Nommé à Matignon mercredi, où il a promis "des changements et des ruptures", le nouveau Premier ministre Michel Barnier doit désormais composer un gouvernement et prouver sa capacité à rassembler. Autour d'Hadrien Bect et de Renaud Dély, les informés débattent de l'actualité du vendredi 6 septembre.
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00:00Générique
00:03Et bienvenue dans Les Informés, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité de France Info à la radio bien sûr et sur le canal 27 de la TNT.
00:13Bonjour Renaud Delis, plaisir de vous retrouver avec nos informés ce matin.
00:18Jean-Jérôme Berthelus, bonjour, éditorialiste politique et Carole Barjon, éditorialiste politique également.
00:25Bonjour Carole.
00:26Bonjour Adrien.
00:27Notre premier débat Renaud nous amène évidemment à parler de Michel Barnier dont on a appris la nomination hier soir, l'installation à Matignon, la passation et maintenant.
00:39Et oui ça y est Adrien, ça n'a échappé à personne.
00:41Abémousse Premier ministre, alors on l'a attendu, 51, 52 jours, bref.
00:45Mais Michel Barnier a donc été nommé Michel Barnier, 73 ans, ancien ministre.
00:49Déjà il va travailler avec son quatrième président figurez-vous puisqu'il fut ministre de François Mitterrand en 1993 au temps de la cohabitation.
00:56Puis de Jacques Chirac à deux reprises, de Nicolas Sarkozy et donc désormais Premier ministre choisi par Emmanuel Macron, ancien négociateur du Brexit aussi.
01:05D'ailleurs ce profil de négociateur a peut-être servi sa promotion.
01:09Alors quelles sont ses priorités et surtout quel va être son style ? Va-t-il changer de méthode ?
01:13Voici un bref extrait de ses premiers mots lors de la passation de pouvoir hier à Matignon.
01:21Il s'agira de répondre autant que nous le pourrons aux défis, aux colères, aux souffrances.
01:31Il faudra enfin beaucoup d'écoute, beaucoup de respect.
01:38D'abord du respect entre le gouvernement et le Parlement, du respect à l'égard de toutes les forces politiques, je dis bien toutes les forces politiques.
01:48Un message à l'endroit du Parlement de toutes les forces politiques, ce qui sous-entend d'ailleurs RN compris.
01:53Et puis nous allons davantage agir que parler, a ajouté Michel Barnier.
01:58On voit un style qui tranche évidemment avec celui de son prédécesseur Gabriel Attal sur bien des points.
02:03Mais quelles urgences, donc quelles priorités pour Michel Barnier ?
02:07Et puis aussi quelles seront ses marges de manoeuvre à l'endroit du Parlement d'une part, mais aussi du chef de l'État d'ailleurs ?
02:12Quel tour peut prendre cette cohabitation avec Emmanuel Macron ?
02:15Alors justement, parlons d'abord des termes, Carole Barjon.
02:17L'Élysée parle, je crois, de coexistence exigeante.
02:21Michel Barnier semble laisser entendre parler d'une cohabitation.
02:25Vous, vous diriez qu'il s'agit de quoi ?
02:29Moi, je pense que la formule de l'Élysée est plutôt la bonne.
02:34C'est plutôt une coexistence.
02:36Ce n'est pas une cohabitation dans la mesure où la cohabitation implique que le Premier ministre soit aussi le chef de la majorité.
02:44Il n'y a pas de majorité.
02:47Et en général, d'ailleurs, dans une cohabitation, il est le chef de la majorité et généralement le chef de l'opposition.
02:53C'était le cas des cohabitations Chirac-Mitterrand 86-88 ou Édouard Balladur ensuite, etc., ou même avec Lionel Jospin.
03:04Donc là, ça n'est pas du tout le cas.
03:08Donc, le terme de coexistence me paraît pas mal choisi.
03:13Je pense que du côté de l'Élysée, ça veut aussi dire que même si le président se réserve le droit d'avoir plus que son mot à dire sur la nomination,
03:25par exemple des ministres dans le domaine régalien, affaires étrangères, défense, défense, éventuellement intérieure aussi.
03:36Pour le reste, on a le sentiment qu'en expliquant qu'il n'allait pas choisir le directeur du cabinet du Premier ministre...
03:47– Oui, l'Élysée a presque mis en scène cet éloignement.
03:51– Absolument, il y a eu un briefing à l'Élysée hier après-midi et où ils ont expliqué qu'il n'y aurait plus, par exemple,
03:58de conseillers techniques communs entre Matignon et l'Élysée.
04:03D'une certaine façon, ça veut dire aussi que même si Macron, évidemment, demeure président de la République et va regarder tout ça de très près,
04:12ça veut dire aussi qu'il laisse au Premier ministre le soin de gouverner et d'une certaine façon, la responsabilité de sa réussite ou de ses échecs.
04:23– Jean-Jérôme Berthelus ?
04:25– D'un mot, je pense qu'effectivement, ce qui va se dessiner va être le produit du rapport de force à l'Assemblée.
04:33Clairement, Michel Barnier va s'appuyer sur l'ancienne majorité, donc sur le Bloc central, dont il n'est pas issu,
04:40mais il va quand même s'appuyer en priorité sur ce qu'il reste des forces macronistes.
04:48Ce qui est intéressant, c'est quand même que certaines forces macronistes se sont détachées d'Emmanuel Macron.
04:53Il va s'appuyer aussi sur le groupe LR.
04:56Tout ça pour dire quoi ?
04:57Tout ça pour dire que finalement, la passion de pouvoir a bien résumé, en quelque sorte, cette espèce de mi-chemin entre coexistence, cohabitation.
05:06On a eu un Premier ministre sortant qui a parlé pendant des dizaines et des dizaines de minutes.
05:11Et Michel Barnier, fort de sa nouvelle qualité de Premier ministre, lui a dit « est-ce que je peux dire quelques mots ? ».
05:17Quand ce jeune Premier ministre lui a dit « ben voilà les projets de loi maintenant qu'il faut faire passer »,
05:22il lui a dit « permettez que je donne ma plus-value ».
05:25Donc on sent que Michel Barnier, fort de ses 73 ans, de ses nombreux portefeuilles qu'il a exercés,
05:35il va être un Premier ministre de coexistence, mais un Premier ministre de coexistence qui veut exister.
05:39Et qui n'a d'ailleurs pas d'autre choix que d'exister parce qu'il va falloir qu'il donne des gages aux uns et aux autres.
05:45– Juste sur ce point-là, Jean-Jérôme a raison, enfin je partage son avis,
05:49mais il faut dire qu'en quelque sorte la maladresse de Gabriel Attal a servi Michel Barnier.
05:52Parce que si quelqu'un a raté sa sortie hier, c'est Gabriel Attal.
05:55C'est-à-dire que ce discours était beaucoup trop long, beaucoup trop narcissique.
05:58Effectivement, il semblait dicter sa conduite à son successeur, ce n'était pas l'objet, ce n'était pas l'endroit.
06:03C'était la première fois qu'on voyait une passation de pouvoir
06:05où le Premier ministre sortant s'exprimait de la sorte.
06:08Voilà, parlant énormément de lui, tout le temps, de sa famille, etc.
06:12C'était assez étrange, ça reflétait d'ailleurs, je pense, parfois un des défauts de Gabriel Attal.
06:17Avec évidemment une certaine sévérité à l'endroit d'Emmanuel Macron,
06:20mais ça, c'était plus attendu, ce n'est pas la première fois et ce n'est pas la dernière.
06:23Et ça, ça renvoie à un autre sujet qu'évoquaient Carole Barjon et Jean-Jean Berthelus à la fin,
06:27tout à l'heure, c'est qu'il n'y a pas de majorité, c'est clair, pour Michel Barnier,
06:31qui va dépendre en grande partie, effectivement, du bloc central, du camp ou de l'ex-camp présidentiel.
06:36Mais le problème, ce n'est plus vraiment le camp présidentiel, c'est effectivement l'ex-camp présidentiel.
06:40C'est-à-dire que là aussi, il y a des incertitudes sur l'attitude que vont avoir
06:44soit, justement, les élus Renaissance, soit les élus Horizon et surtout les élus Modem.
06:51D'ailleurs, le Modem a été silencieux hier, au cas par cas, selon les textes pour Michel Barnier.
06:55Donc, on voit bien qu'évidemment, mais il le sait, la mission va être extrêmement compliquée au Parlement d'abord.
07:02C'est effectivement là que ça va se jouer.
07:03– Moyennant quoi, la question peut se poser, c'est, est-ce qu'il ne faut pas
07:06que, peut-être, Michel Barnier amène dans son gouvernement,
07:10que ce soit des membres de Renaissance, des membres de LR, comment ça va fonctionner, ça ?
07:14Parce qu'on est aussi plus solidaires quand on a des ministres dans un gouvernement, j'imagine.
07:19– Bien sûr, la première mission de Michel Barnier,
07:23celle que lui assigne en tout cas le président de la République,
07:25et qu'il s'assigne à lui-même, c'est de rassembler, il l'a dit.
07:29Mais précisément, à partir du moment où on sait que la gauche,
07:35l'ensemble de la gauche est résolument hostile,
07:40que le Front National, le Rassemblement National, pardon, est sur une ligne, on va dire, attentiste,
07:47au fond, la mission première de Michel Barnier, c'est de commencer par rassembler le Bloc central.
07:54Donc, il a des amis aux Républicains, mais enfin, ça ne fait jamais que 47 députés, je crois.
08:01Et quand on voit le communiqué qui a été publié par Renaissance hier,
08:09on peut se dire que la première difficulté de Michel Barnier, ça va…
08:12– Qui dit qu'il n'y aura pas de censure…
08:14– Pas de censure automatique !
08:16Non, mais ça veut dire qu'elle est quand même éventuelle.
08:20Bon, et puis qu'on jugera sur pièce, pas de chèque en blanc.
08:24Enfin, c'était un communiqué très sec.
08:27Donc, la première mission de Michel Barnier, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il reçoit en premier
08:32Gabriel Attal, qui est le président du groupe Ensemble à l'Assemblée Nationale,
08:38ce matin, c'est effectivement de commencer à chercher des appuis au sein de ce groupe-là.
08:45Ensuite, il y a le modem qui semble le modem de François Bayrou,
08:50même si François Bayrou, lui, a dit qu'il le soutiendrait et qu'il l'aiderait de son mieux.
08:54Mais l'ensemble de députés modem, apparemment, est assez réticent également.
08:59Donc, ça fait beaucoup. C'est de ce côté-là qu'il va devoir commencer à convaincre.
09:04Le casse-tête Barnier, on continue d'en parler avec nos informés Jean-Jérôme Berthelus,
09:09Carole Barjon et bien sûr Renaud Dely, juste après le Fil info, 9h15. Damien Mestre.
09:14Il n'y aura aucune personnalité du PS au sein du nouveau gouvernement,
09:18c'est ce qu'assure ce matin Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste,
09:22qui indique à ce stade ne pas avoir été contacté par Michel Barnier.
09:26Le nouveau Premier ministre qui désormais consulte pour constituer une équipe,
09:31il reçoit ce matin les représentants de la droite au Parlement.
09:34Et en ce moment, c'est avec Gabriel Attal, son prédécesseur, qu'il est en train d'échanger.
09:39Les Airbus A350, bientôt contrôlés par l'Union Européenne.
09:44L'un de ses avions long-courrier a pris feu en plein vol lundi.
09:47Pas de blessés, mais l'agence de lieu pour la sécurité aérienne dit vouloir éviter tout incident similaire.
09:52Et puis, à l'US Open de tennis, l'américaine Jessica Pegula se qualifie cette nuit
09:58pour la première finale en grand chelon de sa carrière.
10:00Elle retrouvera la biélorusse et favorite Arina Sabalenka.
10:15Et toujours avec Carole Barjon, éditorialiste politique et Jean-Jérôme Berthelus.
10:21On parlait, Jean-Jérôme, des hommes, des femmes qui pourront voter, accompagner Michel Barnier,
10:26peut-être dans un gouvernement.
10:27Il y a aussi quand même les sujets de fonds avec le sujet du budget.
10:30Et honnêtement, on peut quand même se poser la question.
10:34Comment ce budget va-t-il pouvoir être adopté ?
10:36C'est quoi ? C'est des abstentions ? C'est des votes pour ?
10:39Voilà. Comment voyez-vous les choses ?
10:41C'est vraiment un casse-tête, ce budget.
10:44C'est le budget de tous les dangers, on va dire.
10:46D'une part, parce qu'il y a en quelque sorte un double budget.
10:49On sait qu'il y a un dérapage dès 2024.
10:52Donc, ça ne dit pas forcément grand chose à grand monde.
10:55Mais il faut trouver 20 milliards.
10:56C'est énorme quand même, 20 milliards.
10:57Dès maintenant, il faudrait trouver 20 milliards.
11:00Après, on peut penser à autre chose, mais bref.
11:03Et idem en 2025.
11:04Donc, vraiment, c'est vraiment le type qui court le 100 mètres
11:08avec deux poids de 5 kilos des deux côtés à 73 ans.
11:11Donc, ce n'est pas facile.
11:13– Est-ce que vous croyez au fait que les capacités de négociateur de Michel Barnier,
11:19qu'on vente et dont lui-même se vante d'ailleurs,
11:23puissent lui être utiles dans ce cas ?
11:24Ou est-ce que c'est de la poudre aux yeux ?
11:25– Je crois que forcément, il va devoir faire preuve de compétences politiques
11:32pour allier les contraires.
11:33Laure Lavallette, ce matin, à votre micro,
11:36la porte-parole du Rassemblement national,
11:38disait qu'il faut baisser la TVA sur les carburants.
11:42Elle-même le dit, 12 milliards.
11:45Alors qu'on doit trouver 20, 30 milliards d'un côté,
11:48ça rajouterait 12 milliards.
11:50Et puis, ce n'est pas top, effectivement, pour l'environnement.
11:53Il faut penser à la gauche.
11:55Même si la gauche dit censure immédiate,
11:57Michel Barnier ne doit pas se couper forcément de la gauche.
12:01Et puis, il y a par exemple le groupe Liott, 22 députés,
12:05un groupe un petit peu charnière.
12:06Eh bien, il dit rupture, rupture en matière sociale.
12:09Il faut donner des gages aux Français qui n'en peuvent plus à travers le budget.
12:12Donc vraiment, ça va être extrêmement, extrêmement compliqué.
12:16Et ça va être l'heure de vérité.
12:17Pour qu'on comprenne bien, la censure immédiate, ça n'existe pas.
12:21La véritable censure, le véritable rendez-vous,
12:24l'heure de vérité et la politique qu'il compte mener,
12:27ça va s'illustrer à travers le budget et ça va arriver extrêmement vite.
12:31Et puis, on va déjà voir qui prend comme ministre de l'Économie.
12:34Ça sera déjà un test.
12:35D'autant, Renaud Delis, que la gauche est extrêmement remontée.
12:39Oui, à peine Michel Barnier nommé,
12:41la gauche a donc hurlé au scandale, au déni de démocratie,
12:44rappelant que le nouveau Front populaire était arrivé,
12:46était le bloc en tête au second tour législatif avec 193 députés,
12:50mais loin de la majorité absolue de 289.
12:54La gauche qui s'est notamment exprimée par la voix,
12:56tiens, on parlait de l'âge de Michel Barnier,
12:58et bien par la voix de Jean-Luc Mélenchon, lui aussi 73 ans.
13:02On l'écoute.
13:03Le message a été nié.
13:06Et maintenant, nous découvrons un Premier ministre
13:10qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion
13:14du Rassemblement national.
13:16C'est la personnalité la plus proche de ses positions qui est désignée.
13:21Quasiment un gouvernement de M. Macron et de Mme Le Pen.
13:26L'ERN qui a de fait retrouvé effectivement un rôle d'arbitre,
13:29puisque si Michel Barnier a été nommé,
13:31plutôt que Xavier Bertrand par exemple,
13:32c'est parce que Marine Le Pen a laissé entendre
13:34que l'ERN peut-être ne censurera pas automatiquement le gouvernement Barnier.
13:39La gauche a donc annoncé qu'elle allait déposer une motion de censure,
13:42laquelle d'ailleurs ne pourrait être adoptée
13:43que si les députés du Rassemblement national la votent aussi.
13:46Les Insoumis appellent à manifester demain pour le respect de la démocratie.
13:50Et puis ils ont aussi enclenché une procédure de destitution
13:54du président de la République qui semble a priori vouée à l'échec.
13:57Bref, qu'elle peut-être aujourd'hui la marge de manœuvre de la gauche.
14:00Et si l'ERN a retrouvé ce rôle d'arbitre,
14:03c'est bien parce que le front républicain semble s'être évaporé, disparu.
14:08Mais qui a vraiment tué ce front républicain ?
14:11Carole Barjon, Renaud, listez tout ce que la gauche met en place
14:15entre les protestations, les manifestations, la destitution.
14:18Ça sert à quoi ?
14:21Ça sert à jouer, comme c'est la stratégie de Jean-Luc Mélenchon depuis le début.
14:30Ça sert à essayer de créer un peu le chaos.
14:34Encore que je ne suis pas certaine qu'il y ait énormément de monde
14:37à cette manifestation demain,
14:40puisqu'on sait que Jean-Luc Mélenchon joue de toute façon la présidentielle.
14:44Il ne veut pas gouverner.
14:46Du coup, ils en sont réduits à accuser,
14:52j'ai entendu Clémentine Autain, à votre antenne tout à l'heure,
14:56Michel Barnier d'être quasiment d'extrême droite.
15:00Bon, tout ce qui est excessif est insignifiant,
15:03puisque le parcours de Michel Barnier, honnêtement,
15:06ne conduit pas à lui accoler une étiquette d'extrême droite.
15:12Ce qu'il faut quand même rappeler,
15:14c'est qu'il y aurait pu peut-être y avoir un Premier ministre issu de la gauche.
15:20Je ne parle pas de Lucie Castaner, je parle, je pense à Bernard Cazeneuve.
15:26Et Bernard Cazeneuve, par qui a-t-il été flingué, pardon de ce mot familier,
15:32mais par le Parti socialiste lui-même.
15:34Donc la gauche est un peu malvenue aujourd'hui
15:38de crier haro sur le bodé, alors que, peut-être,
15:42Cazeneuve aurait pu être nommé si ce n'était qu'il avait mis des conditions,
15:48c'est vrai, c'est-à-dire notamment...
15:51La réforme des retraites.
15:52Oui, c'est-à-dire, comment dire, remettre un peu sur le tapis la réforme des retraites.
15:56Et ça, ça ne convenait pas à Macron, il faut le dire aussi.
15:59La gauche s'est tiré une balle dans le pied, Jean-Jérôme Berthelus,
16:02ou c'est plus compliqué que ça ?
16:04Alors, d'abord sur la question du Front républicain.
16:07Clairement, en désignant Michel Barnier,
16:10issu du seul parti, enfin du parti qui n'a pas respecté le Front républicain,
16:14oui, il y a une forme de...
16:17C'est un peu original, ça n'a pas été complètement le...
16:22Comment dire, le message ou le contexte de ces législatives.
16:27Mais maintenant, c'est bon, on va l'enseigner à Sciences Po,
16:30mais on ne va pas y passer l'année.
16:32La politique, il faut un petit peu avancer.
16:35Or, la gauche a quand même un problème.
16:37Oui, moi, je pense qu'effectivement, il y a eu Bernard Cazeneuve qui va rester.
16:41Et au sein du Parti socialiste, ça va rester une structure.
16:44Et d'ailleurs, on voit bien que les deux oppositions
16:49sont en train de s'organiser face à Olivier Faure,
16:52qui va avoir du mal à dire tous les jours,
16:56comme De Gaulle et l'Europe et le cabri,
16:59tous les jours, Lucie Castel, Lucie Castel, Lucie Castel.
17:01Il y a un moment où, quand même, voilà.
17:03Parce qu'en plus, une motion de censure,
17:06et vous l'avez dit justement, Renaud Delis,
17:08une motion de censure pour qu'elle passe de la gauche,
17:11il faut le Rassemblement national.
17:13Donc peut-être qu'effectivement, le nouveau Premier ministre
17:15est dans la main du Rassemblement national,
17:17mais la gauche aussi, elle prendrait le risque
17:20d'être devant la France, de dire,
17:22ah bah oui, on a fait tomber le nouveau Premier ministre
17:24avec le Front national.
17:26Et le deuxième effet qui se coule, si je puis dire,
17:28c'est qu'en plus, je ne pense pas que les députés
17:32et spécifiquement le PS aient envie d'une nouvelle dissolution
17:36d'en neuf dix mois, vraiment pas.
17:38Et donc, à trop rendre cette assemblée ingouvernable,
17:45eh bien, effectivement, une partie de la gauche
17:47prendrait le risque d'une future dissolution,
17:49d'être à la fois le symbole, on va dire, du blocage,
17:54puis du chaos, et puis d'avoir une solution compliquée.
17:57– Ce qui est vrai, c'est que…
17:58– Il va aboutir à une scission du PS, peut-être.
18:01– Ce qui est vrai, c'est que tout le monde se retrouve
18:03dépendant du Rassemblement national,
18:04mais ça c'est mécanique dès lors que le Front républicain
18:06ne s'est pas traduit ni par une coalition parlementaire,
18:09ni par une composition gouvernementale
18:12issue de cette coalition parlementaire.
18:14Parce que le Front républicain, c'est quoi ?
18:15C'est ce qui s'est produit au deuxième tour
18:17des élections législatives, où effectivement,
18:18des électeurs de gauche ont voté pour des candidats de droite
18:20et inversement, ou du centre, pour faire barrage à l'extrême droite.
18:24Le problème, c'est que l'esprit de responsabilité
18:27qui a gouverné un certain nombre de comportements électoraux
18:29qui ont défini une très large majorité anti-RN au second tour,
18:34et bien cet esprit de responsabilité,
18:35les responsables politiques précisément, eux, ne l'ont pas.
18:38C'est-à-dire qu'il y a un manque de maturité de part et d'autre
18:40qui fait que ces camps-là n'ont pas réussi à se parler
18:43depuis le 7 juillet, et encore moins à s'entendre.
18:46Et donc à partir de là, mécaniquement, et pour les mois,
18:50ou l'année en tout cas au moins,
18:52qui est la durée de vie minimale de cette Assemblée nationale,
18:54de ce Parlement-là, le RN sera en position d'arbitre à chaque fois.
18:57Soit pour Michel Barnier, soit pour faire chuter Michel Barnier avec la gauche.
19:01Effectivement, et la gauche va être aussi dépendante du RN.
19:04Ça veut dire quoi ?
19:05Ça interroge sur la stratégie initiale de la gauche.
19:07Certes, Emmanuel Macron, en nommant Michel Barnier
19:09avec la sentimentacide pour l'instant du RN,
19:12malmène, affaiblit, voire achève le Front républicain.
19:16Mais le premier qui a porté un coup,
19:18qui a été un coup fatal au Front républicain,
19:20c'est Jean-Luc Mélenchon le 7 juillet à 20h05.
19:22Lorsqu'il a expliqué que la gauche avait gagné,
19:24et avait gagné toute seule, ses élections législatives,
19:27alors que précisément le seul vainqueur, c'était le Front républicain,
19:30et lorsqu'il a dit que ce serait le programme du NFP,
19:36que le programme du Nouveau Front populaire,
19:37il n'y a rien que ça qui serait mis en œuvre.
19:39Alors qu'il manque, rappelons-le, une centaine de sièges
19:41pour que la gauche puisse atteindre la majorité absolue.
19:43Arrivé en tête, la gauche pouvait effectivement prétendre à Matignon,
19:48mais non pas dire ce sera que le programme du NFP
19:51et ce sera Lucie Castex ou rien, puisqu'à l'arrivée d'ailleurs, c'est rien,
19:54mais tendre la main aux autres, s'ouvrir,
19:57essayer de bâtir une plus large coalition,
19:59au moins avec une partie du Bloc central,
20:01et être prête aussi à amender son projet pour rassembler plus tard.
20:04Ce que la gauche n'a pas fait, elle a fait le contraire,
20:06allant jusqu'à effectivement s'aborder les chances de Bernard Cazeneuve.
20:09– D'un tout petit mot, effectivement,
20:11c'est une question qu'on pose souvent à nos invités politiques,
20:13je ne sais pas si l'un ou l'autre avait la réponse,
20:15Lucie Castex, pendant tout l'été,
20:17elle n'est pas allée négocier avec des gens,
20:20elle n'est pas allée parler avec d'autres forces politiques,
20:23est-ce que vous, vous avez une explication à ça ?
20:25Elle n'a pas tenté d'élargir, j'allais dire.
20:28– Elle a fait une campagne électorale,
20:32comment dire, elle a fait un genre de petit tour de France,
20:37comme si, voilà, elle cherchait l'assentiment des électeurs,
20:40mais effectivement, là on était dans un tout autre cadre,
20:44on n'était pas dans le cadre d'une élection présidentielle,
20:49ou même pas d'une élection, on était dans le cadre d'une nomination,
20:57mais qu'il fallait trouver avant la nomination,
20:59qu'il fallait trouver une coalition qui aurait établi un programme commun,
21:05et non pas le seul programme du NFP,
21:08comme l'a dit Jean-Luc Mélenchon tout de suite,
21:11et ça, effectivement, elle ne l'a pas fait,
21:14moi je n'ai pas vraiment d'explication à cette attitude.
21:17– Sauf que Jean-Luc Mélenchon, je ne l'ai pas, c'est interdit par Jean-Luc Mélenchon.
21:20– Elle n'a pas de légitimité, Lucie Castex,
21:21la seule légitimité que Lucie Castex, dont elle dispose,
21:24c'est à travers les quatre formations politiques…
21:26– C'est déjà ça ?
21:28– Oui, c'est déjà ça, mais ça veut dire qu'on n'a pas de marge de manœuvre,
21:30ça veut dire qu'on ne peut pas aller…
21:32par exemple, elle donne une interview sur le SMIC à 1600 euros en disant,
21:36c'est un horizon, elle se fait reprendre tout de suite,
21:40à la fois, chapeau, elle a continué à exister,
21:44mais ses marges de manœuvre sont pratiquement égales à zéro.
21:48– Merci Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique, tout comme Carole Barjon,
21:52merci d'avoir été nos informés ce matin, merci à vous, bien sûr, Renaud Deligne.
21:56– Merci à vous, Adrien.
21:57– Bonne fin de semaine, et puis les informés sur France Info reviennent ce soir, bien sûr.