Face à l'Info (Émission du 29/08/2024)

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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00A 19h, c'est l'heure, ravie de vous retrouver ce soir, tout de suite la Minute Info, Adrien Spiteri, bonsoir Adrien.
00:00:07Bonsoir Christine et bonsoir à tous.
00:00:09Trois jours après la mort de l'adjudant Comine, le profil du principal suspect s'affine.
00:00:14L'homme mis en examen avait déjà 10 condamnations à son casier judiciaire, 6 concernent des infractions routières selon le parquet de Grasse.
00:00:20Dans le même temps, des images de vidéosurveillance ont été dévoilées.
00:00:24On y voit le chauffard percuter le militaire avant de prendre la fuite.
00:00:27L'Allemagne veut réagir après l'attentat de Solingen.
00:00:30Le gouvernement annonce deux mesures, le durcissement des lois sur le port d'armes blanches,
00:00:34mais aussi la suppression des prestations pour certains étrangers clandestins.
00:00:38L'attaque au couteau a fait trois morts dans l'ouest du pays vendredi.
00:00:42Et puis le nageur Hugo Didier remporte la première médaille d'or française aux Jeux paralympiques.
00:00:47Il a remporté la finale du 400 mètres nage libre.
00:00:50Marie Patouillet a elle remporté l'argent sur le 500 mètres du paracyclisme sur piste.
00:00:56Merci beaucoup mon cher Adrien.
00:00:59Et au sommaire ce soir, beaucoup refusent de voir la réalité du meurtre du gendarme Eric Comin.
00:01:08Même si les images montraient une accélération du chauffard avant l'impact.
00:01:12Même s'il admet avoir pris de l'alcool avant de conduire.
00:01:15Même s'il est multirécidiviste.
00:01:17Regardons cette stratégie pour effacer le réel, effacer la vérité.
00:01:22La vérité, celle qu'on ne veut pas voir.
00:01:24Celle qui fait mal.
00:01:25Celle qui frappe.
00:01:26Celle qu'il faut cacher.
00:01:27N'est-ce pas ainsi l'objectif de ces descriptions pour qualifier la mort d'Eric Comin ?
00:01:32Accident, fait divers, mort au travail ?
00:01:35Une diversion qui empêche de traiter le sujet ?
00:01:38Qui fait diversion ? Pourquoi ?
00:01:40Ont-ils raison ?
00:01:41Méthode d'occultation.
00:01:43Méthode de négation.
00:01:45Méthode de déresponsabilisation.
00:01:47L'édito de Mathieu Bocoté.
00:01:50Sportifs, artistes, où êtes-vous pour pleurer la mort d'Eric Comin ?
00:01:57Où êtes-vous pour tweeter comme dans d'autres cas ?
00:02:01Nous avons deux France qui ne pleurent pas les mêmes morts.
00:02:04Si les collègues d'Eric Comin avaient tiré sur le chauffard avant qu'il ne le tue,
00:02:08c'est la gauche et son électorat qui pleureraient.
00:02:11Parce que c'est un gendarme.
00:02:13C'est la droite et le peuple de droite qui pleurent.
00:02:17Quand on n'honore pas les mêmes morts, peut-on encore faire nation ?
00:02:21L'analyse de Gabrielle Cluzel.
00:02:25C'est la fin d'une fierté française.
00:02:27En silence, doucement, la France perd encore un peu plus de sa grandeur.
00:02:31On a appris que Renault ferme l'usine de Viry-Châtillon
00:02:35et cesse de construire des moteurs pour la Formule 1.
00:02:38C'est la fin de 47 ans de participation à la compétition automobile la plus prestigieuse.
00:02:43Renault avait pourtant révolutionné le monde de la Formule 1.
00:02:47En 1977, Renault est le constructeur au palmarès le plus prolifique.
00:02:52Mais aujourd'hui, c'est qui prendra de moteur allemand ?
00:02:56Le regard de Marc Menand.
00:02:58La victime devient le coupable.
00:03:00Et le coupable, la victime, combien de fois peut-on l'observer au quotidien ?
00:03:04Dans le cri du cœur de la veuve du gendarme Comin,
00:03:07elle souligne que 1981 n'aurait jamais dû exister.
00:03:11Au premier abord, tout se parle de la peine de mort.
00:03:13Mais allons plus loin ce soir.
00:03:15Que s'est-il passé en 1981 ?
00:03:18N'est-ce pas là que se présente le renversement dans la conception de la justice ?
00:03:23N'est-ce pas à ce moment que la victime disparaît,
00:03:26remplacée par l'agresseur, devenu lui-même victime ?
00:03:30Le décryptage de Charlotte Dornelax.
00:03:33Et puis, sans doute un Premier ministre ce week-end, encore une nouvelle échéance.
00:03:38Emmanuel Macron a poursuivi ses consultations aujourd'hui.
00:03:40Une personnalité de centre-gauche tiendrait peut-être la corde pour l'instant.
00:03:44Mais beaucoup veulent toujours imposer Lucie Castex, déjà refusée par le chef de l'État.
00:03:49Alors que le PS ouvre son université d'été,
00:03:52la gauche est-elle en crise après l'échec de son putsch parlementaire,
00:03:57l'édito de Mathieu Bocoté ?
00:04:01Une heure avec nos mousquetaires, c'est maintenant.
00:04:10Comment qualifier, comment caractériser la mort du gendarme Comines ?
00:04:24Un terme circule depuis quelques jours, meurtre.
00:04:27La gauche en propose un autre, fait divers.
00:04:30On le connaît, il s'est souvent nommé de semblables événements.
00:04:34Mathieu Bocoté, quel est donc ce concept de fait divers ?
00:04:38Alors il faut s'attarder justement à ce concept de fait divers,
00:04:41ce terme de fait divers, parce que nous avons à cette émission,
00:04:45mais pas seulement ici heureusement, l'habitude de voir de quelle manière
00:04:49les politiques comme les médiatiques nomment le réel, souvent pour l'occulter.
00:04:55On prétend nommer une réalité pour mieux la dissimuler.
00:04:58On prétend identifier un problème pour mieux ne pas aller à la racine des choses.
00:05:04Donc ce concept de fait divers, on l'a vu à part,
00:05:07il existe depuis toujours les faits divers, ça traîne dans l'actualité,
00:05:10ça fait partie du langage du journalisme moderne,
00:05:12mais sa signification a véritablement évolué depuis quelques années.
00:05:17Pour le dire assez simplement, autrefois, un fait divers, c'était un chien écrasé.
00:05:22Aujourd'hui, un fait divers, c'est un flic écrasé.
00:05:24On ne parle pas exactement de la même chose.
00:05:27Alors fait divers, pourquoi ?
00:05:29On le sait, le concept dominant pour parler de l'insécurité pendant des années,
00:05:34c'était le sentiment d'insécurité.
00:05:36Autrement dit, la population française serait folle.
00:05:41Elle s'imaginerait en danger, mais ne le serait pas.
00:05:44Ce serait un sentiment exacerbé, même créé dans certains cas par les médias,
00:05:49par certains intellectuels, par des hommes politiques populistes,
00:05:52qui créeraient un sentiment d'insécurité pour mieux l'exploiter,
00:05:56mais ça ne correspondrait pas à la réalité.
00:05:59Rares sont ceux aujourd'hui, sauf peut-être quelques ministres égarés,
00:06:03qui oseraient encore tenir ce discours.
00:06:06Donc, il faut nommer ce qui se passe, il faut nommer la réalité,
00:06:09et le concept de fait divers s'est imposé pour nommer cette réalité.
00:06:13Alors, quelle est la fonction du concept de fait divers ?
00:06:15Ça permet tout à la fois de nommer l'événement.
00:06:17Il existe, on ne le conteste pas, mais au même moment,
00:06:20le concept de fait divers permet de le refouler à la périphérie de l'actualité
00:06:24en disant, il n'a aucune signification sociologique,
00:06:28il n'a aucune signification politique,
00:06:31il peut nous intéresser sur la rubrique des événements
00:06:35qui, d'une manière ou de l'autre, font la vie des uns les autres,
00:06:39mais ne doit pas interpeller la cité.
00:06:41Donc, le concept de fait divers, en l'espace de quelques années,
00:06:44il est apparu pour permettre de mieux nommer tout en neutralisant,
00:06:48nommer tout en dépolitisant,
00:06:51nommer tout en effaçant.
00:06:53Donc, c'est un concept qui avait une fonction assez claire,
00:06:56c'était de nous raconter les événements en disant,
00:06:58évidemment, ça a eu lieu, on ne fait plus semblant que ça n'a pas eu lieu,
00:07:01mais ne croyez pas que ça ne portait plus large.
00:07:03Je note, soit dit en passant, que lorsqu'on vient avec le fait divers,
00:07:06il y a toujours, avec ce vocabulaire,
00:07:08il y a toujours ce moment de ce que j'appelle le récit humanitariste
00:07:11où on veut voir la douleur de chaque partie.
00:07:14Alors, on l'a vu aujourd'hui, donc là, on a parlé, évidemment, hier,
00:07:17de la douleur, avec raison, si je peux me permettre,
00:07:19de la veuve du gendarme.
00:07:20Aujourd'hui, sur une autre chaîne d'info que je ne nommerai pas,
00:07:22mais que vous devinerez,
00:07:23alors, on avait la douleur de l'autre camp,
00:07:26c'est-à-dire celui que plusieurs considèrent comme le meurtrier,
00:07:29c'est un terme, s'il y a meurtre, il y a meurtrier,
00:07:31à tout le moins le responsable supposé de la mort du gendarme.
00:07:35Alors, on nous disait, sur cette autre chaîne que je ne nommerai pas,
00:07:38pour parler du type qui a buté, quoi qu'on en dise, le gendarme,
00:07:43discret, gentil, travailleur,
00:07:46on nous dit que ses amis, parce qu'on était voir ses proches,
00:07:49et ses amis, ses proches, sa famille,
00:07:51ils étaient tous très choqués d'apprendre
00:07:54que leur ami s'était rendu coupable de cela.
00:07:57Ils ajoutaient même, ça ne lui ressemble pas,
00:08:00ce n'est pas une racaille, c'est un homme comme les autres,
00:08:03avec 10 condamnations.
00:08:05Si à 10 condamnations, on n'est pas une racaille,
00:08:07à combien de condamnations le devient-on?
00:08:09Pardonnez-moi, justement, on fera un zoom sur ça
00:08:12avec Charlotte Dornelas dans un instant,
00:08:13sur cette montée en épingle, justement,
00:08:15pour pouvoir béatifier le coupable.
00:08:18Exactement.
00:08:19Alors, quoi qu'il en soit, on l'a recompris,
00:08:21l'essentiel, c'est de dépolitiser l'événement.
00:08:23Et justement, si on porte attention
00:08:26au vocabulaire politique utilisé,
00:08:28aujourd'hui, c'était la journée
00:08:30de la dépolitisation de l'événement.
00:08:32Alors, Mme Lucie Castex,
00:08:34qui est probablement, dans ses derniers jours,
00:08:36de star de la vie publique,
00:08:38bien que ce que j'ai compris,
00:08:40elle a quitté la mairie de Paris
00:08:41pour conserver une vie politique active désormais.
00:08:43Je crois qu'elle a cru au récit de sa légende providentielle.
00:08:46Enfin, on a chacun le droit de croire des choses étranges.
00:08:49Elle a dit, de passage,
00:08:51chez Apolline de Malherbe, ce matin,
00:08:53il faut se garder de tirer des conclusions hâtives
00:08:57sur les bases d'un fait divers.
00:09:00Alors, c'est très intéressant, ce qu'elle nous dit.
00:09:02Donc, oui, l'événement est là.
00:09:03Oui, je pleure avec la victime.
00:09:05Mais réfléchir à la signification politique de la chose,
00:09:09est-ce qu'on est dans un système juridique?
00:09:11C'est la formule de l'épouse du gendarmière
00:09:14qui dit la France a tué mon mari.
00:09:16Elle dit non, non, pas du tout.
00:09:17Des conclusions hâtives.
00:09:19Et ce qui est intéressant,
00:09:20quand on regarde l'ensemble de l'échange ce matin,
00:09:22c'est qu'Apolline de Malherbe me disait,
00:09:23oui, mais vous savez, avec les nouvelles lois,
00:09:25la nouvelle loi immigration,
00:09:26il aurait été possible de renvoyer ce monsieur chez lui.
00:09:29Et alors, s'il avait été renvoyé chez lui,
00:09:31il n'aurait pas pu commettre ce crime.
00:09:33À tout le moins, la mise à mort du gendarme.
00:09:36Et là, elle s'entête à dire non, non, non,
00:09:38je refuse de tirer des conséquences.
00:09:39Pourtant, la conséquence, on la voit là.
00:09:41Il était là, s'il n'avait pas été là,
00:09:44l'autre serait pas mort.
00:09:45Gardons ça à l'esprit.
00:09:46Et son argument d'une subtilité remarquable
00:09:48qui nous rappelle encore une fois
00:09:49à quel point nous sommes devant une technocrate puissante.
00:09:51Elle dit, les gens du RN ont apprécié cette loi,
00:09:54donc moi, je peux pas apprécier cette loi.
00:09:56RN, méchant, mauvais.
00:09:57Dès lors, moi, j'aime pas.
00:09:58Ils les aiment, j'aime pas.
00:09:59J'aime, ils les aiment pas.
00:10:00On voit que c'est puissant.
00:10:01Quoi qu'il en soit, elle nous le dit,
00:10:03et c'est important de garder à l'esprit,
00:10:04ne pas tirer de loi, ne pas changer de loi,
00:10:07ne pas tirer de conséquences politiques d'un fait divers.
00:10:10Et là, ça va structurer,
00:10:12en fait, ça structure depuis quelques jours,
00:10:13le discours à gauche.
00:10:15Je me permets de donner deux autres exemples.
00:10:17Hercilia Soudé.
00:10:19Alors, Hercilia Soudé,
00:10:20intellectuelle de référence du camp progressiste aujourd'hui,
00:10:23interpellée par le collectif Nemesis,
00:10:26qui dit, vous faites des tweets sur différents sujets,
00:10:29mais vous ne parlez pas, par exemple,
00:10:32je cite le tweet de Nemesis.
00:10:34Voici un post que vous ne verrez jamais
00:10:36chez Hercilia Soudé et ses amis de LFI.
00:10:38Mardi 20 août à Lille,
00:10:40un Guinéen avec un visa étudiant
00:10:42a violé une femme en pleine rue.
00:10:44Il a été arrêté par une patrouille de police.
00:10:46Commentaire de Mme Soudé.
00:10:48Je suis député,
00:10:50pas responsable de la rubrique faits divers.
00:10:52Alors, vous voyez, c'est le même argument encore une fois.
00:10:55En quoi ça me concerne?
00:10:56C'est un fait divers,
00:10:57c'est un événement sans signification politique.
00:10:59J'ajoute que la formulation transpire un affreux mépris aussi,
00:11:02si je peux me permettre,
00:11:03du genre, voulez-vous me ficher la paix
00:11:05avec vos histoires de violeurs
00:11:07dans les circonstances où un Guinéen
00:11:09avec un visa étudiant, ça ne me concerne pas.
00:11:11Ce n'est pas un événement important,
00:11:13ce n'est pas un événement intéressant.
00:11:14Pourquoi vous me dérangez avec cela?
00:11:16Il y a quelque chose d'un peu étonnant dans cette formule.
00:11:19Plus qu'étonnant, et puis qui fait mal,
00:11:21qui fait mal pour la famille de la victime.
00:11:23Mais je ne savais pas d'autant qu'elle se veut féministe,
00:11:25je ne savais pas qu'elle croyait que la violence faite aux femmes
00:11:27rentrait dans la catégorie des faits divers.
00:11:29Où est le continuum des violences?
00:11:30Apparemment, déjà, flirter avec une femme,
00:11:32c'est le début du viol aujourd'hui,
00:11:34et au terme de ça, il y a le féminicide.
00:11:36Mais apparemment, lorsqu'il y a un vrai viol,
00:11:38un vrai viol qui est commis,
00:11:39à ça, fait divers, ça ne me concerne pas.
00:11:41Dégagez maintenant, dégagez les gueux, dégagez, vous m'énervez.
00:11:44Et, troisième formule aujourd'hui,
00:11:47ça nous vient d'un autre intellectuel de choc
00:11:50de la gauche mondaine, M. Pablo Pilo-Vivien,
00:11:53qui dit, on ne peut pas changer la loi
00:11:56parce qu'il est arrivé sur le territoire
00:11:58un fait divers aussi abominable soit-il,
00:12:01précisément parce que la République
00:12:03doit tenir sur ses principes.
00:12:05J'ignore quels sont les principes auxquels fait référence monsieur.
00:12:08Il ajoute, soit dit en passant, que les propos de la veuvière
00:12:11étaient terriblement violents.
00:12:13Terriblement violents.
00:12:14Alors, moi, je suis du journal de récolte,
00:12:16je pense que c'est plutôt la mort du gendarme
00:12:18qui est un événement terriblement violent,
00:12:20mais ce monsieur préfère s'indigner
00:12:22des propos de la veuve.
00:12:24Mais, vous aurez compris, l'argument qui est nouveau,
00:12:26il y a une évolution sémantique à gauche,
00:12:28ou à la gauche de la gauche même,
00:12:30Madame Cassette, c'est à la fois gauche et gauche de la gauche,
00:12:32c'est de nous dire, désormais,
00:12:34les faits divers ne doivent pas,
00:12:36ne doivent pas, d'une manière ou de l'autre,
00:12:38avoir un impact sur la vie politique.
00:12:40Et ce serait mieux si on n'en parlait pas,
00:12:42parce que lorsqu'on en parle trop,
00:12:44ça dérègle nos cerveaux.
00:12:46Vous permettez que je fasse une petite parenthèse ?
00:12:48J'avais noté des faits divers, justement,
00:12:50mais qui ont entraîné une modification de la loi.
00:12:52Il y en a quand même beaucoup.
00:12:54Je prends l'exemple, en 2005,
00:12:56de l'assassinat de la jugeuse Nelly Kremel,
00:12:58vous vous souvenez ? Modification de la loi
00:13:00sur la récidive des infractions pénales.
00:13:02En 2007, Francis Evrain, vous vous rappelez ?
00:13:04Réclusion pour les violences sexuelles.
00:13:06Modification de la loi, le 25 février 2008.
00:13:08Ou encore, septembre 2009,
00:13:10Marie-Christine Odo, violée, tuée,
00:13:12Amélie Laforêt.
00:13:14Il y a eu une nouvelle loi qui a été votée
00:13:16en mars 2010, qui vise à moindrir
00:13:18le risque de récidive.
00:13:20Ou encore, le 4 avril 2017,
00:13:22Sarah Halimi, directrice de crèche,
00:13:24personne n'a l'air oubliée,
00:13:26qui a entraîné une loi du 24 janvier 2022.
00:13:28Donc je suis quand même, effectivement,
00:13:30comme vous dites, un peu surprise
00:13:32entre fait divers et loi.
00:13:34Qui dit fait divers, Mathieu Bocoté ?
00:13:36Ne dit-il pas qu'il s'agit, effectivement,
00:13:38de minimiser, de dire que ce n'est pas si grave que ça ?
00:13:40C'est exactement ce qu'on nous dit.
00:13:42On nous dit, en fait...
00:13:44Lorsqu'on dit fait divers,
00:13:46il y a la clause compassionnelle.
00:13:48Si vous voulez vous contenter de pleurer,
00:13:50d'inonder Paris de vos larmes,
00:13:52alors là, vous avez le droit de pleurer.
00:13:54Vous mettez des majuscules partout, dans l'émotion.
00:13:56Là, tout le monde est invité à pleurer,
00:13:58sans arrêt. Pleurer, pleurer, pleurer tous.
00:14:00On va y aller ensemble.
00:14:02On va remplir la piscine olympique
00:14:04de nos larmes liées aux circonstances.
00:14:06Donc ça, c'est permis.
00:14:08Mais si on veut réfléchir politiquement
00:14:10à ce qui se passe, alors là, non.
00:14:12Là, on nous dit que c'est très, très grave
00:14:14si on est sur le mode émotionnel.
00:14:16Si on est sur le mode politique,
00:14:18ça devient... En fait, c'est le contraire du très grave.
00:14:20Ça devient un événement circonstanciel
00:14:22à laisser de côté, qui viendra, encore une fois,
00:14:24je le dis, troubler notre compréhension de la cité.
00:14:26Parce qu'encore une fois, il y a cette idée
00:14:28qu'il a évolué depuis 40 ans.
00:14:30Avec la prime aux délinquants,
00:14:32avec la culpabilisation du communé mortel,
00:14:34avec cette espèce d'inversion des rôles,
00:14:36ne doit pas être mis en question.
00:14:38C'est ce qu'on a appelé, il y a un instant,
00:14:40les principes de la République.
00:14:42J'ajoute, et on l'a vu ce matin dans Le Figaro,
00:14:44c'est intéressant, c'était M. Olivier Faure,
00:14:46cette fois, qui a illustré un peu
00:14:48cette philosophie.
00:14:50Je le cite en quelques mots,
00:14:52parce qu'il dit d'abord, je suis très ému.
00:14:54C'est la formule obligatoire pour ne pas avoir l'air
00:14:56d'avoir l'air, c'est-à-dire, oui, je suis tout à fait ému
00:14:58par ce qui s'est passé. Et il ajoute,
00:15:00c'est vrai qu'il y a aujourd'hui quelque chose à faire.
00:15:02Mais, ajoute-t-il,
00:15:04les systèmes judiciaires et pénitentiaires
00:15:06sont déjà totalement embolisés.
00:15:08Et il ajoute,
00:15:10mettre les gens en prison n'est pas
00:15:12non plus une réponse satisfaisante.
00:15:14Alors, c'est quoi la réponse satisfaisante
00:15:16pour le type qui a eu 10 condamnations?
00:15:18Est-ce que c'est le renvoyer
00:15:20chez lui? Je devine qu'un socialiste
00:15:22ne sera pas d'accord avec ça.
00:15:24C'est pas le cas non plus. Alors, qu'est-ce que c'est
00:15:26exactement la solution?
00:15:28On voit dans la réponse embarrassée
00:15:30du leader socialiste
00:15:32son malaise avec l'idée
00:15:34de la légitime punition.
00:15:36Son malaise avec l'idée de mettre à l'écart
00:15:38les éléments troubles, les éléments toxiques,
00:15:40les éléments destructeurs
00:15:42qui font en sorte qu'une société
00:15:44ne fonctionne plus. Et là, il nous dit,
00:15:46dernière concession réelle,
00:15:48on a encore aujourd'hui beaucoup trop de monde en prison,
00:15:50dit-il. De toute façon, on ne se retrouve pas en prison
00:15:52sans raison. Si on se retrouve en prison, c'est parce qu'on a
00:15:54fait quelque chose de mal. Bon,
00:15:56je vais un peu à l'ancienne.
00:15:58Il ajoute, il faut que nous prenions ce débat
00:16:00à bras-le-corps. Alors, c'est quoi ce débat à bras-le-corps
00:16:02qu'on doit faire si on sait d'avance
00:16:04qu'il y a trop de monde en prison, si on sait
00:16:06d'avance qu'il ne faut pas avoir
00:16:08recours à la prison? Alors, on voit
00:16:10cette logique, et j'y reviens
00:16:12parce que c'est très important.
00:16:14Chaque fois, désormais, dans le langage médiatique,
00:16:16rappelez-vous Lola. Rappelez-vous Lola.
00:16:18Fait divers. Horrible. Atroce.
00:16:20On pouvait dire Frédéric Combe,
00:16:22on voulait atroce, pleurer, mais dès qu'on
00:16:24cherchait à réfléchir, récupération.
00:16:26Récupération, récupération. Et c'est hier...
00:16:28Il s'en échappe de plomb, silence.
00:16:30Et c'est hier,
00:16:32l'espèce de surprise
00:16:34qui nous vient de la veuve du gendarme
00:16:36qui dit non, non, non.
00:16:38Moi, je dis, ce n'est pas une question de récupération.
00:16:40C'est que tout ça a une signification politique, et nous allons
00:16:42en parler. La mort de mon mari
00:16:44nous permettra à tout le moins de parler
00:16:46de cette réalité occultée.
00:16:48Ça n'est pas sans intérêt.
00:16:50Alors, tout est donc fait divers. On met dans
00:16:52fait divers tout et n'importe quoi. Il y aura une
00:16:54obésité de fait divers, finalement.
00:16:56En fait, c'est assez fascinant. C'est-à-dire, il s'accumule.
00:16:58Il s'accumule. Il y a un effet de saturation.
00:17:00Mais, on pourrait répondre,
00:17:02les faits divers ont changé de nature. Autrefois,
00:17:04je vais donner un exemple, celui qu'on ne doit
00:17:06jamais citer, apparemment, Pierre Sautarelle.
00:17:08Avec sa revue de presse, F. de Souches,
00:17:10où il dit, auparavant, les faits divers, comme on voit
00:17:12aujourd'hui, on en rapportait un de temps en temps,
00:17:14puis c'était bouleversant.
00:17:16Aujourd'hui, il y en a tellement, mais il y en a
00:17:18tellement qu'on ne peut même pas rapporter
00:17:20chacun d'entre eux. On ne peut même pas
00:17:22rapporter chacun d'entre eux. C'est quand même
00:17:24particulier. Et, il y a une forme,
00:17:26on pourrait dire, le sentiment collectif se
00:17:28désensibilise. Encore un meurtre.
00:17:30Encore un viol.
00:17:32Encore des viols. Encore une agression.
00:17:34Cela, on a intégré dans notre
00:17:36récit du quotidien
00:17:38ces faits divers, comme on les appelle.
00:17:40On a intégré cette violence
00:17:42dans le récit du quotidien. On ne considère
00:17:44plus que cette violence, c'est un problème qu'on peut
00:17:46résoudre. Cela fait partie
00:17:48de notre vie ordinaire
00:17:50désormais. Et, en fait,
00:17:52quand on regarde ce discours,
00:17:54il y a une forme d'inversion du rapport
00:17:56au scandale. Ce n'est plus,
00:17:58le vrai scandale, aujourd'hui, ce n'est pas le fait
00:18:00divers, comme on l'a vu. D'ailleurs, finalement,
00:18:02le vrai scandale, c'était la réaction de la veuve.
00:18:04Le vrai scandale, pour le parti
00:18:06médiatique dominant, pour le régime,
00:18:08aujourd'hui, le vrai scandale, c'est voir
00:18:10ce fait divers et chercher à l'analyser,
00:18:12à le comprendre, à le mettre
00:18:14en relation avec les liens
00:18:16délinquance, immigration,
00:18:18insécurité, problème
00:18:20du système de justice, faiblesse des juges.
00:18:22Le vrai scandale, aujourd'hui, consiste
00:18:24à nommer la réalité.
00:18:26Le vrai scandale consiste à dire
00:18:28on ne se contentera pas de pleurer, on va voir
00:18:30de quelle manière le régime
00:18:32est responsable
00:18:34de la situation que nous avons aujourd'hui devant nous.
00:18:36Le vrai scandale, en fait, consiste à décrire
00:18:38la réalité telle qu'elle est. Et la gauche,
00:18:40on l'aura compris dans tout cela, a un objectif,
00:18:42une logique. Elle préférerait
00:18:44invisibiliser ces faits divers
00:18:46pour que nous n'en parlions plus et que nous
00:18:48puissions renouer avec le récit
00:18:50de la diversité heureuse.
00:18:52Ce n'était pas prévu, mais je veux bien faire un petit tour
00:18:54de table en plus sur un autre mot
00:18:56qui fait partie de cette stratégie
00:18:58pour occulter la vérité
00:19:00mort au travail. Ah oui, c'est l'humanité.
00:19:02Ah, ça c'est génial. Alors, Charlotte,
00:19:04je vais aller répondre ensuite à Mathieu.
00:19:06Est-ce que ça vous a vous aussi interpellé sur le
00:19:08fait que ça soit simplement
00:19:10un mort au travail ?
00:19:12Et ça fait partie du travail, apparemment,
00:19:14qu'on refuse d'obéir à la police et qu'on lui fonce
00:19:16dessus ou au gendarme, en l'occurrence.
00:19:18Là, il y a un prisme
00:19:20idéologique qui est complètement hallucinant.
00:19:22C'est-à-dire qu'il y a une volonté
00:19:24d'imposer le sujet de la
00:19:26violence au travail, voire des morts au travail
00:19:28du côté de l'humanité, sujet
00:19:30légitime en lui-même.
00:19:32Et donc, on fait rentrer dedans parce qu'on n'a pas envie de le qualifier
00:19:34autrement, par ailleurs. C'est évidemment ça le sujet.
00:19:36C'est à la fois un fait divers,
00:19:38mais ça ne devient plus un fait divers, ça devient un fait politique
00:19:40quand on le fait rentrer dans le nombre de morts au travail.
00:19:42Finalement, qu'on ne soit pas d'accord
00:19:44sur la nature du fait de société
00:19:46qui se cache derrière ça. C'est normal, ça s'appelle
00:19:48le débat politique. Encore faudrait-il
00:19:50reconnaître, de base, il y a
00:19:52des débats, par exemple, sur la
00:19:54révolution MeToo, par exemple, pour dire
00:19:56que c'est une succession de faits divers. Non, il y a eu
00:19:58un sujet politique. Nous n'avons pas la même lecture.
00:20:00Il y a des débats sur la mort
00:20:02de Naël, au moment de la mort de Naël.
00:20:04Il ne semble pas qu'ils aient vu un fait divers. Ils ont vu
00:20:06un fait de société qui rejoint
00:20:08celui que nous avons aujourd'hui. Donc, il y a une analyse
00:20:10politique derrière. Donc, c'est simplement
00:20:12quand ça les ennuie, soit ils rattachent à quelque chose
00:20:14qui est leur lecture politique,
00:20:16soit, en effet, ils cherchent à l'invisibiliser.
00:20:18C'est petit.
00:20:20Marc-Gabriel et Mathieu.
00:20:22Il y a une double fence dans ce titre.
00:20:24Par rapport à la clientèle
00:20:26de l'humanité.
00:20:28Ce sont des gens populaires, des gens
00:20:30qui, parfois, ont des travaux
00:20:32extrêmement durs au quotidien
00:20:34et qui risquent leur vie, en particulier
00:20:36dans le bâtiment. C'est là où il y a le plus de morts.
00:20:38Et donc, on assimile
00:20:40ces risques qui, malheureusement,
00:20:42sont liés à la fonction
00:20:44et qu'il est difficile
00:20:46de véritablement enrayer, même avec des
00:20:48mesures de sécurité, par rapport
00:20:50à quelqu'un qui, parce qu'il est
00:20:52gendarme, est donc condamné
00:20:54ou il signe, quand il s'engage,
00:20:56le fait de pouvoir être tué par quelqu'un
00:20:58volontairement qui lui fonce dessus.
00:21:00C'est quand même complètement aberrant.
00:21:02C'est donc une double fence.
00:21:04Un accident et puis, de l'autre côté,
00:21:06une intervention humaine volontaire.
00:21:08Voilà. Mais ce qui est quand même
00:21:10aussi très symptomatique
00:21:12de tout cela,
00:21:14c'est que, depuis des années,
00:21:16que ce soit un gendarme ou un policier,
00:21:18le gendarme, souvent, il habite une caserne,
00:21:20mais pas toujours,
00:21:22il ne se rend plus à son domicile
00:21:24en tenue.
00:21:26Il a peur. Il enfourne
00:21:28son uniforme,
00:21:30le met au vestiaire,
00:21:32car, dans la rue, il risque
00:21:34d'être menacé
00:21:36et de subir l'impossible
00:21:38et l'infâme.
00:21:40Ce qui est intéressant
00:21:42et qui est assez
00:21:44intelligent de l'avoir de l'humanité, c'est de prendre
00:21:46ce fait du verre et de le coller dans un bocal qu'il
00:21:48connaît, les morts au travail.
00:21:50Et ainsi, ça permet d'occulter
00:21:52le vrai sujet. Mais on peut faire ça à l'infini.
00:21:54Samuel Paty, c'est un mort au travail.
00:21:56Quand les médecins se font agresser,
00:21:58ce sont des morts au travail. Et puis, ça permettra, après,
00:22:00quand on sera sur un plateau, de gloser à l'infini
00:22:02sur les morts au travail.
00:22:04C'est dramatique. Mais vous savez, on fait la même chose
00:22:06avec la psychiatrisation.
00:22:08Quand on prend les attentats...
00:22:10Un islamiste qui commet un attentat,
00:22:12on va gloser à l'infini sur la
00:22:14saturation des services
00:22:16de psychiatrie.
00:22:18C'est vrai que c'est un vrai sujet, mais ce n'est pas
00:22:20le sujet fondamental.
00:22:22Et c'est quand même une façon très sournoise
00:22:24d'occulter le problème.
00:22:26Et les journalistes de Charlie Hebdo,
00:22:28c'est un accident du travail ?
00:22:30Voilà pourquoi je pense
00:22:32qu'avec cette
00:22:34formulation de l'humain, on est
00:22:36vraiment dans une falsification intégrale du réel.
00:22:38C'est-à-dire, en gros,
00:22:40accident de travail, à la rigueur,
00:22:42c'est la faute au capitalisme. Mais si on
00:22:44cherche à inscrire ça dans le contexte d'insécurité
00:22:46aujourd'hui, qui est celui d'une accumulation
00:22:48telle de faits divers, qu'il s'agit
00:22:50aujourd'hui de la trame de nos vies,
00:22:52ça ne peut pas être mentionné.
00:22:54Mais la falsification du réel est au
00:22:56cœur du travail d'une bonne partie de la presse
00:22:58aujourd'hui. Il faut le reconnaître,
00:23:00c'est-à-dire qu'une bonne partie des médias
00:23:02publics et une partie de ceux qui tournent autour d'eux,
00:23:04l'humanité et d'autres,
00:23:06travaillent à falsifier la réalité,
00:23:08à invisibiliser la réalité,
00:23:10à renverser sa signification. Je ne suis pas
00:23:12surpris. Par ailleurs, j'aimerais rappeler à Marc, si je peux me
00:23:14permettre, que je crois que l'humanité n'a tout simplement plus de lecteurs.
00:23:16Ils ont des subventions, mais plus de lecteurs.
00:23:18J'aime bien le « ils ont des subventions ».
00:23:20On parle souvent
00:23:22de deux France. On analyse
00:23:24fréquemment leurs lignes de fractures,
00:23:26mais il y en a une qui frappe
00:23:28aujourd'hui. Nous avons
00:23:30deux France qui ne pleurent pas les mêmes
00:23:32morts, Gabriel Cluzel. Si les collègues
00:23:34d'Éric Comines avaient
00:23:36tiré sur le chauffard avant
00:23:38qu'il ne le tue,
00:23:40c'est la gauche et son électorat
00:23:42qui seraient en train de pleurer.
00:23:44Parce que c'est un gendarme,
00:23:46c'est la droite et le peuple de droite
00:23:48qui pleure en ce moment.
00:23:50Est-ce que lorsqu'on n'honore pas
00:23:52les mêmes morts dans une
00:23:54société, on peut encore faire
00:23:56nation ?
00:23:58C'est une vraie question.
00:24:00La France pleure ses enfants,
00:24:02la nation pleure ses enfants,
00:24:04revient souvent dans les hommages. Je ne sais pas si vous avez
00:24:06remarqué, je l'ai retrouvé dans des vidéos aujourd'hui,
00:24:08Emmanuel Macron, Gérald Darmanin
00:24:10disent souvent « la nation pleure ses enfants ».
00:24:12Mais est-ce que vraiment toute la nation
00:24:14pleure ses enfants ?
00:24:16Vous connaissez cette citation de Victor Huguet,
00:24:18« ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
00:24:20ont droit que sur leur tombe
00:24:22la foule vienne épris ». Un gendarme
00:24:24qui tombe dans l'exercice de ses fonctions,
00:24:26c'est-à-dire la protection des citoyens,
00:24:28on peut dire qu'il est mort pour la patrie.
00:24:30Mais visiblement, ceux qui ont
00:24:32pleuré sur Naël et même
00:24:34légitimé les manifestations
00:24:36n'ont pas du tout la même peine pour
00:24:38le gendarme tué à Mougins,
00:24:40ou en tout cas ils ne l'expriment pas de la même façon, c'est le moins qu'on puisse dire,
00:24:42pourtant parfaitement
00:24:44irréprochable, il n'y a rien à dire.
00:24:46J'ai été très frappée
00:24:48notamment par la députée
00:24:50Alma Dufour. Vous savez, la députée
00:24:52Alma Dufour, elle avait déclaré
00:24:54au moment des émeutes de Naël,
00:24:56« la faim justifie les moyens ».
00:24:58En parlant des émeutes, elle l'est légitimée d'une certaine façon,
00:25:00parce qu'aujourd'hui, je lis,
00:25:02« ce n'est pas un cas isolé, c'est le quatorzième
00:25:04mort en un an pour refus d'obtempérer ».
00:25:06Donc je me suis dit, elle s'intéresse
00:25:08au refus d'obtempérer, je suis donc allée
00:25:10sur son compte X, j'y suis allée ce matin,
00:25:12je n'ai rien vu sur
00:25:14Éric Comine. J'y suis retournée
00:25:16par honnêteté avant de rentrer
00:25:18sur le plateau. Ah, elle parlait des forces de l'ordre.
00:25:20Il y avait un tweet qui était sorti,
00:25:22mais pas du tout pour parler d'Éric Comine, pour les dénoncer
00:25:24parce qu'elle voulait soutenir
00:25:26Sébastien Delogu, auquel quelqu'un avait
00:25:28dit, qu'un policier avait dit
00:25:30qu'il n'était pas gentil du tout.
00:25:32Je vous renvoie au tweet de Sébastien Delogu.
00:25:34Il n'était pas du tout question
00:25:36d'Éric Comine, il était question
00:25:38encore de dénoncer
00:25:40les forces de l'ordre. Donc, elle comptait
00:25:42les morts pour refuser
00:25:44d'obtempérer. Exactement. Que d'un côté.
00:25:46Que d'un côté. Et alors,
00:25:48on se demande quel est le motif de ce silence.
00:25:50Est-ce que c'est la gêne ? Est-ce que c'est
00:25:52l'indifférence ? Est-ce que ce sont
00:25:54les deux ? Et
00:25:56en parlant de silence et
00:25:58d'indifférence, je n'ai pas vu non plus
00:26:00un tweet
00:26:02de Omar Sy. Vous vous souvenez ?
00:26:04Omar Sy, pour Naël, il avait demandé
00:26:06une justice digne de ce nom.
00:26:08L'épouse du
00:26:10gendarme qui a été tué ne demande rien
00:26:12d'autre. Il n'a pas demandé
00:26:14de justice digne de ce nom pour Éric Comine.
00:26:16Dans l'affaire Naël, Mathieu Kassovitz
00:26:18s'était montré en larmes.
00:26:20Il avait réclamé que le policier
00:26:22soit condamné rapidement
00:26:24et fortement. Il aurait pu
00:26:26demander que l'individu qui
00:26:28a tué Éric Comine fasse
00:26:30l'objet aussi d'une condamnation rapide
00:26:32et forte. Je n'ai rien vu dans ce
00:26:34sens. Kylian Mbappé, qui avait
00:26:36tweeté pour Naël en disant
00:26:38qu'il avait mal à sa France, que c'était
00:26:40une situation inacceptable.
00:26:42Il avait dit que toutes ses pensées vont pour
00:26:44la famille et les proches de Naël.
00:26:46Naël, ce petit ange, est parti
00:26:48beaucoup trop tôt. Mais
00:26:50un gendarme, c'est une forme d'ange. C'est
00:26:52l'ange gardien de la société. Alors,
00:26:54pourquoi n'a-t-il
00:26:56rien dit ? Pourquoi ne parle-t-il
00:26:58pas de cette famille ? Je suis sûre que
00:27:00Mbappé ne sait pas rien pour cette famille
00:27:02et il n'a rien dit.
00:27:04Très intéressant à analyser
00:27:06tout ça. Pourquoi les gendarmes, les policiers,
00:27:08n'ont-ils droit à aucune
00:27:10larme de la part de ces stars, de ces
00:27:12sportifs ? On en parle dans un instant.
00:27:14Petite pause et on revient tout de suite là-dessus.
00:27:20Retour sur le plateau de Face
00:27:22à l'Info. Dans un instant avec Charles Jornelas,
00:27:24on parlera de 1981. Qu'est-ce qui a
00:27:26changé concrètement ? Au-delà de
00:27:28juste, si vous permettez l'expression,
00:27:30la peine de mort, tout
00:27:32a été inversé
00:27:34au niveau de la justice. On en parle avec Charlotte dans
00:27:36un instant. Certains sont en grève
00:27:38chez Renault
00:27:40ces jours-ci. On va en parler
00:27:42avec vous Marc dans un instant, mais surtout l'aspect
00:27:44fierté française. Une fierté française
00:27:46qui s'en va, qui s'estompe
00:27:48encore chez Renault. On en parle dans un instant
00:27:50avec vous Mathieu. On en est
00:27:52où du Premier ministre ? Ok, d'accord.
00:27:54Mais c'est surtout
00:27:56l'EPS aujourd'hui. Est-ce que
00:27:58l'EPS n'est pas en crise
00:28:00aujourd'hui à l'heure qu'il est la gauche ?
00:28:02Plus largement à l'heure où l'EPS
00:28:04fait son ouverture de l'université
00:28:06d'été aujourd'hui. On en parle dans un instant.
00:28:08Gabrielle Cluzel, pourquoi
00:28:10les gendarmes,
00:28:12les policiers n'ont-ils droit
00:28:14à aucune larme de la part
00:28:16de ces stars et de ces sportifs ?
00:28:18Leur famille n'a aucune pensée.
00:28:20Oui, on peut
00:28:22vraiment se demander par quelle inversion des valeurs
00:28:24ces stars,
00:28:26ces sportifs sont capables de
00:28:28pleurer sur le sort
00:28:30triste, certes, mais de ceux
00:28:32parfois, de ceux qui contreviennent à la loi
00:28:34parce que refuser d'obtempérer c'est
00:28:36contrevenir à la loi, mais qui sont incapables
00:28:38de s'apitoyer sur
00:28:40le sort tragique de ceux qui tentent de la faire
00:28:42respecter. En l'occurrence
00:28:44Éric Comines. Et au-delà
00:28:46de l'indifférence, il y a pire parce qu'il y a les
00:28:48insultes, Mathieu les avait
00:28:50évoquées hier, les insultes atroces
00:28:52qu'a essuyées l'épouse du gendarme tué.
00:28:54Alors je ne vais pas les citer ici, par respect pour
00:28:56elle, mais la plupart des profils
00:28:58qui profèrent ce genre d'insultes
00:29:00sur les réseaux sociaux, les auteurs
00:29:02de ces messages arborent drapeau palestinien
00:29:04ou un signe antifa.
00:29:06Et ça prouve qu'il y a...
00:29:08Non, mais ces insultes sont abominables.
00:29:10Abominables. J'espère qu'on ne va pas arrêter
00:29:12le patron de Twitter.
00:29:14Ça devient rare.
00:29:16Et ça prouve
00:29:18qu'il n'y a pas l'empathie
00:29:20élémentaire, naturelle
00:29:22que l'on éprouve pour toute personne
00:29:24qui vient de perdre
00:29:26un proche. C'est vraiment un très proche.
00:29:28C'est vraiment une véritable haine.
00:29:30Mais il y a d'autres exemples.
00:29:32Vous savez que Arnaud Beltrame lui-même
00:29:34qui avait donné sa vie, vous vous souvenez, pour
00:29:36une caissière qui avait
00:29:38échangé avec elle face
00:29:40à un islamiste, avait été insulté
00:29:42par un ancien candidat de la France insoumise
00:29:44aux législatives de 2017
00:29:46dans le Calvados. Stéphane Poussier,
00:29:48cet homme avait écrit
00:29:50à chaque fois qu'un gendarme se fait buter
00:29:52et ce n'est pas tous les jours. Je pense à mon
00:29:54ami Rémi Fraisse. Là, c'est un colonel.
00:29:56Quel pied ! Accessoirement,
00:29:58encore un électeur de Macron en moins.
00:30:00Quel pied ?
00:30:02Ajoutant dans un autre tweet,
00:30:04je ne suis pas gendarme, comme il aurait dit, je ne suis pas
00:30:06Charlie, donc c'est la référence à cette phrase-là.
00:30:08Alors il a été condamné
00:30:10pour cela et exclu de la France insoumise
00:30:12depuis, mais
00:30:14on a retenu ses propos.
00:30:16Il y a aussi en mars 2019, la plaque
00:30:18de Xavier Jugelet, tué en
00:30:202017 par un islamiste, dégradé
00:30:22par l'extrême gauche. Il y avait eu un tag
00:30:24anarchiste et un
00:30:26sticker Antifa.
00:30:28Et puis, on peut citer aussi, dans un autre genre,
00:30:30mais ça procède de la
00:30:32même analyse, après la perte
00:30:34de deux nouveaux soldats français au Mali
00:30:36le 2 janvier 2021,
00:30:38le tweet de la ligue de défense
00:30:40noire africaine, alors dissoute depuis,
00:30:42qui affirmait
00:30:44ne pas regretter la mort de militaires
00:30:46qui n'auraient pas dû protéger
00:30:48au Mali les intérêts économiques de la
00:30:50bourgeoisie criminelle française.
00:30:52Il les avait même qualifiés de
00:30:54terroristes, terroristes militaires français.
00:30:56Respecter
00:30:58les morts, Gabrielle Cluzel,
00:31:00quels qu'ils soient, est-ce que c'est pas
00:31:02quand même un marqueur
00:31:04de civilisation ?
00:31:06Oui, c'est un marqueur de civilisation et c'est un marqueur de civilisation
00:31:08qui disparaît.
00:31:10On apprenait autrefois aux enfants
00:31:12à se signer, à se découvrir au passage
00:31:14d'un corbillard, quel qu'en soit
00:31:16le contenu, alors peut-être parce qu'on était
00:31:18encore croyants et qu'on respectait
00:31:20le mystère de la mort, mais Marc va me dire
00:31:22qu'il n'y a pas besoin d'être croyant pour respecter
00:31:24le mystère de la mort, je connais bien
00:31:26ses paroles.
00:31:28Et il fut un temps où,
00:31:30pas si lointain, à l'Assemblée nationale,
00:31:32où l'unité se
00:31:34cimentait, voilà,
00:31:36autour de cette notion de mort pour la patrie.
00:31:38Et le radical du
00:31:40Cantal, Paul Doumer,
00:31:42et le très catholique général
00:31:44de l'Aveyron, Édouard de Castelnau,
00:31:46que tout semblait séparé, ils partageaient
00:31:48quelque chose, c'est le sacrifice de leur fils
00:31:50pour la France. Leur fils était mort pour la France
00:31:52et c'est vrai qu'il y avait un ciment
00:31:54commun. Et ces monuments
00:31:56aux morts qui jalonnaient nos villages
00:31:58étaient l'expression de cette unité.
00:32:00Ils honoraient les enfants tombés
00:32:02pour la France, quelle que soit leur étiquette
00:32:04politique.
00:32:06Je ne sais pas si vous connaissez le monument aux morts
00:32:08de la ville de Strasbourg.
00:32:10Strasbourg eut égard à sa situation particulière
00:32:12pendant la guerre de 1914, les Alsaciens.
00:32:14Eh bien, elle a réussi à honorer
00:32:16les morts de tous côtés
00:32:18puisqu'on voit une mère qui tient ses deux
00:32:20fils nus sans uniforme parce qu'il y en a
00:32:22un qui était supposé porter l'uniforme français
00:32:24et l'autre portait l'uniforme allemand.
00:32:26Eh bien, cette unité, cette
00:32:28unité face à la mort, ce respect des morts,
00:32:30visiblement, nous ne l'avons plus en France.
00:32:32Et quand Astin,
00:32:34par exemple, vous savez, une fresque géante
00:32:36avait été
00:32:38dévoilée avec les visages
00:32:40d'Adama Traoré et George Floyd
00:32:42et avec cette légende contre le racisme
00:32:44et les violences policières,
00:32:46c'était une façon de dire
00:32:48nous aussi, c'est notre
00:32:50monument aux morts et ce n'est pas le vôtre.
00:32:52Et quand
00:32:54de la même façon, Danielle Obono,
00:32:56dans un tweet en octobre 2022,
00:32:58avait lancé à ses détracteurs
00:33:00« mangez vos morts »,
00:33:02elle avait dit après « c'est une boutade ».
00:33:04Oui, enfin, c'est une boutade
00:33:06qui en dit long sur
00:33:08ce que les morts des autres lui inspirent.
00:33:10On dit même, c'est une origine italienne
00:33:12qui veut dire
00:33:14que vos morts
00:33:16soient maudits.
00:33:18Et on peut défiler,
00:33:20on peut tirer le fil à l'infini
00:33:22et c'est ça qui est assez tragique.
00:33:24Jean-Luc Mélenchon,
00:33:26quand on lui avait dit, il y a une pancarte
00:33:28sur une manif qui a marqué « un flic mort,
00:33:30c'est un vote pour le RN en moins »,
00:33:32eh bien, il avait répondu
00:33:34on a quand même le droit de rigoler.
00:33:36Pardon, mais je ne suis pas sûre que si sur la pancarte
00:33:38il y avait eu « un délinquant mort,
00:33:40c'est un électeur de LFI en moins »,
00:33:42il aurait aussi
00:33:44appelé, défendu le droit
00:33:46à rigoler.
00:33:48Et ce n'est pas d'aujourd'hui,
00:33:50et ça aussi on peut le dire, que la gauche
00:33:52ne respecte pas les morts.
00:33:54Moi, j'ai lu un livre de souvenirs de la guerre d'Indochine
00:33:56écrit par un historien qui s'appelle Maurice de Poitvin
00:33:58et il disait que
00:34:00les militants communistes,
00:34:02il leur arrivait d'uriner sur les cercueils
00:34:04de soldats qui arrivaient d'Indochine.
00:34:06Vous voyez ?
00:34:08Et pendant la guerre d'Algérie, c'était tout pareil.
00:34:10On se souvient de la situation,
00:34:12de la citation en juillet dernier, eximée par Rimasan,
00:34:14vous savez, pour le Fanon,
00:34:16pour le coloniser,
00:34:18la vie ne peut surgir que du cadavre
00:34:20en décomposition du colon.
00:34:22Donc vous voyez, le ferment du
00:34:24« chacun s'est mort et j'irai cracher sur vos tombes »
00:34:26c'est depuis
00:34:28longtemps dans notre pays
00:34:30et c'est une arme de destruction massive pour la nation.
00:34:32Merci beaucoup
00:34:34pour votre regard, ma chère Gabrielle,
00:34:36sur cette France
00:34:38coupée en deux.
00:34:40Dans un instant, je vais vous montrer une petite
00:34:42image positive de Marseille.
00:34:44On parle souvent de Marseille en négatif
00:34:46mais une petite image, dans un instant, juste après Marc.
00:34:48Alors Marc, on va parler d'une
00:34:50fierté française qui s'en va.
00:34:52Avant de présenter...
00:34:54Il y a de fortes probabilités de s'en aller
00:34:56parce que la décision définitive
00:34:58sera prise le 31 septembre.
00:35:00Reste que la grogne, elle est là.
00:35:02Vous avez raison.
00:35:04Merci beaucoup pour cette précision. Je vais vous laisser dire tout ça
00:35:06dans votre petite chronique. Alors justement, on va parler
00:35:08de voitures, on va parler de Renault,
00:35:10on va parler de cette Renault
00:35:12qui devrait donc fermer
00:35:14l'usine de Viry-Châtillon et qui cesse
00:35:16de construire des moteurs pour la Formule 1.
00:35:18Ça c'est définitif ou pas ?
00:35:20Oui. Non, ça sera
00:35:22le 31 septembre
00:35:24que l'on saura si
00:35:26effectivement la décision est définitive.
00:35:28On va vers la fin de 47 ans
00:35:30de participation à la compétition automobile
00:35:32la plus prestigieuse et Renault
00:35:34avait pourtant révolutionné le monde
00:35:36de la Formule 1 en 1977.
00:35:38Deux aspects ce soir avec vous.
00:35:40Le fait effectivement que c'est une fierté
00:35:42française qui s'en va. Trois points de suspension
00:35:44bientôt peut-être. En tout cas,
00:35:46ça révolte les salariés.
00:35:48Et puis le fait que vous êtes un passionné
00:35:50de voitures
00:35:52et c'est pour ça que c'est intéressant aussi votre regard
00:35:54parce que vous avez couru deux fois
00:35:56les 24 Heures du Mans en terminant
00:35:5813e à la deuxième fois. Vous étiez sur 14
00:36:00candidats ?
00:36:02Non, on était 50 avec Jean-Philippe Grand
00:36:04et Jacques Gouttechaud comme coéquipiers.
00:36:06Regardez comment on est beaux.
00:36:08Personne n'était né.
00:36:10Bleu, bleu, rouge.
00:36:12À l'extrême gauche, c'est Marc Menand.
00:36:16Et là, c'est un article de Téléstar
00:36:18de 1986 et vous avez
00:36:20également commenté la Formule 1.
00:36:22Alors ce soir, ce qui nous intéresse
00:36:24c'est ça.
00:36:26Le moteur qu'avait justement
00:36:28créé Renault va être remplacé aujourd'hui par
00:36:30des moteurs allemands.
00:36:32Où va-t-on ? Dites-nous tout.
00:36:34Ce qui est extraordinaire, en plus, Alpine.
00:36:36Alpine, c'est une légende.
00:36:38C'est-à-dire que l'usine
00:36:40de Viry-Châtillon a été créée par
00:36:42un monsieur qui s'appelait Jean Rédélé
00:36:44qui a inventé Alpine.
00:36:46Avec pas grand-chose, il faisait
00:36:48des voitures de course. Et les Alpines
00:36:50d'abord se sont distinguées en rallye
00:36:52avec Jean-Claude Andruet et Bernard Dingy.
00:36:54Ils gagnaient les plus grandes courses.
00:36:56Et puis ensuite, il y a eu
00:36:58l'aventure, le désir
00:37:00de gagner les 24 heures
00:37:02du Mans en 1978.
00:37:04Mais en même temps, ils se sont dit
00:37:06la Formule 1, elle devrait être là.
00:37:08Il nous faut
00:37:10remporter le titre de champion
00:37:12du monde avec une voiture française
00:37:14et un moteur français.
00:37:16Mais on n'avait pas trop les moyens.
00:37:18Et alors, c'était un défi national.
00:37:20A l'époque, il y avait une marque
00:37:22d'essence qui s'appelait Elf.
00:37:24Il y avait les pneus Michelin et Renault.
00:37:26Et les trois se réunissent.
00:37:28Ils vont prendre un moteur Touriqui
00:37:30qui ne faisait que 1 500 cm3
00:37:32face aux 3 litres
00:37:34des Ford.
00:37:36Et on va inventer le turbo.
00:37:38Et...
00:37:40Là, on est en 1977.
00:37:421977, avec un seul
00:37:44pilote dès le milieu de la saison
00:37:46qui s'appelle Jean-Pierre Jabouille,
00:37:48c'est un pilote essayeur. Il fait rire
00:37:50tout le monde parce que la voiture
00:37:52ne cesse d'abandonner dans des nuages
00:37:54de fumée parce que ça chauffe
00:37:56tellement le turbo.
00:37:58Et vous savez comment on l'appelle ?
00:38:00On l'appelle la Yellow Tipote.
00:38:02C'est-à-dire la théière.
00:38:04Et cette voiture
00:38:06n'est pas fiable du tout.
00:38:08Mais on s'accroche malgré ces sarcasmes.
00:38:10On veut à tout prix
00:38:12montrer que la passion
00:38:14et le génie français peuvent
00:38:16s'imposer. Et ils vont y parvenir
00:38:18dès 1979
00:38:20avec une première victoire
00:38:22de Jean-Pierre Jabouille. On aura René Arnoux,
00:38:24Alain Prost.
00:38:26Et les victoires ne cesseront
00:38:28de combler Renault
00:38:30qui remportera 19 titres
00:38:32de champion du monde.
00:38:34À un moment donné, néanmoins,
00:38:36on arrête de construire des châssis
00:38:38et ça c'est extraordinaire,
00:38:40pour construire que des moteurs.
00:38:42Et on va équiper un certain nombre
00:38:44de voitures
00:38:46qui sont des châssis
00:38:48avec des petits artisans, pour la plupart anglais,
00:38:50et on achète le moteur français.
00:38:52Aujourd'hui, on dit qu'ils ne sont pas
00:38:54capables de fabriquer
00:38:56un moteur. Et c'était déjà
00:38:58viril chatillon. Et grâce à ça,
00:39:00on va découvrir Ayrton Senna
00:39:02qui remporte son premier Grand Prix.
00:39:04Alonso qui court encore aujourd'hui
00:39:06en Formule 1, qui a deux titres
00:39:08de champion du monde. Michael Schumacher,
00:39:10champion du monde grâce
00:39:12à ce moteur Renault. Vous vous rendez compte ?
00:39:14Grâce au génie français.
00:39:16Alors,
00:39:18comment peut-on arriver
00:39:20à ce qu'aujourd'hui, alors que l'aventure
00:39:22a repris
00:39:24depuis 3-4 ans
00:39:26en essayant d'avoir
00:39:28cette ambition d'une voiture
00:39:30complètement française. Oui, il y a
00:39:32des choses qui ne vont pas. Mais peut-être qu'aussi,
00:39:34en même temps, on essaie de gagner les 24 heures du Mans.
00:39:36Alors ça fait beaucoup de choses
00:39:38dans l'ensemble
00:39:40de l'équipe. Et puis, il y a une autre
00:39:42difficulté, c'est que quand Renault
00:39:44avait fini par abandonner la Formule 1,
00:39:46après, pour pouvoir réintégrer
00:39:48la compétition,
00:39:50ils ont acheté ce qui s'appelait
00:39:52l'équilibre Benetton avec un monsieur
00:39:54qui vient de réapparaître chez Renault
00:39:56qui s'appelait Flavio Briatore.
00:39:58Et
00:40:00on a, à ce moment-là,
00:40:02acquis l'usine en Angleterre.
00:40:04C'est-à-dire qu'on fabrique
00:40:06les châssis en Angleterre
00:40:08et on a 334
00:40:10bougres à Viry-Châtillon
00:40:12qui sont toujours dans cette
00:40:14prospérité de la création.
00:40:16À voir ce génie français
00:40:18qui s'accomplit avec une voiture
00:40:20rugissante. Et là, on leur apprend
00:40:22qu'apparemment, ça coûte
00:40:24trop cher, qu'on veut bien gagner,
00:40:26mais à minima. Imaginez une Ferrari
00:40:28avec maintenant, ça serait
00:40:30un moteur Mercedes.
00:40:32Imaginez une Mercedes qui soit avec un moteur
00:40:34Renault. Imaginez une Ferrari
00:40:36qui soit avec un moteur Renault.
00:40:38On dit, enfin, c'est plus une Ferrari.
00:40:40Et pour autant, on espère ainsi
00:40:42montrer une image.
00:40:44Une image non pas que d'ambition,
00:40:46mais une image conquérante
00:40:48pour pouvoir s'imposer sur le marché.
00:40:50Alors on dit, ben oui, mais on va créer
00:40:52cette nouvelle Alpine.
00:40:54Alors ça nous prend
00:40:56du génie en quelque sorte
00:40:58créatif et on ne peut pas tout concilier.
00:41:00Et dans les chiffres,
00:41:02c'est vrai que
00:41:04120 millions pour fabriquer
00:41:06un moteur par an
00:41:08et que 17 millions si vous achetez
00:41:10à la concurrence. Mais vous êtes une
00:41:12demi-voiture, donc ça ne veut rien dire.
00:41:14Vous passez à côté
00:41:16de ce que représente
00:41:18ce que...
00:41:20En plus, l'automobile,
00:41:22pour la France, l'automobile,
00:41:24c'est certainement l'un des symboles
00:41:26comme en aviation
00:41:28de ce que nous avons de plus extraordinaire
00:41:30dans notre capacité
00:41:32à entraîner le monde.
00:41:34La première voiture, c'était une
00:41:36bolée fabriquée au Mans.
00:41:38Et puis après, il y a toutes les marques qui sont encore là.
00:41:40Peugeot, Renault, etc.
00:41:42Et comment imaginer
00:41:44que l'on ait la folie
00:41:46devant le monde entier
00:41:48alors qu'on a imposé le moteur turbo.
00:41:50Non seulement il a gagné,
00:41:52mais toutes les écuries
00:41:54sont venues à fabriquer
00:41:56des moteurs turbo.
00:41:58On a copié la France.
00:42:00Soudain, on a acheté un moteur allemand.
00:42:02Mais c'est péteux.
00:42:04On peut comprendre que les
00:42:06334 salariés,
00:42:08ils ne pleurent pas
00:42:10que sur la potentialité de leur emploi
00:42:12puisqu'on leur promet qu'ils seront
00:42:14chargés de trouver les nouvelles
00:42:16technologies de l'avenir. Non.
00:42:18Ils pleurent sur ce que représente
00:42:20cette France conquérante.
00:42:22Ils pleurent sur ce qui les a
00:42:24portés depuis si longtemps.
00:42:26Et ils seront sans doute
00:42:28ce week-end, il y a un Grand Prix
00:42:30à Monza, avec des petits fagnons.
00:42:32Des petits fagnons Renault.
00:42:34Les fagnons de la défaite
00:42:36alors qu'on espérait tant de leur savoir-faire
00:42:38et de leur enthousiasme
00:42:40oubliant le quotidien
00:42:42et les charges de travail.
00:42:44Le génie français qui s'est imposé
00:42:46et le génie français en train de s'envoler.
00:42:48Merci Marc Menand.
00:42:50Avant de donner la parole à H.A. Landau
00:42:52en hélas, pour bien comprendre ce qui s'est passé
00:42:54en 1981, une petite image
00:42:56que je voulais partager avec vous.
00:42:58Puisque à Marseille, 800 000 euros
00:43:00ont été levés pour restaurer
00:43:02qui ? La Bonne Mère.
00:43:04Alors la Bonne Mère, vous savez, c'est le surnom
00:43:06qui a été donné à la Basilique Notre-Dame
00:43:08de la Garde située à Marseille.
00:43:10Cette basilique
00:43:12est un lieu de culte
00:43:14important pour les marins de la région.
00:43:16Vous le savez car ils considèrent que la
00:43:18Vierge Marie est leur protectrice.
00:43:20Et ce qui est intéressant, c'est que
00:43:22ça permet de restaurer une partie
00:43:24de l'édifice de Notre-Dame de la Garde
00:43:26redorer la statue de la Bonne Mère
00:43:28ce qui équivaut à la moitié du budget total.
00:43:30Puisqu'il est intéressant car on en parle régulièrement
00:43:32la décrépitude
00:43:34justement de notre patrimoine
00:43:36français.
00:43:38Et là, ce sont des dons.
00:43:40Un tiers des fonds nécessaires
00:43:42ont été récoltés par des dons.
00:43:44Chapeau en tout cas
00:43:46pour cette bonne nouvelle.
00:43:48Maintenant,
00:43:50ma belle Charlotte, juste avant,
00:43:52on a appris aujourd'hui en Essonne
00:43:54toujours pour rester dans le sujet
00:43:56d'Eric Comine.
00:43:58En Essonne, aujourd'hui, le rappeur
00:44:00Zola a été placé
00:44:02en garde à vue après un refus
00:44:04d'obtempérer sous l'emprise
00:44:06de stupéfiants.
00:44:08Une information saigneuse, tout cela pour dire
00:44:10que les refus d'obtempérer, on rappelle
00:44:12qu'il y en a un toutes les 20 minutes.
00:44:14Hier, Charlotte, nous avons évoqué
00:44:16par le biais de La Veuve
00:44:181981.
00:44:20C'est La Veuve, donc, je disais,
00:44:22dans son réquisitoire qu'il a évoqué comme une date
00:44:24notoire qui n'aurait jamais
00:44:26dû exister. Alors, beaucoup
00:44:28évoquent la peine de mort, se précipitent pour dire
00:44:30c'est juste la peine de mort, mais
00:44:32cette année, on représente un renversement
00:44:34dans la conception même
00:44:36de la justice.
00:44:38De quoi s'agit-il précisément ?
00:44:40Et ce qui légitime le fait
00:44:42de mettre de côté, pour
00:44:44comprendre un peu au-delà du sujet
00:44:46de la peine de mort, c'est que
00:44:48le suspect qui a été
00:44:50arrêté et qui est là suspecté du meurtre
00:44:52d'Éric Comine, parce que
00:44:54il y a un débat sur meurtre au fait divers.
00:44:56La justice, elle, a poursuivi pour meurtre.
00:44:58Je le signale au passage.
00:45:00Le profil de cet
00:45:02individu ne relève pas du tout
00:45:04de la question de la peine de mort
00:45:06au préalable et jusqu'à ce drame-là.
00:45:08La question que pose...
00:45:10Le casier judiciaire
00:45:12de cet homme, c'est
00:45:14l'évolution de notre conception de la justice,
00:45:16de la répression et de la lutte
00:45:18contre ce que l'on appelle la petite délinquance,
00:45:20celle qui s'accumule parfois
00:45:22sur des dizaines de lignes,
00:45:24sur certains casiers judiciaires.
00:45:26Cet homme a 10 condamnations,
00:45:286 pour atteinte à la circulation routière,
00:45:304 pour atteinte aux personnes
00:45:32et, fait intéressant,
00:45:34toutes les peines
00:45:36qui ont été prononcées pour ces condamnations
00:45:38ont été exécutées.
00:45:40Que ce soit le travail d'intérêt général,
00:45:42les amendes ont été payées
00:45:44et la prison ferme,
00:45:46il avait pris 2 mois,
00:45:48qui ont été transformées en bracelet électronique.
00:45:50Vous savez, c'est l'équivalent de la prison ferme
00:45:52désormais pour les petites peines.
00:45:54Il a donc eu à faire, cet homme,
00:45:56à une justice qui a fonctionné
00:45:58normalement, c'est-à-dire
00:46:00par normalement, entendez,
00:46:02selon nos règles actuelles.
00:46:04C'est ça, évidemment, qui est intéressant
00:46:06puisque ça choque énormément de gens
00:46:08de voir autant de lignes s'accumuler sur un casier
00:46:10sans qu'il y ait d'incarcération
00:46:12ou de réaction plus ferme
00:46:14que celle-ci. C'est évidemment ça qui interroge.
00:46:16Or, 1981,
00:46:18c'est aussi ce tournant-là.
00:46:20Outre la question de la peine de mort,
00:46:22c'est lié dans une certaine mesure,
00:46:24mais il y a une manière
00:46:26de concevoir la justice et surtout la répression
00:46:28qui a des conséquences
00:46:30bien plus grandes sur notre justice
00:46:32quotidienne que le débat
00:46:34qu'on essaie d'imposer hier à partir de cette date.
00:46:36Depuis hier, pardon.
00:46:381981, évidemment,
00:46:40c'est l'accession au pouvoir de François Mitterrand,
00:46:42c'est Robert Baninter
00:46:44qui est nommé
00:46:46garde des Sceaux,
00:46:48et c'est le début de l'entrisme
00:46:50dans les institutions
00:46:52de pouvoir du syndicat de la magistrature
00:46:54qui occupe beaucoup nos débats
00:46:56aujourd'hui, mais qui fourbit
00:46:58ses armes idéologiques
00:47:00dans sa vision de la justice
00:47:02depuis 1968. C'est un syndicat
00:47:04qui est fondé en 1968,
00:47:06qui se réjouit de l'accession au pouvoir
00:47:08de la gauche en 1981, et qui entre
00:47:10dans beaucoup d'institutions
00:47:12judiciaires à partir de ce moment-là.
00:47:14A la mort de Robert Baninter,
00:47:16qui a eu lieu il n'y a pas très longtemps,
00:47:18le syndicat de la magistrature a fait un communiqué,
00:47:20il a salué une figure de proue
00:47:22de la gauche judiciaire,
00:47:24et il s'est exprimé ainsi, le syndicat toujours,
00:47:26nos pensées émues vont à sa mémoire
00:47:28et à ses combats, qui pour la plupart
00:47:30furent aussi les nôtres.
00:47:32Robert Baninter a œuvré avec ténacité
00:47:34et avec un acharnement hors normes
00:47:36pour émanciper notre système pénal
00:47:38de sa démesure punitive.
00:47:40Donc, dans ce combat
00:47:42que Robert Baninter partageait
00:47:44dans sa vision de la justice
00:47:46avec le syndicat de la magistrature,
00:47:48il faut se souvenir, on l'avait déjà cité ici
00:47:50mais je pense qu'elle est vraiment importante,
00:47:52cette fameuse harangue de Baudot, vous vous souvenez,
00:47:54qui s'adressait aux futurs magistrats,
00:47:56on est en 1973 à l'époque,
00:47:58ou 74,
00:48:00et il dit aux futurs magistrats
00:48:02qui vont devenir magistrats,
00:48:04examiner toujours
00:48:06où sont le fort et le faible
00:48:08qui ne se confondent pas nécessairement
00:48:10avec le délinquant et sa victime.
00:48:12Il parle à des magistrats au moment de juger
00:48:14avec une victime et un agresseur.
00:48:16C'est à ce moment-là qu'il parle du fort et du faible,
00:48:18sinon on peut comprendre ce qu'il veut dire,
00:48:20là en l'occurrence c'est un moment précis.
00:48:22Et il y a un préjugé favorable pour la femme contre le mari,
00:48:24pour l'enfant contre le père,
00:48:26je passe la litanie, pour le voleur contre la police,
00:48:28pour le plaideur contre la justice.
00:48:30Il y a une volonté de retournement
00:48:32a priori
00:48:34par rapport à la situation sociale
00:48:36de la personne qu'il a en face de lui.
00:48:38Vous oubliez la victime, vous oubliez l'agresseur,
00:48:40vous étudiez le positionnement social uniquement.
00:48:42Là il y a déjà le début d'une révolution,
00:48:44et il y a un magistrat français
00:48:46qui s'appelle Marc Ancel,
00:48:48qui diffuse alors à ce moment-là
00:48:50ce qu'ils appellent la défense sociale nouvelle,
00:48:52qui est une philosophie qui arrive de l'Italie en l'occurrence,
00:48:54il l'a définie en ces termes,
00:48:56il faut considérer le délinquant
00:48:58non plus d'après les antécédents judiciaires extérieurs,
00:49:00les siens,
00:49:02ou d'après les circonstances
00:49:04objectives de l'infraction,
00:49:06l'acte qui a été posé,
00:49:08mais d'après la nature et les besoins
00:49:10profonds du sujet envisagé
00:49:12en lui-même et dans son milieu.
00:49:14L'acte est anecdotique,
00:49:16l'acte qui est jugé,
00:49:18pourtant l'acte est anecdotique,
00:49:20les antécédents judiciaires sont anecdotiques
00:49:22par rapport au positionnement social
00:49:24de la personne dans la société,
00:49:26et on comprend que la révolution
00:49:28se place ici même,
00:49:30la sanction qui est prononcée,
00:49:32le jugement qui est prononcé,
00:49:34ne vise plus tant à punir l'acte,
00:49:36ni à protéger la société,
00:49:38ni même à rendre justice à la victime,
00:49:40mais elle sert
00:49:42à guérir la victime
00:49:44de la société
00:49:46que l'on trouve parfois dans l'agresseur,
00:49:48voire même la plupart du temps dans l'agresseur.
00:49:50C'est là que se situe la révolution
00:49:52qui arrive dans une certaine mesure au pouvoir
00:49:54en même temps que la gauche en 1981.
00:49:56Alors comment arrive-t-on à 1981
00:49:58et qu'est-ce que cela change en fait ?
00:50:00Alors c'est vrai que là je vous ai parlé
00:50:02des années qui précèdent,
00:50:04Le Monde, alors je cite le journal Le Monde
00:50:06en mai 82, cite déjà Mitterrand
00:50:08qui vient d'arriver au pouvoir et qui parle
00:50:10il ne faut pas se laisser aller
00:50:12aux campagnes d'affolement et c'est par la solidarité
00:50:14que nous mettrons un terme
00:50:16à la délinquance. Il est en train de parler
00:50:18de la nécessité de la solidarité dans la société
00:50:20tout entière, il la décline
00:50:22dans plusieurs domaines de la politique
00:50:24et il dit la délinquance aussi
00:50:26nous y mettrons un terme par la solidarité
00:50:28donc économique. Là encore une fois
00:50:30nous avons moins des délinquants
00:50:32que des victimes d'une société injuste
00:50:34si nous corrigeons la société nous n'aurons plus
00:50:36de délinquants. Il y a une reconnaissance
00:50:38politique évidemment d'un combat
00:50:40qui est mené notamment au syndicat de la magistrature
00:50:42et plus largement depuis
00:50:44plus de 10 ans à l'époque
00:50:46et le Figaro, donc on a Le Monde
00:50:48d'un côté, le Figaro qui est un peu moins enthousiaste
00:50:50vous comprendrez, en 1984
00:50:52qui fait un sujet
00:50:54sur l'école de la magistrature
00:50:56je vous parlais d'entrisme et ils disent
00:50:58ils écrivent en 1984
00:51:00après 5 ans de socialisme, l'orientation
00:51:02à gauche est plus que jamais marquée
00:51:04et le ton monocolore, évident
00:51:06les maîtres de conférences dans une
00:51:08forte proportion sont désormais
00:51:10au syndicat de la magistrature
00:51:12vous voyez qu'il y a un travail de préparation idéologique
00:51:14qui accède évidemment dans les
00:51:16institutions de la justice
00:51:18avec le soutien politique
00:51:20qui est très original finalement à gauche
00:51:22dans l'adoption d'une vision qui est finalement assez rousseauiste
00:51:24jusqu'à ce moment-là
00:51:26on va dire
00:51:28l'homme était frappé par un mal qu'il fallait combattre
00:51:30en lui pour son bien
00:51:32pour celui de la société et pour rendre justice aux victimes
00:51:34l'homme est désormais bon par nature
00:51:36corrompu par la société
00:51:38il faut donc
00:51:40extirper le mal
00:51:42de la société et non plus
00:51:44de l'individu
00:51:46qui devient lui-même victime
00:51:48qui est une conséquence de la misère qu'il faut éradiquer
00:51:50et sa victime
00:51:52de la société qui est donc
00:51:54l'agresseur de la véritable victime
00:51:56au tribunal s'en trouve donc
00:51:58excusée. Excusée c'est un mot
00:52:00qui revient souvent dans nos débats aujourd'hui
00:52:02dans ces années-là, dans les années 80
00:52:04il y a une association professionnelle
00:52:06de magistrats qui se crée pour contrer
00:52:08justement l'évolution du syndicat
00:52:10de la magistrature, elle voit le jour
00:52:12pour combattre ce qu'ils appellent alors
00:52:14la culture de l'excuse
00:52:16je les cite encore, qui va créer
00:52:18de l'impunité dans la société
00:52:20vous voyez que tous nos débats se jouent finalement
00:52:22à ce moment-là dans l'accession au pouvoir
00:52:24côté police
00:52:26on a la fédération autonome des syndicats de police
00:52:28classée ouvertement à gauche à l'époque
00:52:30qui réagit en 1982
00:52:32je les cite
00:52:34le virage est délicat à négocier
00:52:36le virage dans la conception donc de la répression
00:52:38car plus que vous
00:52:40nous sommes confrontés aux gens
00:52:42à l'opinion publique qui veulent
00:52:44qu'on arrête, qu'on défère
00:52:46et qu'on enferme et notre hiérarchie
00:52:48répugne à appliquer
00:52:50les circulaires bas d'inter
00:52:52qu'est-ce que sont les circulaires bas d'inter
00:52:54qui font tant de bruit à l'époque ?
00:52:56la circulaire en l'occurrence, elle exige
00:52:58une grande fermeté sur la grande criminalité
00:53:00et elle suggère
00:53:02nouveauté dans la justice en France
00:53:04d'autres formes de lutte que la répression
00:53:06contre la petite délinquance
00:53:08prévention
00:53:10substitue aux courtes peines
00:53:12de prison dont, et là je cite
00:53:14le monde qui qualifie la circulaire
00:53:16dont le caractère criminogène
00:53:18est avéré. La prison
00:53:20a désormais un caractère criminogène avéré
00:53:22aucune étude n'a lieu
00:53:24mais c'est le discours qui a
00:53:26désormais gagné. Bas d'inter se défend
00:53:28lui-même de cette accusation
00:53:30d'impopularité de sa circulaire et il dit
00:53:32quelle que soit l'angoisse naturelle et légitime
00:53:34des français, la justice ne saurait
00:53:36être régie par des rations
00:53:38de l'opinion publique
00:53:40en 1983 on a pour la première fois
00:53:42une manifestation de policiers
00:53:44sur le terrain politique qui appelle à la démission
00:53:46du garde des Sceaux pour son
00:53:48laxisme. Vous voyez que rien n'est très nouveau
00:53:50mais à ce moment là c'est extrêmement
00:53:52nouveau dans la conception de la justice
00:53:54et le mandat de bas d'inter par les décisions
00:53:56qu'il prend par la suite porte en germe
00:53:58absolument tous nos débats
00:54:00on a un
00:54:02la volonté de l'acceptation plus forte
00:54:04du recours individuel devant les institutions
00:54:06judiciaires. Vous voyez qu'au fil du temps
00:54:08ça s'est accumulé d'année en année
00:54:10mais l'idée est en germe à ce moment là. La volonté
00:54:12de créer un tribunal d'application
00:54:14des peines, il y a une peine prononcée ensuite
00:54:16comment est-ce qu'on va l'appliquer
00:54:18la suppression de l'exécution des peines
00:54:20en dessous de 6 mois de prison
00:54:22ferme, ça aurait évolué jusqu'à 2 ans
00:54:24avant de revenir à 1 an. La volonté d'étendre
00:54:26le pouvoir du contrôle de constitutionnalité
00:54:28par les citoyens
00:54:30eux-mêmes donc le contrôle de la loi
00:54:32et si la complexification
00:54:34de la procédure dont on parle souvent s'enclenche
00:54:36à partir plutôt des années 2000
00:54:38vous voyez qu'en germe est toute la
00:54:40révolution dans la conception de la justice
00:54:42et je vous cite Balladur puisque nous sommes
00:54:44en 1993, Balladur
00:54:46commente, alors à l'époque Badinter est passé au
00:54:48conseil constitutionnel précisément
00:54:50et Balladur commente, on dirait une phrase qui
00:54:52date d'hier franchement, ouvrez les guillemets
00:54:54depuis que le conseil constitutionnel a décidé d'étendre
00:54:56son contrôle au respect du préambule
00:54:58de la constitution, cette institution
00:55:00est conduite à contrôler la conformité
00:55:02de la loi au regard de principes généraux
00:55:04parfois plus philosophiques et politiques
00:55:06que juridiques, la justice
00:55:08est déjà un objet de bataille
00:55:10extrêmement politique
00:55:12et pourtant Robert Badinter
00:55:14est également connu comme un garde
00:55:16des sceaux préoccupé
00:55:18par le statut des victimes
00:55:20comment comprendre cette petite nuance
00:55:22en effet pendant son mandat de garde des sceaux
00:55:24il crée un bureau d'aide aux victimes au sein du
00:55:26ministère, il octroie des subventions
00:55:28aux associations d'accompagnement des victimes
00:55:30il développe une meilleure indemnisation des victimes
00:55:32notamment sur les infractions routières
00:55:34c'est quelque chose qui lui tient à coeur
00:55:36et dans le même temps
00:55:38il adopte un regard dans la conception
00:55:40de la justice qui transforme l'accusé
00:55:42en une autre victime
00:55:44donc il considère que oui il y a des victimes
00:55:46mais l'accusé en est une autre, elle est à côté
00:55:48ça ne rend pas la douleur moins grande
00:55:50mais lui aussi a des excuses
00:55:52il est victime non pas de la victime
00:55:54au tribunal mais d'une société
00:55:56d'un système économique, d'un système
00:55:58judiciaire, vous comprenez que si
00:56:00le pauvre, pour faire très simple, est la
00:56:02victime d'une société, le migrant
00:56:04devient en plus une victime
00:56:06de notre malaise colonial
00:56:08et le mineur devient évidemment
00:56:10une victime d'une société gérée par des
00:56:12adultes qui ne savent plus
00:56:14se servir d'eux, alors on reconnait les victimes
00:56:16mais les agresseurs ont des excuses
00:56:18et des droits inhérents
00:56:20au fait qu'ils soient devenus agresseurs
00:56:22alors qu'ils étaient initialement des victimes
00:56:24quitte à faire d'autres victimes
00:56:26en affaiblissant évidemment l'autorité
00:56:28et le respect au détriment
00:56:30des délinquants eux-mêmes parce que quand vous
00:56:32commencez avec de la petite délinquance, certains
00:56:34pourraient être arrêtés à la petite délinquance
00:56:36et n'auraient pas nécessairement vocation à devenir
00:56:38meurtriers, ce qui dans la vie d'un homme peut être
00:56:40une douleur atroce et bien réelle
00:56:42quand même.
00:56:44Merci infiniment pour cette brillante analyse
00:56:46sur 1981 et on voit effectivement
00:56:48que celui qui a
00:56:50tué, en tout cas
00:56:52le gendarme Eric Comine
00:56:54a bénéficié de tous les outils alternatifs
00:56:56à l'incarcération.
00:56:58Et ça a servi à rien.
00:57:00Et ça a servi à rien donc
00:57:02ça montre bien que quand on est dans
00:57:04la compassion pour la compassion
00:57:06à la fin c'est du faux humanisme.
00:57:08Le PS ouvre son université
00:57:10d'été aujourd'hui
00:57:12j'ai quand même rappelé les autres universités
00:57:14quand même que le 31 août ce sont les amis
00:57:16d'Eric Ciotti, le 7 septembre
00:57:18c'est Reconquête, du 11 au
00:57:2013 septembre Les Républicains
00:57:22du 14 au 15 septembre le
00:57:24Rassemblement National.
00:57:26La gauche y a cru
00:57:28ou du moins elle a voulu faire croire
00:57:30qu'elle y croyait. Elle pensait occuper Matignon
00:57:32cet été. Mathieu Bocoté a commencé
00:57:34l'application de son programme de
00:57:36rupture. C'est gentil
00:57:38elle veut faire savoir qu'elle est déçue.
00:57:40Est-ce qu'on peut dire que la gauche
00:57:42est en déroute ?
00:57:44En déroute je ne crois pas mais
00:57:46elle est minimalement déstabilisée
00:57:48parce que je pense, en fait c'est une question qui m'observe depuis quelques semaines
00:57:50elle y a cru. Elle y a cru
00:57:52c'est à dire qu'elle a vu au moment de la déstabilisation
00:57:54politique engendrée par
00:57:56le résultat du second tour qui surprenne tout le monde
00:57:58le Président de la République, beaucoup de commentateurs
00:58:00une bonne partie de la classe politique
00:58:02elle se dit une brèche vient de
00:58:04s'ouvrir, nous sommes
00:58:06premiers et elle prend son
00:58:08nous sommes premiers qui est un premier quand même
00:58:10où elle demeure structurellement minoritaire
00:58:12dans le pays en disant c'est une
00:58:14en prenant une formule presque une divine surprise
00:58:16pour elle qui lui permettra
00:58:18d'imposer un programme
00:58:20alors qu'elle a 33%
00:58:22à une société qui n'en veut pas
00:58:24une société qu'elle sait qu'elle croit
00:58:26majoritairement droite mais
00:58:28un système électoral qui s'est déraillé
00:58:30un système électoral qui produit
00:58:32des résultats contraires
00:58:34aux aspirations populaires, c'est quand même un problème
00:58:36elle se dit l'occasion est belle
00:58:38pour nous, fonçons
00:58:40alors pendant quelques jours, quelques semaines même, rappelons-nous
00:58:42elle a cherché son candidat
00:58:44sa candidate
00:58:46et ils n'étaient pas capables de s'entendre entre eux
00:58:48comme d'habitude, mais ils ont trouvé finalement
00:58:50pendant quelques semaines, encore aujourd'hui
00:58:52avec Mme Casse-Tête, leur figure
00:58:54providentielle attendue
00:58:56déception, et ce qui est fascinant c'est que
00:58:58la gauche a changé de ton en l'espace de quelques heures
00:59:00elle était sur le mode
00:59:02conquérant, nous allons apprendre le pouvoir
00:59:04tout le programme, rien que le programme
00:59:06du NFP, mais tout le programme
00:59:08du NFP, et là maintenant
00:59:10on sent, on sent qu'elle n'y arrivera pas
00:59:12elle a compris que c'était pas
00:59:14maintenant 1981
00:59:16la prise du pouvoir
00:59:18dans ce contexte, qu'est-ce qu'on voit?
00:59:20une gauche, enfin je résumerais, Emmanuel Macron
00:59:22a mieux joué qu'elle, c'est-à-dire qu'il a pris son temps
00:59:24on peut penser ce qu'on veut d'Emmanuel Macron
00:59:26mais il a bien joué
00:59:28il s'écarte, il l'a laissé s'épuiser
00:59:30il l'a laissé faire son carnaval
00:59:32elle a défilé, elle a paradé
00:59:34au final elle a l'air un peu ridicule
00:59:36et c'est un peu triste pour elle probablement
00:59:38ce qui est intéressant de voir là-dedans aussi
00:59:40c'est les divisions que ça provoque au sein de la gauche
00:59:42par exemple au sein du PS
00:59:44aujourd'hui c'est l'université de l'État du PS
00:59:46qui est un parti moignon
00:59:48faut bien s'entendre
00:59:50c'est un parti je dirais à la fois cul-de-jatte
00:59:52et un parti manchot
00:59:54et un peu aveugle et certainement pas muet
00:59:56sourd assurément
00:59:58mais certainement pas muet j'insiste
01:00:00donc cette espèce d'homme-tron
01:00:02qui est le parti socialiste aujourd'hui
01:00:04implose, ce qui lui est resté devient implose
01:00:06donc ils sont divisés
01:00:08ils sont stigmatisés le handicap
01:00:10rien du tout
01:00:12alors vous me direz peut-être le parti socialiste
01:00:14mais je les respecte cela dit
01:00:16ce qui est intéressant dans cette séquence
01:00:18c'est que le parti socialiste redécouvre
01:00:20une tension structurelle dans ses rangs
01:00:22entre ceux qui croient qu'il est possible
01:00:24d'annexer le bloc central
01:00:26ou de se laisser annexer par lui
01:00:28pour redevenir un parti de gouvernement véritablement
01:00:30et ceux qui appartiennent
01:00:32véritablement à la nouvelle gauche telle qu'elle existe
01:00:34aujourd'hui avec au centre
01:00:36la France insoumise et qui ne les dérange pas
01:00:38tant que ça finalement
01:00:40est à gauche autour de la notion de culture de gouvernement
01:00:42ensuite LFI
01:00:44LFI, parti qui domine à gauche
01:00:46sans LFI il n'y a plus de gauche, il faut s'entendre
01:00:48mais LFI c'est le parti repoussoir
01:00:50dont on ne peut faire
01:00:52l'économie, ça devient compliqué
01:00:54pour eux quand même
01:00:56les écolos qui étaient au coeur de la campagne des législatives
01:00:58en rappelez-vous la tondelier mania
01:01:00pendant quelques jours on a cru
01:01:02qu'elle était importante
01:01:04et là qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui?
01:01:06ils ne parviennent même pas à structurer l'offre politique à gauche
01:01:08et les communistes, mentionnons-les
01:01:10parce qu'ils existent
01:01:12on est devant une gauche qui aujourd'hui
01:01:14étale par toute sa déception
01:01:16tout en espérant jouer la rue
01:01:18contre la démocratie en septembre
01:01:20parce que c'est son dernier recours
01:01:22dans ce contexte certains pourraient croire que la gauche est vaincue
01:01:24ah pas du tout
01:01:26on est victime d'une conception anachronique
01:01:28du pouvoir, on pense encore que le parlement
01:01:30ou encore l'Elysée même c'est le coeur du pouvoir
01:01:32j'aimerais rappeler que la gauche
01:01:34domine pour l'instant
01:01:36la télévision publique, le conseil constitutionnel
01:01:38le conseil d'état
01:01:40j'ajouterais probablement aussi Bercy
01:01:42qu'on s'en rende compte ou non, le système de prélèvement
01:01:44fiscal qui existe en France
01:01:46les charges des impôts, c'est du socialisme
01:01:48je dirais digéré par une société
01:01:50même la droite gère à gauche lorsqu'elle est au pouvoir
01:01:52les lois sur la liberté d'expression
01:01:54les lois sur la haine entre guillemets qui sont d'inspiration
01:01:56soviétique, ne l'oublions pas
01:01:58les lois sur l'immigration, alors quand on pense
01:02:00à tout ça, la gauche est au pouvoir
01:02:02même lorsqu'elle est dans l'opposition
01:02:04mais on ne le voit pas parce qu'on est accroché
01:02:06à une conception ancienne de la démocratie
01:02:08où on pense encore que le peuple compte un peu
01:02:10merci Mathieu
01:02:12merci Gabriel, merci Charlotte
01:02:14merci Marc, dîner de rentrée de Face à l'info
01:02:16ce soir, tous au restaurant
01:02:18mais c'est vous qui payez
01:02:20merci pour l'invitation

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