Un nom issu de la société civile pour Matignon ? Pendant ce temps-là le temps presse pour faire adopter le prochain budget... Les informés du matin du mardi 3 octobre avec Renaud Dély et Salhia Brakhlia
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00:00Générique
00:07Et bienvenue dans les informer, l'émission de décryptage de l'information de France Info.
00:11On est ensemble jusqu'à 9h30 avec Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:14Bonjour Salia.
00:15Et nos supers informés du jour, Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé Canal 27.
00:20Bonjour Alex.
00:21Bonjour Salia.
00:22On vous retrouve tous les matins aussi pour l'invité politique à 7h45.
00:26Bonjour Etienne Girard.
00:27Bonjour Salia.
00:28Rédacteur en chef à L'Express, bienvenue à tous les deux.
00:31Renaud Delis, après les consultations, un nouveau nom pour le poste de Premier ministre a fait éruption.
00:36Et oui parce que 49 jours après avoir accepté la démission de Gabriel Attal,
00:42qui est toujours en place mais qui n'est plus Premier ministre de plein exercice,
00:45on en est toujours au même point en quelque sorte.
00:48Les chat-docs et les chat-docs pompais, comme disait Claude Pieds-Plus,
00:51les plus anciens s'en souviendront.
00:53Effectivement une journée d'intense consultation hier,
00:55Emmanuel Macron a reçu à tout va, notamment deux noms qui ont beaucoup circulé ces dernières semaines,
00:59Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand.
01:00Mais voilà qu'un autre nom a émergé dans la journée,
01:03issu lui de la société civile, vous le disiez, Thierry Baudet,
01:05le président du Conseil économique, social et environnemental,
01:08issu donc de la société civile, qui a fait sa carrière dans le monde mutualiste
01:13en étant l'ancien patron notamment de la MGEN et puis de la Fédération mutualiste française.
01:21Alors est-ce que ce nom pourrait échapper à la censure immédiate de l'Assemblée nationale,
01:26puisqu'on sait que c'est une des premières conditions que le futur choisi aura à surmonter ?
01:32Voici ce que disait hier sur l'antenne de France Info le patron du PS,
01:37Olivier Faure, de cette hypothèse Thierry Baudet.
01:40Je ne contesterai jamais le profil de Thierry Baudet.
01:43Je trouve qu'il a un parcours qui plaide pour lui.
01:46Il a été patron de la MGEN, Mutuel de l'éducation nationale.
01:49Il a ensuite été patron de la mutualité française,
01:51puis patron du Conseil économique, social et environnemental.
01:55Tout ça plaide pour lui.
01:56Quel que soit le nom qui nous sera suggéré, je ne me prononcerai jamais sur les noms.
02:02Je me prononcerai uniquement sur les projets.
02:04Voilà, quels projets, quelles lignes ?
02:06Et notamment la question de la réforme des retraites.
02:09On sait que le nouveau Front populaire réclame l'abrogation de la réforme des retraites.
02:15Et puis l'autre question qui se pose aussi, c'est qui sera le vrai patron de cette future vraie-fausse cohabitation ?
02:21Est-ce que ce sera le locataire de Matignon et peut-être en l'occurrence Thierry Baudet ou un autre ?
02:26Ou est-ce que ce serait Emmanuel Macron qui chercherait en quelque sorte à garder la main ?
02:31C'est aussi une question que se posent les oppositions.
02:33Bref, est-ce que ce feuilleton va enfin toucher à sa fin ?
02:37Ou est-ce qu'on est reparti pour un tour ?
02:39Oui, parce qu'il faut le dire, on en a quand même un peu marre là déjà.
02:42C'est la rentrée, on veut passer à autre chose.
02:44Disons qu'on s'attache de moins en moins quand même.
02:47On s'était attaché à Bernard Cazeneuve, on est en train de faire notre deuil.
02:50On s'était attaché à Xavier Bertrand, là encore il faut passer à Thierry Baudet.
02:54Thierry Baudet, ça dit beaucoup, si c'était ce choix, le choix du président,
02:58ça dit beaucoup de la manière dont Emmanuel Macron conçoit quand même le pouvoir.
03:03Une personnalité issue de la société civile, c'était dès le départ, après la dissolution,
03:10le premier choix d'Emmanuel Macron.
03:12Dans son idée, c'était une manière peut-être de contourner les partis,
03:17et puis surtout une manière de garder sa prééminence.
03:20Parce qu'en réalité, Emmanuel Macron, on a bien senti qu'il ne veut absolument pas de cohabitation.
03:25En cohabitation, ça veut dire appliquer le programme de quelqu'un d'autre, de la gauche éventuellement.
03:30Il n'en est pas question, il ne veut absolument pas remettre en cause son bilan,
03:34et notamment son bilan économique, et notamment sa réforme des retraites.
03:39C'est ce qui a tout de suite posé problème dans l'entrevue et l'entretien avec Bernard Cazeneuve.
03:44Bernard Cazeneuve a été assez ferme sur les appuis, et notamment sur cette dimension-là.
03:49On voit très bien se dessiner à travers ce choix, qui sera peut-être le dernier ou pas,
03:55d'un premier ministre qui serait plus un collaborateur,
04:00qui serait plus dans la co-gestion, une bonne entente,
04:04avec oui, ici ou là, quelques concessions, peut-être sur des sujets sociétaux,
04:08mais sur le fond, on en resterait à la politique souhaitée, voulue par Emmanuel Macron.
04:14C'est quand même problématique ce que vous dites, Alix Bouillaguet, ce matin,
04:17parce que Stéphane Zumsteg, qui était sur ce plateau, qui sera chez Ipsos,
04:21qui était sur ce plateau il y a quelques minutes, il disait
04:24l'enseignement des législatives, c'est on ne veut plus la politique d'Emmanuel Macron.
04:29Or là, s'il persiste dans cette voie-là, ça va devenir compliqué pour les Français.
04:34C'est tout le pari du profil Thierry Baudet.
04:38Du profil, en règle générale, de quelqu'un qui n'est pas membre d'un parti politique
04:43qui s'est présenté aux législatives.
04:45L'idée, c'est, si c'est un homme politique qui fait partie d'un parti politique,
04:49il va être lesté, il va être obligé par les engagements pris, par exemple, sur la réforme des retraites.
04:57Donc le pari est extrêmement compliqué, je ne vois pas comment il peut être réussi, ce pari, à vrai dire,
05:02mais c'est de mener une autre politique, accepter qu'une autre politique soit menée,
05:07sans détricoter, c'est la ligne rouge absolue, sans détricoter ce qu'a fait Emmanuel Macron,
05:13c'est la ligne rouge absolue d'Emmanuel Macron.
05:15C'est pour ça qu'il a toutes ces réticences à nommer quelqu'un qui dirait
05:20« moi je vais abroger la réforme des retraites, je vais abroger ci, ça, pour faire ce qui me semble bon à moi ».
05:28Donc là, l'idée, semble-t-il, serait de créer un nouveau projet,
05:34qui serait un projet à la fois plus conforme à ce qu'ont voulu dire les électeurs,
05:40possiblement plus de gauche, parce qu'on voit bien que ce qui est mis en avant,
05:43c'est Abba Thierry Baudet, c'est quelqu'un qui a eu une carrière plutôt marquée à gauche,
05:47sans être trop à gauche, sans en particulier remettre en cause la réforme des retraites.
05:53Le problème de ce fameux message des électeurs, comme on dit,
05:55c'est que je pense qu'il est complexe et lui-même souvent contradictoire.
05:58C'est-à-dire qu'il y a effectivement, parce que le nouveau Front populaire est arrivé en tête au deuxième tour,
06:03un profil plutôt de gauche, une attente sociale sur les questions notamment de pouvoir d'achat,
06:08il y a eu effectivement l'opposition massive à la réforme des retraites.
06:11Mais au premier tour, l'extrême droite a réalisé son plus haut score historique
06:15et on le voit dans toutes les études d'opinion.
06:17Les électeurs qui ont voté à l'extrême droite, qui ont voté pour l'ORN,
06:20attendent d'abord des mesures en matière d'immigration ou en matière de sécurité.
06:25Donc on voit bien que les messages de l'opinion sont extrêmement complexes et contradictoires.
06:30Il y en a un seul qui a émergé au second tour, au second tour législatif,
06:33c'était le refus de voir l'ORN prendre le pouvoir.
06:36Et donc d'où ce Front républicain qui a fonctionné beaucoup mieux qu'attendu,
06:40mais qui semble impossible de traduire en termes d'équation gouvernementale.
06:46Ça a donné cette assemblée éclatée, ces trois grands blocs,
06:49mais il semble toujours impossible aujourd'hui de traduire ce Front républicain
06:53qui a fonctionné dans les urnes sur le plan gouvernemental,
06:56c'est-à-dire évidemment avec des ministres de gauche, du centre et de droite.
07:01D'où l'hypothèse d'un profil issu de la société civile comme Thierry Baudet.
07:08Évidemment, l'avantage de Thierry Baudet par rapport au risque de censure,
07:12c'est qu'il n'a pas beaucoup d'amis politiques, mais il a encore moins d'ennemis.
07:15C'est effectivement un homme de dialogue qui a une bonne réputation
07:17et a priori il a peu d'ennemis politiques, contrairement à un Bernard Cazeneuve par exemple
07:21ou à un Xavier Bertrand au regard de leur parcours politique passé.
07:25L'inconvénient, c'est qu'il risque d'apparaître, et c'est déjà le cas,
07:29comme un Macron bis en quelque sorte et comme un vrai faux Premier ministre
07:36avec un chef de l'État qui serait toujours au commandant.
07:38Oui, c'est vrai que le côté pile, le côté dans la case plus de Thierry Baudet,
07:43c'est effectivement qu'il est tendance gauche sur les sociétés.
07:47On sait qu'il est partisan de l'euthanasie, la légalisation encadrée du cannabis
07:52et il est contre la loi immigration.
07:55Donc sur ces sujets-là, effectivement, il est à gauche, mais il n'est pas clivant.
07:59Donc ça veut dire qu'il n'y aura pas une censure a priori,
08:02parce que son nom est un épouvantail.
08:05Après, c'est vrai qu'il est novice en politique.
08:07Alors on dit oui, on peut toujours s'improviser,
08:09sauf qu'il y a quand même le chaudron de l'Assemblée nationale,
08:11l'essoreuse de Matignon.
08:13Bon, pour faire ses premiers pas en politique,
08:15ce n'est quand même peut-être pas la situation politique idéale.
08:18Et puis, d'où l'idée d'Emmanuel Macron,
08:22c'est-à-dire de la théorie, c'est comme ça qu'on l'appelle à l'Élysée,
08:25la théorie des flotteurs.
08:26Donc avec cette personnalité de société civile,
08:31ouverte au dialogue, rompue au courant de conférences sociales
08:35et qui peut tisser des liens.
08:36Et puis des flotteurs solides.
08:38Par exemple, un flotteur gauche qui s'appellerait Bernard Cazeneuve
08:42et un flotteur droit qui s'appellerait Xavier Bertrand.
08:45C'est pour ça, oui.
08:46Un gouvernement très politique, au contraire,
08:49pour contrebalancer finalement cette inexpérience politique
08:54et donc faire une espèce de, si je peux l'appeler,
08:57un et en même temps au gouvernement.
08:59C'est pour ça que vous croyez que Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand
09:01étaient reçus pour le poste de Premier ministre,
09:03mais en fait c'était pour des grands ministères.
09:04Un autre nom a été cité, c'est une information France Info,
09:07Laurent Berger, lui, l'ancien patron de la CFDT,
09:11le poste de Premier ministre lui a été proposé
09:14et c'est lui qui a dit non.
09:16Laurent Berger, ça aurait été un bon profil.
09:18Oui, très bon profil.
09:20La limite du profil, c'est qu'il n'a jamais eu envie
09:23de faire de la politique.
09:24Oui, ça commence par ça, effectivement.
09:26Donc la politique, c'est quand même une affaire d'envie, de volonté.
09:30Il y aura besoin d'énormément de volonté, d'abnégation,
09:35qui que ce soit, pour durer.
09:37Parce qu'il ne suffit pas d'être nommé et de durer un mois,
09:42il faudrait durer trois ans dans l'idée.
09:45Les informes et continu dans un instant,
09:47après le fil info de 9h15, Maureen Suynard.
09:51Un déficit public à 5,6% du PIB cette année,
09:54la trajectoire qui inquiète Bruno Le Maire,
09:57le ministre de l'économie démissionnaire,
09:59estime que les recettes sont moins importantes que prévues
10:01et surtout que les collectivités territoriales
10:03ont été dépensières, 16 milliards d'euros en plus.
10:06La France est déjà visée par une procédure
10:08de déficit excessif de la part de Bruxelles.
10:11Il a dit non, selon les informations de France Info.
10:14Laurent Berger, l'ancien patron de la CFDT,
10:16a refusé d'être le premier ministre d'Emmanuel Macron.
10:19Près de deux mois après les élections législatives,
10:21le chef de l'Etat est toujours à la recherche
10:23d'un locataire pour Matignon.
10:25Après le violent incendie de l'église de Saint-Omer,
10:28dans le Pas-de-Calais hier,
10:29le parquet annonce l'arrestation d'un suspect,
10:31un homme né en 1985,
10:33avec de nombreux antécédents
10:35pour des faits de destruction par incendie.
10:37L'ancien patron de Volkswagen,
10:39en cours jusqu'à 10 ans de prison,
10:41Martin Winterkorn, est accusé de fraude
10:43en bande organisée dans l'affaire du Dieselgate.
10:46Le constructeur automobile allemand
10:48a reconnu avoir truqué 11 millions de véhicules
10:50pour qu'ils affichent des niveaux de pollution
10:52inférieurs à la réalité.
10:53Un retour en Europe après 12 ans en NBA aux Etats-Unis,
10:56le basketeur français Evan Fourignier
10:59va rejoindre l'Olympiakos en Grèce.
11:01Le club est triple champion de l'Euroleague.
11:15Les informer continue avec Alex Bouillaguet,
11:17éditorialiste politique à France Info TV,
11:19avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express,
11:21avec Renaud Dely.
11:23On a cité en première partie
11:25tous les profils qui avaient été évoqués,
11:28qui avaient été évoqués pour le poste de Premier ministre,
11:30Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, Thierry Baudet aujourd'hui,
11:33proposés aussi à Laurent Berger.
11:35La question que j'ai envie de vous poser, Renaud Dely,
11:37c'est est-ce qu'on sait où Emmanuel Macron va ?
11:40Est-ce que lui-même sait où il va ?
11:42Le fait est que je ne pense pas qu'il le sache,
11:45parce qu'il n'a pas d'autre moyen que de se résoudre
11:47à faire avec les équilibres,
11:49ou plutôt les déséquilibres politiques actuels.
11:51Lui-même a du mal à l'admettre, son métier le chef de l'État,
11:54mais ces équilibres ou ces déséquilibres,
11:57ils évoluent au jour le jour, presque heure par heure,
11:59dès lors qu'un groupe, une sensibilité politique
12:02annonce qu'elle est prête à voter ou pas la censure.
12:06Le cas de Laurent Berger est assez intéressant.
12:08Effectivement, Emmanuel Macron lui a proposé le poste
12:11lors d'une entrevue la semaine dernière.
12:13Mais est-ce qu'il lui a proposé en pensant que Laurent Berger
12:15allait l'accepter ? Peut-être que non.
12:18Effectivement, au vu de ce que disait Étienne Girard,
12:21Laurent Berger a été échaudé ces dernières années.
12:24Il a perdu confiance dans la parole présidentielle
12:26à de multiples reprises.
12:27Il a été le principal opposant à la réforme des retraites.
12:29Bref, il y avait plein de raisons pour lesquelles Laurent Berger,
12:31en plus, a eu le sentiment qu'il n'aurait pas les mains libres
12:33si jamais il avait accepté ce poste.
12:35Donc la question, il a dit non très rapidement.
12:37Mais peut-être qu'Emmanuel Macron avait anticipé
12:39le fait qu'il dirait non avant de faire fuiter
12:41le fait qu'effectivement il avait proposé
12:43pour bien montrer à l'opinion qu'il propose à tout le monde,
12:45en quelque sorte.
12:46Mais ça illustre aussi le fait qu'il est un peu perdu.
12:48Il est un peu perdu parce que, ne lui en de plaise,
12:50il n'a plus de majorité, très clairement,
12:52et qu'on peut comprendre que le chef de l'État
12:56est un peu sceptique de surmonter la censure.
12:58Évidemment, on peut comprendre cet objectif.
13:00Ça n'a pas de sens de mettre un Premier ministre pour trois jours.
13:02Mais on voit bien que ce profil-là
13:06ne dépend pas de lui et de son bon vouloir.
13:08Et à peine le nom de Thierry Baudet
13:10a-t-il commencé à être évoqué hier,
13:12qu'un certain nombre d'opposants à Thierry Baudet,
13:14y compris au sein, d'ailleurs, des macronistes,
13:16ont commencé à se faire entendre.
13:18Le problème, c'est qu'il y a une urgence qui s'impose.
13:20Là, c'est la politique économique,
13:22le budget qui doit être présenté
13:24dès le mois prochain au Parlement.
13:26Là, dans quelques jours, au Conseil d'État,
13:28comment ça va se passer ?
13:30Tic-tac, tic-tac. Effectivement, l'urgence budgétaire est là.
13:32Rappelons que le projet de budget
13:34doit être déposé à l'Assemblée,
13:36au plus tard, le 1er mardi d'octobre.
13:38Il devra donc être bouclé
13:40d'ici deux semaines,
13:42pour laisser au Conseil des finances publiques,
13:44d'une part au Conseil d'État, le temps de l'examiner
13:46avant qu'il soit déposé à l'Assemblée nationale.
13:48Le gouvernement, d'ailleurs, pourrait envisager
13:50de repousser ces dates,
13:52et puis, il y a aussi le président
13:54de la Commission des finances,
13:56l'insoumis Éric Coquerel,
13:58et le rapporteur général Charles de Courson,
14:00qui sont très mécontents
14:02parce qu'ils n'ont pas été associés jusque-là
14:04à un certain nombre de prédécisions de Bercy.
14:06Notamment,
14:08le gouvernement devait présenter aux parlementaires
14:10les premières lignes du budget côté dépenses
14:12avant le 15 juillet. Résultat, d'ailleurs,
14:14Éric Coquerel et Charles de Courson
14:16ont exigé de Bercy d'avoir
14:18les informations en question.
14:20Et voici ce qu'en disait hier Éric Coquerel,
14:22le président insoumis de la Commission des finances
14:24de l'Assemblée.
14:26On devrait aujourd'hui avoir toutes les économies
14:28qui ont été demandées à chaque ministère.
14:30Certaines ont filtrées dans la presse.
14:32Madame Belloubet n'est pas contente, et elle a raison,
14:34puisqu'on lui demande 900 millions d'économies
14:36après les 700 millions demandés en rectification en 2024.
14:38Le ministère de la Transition écologique,
14:40on lui dit qu'à hauteur de 1,5 milliard,
14:42on va encore baisser les fonds verts,
14:44qui sont quelque chose d'absolument essentiel
14:46pour la transition écologique.
14:48On dit que le pire est à venir.
14:50Et il faut bien comprendre une chose,
14:52c'est que des dépenses publiques, c'est aussi des recettes.
14:54C'est-à-dire que quand l'État dépense,
14:56il favorise aussi l'activité économique.
14:58Sauf que là aussi,
15:00il y a un problème, d'ailleurs,
15:02puisque Bercy anticipe finalement des recettes
15:04qui seraient moindres que celles qui avaient été prévues.
15:06Et puis Bruno Le Maire, le ministre démissionnaire
15:08de l'économie et des finances, s'est inquiété hier
15:10dans un courrier adressé à des parlementaires,
15:12je le cite, d'une augmentation extrêmement rapide
15:14des dépenses des collectivités locales.
15:16Le déficit budgétaire, qui était déjà envisagé
15:18à 5,1% du PIB,
15:20fin 2024,
15:22pourrait atteindre 5,6%
15:24du PIB, selon une note du Trésor.
15:26Et rappelons que Bruxelles a entamé
15:28une procédure pour déficit excessif
15:30qui concerne notamment la France.
15:32Comment faire ? Comment résoudre cette équation budgétaire
15:34impossible dans un délai d'urgence
15:36qui semble lui aussi insurmontable ?
15:38C'est sûr que plus Emmanuel Macron
15:40prend son temps, moins le futur Premier ministre
15:42aura sa marge de manœuvre.
15:44Aujourd'hui,
15:46est-ce qu'on est encore dans les clous ?
15:48Oui, mais effectivement
15:50c'est assez juste, parce que tout ça
15:52est extrêmement rythmé.
15:54Vous parliez du Conseil d'État, ça doit être
15:56normalement, si on veut, dans les clous le 19 septembre.
15:58Ensuite, il y a le passage au Conseil des
16:00ministres le 25 septembre, et puis effectivement
16:02le 1er octobre, ça arrive à l'Assemblée nationale.
16:04Après, il y a
16:06les non-dits aussi de la Constitution
16:08qui ne parlent que de 70 jours
16:10de délai entre le dépôt au Parlement
16:12et le 31 décembre.
16:14Donc ça veut dire que, mécaniquement,
16:16Emmanuel Macron, il peut encore gratter,
16:18si je puis dire, 15 jours, c'est-à-dire qu'on peut se dire
16:20que ça tient encore jusqu'à mi-octobre.
16:22Mais ce qui est amusant, c'est
16:24la petite musique en ce moment
16:26et notamment autour d'Emmanuel Macron
16:28dans l'ex-majorité
16:30qui disent, finalement,
16:32il n'y aurait pas de budget, est-ce que ce serait
16:34si grave ? Parce que qu'est-ce qui se passe s'il n'y a pas de budget
16:36voté ? Il y a ce qu'on appelle une procédure
16:38de secours. Ça veut dire que
16:40il y aurait un
16:42prélèvement d'impôts, il y aurait
16:44des dépenses qui seraient inscrites
16:46exactement
16:48sous le même nombre
16:50que l'année précédente, donc on calquerait vraiment
16:52le même budget et ce serait reconduit.
16:54Donc ce n'est pas un shutdown à l'américaine
16:56où il ne se passe plus rien. Et c'est vrai
16:58qu'il y a
17:00quand même des augmentations qui sont mécaniques.
17:02Par exemple, l'augmentation
17:04des retraites de la fonction publique,
17:06des fonctionnaires, des APL.
17:08Mais certains proches
17:10du président disent, après tout,
17:12ce ne serait pas une
17:14catastrophe que les choses soient
17:16gelées. On nous a
17:18parlé de milliards d'économies à faire
17:20pour 2025, donc
17:22s'il faut faire 20 milliards l'année prochaine, on ne peut pas repartir
17:24avec le même budget de 2024.
17:26Avec ce nouvel os qui vient
17:28de sortir, qui est ahurissant
17:30à vrai dire, cette lettre de
17:32Bruno Le Maire aux parlementaires,
17:3416 milliards d'euros
17:36en trop dans les dépenses
17:38des collectivités territoriales
17:40qui ont été découvertes fin juillet.
17:42Il y a déjà d'ailleurs un dysfonctionnement
17:44qu'il faut noter.
17:46Et on va faire notre travail de journaliste
17:48pour comprendre ce qui a pu se passer parce que
17:50on découvre ça hier.
17:52On ne parle pas de 160 millions d'euros.
17:54On parle de 16 milliards d'euros
17:56de trous
17:58qui sont découverts dans la dernière partie
18:00de l'année. Et c'est ça qui déséquilibre
18:02aujourd'hui les objectifs
18:04du gouvernement
18:06et de Bruno Le Maire.
18:08La vérité, c'est que le problème
18:10sera finalement plus politique
18:12qu'économique.
18:14Économiquement, on sait ce qu'il faut faire.
18:16On sait ce que veut faire
18:18l'axe
18:20de pensée
18:22Emmanuel Macron
18:24et la droite. C'est de
18:26serrer la vis pour baisser
18:28les dépenses et
18:30rentrer dans des critères
18:32qui sont des critères plus soutenables.
18:34Or, quelle majorité
18:36ira voter un tel budget ?
18:38C'est là toute la question.
18:40Avec quand même un vide
18:42à un endroit, c'est qu'il
18:44existe effectivement cette solution de secours
18:46de reconduire le budget
18:48de l'année d'avant. Pour l'activer,
18:50il faut une autorisation de l'Assemblée nationale.
18:52Si les oppositions
18:54décident de
18:56dire non, de dire non toujours et encore,
18:58là il y a un vrai vide.
19:00On ne sait pas quoi faire
19:02si les budgets
19:04sont tout le temps
19:06rejetés.
19:08Il y a la situation politique en France, mais il y en a d'autres qui nous regardent.
19:10Vous l'avez dit, Renaud Delis. Bruxelles,
19:12avec la procédure de déficit excessif,
19:14il y a les marchés aussi.
19:16Les agences de notation, évidemment. La France a d'ailleurs été dégradée
19:18il y a quelques semaines par l'une d'entre elles.
19:20C'est là qu'on voit que je pense qu'une solution
19:22juridique ou une solution constitutionnelle,
19:24quel que soit le pouvoir,
19:26le gouvernement en place dans quelques jours,
19:28dans quelques semaines,
19:30ce gouvernement trouvera une solution juridique.
19:32Je force un peu le trait,
19:34mais la constitution, on peut bricoler avec.
19:36Il y a quelques juristes ou constitutionnalistes
19:38qui s'arrachent les cheveux,
19:40mais il y a une solution juridique,
19:42effectivement, et Alex Bouyerguel,
19:44il se quissait tout à l'heure, qui pourra apparaître
19:46peu à peu. Le problème, il est d'abord politique
19:48et en clair, ça ne fait pas sérieux.
19:50Au vu de la situation calamiteuse
19:52des finances publiques, d'abord
19:54le fait que visiblement on s'oriente vers un deuxième dérapage
19:56du déficit, alors que déjà fin
19:582023, le déficit a été beaucoup
20:00plus lourd,
20:02profond que prévu,
20:04qu'anticipé. Là, visiblement, c'est le cas entre
20:06d'un côté des recettes fiscales
20:08qui finalement seraient moins
20:10importantes qu'attendues par Bercy,
20:12et puis les dépenses des collectivités locales qui développent de 16 milliards.
20:14Ça pose quand même un problème
20:16aujourd'hui sur l'anticipation
20:18et sur la prévision du côté de
20:20Bercy, effectivement, Étienne Gérard le disait.
20:22Et puis, vous le disiez,
20:24la Commission européenne,
20:26les agences de notations, les marchés,
20:28tout ça ne fait pas sérieux
20:30d'un point de vue budgétaire
20:32et on voit que la situation financière
20:34de la France devient de plus en plus
20:36inquiétante et commence d'ailleurs, évidemment,
20:38à inquiéter sérieusement certains de nos partenaires.
20:40Alors après, le gouvernement a préparé un peu les choses avec des lettres
20:42plafond, des économies envisagées,
20:44notamment dans le domaine de l'écologie.
20:46C'est ce qui a énervé le président de la Commission des
20:48Finances, Éric Coquerel.
20:50Ça, ça peut être une base de travail
20:52pour le prochain gouvernement ?
20:54Oui, c'est une base de travail, mais quand on voit qu'effectivement
20:56les prévisions, on a fait 5-5
20:58de déficit cette année, qu'on était
21:00censés à la fin de l'année
21:02atteindre les 5,1 et que là,
21:04on dit que ce sera finalement 5,6,
21:06donc plus que...
21:08C'est vrai qu'il y a un côté un peu affolant.
21:10Étienne a raison. Les collectivités
21:12locales, qu'est-ce qui s'est passé ?
21:14On peut aussi se poser la question...
21:16Il y a des recettes
21:18fiscales qui n'ont pas été à la hauteur
21:20là encore. Pourquoi ?
21:22Et puis effectivement,
21:24toujours dégagé, c'est 15 milliards d'économies.
21:26C'est vrai que le prochain
21:28Premier ministre,
21:30ça va être quand même
21:32pas évident
21:34pour lui. Déjà que c'est compliqué d'en trouver un.
21:36Le problème, c'est qu'on constate
21:38dans des périodes
21:40où il y a une majorité stable,
21:42voire pléthorique, à l'Assemblée nationale
21:44au Parlement, que les gouvernements,
21:46quels qu'ils soient d'ailleurs, mais à fortiori ces dernières
21:48années, ne réussissent pas à faire des économies
21:50et que les dépenses continuent de croître
21:52et les déficits de se creuser. Comment faire
21:54dans une période où la situation
21:56politique est extrêmement instable
21:58et où une frange de l'Assemblée veut des économies
22:00mais une autre veut quand même davantage
22:02de dépenses ? On sait que le problème du NFP est
22:04plutôt plus coûteux, même s'il y a davantage de recettes
22:06d'un point de vue fiscal dans ce projet.
22:08Comment, là aussi, essayer
22:10de concilier ce qui semble inconciliable ?
22:12On va essayer de trouver.
22:14On va attendre la fumée blanche
22:16de l'Elysée. On espère que ça va arriver
22:18dans les prochaines heures.
22:20Merci beaucoup à tous les trois,
22:22à l'éditeur et à l'éditorialiste politique, à France Info TV,
22:24et je rappelle l'invité politique, c'est tous les jours
22:26à 7h45 sur le canal 27.
22:28Etienne Girard, rédacteur en chef
22:30à L'Express. Allez, on reprend les bonnes
22:32habitudes et on jette un oeil sur la lune de L'Express
22:34de cette semaine. Budget, justement,
22:36la France ingérable, avec les chiffres
22:38du déficit et de la dette
22:40qui sont affichés. Votre magazine
22:42L'Express a retrouvé où,
22:44Étienne ? On pourrait l'acheter dans tous les kiosques
22:46de France et de Navarre au plus vite.
22:48Les bons kiosques.
22:50Merci beaucoup, Étienne. Renaud, nous, on se retrouve demain
22:52avec grand plaisir et les informer du soir.
22:54C'est à partir de 20h avec Agathe Lambret
22:56et Jean-Rémi Baudot.