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"Nous sommes collectivement sur une ligne de crête : nous devons faire beaucoup, et si nous n'arrivons pas à faire beaucoup dans tous les domaines, nous devons faire bien, et nous devons faire avec peu" : réduction des déficits, réductions des dépenses publiques, augmentation du smic, amélioration du niveau de vie des français... La longue feuille de route de Bercy. Regardez Antoine Armand, ministre de l'Economie et des Finances de Michel Barnier.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 02 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Bonjour et bienvenue sur RTL, Antoine Armand.
00:06Bonjour, merci.
00:07Vous êtes donc le ministre qui va devoir nous serrer la ceinture, celui qui va devoir mettre en musique le déjà célèbre
00:12« Nous ne pourrons pas dépenser plus, nous dépenserons mieux ».
00:15Le Premier ministre a donc donné des pistes hier, on a besoin d'en savoir un peu plus et on va y aller chapitre par chapitre si vous voulez bien.
00:21Pour ramener le déficit à 5% l'an prochain, en 2025, Michel Barnier a annoncé des hausses d'impôts ciblées.
00:27Qui seront les Français les plus fortunés à qui vous allez demander une contribution exceptionnelle ?
00:32Vous avez raison de poser cette question, je voudrais avoir un mot avant sur le pourquoi.
00:35Pourquoi est-ce qu'on doit réduire le déficit à 5% en 2025 ?
00:39Pour une raison très simple, ça fait 50 ans en France qu'on n'a pas équilibré un budget et on a une dette de 3 220 milliards d'euros.
00:47Qui inquiète les Français tous les jours. On m'en parle, je suis élu de Haute-Savoie, on m'en parle tous les jours.
00:52Qui inquiète nos compatriotes et qui inquiète bien sûr les Européens.
00:55Comment est-ce qu'on va y arriver ? On va y arriver d'abord par la baisse de la dépense.
00:59Très largement, le Premier ministre l'a dit.
01:01Ce qu'il a dit hier, 2 tiers de baisse de dépense et un tiers par la baisse de l'argent.
01:04Oui mais c'est très important, vous imaginez, ça fait 50 ans que notre dépense publique augmente
01:08et on commencerait par dire ce ne sera pas par la dépense publique qu'on y arrivera.
01:12Donc c'est très important de le dire.
01:14Ça dit pardon, mais sur la baisse de la dépense, donc 2 tiers des économies, on a envie de vous dire bonne chance.
01:18Où est-ce que vous allez chercher l'argent ? Parce que le coup de la lutte contre les gaspillages,
01:22la lutte contre les fraudes fiscales, la fraude sociale.
01:24Vous écoutiez peut-être Étienne Gernel tout à l'heure à 7h15.
01:27Ça fait 30 ans qu'on nous le fait.
01:29Vous savez, je ne demande aucune indulgence.
01:31Je ne demande pas qu'on dise, c'est le nouveau ministre de l'économie, il va y arriver là où les autres ne sont pas arrivés.
01:36Vous nous jugerez sur nos résultats.
01:38Et vous avez raison de dire que la seule solution d'y arriver, c'est que chacun contribue à cet effort de dépense.
01:43C'est-à-dire chaque administration.
01:45On réorganise de nombreux services.
01:47L'État comme les collectivités et la sphère sociale.
01:50J'ai bien écouté le Premier ministre.
01:51Il a dit qu'il faut plus de policiers plus visibles.
01:53Créer de nouvelles brigades de gendarmerie.
01:54Lutter contre les déserts médicaux.
01:55Construire des prisons.
01:56Répondre aux défis des professeurs absents à l'école.
01:59Assumer la loi de programmation militaire.
02:00Offrir aux Français des services publics toujours plus performants.
02:03Tout ça, ça coûte cher et ça ne rentre pas forcément dans le
02:05nous ne pourrons pas dépenser plus, nous dépenserons mieux.
02:08Il y a une phrase qu'on me dit souvent chez moi à Haute-Savoie que je trouve très très juste.
02:12On me dit, on a l'impression qu'on ne dépense pas au bon endroit.
02:15Je crois que c'est très juste.
02:17Je crois qu'effectivement on a besoin de dépenser à terme davantage dans l'hôpital,
02:21dans la rémunération de nos soignants, dans les professeurs,
02:24évidemment les policiers, les gendarmes au quotidien.
02:26Mais notre dépense globale, elle doit baisser.
02:28Je vais vous dire quelque chose de très simple.
02:30On a la dépense publique en Europe la plus élevée.
02:33Est-ce qu'on a les services publics les meilleurs de toute l'Europe ?
02:35Je ne crois pas que ce soit une évidence.
02:37Donc il faut qu'on soit prêt à se remettre en question.
02:39Pour ramener le déficit à 5% l'an prochain, il faut économiser 40 milliards à peu près.
02:42Je parle sous votre contrôle.
02:43Il y a un ordre de grandeur qui est celui-ci, on aura l'occasion de le détailler.
02:46Ça sera combien pour la réduction des dépenses ?
02:48Et donc ce sera au moins de tiers.
02:50L'effort il doit être au moins de tiers.
02:51Mais j'ajoute quelque chose, et c'est à ça que sert le débat parlementaire.
02:54C'est que si on nous fait des propositions supplémentaires d'économie,
02:57on sera tout à fait prêt avec le ministre du budget
03:00à réduire encore l'effort qui sera demandé en fiscalité.
03:03Parce que, moi je l'ai dit, je ne serai pas le ministre du matraquage fiscal.
03:06Je ne suis pas venu à Bercy pour augmenter les impôts
03:09alors qu'on est le pays qui taxe le plus au monde.
03:11Si vous voulez bien, on va être très concrets.
03:13Je vous repose ma question de tout à l'heure.
03:14Qui seront les Français les plus fortunés,
03:16à qui vous allez demander une contribution exceptionnelle ?
03:18C'est qui les plus fortunés ?
03:19Alors, on aura l'occasion avec le ministre du budget de le présenter en détail.
03:22Et c'est normal, c'est la procédure parlementaire
03:25aux députés et aux sénateurs la semaine prochaine.
03:27Un mot pour dire que, oui, un effort sera demandé.
03:30Il sera demandé une fois.
03:32Une fois qu'on aura réussi à baisser la dépense publique, d'une grande partie.
03:35Deuxièmement, il sera demandé à celles et ceux
03:37qui ont des revenus extrêmement importants.
03:40Et j'y reviens, mais de manière exceptionnelle.
03:43Et de manière exceptionnelle, de manière temporaire.
03:46Je vais le dire très simplement.
03:47Le barème de l'impôt sur le revenu.
03:49L'impôt sur le revenu que payent au quotidien
03:51les Françaises et les Français qui travaillent de classe moyenne, c'est non.
03:54Vous ne toucherez pas au barème de l'impôt sur le revenu ?
03:56On ne touchera pas de manière générale au barème de l'impôt sur le revenu
03:59pour celles et ceux qui travaillent au quotidien.
04:01Il n'y aura pas de gère du barème de l'impôt sur le revenu, par exemple ?
04:04L'idée, c'est de respecter les engagements qu'on a toujours eus par le passé.
04:08Et c'est-à-dire que celles et ceux qui travaillent
04:10doivent continuer à mieux gagner leur vie.
04:12C'est pour ça aussi qu'on aura une augmentation du SMIC.
04:15C'est pour ça qu'on ne touchera pas à la fiscalité
04:18des classes moyennes et des classes moyennes supérieures.
04:20Mais pardon, où s'arrête la classe moyenne supérieure ?
04:22C'est toujours la même question.
04:23Où se trouve le seuil ?
04:24Encore une fois, qui sont ces Français les plus fortunés
04:27qui vont payer davantage ?
04:28Vous ne le savez pas encore ?
04:29Et à nouveau, on a transmis ce matin au Conseil des finances publiques le projet.
04:34On le présentera en primeur.
04:35Et c'est normal.
04:36On ne peut pas...
04:37Vous savez, Michel Barnier hier,
04:39il a eu une nouvelle méthode.
04:43Et je pense que ça s'est vu pour celles et ceux
04:45qui ont écouté nos échanges au Parlement.
04:46Il a dit, je ne ferai pas de miracle
04:48et je vous respecterai chacune et chacun.
04:50La base de ce respect,
04:52c'est de commencer par réserver la primeur au parlementaire
04:56du prochain budget.
04:57Alors vous avez quand même dit quelque chose.
04:58Vous avez dit, ça sera exceptionnel et temporaire.
05:00Ça va durer combien de temps ?
05:01C'est pour un an ? C'est pour deux ans ?
05:02Ou ce n'est pas fixé encore ?
05:03Vous aurez l'occasion de voir dès la semaine prochaine.
05:05Mais vous avez raison de poser cette question
05:07parce qu'en France, on connaît le temporaire pérennisé.
05:12À nouveau, et j'aurai l'occasion de le dire à la fois aux entreprises,
05:14avec le ministre du budget et aux particuliers,
05:16ce sera exceptionnel, temporaire.
05:18Ça ne sera pas une hausse pour plusieurs années
05:20sur l'ensemble des postes de fiscalité.
05:22Donc c'est un an ou deux, c'est ça ?
05:23On est à peu près dans les clous si on dit un an ou deux ?
05:25En tout cas, il est hors de question que ça dure plusieurs années.
05:27De suite, au même niveau pour tout le monde.
05:29Et pour les entreprises ?
05:30L'effort va concerner celles qui réalisent des profits importants.
05:33Le monde parlait des entreprises qui font plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
05:37Est-ce que c'est à peu près ça ?
05:39J'ai compris que vous ne répondrez pas précisément,
05:41mais est-ce que c'est à peu près ça, celles qui sont concernées ?
05:43L'idée, c'est que les TPE, PME, les ETI,
05:46les entreprises de taille intermédiaire
05:48et un certain nombre de groupes qui sont très exposés en ce moment
05:51ne doivent pas contribuer davantage.
05:53Et je le dis parce que, parfois ça étonne,
05:55mais on a baissé le taux d'impôt sur les sociétés
05:57de 33% à 25% en 7 ans.
05:59Et figurez-vous que ça a augmenté les recettes des impôts.
06:02Pourquoi ? Parce que quand on diminue les impôts,
06:04on redonne la possibilité aux gens d'investir, d'agir,
06:07et ça crée de la richesse.
06:09Donc il y aura une contribution, et ce n'est pas une annonce,
06:11mais je le dis quand même ici,
06:13on en a discuté avec les représentants des entreprises.
06:15Et j'ai pu voir, y compris la semaine dernière,
06:17par exemple le patron du Medef
06:19faire preuve d'une très grande responsabilité
06:21en disant que les très grands groupes sont prêts à contribuer.
06:23Et je crois que...
06:25C'est vraiment les très grands groupes, c'est le haut du panier.
06:28Oui, parce que l'idée, c'est de faire contribuer
06:30que ceux qui le peuvent, et temporairement.
06:32C'est de faire contribuer les très grands groupes du pays
06:36qui ont fait des bénéfices,
06:38y compris dans des situations difficiles,
06:40et qui peuvent contribuer.
06:42Mais ce n'est pas de faire du name and shame.
06:44Ce n'est pas du name and shame, c'est de comprendre
06:46et savoir qui va payer. Il n'y a rien de honteux.
06:48Au contraire, on les remercie s'il y a le contribut davantage.
06:50Exactement, et je fais partie de ceux qui pensent que
06:52si on commence par essayer de stigmatiser
06:54ceux qui font des profits et ceux qui gagnent correctement
06:56leur vie en France, on ne résoudra aucun de nos problèmes.
06:58Monsieur le ministre, vous êtes très fort au ni oui ni non.
07:00Là, j'ai deux petites questions très concrètes avec oui ou non.
07:02Est-ce qu'une hausse des taxes sur les électricités
07:04est à l'étude ou non ?
07:06On regarde l'ensemble des méthodes
07:08sur l'énergie qui nous permettent
07:10de faire deux choses.
07:12La première, c'est de verdir.
07:14Pourquoi ? Parce que vous le savez, aujourd'hui,
07:16on a un système qui a tendance à encourager
07:18davantage la consommation
07:20de choses qui sont mauvaises pour la planète.
07:22Mais c'est plus qu'à l'étude.
07:24C'est instruit, et on a présenté notre projet
07:26au Conseil des finances publiques.
07:28On aura l'occasion de le présenter...
07:30Une taxe sur les billets d'avion qui pourrait tripler en 2025,
07:32c'est ce qu'affirment les échos ce matin.
07:34Je ne vais pas confirmer, vous imaginez bien,
07:36des sources de presse. Ce qui est important, c'est que...
07:38Vous comprenez que c'est compliqué, pour ceux qui nous écoutent, là, quand même,
07:40parce qu'on vous pose beaucoup de questions
07:42très concrètes et on n'a pas les réponses.
07:44Et hier, on n'avait pas les réponses, et le budget, il est présenté la semaine prochaine.
07:46Donc, on se dit, est-ce que ce gouvernement
07:48sait où il va ?
07:50Monsieur Soto, vous me demandez de vous donner des informations
07:52qui, constitutionnellement, doivent
07:54arriver d'abord aux élus de la nation qui représentent
07:56vos auditeurs. Je ne peux pas,
07:58et je ne le ferai pas, dévoiler des choses
08:00qui sont le débat démocratique de base.
08:02Vous, vous avez constaté, comme moi hier,
08:04que le Premier ministre, il a dit
08:06le respect des parlementaires. Le respect des élus,
08:08ce sera la ligne 1.
08:10On commencera toujours par ça. Respecter le débat,
08:12c'est présenter les choses dans le bon ordre.
08:14Et j'ai une dernière question sur le SMIC,
08:16hausse du SMIC de 2% au 1er novembre.
08:18C'est un coup de pouce en attendant une autre
08:20hausse le 1er janvier, ou c'est la hausse du 1er janvier
08:22qui est avancée de 2 mois.
08:24Le Premier ministre a à la fois annoncé
08:26une hausse de 2%, ça pouvait être
08:28moins, et deuxièmement, il a annoncé que
08:30cette hausse n'interviendrait pas,
08:32on n'attendrait pas janvier pour qu'elle intervienne.
08:34Dès le 1er novembre, je le dis très concrètement,
08:36ça veut dire que le SMIC passera
08:38à plus de 1400 euros net
08:40par mois. C'est à peu près 30 euros de plus par mois, c'est ça.
08:42Est-ce que ça réglera tous les problèmes
08:44de pouvoir d'achat ? Personne n'est en train de le dire.
08:46Est-ce que c'est un geste significatif pour dire
08:48des salaires plus décents,
08:50une rémunération plus juste pour ceux qui travaillent ?
08:52Oui, et je crois que c'est un signal extrêmement important
08:54envoyé par le Premier ministre.
08:55Il n'y aura pas de nouvelle hausse en janvier, on est d'accord pour que les choses soient claires.
08:57Si la hausse de janvier est avancée
08:59à novembre, ce n'est pas pour refaire
09:01une immédiatement en janvier.
09:02Et d'un mot, le livret d'épargne dédié à l'industrie,
09:04ce sera pour quand et à quel taux ? C'est décidé ou pas, ça ?
09:06On est en train d'y travailler avec
09:08l'idée que dès le début de l'année prochaine, on pourra
09:10sans doute proposer une offre qui répond à un besoin
09:12très simple. On a tous et toutes
09:14envie de contribuer à ce qu'il y ait plus d'usines
09:16en France, à contribuer à ce qu'on puisse
09:18avec notre épargne.
09:20L'idée, c'est qu'on puisse la mettre en place dans les toutes prochaines
09:22semaines. Pourquoi ? Parce qu'on a aujourd'hui une épargne
09:24des Français qui est très importante
09:26avec des gens qui ont envie d'investir
09:28dans des usines, dans l'industrie française
09:30en laquelle ils ont confiance.
09:32Et ça, je crois que c'est une bonne idée à la fois pour l'industrie
09:34et pour la confiance des Français.
09:36Merci beaucoup Antoine Armand, ministre de l'économie, d'être venu en direct
09:38ce matin sur RTL nous faire partager
09:40le paradis blanc de Michel Berger en quelque sorte.
09:42Merci à vous.

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