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Rentrée rime avec dépenses : fournitures scolaires, vêtements, équipements diverses... Entre inflation et incertitude politique, les Français ont-ils changé leurs habitudes de consommation ? Michel Biero, vice-président de Lidl, est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 30 août 2024.

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00:007h44 sur RTL, l'heure de l'invité d'RTL Matin, Thomas vous recevez ce matin un patron chez qui beaucoup de ceux qui nous écoutent vont faire leur course,
00:11Michel Bièreau, le vice-président de Lidl.
00:13Bonjour et bienvenue à vous sur RTL, Michel Bièreau. La rentrée c'est une période de fortes dépenses pour les foyers évidemment, avec un portefeuille qui bien souvent a perdu un peu d'épaisseur avec les vacances.
00:22Pour commencer, quelle est la tendance sur les prix en cette rentrée ?
00:25Alors les prix baissent, en France il y a une déflation depuis le mois de mai, sur le mois d'août on est à moins 1%, chez Lidl on est plutôt sur du moins 4, moins 5, donc les prix baissent et vont continuer à baisser.
00:36Donc on est vraiment, l'inflation est derrière nous.
00:39C'est-à-dire qu'on le sent vraiment ou c'est des petits centimes par-ci par-là ?
00:42Non, le consommateur lambda ne le sent pas, pourquoi ? Parce qu'on est toujours encore à plus 11 par rapport à 2 ans.
00:49Donc le consommateur ne le voit pas vraiment dans le caddie, mais les prix baissent, on les affiche en baisse, en rouge, en gros tous les jours et on va continuer à aller dans ce sens-là.
00:57Est-ce qu'on va revenir un jour au prix d'avant, au prix d'il y a 2 ans ?
00:59Non franchement je ne pense pas parce que...
01:01Parce que les salaires ils n'ont pas augmenté de 11%.
01:03Non mais les salaires ont augmenté quand même.
01:05Donc on a donné 6% il y a 2 ans chez Lidl, on a donné 3,5% il y a un an, donc les salaires augmentent quand même et on ne pourra pas revenir à ce qu'on était il y a 2 ans.
01:14Quels sont les produits sur lesquels ça baisse le plus ?
01:17Bon écoutez, de façon générale les prix baissent, là où ça augmente plutôt c'est le cacao, ça c'est une catastrophe ces derniers temps, l'huile d'olive augmente fortement, mais de façon générale les autres produits baissent.
01:29Après il y a un changement d'habitude aussi, le consommateur il déconsomme les produits plaisir.
01:35Nous dans nos rayons, le lundi, le jeudi, vous savez on a ces produits un peu non alimentaires, là c'est catastrophique, on est à moins 30, moins 40.
01:41C'est quel genre de produit ça ?
01:42Ça va être l'achat plaisir, ça va être le robot monsieur cuisine, bon ça c'est une exception parce que c'est très cher, mais même des produits de jardinage, des produits de bricolage, tous ces produits-là.
01:52Donc on se recentre sur l'essentiel, on remplit l'assiette.
01:54Exactement, on remplit l'assiette.
01:56Les produits frais, il y a une déconsommation par exemple sur le poisson, très très forte, les conserves vont augmenter.
02:02On va acheter plus de steaks hachés au détriment de l'entrecôte, etc.
02:06C'est assez inquiétant, ça veut dire qu'on mange moins bien ? C'est-à-dire que certes on gère un peu mieux le porte-monnaie, il y a des prix qui baissent un peu, et ce qu'on met dans l'assiette est moins bien ?
02:14Le Conso fait des arbitrages clairement, il arbitre en fonction de son porte-monnaie.
02:18Donc à nous, il y a les négociations qui arrivent bientôt sur les marques nationales, donc à nous de faire notre job de distributeur pour continuer ces baisses.
02:26Alors encore une fois, on ne reviendra pas à ce qu'on avait il y a deux ans, mais on va continuer à baisser les prix.
02:31J'ai remarqué qu'on voyait de plus en plus d'affichettes dans les magasins pour mettre en garde contre les vols.
02:35Vous observez-vous une recrudescence des vols alimentaires ou pas ?
02:38Je ne sais pas si on a plus qu'avant, il y en a toujours eu des vols, mais oui, ça peut arriver qu'on se fasse voler une entrecôte.
02:45C'est triste, mais ça arrive. Après on a ces étiquettes anti-vol avec des barrières anti-vol, donc on met en place.
02:54Donc oui, si on met ça en place, forcément c'est qu'il y a un problème.
02:58Au printemps dernier, la loi Egalim 3 avait limité les promos sur les produits d'hygiène, des produits de beauté, des produits d'entretien.
03:03Ça se ressent sur les ventes ?
03:05Non, parce que nous on n'est pas concernés, parce que cette demande qu'avait faite M. Décrozaille, c'était pour les produits de marques nationales.
03:14Moi j'ai très peu de marques nationales, donc moi ça me va bien qu'il n'y ait plus de promos sur les marques.
03:18Parce que le français, à un moment donné, il faut arrêter aussi de lui vendre de la lessive à 10 et deux fois dans l'année lui vendre à 2.
03:26Donc moi je préfère, en tout cas chez nous, on a ce qu'on appelle le Everyday Low Price, c'est-à-dire le bon prix, le meilleur prix toute l'année.
03:33Mais sur les produits d'hygiène, par exemple, les français ne renient pas particulièrement ?
03:36Ah si, si, ils font beaucoup.
03:39Si on augmente sur le fruits et légumes, si on augmente sur du sec, sur des conserves, je disais tout à l'heure, sur les produits de pâtes, les produits de première nécessité, on n'augmente pas sur la cosmétique, ça c'est clair.
03:48Est-ce qu'il existe encore des profiteurs de crise ? Parce qu'on a beaucoup entendu parler de ça ces dernières années.
03:53Alors moi c'est clair, pour moi il y a un problème d'opacité dans ce pays.
03:57Je combats depuis des années la loi de modernisation de l'économie.
04:01J'espère que le nouveau gouvernement, et j'espère qu'il arrive rapidement...
04:07Il faut qu'il arrive rapidement, c'est important qu'il arrive rapidement.
04:09Ah bah là il y a un flottement quand même, parce que nous on avait des discussions justement, notamment avec Renaud Dutreil sur la loi LMU, jusqu'à l'Elysée,
04:15pour essayer de décortiquer et d'arrêter ces négociations dans un sens avec une date butoir qui ne veut rien dire.
04:22Les fameuses négociations entre les producteurs, la grande distribution...
04:26Sauf que le plus grand perdant c'est l'agriculteur, et en début d'année on avait les manifs partout en France,
04:31il y a eu des promesses de fait, il y a eu des engagements de prix, j'espère que le nouveau gouvernement sera dans la continuité et tiendra ses engagements.
04:38Vous êtes déjà inquiet pour les négociations à venir ?
04:40Bah ouais je suis inquiet parce que, encore une fois, on n'est pas très concerné par les marques, mais quand même, c'est un jeu de dupe.
04:47C'est toujours moi je veux plus, moi je veux moins, mais au final...
04:51Oui, c'est toujours c'est pas moi, c'est la grande distribution qui dit c'est les producteurs, les producteurs qui disent c'est les industriels...
04:55Mais pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de transparence, il n'y a pas de transparence. Dans une négociation de marques, de distributeurs, on construit un prix d'achat,
05:02alors que là sur une marque nationale on fait une déflation sur un prix qui sort du chapeau. Donc il faut changer la loi, et on attend avec impatience.
05:08Donc il y a encore des profiteurs de cri, c'est ce que vous dites ?
05:10Oui, très clairement.
05:11Qui sont-ils ?
05:12Les grandes multinationales, toujours les mêmes, parce qu'il n'y a pas de transparence.
05:16Moi je suis consommateur de marques nationales, mais il faut que ces gens-là nous apportent une certaine transparence que nous on donne.
05:23Il y a une grande méfiance des consommateurs entre les prix. La shrinkflation, ça c'est quand les industriels mettent moins de produits pour le même prix.
05:29Il y a la cheapflation, on a des produits de moins bonne qualité mais au même prix.
05:33Il paraît que maintenant il y a la stretchflation, alors là c'est encore plus vicieux.
05:37On achète un poids plus important, mais le prix augmente plus vite que le poids.
05:41Plus que le poids.
05:42Oui mais vous nous prenez pour des gogos sincèrement. Comment on peut avoir confiance ?
05:46Encore une fois, regardez les produits concernés. C'est très souvent, voire toujours, des grandes marques nationales.
05:52Moi je ne joue pas ce jeu-là.
05:53Vous les signalez en rayon quand il y a ça ou pas ?
05:55Moi je ne le fais pas déjà, et quand on me le propose, je les refuse. On a le droit de refuser, parce que le distributeur, il ne faut pas qu'il dise qu'il n'est pas au courant.
06:02Il est bien évidemment au courant, c'est une négociation, donc je sais ce que je vais acheter.
06:05Mais est-ce que ça c'est des pratiques dans le cadre des négociations à venir qu'il faut interdire ?
06:08Mais bien sûr qu'il faut les interdire. Il faut mettre une loi en place pour les interdire.
06:12Mais d'ailleurs sur la shrinkflation, on est incité à mettre en place dans le rayon, quand c'est le cas, de le signaler au consommateur.
06:20Mais oui, il faut l'interdire.
06:21On évoquait l'instabilité politique tout à l'heure, est-ce que la dissolution a impacté les ventes ?
06:26Est-ce que les gens sont inquiétés ?
06:28Non.
06:29Moi je ne le vois pas en tout cas dans mes rayons. Nous les ventes augmentent, on a plus de clients, on a plus d'unités vendues.
06:34Alors vu qu'on baisse fortement les prix, on ne s'y retrouve pas encore en chiffre d'affaires.
06:38Mais ça n'a pas impacté. Moi ça m'impacte, à travers les discussions qu'on avait avec les politiques.
06:44Mais le consommateur, non, je ne pense pas que ça a l'impact.
06:46Le SMIC à 1600 euros, c'est une proposition du Nouveau Front Populaire que la gauche mettra en place si elle arrive à Matignon.
06:54Alors pour l'instant on est évidemment dans le grand flou.
06:56Chez Lidl, c'est possible ?
06:58Alors déjà je ne commente pas les décisions politiques ou les propositions politiques.
07:02Ce n'est pas une décision, pardon.
07:03C'est une décision, c'est une proposition qui pourrait avoir un impact sur vous, sur vos salariés ?
07:07Ça pourrait avoir un impact conséquent déjà pour les entreprises.
07:10Parce que vous vous rendez compte, l'augmentation de la masse salariale pour une entreprise,
07:14et nous déjà on est entre 15 et 20% au-dessus du SMIC aujourd'hui.
07:18Donc moi je pense que...
07:20Tout le monde est au-dessus du SMIC chez Lidl ?
07:22Oui, oui, oui.
07:23Tout le monde est entre 15 et 20% au-dessus du SMIC.
07:25Vous ne pourriez pas grimper jusqu'à 1600 euros net ?
07:27Ça deviendrait compliqué pour notre rentabilité qui aujourd'hui déjà n'est pas au beau fixe.
07:33C'est combien de rentabilité Lidl ?
07:35Ça va, on s'en sort quand même.
07:37C'est combien ?
07:38C'est pas mal.
07:39C'est quoi ? C'est à deux chiffres ? C'est 5% ?
07:41Non, à deux chiffres certainement pas.
07:43Non ?
07:44Non, c'est un petit chiffre.
07:45C'est un tout petit chiffre.
07:46C'est entre 0 et 5 ?
07:47C'est entre 0 et 5, tout à fait.
07:49Entre 0 et 5 ?
07:50Oui, mais on n'atteint jamais les 5.
07:53Oui.
07:54Mais pourquoi ?
07:55Parce qu'on est des épiciers.
07:57On est des centimiers comme on dit chez nous.
08:00Après, les centimes plus les centimes plus les centimes, ça fait un peu d'argent.
08:03Mais on n'est pas philanthropes.
08:05Mais on est avant tout là pour défendre le pouvoir d'achat des Français.
08:07Et aujourd'hui, ils en ont besoin.
08:09Donc, il faut mettre en place des choses.
08:10Je viens de mettre en place 300 références de produits à bas prix
08:14qui sont vraiment très intéressants.
08:16Et les titres restaurants arrivent chez nous à partir de...
08:18Oui, on peut payer jusqu'à 25 euros par jour.
08:20Historique, ça n'a pas existé depuis 30 ans.
08:22Là, les clients, ça, ils apprécient.
08:24Qu'est-ce que vous avez envie de dire pour finir ce matin à celui ou celle
08:27qui dirigera le pays demain ou après-demain ?
08:29Qu'il soit dans la continuité, dans une cohérence de ce qui a été fait avant.
08:34Peu importe qui il est ou qui elle est.
08:37Que ce soit un patron, ce que disait hier l'invité d'Amandine,
08:40le patron d'ingénieur, un patron social.
08:42Moi, je suis distributeur, je suis commerçant.
08:45Je ne vous proposais pas le poste.
08:47Je n'en voudrais pas, surtout pas.
08:49Mais ce que je veux surtout, c'est de la continuité.
08:52Parce qu'encore une fois, il y a des sujets sur la table aujourd'hui
08:56dans les négociations sur le monde agricole qu'il faut traiter.
09:00Que l'ancien gouvernement, le ministre de l'agriculture,
09:02le premier ministre avaient pris à bras le corps.
09:04Aujourd'hui, tout s'est arrêté.
09:05Pour nous, on a l'impression qu'il y a des fantômes dans les ministères.
09:09Personne ne décroche.
09:10C'est assez compliqué pour nous.
09:11Et donc, je pense que très rapidement, il faut que quelqu'un reprenne la main.
09:15Merci beaucoup à vous, Michel Biraud, d'être venu sur RTL ce matin.
09:17Merci.
09:18C'est trois, deux et demi ?
09:19Un cinq.
09:21C'est pas beaucoup.
09:22C'est vraiment pas beaucoup.
09:23Mais tout va bien pour nous.

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