Cérémonie d'hommage à Eric Comyn, le gendarme tué à Mougins et l'évolution du regard sur le handicap : L’Heure des Pros du 28/08/2024

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Chaque jour, entre 9h et 9h30, retrouvez Pascal Praud dans L'Heure des Pros en direct sur CNews et Europe 1. Ce mercredi, il revient sur la mort du gendarme Eric Comyn à Mougins suite d'un refus d'obtempérer d'un multirécidiviste. À l'occasion de l'ouverture des Jeux Paralympiques, il s'intéresse ensuite à l'évolution du regard porté sur les personnes atteintes de handicap.
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00:00Au moment où les Jeux Paralympiques commencent ce soir, il est utile de rappeler que la société, la ville, la vie restent un parcours du combattant pour ceux qui souffrent d'un handicap.
00:11Un chiffre, un seul, illustre cette difficulté à vivre au quotidien.
00:16Il y a 303 stations de métro à Paris, 14, 14 seulement sont accessibles à une personne qui se déplace en fauteuil roulant, 14, soit 4,6% des stations parisiennes.
00:29La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a proposé lundi de rendre le vieux métro parisien accessible à tous.
00:37Hélas, l'investissement de 20 milliards d'euros pour un pays, une région et une ville qui n'ont plus un sou sera sans doute jugé prohibitif.
00:47En marge de ces Jeux, le succès du film de Artus Un Petit Truc en Plus,
00:52film formidable et joyeux qui pose un regard positif sur le handicap, sur tous les handicaps,
00:59montre que les Français ont évolué, qu'ils comprennent aujourd'hui que la différence n'est pas toujours un obstacle,
01:05qu'elle ouvre d'autres voies, qu'elle apporte autre chose, que le titre du film résume Un Petit Truc en Plus.
01:13Le handicap est multiple, le handicap n'est pas non plus une chance.
01:17En revanche, le niveau de civilisation d'une société se mesure à l'aune de ce critère,
01:23comment elle regarde, comment elle intègre ceux qui ne sont pas comme les autres.
01:27C'est aussi en filigrane l'objectif de ces Jeux paralympiques.
01:33Il est 9h, Marine Sabourin.
01:359h, 9h30, l'heure des pros sur CNews et Europe 1.
01:47Cette journée, d'hommage aux gendarmes Éric Comines tués lors d'un refus d'obtempérer.
01:51Hier lundi soir, à Mougins, la cérémonie vient de commencer, vous le voyez sur ces images en direct.
01:56Beaucoup de gendarmes sont sur place, le dernier moment de recueillement est prévu à 17h à Cannes.
02:02Dix syndicats de médecins réclament des actions urgentes de la part du gouvernement.
02:06Ils dénoncent des violentes agressions de plus en plus fréquentes mettant en péril leur sécurité, la qualité des soins.
02:12Écoutez le docteur Ouishu, il a lui-même été victime de plusieurs agressions dans son cabinet à Marseille.
02:21C'est en fait une tension qui existe un peu partout.
02:26Et ces patients qui ne trouvent pas de médecins, le manque de médecins aussi exaspère la population.
02:33Donc quand ils arrivent, ça y est, ils en ont marre, ils ont déjà fait le tour de plusieurs cabinets médicaux et ils veulent être vus tout de suite.
02:39Il n'y a pas de profil type, mais en général, c'est des gens qui ne veulent pas attendre et qui exigent d'être vus immédiatement.
02:45Et puis bonne nouvelle si vous roulez au diesel.
02:48Le prix du carburant est au plus bas depuis janvier 2022.
02:51En moyenne, le litre est affiché à 1,64€ à la pompe, 1,84€ pour le samplon 98 et 1,78€ pour le samplon 95.
03:00C'est à vous Pascal pour l'heure d'épreuve.
03:02Merci Marine, nous sommes avec Chloé Morin, Alain Jakubowicz, Georges Fenech, Eric Nolot et Florian Tardif pour parler de ce feuilleton du Premier ministre.
03:11Marine le disait à l'instant et vous allez voir ces images avec plusieurs rassemblements qui sont attendus aujourd'hui pour rendre hommage à l'adjudant Eric Comine,
03:19tué lundi soir lors d'un contrôle routier à Mougins.
03:22Nous avons rencontré, vous avez écouté, plusieurs collègues du gendarme sur l'antenne de CNews qui sont dévastés par cette disparition.
03:31Ce gendarme qui est décédé hier soir, avant-hier soir plus exactement à 20h40 après avoir été percuté par un véhicule qui a refusé d'obtempérer à Mougins.
03:43Et ce moment évidemment de recueillement que je vous propose peut-être d'observer avec eux quelques secondes, bien sûr,
03:55avoir une pensée pour ce gendarme et à travers lui tous ceux qui font ce métier si difficile d'avoir une pensée pour son épouse,
04:04mais également pour sa famille, pour ses deux enfants de 12 et 16 ans.
04:09Je vois qu'il y a une prise de parole à l'instant et je ne sais pas si nous pouvons écouter quelques secondes cette prise de parole.
04:21Éric Comines travaillait au sein du peloton motorisé de Montpellier-la-Napoule depuis 2007.
04:29Cette soirée du lundi 26 août sera à tout jamais marquée par la peine, par le chagrin, par la colère.
04:42À 20h35 lors d'un contrôle routier aux abords du rond-point de la Victoire, l'adjudant Éric Comines a perdu la vie.
04:53Mortellement percuté par un conducteur qui l'a volontairement heurté avec son véhicule avant de prendre la fuite.
05:05À 54 ans, l'adjudant Comines a vu sa vie parraquée par un conducteur.
05:09On a beaucoup évoqué hier cet accident dramatique, on a évoqué le refus d'obtempérer.
05:14Est-ce qu'il faudrait faire ou ne pas faire et que dire ?
05:18Ce matin, Alain Jakubowicz, vous qui êtes parfois, j'ai envie de dire, comme avocat,
05:24peut-être avez-vous été des deux côtés, à la fois avec les partis civils et peut-être avez-vous défendu les délinquants routiers ?
05:33Oui, bien sûr, mais là, ce n'est pas l'avocat qui s'exprime, c'est le citoyen, parce qu'on est avant tout des citoyens.
05:39Et comme tous les Français, je crois, ce qui nous saisit, c'est un incommensurable, un abyssal sentiment d'impuissance.
05:48Ces faits se multiplient de toute nature.
05:53Je ne vais pas faire le parallèle entre ce qui s'est passé à la Grande Motte et ce qui s'est...
05:56Finalement, c'est le même sentiment, cette sensation d'espèce de fatalisme.
06:02Alors on se réunit, on fait des réunions, on fait des manifestations silencieuses, on prend la parole,
06:09et puis on se dit, qui sera le prochain ? Où est-ce que ça va se passer ? Comment ça va se passer ?
06:14Avec cette quasi-certitude que ça va se reproduire et ce sentiment d'impuissance.
06:19Et pire, ce sentiment d'impuissance qui nous saisit en tant que citoyens,
06:24on a surtout l'impression qu'il se situe malheureusement au plus haut sommet de l'État.
06:29C'est-à-dire qu'on est impuissants.
06:32Et il n'y a rien de pire que l'impuissance face à des drames individuels et collectifs.
06:37Je ne veux pas refaire le débat d'hier. On est impuissants parce qu'on veut être impuissants.
06:42C'est un geste dans lequel je ne veux pas rentrer.
06:44Oui, mais on veut être impuissants. On accepte que l'idée, c'est le seul.
06:47C'est-à-dire qu'on accepte, on ne veut pas prendre les mesures qui font qu'il n'y aurait plus de refus d'obtempérer
06:54Peut-être qu'il y a un commencement de prise de conscience.
06:58Moi, je n'ai pas le souvenir d'une qualification d'entrée de jeu, de meurtre.
07:03Parce que là, on n'est plus dans le refus d'obtempérer.
07:05Le parquet a ouvert une information pour meurtre.
07:08C'est-à-dire meurtre avec une arme par destination qui est un véhicule.
07:11Donc peut-être qu'il y a une prise de conscience de la justice.
07:14Le juriste que tu es, que nous sommes, savent très bien qu'il y a là un effet d'annonce.
07:21J'espère que non.
07:22Mais juridiquement, ça ne tient pas. On le sait.
07:25On verra ce que l'instruction dira.
07:27Je ne comprends pas ce que vous dites. Je ne veux pas entrer dans ce débat.
07:30Parce que pour moi, c'est le seul débat qui vaille.
07:33Vous avez raison.
07:35Pourquoi l'heure est à la fois au recueillement et à la colère ?
07:38Parce que cet homme n'aurait jamais dû se trouver dans cette voiture.
07:41Il avait commis des délits routiers qui auraient dû lui valoir l'interdiction de conduire à vie.
07:45Et cet homme n'aurait pas dû se trouver en France.
07:47C'est ce que j'estime, je ne suis pas le seul,
07:49qu'à partir d'un certain nombre d'infractions, il en était à dix condamnations,
07:52un étranger, même avec un titre valable, doit être expulsé de notre territoire.
07:57Donc écoutez, si un drame pareil, parce que la mort de cet homme,
08:02c'est un drame vraiment pour toute la nation,
08:05qui nous concerne tous, ne provoque pas une prise de conscience
08:07et surtout une modification des lois, une modification en effet de la manière
08:11dont nous traitons ce qui est, sous l'étiquette un peu légère d'ailleurs,
08:15de refus d'obtempérer, parce que refus d'obtempérer, on a l'impression que c'est une incivilité.
08:18Alors là, ça va beaucoup plus loin sur la qualification.
08:20Ben oui, mais enfin c'est rare, vous l'avez...
08:22Je n'ai pas le souvenir.
08:23Maintenant, il faut en faire quelque chose de...
08:25Cela dit, pardon, sur le premier point, compte tenu du nombre de ces délits routiers
08:29qu'il ne devrait plus conduire, vous connaissez le nombre de nos concitoyens
08:33qui conduisent sans permis aujourd'hui ?
08:34Mais ça, c'est un autre aspect du problème.
08:36Et ils ne sont pas tous des assassins, mais peut-être en puissance.
08:39Alain Jacques Dubovitz, vous avez une défense qui me rappelle ce que disait l'autre jour Philippe Guibert
08:45en disant, nous sommes tous collectivement responsables.
08:47Et vous, vous dites, nous sommes tous impuissants.
08:49Une sorte de fatalisme.
08:50Moi, je ne partage pas du tout votre avis.
08:52On accepte, on veut bien être impuissants.
08:56Je vous assure, on peut prendre des mesures très rapides qui seront, j'en suis convaincu, très efficaces.
09:02Je l'ai dit hier, refus d'obtempérer, dans tous les cas, refus d'obtempérer, c'est la case prison.
09:08Immédiatement.
09:10Qu'il y ait des conséquences ou pas.
09:12Refus d'obtempérer, case prison.
09:14Mon cher Pascal, et là, je remets ma robe d'avocat.
09:18Si vous pensez que la détention est dissuasive dans notre pays,
09:23eh bien, malheureusement, elle est dissuasive pour les honnêtes gens.
09:27Mais là, on est...
09:29Non mais Maître, vous faites une erreur.
09:31Ecoutez, moi, c'est le fruit de près d'un demi-siècle d'expérience.
09:34Alors, ça ne sert à rien.
09:35Alors, il ne faut rien faire.
09:36Non mais il y a une statistique, Maître, si vous permettez.
09:38Il y a une statistique effarante, c'est que 75 % des refus d'obtempérer
09:41sont dus à des hommes de moins de 30 ans.
09:43Donc, c'est un effet générationnel.
09:45Vous dites que vous avez rapproché ça de la grande mode.
09:48Moi, je le rapproche de la grande mode.
09:49Il y a vraiment une génération qui est hors de contrôle,
09:53qui a été élevée à l'inversion des valeurs,
09:55qui a été élevée dans le déni et le mépris de l'autorité.
09:58Et il faut un électrochoc.
10:01Moi, je pense que c'est dissuasif.
10:03Si le fait de ne pas vous arrêter quand un policier vous y invite
10:07vous mène directement à la casse-prison,
10:09ça ne va pas régler le problème à 100 %, mais ça va...
10:11Moi, je ne vais pas vous dire que ça me scandaliserait.
10:14Je vous propose d'écouter...
10:15Si je suis dans sa défense, je fais mon boulot.
10:17Je vous propose de marquer quelques secondes,
10:20en tout cas de ne pas parler,
10:23puisque une Marseillaise est entonnée à Cannes.
10:34Une Marseillaise est entonnée à Mougin-Cloa,
10:37et Morin n'a pas pris la parole.
10:39Et je rappelle, Chloé, que vous êtes essayiste,
10:41et peut-être sur ce sujet.
10:43Avez-vous un avis à nous donner,
10:46avant que nous écoutions un des témoignages
10:49d'un des collègues de M. Comines ?
10:52Non, moi, je suis comme tous les citoyens,
10:55spécialiste des différentes mesures,
10:57qui seraient efficaces ou pas,
10:59et donc je partage le sentiment que j'ai.
11:02Le sentiment qui a été exprimé,
11:04c'est-à-dire celui de l'impuissance avant tout.
11:07Et je pense qu'il est très important, effectivement,
11:10de dire que l'une des raisons
11:13qui expliquent d'ailleurs la situation politique aujourd'hui,
11:16c'est le sentiment que cette impuissance est partagée,
11:19avant tout, peut-être, au sommet de l'État.
11:22Et ça, pour le coup, ça fait quand même
11:25des décennies que ça dure,
11:27et il n'y a pas besoin d'aller chercher plus loin
11:30les racines du vote qui a été exprimé,
11:33par exemple, au législatif dernier.
11:35Je voulais vous préciser également que,
11:37dans l'affaire du décès de la gendarme Mélanie Lémet,
11:41en Lot-et-Garonne,
11:43le chauffard a été remis en liberté.
11:45C'est une décision qui a été rendue l'année dernière,
11:47en juillet 2023.
11:48C'est un homme qui avait percuté
11:50la gendarme Mélanie Lémet en Lot-et-Garonne.
11:52Il avait été placé sous...
11:54Il est placé sous bracelet électronique,
11:56donc c'est un chauffard qui avait fait
11:58un refus d'obtempérer.
12:00Et bien plus, d'ailleurs, puisqu'il a percuté
12:02mortellement cette gendarme Mélanie Lémet
12:04à Porc-Saint-Marie, c'était en juillet 2020.
12:06Il n'a toujours pas été jugé,
12:08il a été remis en liberté.
12:09La décision a été rendue par la Cour d'appel
12:11en juillet 2023.
12:13Vous imaginez la famille de Mélanie Lémet ?
12:15Je connais.
12:16Comment ?
12:17Je connais, je suis aux côtés de famille toute l'année.
12:19Je fais plus qu'imaginer.
12:21En fait, d'abord, c'est inaudible
12:23que le procès n'ait toujours pas lieu.
12:25Ça fait quatre ans, mais on en parle en permanence.
12:27Et c'est inaudible que quelqu'un
12:29qui a tué une gendarme
12:31soit en liberté
12:33sous bracelet électronique.
12:35Quand vous parliez d'électrochoc, c'est invraisemblable.
12:37Vous allez dans la rue, vous demandez à n'importe qui,
12:39les gens vous diront exactement cela.
12:41C'est invraisemblable.
12:43Qu'est-ce que vous voulez faire ?
12:45L'un des sentiments qui revient le plus,
12:47en plus de ce qui vient d'être dit,
12:49c'est le sentiment que la justice
12:51est faible avec les forts et forte avec les faibles.
12:53Et ça, ça contribue
12:55à exaspérer encore plus quand on voit des situations comme ça.
12:57C'est la dernière chose.
12:59Ce n'est pas vrai.
13:01Pour le coup, c'est un sentiment qu'on voit
13:03dans toutes les études d'opinion sur les sujets de la justice.
13:05Oui, mais c'est un ressenti,
13:07comme on dit aujourd'hui.
13:09Je ne vais pas vous éditer quelques affaires politiques
13:11où on met 50 000 magistrats
13:13sur une affaire que je vais qualifier
13:15parfois de corne du cul,
13:17alors qu'il y a des choses beaucoup plus importantes,
13:19me semble-t-il, en France, qu'il faudrait régler.
13:21Simplement, médiatiquement, il y a des magistrats
13:23qui sont peut-être plus contents
13:25d'enquêter sur certaines affaires que sur d'autres.
13:27Je vous propose d'écouter
13:29un des collègues,
13:31je ne cite pas de nom, tout le monde aura compris.
13:33Nicolas Sarkozy.
13:35Mais non !
13:37Non, mais c'est impressionnant.
13:39Je ne cite pas de nom, mais quand on met
13:4150 magistrats sur une affaire,
13:43je me permets de dire ça.
13:45Écoutons, en revanche,
13:47un des collègues de M. Konomyne,
13:49et c'est Frank Trivio, de CNews,
13:51qui a écouté ce collègue.
13:53C'est une émotion, bien sûr,
13:55parce que je perds un ami,
13:57on se fréquentait en dehors,
13:59et je perds un camarade.
14:01Ce que j'explique toujours, c'est que la gendarmerie,
14:03on dit toujours qu'on est une grande famille,
14:05nous sommes des frères d'armes,
14:07parce que quand on n'est pas avec notre famille,
14:09on est avec la famille de la gendarmerie.
14:11Nous sommes militaires, on ne compte pas nos horaires,
14:13on passe des fois beaucoup plus de temps
14:15avec nos camarades
14:17qu'avec notre famille.
14:19Il a choisi de prendre sa retraite
14:21pour pouvoir profiter à ce tour
14:23à 54 ans de sa famille.
14:25On sait qu'on rate des anniversaires,
14:27on sait qu'on rate des événements,
14:29des mariages, ce genre de choses,
14:31parce que nous sommes de service.
14:33Et là, il avait dit, je me pose,
14:35j'ai fait mon temps, il avait fait 30 ans
14:37au sein de la gendarmerie,
14:39un service exemplaire, sans aucune
14:41petite parenthèse à son travail,
14:43c'était quelqu'un de vraiment
14:45un très bon camarade.
14:47Aujourd'hui, vous voyez,
14:49quand je vous dis d'une famille, ça reste une famille,
14:51puisqu'il prenait sa retraite, mais il allait se mettre
14:53en réserve pour pouvoir garder ce petit contact
14:55avec la gendarmerie, avec ses camarades,
14:57venir nous voir, faire des missions ponctuelles,
14:59parce qu'on n'oublie pas la gendarmerie.
15:01La gendarmerie, quand on a passé 30 ans
15:03au sein d'elle, c'est une famille,
15:05et comme ses enfants,
15:07on ne les abandonne pas.
15:0953 ans, tué par un Cap-Verdien
15:11qui n'a rien à faire sur le sol de France,
15:13multirécidiviste,
15:15multicondamné, qui a eu sa carte de séjour
15:17par la préfecture. On se demande si entre la préfecture
15:19et la justice française, parfois, ces gens se parlent.
15:21Mais si vous êtes l'enfant,
15:23si vous êtes la femme
15:25de ce monsieur, qu'est-ce que vous dites de l'État français ?
15:29Qu'est-ce que vous dites de l'État français ?
15:31Et cet homme, en plus, a donné
15:33sa vie
15:35à l'État français dans tous les sens du terme.
15:37Comment est-ce possible ?
15:39Jusqu'à quand vous voulez admettre ça ?
15:41Vous avez compris, en revanche, ce matin
15:43que nous voulions parler du handicap
15:45à travers la cérémonie d'ouverture
15:47et puis cette séquence des Jeux olympiques paralympiques.
15:49Et c'est vrai que le regard
15:51sur le handicap a changé.
15:53Par exemple, les Jeux paralympiques,
15:55il y a 30 ans,
15:57je crois qu'on en parlait.
15:59Je ne sais même pas si c'était retransmis à la télévision.
16:01Très marginalement.
16:03Aujourd'hui, c'est un événement.
16:05Et en parallèle, il y a le succès
16:07absolument incroyable de celui-là.
16:09Vous l'avez vu, le film ? Qui l'a vu ?
16:11Qui a franchi la barre des 10 millions.
16:13Vous l'avez vu ?
16:15Moi, je l'ai vu. J'ai vu deux fois.
16:17Vous l'avez vu ?
16:19C'est absolument formidable. Parce que ça dit quelque chose
16:21de notre société. On peut voir quelques images
16:23d'ailleurs de la bande-annonce.
16:25C'est un film qui est sorti le 1er mai 2024.
16:27C'est un tout petit budget.
16:29Je ne veux pas dire que personne n'y croyait
16:31puisque Canal y croyait, puisque Canal
16:33a encouragé le film
16:35et l'a financé. Donc, Canal, évidemment,
16:37Canal Plus croyait en ce film.
16:39Ne croyait peut-être pas
16:41en un succès
16:43de ce type. C'est formidablement bien joué.
16:45Et Artus,
16:47qui est donc le pilote
16:49de ce film,
16:51qui est aussi l'acteur,
16:53il avait évoqué le succès
16:55du film à Cannes, parce que c'était
16:57déjà un succès alors qu'on était au début
16:59de la croisière du film.
17:01Écoutez ce qu'il disait il y a quelques semaines.
17:05C'est extraordinaire.
17:07Ça restera gravé, je pense,
17:09dans d'autres places dans tout le monde. Et ce qui est bien, c'est que je pense que ça restera
17:11même gravé dans
17:13l'histoire du festival. Donc, c'est ça le plus
17:15important.
17:17J'espère que ça va faire un peu
17:19bouger les choses et que ça va
17:21être le commencement de quelque chose.
17:23Il faut arrêter de faire la gueule sur le tapis rouge. C'est cool de faire.
17:25Mais en vrai, vas-y, souris,
17:27ça a un kiff d'être là. Venez, on arrête de faire
17:29la gueule et on arrête de faire croire que c'est cool d'être
17:31comme ça. C'est cool d'être comme ça.
17:33Voilà, il dit ça va faire un peu
17:35bouger les choses. Écoutez
17:37des Parisiens qui ont été
17:39interrogés ce matin, qui avaient vu ce
17:41film. Et regardez, écoutez comment
17:43ils en parlent.
17:45C'est de l'humour et puis bon,
17:47c'est léger.
17:49Ce que j'ai aimé, c'était le regard
17:51sur le handicap. C'était des gens
17:53normaux, comme nous. Donc, il n'y avait pas forcément...
17:55On n'insistait
17:57pas forcément sur leur handicap.
17:59Et ils étaient dans un contexte de vacances
18:01comme n'importe qui. Donc, c'était agréable à voir.
18:03Finalement, il n'est pas si
18:05difficile
18:07d'intégrer
18:09les handicaps
18:11dans une vie
18:13de famille
18:15ou dans
18:17la société.
18:19Moi, j'ai adoré.
18:21Je trouvais ça très très fort de réussir à mettre sur
18:23un même piédestal tout le monde et montrer qu'en fait,
18:25juste en
18:27évitant
18:29de stigmatiser et de mettre
18:31des gens dans des cases, en fait, on peut rigoler de tout.
18:33Finalement, être le plus naturel possible
18:35avec les gens, ça implique
18:37de les inclure.
18:39Alain Jakubowicz.
18:41Tout ça est bien, vraiment. C'est merveilleux.
18:43Mais je ne voudrais pas que ce soit l'arbre qui cache la forêt.
18:45Il se trouve que je suis
18:47très impliqué dans le monde du handicap depuis de nombreuses
18:49années. Je l'ai été lorsque j'étais élu
18:51comme citoyen et comme avocat.
18:53On a
18:55peine à imaginer ce qu'est
18:57l'état du monde du handicap dans notre
18:59société. Alors c'est bien, il y a les Jeux
19:01olympiques. Franchement, je ne vais pas
19:03cracher dans la soupe. Tout ça est merveilleux.
19:05Mais il faut savoir ce que c'est
19:07que la vie d'un handicapé dans la société
19:09française aujourd'hui. Et pas seulement sur
19:11l'accessibilité. Sortir
19:13de chez soi, c'est donner des
19:15rendez-vous, attendre qu'on vienne vous chercher.
19:17C'est toujours en retard. Je
19:19travaille, moi je suis l'avocat d'une importante
19:21ADAPEI. Ces gens
19:23à qui on a délégué, en fait,
19:25une part de la société
19:27dont la société ne veut pas.
19:29Il faut le dire clairement. Il y a,
19:31y compris dans le handicap,
19:33une discrimination interne entre
19:35le handicap noble, qui est le handicap
19:37physique, et celui qui l'est moins,
19:39le handicap mental. Il faut savoir
19:41les discriminations
19:43internes qui peuvent exister. Il faut
19:45savoir ce qu'est le combat d'une
19:47maman, d'un enfant handicapé
19:49pour le faire scolariser.
19:51Y compris des enfants qui pourraient
19:53rentrer dans le régime normal. Et
19:55l'apprentissage
19:57de l'autre,
19:59de la différence, passe par le handicap.
20:01Moi, vous le savez, j'ai toujours combattu
20:03toutes les formes de racisme. Eh bien,
20:05j'ai jamais vu de racisme dans les familles qui
20:07connaissent le handicap. C'est l'apprentissage
20:09de la différence. Il y a une fonction
20:11pédagogique. Alors, bien sûr,
20:13aujourd'hui, on fait ça, c'est les Jeux olympiques,
20:15mais si seulement ce que vous dites
20:17pouvait être vrai. Moi,
20:19vraiment, pour me battre sur ce sujet,
20:21j'ai essayé de faire scolariser des enfants
20:23autistes et trisomiques qui étaient
20:25accessibles à une scolarité normale.
20:27C'est là que ça commence. Ça devrait
20:29même commencer à la halte garderie.
20:31C'est-à-dire voir comment un enfant
20:33peut être différent. Comme nous sommes
20:35des imbéciles, des grands couillons,
20:37lorsqu'on se trouve face à une personne
20:39simplement dans un fauteuil. Est-ce que je dois l'aider ?
20:41Est-ce que je dois pas l'aider ? Qu'est-ce que je fais ?
20:43Est-ce que si je l'aide, je vais pas ?
20:45Voilà. Eh bien ça, si on avait ça
20:47à l'école, dans nos écoles,
20:49lorsqu'on devient adulte, on saurait faire.
20:51Vraiment, je veux dire que si seulement
20:53ce que vous dites était
20:55vrai, si vraiment il y avait cette prise
20:57de conscience, moi, je trouve
20:59que c'est un monde extraordinaire,
21:01mais c'est un monde d'une dureté,
21:03d'une sauvagerie
21:05qui est incroyable.
21:07Là où vous avez raison, et notamment l'école,
21:09c'est que l'école ne s'est pas intégrée.
21:11Ceux qui sont différents, par exemple les aides
21:13de vie scolaire s'arrêtent...
21:15On a communautarisé le handicap.
21:17Les aides de vie scolaire s'arrêtent en troisième.
21:19Il n'y en a pas en seconde, première et terminale.
21:21Effectivement, les enfants
21:23qui sont en difficulté n'auront pas forcément
21:25d'aide de vie scolaire. Je voulais simplement
21:27répondir à ce que vous disiez,
21:29et Kylian Salé, il y a quelques jours,
21:31a fait un sujet vraiment extrêmement intéressant
21:33sur la vie quotidienne
21:35de quelqu'un qui est en fauteuil
21:37à Paris. Regardez.
21:39Traverser un passage piéton
21:41ou même prendre le bus,
21:43pour Pierre-Emmanuel, tout est plus compliqué.
21:45Là, c'est pas évident.
21:47Normalement,
21:49il devrait y avoir un dénivelé de 8-10 cm.
21:51Je pense que là, on est au-dessus.
21:53Une fois à l'intérieur du bus,
21:55cet ingénieur de 55 ans doit se dépêcher
21:57de valider son titre de transport.
21:59Quand il y a de l'affluence, c'est un peu compliqué
22:01parce que
22:03le chauffeur repart dès qu'il a
22:05replié la rampe,
22:07donc il faut arriver à valider
22:09son titre de transport
22:11pour gagner l'espace
22:13adapté. Pour les personnes malvoyantes,
22:15le quotidien
22:17est tout aussi compliqué,
22:19même si des feux sonores
22:21indiquent quand il faut traverser.
22:27Sabine et son mari doivent
22:29également prendre en compte les cyclistes.
22:31Les vélos, c'est pas du tout une mobilité
22:33douce.
22:35C'est très bien, mais tant que les
22:37cyclistes ne respecteront
22:39pas le code de la rousse,
22:41c'est pas doux, c'est violent.
22:43Le métro est
22:45encore difficile d'accès aux personnes à mobilité
22:47réduite. Sur les 16 lignes du métro
22:49parisien, 6 ne sont pas encore
22:51sonorisées. Seule la ligne 14
22:53est entièrement accessible à tous les handicaps.
22:55Donc ça fait écho à ce que disait
22:57Alain Jacobovit. S'il y a d'autres choses
22:59que vous disiez à l'instant, c'est qu'on est
23:01parfois en difficulté lorsqu'on
23:03rencontre quelqu'un
23:05en situation de handicap. Je vous propose
23:07deux ou trois petites vidéos d'Artus,
23:09précisément. On n'a pas appris.
23:11Vous avez raison. Artus,
23:13il a posté sur son compte Instagram,
23:15je rappelle qu'Artus, c'est celui qui a réalisé
23:17un petit truc en plus, et il a
23:19posté une série de vidéos
23:21où il échange avec
23:23des athlètes
23:25qui vont participer aux Jeux
23:27Paralympiques,
23:29et ces athlètes leur disent
23:31donne-nous un coup de main pour que les gens
23:33viennent nous voir aux épreuves.
23:35Regardez la première séquence avec un
23:37homme qui tire à l'arc.
23:41Salut Artus, ça va ?
23:43Ça va et toi ? Ouais, super. J'aurais besoin
23:45de toi pour faire venir du monde aux Jeux
23:47Paralympiques à Paris. T'as pas deux ou trois tuyaux ?
23:49Des tuyaux, non, mais j'ai des astuces.
23:51Les astuces d'Artus.
23:53Toi, par exemple, c'est quoi ? A priori, il y a une cible,
23:55donc c'est des fléchettes, c'est ça ?
23:57Tire à l'arc, ouais, exactement.
23:59C'est pareil, c'est avec des plus grosses fléchettes.
24:01Et c'est quoi ton petit truc en plus ?
24:03Je tire à l'arc avec la bouche. Ouais, mais les gars, vous cherchez aussi.
24:05Il y a un moment, je suis désolé,
24:07tu te paralyses du bras suite à un accident,
24:09pourquoi tu prends tir à l'arc ?
24:11C'est un défi, c'est cool de tirer à la bouche.
24:13T'as déjà vu quelqu'un tirer à la bouche ?
24:15Mais non, justement, parce qu'il y a des raisons.
24:17C'est comme si moi, tu m'ampules
24:19des deux jambes, tu dis tu veux faire quoi ?
24:21Franchement, footballeur, ben non. Et c'est où ?
24:23C'est aux Invalides. Oui, ben oui,
24:25tu m'étonnes. Pour moi, toutes les épreuves
24:27auraient dû être aux Invalides.
24:29Mais du coup, t'es très musclé des dents.
24:31Les dents, il n'y a pas de muscles,
24:33mais la mâchoire, ouais. Oui, je sais,
24:35en plus, on est sur du mépris.
24:37Ben, tu sais quoi, moi, je viendrai pas.
24:39C'est quel jour ? Le 4 et le 5.
24:41Bon, allez, gros merde à toi.
24:43Je t'emmène la médaille à la marche.
24:45Tu me fais coucou ?
24:47Ok, je te fais coucou.
24:49Tu peux pas !
24:51Bisous !
24:53C'est intéressant comme séquence.
24:55Je pense qu'il y a
24:57des réactions très différentes.
24:59Je pense que
25:01ceux qui nous écoutent peuvent avoir
25:03des réactions très différentes.
25:05Oui, je suis d'accord avec vous.
25:07Le deuxième degré, maintenant.
25:09Je suis assez d'accord avec vous.
25:11C'est intéressant de voir,
25:13je sais pas comment vous jugez
25:15cette séquence.
25:17Elle est drôle, effectivement,
25:19mais elle peut aussi...
25:21On n'est pas forcément habitué,
25:23disons-le,
25:25à avoir ce type d'échange
25:27avec quelqu'un qui souffre d'un handicap
25:29et de s'amuser, entre guillemets,
25:31comme avec tout le monde,
25:33comme avec quelqu'un de normal.
25:35Vous comprenez ce que je veux dire.
25:37Mais handicapé.
25:39Contrairement à ce qu'on pense,
25:41je pense qu'il préfère qu'on rie
25:43de ça plutôt qu'on s'abitoye.
25:45Ça dépend aussi.
25:47Je voudrais rappeler simplement...
25:49Je me trompe peut-être.
25:51Je voudrais rappeler un petit truc.
25:53En deux mots, nous sommes tous des handicapés
25:55en puissance.
25:57Moi, je veux poser ça sur la table.
25:59Parce que ce n'est pas l'autre.
26:01Mais on sait qu'il y a des gens
26:03qui sont plus en souffrance que d'autres.
26:05Je suis obligé de vous interrompre parce qu'il est 9h25.
26:07Vous êtes valide aujourd'hui, vous ne savez pas si vous le serez demain.
26:09J'entends bien.
26:11Je vous le souhaite, évidemment.
26:13Je vous assure, j'entends ce que vous dites.
26:15On est tous concernés.
26:17Ça, vous avez raison.
26:19On est tous concernés.
26:21Mais même au-delà de ça.
26:23Une dernière anecdote.
26:25Parce que je suis impliqué dans ce monde de handicap,
26:27la première chose qu'on me dit,
26:29c'est que vous avez un enfant handicapé.
26:31Parce qu'il faut avoir un enfant handicapé pour s'intéresser au monde du handicap.
26:33Ce qui est vrai aussi,
26:35c'est que lorsqu'on est confronté dans nos vies personnelles
26:37avec un père, une mère,
26:39un enfant, etc.,
26:41forcément, on est un peu plus concerné,
26:43je le pense, et c'est humain.
26:45Pardonnez-moi de vous...
26:47Alain, s'il vous plaît, je suis très en retard
26:49et je dois dire bonjour à Thomas Hill,
26:51qui avait reçu d'ailleurs Artus.
26:53C'était l'échange que vous aviez eu
26:55lorsqu'il est venu
26:57présenter ce film, c'était formidable.
26:59Absolument, il était venu le jour
27:01d'ailleurs où le film sortait en salle
27:03et il avait les tout premiers résultats
27:05et c'était tout de suite explosif.
27:07On aura le temps de découvrir
27:09votre sommaire
27:11puisque M. Alain Jakubowicz a appris
27:13votre temps de parole, ça vous apprendra.
27:15A tout à l'heure.

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