ont laissé dire qu'ils pourraient s'accommoder d'un Premier ministre de centre-gauche, de centre-droite et puis finalement ils ont révisé leur stratégie.
03:47Puisque personne n'est vraiment responsable dans cette affaire, c'est quand même là on le voit avec les propos de Jean-Philippe Tanguy qui fait baisser d'un cran encore le débat.
03:55Pas très élégant ? Non, pas très élégant dans la formulation et la formulation ça compte.
04:01Personne n'a gagné cette juillet mais personne n'a perdu. Elle a quand même 143 députés. Elle tient là le moyen d'une sacrée revanche.
04:09Une revanche contre le Front républicain en zigouillant toutes les têtes qui pourraient émerger pour Matignon et puis une revanche surtout contre Emmanuel Macron.
04:17Parce qu'elle le met dans une situation impossible à chaque fois qu'il sort un nom dans la demi-heure ou dans l'heure.
04:25Mais la question qui peut se poser c'est est-ce qu'Emmanuel Macron peut faire sans l'avis du RN ?
04:29Il n'a pas le choix puisqu'il n'y a plus de Front républicain. C'est-à-dire que la question n'est pas de savoir si c'est normal ou pas normal que le RN pèse sur le choix du Premier ministre.
04:37C'est que c'est devenu inévitable. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que l'extrême-droite a perdu au deuxième tour de l'élection législative ?
04:42Parce qu'il y a un Front républicain qui s'est mis en place et effectivement le centre, la gauche, la droite ont accepté de s'entendre pour repousser le péril qu'elles considéraient comme un péril de l'extrême-droite.
04:52Même chose d'ailleurs lors de la désignation des postes à responsabilité à l'Assemblée nationale.
04:56Mais ce qui a fonctionné pour battre le RN dans les urnes et pour marginaliser ses représentants au palais Bourbon ne fonctionne plus.
05:03Dès lors que de part et d'autre, il n'y a pas de tentative de compromis.
05:06C'est-à-dire que le Front républicain, si on ne le traduit pas dans une majorité parlementaire qui consiste à s'entendre entre centre, droite et gauche et donc a fortiori dans un gouvernement,
05:15s'il n'y a plus de Front républicain, les 126 députés RN plus leurs 17 alliés siotistes retrouvent évidemment un rôle décisif.
05:24Donc tant qu'il n'y aura pas de Front républicain qui se traduira par un compromis, qui se traduirait donc par une alliance entre droite et gauche au niveau de l'Assemblée nationale ou au niveau du gouvernement,
05:33et au niveau du gouvernement, c'est effectivement Marine Le Pen qui de fait devient en quelque sorte la faiseuse de roi ou au contraire le bourreau qui peut baisser le pouce.
05:42Ce qu'elle fait évidemment sur Xavier Bertrand, parfois ce qui est assez étonnant du côté de l'Elysée, c'est qu'on a l'impression d'une certaine naïveté.
05:49C'est-à-dire que Xavier Bertrand évidemment si on additionne les 193 députés du Nouveau Front populaire et les 126 du RN, il est censuré immédiatement.
05:57Et le contentieux est tel avec Marine Le Pen que Xavier Bertrand serait censuré sans aucun doute.
06:02Il y a probablement un doute sur Bernard Cazeneuve parce que est-ce que toute la gauche censurait Bernard Cazeneuve ?
06:07Probablement pas, on n'imagine pas que François Hollande par exemple vote la motion de censure qui viserait Bernard Cazeneuve.
06:13Donc est-ce que Bernard Cazeneuve pourrait lui passer en quelque sorte ce test malgré la censure du RN ?
06:20Le RN censurerait, là-dessus il y a un doute peut-être.
06:22Mais en tout cas Xavier Bertrand, sa position semble beaucoup plus fragile.
06:24Quant à Michel Barnier, effectivement en entendant Jean-Philippe Tanguy qui n'est pas Marine Le Pen, certes.
06:28Marine Le Pen ne s'est pas encore exprimée.
06:30On peut s'attendre à ce que l'addition là aussi gauche plus RN censure éventuellement Michel Barnier.
06:35Ce qui n'est pas très étonnant au regard du parcours politique très europhile jusqu'à il y a peu de temps de Michel Barnier.
06:41A cette place il y a quelques minutes, Marine Tondelier, la patronne des écologistes, disait c'est pas normal.
06:46Elle l'a eu, le président de la République au téléphone avant hier soir.
06:49Elle disait c'est pas normal, il a décidé de se pencher vers la droite.
06:52Donc en fait son choix se fera en fonction de la droite et pas du tout en fonction de la gauche alors que le NFP est arrivé en tête.
06:58Ça comment Emmanuel Macron va pouvoir l'expliquer aux Français si on arrive avec un Premier ministre de droite ?
07:04Eh bien il expliquera, c'était tout l'objet du premier rang des négociations qu'il avait mené
07:08et qui était un peu conçu comme une sorte de petite mise en scène de pièce de théâtre
07:12qui était de montrer que hors NFP tous les autres groupes censuraient immédiatement un gouvernement.
07:18Alors d'abord avec des ministres LFI puis après la démonstration que de toute façon c'était le programme du NFP qu'il voulait censurer.
07:25Donc il a cet argument là dans la poche.
07:28Sur le RN, je voudrais noter un retournement quand même de situation.
07:31C'est-à-dire qu'il y a quelques semaines avant d'entamer ces négociations,
07:34Emmanuel Macron était convaincu que Marine Le Pen n'irait pas jusqu'à censurer, jusqu'à faire tomber un gouvernement.
07:40Les proches des lieutenants d'Emmanuel Macron, alors lui-même n'aborde pas cette hypothèse,
07:45mais disaient qu'il y a son procès à l'automne à Marine Le Pen.
07:48Elle ne va pas vouloir, pardonnez-moi l'expression, bordéliser la situation
07:51quitte à ce que ça débouche sur une présidentielle anticipée à un moment où elle sera accaparée par son procès.
07:58Mais en organisant ces consultations et ces négociations en amont
08:01et en demandant en amont est-ce qu'ils ont l'intention de censurer,
08:04finalement Emmanuel Macron lui offre la possibilité de menacer sans payer les conséquences d'une censure.
08:10Et Marine Le Pen qui impose ces conditions.
08:12Ça renvoie juste un mot à ce que dit Alain Stampoline, je suis d'accord avec elle.
08:15Ça renvoie justement à cet amateurisme ou naïveté dont un certain nombre de conseillers proches du président à l'Elysée
08:21semblent faire preuve depuis quelques semaines.
08:23Je pensais que Marine Le Pen ne censurerait pas automatiquement un gouvernement de gauche
08:26ou un gouvernement dirigé par une personnalité de droite très hostile au RN.
08:30C'est comme n'avoir toujours rien compris au RN.
08:33Après il faut dire qu'en termes d'amateurisme, comme personne n'a toujours compris,
08:36personne n'a compris encore la décision de dissoudre, évidemment on n'est pas au bout de nos surprises.
08:41Mais ce qui est intéressant aussi sur la position de Marine Le Pen et du RN,
08:45c'est qu'il y a un changement de pied aussi sur les nouvelles conditions imposées pour le choix du nouveau Premier ministre.
08:50C'est-à-dire que maintenant Marine Le Pen dit, alors que ce n'était pas du tout le cas il y a quelques jours,
08:54qu'en fait on est pour un gouvernement technique, le temps que pendant un an...
09:00Elle propose un CDD de neuf mois qui conduirait jusqu'en juin 2025
09:06avec une nouvelle élection législative à la proportionnelle.
09:09Alors on voit très bien qu'elle évacue toute solution politique,
09:13c'est juste qu'on maintient le status quo et on fait la revanche, on fait la belle en juin 2025.
09:20Le problème c'est qu'admettons que cette solution soit adoptée,
09:24on n'est pas du tout sûr qu'en juin 2025, avec la proportionnelle,
09:27il y ait une majorité qui se dessine à l'Assemblée Nationale.
09:30Voilà, c'est la difficulté de la situation, c'est qu'effectivement le président Emmanuel Macron
09:36a son agenda, a ses faiblesses, commet des erreurs,
09:39mais le Parlement aussi est dans une situation inextricable.
09:42C'est ça qui rend la chose très difficile.
09:44On va essayer d'en savoir un peu plus au fil des prochaines heures
09:48en vous communiquant évidemment les informations de l'Elysée.
09:529h15 sur France Info, les informés continuent juste après le Fil Info de Maureen Suignard.
09:58La circulation des trains est perturbée dans les Alpes-Maritimes ce matin
10:01à cause des intempéries des dernières heures.
10:03Des trains supprimés, d'autres avec du retard.
10:06Le département n'est plus en vigilance orange,
10:08mais sept autres le sont encore dans le centre de Lyon à la Haute-Loire.
10:12Les techniciens de l'EPER de Flamanville tentent de comprendre
10:15pourquoi le système de sécurité s'est déclenché
10:18après l'arrêt automatique du réacteur hier,
10:21à peine 24 heures après sa mise en route.
10:23L'EPER qui a déjà été livré avec 12 ans de retard,
10:26les experts affirment qu'il n'y a pas de danger.
10:29Le suspect n'a que 14 ans, un élève de 14 ans
10:32qui a ouvert le feu dans son lycée de Géorgie aux Etats-Unis.
10:35Quatre morts, l'élève a été arrêté.
10:38Les Etats-Unis ne peuvent pas accepter que cela devienne la norme,
10:41affirme le président américain Joe Biden.
10:43Les démocrates tentent de réguler l'accès aux armes à feu depuis des années.
10:47Plus de 10 millions d'euros ont été récoltés
10:50lors des deux dernières éditions The Event et De Retour,
10:53le grand événement caritatif en ligne organisé par des streamers.
10:56Cette année, c'est notamment le Secours Populaire qui va bénéficier de ces dons.
11:01France Info
11:06Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
11:12Les informés continuent avec Pauline Théveniot,
11:15journaliste politique au Parisien Aujourd'hui en France,
11:17avec Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvel Obs et Renaud Dely.
11:20Il y a un profil quand même qu'on n'a pas évoqué
11:22et qui pourrait peut-être échapper à la censure du Rassemblement National,
11:25voire même un peu plus large, c'est David Lysnard.
11:28Sur le papier, effectivement, et son nom a émergé hier,
11:30David Lysnard, maire LR de Cannes,
11:32président de l'Association des maires de France.
11:34C'est un profil qui, évidemment, ne serait pas censurable par LR, a priori.
11:39Et qui, c'est quelqu'un, David Lysnard,
11:42extrêmement ferme sur les sujets régaliens,
11:45libéral plutôt, pro-business, on va dire, sur les sujets économiques.
11:48Donc ça, ça conviendrait à Emmanuel Macron, l'aspect libéral d'ailleurs.
11:52Et l'aspect ferme sur les sujets régaliens,
11:54c'est aussi quelqu'un qui est en bon terme avec Eric Ciotti
11:57et qui est hostile au RN,
11:59il n'a jamais passé d'alliance avec le RN,
12:01mais qui n'a pas de contentieux personnel avec Marine Le Pen.
12:04Donc ça a fait dire à certains, dans la majorité,
12:07qu'effectivement, David Lysnard serait évidemment censuré par la gauche,
12:10par le NFP,
12:12mais ne le serait pas forcément par le RN
12:15et par ses alliés ciotistes.
12:17Reste la question de la majorité.
12:18C'est là, au sein de la majorité, visiblement,
12:20que ça rechigne pour le moins,
12:22du côté du Modem en particulier, mais pas seulement.
12:24Qui disent, non mais David Lysnard, c'est un profil beaucoup trop à droite.
12:28Et c'est là qu'on touche à un autre point,
12:30c'est que si effectivement la majorité,
12:32finalement, censurait un Premier ministre choisi par Emmanuel Macron,
12:37là on touche à l'affaiblissement politique absolu du chef de l'État.
12:40Et la seule issue ensuite, ce serait probablement sa démission.
12:44Pauline ?
12:45Mais oui, c'est un point fondamental,
12:47qui a été peu relevé, parce que c'est un tel bazar,
12:50que c'est un peu passé inaperçu.
12:52Mais les groupes de la majorité,
12:54ils signent pas un chèque en blanc pour ce futur Premier ministre,
12:57ils disent, on attend de voir qui ce sera et ce qu'il proposera.
13:01On l'a entendu pour Bernard Cazeneuve, par exemple.
13:03La France droite, de l'ex-majorité,
13:06disait, mais attendez, si c'est pour qu'il abroge la réforme des retraites,
13:11ou même qu'il la suspende, nous on censure.
13:13C'est des choses qu'on a entendues, y compris au sein du groupe
13:15Ensemble pour la République, qui était le groupe Renaissance.
13:17Et là, aussitôt que l'option LISNAR a émergé hier,
13:22il y a des herses qui se sont dressées en interne, très forts,
13:26et ce que l'on entendait, c'est que clairement,
13:28cette option-là faisait carrément exploser le groupe Renaissance à l'Assemblée,
13:32que pour toute une frange de ce groupe, c'était un casus belli absolu.
13:36Et c'est là qu'on voit quel est l'état de délitement du camp présidentiel,
13:42ou en fin de compte, et ça c'est l'expression d'un ministre
13:46qui me disait ça récemment, maintenant c'est chacun pour soi.
13:49À trois ans de la présidentielle, et peut-être même avant,
13:52c'est en tout cas le scénario qu'a envisagé Édouard Philippe,
13:57l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron.
13:59Une chose est sûre, c'est que peu importe le prochain gouvernement,
14:02il va falloir se serrer la ceinture.
14:04Et oui, parce que pendant ce temps-là, effectivement,
14:06les déficits continuent de se creuser.
14:08Voici que Le Trésor a publié une note,
14:10que Bruno Le Maire a d'ailleurs communiqué aux parlementaires,
14:14qui indique que la France doit trouver 110 milliards en quatre ans,
14:19d'ici 2028, une feuille de roue pour essayer de résorber les déficits.
14:24Parce que si rien n'est fait, selon cette note,
14:26le déficit de la France va continuer de se creuser,
14:28de déraper d'ores et déjà de nouveau en 2024 à 5,6% du PIB,
14:33puis bien au-delà, 6,2, 6,7, etc.
14:35Je vous épargne cette titanie de chiffres extrêmement alarmants.
14:40Du côté de Bercy, on a dans un premier temps
14:42pointé des responsables.
14:43Qui ça ? Le gouvernement, l'État ? Non, non.
14:45Pas du tout les collectivités locales, dont les dépenses seraient envolées.
14:49De quoi fâcher les intéressés.
14:51Je vous propose d'écouter Michael Delafosse, le maire socialiste de Montpellier.
14:55Nul ne peut s'affranchir de sa propre turpitude.
14:58C'est le ministre des Finances qui présente un budget en déficit
15:03qui n'a eu de cesse de s'accroître.
15:05C'est-à-dire, M. Le Maire est là de dire,
15:08c'est les collectivités territoriales,
15:11qui cherchent à s'affranchir de sa propre responsabilité.
15:14L'État, lui, s'est privé d'un certain nombre de recettes et résultats.
15:19Il a fragilisé son budget et nous n'arrivons pas à maîtriser le déficit.
15:24Alors, quelle que soit l'attitude des collectivités locales,
15:27la principale responsabilité, c'est donc l'État, c'est donc le gouvernement.
15:31Et voici, selon cette note du Trésor, toujours évoquée,
15:36le gouvernement devrait trouver 15 milliards d'économies supplémentaires
15:40pour boucler le budget 2024, plus de 60 milliards pour 2025,
15:44et ainsi de suite, 110 milliards d'ici 2028.
15:46Est-ce que ça veut dire que le futur Premier ministre,
15:49s'il y en a un, s'il y en aura un forcément,
15:51mais quel que soit le moment, le jour, le mois, l'année où il arrive au pouvoir,
15:55sera de toute façon condamné à mettre en œuvre une vraie politique d'austérité
16:00et donc à couper dans les dépenses et peut-être aussi à augmenter les impôts ?
16:03C'est ça qui rajoute encore du tragique à la situation.
16:08C'est qu'en fait, les marges de manœuvre du Premier ministre potentielles,
16:12elles sont extrêmement réduites et probablement il y aura vraiment très peu de choix
16:16sous le regard de Bruxelles, mais surtout sous la pression des marchés financiers.
16:20Il va falloir faire des efforts budgétaires qui sont douloureux.
16:24Et déjà, les premières réactions qu'on entend démontrent
16:28que le débat budgétaire risque d'être presque encore plus dur
16:32que les discussions qu'on a aujourd'hui sur la personnalité du Premier ministre,
16:36parce que là, on va toucher vraiment au réel, c'est-à-dire à l'État,
16:40au cœur de la politique, à ses moyens et à la répartition
16:44et qui paye l'effort et qui va être mis à contribution.
16:48Donc voilà, armons-nous de patience et soyons stoïques
16:54parce que ce débat de l'automne va être très animé.
16:57Pauline, les hausses d'impôts sont-elles inéluctables vu le contexte économique ?
17:01Mais ça dépend de quel point de vue vous vous placez.
17:04La droite vous dira, ben non, c'est réduire les dépenses qui est inéluctable.
17:08Et la gauche dira, ben non, on ne va pas encore serrer les cordons de la bourse,
17:12faire de l'austérité, on va regarder du côté de la fiscalité.
17:16Il semblerait qu'Emmanuel Macron ait décidé de regarder vers la droite pour Matignon.
17:20Donc a priori, on dirigerait plutôt vers une réduction des dépenses,
17:25mais avec toujours quand même cette épée de Damoclès
17:29qui est la censure et l'examen du budget à l'automne.
17:34Ce qui est quand même spectaculaire parce que là, le temps tourne,
17:37on est le 5 septembre, il faut quand même regarder le calendrier.
17:40Le 11 septembre, le nouveau ministre de l'économie, le nouveau ministre du budget
17:44sont censés être auditionnés par la commission des finances à l'Assemblée.
17:46Le 20 septembre, la France doit adresser un document à Bruxelles
17:50parce qu'elle est en procédure de déficit excessif.
17:54Ce document, il y a deux volets.
17:55Le premier volet, c'est qu'est-ce que le pays a fait comme réforme pour trouver des économies.
18:00Le deuxième volet, c'est qu'est-ce qu'il compte faire encore.
18:02Cette partie-là, elle est blanche à l'heure actuelle.
18:04Breda ?
18:05Effectivement, il y a un certain nombre de pistes qui sont mises en avant
18:08par le ministre de l'économie et des finances, démissionnaire Bruno Le Maire,
18:11qui cumulent un peu les deux.
18:12C'est-à-dire qu'en termes de coupée des dépenses,
18:15il y a un certain nombre de crédits qui ont été gelés par Bruno Le Maire
18:19et ils préconisent d'annuler au plus vite les 16 milliards et demi d'euros de crédits
18:23qui sont déjà gelés depuis plusieurs semaines.
18:25Et Bruno Le Maire lui-même a évoqué un certain nombre de hausses d'impôts.
18:28Alors, pas des hausses d'impôts qu'il porte sur les particuliers,
18:31mais il y a la question de la taxation des rachats d'actions
18:35qui est déjà dans le débat depuis plusieurs semaines et même plusieurs mois.
18:38Il y a aussi l'idée d'augmenter l'impôt sur les bénéfices des compagnies d'électricité,
18:44des bénéfices exceptionnels parce que cette taxation a rapporté
18:47beaucoup moins que prévu justement.
18:49Et là, d'ailleurs, il y a une nouvelle question qui se pose sur les anticipations de Bercy
18:52puisqu'on voit que Bercy n'avait pas vu le dérapage du déficit budgétaire de l'année dernière
18:57qui a dérapé beaucoup plus lourdement que prévu.
18:59Visiblement, ça va être le cas aussi cette année,
19:01comme d'ailleurs un certain nombre de recettes fiscales
19:03avaient été anticipées comme beaucoup plus importantes que ce qu'elles sont finalement.
19:07Et puis c'est vrai que de son côté, la gauche, le Nouveau Front Populaire,
19:10préconise un renforcement de la fiscalité, en particulier sur les plus privilégiés,
19:15ceux qu'elle appelle les ultra-riches.
19:16Mais il reste une question derrière parce que je pense que c'est quand même
19:19la dimension la plus préoccupante aujourd'hui pour la France,
19:22au-delà de l'identité des locataires de Matignon,
19:24c'est quand même la situation des finances publiques, effectivement,
19:26de surcroît dans le viseur de la Commission de Bruxelles,
19:29des marchés et accessoirement, j'allais dire, des agences de notation.
19:32Est-ce qu'Emmanuel Macron a vraiment pris conscience de cette situation-là ?
19:35Et d'ailleurs, est-ce que ce sujet-là le préoccupe ?
19:38Depuis des mois, si ce n'est des années, on n'a pas l'impression que le chef de l'État
19:42soit extrêmement à cheval sur l'équilibre des finances publiques.
19:45Son remède, c'était la croissance.
19:47Le problème, c'est qu'elle ralentit.
19:48Et d'ailleurs, un très bon indicateur de ça, c'est les moindres recettes fiscales
19:52qui sont liées au ralentissement de l'activité
19:55et qui vont rendre aussi la tâche du prochain gouvernement très difficile
19:59parce que si on augmente l'imposition, ça risque de ralentir encore plus l'économie.
20:05Mais c'est ce que dit la gauche.
20:06La gauche dit qu'il a trop fait de cadeaux fiscaux aux entreprises.
20:10Mais si on les supprime, qu'elles seront les conséquences.
20:13Rien n'est égal en économie.
20:15Et donc, on voit très bien que c'est assez inextricable.
20:19Ça peut aussi participer du climat actuel
20:23parce que les hommes politiques et les femmes politiques sont conscients
20:28quand même des difficultés qui s'annoncent.
20:30Et ça dramatise la nomination du Premier ministre.
20:33Et ça va être intéressant de savoir puisque, vous l'avez dit, Renaud,
20:36le gouvernement actuel qui est démissionnaire a envoyé des lettres plafond
20:40au ministère pour donner une base aux économies à faire.
20:45Et il y a une ministre en particulier, la ministre d'éducation nationale, Nicole Belloubet,
20:49qui elle, en fait, n'est pas contente.
20:51Notamment, oui, ce n'est pas la seule d'ailleurs.
20:52Mais globalement, puisque ces lettres plafond, rappelons-le,
20:54se sont contentées de reconduire les crédits du budget de l'année dernière.
20:57Et ce sont des lettres plafond dites indicatives.
20:59C'est-à-dire que le gouvernement ouvre évidemment la porte à son successeur
21:02pour que celui-ci modifie ses équilibres budgétaires.
21:05Ce sont juste des grandes lignes.
21:06Mais il s'avère que d'ores et déjà, il y a un certain nombre de milliards de crédits
21:10qui ont été gelés par Bercy, qui font qu'un certain nombre de ministères
21:14du côté de la transition écologique, par exemple,
21:17mais aussi des affaires sociales et de l'éducation nationale
21:20sont amenés un peu à se serrer à la ceinture,
21:22en tout cas à avoir moins leur crédit croître que prévu.
21:25Et c'est vrai que, par exemple, du côté de l'éducation nationale,
21:27Nicole Belloubet a fait remarquer qu'au regard des besoins,
21:29notamment que générerait la mise en œuvre des réformes annoncées par Gabriel Attal,
21:34les fameux groupes de besoins justement,
21:36ce n'est plus les groupes de niveau, c'est les groupes de besoins,
21:38voire aussi si jamais on exhume la réforme de la formation des maîtres
21:42qui nécessite une rémunération anticipée,
21:44justement pour essayer de revaloriser le traitement des enseignants
21:47et pour améliorer l'attractivité du métier.
21:50Tout ça, ça coûte de l'argent et pour l'instant, il n'y en a pas.
21:53On dit d'ores et déjà au prochain Premier ministre, bon courage.
21:57Merci beaucoup à tous les trois.
21:58Pauline Thève-Nieux, journaliste politique au Parisien aujourd'hui en France.
22:02C'est votre journal qui propose aujourd'hui un dossier d'argent encore.
22:06Sur ce que redoutent les propriétaires en cette rentrée,
22:08les hausses des taxes foncières ville par ville.
22:11Mais il faut le noter, il y a aussi des baisses.
22:14Pour savoir où, il faut lire le Parisien en France aujourd'hui.
22:18Du côté du Nouvelle Hoppe, Sylvain Courage, on est sur une une
22:21avec Emmanuel Macron, le mauvais perdant.
22:24Il veut rester maître du jeu, le président de la République.
22:27C'est une grande partie du problème.
22:29Merci beaucoup Renaud.
22:30Les informés du soir, c'est à partir de 20h.
22:33Avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.

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