• il y a 2 mois
Avec Jean-Charles Vicard, président de la tonnellerie Vicard

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-08-30##

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Transcription
00:00Il est 8h08 sur Sud Radio. L'inquiétude de la filière du cognac. Parlons-en avec notre invité Jean-Charles Vicar. Bonjour !
00:07Bonjour !
00:08Bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes le président de la tonnerrie Vicar. Le cognac, qui pourrait être taxé par la Chine de l'ordre de 34,8%,
00:18est à l'issue d'une enquête anti-dumping. Alors même que ce pays représente 25% des exportations de la filière, ce serait un coup très dur.
00:28Ce serait un coup très dur, oui. On s'y attendait un peu, mais à ce point-là, pas autant. Il va y avoir des taxes en plus qui vont être progressives
00:38en fonction de la grosseur des maisons de cognac. Donc ça va pouvoir monter jusqu'à 39%, apparemment. Donc c'est vraiment une sale nouvelle.
00:48Alors les taxes, a priori, ne devraient pas tomber tout de suite, mais à l'issue de l'enquête anti-dumping qui a été lancée en janvier dernier.
00:55On le rappelle, c'est une mesure de rétorsion de la Chine contre la politique européenne qui a décidé de taxer les voitures électriques chinoises
01:04qui inondent notre marché. Vous avez l'impression de vous prendre une balle perdue, concrètement, vous ?
01:09Écoutez, on ne maîtrise pas les décisions et les négociations de nos politiques au niveau européen. Donc c'est bien dommage, parce que là,
01:17aujourd'hui, c'est toute une région qui va devoir se faire quebouter pour réfléchir à une façon d'ouvrir de nouveaux marchés ou de changer un peu son fusil d'épaule au niveau de son produit.
01:29Alors effectivement. Après, on se retrouve dans une situation difficile, si on prend le point de vue français. Après tout, vous avez beaucoup d'ouvriers dans les usines automobiles
01:37qui se disent que l'invasion du marché automobile par les voitures électriques chinoises va les mettre au chômage. Aujourd'hui, on taxe donc les voitures électriques chinoises.
01:45La seule mesure de rétorsion, c'est le cognac qui prend. On a l'impression, en quelque sorte, qu'il n'y a jamais de bonne solution sur le plan commercial.
01:53C'est bien possible. Vous avez tout à fait raison. C'est toujours une histoire de négociation. Et trouver la meilleure pour que l'équilibre soit quasi parfait, ce n'est pas une évidence.
02:03C'est vrai que c'est difficile. Parlons maintenant de ce que vous pouvez faire. La filière cognac est extrêmement prestigieuse. Elle est puissante économiquement, mais aussi, disons-le, politiquement.
02:12Quand on pèse lourd dans les exports, effectivement, on se fait plus facilement t'entendre. Est-ce que vous pensez que la filière parviendra à se faire entendre des responsables français dans les négociations avec la Chine ?
02:22Oui, ils ont déjà essayé. Mais je pense que derrière, c'est est-ce que les responsables français ont la capacité de pouvoir aller jusqu'au bout des négociations avec la Chine.
02:33Aujourd'hui, on assiste à une Chine comme les U.S. qui vont faire de plus en plus de protectionnistes et qui vont taxer les produits qui viennent chez eux parce qu'eux aussi en font aujourd'hui et qu'ils aimeraient un peu plus que ça soit consommé localement.
02:51Donc, ça va être de plus en plus dur pour exporter des produits de luxe comme le cognac. Donc, il va falloir aussi savoir se revisiter. On a un produit qui n'a pas bougé avec un bureau national de l'interprofession qui se targue à mettre un produit très traditionnel avec un cahier d'échecs et verres.
03:12Peut-être qu'il faut s'ouvrir. On a d'autres produits, Chine, vodka, tequila, qui s'ouvrent à des palais de consommateurs différents. Il faut peut-être que le cognac aussi pense à en faire autant.
03:23Oui, peut-être innover davantage. Est-ce que vous-même, c'est ce que vous encouragez avec la tonnerie Vicar ?
03:29Bien sûr, oui. Nous, on va essayer de trouver aussi des paramètres. On le fait au quotidien pour nos produits sur les vins, au niveau des chauves et des barriques.
03:40Donc, c'est des cuissons différentes qui permettent d'interpeller les palais après un vieillissement d'un cognac ou d'élevage d'un vin dans une barrique.
03:48Il faut à tout prix qu'on puisse donner les possibilités d'avoir un produit qui évolue parce que le goût du consommateur a évolué.
03:56Il faut donner l'opportunité aussi aux jeunes de pouvoir y goûter. C'est un facteur prix aussi qui va être positif au niveau des prix par rapport à d'autres alcools.
04:08Oui, c'est vrai que c'est un produit de luxe, vous l'avez dit vous-même. Le cognac est souvent d'ailleurs l'un des alcools les plus chers lorsqu'on veut s'en offrir ou en offrir à quelqu'un, il faut bien le dire.
04:18Ce qui fait que c'est un frein pour la consommation des jeunes.
04:21Bien sûr. Et puis aussi notre politique de pénétration sur le marché français. Il faut savoir qu'on consomme autant de whisky en France qu'il ne se vend de cognac dans le monde entier.
04:32C'est incroyable.
04:33Donc, on a quand même un intérêt à bosser au niveau commercial sur le marché français et pouvoir proposer des produits pour que nos jeunes ou nos moins jeunes puissent consommer du cognac et pas forcément des whisky.
04:47Oui, après si je peux me permettre, il faut voir aussi la qualité de ce qui se boit dans le whisky qui est consommé en France et la comparer à la qualité du cognac qu'on exporte.
04:54C'est dommage d'ailleurs qu'on laisse partir les meilleurs produits et qu'on consomme les moins bons, mais ça c'est autre chose.
05:00Je rappelle d'ailleurs que tout ceci est à consommer avec la plus grande des modérations, d'autant plus pour le cognac qui est un alcool noble et qui n'est pas fait pour le binge drinking.
05:08Comme on dit, rien n'est fait d'ailleurs pour le binge drinking.
05:11Dernière question, comment vous préparez-vous, vous concrètement, à la tonnerrie Vicar, à cette possible explosion des taxes en Chine ?
05:18Est-ce que vous cherchez tout de suite, avant que les règles changent, un nouveau marché ?
05:22Alors nous aujourd'hui, il faut savoir que dans les années 75-80, Vicar c'était 100% pour le cognac.
05:29On avait vraiment une tonnerrie locale.
05:31Là aujourd'hui, on bosse à 25% pour le local, donc pour le cognac et le reste, on a 40 pays à travers le monde.
05:39Donc c'est beaucoup le vin.
05:41Donc tous les pays où il y a du vin, on essaye d'être présents.
05:44Donc bien sûr qu'on va intensifier nos démarches commerciales pour essayer de compenser la perte,
05:50mais également il faut aider, je pense, le tissu local à trouver des solutions.
05:55C'est ensemble qu'on va trouver des choses.
05:57Il faut arrêter d'être forcément buté, je le disais tout à l'heure, sur un cahier des charges très ou trop traditionnaliste,
06:03parce que autrement on ne s'en sortira jamais, on sera toujours le cognac de luxe.
06:08Mais aujourd'hui, le cognac de luxe, il faut quand même qu'il soit consommé.
06:11Donc on a tout intérêt à bosser ensemble, à trouver des solutions.
06:16Et il y en a, mais il faut juste les appréhender, les mettre en place et surtout les faire accepter.
06:23Parce qu'aujourd'hui, la problématique, c'est de faire accepter une modification d'un cahier des charges pour pouvoir évoluer.
06:31Et bien le message sera passé.
06:32En tout cas, rassurons-nous, nos vignerons et nos tonneliers ont du talent.
06:36C'est déjà ça.
06:37Donc vous vous en sortirez toujours.
06:38Souhaitons-le vous.
06:39Souhaitons-vous-le en tout cas.
06:41Jean-Charles Vicar, merci beaucoup.
06:42Président de la Tonnelerie, Vicar.
06:44Bon courage à toute la filière cognac.
06:46Il est 8h15 sur Sud Radio.
06:48Restez avec nous.
06:49Dans un instant, dites-le franchement, la gauche fait-elle du mépris de classe envers les électeurs du Rassemblement National ?
06:550826-300-300, Elisabeth Lévy vous attend.
06:58Venez débattre avec elle.

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