Cognac : Crise sans précédent pour la filière ?

Sud Radio

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Crise dans le cognac. Jérôme Sourisseau, bonjour. — Bonjour.

00:08— Merci d'être avec nous. Vous êtes viticulteur président de l'agglomération de Grand Cognac. Jérôme Sourisseau, la filière Cognac

00:16représente 80 000 emplois directs et indirects dans la région. Donc c'est très important. Le numéro 1 du Cognac NC a mis un peu le feu

00:25à toute la filière en Charente. Que se passe-t-il ? La filiale de LVMH a annoncé sa volonté de délocaliser en Chine sa mise en bouteille.

00:33Pourquoi ? Pour contourner les taxes douanières annoncées pour les exportations. Alors évidemment, les salariés sont mis en grève immédiatement.

00:39La direction a suspendu pour le moment son projet sans l'abandonner. Jérôme Sourisseau, quelle est la situation ? Eh bien elle est claire.

00:47La Chine en rétorsion. La Chine impose maintenant des taxes douanières sur les exportations de cognac. Quel est le montant de ces taxes ?

00:5730%, 35% ? C'est ça ? — Oui, oui, c'est ça. Suivant les maisons de cognac, ça peut aller de 30% à 38%. — De 30% à 38%.

01:05Il faut savoir que le cognac exporte beaucoup en Chine. — Oui. La Chine est le deuxième marché en volume et premier marché en valeur.

01:16C'est-à-dire que la Chine importe beaucoup de cognac de vieille catégorie, donc avec plus de valeur ajoutée. Donc c'est évidemment un marché déterminant

01:24pour l'ensemble de la filière cognac. — Oui. Il faut savoir que 2% du cognac produit en France est consommé par les Français.

01:31Les Français boivent peu de cognac, finalement, par rapport à d'autres pays dans le monde. — Eh bien finalement, malheureusement, oui.

01:38Et si je dois alors faire un appel ce matin, c'est que les Français redécouvrent ce fleuron qui est apprécié dans le monde entier et finalement peu en France.

01:47Alors il faut relativiser. La France, c'est 2% du marché. Ça représente quand même 4 millions de bouteilles par an. C'est pas rien.

01:53C'est qu'en fait, l'exportation est importante. Donc ça ne représente que 2%. Mais moi qui préside une association où on porte la reconnaissance

02:01des savoir-faire du cognac au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, parce que nous sommes déjà inscrits sur la liste française,

02:07c'est vraiment un bien qui incarne des valeurs françaises, de découverte du monde, d'ouverture, un produit qui a plus de 300 ans.

02:16Moi, j'invite vraiment les Français à le redécouvrir, évidemment. — Mais bien sûr. Jérôme Sourisseau. Jérôme Sourisseau.

02:21NC, par sa volonté, s'est dit « Bon, pour contourner ces taxes chinoises, je vais embouteiller en Chine ». Si NC embouteille en Chine,

02:29il n'y a plus de taxes. C'est bien ça. C'est-à-dire qu'on envoie le ski en Chine et on embouteille là-bas.

02:36— En fait, les taxes s'appliquent à tous les contenants de moins de 200 litres. Donc j'exprimerais bien sûr mon point de vue qui est très défavorable à ça.

02:44Mais on peut comprendre que l'entreprise, compte tenu du marasme qu'il y a sur les vins espiritueux dans le monde,

02:50cherche toutes les solutions pour continuer et garder ce marché chinois sur lequel on vend du cognac depuis plus de 150 ans, quoi.

02:57Et alors la solution qu'ils ont voulu expérimenter, c'est de dire « Si on envoie carrément une barrique de cognac là-bas,

03:02si on emmène nos bouteilles, les étiquettes, toute la matière sèche là-bas et qu'on le met en bouteille au dernier moment sur place,

03:08qu'en est-il ? ». Et l'expérimentation, parce que les exigences de qualité dans le cognac sont extrêmement élevées,

03:14l'expérimentation qu'on disait à le faire et ensuite à ce que le maître de chez n°1 qui préside l'élaboration des cognacs aille sur place

03:22voir si le voyage a apporté une altération ou pas. Bon. Nous, évidemment... Enfin moi, en tant que président de l'agglomération Grand Cognac,

03:28on a exprimé auprès d'ENSI qu'on était défavorable à ce que la mise en bouteille quitte la région d'appellation, bien entendu.

03:34— Évidemment. Donc ENSI a suspendu sa décision. De son côté, chez ENSI, les syndicats demandent l'extension de l'AOP, l'appellation d'origine contrôlée.

03:45Ce prévaloir du nom « cognac » impliquerait de mettre en bouteille dans la région, imposer en quelque sorte la mise en bouteille dans la région

03:53pour obtenir l'appellation. — Effectivement. C'est une piste qui a été... Alors c'est un vieux débat sur la région qui s'est déjà produit plusieurs fois.

04:03Bon, il y a des débats actuellement au niveau de l'interprofession pour voir comment l'intégrer dans le cahier des charges, quels sont...

04:10Évidemment, les avantages, on les mesure tout de suite. C'est de la sécurité. Quels inconvénients éventuellement. Mais hier, les syndicats ont été reçus

04:17par l'interprofession, qui gère justement l'organisme de gestion de protection d'appellation. Et la piste va être ouverte pour être étudiée, si ça peut être inscrit,

04:25ce qui sera une vraie sécurité, parce que là, on a évidemment un contexte chinois qui est invité à ça. Mais si jamais c'est autorisé, on peut arriver demain peut-être

04:36à des choses... Voilà, on continue. Et puis on exporte en vrac partout dans le monde. L'export en vrac avait eu un gros coup de frein il y a quelques années,

04:44parce que quand on envoyait 100 litres de cognac dans une barrique, à la fin, ça produisait 200 litres dans des bouteilles. Voilà. Le cognac est très copié.

04:55Il y a beaucoup de faux cognac qui circule. Donc il faut vraiment protéger ça pour éviter... — Il y a beaucoup de faux cognac, Jérôme Sourisseau.

05:03Est-ce que la marque est dévoyée parfois ? Est-ce qu'elle est utilisée clandestinement ? — Eh bien l'interprofession, justement, son premier métier,

05:15c'est de protéger. Et elle fait un très bon travail. Il y a de vrais succès. Il y a des accords qui sont signés. Mais on sait que dans certains pays d'Asie de l'Est,

05:28il y a toujours des tentatives de boissons qu'ils appellent le niaque, le cognac. Enfin d'essayer vis-à-vis du consommateur de laisser à penser que c'est du cognac. Voilà.

05:38— Et de tricher, évidemment. Évidemment. Bien. Mais espérons que ça va s'arranger, parce qu'en plus de Donald Trump arrive au pouvoir et fera du protectionnisme,

05:46alors Emmanuel Macron a expliqué lors du G20 qu'il allait discuter avec Xi Jinping pour trouver une issue favorable. Nous verrons bien.

05:55Nous verrons bien. Jérôme Sourisseau, bonne chance. Et je salue toute la filière. J'adore le cognac, moi. Je vous le dis tout de suite, mais évidemment,

06:03avec un bon cigare. Mais si je dis ça, évidemment, je vais faire hurler tout le monde. Mais il faut modérément, de temps en temps, quoi, le soir au coin du feu,

06:14le soir au coin du feu, l'hiver. — Et pas uniquement, Jean-Jacques Bourdin, pas uniquement, parce que justement, cette image que vous avez,

06:21le cognac, il faut le boire comme on l'aime. Si je prends les États-Unis, en fait, le cognac, c'est le monde de la nuit. C'est le monde du cocktail.

06:27C'est la musique moderne de rue, le rap, etc. Et la France souffre justement de cette image où le cognac est vraiment dans un créneau où on le boit

06:37que dans une condition. Et pas du tout. En fait, le cognac, il faut le boire comme on l'aime. Et dans le monde, il est bu de façon complètement différente,

06:43suivant où on est, suivant comment on veut. Et c'est ça qu'il faut que les Français redécouvrent. — Bien. Merci, Jérôme.

06:48Jérôme Sourisseau, initiateur 17, viticulteur président de l'agglomération de Grand Cognac. Merci à vous. Allez, le rappel des titres de l'actualité

06:57avec vous, Laurie Leclerc. Laurie.

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